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Série : Castle
Création : 25.09.2019 à 11h34
Auteur : ArthurRrr
Statut : Terminée
Pour vivre heureux, vivons cachés… Comment être sûr qu’on ne s’oubliera pas et qu’on ne se perdra pas en cours de route ? Car tout n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît…
Cette fanfic compte déjà 16 paragraphes
Chapitre XI
Assise dans le canapé du bureau de Castle, Martha écoutait sagement son fils. Il lui raconta le projet la mission sous couverture qui les divisait, Kate et lui. Il lui confia sa jalousie, ses frustrations et sa déception. Sa mère avait toujours su être de bon conseil, alors il espérait que ce soit encore le cas aujourd’hui.
Face à cet aveu, Martha lui sourit tendrement.
Cela paraissait si simple dit comme cela, cependant rien n’avait été simple entre eux quand il s’agissait de se parler. Il souffla. Sa mère avait pourtant quitté son bureau depuis plusieurs minutes et pourtant, il fixait toujours sa porte. Devait-il l’appeler ? Pouvait-il l’appeler ? Évidement ! Mais accepterait-elle de répondre après son manque de courage de ce matin ? Si lui était profondément déçu, Beckett devait certainement être furieuse…
Il préféra laisser passer l’orage et écrire un peu avant de se confronter à la jeune femme. Ses notes manuscrites éparpillées sur son bureau, il ouvrit son ordinateur et tomba sur le sourire de Kate apposé en fond d’écran. La photo avait été prise pendant une balade sur une plage des Hamptons quelques semaines plus tôt. Pieds nus, les cheveux au vent, des lunettes de soleil sur le nez dans un pull marinière et un jean clair, elle regardait les vagues s’écraser à ses pieds.
…Flashback…
La main droite de Castle sur ses yeux, la gauche fermement placée sur sa hanche, elle se laissait guider jusqu’à la plage. Le jean retroussé jusqu’à mi-mollet, elle savourait la sensation du sable sous ses pieds nus. L’air frais du bord de mer lui caressait les jours et le souffle chaud de Rick frôlant légèrement son oreille l’électrisait. Comment pouvait-il réveiller son envie de lui aussi facilement ?
L’écrivain ne s’attendait pas à un « wow ! » ou à un « Ouais, enfin ce n’est qu’une plage » mais il ne s’attendait surement pas à ce qui allait suivre. La sentant se tendre à ses côtés, il caressa tendrement sa hanche.
Kate se posait des questions depuis plusieurs jours au sujet de cette relation. Sa relation avec Castle surpassait et de loin, toutes les précédentes. Il y a peu, une telle relation l’aurait effrayée et elle y aurait déjà mis un terme. Aujourd’hui, c’était différent mais les doutes et les questions n’avaient pas disparu pour autant. Elle se mordilla la lèvre inférieure avant de murmurer.
Elle adorait être ici, sur cette plage, avec lui. Elle adorait sentir ses doigts sous son pull caresser sa hanche. Elle adorait le voir aussi intimidé qu’un étudiant en première année. Mais Rick n’était pas un étudiant en première année, c’était un écrivain à succès qui se baladait avec une femme à chaque bras alors quel numéro portait-elle ?
Cette réponse était loin de lever l’ensemble de ses doutes. Mais elle put lire dans son regard toute sa sincérité. Elle lui sourit et caressa tendrement la joue de son amant où sa barbe reprenait ses droits lui donnant ce petit air si sexy. Elle l’aimait alors peu importe le nombre de femmes qui avaient frôlé cette plage avant elle à partir du moment où elle était la dernière. Elle était loin d’être prête à l’avouer à haute voix mais dans un futur proche, elle trouvera la force d’abattre les dernières pierres de ce mur intérieur et elle se confiera à lui. Elle en était intimement persuadée.
Un bras autour de sa taille, Castle savourait pleinement cette balade au bord de l’eau. Elle s’écarta légèrement, fit quelques ourlets supplémentaires à son pantalon et marcha dans les petites vagues. Elle ouvrit son bras espérant retrouver le corps chaud de son amant mais Castle secoua la tête comme un gamin.
Kate ouvrit la bouche puis la referma sans dire un mot. Finalement, elle ne put retenir un éclat de rire tant il semblait sérieux. Sa démonstration sentait tellement le vécu qu’elle n’eut aucun mal pour imaginer le petit Richard Rodgers rentrant chez lui en boudant parce qu’il avait été surpris par une vague.
Elle relâcha sa prise mais ne s’éloigna pas pour autant, tandis que Castle frottait vigoureusement son nez en gémissant. Les cheveux en bataille dans un gros pull, elle le trouvait terriblement sexy. Elle posa délicatement sa main droite sur son torse, caressa son pectoral puis son épaule. D’un pas, elle combla l’espace entre eux, et ondula lentement des hanches. Son regard ancrait au sien, elle adorait l’intensité qu’ils prenaient dans ces moments-là, comme si son corps lui criait « encore ». Elle remonta ses doigts jusqu’à sa nuque en accentuant son mouvement de hanches. Elle finit par se hisser sur la pointe des pieds et l’embrassa. Elle le voulait doux mais lorsque Castle happa sa lèvre inférieure, elle ne put résister et le baiser devint rapidement nettement plus sensuel.
…Flashback…
Castle passa nerveusement une main dans ses cheveux en pensant que ce jour-là tout semblait plus simple qu’aujourd’hui. Pourquoi leur complicité du boulot disparaissait lorsqu’ils redevenaient simplement Rick et Kate ? Parfois il ne lui suffisait que d’un regard pour la comprendre et pourtant, leur relation n’était une succession d’occasions ratées ou de non-dits. Aujourd’hui, ces non-dits étaient en train de ronger son couple…
Il fut sorti de ses pensées par trois coups frappés à la porte. Ce n’était pas la soirée pour une visite imprévue, il aurait préféré rester seul face à son ordinateur accompagné de quelques verres de whisky pour travailler sur une scène conflictuelle entre Nikki et Rook. Il était tellement inspiré dans ce domaine que les lignes ne devraient tarder à noircir les pages.
Les coups redoublèrent, il s’apprêta à râler mais se ravisa en songeant que Kate pourrait être derrière cette porte. Un sourire étira ses lèvres, se pourrait-il qu’elle ait affronté les bouchons newyorkais du début de journée pour s’expliquer ? Il l’espérait et pourtant, il n’y croyait pas.
Il disciplina ses cheveux et ouvrit la porte d’entrée en retenant son souffle.
Encore une nouvelle qui allait ravir Kate, et comme leur relation est au beau fixe, ce ne sera pas compliqué. Entre la soirée caritative de Vendredi soir, son départ boudeur et l’avancement de la tournée, elle allait être d’une humeur massacrante.
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Dans l’ascenseur d’un luxueux d’un immeuble de l’Upper East Side, Beckett réajusta quelques mèches de cheveux puis son échappe simplement posée sur ses épaules.
Arrivée au 22ème étage, elle balaya le couloir du regard à la recherche de l’indique de Crawford. Seulement, exceptés les deux gorilles postaient devant l’une des portes, elle était seule. L’espace d’un instant, elle douta du plan du Lieutenant des mœurs cependant, une jeune femme s’arrêta à sa hauteur.
Le type ne la quitta pas du regard. Il se mordilla la lèvre inférieure d’une manière si lubrique que Beckett se sentit mal à l’aise. Il semblait avoir mordu mais Kate devait mettre toutes les chances de son côté.
La lèvre inférieure toujours coincée entre ses dents, son regard lubrique passa de l’une à l’autre, ou plutôt d’une poitrine à l’autre.
Beckett afficha l’un de ses sourires les plus charmeurs, l’un de ceux face auxquels Castle serait tombé en pâmoison. A cette pensée, un soupir lui échappa. Après tout, il avait quitté son appartement le matin même sans un mot. C’était sans doute puéril mais s’il avait décidé de bouder, ce n’était pas à elle de faire un pas vers lui… Néanmoins, elle était forcée d’admettre que cette journée sans son homme avait été une torture. A son mal être sentimental, s’ajoutaient les lamentations des Bros, suite à la désertion de leur copine. Cette journée avait été un véritable enfer…
Elle suivit Carolina dans le salon démesurément grand d’un loft newyorkais. Perchée sur des talons d’une bonne dizaine de centimètres, elle slaloma entre les canapés dans une robe noire cintrée et indécemment courte. Assise sur l’une des chaises hautes du bar, les cheveux relevés dans un chignon négligé ne cachaient aux regards appréciateurs de la foule masculine ni son décolleté plongeant ni son dos dénudé.
Que le spectacle commence...
Chapitre XII
La vie est faite d’une multitude de premières fois comme son premier plongeon dans le grand bain, sa première bière, son premier cours à l’université, son premier trajet seul en voiture mais pour Kate, ce soir était également une première. Les missions sous couverture n’étaient pas monnaie courante et par conséquent, elles avaient toutes ce petit gout d’inédit.
Ce soir, elle était installée sur l’un des tabourets hauts d’un bar dans un loft new-yorkais qui dépassait tout ce qu’elle avait imaginé au cours de cette journée, même l’appartement de Castle ne faisait pas le poids. Le mur vitré donnant sur l’East River la fascinait, il offrait une vue imprenable sur la ville et toutes ses agitations nocturnes. Depuis son arrivée, elle observait un à un les hommes de la pièce, et le seul point commun était leurs comptes en banque. Jeune ou plus âgé, bedonnant ou athlétique, démocrate ou républicain, marié ou célibataire, finalement tout New York était là. Qu’ils soient affalés dans un canapé, debout près du mur vitré ou accoudés au bar, chacun minaudait auprès d’une jeune femme dans une tenue beaucoup trop courte pour être décente.
Loin d’être à son aise au milieu de ce spectacle, elle faisait légèrement rouler le pied du verre entre ses doigts, refusant de temps à autre les avances de la foule. Elle était là pour Prodov et elle espérait qu’il fasse son apparition rapidement, plus vite elle aura quitté cet endroit et mieux ce sera. Quelques canapés plus loin, elle vit Carolina abandonner son amant d’un soir pour la rejoindre au bar.
Depuis quelques secondes, Beckett n’écoutait plus vraiment la jeune femme. Au fond de la salle, un homme ne la quittait pas des yeux. Plutôt grand, dans un costume noir satiné, il revêtait un sourire charmeur plein d’assurance. Il s’approcha finalement d’elle, nul doute, Prodov venait de faire son apparition.
Un silence s’installa, chacun se toisait du regard cherchant à évaluer l’autre.
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A quelques mètres de l’appartement, au coin d’une rue, Esposito et Ryan patientaient dans une voiture en écoutant les péripéties de Beckett dans le loft. L’Irlandais était vraiment touché par cette histoire. Il savait que Jenny n’en croirait pas un mot et qu’Adams ne ferait pas vaciller son couple mais être visé directement, et avoir indirectement envoyé Kate dans cette situation, le chamboulait. En fin de compte, il se sentait responsable du froid entre Castle et Beckett. Dans l’après-midi, il avait donc pris la décision d’essayer de convaincre l’écrivain de se joindre à eux sans rien dire à sa supérieure. La discussion fut longue mais il accepta.
Ryan se contenta d’opiner du chef, Castle et Esposito avaient sans doute raison. En fin de compte, cette piste n’était peut-être pas la seule mais elle était solide. Prodov pouvait vraiment les conduire à Adams. A présent, il devait attendre que le piège Beckett se referme sur le proxénète.
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Une fois Carolina au pied des marches, il se rapprocha de Beckett et plaça sa main dans le bas de son dos. Loin d’être anodin, ce geste marquait une forme d’appartenance qui déplaisait fortement à la jeune femme. Elle serra les dents, finalement si elle se retrouvait dans cette situation, c’était grandement sa faute.
Dans un dernier clin d’œil provocateur, Prodov s’éloigna.
Dans la voiture, il ne fallut pas beaucoup de temps à Castle pour imaginer la suite et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne lui plut guère. Faire monter le premier venu ?! Hors de question.
Ce matin, il était en colère contre Kate et ce soir, elle était plutôt dirigée vers son impuissance à lui faire entendre raison. Peu importe ce qu’il aurait dit ou fait, elle serait quand même montée dans ce loft. Son envie d’aller au-devant des ennuis, indépendamment du prix à payer, prenait toujours le dessus. Au fond, cette détermination et cette volonté de rendre justice aux victimes avec la même force l’attiraient incontestablement chez elle. Ça faisait partie d’elle et il l’aimait. Rick savait qu’il ne pourrait pas la changer et loin de lui cette idée, mais parfois il souhaitait qu’elle prenne un peu plus de recul. Après tout, elle n’était plus seule aujourd’hui, ils étaient désormais une équipe.
Le claquement de la portière laissa place au silence dans la voiture.
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Beckett ferma les yeux et passa une main dans ses cheveux. Dans quelle situation rocambolesque s’était-elle encore fourrée ? Elle descendit de son tabouret, lissa sa robe et commença à slalomer entre les canapés à la recherche de celui qui allait la sortir de cette impasse.
Elle avança, et sur les conseils de Carolina, elle joua la femme sûre d’elle et distante. Après quelques pas, elle allait devoir se décider. Il y avait bien cet homme, assis sur l’un des poufs, plutôt grand et bel homme, une trentaine d’années et le regard dans le vide. Il semblait aussi perdu qu’elle. Un autre faisait tinter ses glaçons dans son verre de whisky, il arborait une cinquantaine bien tassée, légèrement dégarni. Il était loin de ressembler à Clark Gable, mais là n’était pas la question. Il esquissa un geste de la main et de toute évidence fit son plus beau sourire. Ce sera donc lui.
Après un léger soupire, Beckett s’avança vers son amant d’une nuit. Il ne lui restait plus que quelques pas à faire lorsqu’un homme s’interposa.
Bien sûr, elle était ravie qu’il soit là. Elle était heureuse de savoir que malgré leurs différends sur cette affaire, il ne l’avait pas laissée tomber. Mais d’un autre côté, pourquoi était-il là ? Pourquoi avait-il pris ce risque ? Pourquoi fallait-il toujours qu’il se prenne pour un flic ? Toutefois, plongé dans son regard bleuté, elle caressa sa joue. Elle ne pouvait pas lui reprocher d’être venu, pas aujourd’hui, pas après tout ce que cette enquête avait éveillé en eux.
La jeune femme s’assit sur l’un des canapés libres et regarda sa montre. L’heure défilait à grand pas, et elle ignorait encore comment Castle allait réunir la somme demandée par Prodov en plein milieu de la nuit. Dire qu’elle n’était pas inquiète serait mentir mais si Rick était monté jusqu’ici, il devait avoir une idée pour les sortir de là. Il lui arrivait souvent d’être irresponsable mais il changeait ces derniers temps. Parfois, le Castle intrépide du début lui manquait, toutefois elle ne lui avouerait jamais.
Kate approcha le dos de sa main du visage de son amant, elle caressa sa joue où sa barbe reprenait ses droits sans quitter son regard. Un frisson parcouru l’écrivain. Elle était forte, très forte, trop forte pour lui. Elle se décala et vint s’assoir sur ses genoux, ses lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres des siennes. Il prit une grande inspiration se rappelant que Ryan et Esposito entendaient l’ensemble de la conversation. Les doigts de la jeune femme se perdirent dans les cheveux courts de sa nuque.
Beckett leva les yeux sur la salle, et croisa le regard de Prodov. Elle lui sourit et embrassa sensuellement la joue de Castle.
Castle hocha la tête, et prit la main tendue de la jeune femme. Il la guida jusqu’à la fameuse porte rouge indiquée par Prodov. Lorsqu’elle s’ouvrit, ils tombèrent sur une chambre d’une taille démesurée, à l’image du reste de l’appartement finalement. Elle offrait un espace cosy, ils auraient pu en oublier qu’ils se trouvaient dans une maison close. En face de la porte se trouvait un lit king-size recouvert de draps en satin rouges et sur la droite, une baignoire sabot donnait un charme fou à cette suite. Kate retira un à un ses talons et savoura la sensation du parquet massif sous ses pieds.
Dos à elle, Castle n’en ratait pas une miette. Il ne saurait pas l’expliquer mais il la trouvait terriblement belle lorsqu’elle les quittait. La différence de taille l’obligeait à se dresser sur la pointe des pieds à chaque étreinte, c’était si mignon. Depuis plusieurs minutes, il détaillait chaque courbe de son corps, complétement absorbé par chacune d’elles, bien que celle de ses fesses retienne davantage son attention, il devait bien l’avouer.
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Devant la porte du loft de l’écrivain, Ryan regarda sa montre, 2h. Il blêmit à l’idée de devoir frapper et demander à Martha les 5 000 dollars dont ils avaient terriblement besoin pour leur enquête. Il se tourna vers Esposito qui n’en menait pas large non plus.
Au fur et à mesure des années, et malgré son inquiétude quelques fois, Alexis avait pris l’habitude de ne plus trop poser de questions quand il s’agissait de son père et de la police de New York. Elle se contenta d’aller réveiller Martha. Quelques minutes plus tard, la matriarche descendit les escaliers accompagnée de sa petite fille. Certes, elle ne voulait plus poser de questions mais sa curiosité n’avait pas disparu pour autant.
Martha esquissa un large sourire. Elle avait passé toute la matinée à écouter et rassurer son fils face à ses doutes. Elle était heureuse qu’il ait réussi à les mettre de côté pour aller soutenir la jeune femme dans cette affaire.
Chapitre XIII
Désormais pieds nus, Kate troqua sa robe de soirée contre l’un des peignoirs de la suite. Elle lâcha ses cheveux avant de tendre le deuxième peignoir à Castle. Finalement, être coincés dans cette chambre, jusqu’à ce que les billets arrivent, n’était peut-être pas une si mauvaise nouvelle. Sans avoir la possibilité de fuir, ils pouvaient enfin discuter.
Alors que l’écrivain s’allongeait sur les draps en satin, elle fit discrètement le tour de la pièce à la recherche d’une caméra dissimulée. Elle ne fut pas étonnée de n’en trouver aucune. Même si Prodov aurait pu faire chanter des hommes influents avec des images compromettantes, il ne voulait pas mettre à mal son business fructueux. Les rumeurs se répandent excessivement vite et la clientèle aurait déserté son établissement.
Elle déposa donc son oreillette sur la table de nuit et s’étendit aux côtés de son amant.
Loin de lui l’idée qu’elle puisse changer, et encore moins pour un homme, lui ou un autre. Cette dualité rythmant sa vie était ce qui à ses yeux la rendait complexe et frustrante mais non moins fascinante. Alors même s’il aurait préféré qu’elle n’endosse pas le rôle d’une escorte girl ce soir-là, il comprenait son désir de rendre justice aux victimes et à leurs proches ou son besoin d’aller au bout des choses dans une enquête. Toutefois, il était apeuré. Cette peur le rongeait depuis quelque temps déjà, bien avant qu’ils ne forment un couple. Sa mère avait raison, il devait apprendre à vivre avec ça mais pour l’instant, c’était plus facile à dire qu’à faire.
Pour la première fois, ils arrivaient à mettre des mots sur leurs ressentis sans non-dits et sans quiproquo. De part et d’autre, il y avait cette nuit une forme de soulagement. Ils avaient enfin réussi à en parler et à se comprendre. L’écrivain savait pertinemment que malgré cette discussion, ce sujet restera un point de discorde mais ils avaient enfin pu s’avouer leurs peurs. Après tout, les non-dits, les chamailleries et les occasions ratées étaient leurs spécialités.
Assis l’un en face de l’autre, les éclats de voix cessèrent.
« Je t’aime ». Trois mots, juste trois mots et pourtant, elle n’y arrivait pas. Elle n’avait aucun doute sur ses propres sentiments, ni sur ceux de son amant, mais prononcer ces mots à haute voix était encore au-dessus de ses forces. Son dernier « Je t’aime » avait été prononcé le matin du 9 janvier 1999 et il était pour sa mère. Il était l’un des derniers liens qui l’unissait à elle et elle avait peur de l’oublier. Elle ne désespérait pas de pouvoir redire prochainement ces quelques mots, pour Castle bien évidemment mais également pour son père. Même s’il ne disait rien et ne laissait rien paraître, Jim en souffrait aussi. Ce jour-là, il avait perdu sa femme, il avait sombré et avait vu sa fille se renfermer sur elle-même. Beckett en était consciente, toutefois comme lui avec l’alcool, elle était en train de se reconstruire, doucement mais surement.
Castle esquissa un sourire. Ce ne sont pas simplement ces mots qui l’avaient poussé à rester, son côté enfant avait grandement aidé, mais ils avaient attisé sa curiosité. Il avait été électrisé. Il l’était toujours, rien que d’y repenser, il en avait la chair de poule. Il la revoyait dans cette chemise bleue retroussée jusqu’au coude quitter la ruelle dans un déhanché provocateur.
Beckett se blottit au creux de son épaule. Honnêtement, des occasions ratées ce n’est pas qu’il manquait, il y en avait eu des tas… Elle ne pouvait pas prétendre le contraire. Les Hamptons étaient son plus gros regret, mais Los Angeles n’était pas mal non plus. Cependant, s’ils avaient cédé à ces occasions, est-ce qu’ils se feraient toujours ce petit effet-là ?
Ils se rallongèrent sur le lit, la chambre retrouvait son calme. En regardant le plafond, la jeune femme commençait à trouver le temps long. Elle avait pleinement confiance en Ryan et Esposito mais il y avait toujours une petite part d’inquiétude.
En prenant la décision de monter dans l’appartement pour rejoindre Beckett, l’écrivain n’avait pas mesuré toutes les difficultés. Il avait agi à l’instinct, peut-être un peu trop. Il n’avait aucun regret mais plus les minutes s’égrainaient et plus il doutait de son plan. Peut-être que sa mère n’avait pas réussi à réunir la somme… Peut-être que Ryan et Esposito avaient été coincés à l’entrée… Il y avait finalement beaucoup trop de variables. Le bruit de la serrure de la chambre le sortit de ses pensées.
Castle recouvra le corps de la jeune femme par le sien et l’embrassa passionnément. Cette enquête ne pouvait pas avoir que des inconvénients, il fallait tenir le rôle pour lequel il était monté. Surprise mais loin de désapprouver cette initiative, Beckett se laissa porter par le baiser. L’une de ses mains se perdaient dans ses cheveux tandis que l’autre caressait sa joue. Des toussotements les sortirent de leur étreinte.
Le couple quitta les doux peignoirs de la chambre. Ils se rhabillèrent, passèrent leurs mains dans leurs cheveux pour les rediscipliner et s’éclipsèrent de la suite à leur tour. Ils redescendirent au salon, Castle en profita pour caresser sensuellement la courbe de ses reins. Il déposa un léger baiser sous son oreille et disparu. Elle regarda autour d’elle et elle ne mit pas longtemps à trouver Prodov. Visiblement, il la cherchait également. Il s’avança, un grand sourire aux lèvres.
Kate sortit de l’immeuble et regagna la fraicheur de la nuit new-yorkaise. La soirée avait été longue, elle n’avait qu’une envie, se glisser dans un bon bain chaud avant d’aller retrouver les bras de Morphée.
Ce fut éreintée qu’elle passa enfin la porte de son appartement. Elle retira ses talons et laissa sa robe tomber sur le parquet. Elle se fit un café et monta dans la salle de bain. Elle ouvrit l’eau et alluma des bougies avant de rentrer dans la baignoire. Elle attrapa Vague de Chaleur, s’autorisant enfin à lâcher prise. Après de longues minutes et sentant l’eau refroidir, elle sortit de la baignoire. Elle s’enroula dans une serviette, se frictionna et s’écroula sur son lit. Elle se glissa sous les draps et s’endormit.
La sonnerie de son téléphone écourta sa grasse matinée.
Désormais bien réveillée, elle regarda sa montre. Il ne lui restait pas beaucoup de temps avant l’heure du rendez-vous et elle devait trouver un moyen d’avertir discrètement le poste et Castle.
Chapitre XIV
De retour devant l’immeuble du loft de Prodov, Beckett prit une grande inspiration. Elle alluma son oreillette pour être en relation avec Ryan et Esposito garés un peu plus loin. Elle n’en était sortie que depuis quelques heures et l’idée d’y retourner ne l’enchantait pas vraiment. Ce matin en rentrant, elle avait espéré qu’ils le coinceraient avant qu’il ne la rappelle. Cependant, il n’avait pas perdu son temps. Elle monta jusqu’au 22e étage et passa l’étape du gorille stationné devant la porte.
Assis sur l’un des canapés du salon, un 9mm posé sur sa cuisse, Prodov la regarda avancer dans la suite. Son sourire ne l’avait pas quitté, il la dévisageait des pieds à la tête.
Il ne put esquisser qu’un petit geste avant de sentir une vive douleur lorsque la balle traversa son genou droit. Alors qu’il tenait son genou à deux mains, Beckett écarta le 9mm et l’allongea à plat ventre.
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Debout devant le percolateur, il ne la quittait pas des yeux. Elle mordillait son crayon en relisant le dossier une dernière fois. Elle avait délaissé la robe d’escorte pour l’un de ses tailleurs habituels, mais elle n’en était pas moins magnifique.
Elle prit une profonde inspiration, ferma les yeux puis ouvrit la porte de la salle.
Castle et Beckett quittèrent la salle d’interrogatoire. Elle se doutait qu’il montrerait de la réticence, et qu’il ne livrerait pas Adams en un claquement de doigt. Le premier round s’arrêtait là, mais le combat n’était certainement pas fini.
Avec toute cette affaire, Beckett avait pratiquement oublié cette histoire de bal de la police avec son homme comme gros lot. Elle ne savait pas encore si elle irait et si elle enchérirait. Elle était tiraillée. D’un côté, elle n’imaginait pas le regarder profiter de cette soirée avec la première venue cependant, d’un autre côté, elle voulait garder leur histoire pour elle. Leur relation était encore toute neuve, qui a-t-il de mal à vouloir la protéger et la garder pour soi quelque temps ? Lanie lui dirait sûrement que ce « quelque temps » a assez duré et qu’il est grand temps de marquer son territoire mais était-elle prête pour ça ? Il lui restait encore quelques heures pour peser le pour puis le contre et prendre une décision. La jeune femme regarda Castle quitter le 12th, il lui adressa un long regard alors que les portes de l’ascenseur se refermaient.
L’échange entre l’avocat et le proxénète ne dura qu’un bref moment, à croire que la défense serait simple. Ils regagnèrent la salle d’interrogatoire et furent suivis par Esposito et Beckett.
L’avocat marqua un temps d’arrêt, il regarda Beckett puis Prodov. Il ne paraissait pas étonné de la tournure de l’interrogatoire, visiblement il l’avait anticipée. Son client était déjà connu des services de police de cette ville et cette fois, entre la criminelle et les mœurs, ce serait plus difficile de passer entre les mailles du filet.
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Allongée dans sa baignoire, Beckett savourait la sensation de l’eau chaude sur son corps. Elle ferma les yeux, cinq minutes, peut-être plus. Elle repensait à cette enquête et à tous les tumultes qu’elle avait causés. Désormais close, elle pouvait lâcher prise puisque la perquisition chez Adams avait été un franc succès. Dans le coffre-fort situé derrière le splendide Monet dans son bureau, les enquêteurs avaient trouvé un 9mm dont les balles restantes correspondaient à celles de la scène de crime, les photographies de Ryan et Beckett et des billets dont les numéros de série concordaient avec ceux transmis par Martha. La jeune femme n’en espérait pas autant pour boucler son affaire, visiblement Adams ressentait le besoin de garder des trophées de ses œuvres. Ce n’est que lorsque le métal froid des menottes lui encercla les poignets qu’il réalisa que le jeu prenait fin.
Finalement, elle éteignit l’eau et essora ses cheveux avant de sortir de la baignoire. Elle s’enroula dans une serviette et souffla. Si l’enquête avait été éprouvante, la soirée qui s’annonçait le sera tout autant. Elle n’avait pas eu de nouvelle de Castle depuis qu’il avait quitté le poste et elle allait le retrouver sur une scène jouant le 1er prix d’une mise aux enchères. Elle frissonna en y pensant. Pourquoi fallait-il qu’il se mette dans de telles situations ?
Enroulée dans sa serviette, une pile de vêtements sur son lit, elle cherchait la tenue parfaite pour cette soirée lorsque que l’on sonna à sa porte. Elle s’empressa d’aller ouvrir la porte, espérant que ce soit son amant.
Kate passa la tenue et se regarda dans le miroir. Lanie avait toujours eu un don pour les vêtements et ce soir, cette théorie se confirmait. Elle tourna sur elle-même, et se hissa sur la pointe des pieds pour voir comment cette combinaison mettait ses jambes et ses fesses en valeur. Elle imaginait parfaitement le regard de Castle tout à l’heure.
L’enquête étant désormais close, avec Ryan et Esposito, ils avaient décidé de passer à l’action et de prendre le jeune couple à son propre jeu. Ils comptaient bien profiter de cette soirée d’enchères pour les pousser dans leurs retranchements. Castle était coincé sur scène et finalement, tout était entre les mains de Beckett. Cependant, elle n’imaginait pas son amie enchérir et s’afficher proche de son écrivain aux yeux de tous.
La sonnerie du téléphone de Lanie coupa la conversation et Beckett souffla de soulagement. Demain, elle appellerait Lanie, et elles iraient boire un verre au Old Hunt. Elle lui avouera le changement de relation entre elle et son écrivain. Ce soir, elle en ressentait le besoin. Garder pour soi un tel secret commençait à la ronger de l’intérieur et elle devait tellement à Lanie qu’elle s’en voulait terriblement de lui mentir.
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La salle commençait à se remplir, chacun cherchant le petit carton avec son nom sur les différentes tables. Castle avait l’habitude de côtoyer les foules, mais ce soir dans son costume anthracite, il était terriblement nerveux. Toute la semaine, il avait songé à un moyen de fuir cette mise aux enchères. Il avait supplié Bob et le Commissaire de la police de New York mais il n’avait pas pu y échapper. Sur le côté de la scène, il observait les femmes récupérer leurs petites pancartes et désespérait de ne pas voir Kate arriver. Il baissa la tête, souffla en passant ses mains dans ses cheveux et ferma les yeux.
Il lissa une dernière fois son costume et afficha un magnifique sourire. Il avança sur la scène sous les applaudissements des invités appréhendant quelque peu la suite des évènements.
Chapitre XV
Castle était fait pour ces évènements. A l’aise en public, il n’avait pas le trac, ce n’était qu’une soirée de promotion supplémentaire finalement. Il adorait être l’objet de toutes les attentions, et bien plus encore quand c’était pour la bonne cause. Il était ravi d’aider la police de New York. Cependant, il savait pertinemment qu’à la place de Beckett, il vivrait cette soirée comme un enfer. Ce n’était pas une question de confiance, à peine de la jalousie. Il voudrait être le seul à danser avec elle toute la soirée, il voudrait être le seul à poser ses mains sur ses hanches ou à susurrer à son oreille. Malheureusement, il comprendrait aussi son mutisme ce soir, aurait-il enchéri si les rôles étaient inversés ?
La main de Gates sur son épaule le ramena à la réalité de la soirée. Il chercha des yeux celle qui accaparait ses pensées. Son regard accrocha le sien, elle s’asseyait aux côtés de Lanie dans une combinaison pantalon à damner un saint. Ses cheveux détachés lui donnaient ce petit côté sensuel qu’il aimait tant. Il espérait tellement qu’elle gagnerait ces enchères, il ne voulait passer cette soirée qu’avec elle.
Assise à table avec Lanie et le reste de la bande, le manche de son petit panneau entre le pouce et l’index, Kate s’interrogeait sur sa place. Elle écoutait les enchères s’envoler pour celui qui partageait sa vie dans le plus grand secret depuis quelques semaines. Il avait ravi son cœur depuis plusieurs années déjà. Elle était folle de lui, même si elle ne lui avouerait pas comme cela, il fanfaronnerait trop. Alors oui, elle adorerait se lever comme cette femme blonde de la première table et crier un montant exorbitant pour écarter la concurrence et affirmer sa position. L’argent n’était pas un problème, elle se souvenait de cette affaire de vols de bijoux dans la haute société new-yorkaise durant leur première année de partenariat. Lorsque Martha avait mis son fils aux enchères, il l’avait suppliée d’enchérir assurant qu’il la rembourserait après. Ce soir, elle savait que si elle prenait l’initiative de surenchérir chaque offre, Castle refuserait de la laisser payer. Cependant, ce n’était pas elle. Elle n’était pas comme cela, si elle enchérissait, elle le ferait selon ses propres moyens mais elle doutait que ça suffirait face aux grandes fortunes présentes dans la salle.
Lanie esquissa un sourire. A demi-mot et peut-être sans s’en rendre compte, elle venait de lui avouer les sentiments qu’elle éprouvait pour son écrivain. Depuis tellement longtemps, elle espérait que sa meilleure amie saute le pas. Elle voulait simplement qu’elle soit heureuse et Castle était l’homme parfait pour ça.
Castle ne réalisait pas vraiment ce qui venait de se passer. Il était persuadé de finir la soirée avec la femme blonde de la première table et en l’espace d’un instant, Lanie lançait une offre démesurée. Il ne bougea pas tout de suite, il regardait la table de ses amis l’air aussi perdu que Beckett. La jeune femme regardait toujours son amie avec effarement. Lanie était sa meilleure amie, elle venait une fois de plus de le démontrer ce soir. Elle lui en était reconnaissante et elle ne pourrait jamais assez la remercier. Elle lui murmura un « merci ».
Le duo de la soirée s’éloigna en direction de la maîtresse de cérémonie.
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La soirée caritative touchait à sa fin. La salle se vidait et seule la table du 12th était encore assise. Heureux d’avoir partagé ce moment, ils ne voulaient pas y mettre un terme. Lanie ne regrettait pas un seul instant son initiative, Beckett et Castle ne s’étaient pas quittés du regard. Certes, ils ne s’étaient pas encore confiés à eux à propos de leur relation naissante, mais il n’y avait plus de doutes à présent. Bien qu’elle aurait adoré que Kate se confie à elle, elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Elle connaissait le caractère réservé de la jeune femme concernant Castle. Elle était pleinement heureuse pour son amie.
Finalement, les trois couples se levèrent et regagnèrent le tumulte de la nuit new-yorkaise. Sur le trottoir, ils rigolèrent une dernière fois aux frasques de cette soirée avant de se séparer.
Le jeune couple monta dans le taxi sous le regard médusé des deux autres encore immobiles sur le trottoir. Kate était plutôt satisfaite de son effet. Elle aimait avoir le contrôle, ce n’était un secret pour personne et elle avait décidé que c’était le bon moment pour révéler à ses amis les plus proches sa relation avec son écrivain. Oui, il s’agissait bien de son écrivain. Cette mise aux enchères lui avait servi de leçon, et demain elle remercierait une énième fois Lanie pour lui avait épargné une soirée bien difficile. Après un long moment de silence dans le taxi, Castle se lança.
Alors que les deux jeunes femmes réglaient les derniers détails, Castle prit le chiot exténué par l’heure tardive dans ses bras. Il s’assit sur le canapé et le grattouilla sous le ventre encouragé par les grognements de satisfaction de Casper. Il adorait les chiens, mais il connaissait la réticence de Kate à ce sujet. Certes, il y avait des contraintes cependant elle devait bien admettre que ça mettait de la vie dans un appartement. Il était tellement mignon, il s’endormait sur les genoux de l’écrivain le faisant fondre un peu plus.
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Couchée depuis un peu plus d’une heure dans cette nuit bien commencée, Kate fut réveillée par de petits bruits provenant de la cuisine. Dans un geste plein de tendresse, elle caressa du bout des doigts le torse de Castle. Il émit un doux grognement avant d’ouvrir un œil.
Beckett se redressa et tira la couette sur sa poitrine, elle regarda Castle s’éloigner dans la cuisine. Il ne lui fallut que quelques instants pour entendre son écrivain geindre en bas des escaliers.
La nuit n’avait pas été de tout repos et pourtant Castle ouvrit les yeux avant 7h. Il s’étira longuement et se rapprocha de Beckett pour la prendre dans ses bras mais il fut freiné par un poids au pied du lit. Il redressa la tête et se laissa tomber bruyamment sur son oreiller, réveillant Kate dans le même temps.
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Un brin de parfum et Kate se regarda une dernière fois dans le miroir. La veille, elle avait pris une grande décision et il était temps de se jeter dans le grand bain maintenant. Elle ferma les yeux, passa une main dans ses cheveux et relativisa. Après tout, ce n’était pas si dur. Elle devait juste se laisser aller, se laisser guider sans trop réfléchir. En fin de compte, elle devait prendre exemple sur Castle. A cette pensée, elle rouvrit les yeux et un sourire éclaira son visage.
Kate attrapa son sac à main et disparu dans le couloir.
Chapitre XVI
Castle était rentré au loft afin de se reposer après cette semaine éprouvante. Il avait surtout grandement envie de débriefer avec Alexis sa première mission avec la police de New York. Il voulait tout savoir, absolument tout. Cette histoire de shifumi dans le couloir entre Ryan et Esposito, l’excitation en bas de l’immeuble, la peur face au gorille de l’entrée, l’exaltation pour trouver la bonne chambre… Il fut triste de ne trouver ni sa mère ni Alexis dans l’appartement en arrivant, mais il avait au moins la compagnie de Casper et il pourrait écrire quelques lignes en attendant.
Cependant, l’attente ne fut pas longue. Alors qu’il se servait un verre d’eau dans la cuisine, il entendit la porte d’entrée et le cri de surprise d’Alexis face au chiot allongé de tout son long sur le sol du salon.
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En milieu d’après-midi, Kate fit à son tour irruption dans le loft new-yorkais de l’écrivain. Elle croisa Martha, Alexis et Casper dans le salon et retrouva Castle dans son bureau. Elle s’appuya contre le chambranle de la porte et le regarda frénétiquement taper sur les touches de son clavier. Tellement captivé par Nikki Hard et Jameson Rook, il ne l’avait pas encore vue. Rarement elle le voyait aussi concentré et passionné par ce qu’il faisait, elle pouvait voir toute la passion qu’il avait pour l’écriture. Elle toussota, et son écrivain leva les yeux sur elle.
Il caressa sa joue et l’embrassa tendrement. Il avait encore du mal à réaliser toute l’avancée dans leur relation mais il était sûr d’une chose désormais, il ne voulait plus la laisser partir. Il tenait beaucoup trop à elle.
…Flashback…
Assise au pied du canapé, une jambe repliée sous ses fesses, Kate posa, sur la table basse, ses baguettes face aux barquettes désormais vides. Elle prit une gorgée de vin, jeta un regard à Lanie et finit par lui demander :
Kate porta son verre de vin à ses lèvres, sans ajouter un mot. Lanie avait raison alors pourquoi nier ? Elle avait décidé d’avancer dans sa relation avec Rick et ça passait par là même si s’ouvrir sur ce qu’elle ressentait, ses craintes et ses envies, était loin d’être facile.
…Flashback…
Castle lui répondit par un sourire, il imaginait très bien l’interrogatoire qu’avait pu mener Lanie cet après-midi. Il connaissait la jeune femme et il se doutait bien que Kate n’avait rien pu lui cacher mais il savait également qu’elle devait être heureuse pour sa meilleure amie. Son geste de la veille en témoignait, elle ferait n’importe quoi pour Beckett.
Kate fixa le regard de Castle, elle caressa du revers de sa main sa joue. Elle l’aimait, elle en était persuadée et cette discussion avec Lanie lui avait ouvert les yeux sur cette relation atypique qu’elle leur imposait. Elle craignait de s’ouvrir, probablement par peur de souffrir à nouveau. Rick était sans doute le seul capable en un claquement de doigts de la briser à nouveau. Elle était en période de reconstruction, pierre après pierre, il déconstruisait ce mur qu’elle s’était édifié. Il pouvait la briser bien plus qu’elle ne l’était avant qu’il ne rentre dans sa vie.
Seulement, aujourd’hui, elle réalisait enfin qu’avouer ses sentiments était peut-être une étape difficile pour elle mais si elle attendait trop, finalement comme pour plonger dans cette relation, elle risquait de le perdre. Elle ne pouvait pas imaginer de le voir partir parce qu’elle était frileuse.
Un sourire étira ses lèvres. Elle s’était imaginée prononcer ces mots qui la terrifiaient depuis tant d’années davantage durant une soirée romantique ou après une mission où ils auraient pu y laisser la vie. Cependant, elle devait avouer que les souffler au milieu de son bureau, juste elle et lui, était très bien aussi.
Doucement, elle prit une grande inspiration, et se jeta à l’eau.
Elle ne s’attendait pas au silence qui suivit. Elle regarda Castle qui était stoïque. Il semblait ailleurs, ni triste, ni gai, il paraissait juste absent. Puis en l’espace d’une fraction de seconde, son regard s’illumina et elle sut à cet instant qu’elle avait pris la bonne décision. Un soulagement la gagna, un poids quitta ses épaules, elle se sentait apaisée.
Leurs regards s’accrochèrent, ils étaient tous deux conscients du virage que venait de prendre leur relation. Entre l’annonce faite à Lanie et cette déclaration, il n’y avait plus de « gardons le pour nous » possible. Il ne voulait plus se cacher, il ne voulait plus revivre une soirée comme celle de la veille. Il l’aimait et il voulait le crier sur tous les toits. Alors certes, il ne le ferait pas parce qu’elle lui dirait qu’il est inutile de rester près du téléphone avant de lui coller une balle entre les deux yeux. Ils continueraient à son rythme cependant il ne pouvait être qu’heureux de cet aveu. Elle s’ouvrait à lui, elle avait suffisamment confiance en lui pour lâcher prise, il en était plus que ravi. A présent, de nouvelles étapes s’offraient à eux, de merveilleuses étapes.
Fin.