HypnoFanfics

Interdit aux moins de 18 ans

Best Friends

Série : Castle
Création : 07.01.2018 à 18h48
Auteur : billy1 
Statut : Terminée

« Et s'ils avaient eu un passé commun avant leur première rencontre ? Et si la soirée de lancement de Derrick Storm leur servait de tremplin pour se retrouver ? FIC OCC . » billy1 

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Une Histoire OCC enfin par entièrement. Et si, notre Caskett ne s'était pas connue à la soirée de lancement de Derrick Storm, et s'ils avaient eu un passé avant ? Et si cette soirée de lancement avait été l'occasion de renouer les liens ? Comment l'histoire se serait-elle déroulée ?

Pour le besoin de cette histoire, Castle et Kate ont le même âge. Je ne change rien à leur histoire, à leurs conquêtes, je reprend les bases et j'ajoute ma sauce.

J'espère que l'idée vous plaira, trouver des histoires qui n'ont pas déjà été traité représente un chalenge alors...Bonne lecture, on se retrouve plus bas.


Best Friends.


Mars 2009, quelques heures avant la Book Party de « Tempête de feu », de nos jours

Debout devant l'étagère remplie de ses livres, vêtu de son costume-cravate noir , Rick contemplait avec nostalgie l'ensemble de sa carrière. Avec plus d'une dizaine de romans policiers à son actif à seulement trente et un ans, il était l'auteur le plus en vogue sur la grande pomme, en ce moment. Les aventures de Derrick Storm se vendaient comme du petit pain, il était le maître du macabre comme le surnommait le monde de l'édition. Il avait tout pour lui, l'argent, la gloire et une fille extraordinaire.

Pourtant ce soir, comme à chaque Book Party à laquelle il assistait, son coeur se pinçait en espérant la voir. Il était là grâce à elle, grâce à sa mère, grâce à ce pan de sa vie dont elle avait été la première investigatrice. C'est elle qui l'avait poussé à croire en son rêve, elle qui avait été présente dès les premiers instants...elle qui lui avait donné un réel sentiment d'appartenance….. elle était sa meilleure amie…l'amour de sa vie.

La gorge nouée par l'émotion , il détourna le regard pour tomber sur une vieille photo de lui entouré de sa famille d'adoption. Cette photo avait un arrière- goût amer en bouche. Elle lui rappelait combien il avait été aimé, combien il aurait pu être heureux avec elle…..combien il avait perdu.

Les yeux emplis de larmes, il sortit de sa transe en entendant la voix de sa mère qui se dirigeait dans sa direction, un verre de Chardonnay à la main :

-Tu devrais l'appeler
-Qui ça ?
-Richard, ne joue pas aux idiots, on sait tous les deux que tu ne l'es pas.

Elle le voyait se débattre avec ses sentiments, ses souvenirs tant de fois ces dernières années , que son coeur se serrait un peu plus chaque jour. Elle aussi regrettait cette jeune fille qu'il pleurait silencieusement depuis plus de dix ans. Regrettait cette étincelle dans les yeux de son fils qu'elle seule arrivait à faire naitre.

Soupirant devant cette énième tentative de sa part, il mit les mains dans ses poches et se retourna pour contempler sa mère. Vêtue d'une magnifique robe émeraude, elle lui souriait tendrement.

-Appelle-la.
-Non
-Pourquoi ?
-Tu sais pourquoi .
-Non, je ne le sais pas. Tu évites sans arrêt le sujet quand il s'agit de Katherine.
-Mère!
-Elle te manque.
-Je ne l'ai pas vue depuis des années. Je le vis très bien.
-En es-tu sûr ? Parce que depuis ce jour dont on ne peut pas parler, tu t'es...
-Oh arrête , on dirait une vieille réplique d'Harry Potter. Kate n'est pas Voldemor, nous pouvons très bien en parler ou même prononcer son nom.
-Ah oui? Alors dis-moi ce qu'il s'est passé entre vous deux ?
-Rien… la vie nous a simplement éloignés, mentit Rick en détournant le regard.

Il mentait, il le savait. Il pourrait très facilement l'appeler….il avait son numéro de téléphone, il savait où elle travaillait…mais…la peur, l'appréhension de sa réaction et les années l'en avaient dissuadé. Leur dernière altercation l'avait brisé, il avait décidé de lui laisser du temps et de l'espace, mais après des appels de sa part restés dans l'absence de réponse et l'indifférence totale, il avait simplement abandonné.

- Oh rien que ça ? ..Pour un auteur de bestsellers, ton histoire manque un peu de vérité...Richard, depuis que Katherine n'est plus dans ta vie, tu t'es renfermé.
-Je ne me suis pas renfermé, ronchonna, de mauvaise foi, Castle en s'installant sur son fauteuil de bureau. J'ai vécu. Je suis devenu un auteur célèbre, je me suis marié, j'ai eu un enfant et…
-Et pourtant tu n'arrives pas à combler le vide qu'elle a laissé. Tu sais….peut-être qu'elle aussi n'arrive pas à combler ce vide. Vous étiez si proches. Je me souviens encore que Johanna disait….
-C'est du passé, déglutit-il difficilement en repensant, les larmes aux yeux, à la mère de Kate qu'il avait appris à aimer comme la sienne.
-Continue de le nier si tu veux, soupira Martha devant son nigaud de fils
-Et puis, elle pourrait faire le premier pas aussi
-Sérieusement ? Je pensais que la trentaine t'avais fait oublier les querelles de bac à sable...et puis as-tu oublié de qui l'on parle ?
-Non, soupira Rick
-Ecoute, je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, Kiddo….mais vous vous êtes séparés à un endroit de la vie de Katherine où elle aurait eu besoin de toi.
-J'ai été là pour elle ! c'est elle qui….
-Elle a perdu sa mère
-Je le sais ! Je me souviens très bien de ce moment-là , je te le rappelle!
-Richard…prends ce téléphone, appelle-la et ôte moi de ce joli visage cette tête d'enterrement , ajouta-t-elle en faisant demi-tour. On sait tous les deux qu'elle ne viendra à cette book party sans un petit coup de pouce.

Dix années…elle ressassait ce même monologue depuis dix ans. Elle ne comprenait toujours pas ce qui avait pu se passer entre Katherine et son fils. La mort de la mère de cette dernière avait pu entacher leur relation, mais de là à couper tout contact ? Elle ne comprenait pas, mais elle espérait que, pour une fois, son fils écouterait ses conseils.

Elle savait pertinemment que la mort de la mère de Kate avait joué dans leur relation , tout comme la venue au monde de sa petite fille mais elle avait espéré que leurs querelles, leurs différends pourraient trouver une solution après toutes ces années.

Toujours assis en face de son bureau, Rick caressait du bout des doigts son téléphone. Pourrait-il l'appeler ? Pouvait-il faire ce premier pas ? Dix années….dix années à se demander comment elle allait….dix années à tenter de se souvenir du son de son rire, de la chaleur de ses étreintes, de l'odeur de sa peau….. dix années à pleurer cette relation perdue.

Il avait de ses nouvelles par son père. Jim lui avait annoncé qu'elle était désormais lieutenant de police à New-York. Il savait où la trouver….Son père lui avait même donné son numéro de téléphone un jour, dans l'espoir qu'il ferait le premier pas.

Rick faisait la une de tous les journaux, la page six était une habitude pour lui...et elle, elle était lieutenant…..si elle voulait des nouvelles de sa part , elle saurait où le trouver. Les mains tremblantes, il se demandait qu'elle serait sa réaction…

Fatigué, il se gratta la nuque en fermant les yeux, et se laissa envahir par l'un de ses nombreux souvenirs…..

Été 1988.

Debout au milieu du parc, Richard observait avec attention son nouvel environnement.
Sa mère venait de faire l'acquisition d'un pavillon dans le côté Est de Manhattan.

Dire que le petit garçon, âgé de 8 ans à peine, n'était pas emballé était un euphémisme. Il avait dû dire au revoir à tous ses amis et son école, pour se retrouver au milieu de personnes totalement inconnues.

La maison que venait d'acheter sa mère était non loin du parc où il se trouvait. Sa mère était une actrice, et avec la nomination à un Tony pour une pièce de Shakespeare dans laquelle elle était apparue, Martha Rodgers avait décidé de placer ses économies dans un petit pavillon, non loin de la périphérie de la grande pomme, afin de s'assurer à elle et à son fils unique un avenir confortable.

Richard n'avait que sa mère. Il n'avait jamais connu son père. Après une seule nuit, son géniteur était parti au petit matin en laissant sa mère seule et enceinte.
N'avoir pas connu son père avait été handicapant les premières années de sa vie, mais il avait réussi à faire de cette faiblesse une force.

Les yeux toujours dans le vague, il en fut sorti par la voix de sa mère :

-Oh regarde, il y a même des balançoires
-Ouais, ronchonna toujours le petit garçon en tapant dans un caillou
-Ne fais pas cette tête. On est au milieu d'une rue remplie de maisons, tu vas vite trouver des amis
-J'avais des amis…
-Richard, soupira Martha, épuisée par cette guerre incessante avec son fils. Si j'ai acheté cette maison, c'est pour nous….pour ton bien.
-On était bien là-bas
-Et bien devine quoi? On sera encore mieux ici. Plus besoin de monter tous ses escaliers à longueur de temps et plus besoin non plus d'entendre Mr Kubiac sous sa douche. Je te jure que cet homme m'a fait perdre la raison un bon nombre de fois avec tout le vacarme qu'il pouvait engendrer.

Elle ne voulait pas se battre avec lui. Le déménagement était déjà une sacrée épreuve quand on était mère célibataire, alors voir son fils, si peu enthousiaste devant le pavillon qu'elle venait de s'offrir, agaça l'actrice .

Elle comprenait très bien que Richard était réticent à l'idée de se faire de nouveaux copains ou de changer d'école, mais elle savait aussi qu'à cet âge-là les enfants s'acclimataient très bien dans un nouvel environnement.

L'observant quelques secondes encore, elle sortit de ses pensées en entendant une petite voix derrière elle :

-Bonjour….vous êtes la nouvelle voisine ?
-Je…oui, sourit Martha, en découvrant une petite brunette aux yeux verts, vêtue d'une salopette bleu et d'un tee-shirt violet.
-Les messieurs qui portent vos cartons vous réclament
-Oh miséricorde…je ne peux pas avoir cinq minutes pour souffler, s'exaspéra Martha, alors que la petite l'observait avec méfiance en fronçant les sourcils, devant les grands geste de l'actrice.
-Je suis Martha,….et voici mon fils Richard…Richard, soupira la matriarche en le voyant toujours aussi boudeur. Dis bonjour.
-Bonjour, ronchonna Rick
-Bonjour…je suis Kate…Kate Beckett.
-Eh bien enchantée de faire ta connaissance, jeune fille. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, je vais aller voir ce que veulent ces messieurs.

Sans ajouter un autre mot, Martha laissa son fils avec la nouvelle voisine, en espérant que la petite pourrait redonner le sourire à Rick.

-Tu n'as pas l'air très content d'être ici
-Non
-Pourquoi ?
-Je connais personne ici, soupira le petit garçon aux yeux bleus.

La tristesse de son nouveau voisin toucha Kate. S'avançant de quelques pas, elle l'observa une demi seconde avant de lui sourire et de lui tendre la main :

-Eh bien moi c'est Kate
-Je sais
-J'ai huit ans et toi ?
-Pareil , soupira le petit garçon.

Mars 2009, de nos jours, appartement de Kate Beckett.

Son téléphone portable à l'oreille, et les mains encombrées d'un carton d'archives du douzième, Kate pénétrait dans son appartement sous les remontrances de son père :

-Kathie, on pourrait y aller ensemble
-Je ne peux pas, j'ai des choses à….
-Je croyais que tu étais sur le chemin du retour
-Je le suis, s'exaspéra la lieutenant , mais je….
-Kathie, je suis certain que Richard aimerait te voir, tenta une nouvelle fois son père.

Déposant le carton qu'elle portait à bout de bras sur son ilôt central , Kate soupira en fermant les yeux. Elle aussi aurait aimé le voir….elle aurait aimé pouvoir lui parler et s'excuser pour les mots qu'elle avait eus à son égard, pour tous les nombreux appels en absence qu'elle avait ignorés de sa part.

Dix années…..elle avait passé dix années à le vouloir à ses côtés. Elle avait eu tellement besoin de lui…..il était son meilleur ami…l'homme qu'elle avait aimé…..mais elle avait laissé la perte de sa mère et son chagrin l'éloigner.

Son entêtement et sa fierté l'avaient poussée à s'éloigner de lui, et désormais après dix années, elle ne savait pas comment faire le premier pas.

Elle ne se voyait pas l'appeler ou même venir à sa book party de ce soir. Elle était terrifiée de sa réaction ….et s'il désapprouvait et ne voulait pas la voir ? Toutes ces questions, elle se les posait à chaque évènement dans lequel il apparaissait et où elle désirait le rejoindre.

Kate avait suivi de loin sa carrière, à travers les journaux, les dires de son père et des merveilleuses histoires qu'il publiait. Elle connaissait tous les livres du grand Rick Castle, elle était une de ses premières fans…..mais elle ne se sentait pas le courage de lui faire face…..pas après leur dernière altercation, pas avec les mots qu'elle lui avait crachés sous le poids de la douleur et du rejet…pas après avoir ignoré ses appels…..et la naissance d'Alexis.

Les remords lui serrèrent le coeur, et dans un énième soupir, elle murmura à son père :

-Je ne peux pas…..pas comme ça, papa.
-Kathie….ta mère aurait voulu que….
-Je le sais…..je le sais….mais pas comme ça.

Ouvrant les yeux en se grattant la nuque, elle lui déclara, tout en se raclant la gorge :

-Je dois te laisser. Profite de ta soirée
-Veux-tu que je lui dise quelque chose de ta part ? proposa gentiment Jim, en espérant qu'un jour l'un des deux arrête leurs chamailleries.

Il s'en voulait de ne pas avoir remédié à leur problèmes dès le début…..il s'en voulait d'être tombé dans la boisson en oubliant Kate…il regrettait toutes ces années où il aurait pu leur faire entendre raison…..et aujourd'hui, quelque part, il n'osait pas aller contre eux, pas avec le passif qu'il avait eu lors de la mort de sa femme.

Pesant le pour et le contre de cette question qu'il lui avait posée un nombre incalculable de fois, Kate posa le regard sur sa photo d'obtention de diplôme de fin d'année, où elle siégeait le sourire aux lèvres près de Rick et de ses parents. Ils étaient si jeunes…..si insouciants à cette époque….ils pensaient que leur amitié survivrait à tout.

-Kathie ? répéta Jim en attendant patiemment une réponse positive de sa fille.

Lui laisser un mot de sa part ? Que devait-elle dire ? Félicitions pour ce nouveau roman ? Bravo pour ta carrière d'écrivain? je suis fière de toi ? Ma mère serait fière de toi aussi ? …..comment va ta fille ? Comment vas-tu ?

Mon dieu…..toutes ces questions étaient si futiles et dénuées de sens après plus de dix ans….ils avaient grandi ensemble, aimé ensemble, pleuré ensemble, mais après plus d'une décennie d'absence , ils avaient évolué l'un sans l'autre, et ce passé auquel elle se raccrochait n'existait plus….ils n'étaient plus Kate et Rick. Il était devenu un auteur célèbre alors qu'elle était une simple flic…..ils n'étaient plus d'une même monde….elle devrait juste abandonner cette idée.

-Kathie ?
-Je…..non... Ne lui dis rien
-Kathie, tu….
-Bonne soirée papa, le coupa-t-elle, la boule au ventre, avant de raccrocher.

Les mains sur son ilot central, les épaules affaissées par le chagrin, elle ferma les yeux en se laissant envahir par un nouveau souvenir….

Juillet 1994, année de leur 15 ans.

Allongés sur le sable, près du lac qui borde la cabane familiale des Beckett, Kate se laissait bercer par le bruit du clavier de son meilleur ami. Les vacances d'été venaient tout juste de débuter et comme un rituel bien huilé depuis leur dix ans, Kate et Rick passaient quelque jours ensemble dans le chalet, à lire, se promener, ou pêcher en compagnie de Jim et Johanna. 

Mais si cette idée était attrayante étant enfant , elle commençait à peser pour les jeunes adolescents qu'ils étaient.

- Maddie va à la soirée de Tomy ce soir et nous...on est là

- Hum, répondit Rick concentrer sur son ordinateur

- Comme si a quinze ans , on voulait chasser les grenouilles

- Hum

- Tu m'écoutes au moins ? gémit Kate , en observant son meilleur ami, en short kaki et débardeur blanc, concentrer plus sur don clavier que sur ces jérémiades .

- Oui, je t'écoutes, soupira Rick. Tu préfères chasser autre choses que les grenouilles

- Exactement, sourit-elle le sourire aux lèvres. Rick ? Qu'est-ce que tu écris ? ajouta-telle en le voyant à nouveau les yeux sur son écran.

Depuis leur plus tendre enfance, ils ne s'étaient plus quittés .Au fil des années, Rick était devenu un membre à part entière de sa famille. Il n'était plus le voisin de la rue d'à côté , non , il était comme le frère qu'elle n'avait jamais eu….il était son meilleur ami.

Du fait des absences répétées de Martha dues à son emploi, Richard passait énormément de temps avec la famille Beckett. Johanna et Jim étaient comme des parents de substitution. Il mangeait fréquemment chez Kate, et partait avec elle pour de longs week-end au chalet familial.

-Un roman
-Un roman? rien que ça, sourit-elle désabusé par la légèreté de sa réponse
-Enfin….une ébauche, rectifia-t-il en soupirant devant son écran
-Et depuis quand écris-tu un roman sans me le dire ?
-Ce n'est pas non plus le scoop du siècle, c'est juste quelque lignes, rétorqua Rick, avant d'ajouter, devant son air outré. Ta mère m'a offert un livre pour mon anniversaire
-Casino Royal, je le sais, je l'ai choisi avec elle, affirma Kate , désormais tout ouïe devant ses explications, alors que son ami fermait son ordinateur portable pour le déposer à ses côtés.
-Oui…..et j'ai adoré. Tu vas penser que c'est bête mais…..ça m'a donné l'envie d'écrire ma propre histoire.
-Une histoire d'espionnage ?
-Plutôt un livre d'enquête…..enfin je ne sais pas, plus j'écris et plus je me dis que c'est idiot, soupira-t-il
-Moi je trouve ça super

Elle était sincèrement heureuse pour lui….étonnée, mais heureuse. Lui, si peu sûr de lui, si timide par moments à dévoiler des pans de sa vie, s'abandonnait à écrire. Stupéfaite par cette idée , elle se rassit un peu plus confortablement, et lui rétorqua :

-Je pourrai le lire quand tu auras fini ?
-Non
-Non ?
-Kate, c'est nul….
-Ne dis pas ça. Je suis certaine que tu es doué pour ça
-Doué? Je n'ai que quinze ans….
-et alors ? Tu pourrais être un prodige de l'écriture
-Je….
-Tu as peut-être trouvé ta voie
-L'écriture ? sourit-il, incrédule, alors que ses yeux bleus ressortaient davantage avec les rayons du soleil
-Oui.
-Je crois que tu es, et seras la seule à le penser, affirma-t-il, en riant devant la mine sérieuse de sa meilleure amie.

Vexée qu'il ne prenne pas cette conversation au sérieux, elle soupira de frustration avant de lui rétorquer:

-Tu penses que mon rêve de devenir la plus jeune femme à présider la cour suprême est stupide et inimaginable ?
-Non….bien sûr que non…mais écrivain ? Sérieusement ? reprit-il en retirant son sourire de son joli minois
-Tu es tout aussi capable que moi. Si c'est ce que tu aimes, alors pourquoi pas ?

Réfléchissant à l'argumentation de Kate, Richard se laissa choir à l'arrière sur sa serviette de plage, et lui sourit en murmurant :

-Peut-être que tu pourras le lire quand j'aurai terminé…

Et elle l'avait lu...ainsi que tous les autres romans qu'il avait publié par la suite. 

2009, de nos jours, appartement de Kate.

Sortie de ses pensées par la sonnerie de son téléphone, Kate sursauta avant de répondre, en soupirant :

-Beckett
-Yo ! On a un meurtre
-Déjà ? Je viens tout juste de rentrer, soupira-t-elle, en reprenant en mains ses clés et son insigne
-Les meurtriers n'attendent pas, et c'est notre nuit de garde
-Je le sais.

- Ce cas va te plaire...la fille est recouverte de pétale de rose...c'est hallucinant

- Espo, arrête de t'extasier devant un meurtre c'est flippant. Envoie-moi l'adresse sur mon téléphone, et appelle Ryan, ajouta-t-elle en raccrochant.

Après un dernier regard sur sa photo de promo, Kate referma la porte de son appartement en se maudissant pour son manque de courage. Elle devrait l'appeler…..elle devrait faire le premier pas. Elle devrait laisser toutes ses peurs derrière elle et simplement discuter avec son meilleur ami...


 


billy1  (07.01.2018 à 18:51)

CHAPITRE 2.


-Meurtre, mystère, macabre... Comment un policier au sang froid implacable, une femme fatale, et le canon glacé d'un revolver nous tiennent tant en haleine et réussissent à nous maintenir éveillés jusqu'aux premières heures du matin ? Encore une fois, l'alchimie est là, et ce soir nous célébrons le maître du roman policier en fêtant la sortie de son dernier livre, "Tempête de Feu », déclarait l'éditrice et ex-femme de Richard devant une assemblée de pleine de fans.
-Le dernier chapitre et la sensationnelle conclusion de la série policière du héros Derrick Storm que nous adorons tous. J'ai l'honneur de vous présenter le maître incontesté du macabre, Rick Castle !

Debout au milieu de la foule dans son smoking noir Armani et ses lunettes de soleil sur le nez, Rick s'amusait avec ses nombreuses admiratrices. Le sourire aux lèvres, il continuait à faire perdurer l'image qu'il véhiculait depuis de nombreuses années : un homme à femmes.

Lui, si timide et si peu sûr de lui durant son adolescence, avait changé du tout au tout avec le succès. L'image d'un père de famille sérieux et pantouflard ne faisait pas vendre, comme lui notifiait à chaque sortie officielle sa maison d'édition.

Pour vendre, il se devait de vendre aussi une image. Celle d'un jeune auteur de trente ans, père de famille, qui adorait s'amuser et qui croquait la vie à pleines dents.

C'était la raison de son enthousiasme feint ce soir. Un sourire aux lèvres, un stylo à la main, il proposait à ses nombreuses fans des autographes, sans rien lâcher de son côté charmeur.

Un peu plus loin, assis au bar avec un verre d'eau à la main, Jim Beckett observait du coin de l'oeil celui qu'il avait appris à aimer comme son propre fils. L'image qu'il véhiculait dans ces soirées et dans les magazines était tellement loin de celle du garçon qu'il avait pratiquement élevé avec sa femme.

Soupirant devant une énième poitrine que Rick signait, il se laissa emporter dans l'un de ses souvenirs.

Flashback.

-Il va falloir penser à agrandir la cabane, songea Jim, en observant de loin sa fille unique, allongée sur le sable en maillot de bain avec Rick à ses côtés.
-Une chambre de plus ? répéta, intriguée, Johanna en levant un sourcil. Si c'est une proposition pour agrandir la famille, je suis désolée de te dire que je suis trop vieille pour ça.
-Quoi ? non…..et puis tu n'es pas trop vieille, sourit-il en la contemplant amoureusement sur son rocking chair, un livre à la main. Dois-je te rappeler à quel point tu m'as enchanté hier soir?
- Non, murmura-t-elle en l'admirant aussi.

Jim et Johanna étaient mariés depuis presque vingt ans. A quarante trois ans, ils avaient tout pour être heureux. Une carrière professionnelle d'avocat enrichissante et une vie de famille bien remplie. Katherine Hougton Beckett était leur seule et unique fille. Après la naissance de leur merveille, ils avaient décidé d'un commun accord d'attendre quelques années avant de réitérer l'expérience, mais la vie en avait décidé autrement. Après plusieurs fausses couches, Johanna avait abandonné l'idée d'agrandir la famille.

Ils avaient alors acheté un petit chalet en bord de lac, pour profiter pleinement de tous les instants de la vie avec leur fille chérie.

La venue de Rick dans leur vie était devenue comme une évidence au fur et à mesure des années. Il était le fils qu'ils n'avaient jamais eu. Lui et Kate s'entendaient à merveille depuis leurs huit ans.

C'est donc surprise que Johanna observait son mari près de la vitre du chalet, en train de scruter leurs deux adolescents.

-Pourquoi une troisième chambre alors ? demanda-t-elle, toujours autant intriguée
-Kathie grandit…..enfin…elle a changé
-Changé ?
-Et je suis sûr que Rick s'en est aperçu, argumenta le patriarche en bougonnant, alors que sa femme souriait à son explication.
-Oh oui, il l'a remarqué. Tu as vu comme il la regarde, il est mignon
-Non, il n'est pas mignon, il est en rut !
-en rut ? tant que ça ! se mit-elle à rire. Ce n'est pas un animal, Jim
-Non, c'est un prédateur ! Crois-moi, j'ai été à cet âge là. Et je ne pense pas que Richard s'émerveille du cerveau de notre chère fille.
-Tu es….ridicule. Et puis, elle aussi a peut-être remarqué que Richard a grandi ?
-Que veux-tu dire ? fit Jim, effaré , le visage blême
-Il a grandi…..énormément. Ce n'est plus le petit garçon à qui j'apprenais à faire des cookies. Il est un homme…fort séduisant.
-Oh mon dieu, je vais de ce pas faire cette troisième chambre !
-Jim, tu crois vraiment que cette troisième chambre les empêchera de se rapprocher s'ils le décident ?
-S'il touche à Kathie, je le tue !
-Jim! fit-elle outrée
-Quoi? J'aime ce gamin, vraiment….mais….mais…..
-Mais quoi ?
-Mais….. pas ma fille !

Souriant en se mordant la lèvre inférieure devant la mine déconfite de son mari, Johanna se leva de son fauteuil, en déposant son livre pour venir lui prendre la main avec une infinie tendresse.

Les yeux dans les yeux, elle tentait de trouver les mots qui apaiseraient les peurs de son cher et tendre, quand le cri de leur fille à l'extérieur les surprit tous les deux.

Dehors, posée comme un sac à patate sur une des épaules de Richard, Kate se débattait avec ses pieds et ses mains, pour ne pas partir à l'eau.

-Ne fais pas ça ! hurlait-elle en lui tapant le dos
-Alors ….dis-le !
-Non,je ne le dirai pas !
-Allez, Kate…sinon…..c'est le plongeon, l'avertit Rick, tout sourire , en tentant de maintenir comme il le pouvait son amie qui gigotait dans tous les sens.
-Non ! non ! et …..non !
-Ok…..alors….un…deux…..
-Ne fais pas ça ! Je te jure que tu vas le regretter !
-Et trois…..c'est parti pour le grand…..Aie ! Aie! Aie ! cria Rick, alors que Kate lui pinçait de toutes ses forces l'oreille droite en se contorsionnant. Pomme ! Pomme ! Pomme ! Hurla-t-il sous le regard amusé de Jim et Johanna.

Doucement, Richard déposa au sol Kate, qui souriait fièrement,les cheveux aux vent, alors que ce dernier se tenait l'oreille en gémissant de douleur.

-Tu m'as mutilé
-Tu n'as qu'à m'écouter ! Quand je dis non, ! c'est non ! Et mutilé? Sérieusement ? ricana Kate, les mains sur ses hanches, en le lorgnant sans vergogne dans son maillot de bain.

Rick était un adolescent très bien bâti. Ses larges épaules et sa taille donnaient à Kate un sentiment de sécurité, depuis des années, mais ces dernières semaines, elle commençait à l'observer sous un oeil différent. Les deux jeunes enfants de huit ans avaient bien grandi pour laisser place à deux jeunes adultes…..séduisants et attirants.

-Oui ! Je vais être sourd ! bougonna-t-il en se frottant l'oreille, alors que Beckett riait devant son air théâtral.
-Il faut toujours que tu exagères
-Tu plaisantes , j'espère !
-Non, d'ailleurs si tu ne fais pas carrière dans l'écriture, pense au théâtre.
- Tu….je…..
-Oh et au fait…..à défaut d'être sourd, tu vas être mouillé
-Mouillé ? répéta-t-il, intrigué, avant qu'elle ne pose ses mains sur son torse pour le pousser dans l'eau.

Perdant l'équilibre devant l'assaut de Beckett, Rick tenta de garder les pieds sur le ponton en vain. Après un dernier regard surpris, il plongea les fesses les premières dans l'eau froide du lac, sous le rire de Kate et ses parents.

-Tu es une diablesse ! s'écria Rick, en sortant la tête de l'eau.
-Tu vois, sourit Jo en caressant la main de son mari. Elle sait se défendre.
-Je le sais…..mais…..il pourrait lui briser le coeur. De tous les garçons qu'elle risque de rencontrer, il risque d'être le seul avec ce pouvoir là. 
-Elle pourrait aussi lui briser le coeur, rétorqua Jo. Ta fille n'est pas des plus innocentes...je pense même qu'elle a plus de chance de dévergonder Rick que l'inverse. 
-Mais…..
-Et si Rick devait être son premier grand amour, je pense qu'on aurait pu trouver pire, non ?
-Je…..attends, attends…..ne me dis pas que tu cautionnes…qu'ils…..tous les deux…..entre eux! balbutia-t-il
-Jim, ils ont quinze ans…..dans un an ou deux…..ça va arriver. Peut-être pas avec Richard….. mais, ta fille va devenir une femme tôt ou tard.

Déglutissant devant cette information, Jim lâcha du regard sa femme pour observer sa fille et Rick à l'extérieur, en train de se chamailler gentiment. Ils avaient l'air complice….mais de là à accepter la future sexualité de sa fille….., pensait-il, alors que les caresses de sa femme sur sa main se faisaient de plus en plus appuyées.

-Je vais lui parler, murmura-t-elle pour tenter de le rassurer
-A qui ? A Richard ? fit-il, étonné, en scrutant sa femme tout sourire
-Non….à notre fille. Je te laisse le loisir de discuter avec Richard de ces choses-là…..entre hommes…si Martha est d'accord, bien entendu.
-Tu veux que je lui parle de sexe, gémit-il, la boule au ventre
-Si tu préfères en discuter avec Kathie, je te laisse…..
-C'est bon, c'est bon, capitula le patriarche.
-et s'il te plaît, ne lui fais pas peur. Discute avec lui comme si s'était ton fils.
-Facile à dire quand le dit fils pourrait être celui qui….à ma fille.
-Raison de plus pour lui expliquer, le respect, l'attente et surtout l'attention.
-Oh mon dieu, soupira-t-il, en relâchant la main de sa femme pour partir en direction du placard dans le hall du chalet
-Que fais-tu ?
-Je prends mon porte-feuille. J'ai besoin de planches pour cette troisième chambre
-Jim
-Quoi ? Je veux bien lui parler, mais il est hors de question que mon bébé dorme à côté d'un adolescent en rut ! 
-Tu sais, c'est peut-être ta fille qui est en rut
-Ok…..une troisième chambre et une salle d'eau sans eau chaude pour leur rafraîchir les idées ! déclara-t-il en sortant du chalet. Tu vas voir, Jo, c'est dans mes cordes.

Amusée par son air contrarié, Johanna contempla quelques instants les adolescents en face d'eux. Ils avaient grandi…..Jim avait raison….mais contrairement à lui, elle espérait qu'un jour sa fille puisse rencontrer un homme comme Rick. Car malgré tout…..il était toujours là pour elle…quoi qu'il arrive.

Fin du Flashback.

XXXXXXXXX

Dans un immeuble de New-York, vers 21 heures.

-ça va te plaire, sourit Espo, en apercevant sa supérieure arriver d'un pas décidé sur le pallier de l'appartement de la victime.

Javier Esposito et Kévin Ryan étaient les deux co-équipiers de Beckett. Au fil des années, ils avaient tissé des liens d'amitié tous les trois ainsi qu'avec la légiste Lanie Parish. L'équipe de Kate était l'une des plus efficaces en matières de clôture d'enquête sur la circonscription du douzième de New-York.

-Pourquoi ça ?
-On a affaire à un romantique. La victime est recouverte de pétales de roses mec ne sait pas moquer d'elle.
-Il y a deux choses qui ne vont pas dans ta phrase,Javier, rétorqua Beckett, les mains sur les hanches
-Quoi donc ?
-Victime et romantique, assura-t-elle, en passant devant l'hispanique pour entrer à son tour dans l'appartement. Il n'y a rien de romantique a avoir des pétales de roses sur...

- Lanie dit que c'est mieux que du chocolat ou du miel, ça ne colle pas au moins, la taquina-t-il

- Sérieux ? la dévisagea-t-elle avec ces prunelles émeraude. Elle est morte ...alors un peu de respect.

- Lanie va très bien et...

- Espo!

- Ok, ok, abdiqua-t-il un petit sourire aux lèvres , les mains dans ses poches en suivant sa supérieure à l'intérieur.

- Alors…qu'est-ce qu'on a ?

Depuis qu'elle était devenue lieutenant police, Kate Beckett observait le même rituel à chaque affaire. Elle traitait chacune de ses victimes avec le plus de respect qu'elle pouvait leur accorder. A chaque pas qu'elle entreprenait devant une nouvelle enquête, son cerveau lui rappelait douloureusement pourquoi elle était ici….Et ce qu'elle avait perdu.

Le visage déterminé à rendre justice pour la victime, elle écouta avec attention le résumé d'Esposito, sous les yeux de Ryan qui les rejoignait.

- Allison Tisdale, 34 ans, diplômée de la FAC de New York, elle travaillait dans le social.
-Sympa pour une assistante sociale, déclara Beckett en observant avec attention l'appartement de la victime.

Le luxe y était omniprésent, des meubles, à la décoration, en passant par les baies vitrées du salon qui surplombait la grande pomme.

-Une fille à papa, rétorqua Ryan
- Les voisins se sont plaints de la musique, et comme elle répondait pas... ils ont envoyé le gardien pour vérifier.

Marchant toujours en direction de la scène de crime, Kate se figea en découvrant le corps de la victime, allongée sur le sol avec un tournesol sur chaque oeil et le corps recouvert de pétales de roses. Elle connaissait cette mise scène, elle l'avait lue des centaines et des centaines de fois dans un de ces livres. La boule au ventre, elle déglutissait devant le rapport d'analyse de Lanie.

-Il lui a même acheté des fleurs…..qui a dit que le romantisme était mort, déclara le médecin légiste, en souriant à l'arrivée de son amie.
-Tu vois, j'avais raison, Beckett, sourit, tout heureux Espo, sans tenir compte du regard effrayé de sa supérieure sur le corps devant elle.
-Aucune trace de lutte, elle devait connaitre son agresseur , ajouta Lanie, en levant le regard sur son amie pour la voir pétrifiée devant elle. Tu vas bien ?
-Je…oui…autre chose à part les roses? déglutit-elle difficilement
-Deux balles dans la poitrine….un petit calibre. Beckett , tu es certaine que tu vas bien ? s'inquiéta-t-elle en se levant pour la es livide...on dirait que tu viens de voir un mort.
-Je…..oui…

Comment était-ce même possible? Comment sur des centaines d'auteurs de bestsellers sur Manhattan, le tueur avait-il pu imiter l'une de ses scènes ?
Putain de merde ! pensa-t-elle , la boule au ventre et le coeur serré devant tout ce que cette victime impliquait pour elle.

Devant la mine complètement déconfite de sa meilleure amie, le médecin légiste retira ses gants, et murmura doucement, pour ne pas attirer les regards sur elles :

-ça va sweety ?
-S'il-te-plaît, dis-moi qu'elle a été violée
-Je….pardon?, blêmit Lanie devant la requête de Beckett
-Des traces de viol ? de lutte ? de….
-Kate, il n'y a rien de tout ça. Qu'est-ce que tu as ?
-ça y est je l'ai ! s'écria Ryan, en s'approchant de la scène de crime, fier de lui, sous les yeux de son coéquipier et en faisant sursauter les filles.
-Qu'est-ce que tu as, bro ?
-Je sais où j'ai déjà vu cette mise en scène. Les fleurs sur la victime, les tournesols, les deux balles…..ça ne vous dit rien ? argumenta l'irlandais, alors que Kate sentait la nausée lui retourner l'estomac
-Heu…..non, répondit, incrédule, Javier
-C'est pas vrai, tu ne lis jamais, toi !
-Ben contrairement à toi, je passe mon temps libre à faire des choses de grandes personnes
-Des choses ? Et tu te dis une grande personne avec un vocabulaire pareil?
-Les gars , stop, gémit Beckett devant leur perpétuelles chamailleries
-C'est lui qui a commencé
-Non, c'est….
-J'ai dit stop !
-Ok, ok, abdiqua penaud Ryan toujours le calepin à la main et le stylo. Tout ça pour dire que c'est dans un des livres de Richard Castle, ronchonna ce dernier, mécontent de s'être fait rabrouer.
-Oh…mon dieu, souffla Lanie, en comprenant la lividité du teint de son amie à ses côtés
-Oh mon dieu , quoi? s'agaça Javier, qui ne comprenait toujours pas.

Les deux mains sur ses tempes, Kate cherchait une solution pour avancer dans l'enquête sans avoir à le rencontrer. Elle pourrait éviter tout le truc de la mise en scène et voir ou ça la mènerait ? non…le meurtrier s'était donné beaucoup de mal pour retranscrire la scène…..il devait être fan.

A cette constatation, elle blêmit un peu plus en pensant qu'il pourrait être visé. Etait-il possible qu'il soit sa prochaine victime ? Que son meilleur ami soit en danger, lui aussi?

-Kate, chérie…..
-On va devoir interroger tout le voisinage, Ryan tu peux t'en charger ? l'interrompit Beckett, en tentant de cacher son trouble
-Oui
-Espo, concentre-toi sur la victime. Ses comptes bancaires, ses horaires de boulot…..la totale
-Ok…..et toi ?demanda le latino, en dévisageant la légiste et sa supérieure
-Moi, je vais aller interroger l'auteur du bouquin.
-Heu….tu veux qu'on appelle le central pour une adresse, ou….
-Non, je sais où il se trouve, soupira Kate, avant de faire demi tour et sortir de l'appartement.

Elle avait besoin de temps …elle avait besoin de vomir…elle avait besoin….elle ne savait pas de quoi elle avait besoin, mais de tous les scénarios qu'elle avait imaginés pour leurs retrouvailles, une enquête sur un meurtre n'en faisait pas partie.

Le dos contre l'immeuble de la victime , à l'abri des regards, elle prit de grandes inspirations pour calmer son rythme cardiaque qui s'emballait sous l'effet de la panique.

Book Party de « Tempête de Feu ».

Il venait de terminer son discours devant ses fans. Il avait continué à sourire, à signer des autographes sans jamais montrer sa lassitude.
Fatigué, il s'était isolé à l'abri des regards pour appeler sa fille de dix ans, qui se trouvait à une pyjama party chez sa meilleure amie, quand son éditrice rentra dans sa loge avec un agacement non feint :

-Quel espèce d'idiot tue le personnage principal d'un de ses best-sellers !
-Heu…..citrouille, je te rappelle demain matin avant de venir te chercher
-D'accord papa…..dis bonjour à Gina
-Heu….oui, chérie. Fais de beaux rêves.
-toi aussi, termina amusée Alexis, avant que Rick ne raccroche en dévisageant son ex-femme.
-Le mot intimité , tu ne connais pas ?
-Oh arrête, Richard ! Comment as-tu pu tuer Derrik !
-Est-ce mon éditrice vampirique qui s'inquiète pour son compte en banque ou ma sangsue d'ex-femme ? rétorqua-t-il, le sourire aux lèvres, pour ne pas lui montrer son agacement
-Alors c'est ça ta façon de te venger ? Tu me punis en tuant la poule aux oeufs d'or?
-Oh je t'en prie, je sais bien que je suis mesquin et inconscient, mais à ce point là, ce serait exagéré
-Ah ? Alors pourquoi ?
-Derrick Storm était devenu ennuyeux…..j'avais l'impression de bosser
-Pauvre biquet ! il avait l'impression de bosser, siffla-t-elle, excédée par ses arguments . Il y avait d'autres solutions, tu aurais pu le mettre à la retraite ou l'estropier , ou le faire engager dans un cirque , ah mais non, bien sûr, tu n'as pas pu t'empêcher de lui mettre une balle dans la tête !
-Eh oui, une vraie boucherie, la balle l'a défiguré, répondit-il, fier de lui, en prenant une flûte de champagne qui se trouvait près d'un buffet. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas Derrick Storm , la poule aux oeufs d'or, c'est Rick Castle. J'ai écrit une demi-douzaine de best-sellers avant lui , tu penses que je n'en suis plus capable ?
-Oh , je n'en sais rien, tu ne devais pas me rendre un manuscrit, il y a déjà deux mois.?
-ça ne se commande pas, le génie
-Ah oui, vraiment? Et la page blanche, Richard ? Tu devrais un peu penser à bosser, plutôt que de t'amuser !
-C'est…..
-Et qu'on soit clair, si d'ici trois semaines, je n'ai rien sur mon bureau, Black Pawn te demandera de rembourser l'avance que l'on t'a accordée. Alors…..il était ennuyeux, hein? siffla-t-elle, avant d'ouvrir la porte de la suite, et de lui cracher avant de partir: et retourne à la fête, les fans ont besoin de voir le grand Rick Castle avant sa chute !
-Vipère ! siffla Castle, avant de se laisser choir sur un fauteuil derrière lui.

Sa flûte de champagne à la main, les épaules lâches, le regard posé sur la couverture de « Tempête de Feu », Rick soupira en fermant les yeux. Il était épuisé…..et surtout sans imagination. Depuis des mois, il n'arrivait plus à écrire…..c'était comme si son art s'était envolé. Tuer Derrick Storm n'avait pas été une décision prise à la légère, elle était mûrement réfléchie. Mais il ne pouvait plus continuer de relater les histoires de cet agent encore et encore. Il s'ennuyait…..il avait besoin d'une nouvelle inspiration.

Soupirant, le coeur lourd, il sortit de ses pensées quand deux coups à la porte retentirent :

-Va-t-en , Gina !
-Ce n'est que moi, fils, répondit timidement Jim, en ouvrant la porte pour voir Richard, totalement accablé, affalé sur une chaise. Tout va bien ?
-Oui, oui. Bonsoir Jim, je suis content de te voir, sourit Rick, en tentant de cacher sa peine tout en venant enlacer celui qu'il avait considéré comme un père pendant des années.
-Alors ? des soucis avec Gina ? le taquina le patriarche
-C'est une vipère…tu aurais dû me prévenir que toutes les femmes sont vides et perfides…..et effrayantes
-Pas toutes
-C'est vrai, concéda à regret Castle, en jetant son verre et la bouteille de champagne à la poubelle. Les Beckett sont certainement une espèce rare.
-Tu devrais peut-être chercher une fille disons plus…. naturelle la prochaine fois, une fille à ton image.
-Naturelle ?
-Oui….la seule femme qui aurait pu être digne d'être une Beckett , tu l'as laissée s'envoler.
-Kyra est partie, rétorqua Rick, amusé que Jim lui donne des conseils, même après toutes ces années.
-Tu mérites d'être heureux
-Je le suis…vraiment
-Bien. Mais pour ce que ça vaut, je ne veux pas m'imposer ou te donner des conseils non-sollicités, mais….
-oh non…..la derrière fois que tu as employé ce ton, tu m'as pratiquement menacé de me couper mes attributs si je touchais à Kate
-Je t'ai aussi dit de traiter toutes les femmes avec respect et ….
-Je sais, je sais…..mais elles n'ont pas toutes eu le même conseil apparemment , soupira Rick, déçu.

Il avait espéré pouvoir offrir à Alexis le genre de famille qu'il n'avait pas eue dans son enfance, le genre de famille avec un papa et une maman qui s'aimaient, mais ses espoirs avaient été déçus quand il avait découvert la mère de sa fille avec un autre homme au lit.

Jamais encore il n'avait ressenti pareille rage envers quelqu'un , en une fraction de seconde Meredith avait balayé sa famille. Il lui en voulait encore énormément…..c'est à cause d'elle qu'il avait retenté sa chance, des années plus tard, avec Gina pour donner à Alexis une mère, mais c'est surtout à cause de Meredith…..de son histoire avec elle, qu'il n'avait plus revu ou entendu le son de la voix de sa meilleure amie.

Lassé par la gente féminine, Rick vagabondait de lit en lit sans exposer son coeur désormais. Il était un auteur célèbre , il avait réalisé son rêve mais quelque part sa mère avait raison…le manque de Kate dans sa vie n'avait jamais été comblé.

Se frottant la nuque avec un air misérable sur le visage, il avoua à Jim , les mains dans ses poches :

-Elle me manque
-Je sais, fiston
-Elle va bien ? …..Elle est heureuse ?

Il n'osait que très rarement questionner Jim au sujet de sa fille. Sans doute par respect envers lui, Rick ne souhaitait pas être la cause d'un conflit entre Jim et Kate, mais aussi par peur. Par peur de souffrir en entendant, par son père d'adoption, que la femme qu'il aimait était heureuse avec un autre.

-Elle va bien….elle semble heureuse. Son métier lui prend beaucoup de temps.
-hum
-Tu devrais l'appeler, je suis certain que Kathie aimerait que tu….
-Je le sais, mentit-il, en pensant à tous ses nombreux appels en absence des années plus tôt. Je vais devoir te laisser pour un petit bain de foule. Plus vite ma présence ne sera plus requise, plus vite je pourrais retourner à la maison et voir Alexis.
-Très bien, concéda Jim, qui ne voulait pas imposer sa présence.

Sa relation avec Richard avait toujours été ambiguë . Il l'aimait comme un fils, mais leur passé commun n'avait pas été de tout repos. Rick représentait le meilleur ami de Kate, mais aussi le seul homme sur cette terre à pouvoir la blesser. Il avait toujours pensé que Richard serait le grand amour de Kathie, mais leur côté tête de mule et leur jeune âge avaient eu raison d'eux. La mort de Johanna avait joué un tournant dans leur relation.

Il avait vu Rick s'éloigner après, semblait-il, une redoutable dispute avec Kate. Pendant des mois, il n'avait plus revu le jeune garçon, et un matin, il s'était présenté à sa porte avec un nourrisson emmitouflé dans ses bras, et un sourire aux lèvres.

Le jeune homme avait été très fier de présenter sa petite merveille : Alexis Johanna Castle, mais la démarche peu sûre du patriarche, combiné avec la senteur d'alcool et l'état plus que douteux de sa maison, avait fait fâner le joli sourire de l'auteur.

Rick avait alors éloigné sa fille pour la protéger, il avait tenté de joindre Kate qui n'avait jamais daigné répondre à ses appels, et il avait ensuite donné une chance à Jim de s'en sortir.
C'est Castle qui l'avait trainé en centre de désintoxication, après une discussion très humiliante pour le patriarche.

Rick lui avait rappelé qu'il avait une fille, et que sa femme aurait très certainement été déçue par son comportement. Qu'il n'était pas un ivrogne, mais un père de famille, qu'il avait des responsabilités et que ce n'était pas dans une bouteille qu'il veillerait sur Kate.

Si Jim Beckett était sobre depuis 10 ans, c'était grâce à Rick , grâce à ses mots, et grâce à Kate qui l'avait poussé à être un meilleur père….à redevenir le papa qu'elle connaissait.

Rick et Jim s'était revus alors plusieurs fois au fil des années, autour d'un café, pour discuter. L'auteur avait fait promettre au patriarche de ne jamais révéler à sa fille que c'était lui qui avait pris en charge tous ses soins médicaux, il ne voulait pas que Kate se sente redevable de quoi que ce soit.

S'il avait aidé Jim, c'était à cause de cette image de père qui lui avait donnée, à cause de Johanna…à cause de cette famille qu'il avait formée avec eux.

Seulement leur relation, sans Johanna ou Kate à leurs côtés, avait alors semblé dénuée de sens. Les deux hommes, tout en pudeur, avaient du mal à communiquer. Les frictions entre Castle et Beckett y jouaient grandement.

Rick s'était éloigné peu à peu de lui pour oublier tout ce qu'il lui rappelait, tout ce qu'il avait perdu…..il s'était éloigné pour oublier Kate et panser ses blessures.

-Je suis heureux que tu aies pu venir…..vraiment. Mère est là , tu l'as aperçue ?
-Non, mais je vais aller la saluer avant de partir , sourit Jim, toujours content de pouvoir converser avec Martha
-Cherche près du bar ou près d'un homme sans alliance, le taquina Rick en grimaçant
-Richard, s'offusqua Jim
-Je plaisante, je plaisante…enfin pour le bar
-Tu es impossible. Martha à le droit de s'amuser aussi
-Oh pour ça, elle est très bonne, rit-il en ouvrant la porte de sa loge. A très vite ?
-Oui
-Bien. Merci encore pour tout Jim
-Merci à toi, et prends soin de toi, fils.

Après un hochement de tête, Rick s'engouffra dans le couloir de l'hôtel où se tenait la réception de sa book party. Le coeur lourd, comme après chaque discussion avec Jim, il tentait de ne pas se laisser submerger par le flot de souvenirs qui envahissaient. Les mains dans les poches, il releva les yeux devant les flashs qui crépitaient à quelques mètres de lui, et il soupira en pensant comme à chaque soirée de ce type :

- S'il te plait, viens ce soir.

A l'extérieur, devant l'hôtel de la Book Party.

Assise dans sa crown Victoria, la tête sur le volant, elle tentait de calmer sa respiration en écoutant les conseils bienveillants de son amie au téléphone :

-C'est l'occasion rêvée de renouer vos liens
-En l'interrogeant sur un meurtre, gémit Kate
-Oui ! Non…..heu….je ne sais pas. Il est auteur de romans policiers, je suis certaine que ta démarche va lui plaire.
-Lanie, je ne l'ai pas vu depuis plus de dix ans….douze pour être exacte, je ne pense pas qu'il sera ravi d'être interrompu en pleine séance de dédicaces sur poitrines.
-Ne sois pas médisante…..et puis, ça fait des années que tu cherches une excuse pour l'aborder, la voilà .

Lanie connaissait toute l'histoire de Kate et Rick. Un soir de grande beuverie, la lieutenant s'était épanchée sur son amour de jeunesse, sur ce meilleur ami qu'elle avait fait fuir des années auparavant. Les larmes aux yeux, elle lui avait expliqué à quel point il lui manquait, à quel point elle mourait d'envie de le revoir…à quel point elle s'en voulait de l'avoir évincé de sa vie.

Alors voir Kate si hésitante aujourd'hui, agaçait quelque peu la légiste. Ce n' était plus une adolescente qui avait fait une erreur, c'était une jeune femme, un détective d'homicide, elle pouvait très bien gérer les retombées de leur rencontre.

-Je ne veux juste pas que mon enquête en pâtisse. Montgomery risquerait de me retirer l'affaire au vu de mon implication avec un témoin, ou….
-Et nous y voilà, après seulement cinq minutes de conversation à coeur ouvert, tu débites déjà des répliques de série B.
-Je…..
-Montgomery ne te retirera pas l'affaire, et s'il te plait, de quelle implication avec le témoin parle-t-on? Parce qu'a part avoir été ton ami d'enfance , il y a des lustres, il est juste ton auteur préféré désormais. Kate…arrête de fuir et agis comme une adulte.
-Facile à dire, rumina-t-elle, en relevant le visage pour observer l'engouement de la soirée de loin.
-Va discuter avec ton ami.
-Je…..
-A plus tard , la coupa la légiste, en raccrochant pour ne pas lui donner une raison de plus de se lamenter.

Désormais totalement seule dans l'habitacle de sa voiture, Kate ferma les yeux quelques secondes en repensant à ses derniers mots à son égard :

-Va-t-en, dégage ! Je ne veux plus jamais te revoir ! 

Comment avait-elle pu être aussi méchante ? Pourquoi ne lui avait-elle pas laissé une chance de s'exprimer ? pourquoi n'avait-elle pas répondu à ce fichu téléphone par la suite ?

Emergeant de ses pensées à cause d'un klaxon dans la rue, Beckett sortit de sa voiture, en prenant son insigne, son arme et son courage, et partit en direction de la book party.

Elle allait juste revoir un vieil ami….tout se passerait bien. Enfin , elle l'espérait…..


billy1  (08.01.2018 à 20:24)

CHAPITRE 3.


Debout le sourire aux lèvres avec sa flûte de champagne à la main et un stylo dans l'autre, Rick conversait tranquillement avec sa mère.

Avec les années, ils s'étaient rapprochés l'un de l'autre. Durant son enfance, Richard avait légèrement jalousé Kate et sa famille. Il aurait aimé pu avoir le même lien avec sa mère, mais le travail de Martha et son statut de mère célibataire ne leur laissaient guère le temps et le loisir de passer des moments ensemble. Il avait donc grandi auprès de la famille Beckett, avant de se rapprocher au fil des années de sa mère. La naissance d'Alexis avait aussi beaucoup favorisé leur lien.

-Jim est ici, il voulait te saluer avant son départ, confia Rick, toujours déstabilisé par sa rencontre avec le père de Kate.
-Je l'ai rencontré. On a bavardé quelques instants, mais il devait rentrer chez lui
-Je t'en prie , ne me dis pas que tu lui as parlé de Kate, gémit-il , en sachant pertinemment que leurs deux parents espéraient les rapprocher tôt ou tard.
-Non, se défendit, sourire aux lèvres, Martha en hochant de la tête à un homme derrière Rick. Nous nous sommes résignés avec les années
-Bien
-Mais…..
-Le sujet est clôt. Et puis que regardes-tu depuis tout à l'heure ? demanda Rick, en se retournant pour voir un homme d'âge moyen sourire dans leur direction.
-Il n'y a pas que toi qui as le droit de prendre du plaisir
-Mère, tu…..
-chut, chut, pas si fort, j'ai peut-être encore une chance

La dévisageant pendant quelques secondes, Rick déposa son verre sur le comptoir en s'accoudant, la tête basse, pour soupirer :

-Du plaisir…..je ne prends plus te plaisir depuis des mois.
-Richard
-Gina me harcèle pour un nouveau chapitre, et…..et…..rien.
-Comment ça, rien ?
-Je n'y arrive plus. Je n'arrive pas à trouver une idée ou une trame de fond…..c'est comme si l'écriture me fuyait.
-Ne sois pas si dramatique, tenta Martha en le voyant aussi accablé. Et puis, pourquoi avoir tué le personnage principal de ton livre si tu n'as plus…..
-Parce que je m'ennuyais, avoua-t-il, la boule au ventre.
-Tu t'ennuyais ?
-Oui…..rien qu'une fois, j'aimerais qu'on vienne me voir pour me dire un truc nouveau.

XXXXXXXXXXX

Inspirant, expirant, lentement , Kate tentait de cacher son stress en arborant fièrement son insigne de flic, et en gardant la tête haute devant la foule qui s'était amassée pour rendre hommage à son auteur favori.

Depuis sa sortie de la voiture, elle cherchait vainement une phrase à lui dire….un début de conversation qui ne serait pas gauche ou maladroit après autant d'années, mais toutes ses idées la faisaient grimacer au fur et à mesure de ses pensées.

« Salut, Rick, comment vas-tu ? »….peut mieux faire, pensait-elle
« Hey…tu m'as manqué »…..trop direct
« Eh bien, je ne pensais pas qu'autant d'années étaient passées, regarde-toi »….définitivement nul.

A chaque pas qu'elle faisait sur le sol de cette hôtel de luxe, elle réfléchissait à la façon d'aborder cette discussion, qui serait sans nul doute gênante et mortifiante. Elle était seulement soulagée d'être venue seule pour cet interrogatoire. Si elle avait dû emmener Espo ou Ryan….ou pire, des officiers avec elle, elle ne savait pas dans quel état de lividité elle se trouverait à cet instant.

Les gens riaient, discutaient, et l'alcool coulait à flot, ses yeux observaient avec beaucoup d'attention tout ce qui entourait désormais la vie de son meilleur ami. Les bimbos, l'argent, les tenues chics…..ils s'étaient tellement éloignés depuis la dernière fois qu'ils s'était vus.

Soupirant, elle releva le regard pour tenter de le trouver quand son cellulaire se mit à sonner.

-Beckett
-Je viens de voir tous les voisins, commença Ryan en entrant dans le commissariat. Personne n'a rien vu. Aucun bruit suspect non plus. La probabilité qu'elle connaissait son agresseur est élevée.
-Ok, très bien. Aide Espo avec les comptes bancaires, histoire de voir comment une assistante sociale pouvait vivre dans pareil luxe.
-Bien. Tu as interrogé l'auteur du livre ?
-Pas encore, je le cherche et je…..je…., balbutia-t-elle en l'apercevant, de dos, à côté de sa mère près du bar
-Beckett ?
-Je ….je te rappelle, Ryan
-Ok, tu es sûre que tout va bien ?
-Oui….je…..à tout à l'heure, déglutit Kate, en raccrochant, sans lâcher Castle du regard.

Il avait l'air tellement….grand et imposant…..tellement adulte. Elle ne l'avait plus revu depuis ses dix-neuf ans…..ils avaient grandi en douze ans. Kate ne savait pas pourquoi elle semblait si effrayée par cette constatation. Elle l'avait vu dans des dizaines de magazines au fil des années, dans des interview télévisuelles, mais le voir en chair et en os à quelques mètres d'elle rendait toute cette absence réelle.

La boule au ventre, elle sentit la nausée la prendre. Doucement, elle se rapprochait de Rick en tentant de trouver quoi lui dire quand elle entendit une bride de sa conversation avec sa mère :

- Parce que je m'ennuyais
-Tu t'ennuyais ?
-Oui…..rien qu'une fois j'aimerais qu'on vienne me voir pour me dire un truc nouveau.

Un truc nouveau? Ok…elle pouvait le faire….elle pouvait lui donner ça. Inspirant grandement pour se donner du courage, elle lui tapota le dos doucement, en tentant de réprimer le frisson qui l'envahit à ce simple contact, et lui déclara de sa voix la plus sûre :

-Mr Castle?
-Où voulez-vous que je signe ? répliqua Rick, le sourire aux lèvres, en se retournant pour blêmir de surprise ensuite
-Lieutenant Kate Beckett de la police de New-York, j'aurais quelques questions à propos d'un meurtre commis plus tôt dans la soirée.

Un sourire timide aux lèvres, son insigne à vue d'oeil de Rick, elle tentait de ne pas se désintégrer devant le regard stupéfait qu'il lui donnait.

Son stylo toujours à la main, il la dévisageait comme s'il apercevait un fantôme. Ses longs cheveux bruns avaient laissé place à un joli carré, ses yeux étaient toujours aussi verts, mais avait perdu de leurs éclats, de leur innocence, mais à part ça, elle était toujours la même….toujours aussi grande, toujours aussi belle…..elle était Kate Beckett, et son coeur palpitait devant la vison qu'elle lui renvoyait.

Perdus dans les yeux l'un de l'autre, ils tentaient de ne pas se perdre devant leurs nombreux souvenirs communs quand la voix de Martha derrière Rick les firent sursauter :

-Katherine, chérie, tu es venue….mais regarde-toi, sourit la matriarche en l'enveloppant dans une étreinte. Tu es toujours aussi ravissante, darling

Plus de dix ans qu'elles ne s'étaient plus revues. Martha se souvenait encore de ce jour funeste où elle avait embrassé pour la dernière fois sa jeune voisine. On venait tout juste de mettre en terre sa mère. Kate, alors âgée de dix neuf ans, se tenait droite comme « i », les yeux dans le vague, comme si tout ceci n'était pas réel. Doucement, l'actrice l'avait entourée de ses bras pour lui apporter un peu de réconfort, alors que son fils pleurait silencieusement aux côtés des Beckett. Elle n'aurait jamais pu penser à cet instant que ce serait la dernière fois qu'elle la voyait.

Flashback.

Un joli ciel bleu contrastait avec un froid glacial en ce 13 janvier 1999. Les yeux rivés sur la pierre tombale de sa mère, Kate restait figée. Elle avait l'impression d'être dans un terrible cauchemar. Tout ceci ne pouvait pas être réel. Elle n'avait pas pu perdre sa mère…non pas elle…..

Les bras ballants, les cheveux au vent, elle observait, la boule au ventre, le cercueil descendre sous terre sous les pleurs de son père à ses côtés.

Ils étaient censés passer les fêtes ensemble, ils étaient censés diner au restaurant ce soir-là…..comment tout ceci avait pu se terminer ainsi?

Elle revivait encore et encore sa dernière conversation avec sa mère ce matin- là, comme si elle pouvait trouver un élément qui lui permettrait de croire que tout ceci n'était pas vrai.

-Kathie, allez, lève-toi, sourit joyeusement ce matin Johanna, en entrant dans la chambre de sa fille à 8 heures du matin
-C'est trop tôt, ronchonna la jeune femme
-Il n'est jamais trop tôt pour un brunch avec sa mère. Allez, je dois être au tribunal dans une heure et j'aimerais passer un peu de temps avec toi
-Maman….on s'est vues pendant dix jours, râla en baillant la jeune Beckett
-Oui, et je ne sais toujours pas pourquoi ma fille est toujours un coeur à prendre
-Si tu penses que me réveiller à l'aube va délier ma langue, tu te trompes
-Non…..mais ne me force pas à demander à Richard
-N'importe quoi, soupira-t-elle en ronchonnant en pensant à son meilleur ami.

La rentrée scolaire à Stanford avait été extrêmement dure pour Kate. En peu de temps, tout ses repères avaient été chamboulés. Sa famille n'était plus là, et Rick…..Rick n'était pas allé à l'université. Son premier roman avait été publié quelques jours avant les grandes vacances d'été, et son agent de l'époque lui avait assuré que les études étaient dorénavant une chose à mettre en suspens. Sa carrière d'auteur allait exploser et il n'aurait pas le temps de s'abandonner sur les bancs de l'université.

Ils avaient dû alors gérer la distance comme ils le pouvaient. Mais les cours, la cadence de ses journées mélangées avec les horaires discontinus de Rick les avaient légèrement éloignés.
Lui, qui avait promis de venir la voir au moins deux ou trois fois avant les vacances hivernales, n'avait pu se déplacer qu'une seule fois le temps d'un week-end.

Leurs soirées téléphone s'étaient elles aussi espacées au fur et à mesure de la publication du livre de Richard. Il était sous les feux des projecteurs et n'avait pas une minute à lui pour souffler.

Lors de la dernière conversation téléphonique qu'ils avaient eue, Rick lui annonçait qu'il prenait du bon temps avec une jeune actrice en herbe du nom de Meredith. Quelque part, Kate jalousait cette jeune femme qui pouvait passer du temps avec son meilleur ami. Elle, qui croulait sous les livres, n'avait guère le temps pour une amourette de passage.

C'était donc ravie qu'elle était rentrée à la maison pour les vacances de Noël. Rick était présent et ils avaient pu passer du temps ensemble.

-Pourquoi cet air si renfrogné ? sourit Johanna, qui savait que l'éloignement avec Richard était difficile pour tous les deux.
-Pour rien, mentit-elle en se frottant les yeux, avant de sortir de son lit en s'étirant de tout son long sous les yeux attendris de sa mère.
-Tu sais qu'il t'aime
-Qui ça ?
-Richard
-Maman, bougonna Kate, en cherchant un bas de jogging à enfiler.
-Il est malheureux sans toi. Je t'assure.
-Il s'amuse avec ...une certaine...Meredith , crois-moi, il y a plus malheureux que lui.
-Kathie, tu….
-Et puis c'est juste un ami, râla-t-elle devant l'entrain que sa mère mettait à vouloir les mettre en couple.
-hum, hum, acquiesça Johanna en se levant pour lui embrasser le front. Ton père était juste un ami aussi.
-Maman!
-Ok, ok…..allez, rejoins-moi en bas, tout le monde n'a pas la chance de pouvoir faire la grasse matinée.
-tu parles d'une grasse mat...
-Kathie ?
-Oui, gémit-elle dans l'attente d'une nouvelle boutade.
-Je t'aime, chérie.

Elles avaient ensuite déjeuné ensemble avec son père, en riant et en se mettant d'accord avec l'heure du diner au restaurant. C'était la dernière fois qu'elle avait vu sa mère.

Les yeux emplis de larmes, elle sortit de sa torpeur par la douce étreinte de Martha qui l'enveloppa de ses bras.

-Je suis désolée, darling.
-Martha
-Je suis là…..quand tu veux …..à tout moment, déglutit difficilement la matriarche en pensant à son amie en terre.

Doucement elle relâcha l'étreinte de la mère de Rick qui lui embrassa le front avec tant d'amour que Kate voulait la repousser violemment. Elle n'avait pas besoin de ça, elle avait juste besoin de sa mère, de ses brunchs, des ses matins matinaux, de ces conversations mère-fille, elle avait seulement besoin de son étreinte…..elle voulait juste sa mère.

Déglutissant en posant les yeux sur les inscriptions en face d' elle: « Vincit Omnia Veritas », elle sentit la nausée la prendre et la terre s'ouvrir sous elle. Mon dieu, c'était réel , elle avait perdue sa mère. La tristesse l'envahit et elle se sentit partir. C'est les bras de Rick autour de sa taille, qui la ramenèrent à la réalité. Doucement dans le creux de l'oreille , il lui murmura, en sanglotant sans lâcher sa prise sur elle :

-Kate, je suis là, je suis là….
-Rick….elle est morte…., sanglota-t-elle en sentant ses jambes la lâcher. 
-Je sais ….je suis là…..Toujours, Kate. 

Fin du Flashback.

-Merci Martha, sourit Kate, en sentant les larmes lui monter aux yeux en se remémorant ça dernière étreinte avec la mère de Rick.

Le froid, le cercueil de sa mère, les larmes , les cris de détresse de son père, la bouteille de whisky au sol et la descente aux enfers qui s'étaient ensuite déchainés pour sa famille la frappèrent de plein fouet. Le coeur meurtri, elle entendit Martha réprimander son meilleur ami à côté d'elle.

-Richard, trésor, dis quelque chose. Tu voulais quelque chose de nouveau…..ça c'est nouveau, assura cette dernière, en relâchant son étreinte pour observer son fils toujours sans aucun mouvement près d'elle.
-Heu….oui, bien sûr…..où sont mes manières, balbutia-t-il sous le choc. Je….je ne m'attendais pas à te voir….Je suis content de te voir, rectifia -t-il devant le regard qu'elle lui lanç que content.
-Moi aussi.

Les yeux dans les yeux, ils se sourirent en tentant de ne pas se laisser envahir par leurs mauvais souvenirs. Doucement, elle se rapprocha de lui. Son regard bienveillant, son sourire ravageur qu'il ne portait que pour elle l'attirèrent comme au bon vieux temps. Tous leurs bon moments leurs revinrent en un seul regard : leur rencontre, leur fou rire, leur premier baiser, leurs bêtises…..tout….

D'un tendre regard, elle le contempla avec une seule envie…..pouvoir plonger sa tête dans sa cou et profiter de sa grande carrure pour un câlin. Ils n'étaient plus du même monde, mais ils étaient toujours les mêmes : Kate et Rick ...et cela devait suffire, non ?

Le sourire aux lèvres avec le même désir qu'elle, Castle lui demanda timidement sans oser la toucher:

-Puis-je t'offrir un verre ?
-Oh….non…..désolée, gémit-elle, en se souvenant de la raison de sa présence ici. Je suis en service.
-En service?
- Un meurtre a été commis plutôt dans la soirée et j'ai besoin de t'interroger, tu te souviens ?

Au froncement de sourcil qu'il lui lança, Kate comprit que ses mots avaient été mal interprétés. Souriante, elle tenta de lui expliquer :

-Tu n'es pas suspect, mais le meurtrier à …..
-Tu es venue juste pour le boulot alors ? la coupa-t-il, le coeur brisé.
-je…..non…..oui…enfin , je veux dire au début oui, mais….
-Vas-y, pose tes questions, Beckett, je ne voudrais pas abuser de ton temps si précieux, cracha-t-il, vexé

Douze années a attendre qu'elle lui fasse un signe, qu'elle l'appelle, et elle venait avec une enquête et un interrogatoire? Il se sentait blessé plus qu'autre chose. Les mains dans ses poches, le visage renfermé , il l'observait blêmir à ses mots.

-Richard, trésor, tu devrais peut-être prendre le temps de l'écouter….
-Mère, je pense que le célibataire que tu contemplais tout à l'heure s'impatiente, la coupa-t-il, avec un regard qui lui en disait long. Et pour ce qui concerne le temps, je pense que j'ai été assez patient, non ?

Soupirant devant sa tête de mule de fils, elle hocha simplement de la tête avant de venir embrasser une nouvelle fois Kate tout en lui murmurant :

-J'espère te revoir très vite. 595 Broome Street. Tu seras toujours la bienvenue.
-Merci Martha, déglutit-elle, en observant l'air glacial de Rick sur elle.

Lentement la matriarche s'éloigna pour leur donner plus d'intimité, alors que Castle s'installait sur un tabouret de bar en lui déclarant :

-Je vous écoute détective
-Rick ne fais pas ça, je…..
-Douze ans et tu oses débarquer à ma book party pour un meurtre ?
-Je…..ok, je sais que le timing n'est pas de mon côté mais…
-Je ne veux pas savoir
-Castle, je…..
-On était censés être ami. On était censés être…..
-Je sais
-Et maintenant regarde-nous, on est des parfaits étrangers , soupira-t-il, le coeur lourd, en passant à la raison de sa présence.

Alors qu'elle allait répliquer en lui disant que désormais elle souhaitait tout connaitre de sa vie , qu'elle était désolée pour son attitude, elle fût interrompue par une jeune femme brune , tailleur et talons aiguilles, qui embrassa la joue de Rick en lui murmurant quelque chose à l'oreille, la réponse de Castle lui glaça le sang :

-Non, c'est juste une détective qui veut me poser des questions sur un meurtre.

Juste une détective ? Elle avait été Kate, pour lui…..elle avait été sa meilleure amie. Elle l'avait vu grandir, pleurer, rire…..et maintenant elle était juste un détective ? La colère de ce nouveau rejet envahit tout son corps, et elle lança à Rick et à sa conquête du moment, sur un ton sévère :

-J'ai besoin que tu me suives au poste pour un interrogatoire
-Sérieusement ? Tu ne peux pas me poser tes foutues questions ici ?
-Non, j'ai besoin d'un enregistrement pour….
-De mieux en mieux, râla-t-il en se levant. Paula, peux-tu faire avancer ma voiture à l'entrée que je termine cette mascarade au plus vite?
-Richard, je ne pense pas que quitter la fête à cet instant est une bonne idée, et ….
-Dois-je vous rappeler que je souhaite interroger votre ami ? la coupa, excédée, Kate en montrant une nouvelle fois son insigne. Et pas besoin de voiture supplémentaire, je t'escorterais au commissariat pour…..
-Je croyais que je n'étais pas suspect
-Tu ne l'es pas, mais….
-Alors pas besoin de prolonger notre temps ensemble, Beckett, n'est-ce pas ?

D'une main, il sortit les clefs de sa voiture en la foudroyant du regard. Comment avait-elle pu venir pour l'interroger ? Pourquoi ne pouvait-elle pas faire semblant et passer un bon moment avec lui ? Qu'avait-il fait de si horrible pour qu'elle le blesse encore après toutes ces années?

Elle était là pour son boulot…..pas pour lui. La boule au ventre, le coeur en miettes, il releva le regard sur l'assemblée en cachant toute la tristesse qui l'envahissait à cet instant. Après un dernier sourire surfait , il sortit de la pièce en laissant Kate, complètement prise au dépourvu, derrière lui.

XXXXXXXX

Le trajet vers le commissariat ne lui avait jamais paru aussi long. Elle se détestait de l'avoir blessé une nouvelle fois, mais elle jugeait sa réaction excessive. Elle était là pour l'enquête, oui, mais avant tout pour lui.

Finalement le meurtre d'Alisson Tisdale n'avait été qu'une excuse pour aller le voir, et aujourd'hui elle était heureuse d'avoir pu rencontrer son ami.

Soupirant en pensant à l'interrogatoire qu'elle devrait mener , elle cherchait une solution pour lui expliquer la situation sans l'envenimer un peu plus.

XXXXXXXX

Debout dans l'ascenseur qui le menait au douzième, Rick tentait de contenir sa colère. Il avait tellement espéré de leur rencontre après plus de dix années d'absence, qu'il était désormais blessé qu'elle fasse enfin ce pas au nom du travail.

Il espérait avoir signifier quelque chose dans son passé, mais apparemment il s'était trompé encore une fois.

Le coeur lourd, il fit ses premiers pas dans le commissariat quand une voix qu'il connaissait bien l'interpella :

-Rick Castle, que me vaut le plaisir de ta venue, ici ?
-Roy, répondit le sourire crispé Castle. Un petit contretemps, rien de grave.
-Dis-moi pas que ça implique un cheval car tu sembles un peu trop habillé cette fois-ci
-Touché
-Alors, trêve de plaisanterie, ricana le capitaine en lui tapotant amicalement l'épaule. Mes officiers m'ont fait un briefing de la situation, il s'agit juste d'un petit interrogatoire. D'ailleurs où se trouve le lieutenant Beckett ?
-On a pris deux voitures différentes…pas bon pour la presse, argumenta-t-il devant son regard interrogatif.

Il ne voulait pas s'épancher sur sa relation avec Kate, il voulait juste en finir avec ceci, et noyer son chagrin dans une bonne bouteille de Scotch. La démarche lourde et fatiguée , il suivait son ami dans les couloirs du poste quand son regard se troubla sur un objet qu'il n'avait pas vu depuis des années.

Les mains tremblantes, il caressa avec hésitation la famille d'éléphants qui se trouvait sur le bureau de Kate. Il n'avait pus vu ce bibelot depuis la dernière fois qu'il avait retrouvé Johanna à son bureau pour un dernier conseil. Les larmes aux yeux, il soupira en repensant à cette conversation.

Flashback.

-Que me vaut le plaisir de ta venue, chéri, sourit Johanna Beckett , en tailleur gris , ses lunettes sur le nez, avec un sourire bienveillant.
-Je te dérange? demanda, peu sûr de lui, Rick deux gobelets de café à la main
-Tu sais bien que toi ou Kathie êtes les deux seules personnes à pouvoir arriver à l'improviste sans me déranger.
-Et Jim
-Oh, mon mari doit avoir une excuse. Tu apprendras ça plus tard, pouffa-t-elle en venant l'embrasser, pour le saluer. Comment vas-tu chéri ?
-Je vais bien. Le livre fait son effet et la maison d'édition souhaite un contrat d'exclusivité avec moi, assura-t-il en lui tendant son café tout sourire.
-Oh, donc tu es venu parce que tu as besoin d'un avocat pour le contrat ?
-Eh bien….
-Et tu penses pouvoir me payer en caféine ? sourit-elle, taquine. Je sais que le droit commun paye mal, mais de là à être soudoyée en grains de café. ..
-Le café est simplement là pour le plaisir, assura Rick
-Je le sais, trésor. Je te taquine. Alors, tu as besoin de mes talents ?
-En quelque sorte, gémit-il, en s'installant sur la chaise en face d'elle.

Au froncement de sourcil qu'elle lui lança,il sut qu'il était démasqué. Johanna Beckett avait un don particulier pour sonder le plus profond de son être. Son regard ancré dans le sien, elle déposa son café vanille en lui déclarant :

-Quelle bêtise as-tu faite ?
-Oh je…..eh bien…..je…..
-Dis-moi que tu n'as pas remis une vache sur le toit d'un immeuble, je pensais avoir été claire à l'époque pour…..
-Ce n'est pas ça
-Ok…vas-y , je t'écoute.
-Heu….je ne sais pas par quoi commencer, soupira-t-il, mal à l'aise.

Il avait pensé que venir lui parler de ses problèmes résoudrait tout, mais finalement , maintenant, il était terrorisé à l'idée de la décevoir. Il ne savait pas vers qui se tourner. Kate lui hurlerait dessus sans aucun doute, Jim lui ferait un sermon d'anthologie, et sa mère….il ne voulait pas voir à quel point il serait une déception pour elle…..résigné, il avait décidé de se tourner vers la seule personne en qui il avait confiance, après Kate.

Le regard sur le jeune homme qui se trouvait en face d'elle, Johanna commençait à s'inquiéter. Elle ne l'avait jamais vu assis peu sûr de lui. Depuis que Kate était partie à Stanford, Richard n'était passé que très rarement les voir. 

La publicité autour de l'écrivain lui prenait tout son temps, et elle avait l'impression de ne l'avoir vu que quelques fois depuis septembre.

- Si tu commençais par le commencement. Une bonne histoire a toujours besoin d'une introduction.
-Ok…..oui…..c'est vrai, concéda Rick, en se levant pour prendre en main un bibelot représentant une ribambelle d'éléphants dans sa main.

Observant l'objet avec beaucoup d'attention, il déglutit en avouant fébrilement :

-J'ai rencontré une fille…elle s'appelle Meredith.
-Je le sais, Kathie m'a parlé d'elle ce matin , sourit la matriarche, pour calmer l'anxiété du jeune homme
-Elle l'a fait ?
-hum. C'est bien pour toi. Je ne vois pas pourquoi tu sembles si …..perturbé. Ce n'est pas la première fille que tu rencontres. Non ? 

Rick était étonné que Kate ait discuté de Meredith avec Johanna. Quand il lui avait parlé de sa nouvelle petite amie, Beckett avait l'air dubitative et non convaincue par sa relation. Il avait donc pensé que son amie avait clairement compris la nature de sa relation avec Meredith : simplement le plaisir. 

- Richard, de quel conseil as-tu besoin ?
-Il faut me promettre de ne pas crier, gémit-il en pensant qu'il aurait peut-être dû en parler à Kate avant.

Ils avaient passé pratiquement toutes les vacances d'hiver ensemble. Ils s'étaient de nouveau rapprochés et il avait peur de sa réaction maintenant. Il aurait aimé pouvoir en parler à Kate mais il savait qu'il la blesserait involontairement. Déglutissant devant le regard de Johanna, il l'entendit lui déclarer, avec une voix maternelle et pleine d'amusement:

-As-tu tué quelqu'un?
-non !
-As-tu forcé cette jeune fille a….
-Non! s'offusqua-t-il alors qu'elle lui souriait
-Alors rien de ce que tu pourras me dire me fera….
-Je l'ai mise enceinte, la coupa-t-il alors qu'elle se figea à ses mots. Je…je vais être papa…..elle m'a appelé ce matin pour….me le dire. Est-ce que ça va ? demanda-t-il inquiet en la voyant passer par toutes les couleurs.
-Je…..peux-tu répéter ?
-Je vais être papa , grimaça-t-il alors qu'elle se levait en hurlant tout en se pinçant l'arête du nez
-Richard Alexander Rodgers ! Qu'est-ce que tu n'as pas compris du cours sur la protection !Je pense avoir passer assez de temps avec Kathie et toi sur ce sujet !
-Je me suis protégé mais la capote a explosé et…..et…..
-Et tu la mise en enceinte !
-Tu as promis de ne pas crier
-Je ne crie pas ! je m'exprime !
-Je…qu'est-ce que je vais faire ? murmura-t-il, désemparé.

Il n'avait jamais eu l'intention d'avoir une relation suivie avec cette actrice rousse . Il avait besoin d'une distraction après que Kyra l'ait laissé tomber. Il avait juste besoin de s'amuser un peu, et de profiter pleinement de la vie.

Après seulement quelques mois de relation avec elle, ils avaient décidé de faire un break pour rejoindre Kate pour les vacances scolaires. Meredith le fatiguait avec ces nombreuses facéties, et il espérait que ces quelques jours loin d'elle lui ferait ouvrir les yeux. Mais ce matin , elle l'avait appelé…et il allait être papa.

Dire qu'il était terrorisé était un euphémisme . Il allait avoir 20 ans dans seulement quelques mois, il avait espéré plus de la vie…il avait espéré avoir un jour un enfant avec une personne qu'il aimait profondément…il avait toujours cru, espéré avoir cet enfant avec Kate. Elle était sa meilleure amie, elle était la femme qu'il aimait depuis son adolescence .

Sentant la nausée le prendre, il se laissa choir sur la chaise derrière lui, la tête en avant , il sentit les mains chaudes et affectueuses de Johanna qui lui entourèrent le visage pour le regarder dans les yeux.

-Richard...est-ce que tu l'aimes ?
-Je…..je…..
-Dis-moi, chéri, déglutit la matriarche devant son air si apeuré
-Pas comme Kate, avoua-t-il péniblement.

Les yeux dans les yeux, il tentait de trouver le courage de faire face à toute cette situation. Il était le nouvel auteur en vue sur Manhattan, son livre « sous une pluie de balles » faisait un tabac dans le monde de l'édition…..il était censé acquérir plus d'expérience et attendre que Kate termine ses études. Il avait espéré pouvoir avoir la chance de lui exprimer l'étendue de ces sentiments par la suite, mais…mais il allait être papa, et il ne voulait pas donner à cet enfant la vie qu'il avait eue.

Son enfant méritait d'avoir un père et une mère. Les yeux larmoyants , il murmura dans un sanglot :

-J'ai tout foutu en l'air, hein?
-Non, non, non…..chut, ça va aller, chéri, assura Johanna en l'enveloppant tendrement .

Sa tête contre le ventre de la mère de Kate, il inspirait doucement cette odeur de cerise que seules les femmes Beckett dégageaient. De ses mains , il s'agrippa à ses hanches et laissa ses émotions l'envahir. Il était terrifié…..apeuré devant l'avenir qui se profilait devant lui.

D'une douce caresse, elle balaya ses cheveux tendrement en lui demandant :

-Est-ce qu'elle veut garder le bébé?
-Je…..je ne sais pas…..
-Richard, il va falloir que tu discutes avec cette jeune fille
-Je sais
-Il va falloir que tu prennes tes responsabilités quoi qu'elle décide
-Je sais
-Mais tu n'es pas obligé de rester avec la mère de cet enfant si tu ne le désires pas.
-Je…..
-Tant que tu es là pour elle et le bébé, c'est bien.
-Je ne peux pas faire ça, soupira-t-il en gémissant contre son ventre. Je resterai avec elle , si elle veut le bébé.
-Trésor, tu as le temps de prendre ta décision, mais quoi que tu décides, je serai là ainsi que Jim.

Ses pleurs redoublèrent devant l'étendue de l'amour qu'elle lui portait. Sentant le jeune homme, qu'elle considérait comme son fils, perdre pied, elle lui embrassa les cheveux en lui chuchotant :

-La vie ne donne jamais rien qu'on ne peut encaisser
-J'ai peur
-Tout va bien se passer…
-Ma mère va tellement être déçue….tu dois tellement être déçue, gémit-il en relevant le regard sur la femme qu'il considérait comme sa propre mère.
-Je suis fière de toi, tu m'entends ? Je suis un peu…..en colère par la situation, mais je ne serai jamais déçue. Tu as accompli tellement de chose, Richard, tu es extraordinaire.
-Extraordinairement stupide , rumina-t-il
-Non…..tu es juste humain, sourit-elle, les larmes aux yeux, en lui caressant tendrement la joue. Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer. …..mais chéri…
-Oui?
-Il va falloir en parler à Kathie
-Oh mon dieu, soupira-t-il , la boule au ventre, à l'idée de la décevoir elle-aussi
-On va diner ce soir au restaurant, veux- tu te joindre à nous pour…
-Non,non….je…..j'ai juste besoin d'un peu de temps…..je vais parler avec Meredith
-Bien, sourit-elle pour lui donner le courage dont il avait besoin.

Doucement il sortit de son étreinte, et se leva en essuyant d'un revers de la main les larmes qui jonchaient son visage. D'un regard confiant, elle lui murmura en prenant les éléphants qu'il avait pris plus tôt dans les mains:

-J'ai toujours pensé que ces éléphants étaient comme ma famille, déclara-t-elle en caressant du bout des doigts les 5 mammifères. Ils sont comme ma famille, il y a moi, Jim, Kathie , toi….et j'ai attendu de nombreuses années pour nommer le dernier….tu as peut-être trouvé le nom de celui-là avec ce bébé, avoua-t-elle, pour le faire sourire.
-Un bébé…je vais avoir un bébé.
-Ne t'inquiète pas, je serai là à chaque moment…..chaque instant près de toi. Tout ira bien, trésor.

Fin du Flashback.

Elle n'a jamais pu tenir sa promesse. Le soir même Johanna Beckett fut assassinée dans une ruelle sombre, et, avec elle sa famille partit en fumée.

La boule au ventre, Rick prit les éléphants en main en caressant le dernier du troupeau, tout en murmurant :

- Alexis.
-Tout va bien, Rick ? s'inquiéta le capitaine, devant la mine défaite de son copain de poker.
-Oui…je…., balbutia l'auteur, avant de se retourner pour apercevoir Kate derrière lui, figée devant les mammifères dans ses mains.


billy1  (10.01.2018 à 13:59)

Tout d'abord, désolé pour l'attente, je prépare des concours et entre le travail et les enfants , c'est pas toujours simple de trouver du temps. 

Ensuite, ce chapitre n'a pas pu passé à la correction pour le moment, je m'excuse donc des fautes de grammaires ou d'orthographes qui jalonneront votre lecture. 

Si vous préférez attendre la correction, elle devrait arriver dans le week-end. 

Bonne lecture, on se retrouve plus bas...


Chapitre 4.


Le dos vouté , les épaules affaissées, le visage entre ses mains, Rick tentait de garder sa peine pour lui. Revoir les éléphants de Johanna l'avait attristé énormément . Il repensait toujours avec tristesse à cette femme qu'il avait appris à aimer comme une mère. Sa mort avait été une tragédie pour lui et il ne pouvait pas imaginer comment Kate pouvait se sentir à ce sujet. Lui...il avait eu Alexis, il avait eu quelqu'un qui l'oblige à se lever chaque matin, alors que Kate...elle avait été seule.

Avec le temps, il pensait que la peine s'amoindrirait que le chagrin se tasserait pour laisser place à un joli souvenir mais…..la façon avec laquelle elle avait été arraché aux siens sans même un adieu était certainement l'une des nombreuses causes de son déni. Il l'avait pleuré à de nombreuses reprises au cours de ces années mais sa perte avait été plus prononcée lors de certaines occasions : ses mariages, la naissance de sa fille, à chaque parution de livre...et tous ces moments ou il aurait eu besoin d'elle pour un conseil.

Ses souvenirs se bousculaient dans sa tête, et il ne savait plus quoi penser de la situation. Douze années à attendre un signe de la part de Kate et elle était enfin là. Pas pour les bonnes raisons mais elle était là. Rick soupira en pensant à ce que Johanna dirait dans pareils moments :

-Tu la connais, mieux que personne, ne referme pas la porte...

Oui, il la connaissait mieux que personne, du moins c'est ce qu'il pensait….et cette connaissance si accrue de Kate le terrifiait. Il ne voulait pas la perdre à nouveau…..il ne le supporterait pas. Il avait enfin une chance de connaitre ces raisons, de pouvoir s'expliquer avec elle et de pouvoir repartir sur de bonnes bases. Mais le désirait-elle aussi ?

Les yeux clos, il déglutissait en appréhendant le reste de la soirée. D'ici peu elle allait l'interroger sur un meurtre qui avait eu lieu plutôt ce soir et ensuite quoi? Ils repartiraient chacun de leur côté comme si de rien n'était ? Toutes ces années auprès d'elle n'avait donc aucune valeur pour elle?

Il avait l'impression que toute son enfance, toute son adolescence avait été faussé. S'arrachant les cheveux à trop réfléchir, il sursauta devant l'entrée de son amie dans la salle d'interrogatoire.

Debout contre la porte , elle s'affaissa des dossiers à la main contre le mur. Depuis son arrivée au commissariat, elle avait retourné le problème dans tous les sens, elle ne voulait pas une nouvelle friction, elle ne souhaitait pas le voir partir à nouveau en dehors de sa vie, mais ces propos et son attitude à son égard la refroidissaient quelque peu.

Une détective ? sérieusement ? C'est tout ce qu'elle était pour lui ? C'est tout ce que ces années d'adolescence avait représenté pour lui ?

Après avoir consigné Esposito et Ryan au visionnage de l'immeuble d'Alisson Tisdale, elle avait vérifié que l'entretien qui se déroulerait entre ces deux murs resterait à huit clos seulement. Elle ne voulait pas que sa vie privée alimentent les ragots du poste mais en même temps elle ne souhaitait pas le laisser partir sans une réelle explication. Tout ceci était le contraire de Beckett...du détective qu'elle avait forgé au fur et à mesure des années. Elle ne laissait personne l'atteindre et seul la justice comptait. Mais ce soir...ce soir, ce n'était pas Beckett qui allait mené l'interrogatoire, s'était Kate...et ça la terrifiait.

Lanie avait raison, elle avait assez attendu…..trop attendu…..il était temps de crever l'abcès.

Mâchouillant sa lèvre inférieure sans le lâcher du regard, elle s'aperçut qu'il semblait tout aussi blessé, tout aussi perdu qu'elle. Yeux dans les yeux, ils se scrutèrent comme pour mieux visualiser les empreintes du temps sur eux. Ils étaient adultes, ils étaient plus mature...

Soupirant devant cette constation, elle l'entendit lui murmurer sur un ton incertain mais plus amicale :

-Le carré te va bien

-Quoi ?

-Ta coupe de cheveux….je crois que c'est la seule coupe que tu n'es pas essayée à l'adolescence, sourit-il en se laissant choir à l'arrière. Je crois qu'on est passé par toutes les couleurs et toutes les longueurs...mais le carré te va bien.

Il ne voulait plus se battre, il ne souhaitait pas d'un nouveau combat, pas après toutes ces années, pas avec leur passé. Ils avaient grandi, ils étaient censé être adulte non ? ils étaient censés se comporter convenablement …..

-Je….oui, fit-elle prise au dépourvue par son changement d'attitude en fronçant les sourcils tout en l'étudiant.

L'observant encore quelques secondes, Rick attendait qu'elle fasse le prochain pas. Il ne voulait pas, non plus faire tout le travail, il ne voulait pas se bercer d'illusion, avoir trop d'espoir. Parce que quelque part, au fond de lui, il ne supportait pas que son amie ne se soit déplacée que pour le travail et uniquement le travail. Il attendait un signe, un mot de sa part qui lui démontrerait qu'il avait tort.

Inspirant profondément, elle baissa la tête devant son regard compatissant et plein d'attente. Elle savait ce qu'il faisait….elle le connaissait mieux que personne…..il lui donnait du temps….il lui laissait le choix de la prochaine manoeuvre…..de la prochaine direction de leur relation.

Pendant toute son adolescence, il avait été le gouvernail de leur relation, l'épaule sur laquelle elle pouvait compter, et ce soir…il lui laissait une nouvelle fois le choix..

Le regard sur le dossier qu'elle avait entre ses mains, elle ferma les yeux en se rappelant ces mots, qu'il lui avait répété inlassablement dans le passé :

-Je suis là, Kate…..toujours.

La gorge nouée par l'émotion qui la submergeait à cet instant, elle releva la tête pour tomber sur le même regard azur qu' à ses quinze ans, il l'observait avec le même amour , la même tendresse qu'autrefois.

Une légère barbe et un visage plus carré , plus mature , lui donnait un air tellement sexy qu'elle resta quelques secondes à le contempler séduite devant l'image qu'il lui renvoyait.

Pensant qu'elle hésitait sur la marche à suivre, il soupira résigner et débuta à nouveau la conversation dans le sens qu'elle le souhaitait dès le début :

-Alors un meurtre ? Dois-je m'inquiéter ou….

-Je….non, non , pas du tout. Tu es juste ici en tant que….heu…..

-Témoin ? parce que je n'ai rien vu, se défendit-il

-Aide…..comme une aide. Le meurtrier s'est inspiré d'un de tes bouquins, confia-t-elle en soupirant une main dans ses cheveux, en sentant que le ton de la conversation avait changé.

-Alors, tu veux que….

-Ecoute, je suis désolée, l'interrompit-elle, la boule au ventre, en déglutissant devant son regard

Surpris au début par des excuses qu'il ne pensait jamais entendre, il attendit quelques minutes pour en savoir plus mais quand il s'aperçut qu'elle cherchait encore ses mots, il s'exaspéra et lui demanda :

-Désolé ? Pourquoi ? Pour avoir attendu douze ans pour venir me voir ? Pour avoir surgit à ma book party pour le travail et uniquement pour le travail ? Ou pour m'avoir fait croire pendant toute mon adolescence qu'on était plus que tes simples voisins ? Qu'on était une famille ? Parce que tu vois, Kate, je ne sais pas pourquoi tu es désolée, souffla-t-il exaspérer.

-Je….je crois que je suis désolée pour tout ça, fit-elle désabusée.

Levant un sourcil à sa déclaration , il ne lâcha pas du regard. Elle semblait tellement plus mature, tellement plus….froide que dans ces souvenirs. L'éclat de gentillesse et d'insouciance qui brillait autrefois dans ces belles iris avaient laissé place à un grand vide sans non. Et quelque part, ça l'intriguait encore plus...elle semblait si mystérieuse.

Le pied contre le mur sur lequel elle s'était adossé, Kate semblait complètement prise au dépourvu par la situation. Fatiguer et lasse de devoir l'attendre encore et encore , Rick lui lança :

-Pourquoi ?

-Pourquoi quoi ?

-Pourquoi ne pas avoir répondu à mes appels ? Pourquoi avoir rompu nos liens ?

-Je venais de perdre ma mère et tu….

-Je l'ai perdu aussi…je l'aimais comme ma propre mère.

-Rick

-Je n'ai rien de fait mal, siffla-t-il vexé par le poids des années . J'ai essayé de faire au mieux. Que voulais-tu que je fasses ? Que j'abandonne mon enfant?

-Non

-On ne s'était rien promis…tu étais partis à Stanford….on n'était pas un couple ou…..

-J'étais partie faire mes études et tu …..tu…..

-Quoi ?

- Tu nous a oubliés, murmura-t-elle sur un ton presque inaudible.

Déglutissant devant le regard qu'il lui lança, elle se mâchouilla nerveusement la lèvre inférieure. Comment toute cette conversation avait-elle pu prendre un tournant aussi dramatique ? Elle voulait s'expliquer, présenter ces excuses mais bon sang, il avait lui aussi des torts.

N'avait-il pas compris ces mots avant son départ à l'université ? N'avait-il pas compris qu'elle commençait à tomber amoureuse….en fait, elle le savait…..elle avait compris que ces sentiments n'étaient plus platonique lors de leur tout premier baiser mais ensuite Kyra était arrivée et elle n'avait pas voulu s'immiscer.

Flashback. 

-Je crois que tu as oublié de prendre Choubaka, sourit avec nostalgie Rick en lui tendant la peluche qu'il avait vaillamment gagné à la carabine , il y a deux ans.

-Je…., fit-elle embêtée et surprise en mâchouillant sa lèvre inférieure alors qu'il l'étudiait le coeur en berne.

Dans quelques minutes, elle allait refermer la porte de sa chambre et partir…..elle allait s'envoler loin de lui dans cette université et il avait la désagréable impression qu'il la perdrait comme il avait perdu Kyra au début de l'été.

Le visage abattu, il se tenait maladroitement dans son jean bleu ciel et son tee-shirt blanc alors que Kate portait un jean slip noir et un débardeur vert. 

-Je ne pensais pas emmené Choubaka, avoua-t-elle en voyant son regard passé de la tristesse à l'effarement. 

-Tu ne peux pas l'abandonner

-Rick, c'est juste une peluche

-Ce n'est pas…..ce n'est pas juste une peluche, marmonna-t-il théâtralement en soupirant.

Elle savait très bien ce qu'il tentait de faire: il retardait l'échéance. Il ne voulait pas la voir partir, elle non plus d'ailleurs. Imaginer ,ne serait ce qu'un seul instant, une journée sans lui, l'angoissait totalement. Mais, elle devait aller à l'université, et lui…lui devait devenir ce grand auteur dont la presse commençait déjà à parler.

Son livre était prévu seulement dans un mois dans les librairies mais certains éditeurs et journalistes avaient eu la primeur de le lire et tous étaient d'une même avis : ce jeune auteur allait faire un tabac dans le monde de l'édition.

Elle était fière de lui…..réellement. A seulement dix huit ans, il allait vivre son rêve mais quelque part au fond d'elle , elle était attristée. Ils étaient censés aller à l'université ensemble, ils étaient censés ne pas se quitter et aujourd'hui, dans sa chambre, elle allait lui dire au revoir.

Ses parents patientaient gentiment en bas le temps qu'elle termine sa dernière valise avec Rick. Ils l'emmèneraient ensuite à l'aéroport sans Richard. Kate ne supportait pas l'idée de devoir lui dire au revoir là-bas….elle ne supportait pas l'idée de le quitter tout court. 

Grattant sa nuque en repoussant quelques mèches rebelles sur son épaule, elle l'entendit lui avouer:

-Choubi , c'est un peu…..la base de notre amitié, une sorte de troisième personne dans notre duo improbable.

-N'importe quoi, sourit-elle alors qu'il relevait les yeux sur elle avec incrédulité. Oh allez, tu vas pas me dire que cette peluche est réellement la base de notre amitié. J'aurai pensé te connaissant que tu aurais jouer sur les sentiments, les rires ou notre foie inébranlable sur l'autre pour tenter de me faire….

-Il représente nos souvenirs, la coupa-t-il heureux qu'elle rentre dans son jeu.

-Nos souvenirs ? répéta-t-elle intriguer en lui souriant

-Oui….il a été là la première fois ou j'ai réussit à te battre à un jeu. Et ça tu vois, c'est un exploit.

-La carabine n'est pas vraiment un jeu, c'est …..

-Et il a été là, lors de notre première vraie dispute, ajouta-t-il en la voyant écouter attentivement. Il a été là quand je te faisais réviser…

-Je TE faisais réviser, assura-t-elle peinée en repensant à tous leurs moments commun

-Il était toujours là lors de ta première cuite. Et quelle cuite !Tu te souviens comme j'ai du te porter dans ta chambre sans alerter tes parents et qu'ils nous on surpris l'un sur l'autre dans ce lit parque j'avais trébucher sur tes satanés talons? La tête de ton père…j'ai cru qu'il allait me tuer et toi…toi tu n'arrêtais pas de glousser avec nos jambes complètements emmêlées.

-rhô c'était drôle

-Drôle? C'était le moment le plus terrifiant de ma vie. J'ai vraiment cru qu'il envisageait de me lancer au dessus de l'Hudson

-Mais non…..je pense plus qu'il envisageait cette solution quand il m'a surpris en train de t'embrasser quelques semaines plus tard.

-C'est vrai, rit-il en repensant à cette histoire et à la tête de Jim à ce moment-là. D'ailleurs, Choubi était toujours là pour ça.

-Alors quoi? J'emporte cette peluche au nom de tous nos souvenirs ? argumenta Kate en le voyant se lever pour lui tendre son précieux doudou.

-Disons que si jamais tu es trop occupé entre tes cours et tous les mecs du campus, chuchota-t-il le coeur lourd alors qu'elle roulait des yeux . Tu auras toujours une pensée pour ton voisin de New-York à chaque fois que tes yeux se poseront sur lui. Et…., ajouta-t-il en espérant que son argumentation ne soit pas réfuter. J'ai lu une étude démontrant que d'emporter un objet qui évoquait un souvenir heureux avec soit ,lors d'un départ ,procurait du réconfort quand les choses n'allaient pas.

Soupirant devant son air triste et tourmenté, elle prit Choubaka dans ses mains en l'observant quelques minutes avant de lui rétorquer sur le ton de la confidence:

-Tu sais que je n'ai pas besoin d'une boule poilu pour me souvenir de toi ?

-Hum

-Que tu es plus qu'un simple voisin ?

-Hum

-Et que je ne pars pas à l'autre bout du pays sans donner de nouvelles

-Tu ne peux pas le savoir

-Rick, je vais juste…..

-Tu vas démarrer une nouvelle aventure. L'université s'est excitant et exaltant et moi…..moi , je vais commencer ma tournée de livre alors…..je ne t'en voudrais pas si tu n'avais pas le temps ou…..

-Je ne suis pas Kyra, le coupa-t-elle blessée qu'il puisse même envisager qu'elle coupe les ponts si facilement avec lui. 

-Je sais…et ça ….ça fait encore plus mal. Dire au revoir à Kyra s'était dure mais toi , Kate, déglutit-il difficilement en la regardant tendrement. Toi….si je devais te perdre , je ne m'en remettrais pas.

-Tu ne me perdras pas…..jamais, assura-t-elle en le prenant dans les bras pour humer sa délicieuse odeur de menthe poivré.

Les mains dans son dos, il resserra son emprise sur elle tout en posant son front sur sa tête. Les yeux clos , il tentait de garder ses larmes pour lui. Il avait peur…il était terrifié…..pour la première fois de sa vie, il allait devoir affronter le lendemain sans Kate Beckett à ses côtés. Le coeur en berne, l'estomac noué par l'angoisse, il l'entendit lui murmurer :

-Personne ne te remplacera Rick…personne.

Elle aussi était terrifiée. Elle avait peur de le perdre. Peur qu'il ne retrouve une Kyra sur son chemin, peur de devoir le perdre à cause de la célébrité. Qu'était-elle comparée à toutes ces groupies qu'il risquerait d'avoir après la sortie de son livre ?

Elle avait peur de partir et de ne pas le retrouver à son retour. Elle l'aimait…..réellement. Mais elle n'osait pas lui avouer ces mots. Il venait tout juste de rompre avec Kyra et elle ne voulait pas l'effrayer avec ces sentiments.

Les mains tremblantes sur son torse, elle se recula d'un pas pour tomber sur son regard azur et lui sourit en tentant de lui cacher l'étendue de sa tristesse :

-Je vais devoir y aller

-Je sais, déglutit-il en lorgnant sur ses lèvres plus que tentante.

Il voulait l'embrasser…..il voulait sentir encore et encore la caresse de sa bouche sur la sienne…..mais elle allait partir et il ne voulait pas l'effrayer…..pire encore, lui faire penser que ce baiser n'est qu'un acte pour la faire rester.

D'une caresse sur la joue, il lui chuchota :

-Un appel par jour et je passe te voir au moins une fois par mois

-C'est le deal, chuchota-t-elle en retenant ses larmes

-Ok

-Et tu ne fais pas de bêtise quand je suis à des kilomètres

-Promis, sourit-il. Les bêtises, ont les fait ensemble. 

-Ok…donc ce n'est pas un au revoir, soupira-t-elle en sentant les larmes montées

-Non…..c'est juste un « à très bientôt, j'espère »

-à très bientôt, j'espère?

-Hum…..Pour un écrivain c'est banal de dire « bonne nuit », sourit-il sans la lâcher du regard, tandis qu'à très bientôt , j'espère, c'est….plus prometteur

-Un écrivain, hein ? Tu n'as pas encore un livre en bibliothèque et tu te nommes un écrivain ? 

- Ne soit pas méchante, gémit-il devant sa répartie. Oh, en parlant de ça, ajouta-t-il en lâchant son étreinte pour attraper un livre dans sa sacoche et le lui tendre.

-Qu'est-ce que c'est ? sourit-elle en lisant le titre du bouquin

-Je t'avais promis que tu lirais un jour mon livre…..

-Je croyais que tu ne voulais pas que je le lise avant sa publication ? fit-elle heureuse et surprise

-Ouais, eh bien…..en tant que muse de l'auteur, tu as…..

-Oh arrête de dire ça

-Tu m'as donné mon nom de plume !

-Eh s'il te plait, quand tu deviendras riche et célèbre , ne raconte jamais comment j'ai pu te donner ce nom, gémit-elle rouge de honte en repensant à ça

-Oh allez, ce serait flatter un peu plus mon ego vis à vis des médias…ou pas, se rétracta-t-il devant son regard.

-Kathie, on va rater le vol ! cria au rez-de chaussée, la voix de sa mère ce qui les firent sursauter.

Hésitant et maladroit, ils se toisèrent du regard avant que Kate n'ouvre à nouveau son sac pour y enfouir le livre de son ami et la peluche de Chubaka. Nerveuse et à fleur de peau, elle l'entendit murmurer :

-On devrait descendre

-Non

-Non ? Tu as décidé de rester avec moi et…..

-Tu vas rester ici…..et je vais y aller, le coupa-t-elle des trémolos dans la voix

-Kate, non, je….

-S'il te plait , c'est déjà assez dur comme ça.

-Mais je

-On se voit à la fin du mois et d'ici là on s'appelle.

A l'intonation de sa voix, il comprit qu'elle tentait de garder ses larmes pour elle. Soupirant, il s'avança près d'elle et l'enlaça une dernière fois avant de lui chuchoter sur le front :

-Tu vas être extraordinaire à la fac…tu es extraordinaire

-T'es pas mal, non plus, sourit-elle en relevant le regard sur lui pour tomber sur ses lèvres plus que tentantes. Rick ?

-Oui ?

-S'il te plaît…..ne m'oublis pas. Quoi qu'il arrive , ne nous oublis pas. 

-Jamais…..tu es….inoubliable, Kate Beckett, murmura-t-il en lui caressant la joue.

Lentement, elle se leva sur ses baskets et vint déposer ses lèvres sur les siennes quand la porte de sa chambre s'ouvrit sur un Jim Beckett blême :

-Sérieusement ? encore ? Vous avez décidé de me donner une crise cardiaque jusqu'à la fin ?

Au ton de son père, Kate lâcha les lèvres de Rick et se mit à rire à l'incongru de la situation alors que Castle la contemplait avec amour et dévotion.

-Qu'est-ce qui a de si drôle ? gémit Jim qui avait toujours dû mal à voir sa fille grandir. 

-Choubika…Choubi était là aussi pour ça…..il a raison, il est vraiment une troisième personne dans cette relation.

-Quoi ?

-Rien, ricana-t-elle encore en se tournant vers Rick. A très bientôt ?

-A très bientôt, déglutit-il en alors qu'elle lui embrassait la joue avant de partir avec son père.

Sans un autre regard pour lui, elle referma la porte de sa chambre alors que Jim portait son dernier bagage. Elle ne pouvait plus se retourner…..si elle le faisait….elle resterait avec lui…..pour …toujours.

Elle espérait juste qu'il est compris à quel point elle l'aimait….A quel point il était important dans sa vie ?

Fin Du Flashback. 

Apparemment, elle s'était trompée. Parce qu'à cet instant,il la regardait avec tellement de froideur qu'elle ne reconnut pas son meilleur ami.

Fatiguée, elle ferma les yeux en tentant de calmer ses émotions quand elle l'entendit lui murmurer amèrement :

-Tu me reproches d'avoir choisi ma famille, d'avoir tenté un avenir avec Meredith, mais c'est toi qui est partit et…..

-Ce n'est pas ça

-Si ça l'ait. Elle venait de piquer ton bon et loyal labrador et ça ta vexer

-Comment peux-tu…..comment….

-Je t'ai attendu toute mon adolescence, Kate. Je t'ai vu sortir avec tous ces types sans broncher ,et, quand je tourne la page, tu me remarques ?... Sérieusement ? …plus j'y pense et plus je me dis que c'est simplement ton ego qui en a pris un coup, cracha-t-il sous le poids de la tristesse.

Devant cette nouvelle attaque, elle voulut reculer comme si le poids des mots l'avaient blessé. Alors c'est ce qu'il pensait ? Après toutes ces années ? Fronçant les sourcils , elle allait contrer ses arguments avec force et colère quand son capitaine les interrompit en rentrant dans la salle d'interrogation avec un sourire aux lèvres:

-Beckett ?

-Oui, sursauta-t-elle devant l'intrusion

-Il y a un souci ? fit-il suspicieux en les voyant totalement bouleverser l'un et l'autre.

-Non…..je…..Je dictais simplement ces droits à Mr Castle, mentit Kate en observant Rick la dévisager.

Mr Castle ? Alors c'était ça ? Elle ne voulait même pas reconnaitre devant son patron qu'il se connaissait ? La rage au ventre , il serra les accoudoirs de sa chaise avec tellement de force que ses phalanges blanchissaient à vue d'oeil. Il avait besoin de se calmer, il avait besoin de reprendre contenance.

-Très….bien, acquiesça Montgomery, non convaincu en les observant encore.

-Tout va bien, Capitaine, répéta Kate avec plus de conviction en serrant son dossier contre son buste.

Elle ne voulait pas étaler sa vie privée, elle ne souhaitait pas que l'affaire lui soit retiré parce qu'elle connaissait Rick. Le dos droit, les yeux rivés sur son capitaine, elle l'entendit lui déclarer:

-Ok, je souhaitais juste me joindre à vous pour l'interrogatoire. Rick est un ami. Alors ou en étiez-vous?

Désabusé et embêté par cette situation, Rick souhaitait dire à Roy que toute allait bien, qu'il pouvait retourner à ses préoccupations mais ce mensonge inclurait de devoir passer encore du temps avec Kate…..et il ne savait pas s'il avait encore la force de discuter…..se disputer avec elle.

Il avait tellement mis d'espoir dans ses retrouvailles que sa peine obscurcie son jugement et sans attendre que Kate ne répond, il déclara sur un ton nonchalant :

-Le lieutenant Beckett m'informait q'un meurtre avait eu lieu plutôt dans la journée.

Bien, je n'ai rien manqué, sourit Roy en s'installant en face de l'auteur tout en tirant la chaise -à Kate pour qu'elle en fasse de même.

Effarée de devoir mener désormais l'interrogatoire sous les yeux de son capitaine, elle mit quelques secondes avant de remarquer le regard de Montgomery sur elle qui lui montrait des yeux sa place. Déglutissant, elle rencontra le regard froid et peiné de Rick avant de s'exécuter et de commencer en lui montrant une photo de la victime:

-Mr Castle , reconnaissez-vous cette femme ?

-Je…

-Beckett, vous ne commencez pas l'interrogatoire par les antécédents de Mr Castle ? sourit amusé Roy en lui montrant le dossier de Rick.

-Je pensais que je n'étais pas suspect, se méfia l'écrivain sous les yeux fatigués de Kate

-C'est juste la routine. et je ne peux pas faire cette interrogatoire sans tes antécédents, le taquina Montgomery.

A la dernière soirée poker que Castle avait organisé chez lui, il s'était vanté auprès du capitaine, du commissaire et de quelques autres auteurs que son casier judiciaire était une perle rare. Roy s'était tellement trouvé intrigué par ses anecdotes qu'il avait effectué quelques recherches dès le lendemain et ce soir…dans cette salle, il jubilait de montrer ses trouvailles.

- Ok, très bien , soupira Kate en ouvrant le dossier pour lire les notes tout en déclarant sur un ton professionnel et détaché.

- Mr Castle, vous avez un casier bien rempli pour un auteur de Best Seller . Conduite contraire aux bonnes moeurs, refus d'obtempérer…..

-Vous savez ce que c'est que les mecs, le coupa sur un ton hautain Rick peu enthousiaste par la suite des festivités en espérant couper cours à cette inquisition.

-Je vois que vous avez aussi volé le cheval d'un policier, ajouta Kate en fronçant les sourcils devant ce fait.

Il avait volé un cheval ? Quelle idée ? pensa-t-elle

-Emprunter, rectifia-t-il en soupirant

-Ah, fit-elle les yeux ronds en lisant la suite du dossier. Et vous étiez tout nu sur le cheval ?

Le contemplant quelques secondes, Kate le dévisagea en pensant qu'elle aurait aimé assisté à la scène. Rick nu sur un cheval devait être intéressant. Elle ne pouvait pas comprendre qu'elle idée lui était passé par la tête pour accomplir une telle chose. Elle avait l'impression que les rôles avent été échangé depuis son départ à l'université, lui si sérieux était devenu insouciant et drôle…alors qu'elle…elle s'était perdue dans les ténèbres.

Relisant les notes sur le canasson, elle se rappela la fois ou il l'avait appelé pour lui dire qu'il était renvoyé après avoir mis une vache sur le toit de l'école, c'était quelques mois avant son départ et juste quelques semaines avant sa rencontre avec Kyra.

Flashback. 

Fier…..et éreinté étaient les deux adjectifs qui le caractérisait à cet instant. Le bal de promo de fin d'année se déroulerait dans une semaine et il avait besoin d'une excuse pour ne pas y assister.

Il souhaitait simplement y aller pour contempler Kate lors de cette soirée. Mais son rendez-vous était tombé à l'eau et elle avait décidé d'aller écouter du slam en ville. Rick avait tenté de lui avoué ses sentiments ou du bien ses projets de l'accompagner mais elle lui avait rétorqué avoir pris beaucoup de sa personne pour que Dobra Dobkins sorte avec lui, et qu'il était donc inconcevable pour elle qu'il annule ces plans.

En réalité, elle était déçue….après l'avoir plus qu'aider à sortir avec son rendez-vous, Kate s'était rendu compte des sentiments qu'elle portait à son meilleur ami. Triste et abattue de ne pas avoir ouvert les yeux avant, elle s'était séparée du quaterback de l'école et avait décidé de fuir le bal de promo pour ne pas assister à l'amourette de Rick.

C'est donc avec une idée lumineuse et un brin ingénieuse que Castle avait trouvé comment échappé au bal de promo et par la même occasion à la fin de l'année. Son livre « sous une pluie de balles » serait bientôt publié et il devait annoncé à Kate qu'il ne l'accompagnerait pas à Stanford malgré sa bourse scolaire.

Il avait donc décidé de quitté l'école secondaire avec brio et ingéniosité. Après quelques coups de fil , il avait réussit a faire hisser sur le toit de l'école un bovin avec les couleurs du lycée. Si l'idée lui avait paru amusante sur le coup , elle l'était beaucoup moins après le sermon du proviseur, Mr Donan…..et le regard de désolation de sa mère avait fini par faire déglutir Rick.

-Non mais à quoi pensais-tu ! Une vache sur un toit !

-Heu…je pensais pas

-Richard ! Il va falloir loué une grue ou je ne c'est quoi pour libérér le pauvre animal et le clou du spectacle est que tu es renvoyé jusqu'à la fin de l'année scolaire.

-Techniquement la fin est dans un mois, grimaça-t-il devant le regard que Martha lui lança

-Et tu trouves ça drôle, en plus ?

-Non, je…..

-Tu es punis jeune homme

-Punis ? s'étonna-t-il tellement peu habitué à de telles réprimandes de sa mère

-Oui! deux week-ends de suite à la maison , reprit-elle fermement

-Mais, c'est le bal du lycée la semaine prochaine et…..

-Bal ou tu es congédié

-Et on avait prévu de fêter la fin de l'année scolaire avec Vegas avec les copains et Kate le week-end d'après

-Eh bien, tu le fêteras dans ton lit !

Oui, il n'avait pas prévu tout ça. Mais le rire de Kate dans le combiné quand il lui avait expliqué ce qu'il avait fait afin qu'on garde une trace de lui dans les annales du lycée valut ces deux week-ends…..surtout qu'il s'était débrouillé pour éviter la punition.

Fin du Flashback. 

-et à chaque fois toutes les charges ont été abandonné, déclara Kate amusée par les idées loufoques de son ami

-Que voulez-vous le maire est un de mes plus grand fan sans compter le Capitaine, argumenta-t-il lasse et fatigué de devoir lui parler d'un meurtre sans évoquer leurs différents. Alors, suis-je ici pour ce canasson ou pour cette…..Alyson Tisdale? ajouta-t-il en observant la photo sous le regard peiné de Kate.

Il ne pouvait plus supporter de la contempler ainsi…il ne pouvait plus être près d'elle sans ….l'avoir véritablement. Le coeur tambourinant, il déclara en tentant de cacher le flot d'émotions qui l'irradiait :

-Jamais vu

-Tu…..vous êtes sûr ? se reprit- Kate alors que Montgomery leva un sourcil à son manquement

-Sûr, grinça Rick. Jamais vu , qui est-elle ?

-Vous êtes certain ? vous auriez pu la voir pendant une dédicace , un gala de charité ?

-C'est possible , soupira Rick en voyant bien ou elle désirait en venir.

Levant le regard sur elle pour la contempler encore quelques secondes, il ajouta avec un sourire dédaigneux ce qui hérissa le poil de Kate :

-Je ne l'ai pas connu bibliquement, si c'est ça qui vous interresse

-Très bien, inspira Beckett en tentant de garder son calme alors qu'il avait l'air de s'amuser d'elle. Et ce type ? ajouta—t-elle en lui montrant une seconde photo. Marvin Fisc, petit avocat spécialisé en droit fiscal

-Désolé mais les avocats avec qui je traite prenne 500 dollars de l'heure minimum,répondit-il en se pinçant les lèvres.

Curieusement cette situation commençait à l'amuser. Il pouvait voir l'énervement de Kate culminer de seconde en seconde. IL la connaissait par coeur. Elle fronçait les sourcils, passait un mèche derrière son oreille et surtout…..elle le regardait avec « Le » regard. Amusé de pouvoir l'embêter, il lui sourit comme un idiot en espérant l'exaspérer un peu plus alors que Montgomery profitait du spectacle.

-Maintenant, je peux savoir qu'elle est le rapport avec moi ?

-On la retrouver mort assassiner, il y a deux semaines, assura Kate en sortant une nouvelle photo du dossier. Je n'avais pas fait le rapprochement avant de voir la scène de crime d'Allison Tisdale, ce soir.

L'amusement qui rayonnait sur son visage disparu au moment ou Rick posa son regard sur le corps sans vie de la victime. Fasciné et intrigué, il prit le cliché en main en déclarant pensivement :

-Des fleurs pour ta tombe.

La victime était exactement présentée comme il l'avait décrit dans son livre. Déglutissant, il observa ensuite la mise en scène du meurtre de Marvin Fisc alors que Kate commentait l'air soulagé qu'il prenne enfin l'affaire au sérieux :

-et voilà comment on a retrouvé , Marvon Fisc, copie conforme de « pas de furie en enfer ».

Observant la scène quelques secondes, Castle releva son regard pour retomber sur l'émeraude de ceux de Beckett. La douleur et la peine lui revint comme un boomerang et il murmura en ricanant :

-On dirait que j'ai un nouveau fan

-Oui, sauf que cette fois c'est un vrai taré

-Vous n'avez pas l'air taré pour moi, contra-t-il alors qu'elle fronçait des yeux en le dévisageant.

-Quoi ?

-Pas de furie en enfer ?Une bande de satanique assoiffé de sang, je vous en prie, il n'y a que les irréductibles groupies qui l'ont lu celui-là

-Il marque un point Beckett, sourit le capitaine alors qu'elle roulait des yeux

-Est-ce que par hasard une de vos groupies vous a déjà envoyer des lettres ? des lettres bizzares, rectifia-t-elle devant un nouveau regard amusé.

-Malheureusement , elles le sont toutes ce sont les risque du métier

-Oh je pensais que se serait les ampoules au doigt avec le frottement du clavier, murmura-t-elle en se mordant la lèvre inférieure.

Enervée, fatiguée mais aussi exaspérée, c'étaient les mots qui pouvaient caractériser le lieutenant Beckett à cet instant face à l'amusement évidant de son ami. Elle ne comprenait pas pourquoi il semblait si enjoué et si prompt à lui faire perdre son sang froid, mais après un regard sur son capitaine, elle commença à penser qu'elle aussi pouvait jouer à ce jeu.

-Les ampoules ? Non, pas pour moi.

-tu m'étonnes, marmonna dans sa barbe Kate en repensant à toutes ces années ou son père avait tenté en vain de lui faire tenir un marteau entre les mains.

-Si le lieutenant Beckett te pose cette question ,intervint Roy, c'est parce que par moment on se rend compte que le …..

-Tueur tente de rentrer en contact avec son obsession, termina Rick sans lâcher du regard Kate.

Elle avait la même lueur dans les yeux que lorsqu'elle était ado et qu'elle était agacée, elle se mouvait de la même manière qu'autrefois... pourtant…..sa posture et son regard était différent…ils étaient froids, sans vie…et ça l'intriguait encore et toujours.

-Je me suis beaucoup interressé au comportement des psychopathes et à leurs méthodologies , argumenta-t-il devant le regard intrigué du capitaine.

-Ah oui ? répondit ironiquement Kate sans le lâcher du regard

-J'écris des romans policiers alors je fais des recherches. On vous a déjà dit que vous avez des yeux magnifiques? sourit-il en espérant voir apparaître cette ride au-dessus de son front une nouvelle fois.

-J'imagine que vous ne voyez pas d'inconvénients à ce qu'on vérifie votre courrier, siffla-t-elle alors qu'il se réjouissait.

Contrarier et prête à lui mettre une balle entre les yeux, elle récupéra tout le dossier qui se trouvait en face d'elle en se faisant la réflexion que l'interrogatoire n'irait nul part. Il état évident qu'il s'amusait d'elle et que leur situation ne jouait pas en leur faveur.

-Faites comme chez vous , répondit-il sur un ton nonchalant avant de blêmir en l'observant se lever pour clore l'interrogatoire.

Pourquoi était-il aussi peiné de la voir a nouveau partir ? C'est ce qu'il souhaitait non ? Pourquoi ne pouvait-il pas se résigner à l'oublier ? Toutes ces interrogations se bousculaient quand elle l'entendit lui déclarer en lui tendant sa carte :

- Mr Castle ravi d'avoir conversé avec vous. Si vous avez d'autres choses à partager sur l'affaire , n'hésitez pas à me contacter.

-Seulement pour l'affaire ? déglutit-il en la voyant regarder son capitaine qui souriait de la situation.

-Au revoir, Mr Castle, soupira Kate qui ne savait pas comment agir en présence de son supérieur.

Il avait passé tout le long de l'interrogatoire à l'exaspérer à la pousser à bout et maintenant quoi ? Il demandait une explication? Le coeur en berne, elle prit le dossier en main alors que son Capitaine se levait et elle commença à partir de la salle en espérant pouvoir prendre du recul sur la situation. Ces mots tournaient en boucle encore et encore :

« Elle venait de piquer ton bon et loyal labrador et ça ta vexer »

La main sur la porte , elle sentit son coeur chuté sous le flot de souvenir quand il lui déclara toujours dos à elle :

- Détective Beckett ?

- Quoi ? soupira Kate sans se retourner

-A très bientôt, j'espère.

Les larmes aux yeux, l'estomac noué et les mains tremblantes, elle déverrouilla la porte et sortie avant de se donner en spectacle devant son supérieur.


billy1  (11.01.2018 à 21:15)

CHAPITRE 5.


La tête entre ses mains, elle inspirait doucement pour calmer le flot d'émotions qui la parcouraient à cet instant.
Comment avaient-ils pu être si proches avant et si éloignés désormais ?
Comment pouvait-il être si inconscient des sentiments qui l'animaient à l'époque ?
Comment pouvait-il croire qu'elle le percevait comme un gentil toutou ?

Le nœud dans l'estomac qu'elle ressentait depuis le début de la soirée ne faisait que se serrer davantage au fur et à mesure des heures. Leur rencontre, l'interrogatoire n'avaient été que des échecs cuisants.

Elle lui en voulait tellement pour cette amertume qu'il avait envers elle. Elle savait qu'elle avait des torts, mais il en avait aussi. Elle était amoureuse de lui…réellement, et elle venait de perdre sa mère.
Comment était-elle censée réagir à sa nouvelle ?
Comment pouvait-elle faire face au désastre de sa vie sans aucune rancune ?

La gorge nouée, elle soupira fortement en posant les yeux sur une photo de la victime. Les roses sur son corps, les tournesols sur ses yeux, et le positionnement du corps étaient exactement retranscrits comme dans le livre de Rick. Comment une assistante sociale et un avocat pouvaient-ils être en lien ?

Les yeux fatigués, elle les releva pour découvrir son Capitaine en train de revenir de la salle d'interrogation, seul...sans Rick.

Complètement alerte désormais, elle scrutait chaque recoin du commissariat du regard à la recherche d'une certaine silhouette, quand la voix de Montgomery la fit sursauter:

-Un souci, Beckett ?
-Heu…..non
-Vous en êtes certaine?

Il trouvait son comportement extrêmement étrange depuis son retour au preccint. Elle semblait sur ses gardes et beaucoup plus émotive, il aurait même juré que quelque chose se passait entre Richard et son lieutenant quand il était arrivé pour suivre l'interrogatoire.

Intrigué, il l'observa quelques secondes, quand elle lui répondit sur un ton qu'elle désirait indifférent, mais qui sonnait bien autrement :

-Où est Mr Castle ?
-Il est rentré
-Rentré ? Mais je ne l'ai pas vu sortir du…..
-Je l'ai laissé emprunter l'issue de derrière. C'est un problème ? ajouta-t-il devant son visage blême.

Parti…il était parti…..enfin il avait fui par l'issue de secours. Comment avait-il pu ? Comment avait-il pu partir comme ça ? Elle n'avait pas espéré une grande conversation, ni même un regard, mais son départ dans l'arrière-cour du commissariat avait un arrière-goût d'adieu.

L'estomac noué, elle tentait de garder bonne figure quand elle entendit Montgomery lui dire :

-Il ne souhaitait pas faire la une du Ledger. Un ou deux journalistes trainent déjà devant l'accueil du commissariat.
-Castle qui ne souhaite pas faire la page six ? C'est comme entendre que le Pape n'est pas catholique, marmonna-t-elle amèrement, en se levant pour enfiler son manteau.

A la réplique de son lieutenant, Montgomery eut à cœur de rectifier ces dires. Rick Castle était devenu au fur et à mesure des années, un ami et il n'aimait guère les propos sans justifications de son lieutenant.

-C'est un bon gars. Il se donne une image publique complètement fausse. Croyez-moi , Beckett, je connais Rick depuis des années maintenant , je n'ai jamais vu un homme aussi simple et loyal . Et pour couronner le tout….c'est un père formidable. Il se comporte parfois comme un gamin ou un playboy, mais ce sont juste des automatismes pour cacher une plus grande souffrance, assura Roy, avant de la laisser seule devant son bureau.

Pourquoi cette déclaration lui faisait-elle aussi mal ? Pourquoi avait-elle l'impression que son capitaine venait de remuer un couteau dans une vieille plaie ? Certainement parce que ces mots frappaient trop près de ses regrets.
Le Capitaine le connaissait mieux qu'elle désormais….il connaissait Richard Castle dans l'intimité, il connaissait sa fille…..alors qu'elle , elle ignorait tout ça.

C'était elle qui le connaissait le mieux, à une époque….c'était elle sur qui il pouvait compter…..et maintenant, elle devait entendre qui était réellement Richard Alexandre Rodgers d'une autre personne.

Les yeux en larmes, elle sortit du commissariat pour rentrer chez elle. Elle avait envie de pleurer, d'hurler….elle avait envie de retourner à cette époque où la vie était tellement simple avec lui…..où, d'un simple regard , elle le comprenait. Elle avait juste envie de retrouver son meilleur ami.

XXXXXXXX

Refermant la porte de son loft à Manhattan, Rick déposa son manteau dans l'entrée, en repensant à son entretien avec Kate. Tout ceci était tellement faux…tellement loin d'eux. Il n'avait jamais eu l'impression de ne pas être désiré dans sa vie, et pourtant ce soir…il avait la désagréable impression qu'elle aurait préféré ne pas être auprès de lui.

Il savait que son comportement n'avait pas été des plus cordiale,mais elle l'avait blessé avec ce fichu interrogatoire, et en niant leur relation à Roy.

Le regard fatigué, la démarche lourde, il se traînait jusqu'à la cuisine quand la voix de sa mère le fit sursauter derrière lui :

-Alors comment ça s'est passé avec Katherine !
-Mère, siffla Rick, excédé devant l'intrusion de sa mère
-Elle est ravissante et…..
-Mal, ça s'est mal passé, l'interrompit-il, pour couper court à son entrain.

Martha avait toujours eu de l'affection pour Kate. Elle était la belle-fille qu'elle aurait souhaitée pour lui. Il le savait bien, car à chacun de ses mariages, elle le lui l'avait subtilement placé avant d'aller à l'autel.

Il savait très bien que son passé avec Beckett n'était pas sans conséquence pour Martha ou pour Jim. Eux aussi avaient fait les frais de leur altercation. Chacun avait dû indirectement choisir un parti, et en toute logique, les deux parents avaient fait le choix de leur enfant. Mais à chaque évènement spécial, ou chagrin d'amour de l'un ou l'autre, Jim et Martha avaient tenté de glisser un mot à ces deux têtes de mules.

C'est donc sans surprise que Rick remarqua que sa mère ne relevait pas le désastre de sa soirée:

-Tu devrais l'appeler, maintenant que vous avez repris contact.
-Je n'ai pas repris contact , j'ai été arrêté
-Interrogé, le reprit Martha en soupirant.
-C'est la même chose. Si ce meurtrier n'avait pas copié mes livres, elle ne se serait jamais déplacée.
-Tu as raison, acquiesça Martha, au grand étonnement de Rick. Mais peut-être qu'elle attendait juste le moment adéquat ou….
-Pourquoi faut-il toujours que tu insistes quand il s'agit de Kate ?
-Et pourquoi n'insistes-tu pas ? Vous n'êtes plus des enfants.
-Ce n'était qu'une amitié de gamin. On a grandi, on n'a plus rien en commun.
-Richard
-Elle ne me veut pas dans sa vie.
-C'est ce qu'elle t'a dit ? fit, stupéfaite, la matriarche
-Non….mais elle me l'a très bien fait comprendre. Elle ne m'a pas présenté comme ami à son Capitaine, mais comme Rick Castle, l'écrivain, ronchonna Rick, désabusé, en se laissant choir sur son sofa, la tête entre ses mains.

Souriant devant cette perche que venait de lui lancer son fils, Martha s'installa en face de lui, et lui répondit gentiment :

-Elle n'a peut-être pas envie de mêler vie professionnelle et vie privée …..ou elle ne désire peut-être pas que son Capitaine lui retire l'affaire, au vu de votre implication….
-Mais….
-Et dois-je te rappeler que tu l'as présentée de la même manière à Gina?
-Quoi ?
-Tu as dit, « ce n'est qu'un lieutenant », depuis quand Katherine Beckett est seulement un lieutenant à tes yeux ? …..Je pense que tu devrais balayer devant ta porte avant de juger son comportement.

Effaré devant les mots de sa mère, Rick ouvrit et referma la bouche plusieurs fois. Elle n'avait pas tort. Il avait eu exactement le même comportement qu'elle. Il ne pouvait pas lui reprocher un automatisme de défense qu'il avait lui aussi appliqué.

Fatigué devant la situation, il marmonna :

-Elle a changé
-Toi aussi
-Oui….mais elle est différente…..elle est….
-Oui?
-Elle est froide et….distante. Elle n'est plus la Kate que je connais.
-Elle a perdu sa mère
-Je le sais, mais….
-Et elle a été seule pour faire face à sa perte. Elle a peut-être besoin de quelqu'un pour lui rappeler comment la vie peut être belle.
-Mère, soupira Rick en sentant où elle désirait en venir.
-Si tu ne le fais pas pour elle, fais-le pour Johanna. Là où elle se trouve, je suis sûre qu'elle ne cautionne pas vos agissements.
-C'est un coup bas
-Je ne te demande pas de l'épouser, je te demande juste une explication en tête à tête, et si tu juges que son amitié n'en vaut pas la peine, j'arrêterai de te harceler.

Au regard que Rick lui lança, Martha sourit en lui déclarant, avant de se retirer dans ses pénates pour le laisser à sa réflexion:

-Dois-je réellement te rappeler qui est Katherine Beckett ?

Non, bien sûr que non. Il n'avait pas besoin qu'elle le lui rappelle. Il savait très bien qui était Kate Beckett, et c'était le problème. Elle lui avait manqué pendant plus de dix ans….son sourire, son rire, ses discussions, ses étreintes, ses rituels…..tout chez elle lui avait énormément manqué. La main sur cellulaire, il déglutit en repensant à la façon dont il venait de la quitter.

Il avait été lâche…..et idiot. Elle méritait plus qu'une sortie furtive par la porte de derrière. Mais, est-ce qu'une simple discussion pouvait balayer douze années d'indifférence ? Et souhaitait-elle réellement une explication avec lui ?

Se frottant le visage vigoureusement, il soupira avant de prendre son téléphone fébrilement, en se demandant pourquoi il écoutait encore les conseils de sa mère.

XXXXXXX

Allongée de tout son long dans son lit, les cheveux encore humides de sa douche , une serviette le long du corps , elle observait en pleurant silencieusement la peluche poilue de Star Wars qui se trouvait à ses côtés.

Douze ans…comment avait-elle pu attendre autant de temps avant de lui faire face ? Comment avait-elle pu devenir une étrangère à ses yeux ? Comment avait-elle pu oublier ce qu'il représentait à ses yeux ?
Soupirant, elle essuya son visage ravagé par les larmes en repensant à leur premier baiser :

Flashback.

ETE 1995

-Tu crois qu'il est gay?
-Qui ça ?
-Rick, soupira Maddie, en lorgnant sans vergogne sur le meilleur ami de Kate qui pianotait dans un coin, à l'abri des regards, sur son ordinateur.
-N'importe quoi, rit Beckett devant la nouvelle absurdité de son amie.

Assise sur les gradins du stade de foot, Kate et Madison prenaient le soleil, tout en se délectant de la vue qu'elles avaient devant elles. Les joueurs de l'équipe de football de leur lycée faisaient quelques étirements, et ne manquaient pas de flirter du regard avec elles de temps à autres.

Madison était une fille très populaire au lycée. Sa jovialité et son dynamisme n'étaient pas pour déplaire. Son physique n'était pas en reste, et même si Kate se comparait parfois à elle en ne se trouvant pas assez amusante ou mignonne, elle et Maddie étaient les meilleures amies.

Leurs caractères opposés en faisaient un duo hors du commun, selon Rick. Kate était la douceur, la raison, alors que Maddie était tout le contraire.

Beckett avait beaucoup hésité à rejoindre Maddie en cette fin d'après-midi, car elle avait pas mal de devoirs qui l'attendaient, mais la jovialité et l'enthousiasme de son amie avaient mis à mal très vite toutes ses résolutions.
Après tout, on était jeudi soir et la fin de semaine approchait à grand pas. Elle aurait tout le loisir de rattraper son retard ce week-end.

-Et puis pourquoi as-tu cette idée absurde ? reprit Kate en souriant timidement à Brad Kolt, le quaterback de l'école, qui lui faisait signe de la main
-Il m'a repoussée, soupira Maddie, en repensant à son baiser avorté à l'arrière des gradins, la semaine dernière . Tu te rends compte ? Personne ne me repousse.
-Je…quoi ?
-Il m'a repoussée, tu es sourde ou quoi ? …. Rhô ne fais pas cette tête, ce n'est pas parce que tu ne veux pas sortir avec lui que moi aussi, je dois être punie. L'amitié a ses limites.
-Punie ? la dévisagea-t-elle dorénavant, en oubliant le joli quaterback.
-Kate, il est canon ! Genre ….Canon ! Je ne comprends pas pourquoi tu ne tentes pas ta chance. A toi, il ne te refuse rien.
-N'importe quoi…..et puis de toute manière, je ne veux pas sortir avec Rick
-Ah oui et pourquoi ? A moins que tu aies un quelqu'un en vue ?
-Parce que…parce que….c'est Rick….je le connais depuis que j'ai huit ans, et tu ne devrais pas jeter ton dévolu sur lui.
-Tu as quelqu'un en vue ! s'exclama, amusée, Maddie en l'observant de plus près.
-Non
-Si! Allez Becks ! Crache le morceau !

Baissant le regard sur ses chaussures, Kate se triturait les doigts maladroitement, alors que sa meilleure amie observait le terrain de foot avec les yeux ronds.

-Je n'y crois pas !
-Quoi ? s'exaspéra Kate
-Brad Kolt ! Tu as des vues sur le quaterback du lycée !
-Je n'ai pas de vues sur…
-Rhô allez, avoue ! Pourquoi le mec le plus populaire du lycée te fait signe ? Et comment se fait-il que je ne l'aie pas remarqué avant ? ronchonna-t-elle
-Peut-être parce que tu n'arrêtes pas de bavasser, sourit Kate
-Je ne bavasse pas! Je raconte simplement à ma meilleure amie à qui mon coeur appartient
-A qui ton coeur appartient ? rit désormais Beckett. C'est si ….dramatique!
-Arrête de rire ! Il me plaît ….vraiment. Je pense que je pourrais tomber amoureuse de lui….et lui , il est gay.
-Il n'est pas gay, insista Kate en prenant la défense de son ami. Il est juste occupé avec son écriture. Et puis arrête donc de dire que tu es amoureuse.
-Hey!
-Maddie, tu es amoureuse toutes les semaines, soupira-t-elle devant l'air outrée de son amie, en passant une de ses mèches rebelles derrière les oreilles
-Ce n'est pas vrai
-Ah oui? Tu oublies ….Joe, Kyle, Andrew, Steve..
-Tu vas arrêter de nommer tous mes désastres sentimentaux, se lamenta la jeune blonde , une main sur le front, d'un air dramatique
-Désastres sentimentaux ? Maddie, on a seulement 16 ans et tu es déjà tombée plus souvent amoureuse que Meg Ryan dans tous ses films réunis
-Méchante!
-Et puis laisse Rick tranquille, bougonna Kate, une nouvelle fois en observant son meilleur ami complètement fasciné devant son ordinateur.
-Pourquoi ? Je croyais que tu ne le voulais pas
-Ce n'est pas le cas.
-C'est vrai, toi tu veux Brad, et apparemment il n'est pas contre non plus.
-ll m'a simplement souri, relativisa Kate, en tentant de cacher sa déception.
-Un sourire ? Un signe de la main, oui ! Je suis certaine qu'il va te demander de l'accompagner à la fête d'Andrew, samedi soir.
-En parlant de ça…, grimaça la brunette
-Non, non , non ! tu ne peux pas me laisser tomber !
-Parles-en à mes parents
-Tu n'as qu'à dire que tu es la maison
-Maddie, soupira Beckett. Ils ne sont pas nés de la dernière pluie.
-Alors dis que tu es chez Rick. Ils ne disent jamais non quand tu es chez lui.

Au regard qu'elle lui lança, Maddie fronça les sourcils et lui rétorqua :

-Quoi ?
-Tu penses vraiment que mon père va me laisser seule avec Rick , un samedi soir et pour toute une nuit ?
-Ce ne serait pas la première fois
-Oh arrête. La dernière fois, on avait….onze ans
-Pourquoi avez-vous….
-La puberté ? les hormones ? Ma poitrine qui devenait évidente aux yeux de mon père ? Ou le mot adolescent ? En tout cas , toutes ces choses réunies ont fait que les soirées pyjama chez Rick se sont stoppées.
-ça craint
-Oui. Je ne parle même pas de la troisième chambre que mon père à créée à la cabane cette été.

Levant le regard sur le terrain de foot, Kate contempla du coin de l'oeil le jeune Brad en train de s'étirer. Elle avait vraiment espéré pouvoir passer la soirée de samedi soir avec lui. Il était sympathique, et toujours enclin à lui rendre service ces dernières semaines. Perdue dans ses pensées, elle en fut sortie par la voix de sa meilleure amie :

-Dis la vérité à ton père…dis-lui que Rick est gay et que ta virginité est sauve
-Maddie!
-Quoi ? Il n'a pas besoin de savoir que Brad Kolt risque de te dépuceler sa….
-Si tu finis cette phrase , je jure que je t'étrangle!
-Ok, ok, rit, amusée, Maddie devant la pudeur de son amie.
-Et arrête de rire !
-C'est bon Becks, j'arrête.
-Et arrête de dire que Rick est gay. Ce n'est pas parce qu'un garçon refuse tes avances qu'il est forcément gay.
-Toujours prompte à défendre la veuve et l'orphelin. De toute manière, moi je te le dis, ton Rick est gay. D'ailleurs , en y réfléchissant, je crois ne l'avoir jamais vu avec une fille avant. Un mec aussi canon , ne peut pas rester célibataire. On a quoi 16 ans, pas 40 ans!
-Alors, tu es automatiquement gay si tu ne sors pas aussi souvent que toi ?
-Oui!
-Tu es impossible, soupira Kate, en observant au loin son ami fermer son ordinateur portable et se lever pour partir.

La discussion qu'elle venait d'avoir avec Maddie l'avait remuée. Son amie n'avait pas tort sur une chose. Elle n'avait jamais vu sortir Rick avec une fille.
Alors qu'elle fréquentait un bon nombre de garçons depuis quelques mois, elle n'avait jamais eu l'occasion de voir son meilleur ami en faire autant.
. Et entendre Maddie avancer son homosexualité la bouleversa quelque peu. Elle commençait à se demander si c'était vrai….et si c'était le cas , pourquoi il ne le lui l'avait jamais avoué? Ne lui faisait-il pas confiance ?

Intriguée, elle se leva à son tour en prenant sa sacoche, et déclara à Maddie, qui fronçait déjà les sourcils devant son action :

-Je dois y aller. J'aimerais réviser mon cours de littérature
-Dis-moi que tu te moques de moi!
-Non, pourquoi ? sourit Kate qui savait très bien ce que la jeune blonde avait en tête
-On est jeudi , Kate ! Tu ne peux pas partir sans regarder les gars devant leurs séances d'abdos ! Et Brad risque de mal le prendre.

Les jeudis soirs étaient toujours les mêmes. Les filles s'installaient sur les gradins pour refaire le monde, mais aussi pour baver littéralement sur les joueurs de l'équipe de foot qui s'exerçaient à faire des pompes sans les lâcher du regard…enfin sur Maddison.

C'est d'ailleurs l'un de ces jeudis soirs, que Brad Kolt avait remarqué les jolis yeux émeraudes de la jeune Beckett.
Souriant devant l'air outré de Maddie, Kate lui répondit sur un ton taquin:

-Brad Kolt n'est pas le centre du monde, et s'il est vraiment intéressé, il trouvera un moyen pour m'inviter en dehors de ces séances d'abdos.
-Tu reconnais donc que tu attends une invitation ? sourit malicieusement Maddie
-Je ne reconnais qu'une seule chose…je ne suis pas désespérée au point d'attendre pendant des heures un simple geste de la main
-Tu es dure, là Becks
-Hum, hum…..à demain ?
-à demain, ronchonna Madison, en s'installant un peu mieux sur les gradins pour ne rien rater du spectacle.

XXXXXXXXXXXX

Son livre de littérature entre ses mains, un crayon en papier entre ses lèvres, elle ne cessait d'observer Rick qui se trouvait sur le sol de sa chambre, l'ordinateur sur ses genoux et les doigts sur le clavier.

Après son entrevue avec Maddie, Kate était rentrée pour trouver Rick assis sur le perron de sa maison en train de siroter un thé glacé. Après avoir discuté quelques minutes avec lui, elle lui avait proposé qu'il se joint à elle pour réviser dans sa chambre.

Mais plus les minutes passaient, plus elle était tentée d'engager la conversation. Elle maudissait Maddie et ses idées farfelues…..et encore plus, elle se maudissait de pouvoir même envisager que son amie est raison.

Le regard fixé sur Rick, elle sursauta devant sa mine amusée quand il lui rétorqua le sourire aux lèvres :

-Arrête de me regarder…c'est effrayant.
-Pardon, déglutit-elle en posant ses yeux sur son livre.

Souriant devant son air soudainement timide, Rick ferma son ordinateur portable pour la contempler quelques secondes. Ses cheveux châtains descendaient jusqu'à mi-dos dorénavant, son bronzage de cet été lui donnait un teint halé et ses traits si fins lui faisaient chavirer le cœur.

Depuis quelques mois, ses sentiments à l'égard de Kate avaient changé. Il la voyait sous un autre regard. Elle était belle….trop belle…..et il avait peur de l'effrayer. Kate était populaire à l'école, elle changeait régulièrement de petit-ami et passait énormément de temps à sortir…..alors que lui…..il avait toujours la tête dans ses bouquins et il avait l'impression d'être gauche en permanence.

Troublée par ce crayon qu'elle mâchouillait depuis plusieurs minutes, il la vit relever les yeux et le regarder avec temps de tendresse et de dévotion, qu'il sentit son coeur s'accélérer. Souriant, en pensant que c'était peut-être sa chance d'avoir cette conversation qu'il redoutait depuis des mois, il blêmit devant sa question sortie de nulle part :

-Tu es gay ?
-Je…Quoi…..pardon ?
-Oublie-ça…c'était mal placé et…..oublie, gémit-elle en posant à nouveau ses yeux sur son livre de littérature rouge de honte.

Mais à quoi pensait-elle bon sang ! Lui demander s'il était gay ! Elle se sentait au comble de la gêne . Jamais encore , elle n'avait espéré pouvoir trouver un trou de souris et s'y cacher.

Rick lui la regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes. Gay ? Venait-elle réellement de lui demander s'il était gay ? Il ne savait pas s'il devait rire de la situation ou se sentir offensé mais quand il observa avec qu'elle force elle s'obstinait à ne pas lever les yeux, il décida de la sortir de sa misère en lui déclarant , une main dans les cheveux :

-Je ne suis pas gay
-tu n'as pas a…tu es sûr? fit-elle surprise et intriguée en grimaçant automatiquement à sa dernière question.
-Je suis sûr…et pourquoi sembles-tu si persuadée que je sois gay ?
-Je…..laisse tomber, soupira Kate, qui s'en voulait d'avoir une nouvelle fois écouté les élucubrations de Maddie.
-Kate, plaida Rick, en l'observant se dandiner, mal à l'aise sur son lit.
-A cause de Maddie….
-Maddie? Qu'est-ce que Maddie vient faire dans la conversation ?...Kate ? répéta-t-il en la voyant mâchouiller nerveusement sa lèvre inférieure. 
-Elle m'a raconté que tu l'avais repoussée sous les gradins la semaine dernière et…..
-Et tu t'es dit que j'étais gay ? fit-il outré et surpris
-Non….non….c'est elle qui s'est mis ça dans la tête
-Apparemment elle n'est pas la seule
-C'est pas ça….mais…..ok, elle m'a fait douter…..mais elle n'a pas tort sur certains points, déglutit-elle devant son regard. Tu…..je…..je ne t'ai jamais vu avec une fille….alors que moi, je…..
-Je suis peut-être plus discret, cracha-t-il, vexé
-Je…d'accord, acquiesça-t-elle, en se levant pour déposer son livre sur son bureau, alors qu'il se levait lui aussi du sol pour ajouter.
-Je ne suis pas gay
-Ok , très bien.

Baissant la tête, elle se frotta la nuque en lui tournant le dos. Comment cette conversation avait-elle pu tourner ainsi ? Elle ne voulait pas le blesser ou le vexer…elle souhaitait juste lui dire qu'elle ne le jugerait pas sur son style de vie. Déboussolée, elle soupira en lui murmurant :

-Si jamais c'était le cas, je ne te jugerais pas ou….
-Je ne suis pas gay! l'interrompit-il avec plus de force, alors qu'elle déglutissait devant son regard.
-Ok, je te crois.
-Bien
-Bien.

Mal à l'aise, elle se retournait une nouvelle fois pour ranger ses affaires, quand elle l'entendit lui avouer :

-J'ai éloigné Maddie parce que je ne voulais pas qu'elle se moque.

Anxieux…terrifié…..étaient les maitres mots qui qualifiaient le jeune Rick Castle à cet instant. Il sentait bien que son amie n'était pas dupe et qu'elle ne croyait qu'à moitié ses dires. il voulait lui expliquer pourquoi il était toujours célibataire, mais il était terrorisé à l'idée qu'elle se moque de lui aussi.

-Quoi ? fit, surprise, Kate en se tournant pour le voir se tortiller les mains dans ses poches.
-Je ne veux pas qu'elle se moque de moi….et toi, non plus.
-Rick, je ne vais pas me moquer de toi , si tu es…..
-Je ne suis pas gay. Je suis juste…..nul, soupira-t-il, la boule au ventre
-Nul ?
-J'ai embrassé Kylie Smith, il y a deux mois.
-Et? fit-elle, désormais intriguée, en levant un sourcil
-Et…..ça c'est mal passé. Je suis nul à ça….
-N'importe quoi , sourit-elle, attendrie devant sa mine de chien battu
-Elle me l'a dit, grimaça-t-il en repensant à cet instant désastreux
-Je suis sûre que tu as mal interprété ses mots et…..
-Mon dieu, arrête ça tout de suite, c'était un désastre, répéta-t-il, en posant des guillemets sur sa phrase avec ses doigts.
-Oh…..
-Oui, oh, gémit-il, en se laissant choir sur le lit de Kate, la tête entre ses mains. Je suis vraiment…..nul à ça.

Souriant devant son air si misérable, elle s'avança vers lui et lui murmura :

-Tu ne peux pas te laisser abattre par une mauvaise expérience
-Si …..oh si, crois-moi
-Rick, je suis certaine que moi aussi, j'ai été nulle lors de mon premier baiser
-Mais personne ne t'a fait la remarque
-Tu devrais ré-essayer
-Une humiliation par an, ça me suffit.
-Je pensais que tu voulais inviter Dobra Dobkins au bal de promo dans quelques semaines, tenta Kate, pour le sortir de sa misère
-Et alors….

Il ne voulait pas réellement emmener cette fille au bal. Mais Kate lui avait déjà avoué espérer que le quaterback de l'école l'accompagnerait, il ne se voyait pas donc pas y aller seul, et la voir au bras de ce footballeur pendant qu'il siroterait du punch tout seul.

-Le bal de promo se termine par un baiser, argumenta-t-elle gentiment
-Pas forcément
-Et avant ça, pour l'emmener au bal, il faudrait sortir avec elle…Rick, ce n'est qu'un baiser, sourit-elle devant son air accablé.
-Facile à dire quand personne ne se moque de toi, grinça-t-il mortifié, les mains sur son visage.

Embêtée par le désarroi de son ami, Kate réfléchit quelques secondes avant de lui déclarer :

-Ok, lève-toi
-Quoi?
-Lève-toi, j'ai dit

Soupirant, il s'exécuta en se plaçant devant elle, alors qu'elle lui prenait les mains et lui murmurait sur un ton moins certain :

-Embrasse-moi
-Pardon?
-Embrasse-moi….promis, je ne rirai pas.
-Non
-Rick, je vais juste te montrer que tu n'as pas besoin d'être effrayé. Allez, ce n'est qu'un baiser….et c'est moi.

Un baiser ? Ce n'était pas seulement q'un baiser pour lui ? C'était….c'était les lèvres de Kate, le corps de Kate…..c'était le saint graal. Déglutissant , en observant sa bouche puis ses yeux , il la vit se lever sur la pointe des pieds et lui chuchoter :

-Ne me fais pas supplier.

Doucement ses lèvres entrèrent en contact avec elle. Le baiser était doux…..et délicieux mais il était tellement stressé de faire mauvaise impression qu'il se retira en gémissant d'appréhension:

-Alors ?

Souriant devant son air si peu sûr de lui, elle lui caressa la joue et captura ses lèvres à nouveau. Elle voulait le rassurer, elle voulait pouvoir l'aider, alors sans lui laisser le temps de se rétracter, elle poussa sa langue à l'intérieur de sa bouche. Ses mains sur sa nuque, elle s'abandonnait au baiser quand il commença à bouger sa langue dans tous les sens et à saliver plus que de mesure. Elle avait l'impression qu'il tentait de la noyer.

Grimaçant, elle s'éloigna de lui et lui déclara doucement pour ne pas le vexer :

-Tu vas trop vite
-Pardon?, sourit-il sur un nuage… ….c'est toi qui a mis la langue, et…..
-Tu bouges ta langue trop vite et tu salives trop, ajouta-t-elle, alors qu'il blêmissait. Eh, ce n'est pas grave, on va ré-essayer et….
-Non, non….c'est bon, dit-il découragé d'avoir raté son premier baiser avec Kate.

Il pensait qu'elle avait apprécié, mais au regard qu'elle lui lança, il comprit qu'il était vraiment nul à cet exercice.

-Rick…..un baiser c'est comme une…..danse. On doit jouer sur le même tempo . Tu n'as pas besoin d'accélérer le mouvement. Suis juste…mon rythme.
-Je…..
-Allez, embrasse-moi à nouveau
-Kate, soupira-t-il alors qu'elle posait ses mains sur ses hanches.
-Si tu veux emmener Dobra Dobkins au bal, ou embrasser Maddie sous les gradins, embrasse-moi.

C'est toi que je veux embrasser, pensait-il…..c'est toi…..et seulement regard sur elle , il déglutit devant autant de beauté et de bonté. Doucement, il déposa ses lèvres sur les siennes en attendant qu'elle quémande l'entrée de sa bouche. Le baiser fut plus doux…..moins bâclé, et doucement, il se laissa bercer par la langue de Kate.

Son odeur de cerise, son corps plaqué contre le sien et son baiser si enivrant firent perdre tout ses sens à Rick.

Kate, elle n' était pas en reste. Si le premier baiser avait été un désastre , le second était simplement magique. La langue de Rick dansait à merveille avec la sienne et quand il la plaqua contre son corps tout en mordillant sa lèvre inférieure, elle ne put retenir un gémissement.

Les mains sur sa nuque, elle accentua le baiser, alors que les mains de Castle descendaient doucement sur le bas de son dos. Leurs souffles se mêlèrent, leurs respirations s'accélérèrent, et quand elle sentit sa langue pousser encore plus loin dans sa bouche, elle crut défaillir. Mon dieu, il apprenait vite et bien…..

Comment un simple baiser pouvait la transporter aussi loin, aussi haut ? Comment cette Kylie avait-elle pu se moquer de lui?

Alors que tous ces sentiments se bousculaient en elle, elle sortit de sa torpeur en entendant le cri effaré de son père qui se trouvait sur le seuil de la porte :

- Qu'est-ce que vous faites ? Jo ! …Jo…oh mon dieu, il faut que tu montes !

Et en une seule phrase, leur instant était passé. Rick avait reculé de plusieurs pas en baissant le regard, honteux, alors qu'elle tentait de s'expliquer avant que son père ne fasse une attaque :

-Du calme, je lui apprenais seulement en embrasser
-Oh mon dieu ! Jo ! Maintenant ! hurla-t-il en les dévisageant. Et tu comptes lui apprendre d'autres choses ?!

Elle ne faisait que lui apprendre…..cette phrase poussa tous les espoirs de Rick au loin. Il avait cru pendant un bref instant que le baiser lui avait plu…..réellement plu. Il aurait juré l'avoir entendu gémir…..mais ses mots , après ce qui avait été un moment extraordinaire, l'avaient profondément blessé.

Elle ne ressentait rien pour lui…il devait se faire une raison. Il devrait inviter cette Bobra Dobkins avant que son coeur ne se fasse piétiner.

Kate, elle était complètement retournée par leur baiser. Elle n'avait jamais imaginé que son corps pouvait être si puissant, que ses lèvres pouvaient êtres si coquines et que ses râles pouvaient être si sexy…..c'est à partir de cet instant-là qu'elle avait commencé à regarder Rick d'un nouvel oeil.

-Qu'est-ce qui se passe ici, soupira Johann , son attaché case encore en main
-Ta fille apprenait à Rick à embrasser
-Oh
-Je vous jure que ça n'allait pas aller plus loin, tenta Castle, mortifié, en prenant ses affaires au sol
-Plus loin ? Mais que pensais-tu pouvoir faire avec ma Kathie ? répondit froidement Jim
-Papa ! c'est bon. On s'embrassait , on ne faisait rien de mal
-Non, ce n'est pas bon, vous êtes consignés !
-Pour un baiser ! hurla Kate
-Consignés , c'est bien, acquiesça-t-il devant le regard noir de Kate. Quoi ? C'est mieux que démembré ou….
-Ne sois pas idiot ! Maman, s'il te plait, peux-tu raisonner papa !

Elle se souvenait très bien de ce moment et de celui qui suivit. Son père l'avait dévisagée pendant des jours, alors que sa mère lui avait fait tout un discours sur le sexe et la protection. Quant à Rick…..elle avait espéré que ce baiser avait signifié autant pour elle que pour lui, mais elle avait eu tort.

Deux jours après, il sortait avec Dobra Dobkins, laissant Kate seule et amoureuse…..

Fin du Flashback.

Le regard dans le vague, elle soupira en repensant à ce pan-là de sa vie. Leur premier baiser avait été une révélation pour elle. Rick Rodgers était devenu tellement plus pour elle par la suite…mais la vie ne leur avait pas donné l'occasion, ou la chance, de se rapprocher.

Observant Chewbacca à ses côtés, elle ruminait dans sa barbe en se levant pour trouver une tenue adaptée pour la nuit, quand son téléphone sonna.
Au son de la sonnerie, elle se figea, elle connaissait très bien son interlocuteur. Quand son père lui avait glissé discrètement le numéro de téléphone de Rick sur un papier bristol, Kate avait beaucoup hésité à l'enregistrer. Mais après moult et moult hésitations, elle avait sauté le pas, en lui ajoutant une sonnerie bien spécifique, celle de son film préféré : Star Wars.
Le cœur tambourinant, les mains tremblantes, elle déglutit avant de lire le message qu'il lui avait envoyé :

- Hey…..c'est Rick. Puis-je t'appeler ?


Et voilà un nouveau chapitre entre deux jours de boulot. J'espère qu'il vous plaira. Bonne soirée à tous et toutes et merci pour vos commentaires. A très vite.


billy1  (17.01.2018 à 20:25)

CHAPITRE 6.


Fermant sa crown victoria avec un sourire satisfait, Kate partait en direction du bureau de Jonathan Tisdale, le père de la seconde victime , afin de discuter avec lui.
Le trottoir sur lequel elle se trouvait était extrêmement bondé en cette fin de matinée, et c'est avec un regard concentré sur l'immeuble vers lequel elle se dirigeait, qu'elle repensait à la discussion qu'elle avait eue avec Rick la veille.

Après avoir reçu un message de ce dernier, elle avait pris son courage à deux mains et l'avait appelé. Si la conversation avait été un peu hésitante et maladroite au début, ils avaient cependant convenu d'un rendez-vous, le lendemain en fin d'après-midi, afin d'aplanir les choses entre eux.

Castle lui avait confié avoir été blessé par son absence ces derniers années, et Kate s'était excusée pour son comportement. Même si rien n'était encore réglé entre eux, ils avaient cependant raccroché, le cœur moins lourd et pleins d'espoir pour le lendemain.

C'est donc avec un peu plus de baume au cœur, que Beckett se dirigeait ce matin pour interroger le père de la victime, quand elle blêmit devant la silhouette qui se trouvait en face d'elle, et qui flirtait effrontément avec la standardiste de l'immeuble.

- Rick Castle, j'ai rendez-vous avec Mr Tistale. On vous a jamais dit que vous aviez des yeux splendides.

Il avait passé la nuit à se tourner et à se retourner. Sa conversation avec Kate l'avait ébranlé, mais l'enquête aussi. Il n'arrêtait de pas de voir le corps étendu d'Allison Tisdale et celui de Marvin Fisc. Son imagination tournait en boucle, et après une énième tentative infructueuse pour dormir, il s'était levé pour faire des recherches.

L'insomnie avait alors laissé place à la curiosité et à l'excitation. Il n'avait plus ressenti ça depuis des mois. Une envie folle d'écrire s'était alors emparée de lui, mais quand il s'était trouvé devant son ordinateur pour conter les nouvelles aventures de son nouveau personnage, la seule image qu'il avait eue en tête était celle de Kate.

Soupirant, il avait éteint son ordinateur en se prenant la tête entre les mains. Toute cette histoire était en train de le rendre fou…..elle était en train de le rendre fou. Dès qu'il fermait les yeux, il la revoyait lui sourire comme à l'adolescence, avec ses grands yeux verts et cette tendresse infinie, puis l'image disparaissait pour laisser place à un visage renfermé, triste..tellement loin, de la Kate qui l'avait connue.

Il se demandait comment la vie avait été pour elle après le décès de Johanna. Il savait que Jim n'avait pas été d'un grand soutien, mais Rick avait fait son possible pour aider la patriarche, et l'aider, elle aussi, indirectement.

Il aurait tellement aimé avoir été là pour elle…Il aurait tellement souhaité pouvoir traverser ça avec elle. Peut-être que, si il avait été présent, ce regard froid et triste qu'elle arborait en permanence ne serait pas là aujourd'hui.

Frustré, il s'était levé pour admirer la vue qu'il avait de son bureau, en se demandant comment son rendez-vous avec elle allait se dérouler le lendemain. Allaient-ils encore se disputer ? Elle avait semblé plus douce , plus hésitante au téléphone ce soir…peut-être que tout se passerait bien…peut-être qu'il arriverait à retrouver son amie.

Une main posée sur la nuque, il se fit la réflexion qu'il n'arriverait plus à dormir, qu'il devait se trouver une occupation avant de devenir fou. C'est donc dans cet état d'esprit qu'il avait continué ses interrogations sur Allison Tisdale, et c'est toujours dans cette idée qu'il avait prit rendez-vous avec le père de la victime le lendemain.

C'est donc tout sourire, les lunettes de soleil encore sur les yeux, qu'il charmait la standardiste du millionnaire quand un raclement de gorge le fit se retourner :

- Qu'est-ce que tu fais ici ? siffla-t-elle, les mains croisées autour de son buste, avec un regard effrayant
- Eh ben… , tu vas rire, répondit-il, surpris de la voir ici et un peu inquiet devant son regard.
- J'en doute
- Mr Castle ? les interrompit la brunette de l'accueil, avec un sourire qui en disait long sur ses intentions vis-à-vis de Rick, ce qui agaça un peu plus Beckett. Mr Tistale, vous attend.
- Tu as pris rendez-vous !
- Euh….oui, acquiesça-t-il, penaud
- Pourquoi ?

Elle tentait de garder sa colère pour elle, elle tentait réellement de ne pas exploser, mais son attitude commençait réellement à l'exaspérer. Tout d'abord, il l'avait reléguée à un simple lieutenant quand fut le temps des présentations avec son agent, ensuite il l'avait littéralement accusée d'avoir profité de sa gentillesse étant enfant, pour ensuite quitter le poste sans un regard pour elle.

Elle pensait réellement que leur discussion de la veille était sincère, qu'il voulait discuter et aplanir les choses entre eux. Elle espérait même pouvoir retrouver son ami, mais son attitude de ce matin lui donnait l'impression d'avoir été bernée tout le long.

Attendant une explication de sa part, elle le vit déglutir en lui montrant l'ascenseur sur la droite. D'un hochement de tête, elle le suivit pour rentrer à l'intérieur alors qu'il lui murmurait :

- T'es sexy quand tu es énervée
- Castle !
- Oui ?
- Pourquoi es-tu ici ?

- Pour les mêmes raisons que toi

- Tu comptes enquêter sur un meurtre qui a eu lieu hier soir ? demanda-t-elle de plus en plus agacée

- Oui...heu...non, rectifia-t-il en voyant son regard noir. Heu...je...je suis ici pour l'histoire, avoua-t-il, en s'apercevant que la flatterie ne fonctionnait pas sur elle.

Il se trouvait stupide à cet instant…..bien sûr que la flatterie ne marcherait pas sur elle, elle n'avait jamais fonctionné. Dès l'enfance, elle avait toujours eu ce foutu caractère.

- Quelle histoire , il n'y a pas d'histoire ici, juste un meurtre, soupira Kate, en sentant la migraine arriver au fur et à mesure qu'ils arrivaient à destination.
- Non, il y a toujours une histoire. Il y a toujours une série d'évènements qui donnent un sens à chaque chose.

Quand il la vit lever les yeux au ciel pour lui signifier que ces affirmations étaient des sottises, il argumenta sa réponse sans réfléchir alors que les portes de l'ascenseur s'ouvraient sur l'étage désiré:

- Regarde-toi …par exemple…..jamais tu n'aurais dû être flic. La plupart des femmes belles et intelligentes deviennent avocates et non pas lieutenant, et pourtant toi, tu es là. Tu devais être la première femme à la cour suprême.
- Et j'aurais dû avoir ma mère. On n'a pas tous la chance d'avoir encore sa mère. Tu vois, c'est pour ça que tu es cet auteur riche et célèbre, et moi , ce simple flic, cracha-t-elle, blessée par ces mots.
- Il n'y a rien de dégradant dans ce que tu fais, se défendit Castle, en s'apercevant que sa déclaration avait été mal interprétée. Je te démontre juste qu'il y a toujours une histoire….et si je suis ici ce matin, c'est pour elle.
- Mr Castle, Jonathan Tisdale, les coupa un homme d'une soixantaine d'années, dans un joli costume gris.

Elle n'avait pas pensé devoir mener l'interrogatoire de ce père de famille endeuillé devant Castle. Elle avait espéré pouvoir le congédier avant que le millionnaire ne les interrompe. Mais comme toutes choses depuis la veille, rien ne se passait comme elle l'avait envisagé.

Contrariée encore par leur échange, Kate s'appliquait à questionner son interlocuteur, alors que Castle la contemplait avec un regard qu'elle n'avait jamais vu…de l'admiration et une certaine fascination. Perturbée, elle lui tourna le dos pour continuer son interrogatoire, en sentant les dernières minutes arrivées.

- Ma fille était bienveillante….mais j'ai déjà tout dit à l'un de vos collègues
- Je sais monsieur, mais c'est la procédure
- Allison, connaissait-elle quelqu'un pouvant tirer profit de sa mort ? les interpella Castle, en observant toute la pièce comme si de rien n'était.

Mais à quoi jouait-il ! Fronçant les sourcils avec un regard noir, elle espérait pouvoir lui signifier de se taire quand il ajouta, l'air de rien :

- Mr Tisdale, un magasine financier a estimé votre patrimoine aux alentours des cent millions de dollars, c'est vrai ?
- Heu, soupira, fatigué le patriarche. Je n'en sais rien, je ne vérifie pas tous les jours
- Oui, mais c'est à peu près ça ?
- J'ai eu beaucoup de chance, oui.
- Merci pour votre temps, intervint Kate, quand elle sentit que la patience de Mr Tisdale fondait comme neige au soleil

D'une main sur l'arrière de la veste de Rick ,elle commençait à le tirer pour lui signifier que l'entretien était clos quand il rajouta :

- Oh dîtes-moi, à qui reviendrait ce joli pactole si jamais il vous arrivait malheur ?

A sa question Kate sentit toute sa patience s'évanouir pour laisser place à une colère sans nom. Mais pour qui se prenait-il ? Un flic ? Et comment pouvait-il s'adresser ainsi à un père endeuillé ? A bout de nerfs, elle allait le remettre à sa place quand Jonathan Tisdale répondit calmement :

- La moitié de mes biens irait à ma fondation et le reste à mes enfants….. ;je veux dire à mon fils, rectifia-t-il avec le peu de dignité qui lui restait.
Satisfait et peiné d'entendre ces mots, Rick hocha simplement de la tête avec beaucoup de gratitude, avant de quitter la pièce la tête basse.

Toutes ces théories qu'il avait élaborées jusqu'au début de la nuit commençaient à prendre place. Il commençait à avoir un début de l'histoire et ça l'enchantait ,mieux…ça l'inspirait. Il se voyait déjà écrire une histoire dessus, quand la voix passablement énervée de Kate, dans l'ascenseur, le sortit de sa rêverie :

- A quoi jouais-tu !
- Il est mourant
- Qui ! s'impatienta Kate, en le dévisageant avec ces jolies yeux verts ce qui le fit sourire
- Qui est mourant ? Tisdale ?
- Chut…..Pas ici, murmura-t-il alors qu'elle perdait patience
- Castle !
- Pourquoi m'appelles-tu Castle ?
- Parce que c'est ton nom !
- Hum…..c'est drôle que tu m'appelles comme ça, sourit-il, amusé. Je sais que c'est toi qui m'a donné mon nom de plume, mais…Castle, ça fait si…
- Quoi ? fit-elle, désormais intriguée et fatiguée
- …à une époque, c'était juste Rick.
- A cette époque tu jouais pas aux flics, rétorqua Kate, furibonde,en sortant de l'ascenseur alors que la standardiste se levait pour faire les yeux doux à Rick
- Oh si, j'y jouais mais….pas avec toi, rit-il pour l'énerver un peu plus .

Mon dieu que ces chamailleries , bon enfant lui avait manquées. Il se délectait comme au bon vieux temps d'exaspérer Kate. Elle avait toujours les mêmes mimiques qu'à l'époque : un sourire caché sous un regard levé aux ciel, cette ride au-dessus de son front, et la même intensité dans ses yeux. Finalement la Kate de son adolescence n'était pas si loin sous cette facette dur et froide, elle avait juste besoin d'un petit coup de pouce pour lui rappeler qui elle était.

Heureux de son effet, il sortit du bâtiment sans tenir compte de la brunette à l'accueil, qui attendait désespérément un signe de sa part, et ajouta toujours sur le même ton amusé :

- Alors on pourrait prendre ce café maintenant ? Pourquoi attendre la fin de la journée?
- Parce qu'il y en a qui travaillent pour vivre, soupira-t-elle, en le voyant aussi enthousiaste
- Toujours aussi…sérieuse. Oh regarde, tu veux un hot-dog , moi j'en veux un , assura-t-il, en avançant près d'un vendeur de sandwich dans la rue.

Il s'amusait, il passait réellement du bon temps avec elle. Même si il n'avait pas livré toutes les blessures de son cœur, être avec Kate, à cet instant, était apaisant pour lui. Il avait l'impression de se retrouver enfin.

Se retournant pour lui demander ce qu'elle désirait comme accompagnement sur sa saucisse, il grimaça de douleur quand Beckett lui empoigna le nez avec ses doigts :

- Tu prends toujours du Ketchup sur…Aïe, aîe…..Pomme, pomme, pomme !
- Arrête avec ce mot de sécurité, rétorqua-t-elle, amusée, en se souvenant de toutes les fois ou elle l'avait entendu hurler ces mots.
- Mon nez !
- Pourquoi penses-tu que Jonathan Tisdale est mourant ? cracha-t-elle en le relâchant.

Se frottant le nez, en espérant que sa circulation sanguine ne s'était pas stoppée, Castle marmonna en ronchonnant :

- D'accord. Tu as vu les photos dans son bureau?
- Oui
- Il est plus maigre aujourd'hui….et genre malade, pas genre sportif
- Sa fille vient juste de mourir ! s'indigna Kate devant aussi peu de compassion de sa part.
- Et il n'arrêtait pas de se toucher les cheveux comme s'il était gêné
- Il avait une perruque ? s'enquit-elle, désormais étonnée.
- De très bonne facture, mais c'est nouveau pour lui. La chimio doit être très récente, et depuis quand les mecs se maquillent ?
- Il essaie de garder ça secret
- Oui, pour le cacher aux actionnaires
- Alors, il a un cancer, mais pas forcément en phase terminale
- Mais ça redevient une très bonne histoire s'il est mourant. Tu vois, on en revient toujours à l'histoire , sourit-il, fier de lui, alors qu'elle tentait de cacher le sien derrière un visage rigide.

Elle ne voulait pas l'encourager à poursuivre ses investigations, car même si ses déductions étaient plausibles, il n'en restait pas moins que tout ceci le dépassait. Il y avait un meurtrier dehors qui imitait ses meurtres, et tout ceci était trop dangereux pour qu'elle prenne le risque de le mettre devant la ligne de mire.

Le regard toujours aussi froid, elle l'entendit lui demander, comme si de rien n'était :

- Tu as interrogé le frère ?
- Il n'y avait aucune raison de le faire
- Maintenant, il y en a une…mais heu….tu pourrais attendre la fin d'après-midi pour le faire
- Pourquoi ?
- Je dois retourner au loft. Mère s'occupe d'Alexis ce matin, mais j'ai promis d'être là pour le déjeuner.
- Castle, je n'ai pas besoin de toi pour interroger un possible suspect
- Oh allez, ça sera amusant
- Non, ça sera dangereux, rétorqua-telle fermement. Rentre chez toi auprès de ta fille.
- Mais c'était mon idée
- Et c'est mon enquête.

La toisant du regard, il sentit qu'il n'arriverait pas à la faire changer d'avis. Une main sur sa nuque, il soupira en lui déclarant :

- On se voit toujours ce soir ?
- Oui…..je t'appelle si j'ai un contre temps
- Aux balançoires ?
- Aux balançoires, acquiesça-t-elle avec plus de douceur, en s'apercevant qu'il devenait raisonnable.
- Ok….à tout à l'heure, murmura-t-il, en faisant demi-tour pour trouver un taxi.

Cette histoire l'intriguait….voir Kate en pleine action en train d'interroger Jonathan Tisdale avait éveillé son imagination. IL pouvait très clairement discerner les traits de son nouveau personnage désormais : une femme flic détective avec un lourd passé….ce serait vendeur….très vendeur et tellement excitant. Mais pour pouvoir écrire, il devait connaitre le fin mot de cette intrigue .

Perdu dans ses pensées, il l'entendit l'interpeller

- Rick ?
- Oui ?
- Si je t'appelle Castle….c'est par habitude…..déformation professionnelle. Je ferai attention la prochaine fois.

Elle ne voulait pas le blesser, ou qu'il pense qu'elle mettait une certaine distance entre eux . Elle l'appelait ainsi simplement par habitude, et aussi…..parce qu'elle adorait pouvoir le nommer par son nom de plume. Elle n'en avait jamais eu l'occasion. Quand son premier roman fut publié, elle se trouvait à Stanford, et même s'il elle l'avait taquiné à l'époque par téléphone, elle n'avait jamais eu l'occasion de le nommer ainsi de vive voix.

Quelque part au fond d'elle, c'était comme si elle essayait de combler toutes ces années d'absence avec tous les mots qu'elle aurait aimé pouvoir lui dire dans le passé.

- Ne le fais pas
- Quoi ? dit-elle surprise en le voyant toujours aussi souriant près de son taxi
- J'aime quand tu m'appelles Castle….j'aime vraiment…ça me donne un côté beau flic ténébreux.

Et sans un autre mot de sa part, elle le vit s'engouffrer dans le véhicule jaune qui l'attendait.
Les mains dans les poches, le sourire aux lèvres, elle avait l'impression d'être une jeune midinette devant son premier coup de cœur. Un simple compliment de sa part la mettait dans sous états. Un beau flic ténébreux…il n'avait pas besoin de son nom pour être plus que désirable à ces yeux.

Heureuse d'avoir finalement passé cet instant avec lui, elle se mordait la lèvre inférieure en se dirigeant vers sa crown victoria, quand son téléphone retentit.

- Beckett
- Yo…..heu….on a une nouvelle victime
- Quoi ? fit-elle surprise
- Une jeune fille a été poignardée dans une piscine, Ryan dit que c'est la même mise en scène que …
- Mort d'une reine de promo, soupira-t-elle en repensant à ce livre
- Whaou, vous faites flipper tous les deux
- Envoie-moi l'adresse, j'arrive, déclara-t-elle en raccrochant.

Ils avaient eu tort sur toute la ligne. Le frère d'Allison Tisdale ne pouvait pas être le meurtrier. Trois victimes différentes sans aucun lien de parenté…..non, ils avaient eu tort et la seule pensée qui la traversait c'était que peut-être, Rick pouvait être en danger.

Le cœur lourd, elle rentra dans sa voiture , posa le gyrophare sur le toit et démarra en trombe en direction de la troisième victime.

XXXXXXXXX

Castle quant à lui , toujours assis à l'arrière du taxi hésitait sur la marche à suivre. S'il suivait son instinct , il pouvait d'ores et déjà l'entendre hurler avant la fin de l'après-midi, mais s'il abandonnait son idée, il était persuadé que son excitation à propos de ce nouveau personnage qu'il avait en tête, s'essoufflerait comme neige au soleil.

Son téléphone en main, il ferma les yeux en repensant à la dernière fois qu'il avait fait quelque chose dans son dos, et aux retombées qui en avait découlé :

Flashback

Il attendait en grimaçant que Kate l'appelle.

Après son dernier coup de fil. Elle semblait fatiguée , triste, mais surtout…hésitante. Il avait l'impression que quelque chose n'allait pas.
Alors qu'il assistait à une soirée mondaine avec son agent Paula, pour le présenter au monde de l'édition, il avait reçu un appel de Kate. La soirée était plutôt bruyante, et il n'avait pas prêté attention à la sonnerie du cellulaire. ¨Plus tard dans la soirée, il s'était réfugié dans un coin pour prendre l'air, il s'était alors aperçu qu'il avait un message de sa meilleure amie.

On était en novembre, et il ne l'avait pas vue depuis début octobre, la promotion de son livre lui prenait énormément de temps, sans compter qu'il devait impérativement écrire un nouveau bouquin rapidement.

Ereinté et déçu d'avoir raté son appel, il écouta son message en fermant les yeux devant sa voix si chère à son cœur, quand il blêmit en se rendant compte qu'elle pleurait :

- Hey, c'est moi…je ….. ;je voulais juste entendre ta voix. Rappelle- moi. Bonne soirée writer-boy.

A ce surnom, il soupira en se rappelant le nombre de rencontres qu'il avait manquées avec elle à cause de sa promotion. Il était censé la voir une fois par mois, et il ne l'avait pas vue depuis deux mois.
Inquiet par les trérmollos qu'il avait entendus sur son message, il la rappela sur le champ :

-Hey
- Kate, ça va ?
- Oui, oui, tout va bien, mentit-elle en reniflant
- Tu pleures
- Non
- Que se passe-t-il ?
- Rien…...j'ai juste le mal du pays. Mais ça va, promis, insista-t-elle, alors qu'il soupirait en se tenant l'arête du nez. Alors….que fais-tu ?
- Je suis à une fête….. encore… Tu me manques
- Toi aussi….toi aussi, renifla Kate.
- Je vais venir, je vais prendre le prochain vol et je serais là demain matin et…. ;;
- Ne dis pas n'importe quoi, tu dois signer ton contrat demain
-Oh….oui.

Comment avait-il pu oublier que demain , il signait son premier contrat avec Black Pawn en tant qu'auteur. Johanna l'avait accompagné tout au long des négociations, et demain, il devait signer ses droits d'auteur ainsi que son salaire annuel en présence de la mère de Kate.

- Je peux repousser la signature et…. ;
- Ma mère te tuerait. Elle a bossé comme une folle pour que tu aies tout ça. Je suis une grande fille, je peux très bien attendre noël pour te voir….et mes parents aussi.
- Ils te manquent ?
- Hum….je donnerais tout pour m'allonger sur le canapé avec un saladier de cookies maison , un épisode de Temptation Lane et ma mère à mes côtés.
- Kate
- Ça va aller….c'est juste un coup de blues. Promets-moi d'appeler après ta signature. Je veux tout savoir.
- Promis et je…..
- Richard, les interrompit Paula, les deux mains sur les hanches. Richard, je dois te présenter à Gina Cowell, c'est l'éditrice de Black Pawn.
- Un instant encore, Paula
- Richard, elle ne va pas t'attendre.
- Vas-y , soupira à contre cœur Kate, qui était assise dans le coin de son lit, les jambes repliées sur elle-même. On s'appelle demain.
- Mais…. ;
- A demain, writer-boy, ajouta-t-elle, avant de raccrocher.

Dieu, qu'il détestait ce surnom. Il avait l'impression que ça l'éloignait encore un peu plus d'elle. Il avait senti dans sa façon de parler, à son timbre de voix qu'elle n'était pas bien. On était vendredi soir, il pourrait la rejoindre et passer le week end avec elle. Dieu, il aurait tué pour un peu de temps avec elle, mais quand il vit le regard de Paula , il comprit que ses obligations compliqueraient tout.

Soupirant, il marmonna le cœur lourd :

- Je dois passer un coup de fil, je suis à toi dans deux minutes
- Richard
- Deux minutes…..je peux avoir deux minutes ? s'exaspéra-t-il, alors qu'elle se retournait en déclarant
- Deux…pas plus.

Il se souvint très bien de l'inquiétude de Johanna, quand il l'avait réveillée à plus d'une heure du matin pour lui dire qu'il avait réservé un vol pour elle à six heures du matin. Il lui avait raconté toute sa conversation avec Kate, et la matriarche s'était sentie coupable de voler à l'autre bout du pays, en laissant Rick gérer tout seul sa première signature.

Après plus de dix minutes de discussion, Johanna avait réussi à le convaincre de faire ça avec Jim. Elle souhaitait que tous les intérêts du jeune homme soient couverts, avant de voler rejoindre sa fille dans la matinée, avec une fournée de cookies maison et un certain DVD dans son sac.

Castle se souvint très bien des réprimandes de Kate quand elle l'avait appelé plus tard le lendemain. Elle lui avait dit qu'il ne devait pas faire voler sa mère en pleine nuit à chaque fois qu'elle avait le blues, mais après plus d'une minute de remontrances, elle l'avait remercié.

Elle avait pu passer tout un weekend dans les bras de sa mère, en visionnant leur série préférée, et malgré quelques cris au départ, Castle n'avait jamais regretté son choix. Car deux mois plus tard, Johanna Beckett n'était plus de ce monde...et leurs vies avaient basculé. 

Fin du Flashback.

Peut-être que cette fois-ci, elle réagirait pareil. Elle verrait qu'il ne souhaitait pas empiéter sur son temps de travail, mais simplement passer du temps avec elle. Inspirant fortement, il déverrouilla son téléphone pour composer le numéro avant de sortir du taxi :

- Castle que me vaut le plaisir ? lança une voix dans le combiné
- Roy…. j'ai un service à te demander.


billy1  (21.01.2018 à 13:34)

Chapitre 7.


Elle revenait de sa scène de crime avec encore plus de questions que de réponses. Une victime de plus, et toujours aucun indice pouvant les aiguiller. Enervée, elle releva la manche de son blouson pour regarder sa montre et s'aperçut qu'il était déjà 16 heures. Elle avait rendez-vous avec Rick dans moins d'une heure, et elle savait d'ores et déjà qu'elle devrait annuler.

Elle ne pouvait pas se permettre de mettre l'enquête de coté pour discuter avec Castle. Le cœur lourd, elle prit son téléphone pour l'avertir de son empêchement, en espérant qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur, quand son Capitaine l'interpella dès son arrivée au douzième.

- Beckett
- Oui, monsieur
- Dans mon bureau.

Son ton n'était pas des plus cordiaux, mais pas non plus sévère. Elle savait très bien que trois meurtres en aussi peu de temps n'était en pas du meilleur effet. Ils n'avaient aucune preuve et piétinaient toujours. Le commissaire et le maire du New-York devaient vouloir qu'elle leur rende des comptes, mais surtout des résultats…..résultats qu'elle était loin d'avoir.

Soupirant en s'attendant passer un mauvais quart d'heure, elle s'aperçut que le courrier des fans de Rick était arrivé et posé sur son bureau. Dix cartons de quarante par quarante complètement pleins. Déposant son manteau et ses clefs sur son bureau, elle partit en direction du Capitaine, en se faisant la réflexion qu'elle passerait la soirée à lire ces fichues lettres.

- Une troisième victime, autant dire que le maire n'est pas ravi. Des pistes ? demanda Montgomery sans préambule, avant même qu'elle ait le temps de fermer la porte
- Le meurtrier s'appuie toujours sur les mises en scène des livres de Mr Castle. Le meurtrier a tué notre victime et il l'a déposée comme les autres. On attend encore les résultats de labo pour le meurtre d'Allison Tisdale.
- Autrement dit, on n'a rien
- Je….oui, monsieur, acquiesça Kate en soupirant.

Elle n'aimait pas être dans une impasse. Elle détestait se sentir impuissante, et encore plus quand elle devait patiemment attendre que ce fichu laboratoire prenne en compte sa demande.

- En attendant les résultats de labo, je veux que vous vous penchiez sur le courrier des fans.
- J'allais le faire
- Bien

Sans attendre un autre mot de son capitaine, Kate s'apprêtait à sortir quand il l'interpella, le sourire aux lèvres cette fois-ci :

- Beckett ?
- Oui, monsieur ?
- J'allais oublier de vous dire. Apparemment, vous avez un nouveau fan.
- Un fan monsieur ?
- Rick Castle, déclara Roy, la voyant pâlir au nom de l'auteur
- Pardon ?
- Il aurait trouvé le personnage principal de ses futurs romans. Une femme lieutenant police, un peu froide mais très futée.
- Heu…c'est flatteur? répondit-elle, perdue en fronçant les sourcils
- Je n'en suis pas si sûr. Il a dit qu'il devait faire quelques recherches
- Oh non !
- Oh si
- Jamais
- Beckett, on ne m'a pas laissé le choix.
- Ecoutez, chef, on dirait un gamin de neuf ans dans un magasin de jouets, il est incapable de prendre ceci au sérieux. Sans parler que c'est un civil.
- Il serait là en tant que consultant. Mr Castle cherche depuis des mois un nouveau personnage, vous ne voudriez pas être la cause de son manque d'imagination, Beckett ?

Il plaisantait ? Son capitaine ne pouvait pas être sérieux à ce sujet. Elle savait très bien que Roy et Rick étaient amis, mais de là à cautionner la présence de l'auteur au sein du commissariat, elle avait peine à y croire.
Tournant la tête comme pour chercher une éventuelle trace d'un canular quelconque, elle soupira de frustration en se rendant compte que son capitaine était sérieux.

- Capitaine, Mr Castle est….
- Ceci n'est pas une requête, lieutenant Beckett, insista Montgomery , en se réinstallant à son bureau pour prendre un dossier en main, comme si elle ne se trouvait plus dans la pièce.

Sentant qu'elle n'aurait pas le choix, elle se frotta les tempes du bout des doigts en cherchant une solution à cette mascarade, et déclara sans le lâcher du regard :

- On a eu une relation
- Pardon ?
- Castle et moi. On a un passé. Je ne peux pas travailler avec lui. Je ne sais pas quelle idée lui est passée par la tête, mais….il ne peut pas nous suivre sur cette enquête ou sur toutes les autres.

Levant le regard devant sa déclaration, Montgomery se mit à sourire, l'observant avec des yeux amusés alors que Kate fronçait les sourcils en le scrutant.
Pourquoi semblait-il si heureux ?
Au bout de quelques secondes, elle siffla, exaspérée, en tapant du pied du droit lorsqu'elle découvrit le pot aux roses:

- Il vous a mis au courant !
- Oui. Castle a préféré me révéler cette information avant que je ne l'apprenne autrement, mais je suis heureux de constater que vous avez la même bonté, Beckett.
- C'est un cauchemar, dites-moi que tout ceci est un cauchemar
- Non. Ecoutez, je pense réellement que Rick Castle serait un atout dans cette équipe et…
- Pourquoi ça ? Nos résultats sont les meilleurs de toute la ville et…
- Et ils pourraient être encore meilleurs. Ecoutez, laissons Castle sur ce cas, et si à la fin de l'enquête, vous ne pensez pas que son aide au sein de ce commissariat soit nécessaire, je le congédierai. Je ne peux pas dire non à l'un des meilleurs auteurs de la ville simplement parce que vous avez eu une relation amicale qui s'est mal terminée.

Relation amicale ? Elle sentait la nausée la prendre. Alors c'est en ces termes que Castle avait révélé leur histoire. Une relation amicale qui s'était mal terminée ?

- Le maire pense que ça fera une très bonne pub pour le NYPD et le commissaire est ravi…et si le commissaire est ravi alors je suis ravi.

Soupirant, elle baissa la tête pour contempler le sol. Tout ceci était une blague…..une énorme blague. A quoi jouait Rick ? Fatiguée, elle releva le regard pour demander, sur un ton las et résigné à son capitaine :

- Quand doit-il commencer ?
- Il doit passer en fin d'après-midi pour signer une décharge afin de pouvoir vous suivre. Je pense que dès que la signature sera effective, Mr Castle fera partie de votre équipe. Vous pourrez alors le mettre au clair sur les procédures et sur l'affaire en cours.
- Super, souffla-t-elle la boule au ventre, en sortant du bureau du Capitaine avec l'intention de régler ses comptes.

XXXXXXXXXX

Assis sur la balançoire du parc en face de son immeuble. Rick observait d'un œil Alexis en train de s'amuser au toboggan, tout en cherchant anxieusement Kate du regard.
A cette heure-ci, elle devait être au courant….Roy avait dû la prévenir, et pourtant son cellulaire n'avait toujours pas bourdonné et donné signe de vie . C'était mauvais signe….très mauvais signe.

Soupirant en sentant son angoisse culminer, il vérifiait l'heure une centième fois quand une odeur de cerise lui coupa la respiration. Le regard au sol, il vit ses longues jambes s'installer sur la balançoire à ses côtés. Il observa ses talons aiguilles qui mériteraient d'être certainement dans le guiness book des records, et se remémora avec nostalgie le cours que Johanna avait donné à Kate pour son premier rendez-vous avec Allan Most.

Flashback

Comment tu me trouves ? demanda anxieusement Kate pour la centième fois à Rick.

D'ici peu de temps, elle allait partir pour son tout premier rendez-vous. Elle était excitée et très nerveuse aussi. Elle avait passé toute son après-midi à choisir la robe qu'elle devrait porter avec Maddie, et désormais, elle se trouvait dans une très jolie robe d'été, les cheveux détachés à mi-dos, devant un Richard Rodgers sans voix.

S'apercevant que son meilleur ami ne pipait mot, elle se retourna pour le voir la bouche ouverte.

- Rick ?
- Ferme la bouche, chéri, chuchota Johanna en entrant dans la chambre de Kate, avant de l'enlacer. Tu es extraordinaire. Je ne sais pas si ton père va te laisser sortir avec une si jolie tenue ou si Richard va se remettre de la vue mais...tu es extraordinaire, Kathie. 
- Maman , ronchonna Kate, mal à l'aise
- Ton rendez-vous est ici
- Quoi ? Déjà ?
- Du calme, du calme. Il patiente avec ton père
- Et c'est censé me rassurer ? déglutit Kate, anxieusement en pensant à tous les scénarios pouvant inclure son père et son futur petit ami. 
- Pauvre Allan, ricana Rick, en retrouvant possession de ses moyens
- Tu vois ? maman, descends en bas le temps que je trouve mes ballerines, et assure-toi que papa ne lui est pas montré sa collection d'armes. 

Souriant devant l'anxiété de sa fille, Johanna lui embrassa le front en humant sa délicieuse odeur de cerise, avant de sortir pour ramener une boite de chaussures.

- Qu'est-ce que c'est ?
- Une femme ne peut pas sortir à un rendez-vous sans talons, assura la matriarche en ouvrant son paquet
- Oh….Je…..
- Là c'est sûr, ton père ne te laissera jamais sortir
- Rick !
- Arrête donc d'écouter ses sottises et saute dans ces chaussures
- Je ne suis pas trop jeune pour porter ça ?
- Laisse-moi te dire quelque chose….il n'y a pas d'âge pour ça. Et puis c'est un rendez-vous, non ?
- Oui, sourit timidement Kate
- Tu sais, ces talons sont magiques
- Magiques ?
- Oh, là ça m'intéresse, fit Rick, tout ouïe, alors que Kate roulait des yeux.
- Il te donne un ascendant psychologique, les garçons sont obligés de lever la tête pour te parler…du coup ça te rendra plus sûre de toi. Et puis, rien n'empêche d'être sexy, sourit Johanna en faisant un clin d'œil à sa fille, qui rougit instantanément.
- Maman !
- Allez, mets ces chaussures que je vois combien mon bébé a grandi.

Timidement, Kate enfila la première paire sous les yeux plus que contemplatifs de son meilleur ami. Quand elle ajusta sa tenue et observa sa mère et Rick dans sa chambre, Kate se sentit plus femme, plus féminine.
Souriant jusqu'aux oreilles, elle enlaça sa mère en lui murmurant :

- Merci, tu as raison c'est magique.

Fin du Flashback.

Les yeux toujours sur ses talons hauts, il sourit bêtement devant les 7 cm de plus qu'elle avait rajoutés depuis l'adolescence. Doucement, il releva le regard pour tomber sur ses jolies iris verts teintés de colère, et il grimaça en attendant les hurlements :

- Je te demanderais bien une explication sur l'entretien que je viens d'avoir avec mon capitaine, mais je sens déjà la migraine me prendre
- Oh, tu sais, fit-il, étonné, en la dévisageant
- Oui
- Et …..tu ne cries pas ?
- Je t'avouerais que j'ai pensé à cette solution tout le long de la route. Surtout que j'allais devoir reporter notre rendez-vous pour les besoins de l'enquête….mais après ….. ;
- Oui

- Kate ?
- On est adultes, soupira-t-elle. Alors je préfère entendre ton explication avant de m'emporter
- Les besoins de l'enquête ? Il y a un nouveau meurtre ? demanda, intrigué, Castle, sans prêter attention à sa tirade
- Ne pousse pas ta chance, le prévint-elle l'œil noir. Alors à quoi tu joues Rick ?
- Je ne joue pas
- Non ? …Parce qu'on ne se voit pas pendant plus de dix ans et…. ;
- onze ans, deux mois et trois jours….pas que je compte, sourit il pour tenter de l'amadouer.

Il savait très bien qu'une Kate énervée en silence était de mauvais présage. Il n'aimait guère quand elle lui cachait le fond de sa pensée en se repliant sur elle-même. Avec un léger sourire, il la vit soupirer en baissant les yeux, tout en lui murmurant :

- Ma vie n'est pas un terrain de jeu
- Je le sais
- Tu le sais ? Comment ? On ne se parle plus, alors dis-moi comment peux-tu…
- Ton père. ….Oh, ne fait pas cette tête-là, tu sais très bien qu'on a gardé contact.
- Je ne savais pas que vos entretiens café ne tournaient qu'autour de moi
- Tu sais très bien que non…..Jim n'est pas comme ça…..Kate, je…je ne sais pas comment…ni pourquoi…mais pour la première fois depuis des mois…j'ai envie d'écrire.
- Tu viens tout juste de terminer Derrick Storm, alors l'excuse de la page blanche n'est…
- La saga Storm est terminée depuis des mois. Gina….mon éditrice a juste retardé la publication du livre en espérant que je reprenne raison et que je change la fin.
- Pourquoi avoir tué Derrick , si tu as du mal écrire ? demanda-t-elle avec curiosité, en le voyant mal à l'aise sur sa balançoire.
- Tu lis toujours mes romans ?
- Rick, siffla-t-elle, en attendant une réponse de sa part
- Parce que je m'ennuyais…..parce que le plaisir d'écrire s'est envolé….. je….
- Oui ?
- Quand je t'ai vue hier….et ce matin avec Tisdale, c'est comme si tu m'avais ouvert les yeux. Je vois déjà mon prochain livre…..je pourrais écrire toute une saga sur cette femme flic, j'ai juste besoin d'un peu plus d'authenticité pour lui donner vie…..j'ai besoin de toi pour lui donner vie, avoua-t-il avec un tel désespoir qu'elle en oublia sa colère. Kate, tu es celle qui m'a poussé vers l'écriture, qui m'a fait croire que j'étais bon là-dedans...je...j'ai encore besoin de toi.
- Femme flic, hein ? répéta-t-elle, en levant en sourcil en tentant de cacher les papillons dans son ventre qui virevoltaient à sa déclaration.
- Oui, j'ai déjà les grandes lignes et…
- Cette femme lieutenant dans ton histoire, à quel point va-t-elle me ressembler ? la coupa-t-elle anxieusement.

Elle ne savait pas à quel point cette idée la rebutait. Elle n'était pas du genre à s'exposer sous les feux des projecteurs et se mettre en avant. Kate aimait garder sa vie privée….privée, et l'idée même de devoir inspirer Castle pour un livre la rendait de plus en plus nerveuse.

Elle ne souhaitait pas non plus le vexer et l'éloigner une nouvelle fois . Elle venait tout juste de renouer avec lui et elle avait encore tellement de questions qu'elle ne voulait pas prendre le risque de le contrarier.

Et puis quelque part, l'idée de l'avoir près d'elle comme à leur adolescence l'enchantait. Elle aurait plus de temps pour discuter, pour s'expliquer et finalement pour retrouver son meilleur ami.

Sentant son intérêt pour son nouveau personnage culminer, Castle sourit et lui répondit sans la lâcher du regard, avec un soupçon d'amusement :

- Eh bien , elle n'est pas trop maligne, mais assez garce
- Crétin !
- Je plaisante, rit-il devant son effarement. Et puis , je suis plus un plaisantin qu'un crétin .
- Tu ne peux rien prendre au sérieux, non ?
- Kate….. ;tu n'as pas à t'inquiéter, elle sera vraiment….vraiment très maligne, vraiment très habile, très envoûtante…extrêmement compétente…et assez garce, conclut-il alors qu'il la voyait sourire au fur et à mesure
- Rick, tu….
- Papa ! les coupa une petite rouquine aux yeux bleus et au sourire enfantin.
- Eh, citrouille, tu t'amuses bien ?
- Oui….mais j'ai soif, répondit timidement Alexis, en observant la femme qui se trouvait près de son père.

Au regard de la fille de Rick sur elle, Kate sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle avait le même regard que lui étant enfant….et elle lui rappelait tout ce qu'elle avait manqué….elle avait manqué la naissance de sa fille….Castle était père.

- Citrouille, laisse-moi te présenter, mon amie Kate Beckett. Kate, voici Alexis.

La gorge nouée par l'émotion, Rick tentait de cacher son trouble à sa petite fille de 10 ans qui les étudiait avec beaucoup d'intérêt. Onze années, il aura fallu attendre onze ans pour que la femme qu'il aimait le plus au monde rencontre enfin sa fille.
Les larmes aux yeux, il observa Alexis tendre la main à Kate, qui semblait comme prise dans un raz de marrée d'émotions.

- Tu es de la police ? Papa a fait encore une bêtise ? demanda-t-elle en contemplant l'insigne de Kate à sa hanche
- Oh , je oui…..je suis lieutenant de police mais je ne suis pas là pour arrêter ton père. Je suis….j'étais son amie quand j'avais ton âge, déglutit-elle difficilement devant le regard bleuté de la jeune fille.
- Oh…..tu es Kate, sourit Alexis comme si elle la reconnaissait enfin. Gram's parle souvent de toi
- Ah oui ?
- Oui , elle n'arrête pas de demander à papa de t'appeler
- Citrouille, tiens ta bouteille d'eau , je pense que tes amis t'attendent, l'interrompit, rouge de honte, Castle alors que Kate levait un sourcil dans sa direction.
- Mais je voulais en apprendre plus
- Plus ? s'enquit Rick devant l'air renfrogné d'Alexis
- Oui. Le lieutenant Beckett doit avoir plein d'histoires sur toi quand tu étais petit
- Oh non, non, non, citrouille
- J'ai de très bonnes histoires, acquiesça, un peu plus à l'aise, Kate en souriant à la petite. De très , très bonnes à vrai dire.
- Oui !
- Chérie, je suis certain que Kate pourra te raconter quelques anecdotes à un autre moment
- On va se revoir ? sourit, toute excitée, Alexis
- Je pense que... oui
- Super !
- Allez Citrouille…..va donc t'amuser, j'ai un rendez-vous dans quelques minutes.
- Très bien. A bientôt lieutenant Beckett!
- A bientôt Alexis…et oh…tu peux m'appeler Kate, sourit gentiment la jeune femme, en passant une mèche de cheveux derrière son oreille
- A bientôt Kate, rectifia la petite rousse, avant de s'élancer vers l'aire de toboggans à quelques mètres de là.

- Je suis désolé, je ne voulais pas t'imposer sa présence mais..j'ai la garde exclusif d'Alexis et mère n'était pas disponible avant 17h30.

- C'est bon, Castle...je suis heureuse d'avoir enfin pu la raconter

- Ouais ? fit-il légèrement surpris

- Ouais.

Inspirant fortement, Castle se passa les mains sur son visage, tout en entendant Kate lui déclarer, de façon taquine :

- Alors Martha t'a demandé de m'appeler
- Hum
- Je suis contente d'avoir quelqu'un de mon côté.

Devant le regard qu'il lui lança, elle déglutit en lui avouant :

- Mon père n'a pas été arrêté de me harceler pour que je t'appelle...mois après mois, année après année.
- Oh
- Oui
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi ne pas avoir répondu à mes appels ? Pourquoi ne jamais avoir écouté ton père ? pourquoi ce silence Kate ? demanda-t-il, peiné, sans la lâcher du regard.

Alors elle y était...ils étaient enfin arrivés à la conversation tant redouter. La lèvre inférieure bloquée entre ses lèvres, elle réfléchissait à la meilleure réponse à lui donner. Pourquoi avait-elle agi ainsi ? Cette question, elle se l'était posée à de nombreuses reprises ces dernières années, et chaque fois la réponse avait été différente.

Soupirant, elle baissa la tête, pour tenter de donner une réponse franche sans apercevoir la tristesse dans ses yeux :

- Parce que….tu m'as fait mal...vraiment mal.
- Je…..
- J'étais amoureuse de toi, Rick

A sa déclaration, il blêmit un peu plus. Amoureuse ? Elle était amoureuse de lui ? Il avait toujours pensé que ses sentiments n'étaient pas partagés….il avait toujours cru qu'il était le seul dans cette relation. Le cœur démoli , il l'entendit lui expliquer, avec beaucoup de tristesse :

- Je venais de perdre ma mère…..et j'étais amoureuse de toi…tout ce que je voulais à l'époque, c'était toi…..mais…..tu m'as annoncé la grossesse de Meredith, juste après qu'on…..
- Oh mon dieu
- Ouais, renifla-t-elle les larmes aux yeux. Je pensais…je ne sais pas…..je pensais que cet instant qu'on avait partagé après l'enterrement avait une signification pour toi.
- Elle en avait une. Kate…..j'ai toujours pensé que tu ne cherchais que des bras pour oublier. J'ai toujours cru…..que je n'étais pas assez bien pour toi
- Comment peux-tu même …
- Je suis un idiot, je sais, soupira Rick, en se levant fou de rage contre lui-même.

Les mains dans ses cheveux, il tentait de faire le tri dans ses émotions, dans ses souvenirs alors que Kate sentait son cœur se briser un peu plus en repensant à ce moment-là de leur vie.

Flashback .

La cérémonie traînait en longueur. Debout près de la cheminée familiale, dans une robe noire et coiffée d'un chignon , Kate écoutait une à une chaque personne lui présenter ses condoléances. Le cœur meurtri, les mains tremblantes, elle n'arrivait pas à chasser de ses pensées la descente du cercueil de sa mère dans le caveau.

Comment tout ceci avait-il pu arriver ? Comment avait-elle pu perdre sa mère ? Elle avait l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds, que chaque respiration, chaque souffle était une torture sans elle à ses côtés.

Tentant de faire bonne figure devant tous ces gens qu'elle ne connaissait pas, elle sentait ses efforts s'amoindrir à chaque mot, chaque attention qu'on lui donnait.

A quelques mètres de là, un verre de whisky à la main, les yeux larmoyants, Jim observait sa fille unique perdre davantage pied de minutes en minutes. Il avait envie de chasser au loin toute cette bande de vautours, il avait envie de se blottir dans les bras de Kate pour lui donner l'amour dont elle avait besoin, il avait envie d'agir en père…..mais, il ne pouvait pas. Il n'en avait plus la force. L'amour de sa vie venait de perdre la vie.

Il ne pouvait pas être là pour Kate alors qu'il n'arrivait même pas à sortir du lit. C'est Rick qui l'avait aidé à s'habiller et à se doucher, c'est encore Rick qui avait géré les arrangements de la cérémonie avec Martha, et c'est toujours Rick qui avait veillé depuis quelques jours sur Kathie.

Le cœur lourd, il avalait d'une traite son verre quand il entendit Richard lui demander doucement :

- Mr Beckett ?
- Oui, soupira-t-il à bout de force, sans lâcher sa fille du regard
- Monsieur, avez-vous besoin de quelques choses ?
Ma femme…..il voulait lui rétorquer: ma femme, mais quand il se tourna pour observer le garçon qu'il avait appris à aimer comme son fils, il put voir le même visage ravagé et la même tristesse qui traversait Kate à cet instant….Et à cette constatation, il comprit : Lui aussi avait perdu une mère…..

Fermant les yeux, il tenta de garder sa rage et sa colère pour lui. Rick n'y était pour rien…il voulait simplement bien faire. Lentement, il se frotta le visage d'une main, avant de déposer son verre de wisky sur la table la plus proche, et il déclara à Richard en lui caressant la joue d'une façon très paternelle:

- Emmène Kathie
- Pardon ?
- Sortez d'ici tous les deux. Prends ma fille, Richard et…..fais ce que je ne peux pas faire pour elle en ce moment. S'il te plait, fiston.

Touché et ému par son appellation, Rick sentit les larmes lui monter aux yeux. Jim n'avait jamais eu de gestes ou de paroles très paternels contrairement à Johanna. Il était plus sur la réserve et en retenue, alors l'entendre le nommer ainsi lui serra l'estomac un peu plus.

Tentant de garder le peu de fierté qui lui restait ,Castle hocha simplement la tête avant de prendre Kate par la main pour la sortir de la maison.
Ils avaient roulé pendant plus d'une heure sans un mot. Castle avait emprunté la voiture de sa mère, et s'était engouffré dans la circulation New-Yorkaise sans que Kate n'ouvre la bouche. Il avait attendu qu'elle le réprimande de prendre la voiture sans permis, ou de l'avoir emmenée loin de la cérémonie sans son avis, mais à chaque kilomètre qu'il parcourait, il la sentait de plus en plus loin de lui.

Quand l'océan apparut dans son champ de vision, Rick eut une idée. Fatigué et le cœur en berne, il avait sorti de la voiture sa meilleure amie et l'avait déchaussée, avant de partir marcher sur le sable fin de Coney Island.

- Ne les perds pas, avait murmuré Kate
- Quoi ?
- Mes talons…ne les perds pas, pleura-t-elle, le cœur lourd , en s'avançant un peu plus loin sur la plage.

Baissant le regard, il regarda cette paire de chaussure en tentant de garder ses larmes pour lui.C'était les chaussures préférées de Johanna. Elle n'arrêtait pas de dire à Kate, que cette paire de talon réussissait à lui faire passer n'importe quelle journée. Les mains tremblantes, l'estomac noué, il les agrippa un peu plus avant de partir la rejoindre.

Côte à côte , ils avaient déambulé le long de la plage avant que Rick ne se stoppe pour se laisser choir sur le sable. Fatigué et démuni, il avait fermé les yeux devant le flot d'émotions qui le traversait. Il avait envie de pleurer, d'hurler...il avait envie...que son coeur ne lui fasse pas autant mal.
Soupirant, Kate l'avait rejoint en observant de loin l'horizon. Le visage en pleurs, les mains tremblantes autour de ses jambes, elle respirait difficilement.

- Kate ?
- Elle est morte, Rick, sanglota-t-elle, comme un animal blessé
- Je sais
- Ma mère est morte
- Je sais, soupira Castle en pleurant silencieusement à ses côtés
- Je…je…je ne peux pas respirer sans elle…..je ne peux pas…..
- Chut, chut, je suis là, l'interrompit-il en la berçant tendrement dans ses bras, alors qu'elle s'effondrait sans retenue.
- Je veux ma mère…..je veux juste ma maman.

Il se souvenait très bien de cette journée-là. Il ne pourrait jamais l'oublier. Parfois, il pouvait encore entendre dans ses rêves les pleurs de Kate.
Après avoir sangloté ensemble sur cette plage, ils avaient déambulé dans la ville avant de s'échouer dans un motel.
Oui, il se souvenait très bien de cette journée…..c'était la dernière fois où il avait vu Kate Beckett.

Fin Du Flashback.

- Je crois qu'au fil des années, je me suis trouvé des excuses, murmura Kate en le voyant déambuler devant elle. Ce n'était jamais le bon moment. Je ne voulais pas m'imposer à la naissance d'Alexis…pas après tout ce que je t'avais dit..ce qu'on avait fait.
- Tu aurais dû . Mon dieu, si j'avais connu tes sentiments à l'époque, je n'aurais pas….
- Tu serais quand même resté avec Meredith. C'était la meilleure décision, je le sais maintenant. Tu voulais simplement offrir le genre de famille que tu n'avais pas eue. J'aurai juste préféré qu'on ne franchisse pas cette ligne cette nuit-là.

- Je...je sais...mais sur le moment...Kate, tu as toujours été tellement plus que Meredith

- Ne dis pas ça, soupira-t-elle la boule au ventre
- Je t'assure, j'étais amoureux de toi...vraiment et je...
- Castle, l'eau à couler sur les ponts. Je ne vais pas t'en vouloir indéfiniment pour ce premier matin. C'est juste qu'à l'époque…c'était difficile. Avec….mon père ….c'était difficile. J'étais dans une mauvaise passe…..je...c'est pour ça que je n'ai jamais décroché ou rappelé .
- Et après ? Pourquoi ne pas m'avoir contacté après ?
- Après ….c'est le manque de courage…..j'avais peur de ta réaction, peur que tu m'aies oubliée
- Comment peux-tu même penser que j'aurais pu t'oublier ? s'indigna-t-il
- Tu as arrêté d'appeler….tu es devenu cet auteur riche et célèbre et…tu as arrêté d'appeler, Rick chuchota-t-elle, les larmes aux yeux.
- Je…, commença Castle, avant d'être interrompu par la sonnerie du téléphone. Je pensais que tu ne voulais plus rien avoir à faire avec moi. Et puis quand j'ai voulu te recontacter, tu avais refait ta vie avec…

Sa sonnerie de téléphone ne continuait pas de résonner, encore et encore. Se stoppant dans sa déclaration, il lui jeta un un regard d'excuse, avant de répondre à son interlocuteur, tandis que Kate se relevait en tentant de cacher ses yeux bouffis. Cette discussion l'avait ébranlée, sa rencontre avec Alexis aussi, elle ne savait pas où elle se situait dans sa vie désormais.

Elle ne savait pas ce qu'ils étaient. Des amis ? Des partenaires ? Plus ? …non….ils ne pouvaient pas être plus Ils avaient changé tous les deux, ils étaient deux personnes différentes désormais, et elle doutait que ses sentiments envers elle ne soit les mêmes qu'il y a onze ans. Ils n'étaient plus du même monde et elle était tellement brisée. Elle ne pouvait pas s'engager dans une relation avec lui...

L'estomac noué, elle regarda sa montre en s'apercevant qu'elle devrait rentrer au poste pour avancer sur l'affaire. Elle ne pouvait pas s'éterniser au parc alors que trois victimes attendaient à la morgue qu'on leur rende justice. Quand elle releva les yeux, elle vit Rick revenir vers elle et lui murmurer, mal à l'aise en raccrochant :

- C'était mon avocat
- Un souci ?
- Non…. Heu…il est au poste pour la signature de la décharge. Il m'attend.
- Oh
- Ecoute, si tu ne veux pas que j'intervienne dans ta vie professionnelle, je…..
- Non, non, c'est bon
- Sûr ?
- Sûre, soupira-telle , les mains dans les poches. Mais…..à une condition.
- Laquelle ?
- En fait deux, grimaça Kate, en pensant à toutes les raisons qui lui disaient que c'était une mauvaise idée. La première est que personne au poste ne doit connaitre la nature de notre relation
- Montgomery sait
- Je sais…mais je ne veux pas alimenter les cancans du poste. Alors, si tu veux me suivre dans les enquêtes, je ne veux pas que les gens sachent qu'on a un passé commun. Donc au commissariat, c'est lieutenant Beckett ou Beckett mais rien d'autres.
- D'accord…..et la seconde condition?
- Tu m'écoutes. Je suis sérieuse sur ce point. On n'est pas dans une de tes histoires que tu peux ré-écrire si la fin se passe mal. Si je te dis de rester dans la voiture, tu restes dans la voiture
- Mais c'est pas juste.
- Rick
- Mais l'authenticité du…..
- Tu sais ce que c'est que de perdre quelqu'un. N'inflige pas ça à Alexis.
- Ok, ok, marmonna-t-il à contre cœur.
- Bien…alors…je te vois au poste ?
- Oui. Je dépose Alexis à la maison et je prends la route.
- Ok…à tout à l'heure.
- Et Kate ?
- Oui ?
- Merci

Elle l'observa quelques secondes de plus avant de hocher la tête et de partir vers sa voiture. Comment avait-elle pu si facilement accepter sa présence à ses côtés au poste ? Comment et pourquoi ressentait-elle toujours le besoin de l'avoir près d'elle? Les larmes aux yeux, elle s'installa dans sa crown victoria, en sortant l'anneau de sa mère qui pendait autour d'une chaine et murmura :

- Qu'est-ce que je vais faire, maman.


billy1  (23.01.2018 à 21:25)

CHAPITRE 8.


Il avait passé une bonne partie de cette fin d'après-midi à écouter les remontrances de son avocat, qui prenait d'un très mauvais œil son implication avec le NYPD.
Comme à son habitude, Rick avait utilisé l'humour pour dédramatiser la situation, tout en observant du coin de l'œil Beckett qui s'activait dans une salle, non loin, à lire son courrier de fans.

La façon avec laquelle elle se concentrait sur son travail le laissa sans voix. Il était complètement subjugué par elle. Le moindre de ses gestes, de ses soupirs était décortiqué, analysé, rangé dans son esprit.

Souriant en l'apercevant grimacer devant un string, qu'elle sortait d'une enveloppe, il fut sorti de sa rêverie par la voix d'Henry :

- Mr Castle, notez que s'il vous arrive quoi que ce soit, alors que vous aidez le lieutenant Beckett, vous ne pourrez pas vous retourner contre la ville, si on vous tire dessus, vous ne pourrez pas vous retourner contre la ville, si vous êtes tué
- Mon cadavre ne pourra pas se retourner contre la ville
- Vos héritiers, Mr Castle, grinça l'avocat devant son air amusé. Mr Castle, cette décharge de responsabilité est une affaire sérieuse, j'imagine que vous aimeriez en parler avec votre famille avant toute chose
- Vous rigolez ? Ma mère m'interdirait de signer une pareille chose , mais heureusement pour moi, elle n'est pas là aujourd'hui. Alors…où dois-je signer ? demanda-t-il, en se pinçant la lèvre devant la mine abattue de son avocat.
- Ici…..signez ici.

XXXXXXXXX

- Ce gars a vraiment une vie géniale
- Qui ça ? soupira Kate, fatiguée de tourner en rond au milieu de toutes ces lettres.

Elle venait de passer plus d'une heure à ouvrir une à une chaque enveloppe que Rick avait reçue. Si quelques-uns de ces contenus l'avaient épuisée, certains l'avaient surtout répugnée. Les fans de Castle étaient vraiment prêts à tout pour un signe de l'auteur.
Après plus d'une cinquantaine de minutes, ils avaient déjà récolté sept soutien-gorge, huit strings et plusieurs photos de nus dignes du magasine Playbloy.

Plus la soirée avançait,et plus Beckett doutait que leur meurtrier se cachait dans l'une de ces boîtes. Relevant le visage sur le tableau blanc où trônait les photos des trois victimes, elle vit Esposito, avec un dessous à la main, en train de l'observer :

- Castle, je parle de l'écrivain. Le mec est riche et il ne court pas après les filles
- On a des problèmes de cœur, Javi? le taquina Kate, en se laissant choir à l'arrière de sa chaise, avec un sourire amusé
- Non …jamais, sourit le latino. Mais je dois avouer que toutes ces femmes qui envoient des strings à gogo c'est…..
- Répugnant ? Effrayant ?
- Non….excitant, ricana-t-il, devant l'effarement de Beckett, alors que Rick rentrait dans la pièce tout sourire.
- Et les dessous, ce n'est rien, vous n'imaginez pas le nombre de femmes qui me supplient de signer leur poitrine
- Dios mio, sa vie est géniale
- Ou superficielle
- Aie, ça fait mal Beckett, grimaça, amusé, Rick en s'approchant du latino. Enchanté, je suis Rick Castle, je vais vous suivre pendant quelque temps sur vos enquêtes, pour le besoin d'un livre.
- Est-ce que je serai dans ce livre ?
- Oh…heu….oui
- Est-il possible que dans votre livre, je puisse recevoir un jour des dessous féminins ?
- Mon dieu, les hommes sont si pathétiques, soupira Beckett en ouvrant un nouveau courrier
- Heu…..oui, acquiesça Castle en voyant le sourire du latino s'accentuer
- Super. Alors je suis Javier Esposito, mec. Et voici le lieutenant Ryan, ajouta-t-il, alors que Kévin revenait du distributeur avec une canette de coca.
- Enchanté de vous connaître tous les deux. Alors où en êtes-vous ? demanda, tout heureux, Castle en observant avec attention le tableau blanc qui se trouvait devant ses yeux .

Relevant à nouveau le regard, Kate observa les gars exposer un rapport complet de l'enquête à Rick. Il semblait comme un enfant devant son sapin de noël. Le sourire aux lèvres, il les écoutait avec beaucoup d'attention, en contemplant de temps à autres Becket,t qui baissait le regard à chacune de ses interactions.

Quand Javi eut fini son exposé, Castle se tourna vers Kate, et lui demanda avec curiosité :

- Pourquoi lire mes lettres de fans ?
- Le tueur reproduit vos meurtres, il est donc très probable qu'il ai tenté de vous joindre par….
- Oui, mais…..ça n'a pas de sens
- Quoi donc ? soupira Kate
- Je n'ai rien avoir là-dedans…c'est elle, assura Rick en pointant du doigt la dépouille d'Allison Tisdale. C'est elle, la clé du mystère.
- Oh, on oublie son ego ici, Castle ? le taquina Kate
- Très drôle….Beckett, sourit Rick, heureux de leur joute verbale. Ce que j'essaie de dire, c'est qu'il y a d'abord la première victime, Marvin Fisc, ensuite, il tue Alison Tisdale puis Kendra Pindney. Ils n'ont aucun rapport entre eux sauf les mises en scènes de mes meurtres…..seulement si le meurtrier était réellement un fan de mes bouquins, Fisc aurait du être tué avec un sac en plastique au lieu d'être étranglé avec une cravate, Allison aurait dû avoir les bonnes roses sur son cadavre et…..
- La robe de Kendra aurait dû être bleue , pas jaune, termina, intriguée, Kate en se levant pour observer de plus près les photos
- Oh, oh….j'ai une fan, fanfaronna Rick, alors que les gars ricanaient à côté
- Ne prenez pas vos rêves pour des réalités, Castle
- Oh, mais mes rêves se réalisent toujours lieutenant Beckett, s'amusa Rick, devant le regard noir de Kate. Ok, ok, abdiqua-t-il les mains en l'air. Je dis juste qu'un obsessionnel aurait forcement conservé tous ces détails.
- OK, mais pourquoi Allison Tisdale serait-elle la vraie victime ? demanda Ryan
- Eh bien heu….à cause de…
- Si vous me dites l'histoire, je jure que je vous mets une balle entre les deux yeux.
- Vous n'oseriez pas, ronchonna Rick
- Non ? Vous en êtes certain ? Vous avez bien signé cette foutue décharge ? s'amusa Kate
- Méchante…mais je n'allais pas dire l'histoire. Allison Tisdale était la seule victime, multimillionnaire. Je suis certain que le mobile est l'argent.
- Les gens ne tuent pas toujours pour l'argent, Castle
- Ah oui ? Demandez donc à ma mère si elle ne serait pas prête à me tuer pour pouvoir vivre de mes avoirs.
- Castle ! fit Kate , choquée qu'il puisse parler de Martha en ces termes
- Allison est la clé. Si c'est moi qui écrivais l'histoire, le coupable serait le frère. Vous avez parlé à Harrison Tistale ?
- Non mais c'est….
- Alors c'est parti !
- Parti? Toux doux Sonny Crockett, on n'est pas dans deux flics à Miami. Ce n'est pas parce que vous suspectez quelqu'un que vous devez l'interroger, déclara Beckett, en reprenant une lettre. En plus, pourquoi on ne ferait pas un truc qu'on appelle une enquête ? Rassembler des indices, établir les faits. Quelque chose qui tiendrait mieux devant la cour, que « c'est comme ça que j'écrirais l'histoire » !
- C'est dingue que vous dîtes ça, j'étais fan de la série » deux flics à Miami » étant enfant, s'amusa Castle, en s'installant devant elle comme si de rien n'était. Vous aussi lieutenant Beckett ? la taquina-t-il en tressautant les sourcils.

Relevant le regard pour tomber sur les yeux rieurs des gars, qui ne cessaient pas de les observer, Kate sentit son glock la démanger. Rick s'amusait littéralement avec elle. Elle s'en voulait d'avoir fait cette référence à cette fichue série qu'ils avaient vu un millier de fois étant adolescents. Elle avait juste espéré adoucir un peu sa rancœur en lui rappelant un de leurs moments, mais de toute évidence, la colère de Rick était bien loin désormais.

Il semblait détendu, amusé comme si une nouvelle flamme commençait à brûler en lui. La dernière fois qu'elle avait vu ce regard, c'est quand il lui avait montré la lettre de Black Pawn pour la publication de son premier livre, et cette constatation la troubla.

Flashback.

Il avait bossé pendant plus d'un an et demi sur son livre. Il connaissait chaque ligne, chaque paragraphe par cœur, mais quand ce fut le moment d'envoyer son travail aux différentes maison d'édition, pour voir ce que valait tout son travail, Rick s'était dégonflé.

La peur de l'échec, de décevoir, l'avait stoppé dans son élan. Il avait donc menti à Kate en lui déclarant avoir perdu tout son travail sur son ordinateur.
Il pourrait toujours se souvenir de son regard peiné et attristé pour lui, de ses bras qui l'avaient enlacé pour le réconforter, et de ses mots à cet instant.

Seulement quelques jours plus tard, Kate s'était faufilée dans sa chambre pour trouver une solution. Un de ces copains, doué en informatique, lui avait expliqué comment retrouver un travail perdu. Elle avait tenté de raisonner Castle de la laisser faire, mais après moult refus de sa part ,elle s'était glissée dans sa chambre pour essayer d'arranger les choses pour lui, malgré son refus.

Elle pensait que son refus catégorique était dû au fait qu'il ne souhaitait pas avoir de l'espoir pour rien. Elle ne le comprenait que trop bien. Plus d'une année entière de travail évaporée, et avec lui la concrétisation d'un rêve.

Les mains sur le clavier, elle avait souri en s'apercevant que son mot de passe était sa date de naissance (171179), mais elle se figea, aussitôt après, en apercevant un dossier au nom de « sous une pluie de balles ». Un dossier qu'elle ne connaissait que trop bien. Déglutissant péniblement, elle l'avait ouvert pour découvrir la supercherie.

Il lui avait menti…..Rick lui avait menti. Tout son travail était sur son ordinateur. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait raconté un mensonge pareil. Les larmes aux yeux, elle avait refermé son ordinateur de colère, et était partit lécher ses blessures chez elle, à l'abri des regards.
C'est sa mère qui l'avait retrouvée, un mouchoir à la main, le visage en pleurs, sur son lit en fin d'après-midi.
Après plusieurs tentatives, elle avait enfin réussi à faire sortir les vers du nez à sa fille.

- Pourquoi tu souris ? pleurnicha Kate, en s'apercevant que sa mère n'avait pas l'air affecté par le mensonge de Rick.
- Je ne souris pas, je t'écoute
- Mais tu sembles ravie. Tu as entendu ce que j'ai dit ? Il m'a menti. Il m'a dit qu'il avait perdu son travail, il m'a dit que….
- Chérie, tu apprendras avec l'âge que les garçons sont… ;
- Stupides ?
- Compliqués, rectifia Johanna, en séchant les larmes de sa fille tendrement. Ils n'aiment pas montrer ce qu'ils ressentent. Notamment la peur, l'amour. ..
- Je ne comprends rien, renifla Kate. Et je ne comprends pas pourquoi il m'a menti .
- Il avait peut-être peur de te décevoir
- Pardon ?
-Kathie, tu l'as aidé tout au long de cette année . Tu l'as épaulé à chaque fois qu'il trébuchait, et…
- C'est ce que font les amis, se défendit-elle. Il me ment parce que…
- Il a peur. Peur d'échouer. Peur de s'apercevoir que son travail n'est pas assez bon, peur de devoir te faire face après ça, et de voir de la déception dans tes yeux .
- Je ne serai jamais déçue s'il échoue, je suis déçue qu'il ne me fasse pas confiance et qu'il me mente.

Embrassant sa fille sur son front, Johanna la prit dans ses bras en humant son odeur de cerise, et lui chuchota sur le ton de la confidence :

- La peur nous fait faire des choses stupides. Il ne pensait pas à mal en te mentant. Il est juste terrifié.
- Alors quoi ? Je dis rien ? Je ne fais rien ? ronchonna Kate
- Tu pourrais peut-être faire ce qu'il n'arrive pas à faire, suggéra plutôt Johanna, avant de se lever pour laisser réfléchir sa fille.

Elle avait pensé que Kate comprendrait le sens de sa phrase. Que sa fille choisisse la vérité plutôt que le mensonge, et qu'elle fasse preuve de maturité en avouant à Rick les choses. Elle avait espéré que ces deux têtes de mules se parleraient de leurs problèmes. Mais Kate avait interprété dans un autre sens ses paroles, et avait envoyé, sans que Rick le sache, son manuscrit à toutes les maisons d'édition.

Elle avait eu le ventre noué pendant des semaines, elle osait à peine le regarder dans les yeux, mais quand les premières lettres de refus étaient arrivées et que la supercherie avait été révélée, elle aurait aimé pouvoir se cacher.

Elle avait vu la peine , la déception, la honte et la colère dans les yeux de son ami.

"Mr Rodgers, nous sommes dans l'incapacité de donner suite à votre demande,..."

Elle l'avait vu l'éviter des jours entiers jusqu'à cette fameuse lettre.

Elle se souviendrait toujours de la police d'écriture sur l'enveloppe, du regard fatigué et las de Rick quand il avait lu les premières lignes de la lettre qu'il avait reçue, et de son choc…. ,son émerveillement au dénouement .

Il avait une lueur dans les yeux qu'elle n'avait jamais vue, une fierté, une reconnaissance sans nom. Angoissée, elle lui avait demandé avec hésitation :

- C'est pas bon, c'est ça ?

C'est Kate qui avait reçu chacune des lettres à son domicile, et c'est elle qui les lui transmettait de semaines en semaines. Et comme à chaque fois, elle hésitait, elle redoutait le moment de la lecture, seulement cette fois-ci c'était différent. Il semblait différent.

- Oh mon dieu, blêmit Rick
- Quoi ? Quoi ?
- Kate...
- Quoi !
- Ils aiment, s'exclama-t-il en emportant dans ses bras sa meilleure amie. Ils aiment ce que j'ai fait, Kate !
- Quoi ? Attends, répète ! fit-elle, surprise, en le regardant dans les yeux

Tout heureux, Rick avait relâché son étreinte pour prendre la lettre en main, et lire à voix haute la fin du contenu à Kate

- Cher Monsieur Rodgers, votre manuscrit est une perle dans le monde de l'édition, si nous prenons en compte votre jeune âge . Vous avez un talent brut que nous aimerions aider à peaufiner. C'est pour cette raison que nous serions plus qu'heureux et honorés de publier votre livre.
- Publier ton livre ! s'écria Kate
- J'ai réussi ! J'ai réussi !
- Publier ton livre !
- Ils sont honorés, Kate ! Mon Dieu… ;ils sont honorés, pleura-t-il devant sa lettre, les mains tremblantes
- Tu vas publier « Sous une pluie balles »…..Whaou… Tu vas publier ton livre !...je suis tellement fière de toi, susurra-t-elle en le prenant dans les bras.
- Je vais être auteur…..je vais être auteur, répéta-t-il, sans oser y croire
- Tu vas être auteur
- Mon dieu…..j'aurais jamais pu y arriver sans toi
- Je suis tellement fière de toi
- Merci, Kate….merci d'avoir cru en moi quand je n'y croyais plus, chuchota-t-il, en la serrant tellement fort dans ses bras qu'elle en avait le souffle coupé.

Elle se souviendrait toujours de ce moment-là entre eux deux. De la soirée de beuverie qui en avait découlé, et comment le nom de Rick Castle avait vu le jour ensuite, grâce à quelques verres de Vodka.

Fin du Flashback.

C'est le même regard de reconnaissance qu'elle voyait en lui aujourd'hui. C'était comme s'il la remerciait d'accepter sa présence près d'elle. Roulant des yeux devant autant de reconnaissance, elle lui répliqua sur le ton de l'amusement, en tenant compte de la présence des gars dans la pièce :

- Je ne suis pas fan de deux flics à Miami, il n'y a que de très mauvais épisodes.
- D'abord, il n'y a jamais eu de mauvais épisodes de deux flics à Miami, ensuite, j'aurais juré que vous étiez fans étant gosse. Ma faute, fit-il en s'excusant de façon chevaleresque et théâtrale.

Souriant devant la joute verbale de Rick Castle et de Beckett, Esposito se recula de quelques pas pour répondre à son téléphone. Quand il revint dans la pièce , il déclara, amusé :

- L'écrivain a raison.
- Hum, j'aime cette phrase, s'extasia Rick, alors que Kate roulait des yeux
- Harrison Tisdale vient de quitter son travail prématurément après l'interrogatoire de Vélasquez, annonça Javi en mettant son manteau, suivi de Ryan et de Beckett ensuite
- Attendez, je croyais que vous n'aviez pas interrogé le frère ? demanda, perdu, Castle
- Moi non…. Mais j'ai mis une autre équipe dessus
- Mais je vous l'ai demandé, et vous…..
- J'ai répondu. La prochaine fois, énoncez correctement votre question, Castle , le taquina Kate en jubilant. Les mots pour un écrivain, ce n'est pas difficile à trouver, si?
- Ah ah, très drôle
- Là, sur ce coup-là, elle t'a eu, Bro, ricana Espo en sortant de la salle.

Souriant, Rick prit son manteau et la suivit, tout heureux :

- Je pourrai lui mettre les menottes aux poignets ?
- On ne va pas l'arrêter , simplement lui poser des questions. Et non, vous ne lui mettrez pas les menottes, vous n'êtes pas flic !
- Mais c'est moi qui ai trouvé le coupable!
- La présomption d'innocence, vous connaissez ?
- Oui, je l'invoque régulièrement à ma fille à chaque fois que la bombe de crème fouetté est vide, répliqua Rick, en observant Kate avec un sourire timide, la tête baissée.

XXXXXXXXX

Assis l'un à côté de l'autre dans la crown Victoria de Kate, ils écoutaient le compte rendu de l'interrogatoire d'Harrison Tisdale par l'équipe de Vélasquez. Apparemment, le frère de la victime n'était pas en ville pour tous les meurtres dont il était suspecté. Il avait même fourni, sans qu'on ne lui demande ou qu'on lui pose la question, son passeport justifiant de ses absences.

Soupirant alors que Beckett raccrochait, Rick lui demanda, l'enthousiasme éteint :

- Alors on retourne au poste et on continue dans les soutien-gorge et strings en tout genre?
- Non, pourquoi ça ?
- Il n'était pas sur Manhattan lors des meurtres, à quoi bon l'interroger, argumenta-t-il devant le sourire contemplatif de Kate. Quoi ?
- Rien
- Oh allez, je connais ce sourire…..c'est celui que tu as quand tu connais la réponse et pas moi.
- Non…c'est simplement celui que j'ai quand je pense « Mon dieu, ce que tu peux être naïf », pouffa-t-elle.
- Je te demande pardon ?
- Je t'en prie , il leur a raconté des cracks
- Quoi ?
- Ce n'est rien, tu n'es pas flic….tu es seulement un écrivain, sourit-elle jusqu'aux oreilles
- Oh allez, qu'est-ce que j'ai loupé ? ronchonna-t-il, en l'observant jubiler en se mordillant les lèvres.

A cet instant-là, son cœur fondit un peu plus devant l'image qu'elle lui renvoyait dans son enfance. Pour la première fois depuis qu'il l'avait revue, il revoyait en elle la jeune Kate Beckett qu'il avait laissée, ce matin-là , au motel. Il revoyait sa meilleure amie….son âme sœur.

Quelque part en lui, il avait peur que ce soit lui qui ait brisé cette étincelle dans son regard.
Déglutissant, il l'entendit lui rétorquer, amusée, sans tenir compte de son trouble :

- Je comprends qu'il se souvienne facilement où il était le soir du meurtre de sa sœur, mais il n'a même pas attendu qu'on lui demande pour les autres….pas une seconde. Il n'a pas demandé de date à Velasquez, il n'a même pas vérifié dans son agenda. Il avait préparé un alibi, et quand on est innocent, on ne se prépare pas d'alibi, tu comprends ? sourit-elle en s'engageant dans une rue bondée de monde
- Je….alors j'avais raison…..il est coupable !
- Tu ne retiens que ce que tu veux
- Je…
- Ecoute, on va aller l'interroger, mais s'il est parti précipitamment de son travail, c'est qu'il tente de cacher des preuves. Tu vas sagement rester dans la voiture, je ne sais pas s'il est armé ou non, le coupa Beckett en se garant
- Mais, je veux assister à ….
- On avait un marché. Soit tu obéis, soit ce partenariat…ou je ne sais pas exactement ce que c'est, est terminé, assura Kate en sortant de son véhicule pour enfiler son gilet par balles
- Et nous ne voudrions pas que ça se termine avant d'avoir commencé, hein ?
- Castle, grinça, peu encline à s'engager dans cette conversation avant un interrogatoire en plein centre ville
- Très bien, très bien…..mais je…
- Prêts ? les interrompirent les gars, armes à la main
- Prête. Castle s'est gentiment proposé de garder la voiture
- Que c'est gentil de ça part, ricana Ryan
- Un vrai mec, ajouta Espo

Prenant son glock en main, Kate s'avança près de Rick, et lui murmura, sans que les garçons n'entendent :

-Promis ?
- Parole de scout, soupira-t-il. Je reste dans la voiture .
- Tu n'as jamais été scout, sourit-elle en s'éloignant le cœur moins lourd à l'idée de l'écarter du danger.

XXXXXXXX

Elle était certaine d'avoir entendu du bruit quand ils s'étaient annoncés, mais quand ils rentrèrent à l'intérieur de l'appartement du frère de la victime, ils ne découvrirent qu'un tas de feuilles à terre, et une déchiqueteuse en marche.

Se baissant pour récupérer le reste d'un passeport , elle grimaça en s'apercevant que Rick tentait de l'appeler. Soupirant, elle allait lui dire qu'il pouvait monter quand il la coupa dans son élan :

- Il s'enfuit par l' escalier de secours !
- Quoi ? Où es-tu ! grinça-t-elle en se relevant à toute vitesse pour sortir de l'immeuble. Il s'enfuit par l'échelle de secours ! cria-t-elle aux gars
- Je suis en train de faire ma première course poursuite, tu devrais me voir, on dirait vraiment Sonny Crockett !
- Castle, ne bouge pas, cracha-t-elle, énervée, en l'apercevant par la fenêtre.
- Arrêtez, ne bougez plus ! hurla Rick en courant derrière Harrison Tisdale dans la ruelle.
- Castle ! non !...Argh !

Le plus rapidement qu'elle put , elle descendit quatre par quatre les marches des escaliers de secours, en tentant de rattraper son retard et avec l'intention de mettre personnellement à Rick une balle entre les deux yeux.
Qu'est-ce qu'il n'avait pas compris avec « reste dans la voiture » !

Le cœur tambourinant à l'idée qu'il pourrait lui arriver quelque chose, elle s'élançait dans la ruelle quand la vue d'un camion noir lui bloqua le visuel. Faisant discrètement un repérage de la situation, elle s'aperçut que le véhicule était stationné dans une voie sans issue. Le glock en main, elle avançait d'un pas lent et assuré, quand elle blêmit devant la vue de Rick tenu en joue par leur suspect.

- Reculez ! reculez ! ne vous approchez pas, c'est compris, cria Harrison en tenant fermement Castle contre son buste
- Posez votre arme à terre !
- Reculez ! Ne vous approchez pas ! Bougez plus !
- Lâchez-le tout de suite Harrison, cracha Kate, en sentant la nausée la prendre
- Reculez !
- On se détend…..on se détend, d'accord, tenta Rick, en s'apercevant que son agresseur perdait patience
- Rick, est-ce que ça va ? demanda Kate en ne lâchant pas le suspect de vue .

Elle pourrait l'abattre. Son dernier score au stand de tire démontrait bien à quel point elle était douée avec une arme. Mais il détenait Rick et à la seule pensée de le blesser dans l'exercice de ses fonctions annula toutes ses idées de tirs.

Le regard concentré, elle tentait de trouver une solution alors que Castle lui répondait avec désinvolture, ce qui l'agaça un peu plus :

- Ça va, à part son odeur d'haleine qui est vraiment épouvantable
- Ferme-là, cria Tisdale en raffermissant sa prise sur lui
- D'accord, grimaça Rick. Et Harrison, vous savez ce qui me tracasse ? Si vous aviez tellement besoin d'argent, pourquoi ne pas avoir demandé à votre père ?
- Rick, ferme-là ! s'énerva Beckett, en pensant qu'il s'amusait de la situation
- Vous savez ce que je crois ? Je crois que vous lui avez demandé, je crois que vous l'avez fait et qu'il a dit non. Je crois qu'il vous a toujours dit non. Un autodidacte comme lui devait penser que vous étiez un faible, c'est ça ?
- C'était lui, le faible ! rétorqua énervé Tisdale en laissant une petite fenêtre de tir à Kate qu'elle laissa passer pour ne pas mettre en danger Rick. Moi, j'essayais de faire quelque chose de ma vie, et lui tout ce qui l'intéressait, c'était sa fille adorée !
- C'est pour ça que vous l'avez tuée, jubila Rick, en comprenant enfin le fil de l'histoire de cette enquête. C'était pas que pour l'argent . Kate avait raison, il y a avait un autre mobile. Vous vouliez le punir avant qu'il meure. Lui enlever la seule chose qu'il l'aimait. C'est une super bonne histoire !
- Castle !
- Vous êtes qui, vous ? Cracha Tisdale, toujours l'arme pointée sur Rick . Et c'est qui, Kate ?
- Allez, c'est terminé Harrison, relâchez-le, déclara Beckett, en avançant l'arme en poing dans leur direction.
- Non, ce n'est pas terminé. C'est pas terminé ! Lâchez votre arme tout de suite , ou je jure que….

Ses menaces moururent sous le coup de tête arrière de Castle en pleine mâchoire, lorsqu'il pointa l'arme en direction de Kate. Sonné, Tisdale s'étala sur le sol alors que Rick se laissait choir contre le mur, en se frottant le tête en grimaçant, tout en récupérant l'arme d'Harrison au sol

- J'espère que tu as vu ça !

Sans perdre de temps, Beckett se positionna sur le corps du suspect en lui passant les menottes, sans lâcher Castle du regard.
Il grimaçait tout en souriant, et cette constatation l'énerva de plus belle. Terminant son arrestation, elle se jeta, la main contre le torse de Castle pour le pousser un peu plus contre le mur, et lui hurla dessus :

- Non mais à quoi tu joues ?
- Tu vas le mettre dans ton rapport ? La façon avec laquelle je l'ai désarmé et…..
- Tu veux te faire tuer ! grinça Beckett, folle de rage
- Quoi ? Non…..il n'avait même pas enlevé la sécurité, se défendit-il en lui tendant l'arme
- Tu sais que tu aurais pu me le dire !
- On se serait beaucoup moins marrés
- Marrés? …..marrés ? cracha-t-elle en se relevant, tout en le dévisageant. Dois-je te rappeler comment est morte ma mère ?
- Kate , non…..je suis désolé, se reprit-il, en s'apercevant de son erreur
- C'est vrai qu'elle a dû se marrer
- Kate...
- C'est pas un jeu ! Et quand un homme te menace avec une arme sous mes yeux, ce n'est pas un jeu !
- Je sais, je suis désolé. Je n'ai pas fait attention . Je voulais juste avoir ses aveux.
- Non, tu penses que tu peux venir ici et t'amuser pour écrire ton foutu bouquin
- Non, ce n'est pas ça, tu es injuste
- Injuste ? Alors pourquoi es-tu ici Rick ?déclara-t-elle, sèchement, les mains sur les hanches.

Elle avait tellement eu peur. Elle avait vu sa jeunesse avec lui défiler, elle avait vu sa mère étendue dans une ruelle….elle avait cru qu'elle allait le perdre comme elle l'avait perdue. La boule au ventre, elle attendait qu'il lui confirme qu'il était ici pour la recherche, pour son livre, quand il la surprit en se levant tout en lui murmurant :

- Pour toi. Je suis ici pour toi. Pour t'aider à retrouver qui tu es
- Je te demande pardon ?
- Tu n'es pas cette femme flic dure et froide. Tu es Kate Beckett ! Tu es celle qui peut me rendre le sourire même dans les pires journées, tu es celle qui fait chavirer mon cœur quand elle sourit., tu es…
- Je ne suis plus cette personne, Castle et tu ne peux pas...
- Si, tu l'es. Tu t'es juste oubliée en chemin. Je ne te mentirais pas si je te disais que le livre que je prévois d'écrire n'est pas une des raisons pour lesquelles je veux te suivre , mais…il n'est pas la raison principale.
- On avait dit que si cette enquête ne…..
- Ne m'éloigne pas…..pas encore.

Au moment ou elle allait répliquer, elle entendit la cavalerie arriver . Inspirant fortement, elle reprit un peu contenance avant de lever Harrison Tistale du sol, pour le remettre à ses confrères sous les yeux plaintifs de Rick. Elle avait besoin de prendre du recul, elle avait besoin de réfléchir à la situation, en restant un moment seule...sans lui. Mais ses mots, ses excuses faisaient leur effet...comme toujours, elle était prête à lui pardonner.

Il savait qu'il l'avait effrayée . Il ne voulait pas lui faire peur. Il s'était juste laissé emporter sur le moment, mais maintenant…en ayant vu la peur sur son visage, il le regrettait.
Fermant les yeux, il déglutit en entendant ses pas se rapprocher de lui . Son odeur de cerise chatouillant son nez, il avalait la boule d'angoisse qui se formait dans sa gorge, à l'idée de devoir lui dire au revoir une seconde fois, quand elle lui déclara :

- Bon je crois que c'est fini
- On est pas obligés de ce quitter comme ça, tu pourrais me donner une autre chance
- Pour que tu cours après encore plus de suspects ? demanda-t-elle, avec un air tellement indéchiffrable que Rick sentit son angoisse culminer.
- J'ai compris la leçon…..j'apprends vite tu sais et… ;
- Je sais
- Et je promets que…tu sais ? s'étonna Castle, en la voyant sourire
- Je sais. Je sais que tu ne pensais pas à mal….alors…..je veux bien te donner une seconde chance
- Whaou….je veux dire..merci, toussota Castle en la voyant le fusiller du regard devant sa stupéfaction.
- Bien…on se voit demain ? inspira Kate, en mettant ses mains dans ses poches
- On n'est pas obligés de se quitter tout de suite tu sais…on pourrait diner et combler ces dix années
- Combler ces dix années ?
- Hum….je te raconterais comment j'ai traversé deux divorces et une dizaine de Best-sellers et tu me raconterais…..eh ben…tout ce que je ne sais pas.
- Tout ce que tu ne sais pas ? sourit Kate, devant sa mine boudeuse
- Oui. Par exemple, pourquoi tu n'es pas mariée, ou pourquoi tu….
- Il nous faudrait bien plus qu'une soirée pour ça
- C'est un rendez-vous ? rétorqua Rick, en la voyant prête à partir.
- On se voit demain Castle.

Elle rêvait de pouvoir passer la soirée avec lui. De discuter comme au bon vieux temps, les yeux dans les yeux, et d'en apprendre plus sur ce qui il était devenu. Elle voulait tout savoir de lui, mais sa raison la stoppa.
Ils étaient différents désormais, il avait une fille , il était auteur à succès, il avait réussi là où elle avait pêché.
Elle ne voulait pas voir la déception dans ses yeux quand il découvrirait que sa vie était des plus banales et des plus ennuyeuses. Elle souhaitait entretenir le mystère qu'elle voyait dans ses yeux.

Elle ne voulait pas non plus se donner trop d'espoir. Elle était toujours amoureuse de lui…. après toutes ces années. Elle ne voulait pas qu'il brise son cœur comme il l'avait fait il y a onze ans. Elle souhaitait se protéger.

Déçu de son refus, Castle supposa que ses sentiments n'étaient pas partagés . Qu'elle ne souhaitait pas connaître son passé…connaître sa vie. Souriant malgré tout, il lui rétorqua sans la lâcher du regard :

- Dommage on se serait bien amusés

A sa réplique, Kate le dévisagea quelques secondes, en tentant de donner un sens à ses paroles. Il semblait tellement différent du jeune adolescent peu sûr de lui et timide. Ne souhaitant pas montrer que ses actions la touchaient, Kate s'avança tout doucement de lui, sans lâcher ses iris bleus des yeux, et dans un geste tendre, elle posa sa main sur son buste et murmura au coin de son oreille, tout en humant son odeur de menthe poivrée qui l'émoustilla un peu plus :

- Tu n'as aucune idée
- Kate..
- A demain, Castle.

Et sans un autre mot de sa part, il la vit partir rejoindre les officiers de police et les gars.
La journée ne s'était pas déroulée comme il l'avait espéré, mais une chose était sûre : Kate Beckett était toujours aussi extraordinaire.

Ce soir-là, Castle reprit son ordinateur en main et commença à écrire, les premières lignes de son nouveau Best-Seller :


« Elle adoptait toujours le même rituel pour aller voir le corps. Après avoir détaché sa ceinture de sécurité, pris le stylo coincé par un élastique sur le pare-soleil, passé ses long doigts sur sa hanche, pour sentir le réconfort de son arme de service, elle marquait toujours une pause. Pas très longue. Juste le temps de prendre une profonde inspiration. »


billy1  (28.01.2018 à 10:58)

CHAPITRE 9


Les mains dans ses cheveux, elle inspira une fois, puis deux…..puis une centième fois en l'espace de quelques minutes. Debout devant la porte du loft de Castle à Tribeca, Kate tentait de calmer l'angoisse qu'elle ressentait depuis que l'heure du dîner était arrivée.

Elle avait beaucoup hésité à appeler pour annuler, mais à chaque fois que ses mains tremblantes atteignaient son téléphone, elle pouvait entendre la voix de sa meilleure amie la réprimander :

« N'ose même pas, fille ! Deux semaines ! Il a assez attendu ».

Déglutissant, elle inspecta une nouvelle fois sa tenue : un jean slim noir , une chemise blanche et ses talons porte bonheur . Elle ne savait pas pourquoi elle se sentait aussi stressée : c'était Rick après tout…..l'homme qui la connaissait le mieux, l'homme qui l'avait accompagnée une bonne partie de sa vie, l'homme qui la suivait désormais dans ses enquêtes…l'homme dont elle était amoureuse.

- Super, Beckett, marmonna-t-elle, en pensant à toutes les raisons pour lesquelles elle était terrifiée. Arrête de penser à lui comme ça!

Fermant les yeux, elle repensa à la conversation qu'elle avait eue, deux jours plus tôt, avec Lanie et qui l'avait conduite jusqu'à son pallier ce soir .

Flashback .

- Alors ?
- Quoi ?
- Comment ça, quoi ? ça va faire deux semaines que ton ex petit-ami te suit et…
- Ce n'est pas mon ex petit-ami, rétorqua en ronchonnant Kate, un verre de rouge à la main. Et il ne se passe rien qui vaille la peine d'être raconté.
- Kate, tu vas encore te défiler combien de temps ? soupira Lanie en l'observant se tortiller en face d'elle
- Je ne me défile pas
- Ah non ? Parce qu'il t'a invitée à dîner déjà quatre fois, et tu as soigneusement décliné toutes ses invitations
- J'étais occupée avec sur une affaire et…je….ok, d'accord, abdiqua Beckett devant le regard noir de sa meilleure amie.

Deux semaines…cela faisait deux semaines que Rick avait intégré le NYPD en tant que consultant pour suivre ses enquêtes. Si les débuts avaient été un peu chaotiques avec l'affaire Tisdale, Castle s'était abstenu de courir après les criminels sans sauvegarde derrière lui. Il avait sagement attendu dans le véhicule quand Kate le lui demandait, et il s'avérait être parfois de bon conseil lors des enquêtes.

Si tout se passait bien au niveau professionnel, elle ne pouvait pas nier qu'elle évitait de se retrouver en tête à tête avec lui. Elle était terrifiée…..angoissée que le mystère qu'il avait tissé autour d'elle se révèle au grand jour comme une énorme supercherie.

Elle n'avait rien accompli d'extraordinaire qui méritait d'être dans un livre. Elle avait perdu sa mère, lâché ses études, aidé son père àsurmonter son alcoolisme, puis avait fait ses classes à l'école de police…alors que lui…était devenu un auteur riche et célèbre.
Elle aurait préféré que toute cette histoire de livre n'ait jamais eu lieu, et qu'elle puisse aller boire un verre avec son ami sans aucune pression.

Elle en avait aussi marre de se dévaloriser ainsi. Elle n'était pas ce genre de personne qui jalousait, ou qui se comparait aux autres, seulement avec Rick c'était différent….elle ne voulait pas voir cette lueur dans ses yeux s'éteindre à chaque fois qu'il la contemplait. Il avait l'air fier d'elle pour une raison quelconque, elle ne comprenait pas pourquoi.

Soupirant devant son verre de châteauneuf du pape, elle s'installa plus confortablement sur son canapé alors que Lanie continuait à la questionner, pour connaitre le fin mot de l'histoire :

- Je ne te comprends pas. Tu as passé ces dix dernières années à me conter tes souvenirs avec ce type. A m'avouer tous tes regrets, et maintenant qu'il est là, tu le fuis. Dieu, ce mec t'a même avoué être là pour toi.
- Il est là pour le bouquin
- Quoi ?
- Il écrit un livre sur moi…un livre . Comment peut-il même espérer arriver à écrire un chapitre entier sur ma vie, souffla-t-elle en fermant les yeux
- Je suis certaine que ta vie mérite plus qu'un seul chapitre, honey. Et depuis quand te dévalorises-tu autant ?
- Je voudrais juste ne pas le décevoir
- Alors quoi ? tu penses qu'en le rabrouant à chaque fois qu'il te propose un rendez-vous tu vas le faire lâcher prise sur le livre ? ou tu espères simplement gagner du temps ? Tu sais quoi….je pense que Castle est plus déçu en s'apercevant que tu ne veux pas passer du temps avec lui.
- Ce n'est pas ça. Je meurs d'envie d'en savoir plus. Sur sa vie, de connaitre sa fille, mais….mais…..
- Mais quoi ? ….Tu n'es peut-être pas aussi célèbre que lui, mais tu as réussi dans la vie, Kate .

Au regard sceptique que la jeune lieutenant lui lança, Lanie la dévisagea et lui assura :

- Tu es détective , ….la plus jeune a avoir atteint ses galons à la criminelle. Tu es la personne qui rend justice à des centaines de victimes. Il fait peut-être la « une » des magazines, mais tu mérites la première page aussi. Première page qu'il va t'octroyer à travers un livre. Et s'il te plait , arrête de t'attarder sur vos vies professionnelles et rappelle toi qu'il est simplement ton ami.
- Mais…
- Et si tu veux comparer vos notes, pense aussi à ses deux divorces. Sa vie n'a pas été un exemple en tout genre.
- Alors quoi ? j'attends qu'il me repropose une soirée, et je dis « oui » ? fit-elle, hésitante, en se mâchouillant la lèvre inférieure
- Non, TU lui proposes cette soirée. Vous avez besoin d'une explication, si tu veux retrouver ton ami, commence par le traiter en tant que tel.

Les mots de Lanie l'avaient convaincue. Elle avait raison , elle agissait comme une enfant en éloignant Rick de sa vie personnelle ainsi. Elle n'avait pas à faire ses preuves ou à se sentir inférieure, avec lui. Ces deux semaines passées
à ses côtés lui avaient montré que malgré cet air d'enfant de quatre ans touche à tout, il était resté le même. Un homme qui l'écoutait et qui l'appréciait pour ce qu'elle était.

Elle n'avait aucune raison de l'éloigner ainsi de sa vie….aucune, à part le fait d'avoir une nouvelle fois le cœur brisé. Depuis la mort de sa mère, Kate avait construit un mur comme pour se protéger, et elle avait peur que Rick ne retire une par une les briques de sa forteresse.

Elle avait peur de le laisser entrer une nouvelle fois, et le revoir partir…Elle avait peur qu'il ne lui brise le cœur.

Fin du flashback

- Inspire , respire….c'est juste un diner, murmura-t-elle, avant de prendre son courage à deux mains et de frapper deux coups à la porte d'entrée.

XXXXXXXX

De l'autre côté de la porte, Castle n'en menait pas large. Après avoir quémandé une soirée avec Kate depuis presque deux semaines, elle l'avait surpris ce matin en la lui proposant.

Anxieux comme un jeune premier à son tout premier rendez-vous, Rick avait passé la dernière demi-heure à brieffer sa mère sur les sujets à éviter: Johanna Beckett, politique et Baseball. Il souhaitait réellement que cette soirée débouche sur les prémices d'une nouvelle amitié. Kate lui avait tellement manqué durant ces dix dernières années qu'il n'envisageait pas de la perdre une seconde fois.

Ces deux dernières semaines à ses côtés avaient été les deux meilleures depuis un bon nombre de mois, voire même d'années. Il se redécouvrait aux côtés de Kate en tant que personne, et en tant qu'auteur.

Le premier chapitre de son nouveau livre « Vague de Chaleur » était déjà bouclé, et le second n'allait pas tarder à suivre.

Remuant avec entrain sa fameuse sauce à la carbonara, il déglutissait en observant les minutes défiler sur l'horloge, sous l'œil amusé de sa fille et de sa mère.

- Tu es drôle, papa, sourit la petite, en sentant son père paniquer
- Heu …merci ?
- Richard, arrête donc de faire palpiter ton cœur qui n'est plus si jeune, il s'agit simplement d'une soirée avec Katherine.
- Si mon cœur n'est pas si jeune, dois-je te rappeler que le tien n'est pas loin d'être une antiquité, mère ?
- Ne sois pas désobligeant, veux-tu, le rabroua-t-elle en se servant un verre de rouge. Alexis, chérie, que fais-tu ?

La petite rouquine se tenait assise près de l'ilot central, entourée de trois livres et d'un cahier. Les cheveux lâchés, un stylo dans la bouche qu'elle mâchouillait, elle répondit tout sourire à sa grand-mère :

- Mes devoirs
- Chérie, sérieusement, tu as lu et relu ces ouvrages depuis que tu es rentrée de l'école, profite donc de ta soirée
- J'ai une évaluation demain
- Et alors, moi aussi, j'ai un examen du foie, pourtant je ne suis pas en train de réviser, contra Martha en buvant son verre
- Non, mais tu devrais, sourit Rick, en posant son fouet pour laisser mijoter à feu doux sa sauce. Quand à toi, citrouille, ça me tue de te le dire, mais ta grand-mère à raison. Repose-toi un peu et profite de la soirée.
- Tu peux le répéter, Richard ?
- Quoi donc ?
- Que j'ai raison, sourit la matriarche en s'éloignant pour mettre la table

Soupirant, Castle posa son torchon en prenant un verre de vin, et vint s'installer près de sa fille pour lui chuchoter à l'oreille :

- Tu n'aurais jamais dû me laisser faire
- Quoi ? La laisser emménager ?
- Oui
- Je trouve ça mignon, moi , sourit la rouquine en fermant son livre, alors que son père lui tendait son verre pour la taquiner. Tu oublies que je n'ai que dix ans ?
- Non mais t'es précoce, pouffa Castle, qui adorait ces échanges père-fille
- Même si je suis précoce, je suis toujours une enfant
- Quand j'avais ton âge, moi…..non, je ne peux pas te répéter ça, ce serait extrêmement déplacé
- Ne t'inquiète pas, je suis certaine que le lieutenant Beckett pourra m'en dire plus sur toi à mon âge
- Je ne pense pas
- Tu ne penses pas ? mais je croyais que vous aviez grandi ensemble ?
- C'est vrai, mais tous les dossiers que Kate pourrait avoir sur moi sont tellement minces par rapport aux siens…elle ne prendrait pas le risque à ce que je les dévoile.
- Ah oui , fit, intriguée, la petite. Donne-moi un exemple ?
- Eh bien, commença Rick, avant de se stopper sur les deux petits coups timides provenant de la porte d'entrée.

Déglutissant, il observa sa fille puis sa mère, pour revenir à la porte d'entrée. Le cœur tambourinant, il se leva pour aller ouvrir, tout en marmonnant à sa fille qui souriait de son anxiété :

- Quand on parle du loup...

XXXXXXXXX

Le diner se passait avec une facilité déconcertante. Martha n'avait pas arrêté de questionner Kate sur son parcours professionnel, et Alexis la contemplait avec tellement d'admiration que Beckett souriait timidement.

Les pâtes à la carbonara avait fait fureur, et c'est dans une bonne humeur qu'ils attaquaient le dessert glacé sous les questions de la jeune rouquine :

- Allez dis-moi Kate, quelle est la plus grosse bêtise que papa est fait ?

Les yeux pleins d'étoiles, Alexis observait avec douceur celle qui fut la meilleure amie de son père.
Castle, qui avait la bouche pleine, commença à ronchonner sous ce flot de questions, alors que Martha marmonna doucement à l'oreille de Kate, pour répondre à la question de sa petite fille :

- Meredith
- Martha, répondit mi-amusée, mi-choquée, la détective en ricanant
- Allez Kate !
- Doucement, citrouille, et puis il va être l'heure de se coucher
- Pas avant d'avoir entendu une de ces anecdotes…..s'il te plait
- Oh oui Castle…..s'il te plait, sourit Kate, pour le taquiner un peu
- J'ai déjà rêvé que tu dises ça, mais on était tout…..

La phrase de Rick se perdit sous la serviette de table que Kate venait de lui jeter en pleine figure. Amusé de son air outré, Castle ricana en ajoutant à sa fille :

- J'ai un tas d'histoire sur Kate, tu veux en écouter une, citrouille ?
- Oui
- Et si…elle choisissait l'histoire elle-même ? contra Kate, alors que Martha chuchotait à son oreille.
- Darling, tu risques de perdre
- Pas sans me battre, Martha, sourit-elle, alors qu'Alexis réfléchissait en se grattant le menton.

Les yeux dans les yeux, Castle et Kate se contemplaient avec tant d'amour, de joie et d'amusement, que le cœur de la détective se serra face à toutes ces années d'absences. Elle culpabilisait aussi d'avoir autant attendu avant d'accepter ce diner avec lui. Malgré toutes ses appréhensions, elle passait une soirée de rêve. Si le loft l'avait impressionnée au départ par sa grandeur et le luxe qui s'en dégageait, Castle et sa famille avait su la mettre à l'aise dès les premiers instants.

Elle avait l'impression de retrouver un peu de son bonheur familial qu'elle avait perdu.

Se mordant la lèvre inférieure devant le regard attendri de Castle, Beckett sortit de sa rêverie par la voix d'Alexis :

- D'accord Kate , qu'est-ce que tu as à me raconter sur papa?
- Eh bien…si je te parlais de…..
- Attention Beckett, tous les coups sont permis, l'avertit Rick, amusé
- Il y a cette histoire de vache sur le toit
- Tu as mis une vache sur un toit ! cria Alexis, stupéfaite, en dévisageant son père alors que Martha riait de bon cœur en se souvenant de cette mésaventure. Je veux définitivement entendre cette histoire !
- Et si je te disais qu'un jour Kate s'est teinte en blonde pour plaire à quelqu'un ?
- Tu…..tu., bégaya la petite les yeux écarquillés
- Pas ma meilleure heure, mais… ton père a acheté une moto pour impressionner sa petite amie
- Tu as une moto !
- Mon dieu….Kyra, soupira en souriant Rick.

Il se souvenait très bien de ce moment-là. Il venait tout juste de recevoir la première avance de Black Pawn pour son roman. Ils venaient tout juste d'être diplômés, avec Kate, et pour impressionner Kyra, il avait acheté cette moto.

- Alors cette histoire gagne ? sourit Kate, en tentant de réprimer ce petit pincement au cœur en repensant à Kyra Blaine.
- Je…..
- Et si je te racontais la fois où le détective Beckett a fini dernière les barreaux?
- Tu…
- Tu n'oserais pas ! s'indigna Kate
- Oh je me souviens de ce moment-là….ta mère était hystérique, reconnut Martha
- Oui… , elle l'était, déglutit Beckett, avec nostalgie.

Parfois en repensant à ce pan de sa vie, elle pouvait encore entendre sa mère lui hurler dessus. Finir en cellule n'avait pas été le pire pour elle…c'est la raison pour laquelle elle y était qui avait fait hérisser les poils de sa mère et de son père.

- Kate, soupira Rick, attristé qu'elle puisse se sentir mal à l'aise de discuter de Johanna
- Ça va, sourit-elle, en observant la fille de Rick écouter d'une oreille attentive leur interaction. Alors…Alexis, tu veux savoir comment un lieutenant de police finit derrière les barreaux ?
- Oui ! oui ! oui !
- Je crois qu'on a l'histoire gagnante, déclara Kate, sous le regard bienveillant de Rick
- Oui mais j'aurai bien aimé connaître une histoire avec papa
- T'inquiète pas Kiddo, ton père était aussi derrière les barreaux, assura Martha, alors que tout le monde riait devant les yeux ronds de la petite rouquine
- Tu étais en prison avec Kate !
- Alexis…j'étais toujours... avec Kate, déclara, avec nostalgie, Castle, alors que Beckett baissait les yeux embarrassés.
- Alors si mes souvenirs sont bons, cette histoire commence avec ce week-end à Las Vegas après votre diplôme.. Week-end ou tu étais consigné d'ailleurs, souligna Martha
- On censure certains passages ? s'amusa Kate, pour titiller la jeune Castle
- Non , je veux connaître l'histoire entière !

Flashback.

Enivrés et joyeux, la petite bande d'amis composée de Kate , Rick, Kyra, Madison et un certain Rogan O'Leary titubaient dans les rues de Las Vegas, bras dessus , bras dessous.

L'année scolaire était terminée et ils étaient partis fêter leur dernière année de senior dans la ville du jeu, malgré les réticences de leurs parents.

Rick était consigné à domicile depuis qu'il avait mis cette vache sur le toit de l'école pour les beaux yeux de Kate. Il avait espéré pouvoir se rendre avec elle à la soirée de Slam à laquelle elle assistait, mais sa mère avait été tellement furieuse à cause de ce bovin, que Castle avait terminé sa soirée seul dans sa chambre, avec l'interdiction de recevoir de la visite.

Quand elle avait appris que son meilleur ami se trouvait seul dans sa chambre, Kate avait tenté de le rejoindre en douce, avant de rencontrer les yeux contrariés de Martha, ce qui lui avait valu un retour à la case départ.

Deux jours plus tard, Rick avait appris le mensonge de Kate au sujet de ses envois de « sous une pluie de balles » aux différentes maisons d'édition. Furieux, il était partit errer en ville, et avait percuté la belle Kyra Blaine au détour d'un recoin.

Sa rencontre avec cette belle brune, souriante et amusante, avait été une révélation pour l'écrivain.
En quelques jours, Kate avait vu son meilleur ami, le garçon qu'elle aimait , tomber éperdument amoureux de cette londonienne.

C'est donc d'un mauvais œil, qu'elle avait appris que Rick ferait le mur pour le week-end à Las Vegas en compagnie de Kyra.
Enervée, elle avait hurlé à Madison qu'elle n'irait pas pour le voir batifoler avec une autre. Avec le côté pragmatique de la jolie blonde, elles avaient convenu que Beckett n'irait pas seule, et serait accompagnée du cousin de cette dernière : Rogan O'Leary.

Si au début, elle avait bougonné à cette idée farfelue, Kate avait ensuite accepté, en apercevant par la fenêtre de sa chambre, Rick racler le fond des amygdales de sa petite-amie.

- Tu crois qu'il couche avec elle ? demanda-t-elle, le cœur brisé
- Seigneur, arrête de penser à lui et pense à cet océan de mecs qui n'attend que nous, soupira Madison
- Je ne veux pas d'un océan…. , je veux…..
- Si tu me dis Rick Rodgers, je te fais une tête au carré. Non, mais regarde-toi ? Tu peux avoir qui tu veux. Arrête de penser à ton voisin, et pense….boisson, jeu…..et fête !
- Quoi ? soupira Kate
- On va à Las Vegas et tu vas me faire le plaisir de laisser la Katherine Beckett pleurnicheuse ici ; Je veux Rebel Beck's avec moi ! Montr- lui, à ton écrivain, ce qu'il manque en restant avec elle.
- Je…
- Kate ! Fais ta valise, soupira Madison en partant sans un autre mot.

C'est donc dans ces conditions qu'ils étaient arrivés à Las Vegas, et c'est pour cette raison que Rick observait Kate tituber sur le trottoir, tout sourire, dans les bras de ce Rogan O'Leary. Tout se passait bien jusqu'à que Madison ait une idée lumineuse pour clôturer la soirée :

- On va se marier !
- Quoi ? pouffa de rire Kate, complètement ivre. Merci, mais tu n'es pas mon genre
- Très drôle Becks ! On est à Vegas, alors l'un de nous va se marier !
- Ok, là , je pense que Maddie à trop bu, intervint Rick, tout sourire, en enlaçant amoureusement Kyra par la taille, ce qui énerva Kate
- Rhô allez, ça va être marrant. Pour pimenter le jeu , on pourrait tirer au sort nos jeunes mariés
- Moi, je suis pour , ricana Rogan O'Leary, en bavant littéralement sur Beckett. Et toi Kathie Kat ?
- Pourquoi ça ne m'étonne pas, marmonna Castle
- Ne m'appelle pas comme ça
- C'est notre dernière année ensemble…..peut-être même la dernière fois que l'on se voit , argumenta la blonde avec une idée en tête.
- La dernière fois que tu me vois ? Oh je ne savais pas que le bon dieu existait.
- Très drôle Rodgers ! le rabroua-t-elle, en voyant Kate fulminer devant les attouchements de Kyra envers son ami. Sérieusement, moi je vais à Columbia, Kate à Standford, toi …tu vas devenir un peu célèbre
- Un peu ?
- N'exagère pas non plus, et Kyra….bah je ne sais pas où elle sera, et Rogan encore moins…..mais c'est notre dernière chance de marquer le coup. Ça va être drôle, et ce n'est même pas légal. Le mariage n'a rien d'officiel
- Tu es sûre ? demanda, intriguée, Beckett
- Kate, la sermonna Rick, qui sentait qu'elle commençait à adhérer à cette idée.
- Quoi ?
- On ne va pas se marier à Vegas
- Toi peut-être que non, mais moi….peut-être que le sort me sera favorable. On joue ça à pile ou face ?
- Ça c'est ma Rebel Beck's ! s'exclama, folle de joie, Maddie en sortant de son sac à main un stylo et du papier. Non, on va tirer au sort et je serai la patte blanche
- La patte blanche ? non mais c'est une blague, s'indigna Rick, en se moquant, tout en observant Kate noter son nom , suivi de Rogan. Qu'est-ce que tu fais ?
- Je joue ! Oh allez, Maddie à raison, on s'amuse, c'est tout !.

Au regard qu'il lui lança, elle roula des yeux en s'avançant vers lui, tout en lui déclarant :

- Allez, joue avec moi ?
- Quoi ?
- On va grandir Rick. On a le temps d'être sérieux. Maddie a raison, et en plus il n'y a rien d'officiel
- Kate, je…
- Ça ne t'arrive jamais de t'amuser ? ronchonna-t-elle. Tu sais, teindre tes cheveux, enlever le haut, te dévergonder ?
- Teindre mes cheveux ? grimaça-t-il. L'épisode blonde ne t'a pas suffi apparemment
- Moi, je suis pour ! s'exclama, un peu guillerette, Kyra en lâchant l'étreinte de Rick pour noter son nom sur le papier
- Tu…tu…, bégaya Castle.

Il avait l'impression que le monde tournait à l'envers. Il était ivre, d'accord…mais de là à se marier ? Complètement stupéfait, il entendit Maddie lui déclarer, les mains sur les hanches :

- Alors l'écrivain, tu laisses Rogan en épouser une des deux ou tu tentes ta chance ?

A sa réflexion, il sortit de sa torpeur pour observer le cousin de Madison lorgner, en se léchant les babines, Kate et Kyra. Hésitant encore sur la marche à suivre, il mit son nom sur la liste, en entendant le jeune homme demander :

- La nuit de noces est dans le package mariage ?
- Non ! s'écrièrent, d'une même voix dégoûtée, Kate et Kyra
- Ok, ok…..mais il y aura le baiser pour conclure l'union !

Comment avait-il pu se retrouver dans pareil bourbier ? Comment avait-il pu se laisser convaincre par les deux jeunes femmes ?
Après le tirage au sort truqué de Madison, Rick se trouvait désormais devant l'autel de l'église « Mariage d'amour » au côté d'Elvis et de Kate.

Si la situation l'aurait arrangé, il y a quelques mois, elle était dorénavant compliquée.
Debout devant Kyra, il déglutissait devant la beauté de Kate qui avait loué, pour l'occasion, une jolie petite robe blanche, et avait laissé ses cheveux lâchés. Mains dans les mains, ils suivaient les directives du pasteur en herbe, alors que Madison immortalisait la scène sur son téléphone portable.

- Je ne peux pas croire que je me marie, soupira Rick, alors qu'Elvis cherchait ses notes
- Si ma mère savait ça…..
- Ta mère ? si ton père savait ça, oui ! Il serait capable de détruire toutes mes chances de descendance !
- Descendance ? Qui te parle de bébé , Rick…..;tu vas trop vite, d'abord le mariage, ensuite…
- C'est pas drôle , Kate, rumina-t-il, alors qu'elle riait devant lui
- Pour ce que ça vaut, je suis contente de t'épouser toi, et pas Rogan
- Hey ! s'indigna l'intéressé en buvant à la bouteille même
- Vous êtes prêts ? demanda le prêtre
- Heu…..oui, toussota, mal à l'aise, Castle en tenant fermement les mains de Kate, comme pour ne pas tomber de stress
- En premier lieu, je dois savoir si vous êtes tous les deux consentants ?
- Oui
- Heu….oui
- Bien allons-y…

Une légère musique démarra dans le fond et Rick se mit à sourire en reconnaissant "Can't Help Falling In Love" d'Elvis Presley. Il avait l'impression d'être dans un monde parallèle, Kate lui souriait comme si il était tout pour elle et à cet instant il déglutit. L'azur se fondit dans l'émeraude, sa main caressa tendrement celle de Beckett et il sortit de sa pensée devant la demande du pseudo prêtre :

- Richard Alexander Rodgers voulez vous prendre pour épouse Katherine Hougton Beckett, ici présente ?

A cette demande, tout le stress, l'appréhension de Rick s'envolèrent. C'est comme s'il venait enfin de trouver sa place, comme si l'univers lui envoyait un signe. Les yeux dans les yeux, il contempla avec douceur et dévotion sa meilleure amie. Kate lui souriait de toutes ses dents, et à cet instant son cœur s'emballa un peu plus. Comment pouvait-il résister devant elle?

- Mr Rodgers ?
- Oui…..oui , je veux l'épouser, avoua-t-il la gorge sèche sans la lâcher du regard
- Bien…Mademoiselle Katherine Houghton Beckett, souhaitez- vous prendre pour époux Mr Richard Alexander Rodgers , ici présent ?
- Oui, murmura-t-elle, le cœur brisé en pensant que le cœur de son ami n'y était pas.
- Par les pouvoirs qui me sont accordés par le conté du Nevada, je vous déclare Mari et Femme, vous pouvez embrasser la mariée.

Les cris de leurs amis dans la salle, les firent sursauter tous les deux et les prirent au dépourvu, mais ensuite, Rick leva sa main pour caresser doucement la joue de Kate . Comment pouvait-il en être encore là ? Il pensait qu'il était amoureux de Kyra ? Il pensait qu'il avait dépassé tout ça ? Comment un homme sur cette terre ne pouvait pas aimer Katherine Beckett ?

Doucement il se pencha sans lâcher du regard ses jolis yeux verts, posa son front contre le sien et lui chuchota tendrement pour qu'elle seule puisse entendre :

- J'ai beaucoup progressé depuis la dernière fois.
- Sûr ? pas besoin de nouvelles leçons ? sourit-elle, légèrement stressée, sans le lâcher du regard et en lorgnant sans vergogne sur ses lèvres
- A toi de me le dire, Mme Rodgers, s'amusa Rick, en se penchant sur ses lèvres.
- Mme Rodgers, sourit-elle

Son odeur de menthe poivrée , son souffle sur son visage, sa main sur sa joue attisèrent le désir de Kate. Fermant les yeux en attendant avec plaisir le baiser tant promis, elle sortit de sa bulle devant le vacarme qui éloigna Castle d'elle.

Devant eux, Rogan O'Leary se battait avec un homme. Les coups partirent dans tous les sens parce que le jeune homme avait fait une proposition peu décente à sa future mariée. Paniquée, Madison avait tiré Kyra par le bras pour sortir de la chapelle, quand deux gardes arrivèrent pour stopper la dispute et la bagarre.

Et c'est à ce moment-là que tout dégénéra, les amis des mariés vinrent en aide au jeune homme, et dans la cohue Kate se fit bousculer, ce qui énerva Castle qui tentait vainement de les faire sortir tous les deux pour rejoindre les filles dehors.

Sans qu'ils ne comprennent ce qu'il se passait, ils furent arrêtés pour désordre sur la voix publique et ivresse .

Placés dans une cellule de dégrisement l'un à côté de l'autre, avec interdiction d'avoir des visites, Kate dessoûla instantanément quand le policier, qui les avaient arrêté, les avertit que leurs parents étaient en route.

La main entre les mains de Castle, elle sentait la nausée la prendre davantage à chaque heure qui défilait. A ses côtés, Rick n'en menait par large, et bavardait sans cesse pour calmer son stress :

- Ton père ne peut pas me tuer dans un commissariat de police ?
- Rick
- Ma mère l'en empêchera….tu crois que ma mère l'en empêchera ?
- Rick
- On devrait s'évader, c'est ma seule chance de finir avec toutes mes parties intimes
- Rick !
- Quoi ? fit-il en fronçant les sourcils, devant son air fatigué. Tu ne peux pas savoir comment un homme tient à ses bijoux de famille
- Je…, commença Kate, avant de déglutir devant les trois silhouettes qui arrivaient devant eux

Sentant son air terrifié, Castle se figea sans oser se retourner, en murmurant à sa meilleure amie :

- C'est le moment où je perds mes bijoux?
- …oui, pleurnicha-t-elle en se levant, totalement terrifiée.

Inspirant fortement, Rick se retourna pour tomber sur le regard noir des parents de Kate et de sa mère. Les mains dans ses poches, il recula de quelques pas pour arriver à hauteur de son amie, et ferma les yeux d'appréhension.

- De tous les endroits où j'aurais pu venir te chercher, un poste de police n'était pas sur ma liste, déclara froidement Jim en les dévisageant tous les deux.
- Ivresse et trouble sur la voix publique ? Sérieusement, Richard ! le réprimanda Martha
- Je…
- Ne dis pas un mot !

Déglutissant devant la colère de sa mère, Rick hocha simplement de la tête, et prit la main de Kate dans la sienne pour lui montrer son soutien. Sa meilleure amie était tétanisée devant l'air réprobateur de ses parents, qui la dévisageaient avec tellement de déception qu'elle retint ses larmes.

Sentant sa gorge se nouer, Beckett fit un pas en avant sans lâcher Castle, et murmura en tentant d'amadouer sa mère :

- Maman, je….
- Mariée ! Tu t'es mariée !
- Quoi ? Je ….non , on…..
- Non ? Parce que te retrouver en robe blanche arrêtée dans « la chapelle de l'amour » c'est un non, Katherine Hougton Beckett!

- Rodgers, toussota Rick pour tenter d'apaiser les tensions

- Tu te crois drôle en plus! s'écria Johanna

- Je...non...définitivement non.

- C'est pas légal, c'est juste une blague pour…..
- Une blague ! hurla Johanna, qui n'en revenait pas de la naïveté de sa fille. La bonne blague est quand un officier de police te fait traverser le pays parce que ta fille mineure est ivre et mariée !
- Heu…non, Kate a raison, c'est pas officiel, ce mariage n'a rien d'officiel
- Non mais sur quelle planète vivez vous tous les deux ! Bien sûr que c'est officiel !
- Quoi ? déglutit Rick
- Une église ! Un pasteur ! Une robe ! Il vous faut quoi de plus ! cria Johanna
- Heu…les alliances. Il n'y avait pas les alliances, pas vrai Kate ? ….Kate ? répéta Castle en la voyant se décomposer.
- Comment as-tu pu épouser ma fille unique devant Elvis complètement ivre ! gronda Jim l'œil noir, en toisant Rick
- Je…je crois que je vais vomir, soupira Kate en sentant les larmes monter
- Que….. ;quoi ? s'inquiéta Rick en lui caressant le dos
- On est mariés ? suffoqua-t-elle
- Et en prison ! ajouta Johanna, alors qu'un officier venait lui ouvrir la cellule.

Reculant de plusieurs pas tous les deux en voyant la matriarche entrer, ils déglutirent devant ses mots :

- Vous avez consommé ce mariage ?
- Consommé…quoi ? s'étrangla Rick, en se cachant derrière Kate devant le regard de Jim
- Répondez-moi !
- Je n'ai pas touché à Kate, promis !
- Katherine ? siffla Johanna, hystérique
- Non ! bien sûr que non ! on pensait juste que c'était une blague, Maddie nous a assuré qu'il n'y avait rien d'officiel ici.
- Maddie ? Non mais depuis quand tu t'écoutes ? Tu es censée être la plus intelligente !
- Hey ! s'offusqua Rick, en se cachant à nouveau derrière Kate face au regard qu'on lui octroya.

Les doigts sur son arête de nez, Johanna tentait de garder le peu de calme qui lui restait. Elle avait pris le premier vol en direction de Vegas, depuis qu'un officier de police l'avait avertie que sa fille unique était en état d'ébriété et mariée à un certain Rick Rodgers.

Si au départ , elle avait cru à une mauvaise blague, son sang se glaça devant les charges qui étaient retenues contre eux. Elle avait dû avertir Martha qui n'était pas joignable chez elle, supporter son mari tout le trajet jusqu'au Nevada, et voir de ses yeux à quel point ces deux adolescents pouvaient être naïfs .

L'estomac noué, elle se retourna en empoignant fermement son mari, et sortit de la cellule avant de refermer la grille sous les yeux ébahis de Kate et Rick.
Martha, qui se tenait en retrait, tentait de ne pas assommer son fils unique devant cette énième bêtise.

- Maman, que fais-tu ?
- Je rentre me reposer à l'hôtel avec ton père et Martha, cracha, excédée, la matriarche
- Heu… et nous ? déglutit Rick
- Vous ? Vous vous êtes en cellule de dégrisement jusqu'à ce soir !
- Mais on a déjà passé toute la nuit et …Ok , abdiqua le jeune homme devant son air terrifiant.
- Je vais m'occuper de lever les charges contre vous en contrepartie de 100 heures d'intérêt général
- 100 heures ! s'écria Kate qui se voyait déjà ramasser les ordures dans les parcs tout son été
- Tu veux que j'augmente à 200? rugit Jim
- Non , non…..100 heures…..c'est plus que correct, n'est-ce pas Kate ?
- Et je vais faire annuler ce mariage !
- Je…
- Comment as-tu pu te marier comme ça ? Sans nous ? Quelle valeur t'ai-je donc enseignée? !
- Je sais, je sais…. ;je suis désolée,….maman écoute, s'il-te-plait, je….
- Non ! On reviendra vous chercher ce soir. Au revoir.

Et sans un autre mot, leurs parents partirent ensemble, en les laissant seuls au milieu d'une cellule dans le Nevada.
Se retournant pour voir sa meilleure amie, Rick soupira en la voyant en pleurs contre le mur. Se grattant la nuque, il tenta d'apaiser ses peurs avec un peu d'humour :

- Heu…ça pourrait être pire
- Rick !
- Quoi ? regarde j'ai encore mes bijoux de famille !
- Tu es impossible, soupira Kate, la tête entre ses mains. Mon dieu…on est mariés.

A sa déclaration, Rick sourit et se ravisa en repensant à tout ça. Il avait épousé sa meilleure amie devant sa copine actuelle dans un église face à Elvis . Lui qui rêvait d'avoir un mariage entouré de tous ses proche , déglutit en pensant à toute cette supercherie.

Doucement il se laissa choir à côté de Kate sur un banc et lui marmonna :

- Ouais….c'est toi qui voulais t'amuser, non ? Moi, depuis le début je dis que…
- C'est bon , monsieur je sais tout, le réprimanda Kate
- Oh allez, ça aurait pu être pire
- Ah oui ? Et comment ?
- Eh ben….heu….non, tu as raison…mais Kate, je…..
- Quoi ?
- Quand on sera dans nos deux habit oranges pour nettoyer les rues de New-York ?
- Hum
- Dis-toi que tu aurais pu être avec Rogan
- Oh mon dieu…tu as raison , ça aurait pu être pire, s'horrifia-t-elle, alors qu'il l'enlaçait tendrement pour lui embrasser les cheveux.
- Allez, plus que quelques heures et on sera libres
- Rick ?
- Hum?
- Merci…merci d'être avec moi. Et je suis désolée de t'avoir embarqué là-dedans
- Ne t'excuse jamais de m'avoir épousé, Kate Beckett…et si tu es en cellule… ;je suis en cellule, c'est comme ça que ça marche, non ?
- Oui….Toujours.
- Toujours

Fin du Flashback.


billy1  (02.02.2018 à 12:00)

CHAPITRE 10


Le récit de Kate et Rick avait subjugué la petite Alexis Castle. Elle avait été littéralement pendue aux lèvres de ses deux conteurs en herbe le temps d'une histoire. Rick avait cependant omis le passage où il épousait Kate, préférant ne pas trop en dévoiler à sa fille.

Après la fin du repas, Martha s'était éclipsée dans ses pénates en emportant avec elle sa petite-fille , sous le regard admiratif de Kate.

Elle n'aurait jamais pensé pouvoir vivre une soirée aussi décontractée et distrayante. La famille de Castle avait su la mettre à l'aise dès les premières secondes, et elle avait cette fabuleuse sensation de n'avoir jamais raté ces dix dernières années.

Seulement quand les deux rouquines s'étaient éclipsées , une gêne et une timidité s'étaient aussitôt installées entre nos deux protagonistes. Les yeux au sol, un verre à la main, ils cherchaient comment démarrer cette conversation tant attendue.

Rick s'exaspérait lui-même avec toutes les formules qui lui venaient en tête :
« Alors, dix ans, ça fait long »
« Qu'est ce que j'ai loupé ces dix dernières années ? »

Inspirant fortement, il se laissa choir sous le dossier de son canapé dans lequel ils s'étaient repliés en fin de soirée, pour tomber sous le regard amusé mais incertain de Kate, qui lui lança pour détendre un peu l'atmosphère :

- Alors tu vis avec ta mère ?

A cette question, il se mit à sourire et se détendit dans la seconde. Une main sous sa tête, une jambe sous ses genoux, il lui confia doucement :

- On est bien loin de la vie du playboy des tabloïds, hein ?
- Oui
- Je dois avouer que même si vivre avec ma mère à plus de trente ans est…..bizarre, ça a cependant certains avantages
- Elle vit avec vous depuis longtemps ?
- Depuis qu'Alexis à 3 ans.

Aux yeux écarquillés qu'elle lui présenta, Rick observa quelques secondes son verre de vin rouge avant d'ajouter :

- Son ex mari est parti avec toutes ses économies un beau matin
- Son ex-mari ? Ta mère s'est mariée?
- Oui,qui l'aurait cru, avec tout les prétendants qu'elle avait, elle a choisit un voleur... pas sa plus grande heure... Je crois que le mariage ne fonctionne pas très bien dans ma famille
- Je suis désolée, murmura-t-elle, gênée, en baissant le regard elle aussi sur son verre de vin.

La joie et la facilité de ce début de soirée avait laissé place à une réticence, une crainte. Ils avaient tous les deux peur d'aborder des sujets sensibles et de voir l'autre disparaitre une nouvelle fois.

Tout en se grattant la nuque, Rick contemplait Kate se mâchouiller la lèvre inférieure et se triturer les doigts nerveusement. Attendri et subjugué comme à chaque fois qu' il posait les yeux sur elle, il sourit en lui demandant naturellement :

- Et toi ?
- Moi ? déglutit-elle, en relevant le regard pour voir ses jolis yeux bleus l'observer
- Tu ne t'es jamais mariée ? Après moi, je veux dire, rectifia-t-il pour la faire sourire et la détendre.
- Non…..je n'ai jamais été mariée plus de dix minutes, avoua-t-elle alors qu'il la regardait avec amusement.
- Sans blague ?
- Hum. Le premier type que j'ai épousé était tellement insupportable que ma mère a annulé le mariage dans les 24 heures.
- Très drôle, sourit-il en repensant à ce pan-là de leur , tu sais…. ça t'irait comme un gant avec ton esprit de…..contradiction, tu devrais essayer une nouvelle fois.
- C'est une nouvelle demande en mariage, Castle ?
- Je… ;
- Non parce que , après la main blanche de Maddie et cette demande, je commence à me sentir insultée. Je mérite un peu mieux que ça , non ? sourit-elle de toutes ces dents, alors que son regard sur elle changeait du tout au tout.

L'amusement et la taquinerie avaient laissé place à beaucoup de tendresse et de nostalgie. Son regard posé sur elle lui retourna le ventre et la fit déglutir.

Seigneur, comment pouvait-il encore avoir autant d'effet sur elle avec un seul regard, se maudit-elle, alors qu'elle l'entendait murmurer tendrement :

- Touché…..la prochaine fois , je louerai une montgolfière, je jetterai des lettres dans le ciel avec peut-être un tableau publicitaire pendant une phase finale de Base-ball
- Un tableau publicitaire ? pouffa Kate en tentant de réfréner toutes les émotions qui se bousculaient au fond de son ventre à sa déclaration.

Elle savait qu'il ne pouvait pas être sérieux. Qu'il s'amusait simplement à la titiller comme au bon vieux temps pour alléger l'ambiance ici, mais l'entendre lui murmurer toutes les façons avec lesquelles il pourrait lui demander sa main, lui serra un peu plus le cœur.

- Tu as raison, ça manque de romantisme…on fera une ballade en hélico, ajouta-t-il souriant
- En général, les filles préfèrent les trucs un peu plus intimes
- Quoi ? fit-il un feignant d'être outré . Pas de ballade en hélico ?
- Castle, soupira-t-elle, en buvant une nouvelle gorgée de vin de rouge
- Tu sais…..blague à part, je me suis souvent demandé ce qui serait arrivé si Rogan O'Leary n'avait pas déclenché cette bagarre.
- Oh….et bien, je pense qu'on serait tous rentrés à New-York sans savoir qu'on était réellement mariés
- Tu penses ?
- Hum…..tu aurais certainement découvert la supercherie quand tu as épousé Meredith, continua-t-elle, la boule au ventre
- Hum….et j'aurais certainement pris ça pour un signe du ciel pour ne pas l'épouser
- Ne dis pas ça
- Je t'assure. Je me suis souvent dit que….enfin…je…
- Dis-moi ?
- Si ta mère avait été là, elle m'aurait remis les idées en place au sujet du mariage
- Si ma mère avait été là, tellement de choses auraient été différentes, souffla-t-elle peinée, en se passant une main dans les cheveux.

Elle le savait…..si sa mère avait été là , son père ne serait pas devenu cet ivrogne qui déambulait sans but dans la maison, elle n'aurait jamais été flic…..et Rick et elle…..tout aurait été différent si sa mère avait été présente dans leurs vies.

- Je….., déglutit-elle, en le voyant tout aussi triste qu'elle.
- Oui ?
- Alors d'après de ce que je sais…tu t'es marié deux fois, tu as eu une fille formidable, tu as fini nu sur un cheval de police, et tu as réalisé tout tes rêves d'écrivain….qu'est-ce que la presse ne dit pas ?

- Pardon ?
- Qu'est-ce que j'ai loupé d'autre ? reprit-elle, pour lui faire comprendre qu'ils ne devaient pas se lamenter mais profiter de ce temps qu'ils avaient ensemble.

- oh et bien...la presse ne dit pas que je suis meilleur que Patteron, et on sait tout les deux que c'est vrai.

- Je n'en suis pas certaine

- ¨Pardon?

- J'aime Alex Cross

- Tu ne peux pas dire ça! s'offusqua-t-il théâtralement

- Oh si, rit Kate devant sa mine déconfite. Alex est un personnage bien ficelé avec une intrigue accrocheuse à chaque fois , sans parler que cet agent secret est...sexy.

- Pas plus sexy que Derrick, bouda l'écrivain

- Hum...en tout cas, si je devais choisir entre ces deux personnages, je ne serais pas pour qui je pencherais. Il y a quand même un côté très mystérieux à Alex Cross, mentit Kate pour titiller Castle.

- Mystérieux ? Si tu veux du mystère, tu seras servie avec Nikki Heat. Elle va être si envoutante, si...

- Nikki Heat ?

- Oui, mon personnage basé sur toi.

- Nikki Heat? répéta avec incrédulité Kate en espérant qu'il la taquine

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a avec Nikki Heat ? Ce n'est pas assez accrocheur? Sourit de toutes ces dents Castle

Le toisant quelques secondes du regard pour voir s'il se moquait d'elle ou s'il était franc, Kate déposa son verre de vin sur la table en le dévisageant avant de lui rétorquer en sifflant :

- C'est quoi ce nom débile!

- C'est un nom de flic

- C'est un nom de stripteaseuse!

- Je t'avais dit qu'elle serait assez garce

- Change-le!

- Attend, une seconde...songe un peu à l'accroche : le super flic à la dent dure...Nikki Heat, d'ailleurs le titre du livre sera Vague de Chaleur, alors tu vois c'est...

- Change-le, le coupa-t-elle en le tapant sur le bras

- Aïe, rit Rick devant son air consterné. Et ...non!

- Si!

- Non!

- Richard Alexander Rodgers, tu...

- Whaou mon identité complète...ça ne sent pas bon pour moi, ricana Rick

- Tu ne peux pas me donner un tel nom

- Kate, Nikki est parfaite et son nom est parfait.

-Ah oui? Parfait, hein? Attend un peu que mon père lise ton bouquin et on verra si ce nom est parfait

- Ton père, blémit Rick en pensant à Jim

- Oui, sourit-elle heureuse de le voir toujours aussi intimidé devant lui. Tu as gardé tes précieux bijoux de famille après m'avoir épousé mais je ne suis pas sûr que tu les garde après ceci.

- Ton père m'aime, il ne me fera rien à moi ou à ...mes bijoux, déglutit-il en observant son entrejambe

- Tu en es sûr ? Tu veux vraiment prendre ce risque ?

- Oh et bien...je...heu...

- Ce serait dommage, non? ajouta-t-elle d'une voix suave et envoutante

- Tu...je...

- Tu es tellement facile , Rick! sourit-elle devant ses yeux écarquillés

- Tu es...méchante!

A sa déclaration, ils s'observèrent brièvement avant de se mettre à rire.

Finalement toutes leurs peurs étaient infondées, ils pouvaient toujours être Rick et Kate ensemble.

Toutes les blessures du passé n'étaient pas effacées ni même pardonnées, mais ce soir, à ses côtés, Kate entrevoyait enfin l'espoir de retrouver son ami.

XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX

- Alors comment s'est passée la soirée ? s'enquit Lanie au dessus du corps de la victime
- Bien, déclara Kate, en vérifiant que les gars étaient assez loin pour ne pas entendre le reste de la conversation
- Bien ? Bien comme c'était sympa de converser avec un vieil ami, ou bien comme…trop de choses se sont passées ?
- Comme la première chose
- Oh ? Et tu as fini avec ou sans ton pantalon ? sourit la légiste en l'observant de plus près
- Lanie !
- Simple question….alors ?
- Avec ! Bien sûr avec ! On est juste amis
- Espo et moi sommes juste amis, mais ça n'empêche pas les galipettes de temps en temps
- Oh mon dieu
- Oh, ne fait pas ta petite vierge effarouchée
- On est sur une scène de crime, pourrait-on avoir ce genre de conversation dans un lieu où une victime ne git pas à mes pieds, soupira Beckett
- Techniquement, elle ne git plus à tes pieds, elle est dans son sac mortuaire prêt pour sa dernière ballade
- Lanie
- Quoi ? j'attends cette confrontation depuis que tu m'as parlé de Rick Castle. Tu as enfin eu une soirée avec lui après tout ce temps, et tout ce que tu as à dire est : Bien ?
- C'était super….vraiment, soupira Kate, en passant une main dans ses cheveux tout en observant tous les policiers quitter la scène de crime
- Mais ?
- Il n'y a pas de mais. On a bu, on a ri, on a échangé quelques anecdotes, tout était …bien
- Alors pourquoi as-tu cette mine de chien battu ? Et pourquoi n'est-il pas sur la scène de crime avec toi ? Un meurtre à rituel vaudou, j'aurai pensé que ça le sortirait du lit.

Soupirant en se grattant la nuque, elle cherchait les mots pour clore cette conversation. Elle savait très bien que son amie ne lâcherait rien à propos de cette histoire, mais Kate était dépassée par tout ça. Elle avait passé une super soirée ….mais elle avait toujours l'impression de marcher sur des œufs. Ils avaient soigneusement évité les conversations gênantes, telles que la dispute à ce motel , il y a dix ans, les divorces de Rick et surtout celui avec Meredith.

- Kate ? reprit Lanie en fermant son attaché case, sans la lâcher du regard
- C'était...craintif, d'accord ?
- C'est normal , sweety, vous n'alliez pas évoquer vos plus grands échecs lors de cette soirée
- Non ?
- Non, sourit-elle devant l'air désabusé de son amie. Une amitié comme la vôtre ne se reconstruit pas en une seule et unique soirée. Et te connaissant, tu vas faire des pas de bébé
- Hey !
- Si vous avez réussi à passer quelques heures sans cris, mais en discutant et en riant , c'est bon signe , non ?
- Oui, tu as raison
- La seule question maintenant, est : qu'attends-tu de lui ?
- Que veux-tu dire ? demanda Kate, en fronçant les sourcils
- Tu veux un ami…..un ami avec avantage ou plus ? ….où vas-tu ? cria la légiste en voyant Beckett faire demi-tour en direction de la sortie comme si de rien n'était
- Cette discussion est close
- Oh, oh…..tu veux plus alors, la taquina-t-elle
- Au revoir, Lanie !

Elle savait très bien que Lanie tentait de lui tirer les vers du nez pour la faire réagir. Mais après cette soirée en compagnie de Rick, Kate savait déjà ce qu'elle désirait de lui, elle l'avait toujours su...et c'est ce qui la terrifiait.

XXXXXXXXX

Beckett était revenue au poste après avoir interrogé plusieurs suspects potentiels, mais avec les gars, ils se trouvaient devant une impasse . La tête entre les mains, elle soupirait quand une tasse de café apparut comme par magie devant elle, relevant le visage, elle découvrit Castle qui prenait ses aises sur la chaise à coté de la sienne :

- Merci, sourit-elle en lui montrant son nectar préféré
- Mon plaisir
- Je pensais que vous deviez écrire.. aujourd'hui ? demanda Kate en s'apercevant que les gars les observaient de loin
- Un imprévu est survenu et j'ai préféré fuir le loft
- Un imprévu ? Martha et Alexis vont bien ? s'inquiéta aussitôt Beckett
- Ça je ne pourrais pas le garantir, soupira Rick en se grattant la nuque.

Quand il releva les yeux et tomba sur son regard inquiet, il compris que ces mots pourraient être mal interprétés et que la jeune femme devait envisager les pires scénarios. Déglutissant, il préféra lui avouer le sujet de son inquiétude, en espérant que le début de leur amitié qu'ils commençaient à reconstruire ne serait pas balayé par cette révélation.

Toussotant, il inspira et murmura :

- Meredith est là
- Pardon ? fit Kate qui n'était pas certaine d'avoir bien entendu
- Méredith…..mon ex femme…..est au loft.
- Je croyais qu'elle vivait à Los Angeles
- C'est le cas….mais il semblerait qu'on lui ait offert un rôle à Manhattan…au théâtre.
- Meredith va vivre à New-York, déglutit Kate, en sentant un nœud dans son estomac
- Je…..je ne sais pas. Avec elle, tout est possible
- C'est bien, inspira douloureusement Beckett en revenant à son dossier, pour tenter de contrôler ses émotions.

Pourquoi était-elle aussi touchée par la nouvelle ? Elle devrait être indifférente à tout ça. Après tout Castle était juste son partenaire, son ami…il n'avait jamais été plus qu'un ami…..alors pourquoi l'idée de revoir cette peste de Meredith Harper la blessait autant ?

Certainement parce qu'elle lui avait déjà volé l'avenir qu'elle désirait et qu'elle éclatait la jolie petite bulle dans laquelle Kate s'était bercée depuis la veille.

Rick, lui, la dévisageait depuis quelques secondes, déçu de ne pas voir un soupçon de jalousie ou de colère. Il ne souhaitait pas que Kate entre dans tous ses états, mais sa réaction ne signifiait qu'une seule chose pour lui : elle avait tourné la page. Il n'était qu'un ami et les sentiments qui l'animaient par le passé à son égard n'étaient plus qu'un beau souvenir.

Abasourdi et peiné par tous ses espoirs qui s'envolaient, il lui demanda :

- C'est bien ? Et pourquoi donc ?
- Pour Alexis…..sa mère doit lui manquer. C'est peut-être une bonne idée, après tout.
- Mais oui, c'est ça…un jour quand Alexis avait 9 ans, Meredith est passée pour l'emmener déjeuner
- Et alors ? répliqua Kate, le ventre toujours noué
- A Paris. A Paris ! Et puis ensuite, elle a fait comme si rien n'était anormal. Cette fille est complètement givrée.
- Tu lui as fait un enfant, je te rappelle, claqua Beckett alors que les gars arrivaient à leur hauteur.
- C'était une erreur et tu…..vous le savez, se reprit Castle. Et puis….., ajouta-t-il en cherchant un commentaire qui pourrait faire oublier aux gars leur lapsus de tutoiement.
- Et puis ?
- Vous ne le savez peut-être pas mais le sexe avec les tarés comme elle…..c'est tout simplement monumental.

A sa réplique, il blêmit un peu plus en voyant les traits de Kate se durcir sous un voile de tristesse. Plaisanter de sa relation avec son ex, en impliquant leur vie sexuelle, n'était pas la meilleure idée qu'il ait eue.
Il savait très bien que la grossesse de Meredith avait été la cause de son éloignement. Il savait très bien désormais qu'elle avait eu des sentiments à son égard…en tout cas, il l'espérait, et, il savait très bien que cette nuit au motel, il y a plus de dix ans n'était toujours pas pardonnée. Ils ne l'avaient pas évoquée lorsqu'ils étaient tous les deux. La peur et la crainte de faire tout exploser une nouvelle fois l'avait emportée sur leur résolution de la veille.

Leur amitié était précaire…..plus que précaire, et exposer sa vie sexuelle avec Meredith était tout sauf une bonne idée.

Déglutissant en la voyant baisser le regard , il entendit simplement Javier ricaner en lui rétorquant :

- Les femmes saines d'esprit sont plutôt pas mal aussi, Castle
- Tu as raison…elles sont plus que pas mal, soupira Rick
- On a une enquête à élucider, alors si vous pouviez discuter de votre vie sexuelle en dehors du poste, je vous en serais reconnaissante, claqua Beckett en se levant pour se poser devant le tableau blanc.

Baissant le regard sur ses chaussures, il vit les gars reculer de deux pas quand tout à coup sa mâchoire se crispa , son cœur s'accéléra en entendant la voix d'une personne qu'il ne connaissait que trop bien :

- Non, il est hors de question que j'attende en bas, est-ce que c'est clair ? Vous savez qui paie votre salaire ? Moi et mes impôts !
- Non, grinça Kate en se retournant pour fusiller des yeux Castle
- Oh si, soupira-t-il
- Richard ! On est là ! s'écria une rouquine , une montagne de sacs de shopping à la main, aux côté d'Alexis.
- C'est la tarée du sexe ? demanda Javier
- J'en ai bien peur, déclara Rick, en se levant pour se tenir auprès de Kate et lui chuchoter doucement. Je suis désolé.

Désolé ? Il était désolé ? Comment pouvait-il l'emmener ici ? Comment pouvait-il l'exhiber sous ses yeux ? Furieuse et en colère, elle se retourna en inspirant calmement en tentant de se raisonner. Il n'y était pour rien ; il ne l'avait pas emmenée….alors pourquoi était –elle aussi paniquée ?

Elle le savait…parce qu'il allait découvrir la vérité. Il allait savoir que quelques semaines après leur nuit à l'hôtel, elle avait décidé de mettre son orgueil de côté et de venir le voir pour s'excuser….. il allait savoir que Meredith l'avait chassée et qu'elle l'avait laissée faire….il allait savoir qu'elle avait tenté de rentrer en contact avec lui pour le féliciter pour Alexis, et qu'une nouvelle fois, son ex-femme s'était dressée entre eux.

Mordillant sa lèvre inférieure, elle reculait de quelques pas quand elle entendit Castle demander à son ex-femme :

- Meredith….Que fais-tu ici ?
- A Los Angeles personne ne débarque jamais sans prévenir. Alors qu'à New-York... Je suis dingue de cette ville.
- Heu…Meredith, voici les lieutenants Ryan et Esposito, et voici le lieutenant …Beckett , déglutit Rick en voyant Kate reculer à nouveau.
- Oh le lieutenant Beckett. Ta nouvelle muse ? ….Oui, Martha m'a tout raconté. Moi aussi j'ai été son inspiratrice à une époque
- Le mot à retenir c'est « A une époque », souligna Castle pour apaiser les tensions de Beckett
- Très drôle, chaton
- Chaton ? ricanèrent les gars alors que Meredith toisait avec beaucoup d'indifférence Beckett
- Vous avez coupé vos cheveux ? ça vous donne un air plus sévère, argumenta Meredith
- Et vous êtes toujours aussi….magnifique, lança Kate en observant Alexis la regarder timidement. Coucou Alexis.
- Bonjour Kate
- Tu veux boire un chocolat chaud ?suggéra le lieutenant, en espérant pouvoir s'éloigner quelques instants
- Eh bien, je….
- Attendez, attendez…..vous vous connaissez ? les dévisagea Rick
- Tu connais la petite Castle, Beckett ? ajouta Espo
- Bien sûr qu'elle la connait. Richard et Kate étaient….amis dirons-nous, étant plus jeunes.
- Meredith !
- Quoi ? Ce n'est pas un secret , tout comme ce n'est pas un secret que ce sac est un faux, se défendit la rouquine en montrant une photo sur le tableau blanc.

La mâchoire ouverte , Rick tentait de se souvenir d'un moment où il avait présenté Kate à Meredith. Abasourdi par la bombe que venait de lâcher son ex-femme, il ne tint pas compte des visages tout aussi surpris des gars, et encore moins de la déclaration de Kate :

- Que voulez-vous dire par "c'est un faux" ?
- Ce n'est pas le sac de SJP
- SJP ?
- Sarah Jessica Parker ,répondit-elle en dévisageant un peu plus Beckett. Elle avait le même lors d'un défilé à Milan la semaine dernière. C'était dans la gazette de la mode.
- Eh bien ce sac était à l'une des victimes, déclara Kate, mal à l'aise devant le regard que Rick lui lança.

Il la regardait comme si elle l'avait trahi, comme si elle l'avait blessé. Déglutissant, elle tentait de se focaliser sur Meredith en espérant que les gars tiennent leur langues encore quelques instants de plus

- Eh bien c'est tragique, mais ça aurait été encore plus tragique, si ce sac était un vrai.
- Vous croyez que c'est un faux ? rétorqua Ryan, toujours sous le choc
- Il suffit de regarder le cuir et les coutures, évidemment c'est une contre façon. Assez bonne pour tromper une novice, mais moi je les repère tout de suite.
- Canal Street, pensa à voix haute Kate
- C'est là-bas qu'ils vendent les imitations de montres , de lunettes, ...
- Et de sacs, conclut Javier en coupant Kévin
- Le cabinet de la victime est juste à côté.
- Le magasin Dony, c'est le lien avec notre victime. Faites un tour là-bas, on peut peut-être identifier notre gars avec des caméras, reprit Kate en regardant les gars
- Mais…on voulait connaitre le fin mot de cette histoire
- Quelle histoire, pesta-t-elle
- Votre histoire. Alors vous étiez….
- Le magasin Dony, les gars. Maintenant !
- Ok, ok…

Soupirant en regardant son équipe s'éloigner d'un air bougon, Kate savait quelle allait devoir s'expliquer tôt ou tard avec eux. Elle qui voulait garder sa vie privée…..privée , s'était plantée depuis le début.

Se retournant en espérant que Meredith soit partie avec sa tribu, elle déglutit devant les yeux de Rick qui ne la lâchait pas du regard.

- Alors, chaton, tu viens avec nous pour profiter d'un bon repas en famille ?
- Rentrez sans moi
- Mais chaton…..
- J'ai dit sans moi, Meredith, déclara, sans appel et froidement , Castle qui avait l'impression d'avoir été berné depuis le début.

Embrassant sa fille sur le front, il observa quelques secondes son ex-femme partir, puis se retourna vers Kate et lui déclara un peu sèchement :

- Alors tu veux me dire comment tu connais Meredith ?

- Je...heu...

- Parce que dans tous mes souvenirs, je n'en ai aucun ou tu apparais à ces côtés et...

- Je l'ai rencontré quatre mois après cette nuit au motel, avoua-t-elle doucement

- Tu...je..., balbutia-t-il en la dévisageant

- J'étais venu pour te parler...pour...je ne sais pas, m'excuser pour mes propos.

- Tu es venu, dit-il choqué

- Hum

- Je ne t'ai pas vu et Meredith ne m'a jamais dit que...

- Elle m'a chassée Castle

- Pardon? siffla-t-il de colère

- Elle était enceinte de cinq mois environ, elle arborait ce joli ventre rond et...tu lui avais dit....Tu lui avais tout raconté.Tu lui avais dit combien tu regrettais.

- De quoi tu parles ?

- Je te parle de l'éléphant dans la pièce, de tes regrets, je te parle de cette nuit au motel, siffla Kate les yeux en larmes en se détournant de lui pour rejoindre la salle de pause et gagner en intimité.

Rick, lui , ne bougea pas d'un iota. Tout se chamboulait dans sa tête et cette nuit dans cet hôtel était tout ce qui accaparait ses pensées dorénavant .


billy1  (10.02.2018 à 14:41)

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