J’aime quand c’est Corny qui me livre ma pizza. Il ne me fait presque jamais payer. Eli se trouvait sur le divan et j'ai été frappée par le comique de la situation. Il était là, lui, le grand méchant Weevil, allongé sur le canapé de l’ex-shérif de Neptune, sans sa chemise, juste vêtu de ses jeans et de ses chaussettes, la télécommande posée sur son torse pendant qu’il jouait avec mon chien. J’adore le voir comme ça.
« Et une pizza spéciale pepperoni extra large gratuite, de la part de Corny. »
« Tu sais je n’avais jamais fantasmé sur une fille avec une pizza, mais là Veronica, tu fais tout le travail pour moi ! »
Déposant la boîte, j'ai fait un tour sur moi même, semblant assurément sexy dans mon jogging et mon top rose, avant de déclarer, « je pourrais manger un cheval. »
« Je te jure que tu manges plus qu'un camionneur ! »
Prenant place à côté de lui, j'ai ouvert la boîte et ai tiré la plus grande part. Après plusieurs bouchées, je lui dis, « il faut que je prenne des forces. »
« Pourquoi ça ? » a-t-il demandé tout en mâchant sa part de pizza.
« Parce que je veux plus que des baisers, » ai-je sincèrement répondu.
Reposant son morceau de pizza, il m’a dit « nous pouvons manger plus tard, » avant de m’allonger sur le canapé.
« Eli ! » ai-je ri nerveusement, posant mes mains sur ses épaules comme pour le repousser, mais ne voulant pas qu’il parte. Et je ne voulus pas qu’il s’en aille, surtout quand il a commencé à m’embrasser à sa manière le long de ma clavicule. Quand il a atteint le col de ma chemise, il a effleuré les boutons, tout en me caressant du regard. À mon signe d'assentiment, avec une grimace de plaisir, il m’a ôté ma chemise.
Il s'est appuyé sur ses bras pendant un moment, m’observant. Il me regardait depuis près d’une minute, moi n’ayant plus que mon petit soutien-gorge blanc avec un petit arc-en-ciel -
Waouh, sexy les sous-vêtements Mars !- et je ne pus m’empêcher de me couvrir de mes bras.
« Non, » m’a-t-il dit, se penchant pour m'embrasser. « Tu es magnifique Veronica. »
J'ai soulevé ma main, refaisant le contour des tatouages qu’il avait sur le torse puis ai soufflé. « Je ne suis pas la seule. »
Il m'a embrassée avec plus de force et j'ai fondu. Je ne sais pas comment, mais Eli a cette façon de me faire sentir que je suis la seule personne au monde, la seule digne de son attention. Et il était tellement doux, comme s’il ne voulait pas m'effrayer. Eli savait mieux que n'importe qui, que tout ce qui s’était dit à mon sujet l’année dernière, était faux.
Il avait été là au moment du faux test de pureté, celui que Megan et Jenna Jameson avaient fait. Après avoir remis les choses en ordre, je m’étais aperçue que je m'étais enfermée à l’extérieur de ma LeBaron et j’attendais un dépanneur quand je vis Weevil s’approcher de moi.
« Si ce n'est pas le plus bas score de pureté de toute l'histoire de Neptune, » m’avait-il rappelé.
« Hé, Weevil. »
Sortant un morceau de métal coudé, il l’avait fait glisser dans la fente entre la fenêtre et la porte, avait tiré le verrou vers le haut et j’avais entendu la porte s’ouvrir.« Tu te trimballes toujours avec de quoi forcer une voiture? »
Il a juste souri.
« Merci, » l’avais-je remercié avec sincérité.
« Tu sais, » m’avait-il dit, « je ne l'ai pas cru. »
« De quoi ? »
« Le résultat du test de pureté. Je ne l'ai pas cru. Il y a trop d’innocence dans tes yeux, Veronica. En outre, je doute que Kane n’ait découvert les mystères de Mars et qu’il sache comment s’y prendre.»
Je n’avais pas besoin de rire ; J'avais juste besoin que quelqu'un me croit, pour que je sache que je n’étais pas la fille dont Logan et les 09-ers peignaient le portrait. Parfois, ça fait du bien de réaliser qu’on n’est pas comme tout le monde le pense et de savoir que quelqu’un le sait.
« Mon Dieu, Eli, » ai-je haleté pendant qu'il commençait à embrasser mon ventre et à descendre doucement. Ses lèvres m'exploraient délicatement et mes mains caressaient sa tête.
« Tu as le goût de la vanille, » m’a-t-il chuchoté, ses mains roulant mon pantalon de jogging pour le faire descendre. Je me suis arquée, me relevant sur le divan, à la fois par plaisir et par crainte et lui ai dit « attends ! »
Eli s’était immédiatement arrêté, me prenant dans ses bras. « Ca va aller, » m’avait-il encouragé, repoussant mes cheveux au-dessus de mon épaule.
« Je ne veux pas qu’on aille trop vite. »
« Nous irons aussi doucement que tu le veux. »
J'ai souri et me suis penchée vers lui pour l'embrasser. J'étais convaincue que je pourrais embrasser Eli pour le reste de ma vie quand la porte d’entrée s’est ouverte sur mon père, un sac de nourriture chinoise à la main. Eli et moi nous sommes immédiatement séparés comme si nous avions été heurtés par la foudre.
* *
*J'avais vraiment pensé que le pire avait été quand mon père avait jeté Logan dehors, mais ce n’était rien par rapport à ce que l’on risquait Eli et moi : on n’avait même plus nos chemises !
« Papa, je peux tout t’expliquer, » ai-je commencé une fois que j’eus reboutonné ma chemise.
Il ne criait pas ; il était calme. C’était le calme avant la tempête. Posant son sac sur le comptoir il me dit : « je ne pense pas avoir besoin d'une explication, mais je voudrais juste savoir depuis combien de temps ça dure. »
« Juste aujourd'hui, » l’ai-je assuré, essayant de cacher Eli, ce qui était quasiment impossible. « Nous sommes ensembles depuis aujourd’hui. »
« Et que faisiez-vous à moitié nus sur le canapé ? »
« M. Mars, » a commencé Eli, se plaçant à côté de moi, me tenant par la main.
Mon père a regardé sa main, soupirant fortement. D’une voix lasse, il dit « je ne suis pas étonné par ce qui s’est passé et je ne suis pas fâché, mais je pense que tu devrais y aller, Eli. »
Il a incliné la tête et j'ai demandé, « Je peux le voir dehors 2 minutes ? »
Mon père a accepté et s’est dirigé vers la cuisine.
Une fois dehors, j'ai dit à Eli « je suis désolée. »
« Nan, ce n’est pas grave. Attends que ma grand-mère nous attrape. »
Je ne pu m’empêcher de grimacer. « Suis-je toujours invitée à dîner ? »
Eli a incliné la tête et m'a légèrement embrassé. « Je te donnerai plus de détails lundi. Ne t’inquiète pas, ton père n’a rien dit, alors je ne pense pas que le shérif découvre mon cadavre demain matin.»
« Ne t’inquiète pas. Il t’aime bien. »
« Je pense qu'il m'aimait davantage avant ça. »
Glissant mes bras autour de son cou, j'ai posé mon front contre le sien et dit, « aujourd'hui c’était parfait. »«
Seulement grâce à toi » m’a-t-il expliqué.
« Veronica ! » a hurlé mon père de l'intérieur de l'appartement.
« Je t’appellerai plus tard, Angelita. »
Je l'ai observé jusqu'à ce qu'il se soit éloigné avec sa voiture. Quand je suis entrée dans l'appartement, mon père était toujours assis sur sa chaise mais cette fois il regardait fixement la deuxième série de photos que nous avions prises au parc.
« J’espère que le voyage s’est bien passé. »«
C’était stupéfiant, » ai-je confirmé.
« Eli, alors ? »
« Oui, Eli. »
Il soupira avant de demander, « il te rend heureuse ? »
« Il me rend plus heureuse que ne l’ai été depuis un moment. »
« Alors c’est tout ce qui m’importe. Tant que je ne vois plus jamais ce qui vient de se passer. »
Je n'ai jamais autant aimé mon père qu’à ce moment là.
Je ne savais toujours pas qui était le responsable de l’accident du bus ; ni pourquoi on voulait accuser Logan du meurtre de Félix ; ni ce qui allait se produire lors du procès d’Aaron. Mais pour la première fois depuis deux ans, je me rendais compte que désormais ma vie allait être meilleure.
Avec Eli, je me sens prête à faire face à n’importe quoi ou n’importe qui... après tout, je ne suis plus seule maintenant, nous sommes deux.