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Série : Veronica Mars
Création : 19.06.2007 à 12h37
Auteur : sarah
Statut : Terminée
« Expérience littéraire de sarah et lili59 ... ça promet! » sarah
Cette fanfic compte déjà 32 paragraphes
Veronica est assise par terre, dos contre un mur, dans une petite pièce sombre.
Voix-off Veronica : Notre recherche sur le contact de Lynn Echolls n’a pas donné grand chose… Vince Friedman, 37 ans, sous-fifre dans une succursale bancaire à Neptune. Etudes à Hearst, pendant lesquelles il a épousé Lisa Frale. Divorcé depuis deux ans. Père modèle qui emmène ses deux garçons de 13 et 15 ans aux matchs de basket ; employé modèle qui figure chaque mois au tableau d’honneur de son entreprise ; citoyen modèle qui paye ses impôts et donne chaque mois 50 dollars à l’Armée du Salut. Elle pousse un soupir. Une vie parfaite pour un homme parfait… Bel homme qui plus est. Elle sourit. Je devrais jeter un coup d’œil sur les sites de rencontres pour voir s’il y est inscrit. J’en ferais bien mon Tom Hanks…
Un petit bruit se produit à côté d’elle, la faisant sortir de sa douce torpeur.
Veronica, murmurant : Fais un peu attention ! Ce n’est vraiment pas le moment de nous faire repérer !
Léo est assis à son bureau, plongé dans un dossier.
Il relève la tête et regarde la pendule : 21h15. Il se replonge dans sa lecture. Soudain, un bruit de moteur grandit peu à peu. Léo, intrigué, se lève et se rend à la fenêtre. A l’autre bout du parking, à environ 200 mètres, deux motards sont en train de descendre de leur engin. On ne distingue pas leur visage dans la pénombre ambiante. L’un d’entre eux allume une cigarette. Quelques secondes plus tard, il commence à crier, en faisant de grands gestes. Son interlocuteur lui répond de la même manière. Ce dernier donne alors un violent coup de poing dans le ventre du fumeur, qui s’écroule. Léo se précipite vers son bureau et allume la radio.
Léo, avec un débit rapide : Appel à tous les véhicules ! Je répète : appel à tous les véhicules !
La radio grésille.
Léo, encore plus rapidement : Appel à tous les véhicules ! Bagarre sur le parking du bureau du shérif…
La radio grésille.
Léo, un brin paniqué, s’énervant : Bon sang est-ce qu’il y a quelqu’un ?
Toujours pas de réponse
Léo, murmurant : Eh merde… Ils doivent tous être au resto.
Il regarde dans la direction de la fenêtre et réfléchit rapidement. Il serre les dents, ouvre le tiroir de son bureau, récupère son arme, et sort du bureau en courant.
Veronica, toujours dans la petite pièce sombre, est debout. Son oreille est collée à la porte.
Voix-off Veronica : « Les vrais paradis sont ceux qu’on a perdus »
Elle pousse un léger soupir, attristée, mais se ressaisit aussitôt.
Veronica : Allez, on y va…
Elle ouvre la porte, et cligne des yeux en affrontant la lumière inondant le bureau du shérif. Juste derrière elle, Logan sort de leur cachette. Veronica se précipite vers le bureau d’Inga, en sort un trousseau de clés qu’elle jette à Logan.
Veronica : Nous n’avons que quelques minutes, dépêche-toi…
Logan : Après m’avoir fait poireauter pendant des heures dans ce placard à balais tu voudrais que…
Veronica, le coupant fermement : Dépêche-toi ! C’est la clé…
Logan, la coupant à sa tour : Rouge, je sais…
Il s’éloigne rapidement tandis que Veronica se dirige à grands pas vers le bureau du shérif. Elle réveille l’ordinateur en veille.
Voix-off Veronica : Voyons si notre cher shérif a trouvé des informations intéressantes sur l’enquête la plus en vu du moment…
Sur l’écran, une page apparaît.
Voix-off Veronica : Grr… « Veuillez entrer le mot de passe ». Espérons que Lamb n’a modifié celui de mon père…
Elle tape un mot, mais l’accès lui est refusé.
Voix-off Veronica : C’est pas vrai !
Elle s’assied et, les coudes posés sur le bureau, la tête entre les mains, réfléchit. Soudain, un sourire illumine son visage et elle tape un nouveau mot. L’accès lui est autorisé.
Voix-off Veronica : Le « magicien » est tellement prévisible…
Sur le bureau, elle remarque une icône « Echolls ». L’image de l’icône est une photo volée par un paparazzo, représentant Lynn Echolls nue dans sa piscine. Veronica soupire en hochant la tête. Elle clique dessus et, sans prendre la peine de lire son contenu, se l’envoie par mail. Tandis que le téléchargement se termine, elle relève la tête.
Veronica, haussant la voix : Logan, tu l’as ?
Pas de réponse. Veronica soupire, remet l’ordinateur en veille et sort du bureau de Lamb. Elle s’engouffre dans le couloir et s’arrête devant une porte entrouverte. Elle la pousse délicatement. Dos à elle, Logan se tient debout, dans le cagibi des pièces à convictions. Il a la tête baissée.
Veronica : Est-ce que tu l’as ?
Logan se retourne doucement. Ses yeux sont mouillés. Dans ses mains, il tient une bague en plastique sertie d’une grosse pierre rose en métal.
Logan, la voix entrecoupée de sanglots : C’est la bague que je lui avais offerte à la fête des mères lorsque j’avais cinq ans…
Léo se rapproche du fond du parking. Il sort son arme et la pointe dans la direction de l’homme en train de tabasser le motard, toujours par terre.
Léo : Ne bougez plus !
L’agresseur, surpris, se tourne vers lui. Puis il explose de rire. Il regarde sa montre.
?: Trois minutes et vingt-huit secondes ! J’ai gagné Felix !
Léo plisse les yeux, totalement ébahi. Il s’approche davantage de l’individu.
Felix, se relevant : Vous n’auriez pas pu vous magner non ? A trente secondes près je gagnais !
Léo, complètement interloqué, baisse son arme. Felix époussette son jean avec ses mains. Il n’est absolument pas blessé.
Léo : Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
Felix : Mon pote et moi on a parié sur le temps qu’il fallait aux poulets pour intervenir, entre le moment où ils reçoivent l’alerte et le moment où ils se bougent le cul… J’avais dit moins de trois minutes, je viens de me faire griller…
En soupirant, il sort son portefeuille de sa poche et tend un billet de 50 dollars à son complice.
Weevil, l’empochant : On se refait ça quand tu veux…
A ce moment-là, une sirène retentit. Une voiture de police s’arrête sur le parking. Lamb en sort. La main sur son ceinturon, il s’approche de Léo.
Lamb, murmurant : J’ai reçu ton appel radio. Il y a un problème ?
Léo jette un regard en coin aux deux jeunes gens. Il réfléchit en quelques instants et, semblant rapidement calculer où se situe son avantage, finit par chuchoter à son patron.
Léo : Fausse alerte patron, désolé…
Lamb, mâchant son chewing-gum, dépasse Léo et s’approche des deux compères. Weevil lui adresse un sourire moqueur. Lamb s’arrête, à la fois de marcher et de mâcher sa friandise.
Lamb, murmurant : Eli Navarro… Se tournant vers Léo. Ca ne t’a donc pas suffi la première fois ?
Il se précipite vers le bureau. Léo est incrédule, tandis que Weevil perd son sourire narquois.
Weevil : Hé !
Léo, le regarde et, semblant enfin comprendre, se précipite à la suite de Lamb.
Veronica s’approche de Logan et pose sa main sur son bras.
Veronica, murmurant : Je suis désolée Logan…
Long silence. Veronica regarde Logan, abattue. Elle finit par tourner la tête en direction de la porte et se tourne à nouveau vers le jeune homme.
Veronica : Il faut vraiment y aller maintenant…
Elle saisit doucement la bague de la main de Logan, qui la lâche à contrecœur. Elle la replace dans une boîte en carton, ferme le placard grillagé et pousse délicatement Logan, sonné, hors de la pièce qu’elle referme derrière elle. Ils se dirigent vers l’accueil et Veronica remet les clés dans le tiroir d’Inga. Un bruit de pas pressé se fait entendre. Veronica et Logan s’examinent, un peu affolés. Veronica regarde autour d’elle. Son regard se concentre sur une porte. Logan suit son regard. Ils tournent la tête l’un vers l’autre pour s’observer.
Logan : N’y songe même pas…
Veronica prend la main de Logan et le force à la suivre dans la pièce qu’elle a repérée. Au moment où elle ferme la porte derrière eux, Lamb entre dans le bureau. Désert. Il se précipite vers le bureau d’Inga, ouvre le tiroir et y trouve les clefs. Il s’en empare, se dirige vers la salle des pièces à conviction qu’il ouvre frénétiquement. Il s’empare du carton Echolls, l’ouvre et vérifie son contenu. Rien n’y manque. Il fronce les sourcils, repose la boîte et retourne dans le hall d’entrée.
Léo, arrivant, essoufflé : Alors ?
Lamb, mettant un doigt sur sa bouche : Chut…
Au bout de quelques secondes, on entend un léger bruit de chute venant des toilettes pour dames.
Dans les toilettes pour dames.
Veronica, furieuse, regarde Logan. Il ramasse une boîte de mouchoirs tombée par terre.
Veronica, murmurant : Fais-moi penser à t’acheter des mains habiles pour ton anniversaire…
Voix-off Veronica : Mais pourquoi je l’ai emmené dans les toilettes ? J’aurais tout simplement dû leur dire que je l’accompagnais pour qu’il présente ses excuses! Comment je vais justifier ça moi maintenant ? C’est vrai : tu n’es vraiment pas si maligne que ça Veronica…
Un bruit lui fait tourner la tête. La poignée de la porte est en train de tourner. Veronica regarde autour d’elle, à la recherche d’une nouvelle cachette, lorsque son regard se pose sur Logan. Elle fait une grimace de dégoût et, prenant une grande inspiration, l’embrasse.
Veronica est allongée sur son lit, elle regarde le plafond, toute habillée. Le soleil perce à travers les rideaux fermés. Le radio-réveil à ses côtés se met à résonner : il est 8h30 du matin. Veronica l’éteint et reprend la même posture.
Voix-off Veronica : Je savais bien que je n’aurais pas dû lui donner de faux espoirs, que j’aurais dû continuer mon enquête incognito. La chute n’en a été que plus terrible…
Flash-back.
Logan : Veronica. Elle le regarde, il a l’air gêné. Je voulais te poser une question. Un grand sourire se dessine sur son visage. Entre Duncan et moi, lequel embrasse le mieux?
Elle le frappe et part en direction de sa voiture, frissonnant en repensant à ce qui vient de se passer dans ces toilettes.
Logan, en riant : Allez Ronnie! Sois honnête! Pour lui-même. J’ai toujours pensé que j’étais plus doué que lui avec les filles…
Veronica monte en voiture et démarre. Elle s’arrête au stop à la sortie du parking et regarde dans son rétroviseur. Son visage se décompose. Derrière elle, Logan s’est laissé choir le long de son SUV. Il a les mains sur son visage. Veronica se pince les lèvres et hésite. Elle finit par hocher la tête et par partir.
Fin du flash-back
Voix-off Veronica : Dans l’excitation du moment, Logan n’a pas craqué. Le contrecoup a dû être terrible… Elle soupire. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi Mrs Echolls portait cette bague lorsqu’elle a sauté du pont… L’heure de la mort exclut la possibilité que, après s’être rendue à Neptune High, elle soit repassée chez elle. Alors pourquoi portait-elle cette bague ridicule ? On ne peut pas dire que ça allait avec le petit ensemble Gucci blanc qu’elle portait ce jour-là… Elle réfléchit et semble avoir une illumination. A moins qu’elle n’ait prévu de se suicider avant même son altercation avec son mari… Elle se tourne sur le côté, en position fœtale. Toujours est-il que Logan a bel et bien perdu sa mère… Et toi maman, où es-tu ?
Veronica reste ainsi quelques secondes, les yeux dans le vide. Elle finit par se ressaisir et s’empare d’une liasse de feuillets sur sa table de chevet. Elle s’assoit sur son lit.
Voix-off Veronica : Bizarre, j’ai comme une impression de déjà-vu… Elle soupire. Toujours est-il que, même si la mère de Logan est bien morte, ça ne me donne pas l’identité de mon prétendant secret. Ni son mobile… Notre cher Lamb aurait-il découvert quelque chose d’intéressant d’un coup de baguette magique ?
Elle commence à parcourir les feuillets. Soudain, son attention est retenue par une photo. Elle la retourne pour y lire la légende manuscrite. Elle fronce les sourcils et, après quelques secondes, sourit.
Voix-off Veronica : Abracadabra !
Le portable de Veronica se met à sonner. Elle s’en empare et, à la vue du nom de l’appelant, son visage s’illumine. Elle décroche.
Veronica : Bonjour papa !
Keith : Bonjour chérie.
Veronica : Alors ?
Keith : Alors ? Alors mets ton plus jean, je t’emmène dîner dans un resto chic ce soir !
Veronica : Wouh wouh wouh !
Keith : Qu’est-ce qu’on dit ?
Veronica, surprise : Heu… Merci ?
Keith : Chérie tu me déçois…
Veronica, comprenant : Oh… Bien sûr ! Tu es mon héros !
Ils sourient.
Keith : Je serai à Neptune à 20h environ. Oh… Et je viens de recevoir un appel concernant l’autopsie, elle est terminée.
Le visage de Veronica s’assombrit. Elle joue avec une mèche de cheveux.
Veronica : Oh… Merci papa, mais je suis déjà au courant des résultats.
Keith : Tu es bien une Mars ! Logan doit être soulagé ?
Veronica s’immobilise, bouche bée.
Veronica, éberluée : Pardon ?
Keith, sur un ton conciliant : Oui, bien sûr, ça signifie qu’il faut continuer les recherches, mais en tout cas c’est déjà un bon point que le corps ne soit pas celui de sa mère…
Veronica, médusée, garde le silence.
Keith : Chérie ?
Veronica, semblant reprendre conscience : Oh mon Dieu…
Elle farfouille les papiers sur son lit et ressort la photo trouvée précédemment.
Keith : Veronica tout va bien ?
Veronica : Papa… Je crois que le corps dans le fleuve n’est pas dû à un suicide. Je crois que Mrs Echolls a commis un meurtre…
Veronica est dans sa voiture. Elle observe une grande maison, coquette mais relativement simple, à la limite du quartier des 09’ers. On est bien loin des villas de luxe poussant comme des champignons à quelques centaines de mètres de là. La jeune détective a l’air préoccupé. Elle consulte sa montre : 13h40. Elle finit par hocher la tête en soupirant.
Voix-off Veronica : Parfois dans la vie, il faut savoir faire tapis…
Elle sort de son véhicule, une grande enveloppe marron à la main. A grands pas assurés, elle rejoint la maison, ouvre le portillon, et se dirige vers la porte d’entrée. Elle sonne. Quelques secondes plus tard, un homme d’une petite quarantaine d’années vient lui ouvrir. Il est splendide : 1.85 mètre, mâchoire carrée, carrure d’athlète. Ses cheveux grisonnants mettent en valeur ses yeux noisette et rieurs.
? : Bonjour. Avec un petit sourire gentiment navré. Je suis désolé mais j’ai déjà acheté 5 tickets de tombola à un de vos petits camarades...
Veronica : A vrai dire, je suis ici pour une visite de courtoisie.
?, fronçant les sourcils : Nous nous connaissons ?
Veronica, avec un sourire intrépide : Pas encore, mais ça ne saurait tarder… Mrs Echolls nous présentera sans doute. Pourrais-je lui parler ?
L’inconnu, abasourdi, ouvre légèrement la bouche de surprise. Il se ressaisit aussitôt.
?, d’un ton sec : Excusez-moi, mais je vois pas du tout ce dont vous voulez parler… Bonne fin de journée.
Il tente de refermer la porte mais Veronica la bloque du pied.
Veronica, lui tendant l’enveloppe : Ne me forcez pas à déposer ceci au bureau du shérif s’il vous plaît docteur Friedman…
Interdit, le docteur Friedman s’empare de l’enveloppe et consulte d’un coup d’œil les documents à l’intérieur. Sa mine se défait. Il regarde Veronica, totalement dépité.
Veronica, sur un ton encourageant : Encore une fois, il ne s’agit que d’une simple visite de courtoisie…
Le docteur Friedman la contemple longuement ; son regard est si puissant qu’il paraît lire l’âme de son interlocutrice. Il finit par lui adresser un sourire poli et, d’un geste de la main, l’invite à pénétrer dans la demeure.
Docteur : Qui dois-je annoncer ?
Veronica, entrant : Veronica Mars…
Le docteur la précède dans le couloir. Veronica le suit de près. Elle a un petit sourire de victoire aux lèvres.
Voix-off Veronica : J’aurais dû accompagner papa à Las Vegas : je suis imbattable au bluff…
Ils pénètrent dans un vaste salon blanc, très lumineux. Au fond de la pièce, en face de Veronica, une cheminée à feu de bois. Un canapé en cuir blanc y fait face. Veronica n’en voit donc que le dossier, très haut.
Docteur : Veronica Mars est ici.
Au bout de quelques longues secondes, une silhouette s’élève peu à peu du canapé. Il s’agit d’une femme, habillée de noir. Elle se retourne tout doucement.
Voix-off Veronica : Et je remporte la mise…
Veronica : Bonjour Mrs Echolls.
Lynn, abasourdie : Veronica ? Qu’est-ce que tu…
Veronica, la coupant : Qu’est-ce que je fais ici ? Elle met un doigt devant la bouche. Bizarre… La plupart des lecteurs de mon journal intime se demanderaient plutôt ce que vous faites ici… Elle se tape le front avec la paume de sa main. Suis-je bête ? Elle met les mains sur ses hanches. Je le sais déjà…
Elle s’avance, dépose son sac sur un fauteuil et s’y assoit. Lynn, médusée, fixe Veronica. Elle lance un regard de détresse au docteur qui s’approche d’elle et lui prend la main. Ils s’assoient sur le canapé, les mains liées.
Veronica : Comme c’est touchant… Je suis sure que Logan apprécierait.
Lynn se pince les lèvres et lâche la main du docteur. Se ravisant, elle ressaisit la main de l’homme et adopte une attitude nettement plus belliqueuse.
Lynn : Mais apprécierait-il autant que tes baisers ? Devant la mine déconfite de Veronica, elle sourit arrogamment. Neptune est une ville si petite… Sais-tu que votre petite aventure était le sujet de toutes les plaisanteries ce matin au poste de police ? Ils en parlaient même entre eux sur leur fréquence radio…
Voix-off Veronica : Un accès aux fréquences radio de la police ? Plus rien ne vous arrête Lynn…
Veronica se reprend et opte pour un comportement moins agressif.
Veronica : Enterrons la hache de guerre Mrs Echolls, je suis venue en amie.
Lynn la toise et finit par se détendre légèrement.
Lynn, avec un soupir las : Comment as-tu su ?
Veronica se lève et commence un monologue en faisant les cent pas.
Veronica : Par où commencer ? Par ce qui vous a trahi… La bague. Lynn hausse les sourcils. Vous n’auriez jamais porté cette bague un jour ordinaire : pas assez chic… Pourquoi la portiez-vous le jour de votre « suicide » alors ? Deux possibilités : soit vous saviez que vous alliez vous donner la mort, et vous avez voulu partir avec un souvenir de votre enfant. Soit vous aviez besoin de vous servir de ce même enfant… Elle marque une pause dans sa marche et sourit tristement. Saleté de branchages, vous ne pensiez pas qu’il faudrait autant de temps avant que le corps ne soit retrouvé dans le fleuve n’est-ce pas ? Mais je ne suis pas très claire. Elle sourit et prend une grosse voix. Je n’ai jamais les idées limpides sans ma pipe… Elle reprend son sérieux et sa marche. Donc, la bague m’avait interpellée… Mais ce n’est pas tout. Une photo m’a mis la puce à l’oreille.
Elle sort une photo de l’enveloppe et la tend à Lynn. Elle représente Lynn et le docteur, dans la piscine des Echolls, coupe de champagne à la main, dans une attitude plus que compromettante.
Lynn : Qu’est-ce que…
Veronica : Retournez la photo.
Lynn s’exécute.
Voix-off Veronica, récitant le texte par cœur : Lynn Echolls et le docteur Doug Friedman, il y a deux semaines. Au cas où cette information t’intéresse… Vinnie.
Veronica : Heureusement pour vous, l’information n’a pas intéressé le shérif, convaincu comme à son habitude que la première hypothèse était la bonne. Dans votre cas, celle du suicide.
Lynn : Mais qui est « Vinnie » ?
Veronica : Vinnie Van Lowe ; c’est un détective privé.
Lynn, réfléchissant : Un détective privé ? Elle semble comprendre et, paniquée, regarde son amant. Mon Dieu, Aaron savait pour nous !
Veronica : Tout porte à le croire… Si bien qu’en découvrant ceci, j’ai tout d’abord cru que votre mari vous avait assassinée. Elle s’arrête à nouveau. C’était avant que je n’apprenne que le corps retrouvé dans le fleuve n’était pas le vôtre. Elle reprend sa marche. Je m’approchais peu à peu de la vérité… Car j’ai alors compris que vous aviez simulé votre suicide. Une recherche sur le site des sociétés d’assurances plus tard, et j’ai appris que vous aviez souscrit une assurance vie, dont le bénéficiaire n’était autre que votre amant. Une assurance tous risques, suicide inclus. Une assurance vie à un million de dollars…
Elle sort de l’enveloppe les papiers attestant ses dires.
Voix-off Veronica : Il faudra que je dise à Mac d’abandonner les mèches bleues. Une bonne petite teinte de cheveux en blanc, et elle sera définitivement mon Q.
Veronica : Pour que l’assurance paie, il fallait donc que vous « disparaissiez ». Elle s’arrête et regarde les deux amants. Ce que je ne sais pas encore, c’est lequel de vous deux à eu l’idée en premier… Ca m’agace ! Devant le mutisme de son auditoire, elle soupire et reprend sa petite promenade. Bref… Je dois avouer qu’à ce moment-là, une très vilaine idée m’a traversé l’esprit : vous aviez jeté par-dessus bord une personne vivante. Elle sourit. J’ai trop regardé de séries B voyez-vous… Non, non… Très vite j’ai compris : pourquoi commettre un meurtre quand son amant travaille à l’hôpital de Neptune, là où les cadavres affluent ? Elle s’arrête. Attention, vous êtes prêts ?
Tel un magicien sortant un lapin de son chapeau, elle retire triomphalement un document de l’enveloppe.
Veronica : Ta ta ! C’est fou tout ce qu’on peut trouver dans les archives de presse d’une bibliothèque… Elle tend le document à Lynn qui le parcourt avidement des yeux. Il s’agit d’un article de presse. Le cadavre est celui d’un inconnue, retrouvée noyée une semaine avant votre « suicide ». L’article que vous tenez entre les mains est une bouteille à la mer, un appel aux témoignages afin d’identifier le corps d’une femme d’environ trente ans, brune, au teint méditerranéen. Mais apparemment, personne n’est jamais venu réclamer le corps… Le docteur Friedman l’a donc volé.
Elle se rassoit sur le fauteuil, les jambes croisées. Elle garde le silence quelques instants afin de ménager son effet.
Veronica : Une semaine avant les faits, le docteur Friedman et son frère Vince, employé de banque, ont volé le corps. D’où le mail « J’ai fait ce que vous m’aviez demandé, à l’adresse indiquée. » Il parlait bien entendu du corps, stocké dans je ne sais quel lieu avant l’événement… Mais, juste avant le moment fatidique, Vince Friedman, le parfait petit citoyen, a été pris d’un doute. D’un remord peut-être… D’où son dernier mail : « Vous êtes vraiment sure de vouloir faire ça ? »
Voix-off Veronica : Et toi Veronica, es-tu sure de vouloir faire ça ? Tu ne sais pas ce dont cette femme est vraiment capable… Rappelle-toi des mots doux qu’elle t’a laissés…
Veronica : Le jour J, votre dispute avec Aaron n’a pas été la goutte d’eau : vous aviez d’ores et déjà prévu tout ce qui allait suivre… Avec peut-être une pointe de culpabilité vis-à-vis de votre fils, d’où vos derniers mots : « Je regrette. Je ne le supporte plus ». Vous vous êtes rendue chez votre amant et avez mis votre plan à exécution. Vous avez habillé le corps de l’inconnue et lui avez enfilé la bague que Logan vous avait offerte lorsqu’il avait cinq ans… Ainsi, lorsque le corps serait retrouvé, la police vous identifierait grâce à ce bijou. Votre mari ne connaissant pas la moitié de vos parures, il vous fallait utiliser votre fils : cette bague, il ne pouvait pas l’avoir oubliée…
Lynn baisse la tête.
Veronica, reprenant : Mais rien ne s’est déroulé comme prévu. Le corps n’a pas été retrouvé. Pas de corps, pas de preuve de la mort. Pas de preuve de la mort, pas d’assurance à un million de dollars. Votre amant avait démissionné, sans doute en prévoyance à votre futur départ pour un pays lointain. Et ce ne sont pas les maigres économies sur son salaire d’urgentiste qui pouvaient satisfaire votre train de vie… Il a donc fallu que Vince remette la main à la pâte en créant un retrait de 10.000 dollars. La bourse étant vide, il fallait bien trouver de quoi subsister le temps que l’assurance paie ! Vince a pris le soin de truquer le retrait, afin de brouiller les pistes. Au cas où…
Voix-off Veronica : Au cas où une jeune lycéenne, ayant pour passe-temps la résolution d’affaires tordues, ne repère ce retrait et ne remonte à sa source. Weevil s’en souvient encore…
Veronica : Et il y a deux jours… Euréka ! Le corps est enfin retrouvé ! Vous aviez sûrement perdu espoir, le pensant pourrir dans un coin quelconque de l’océan… Mais encore une fois pas de chance : pour ne pas heurter son fils, Aaron lui cache la bague. Il faut donc faire une identification ADN… Qui se révèle négative, bien entendu.
Lynn, relevant la tête : Quoi ? Mais, mais… Ils ont fait une identification ADN ? Elle regarde Doug, les yeux plein de larmes. Oh mon Dieu ! Tout est perdu…
Lynn paraît vraiment désespérée, elle se blottit dans les bras de Doug, qui lui caresse les cheveux. Veronica semble touchée par son désespoir. Elle reste ainsi à l’observer en silence durant de longues secondes. Elle finit par hocher la tête.
Veronica : Vous ne croyez pas exagérer un peu ?
Lynn relève la tête, surprise.
Veronica : Croyez-vous que vous soyez la plus à plaindre ? Dois-je vous rappeler que votre fils de 17 ans pense que sa mère vient de se suicider ?
Lynn sèche ses larmes. Elle reprend une contenance afin de dissimuler une douleur muette.
Lynn : Tu ne sais pas ce que j’ai vécu Veronica… Je suppose que, lorsque vous étiez amis, Logan a dû te parler des coups que lui donnait son père…
Veronica, feignant la surprise : Les coups ? Quels coups ? Semblant comprendre. Ah bien sûr… Ces coups-là ! Ceux que vous ne faisiez rien pour empêcher !
Lynn, ulcérée, se lève du canapé.
Lynn : Crois-tu que seul Logan prenait des coups ? Pendant des années Veronica, des années, mon mari m’a battue !
Veronica, se levant à son tour : Quelle bravoure ! Laisser votre fils sous le joug d’un homme si tendre…
Lynn : Logan aura 18 ans dans quelques mois ! Et j’ai fait des placements financiers qui lui permettront de partir le jour même de sa maturité ! C’est pour lui aussi que je fais tout cela !
Veronica : Oh bien sûr… Briser un enfant en lui faisant croire que sa mère l’a abandonné en sautant du pont, bien entendu, j’avais oublié combien cela permettait de se construire un équilibre.
Lynn veut parler mais Veronica ne lui en laisse pas le temps. Durant sa tirade, elle parle de plus en plus fort, sous le coup de l’émotion.
Veronica : Vous ne savez pas ce que c’est ! Vous ne savez pas ce que c’est que de vivre dans l’ignorance, dans le doute… De se poser sans cesse les mêmes questions, ces questions qui commencent par des « et si… » et qui n’ont pour conséquence que de vous faire douter et souffrir davantage ! Elle hurle presque. Vous ne savez pas !
Silence.
Veronica, se calmant : En tout cas, j’espère que vous ne le savez pas… Car si vous le savez, cela ferait de vous une mère encore plus indigne que ce que vous ne l’êtes déjà.
A ce moment-là, l’horloge du salon sonne les deux heures. Lynn et Veronica restent ainsi à se regarder. Enfin, Veronica prend son sac sur le fauteuil.
Veronica : Je suis en retard en cours…
Elle s’éloigne mais s’arrête. Sans se retourner, elle déclare.
Veronica : Je ne dirai rien pour cette fraude à l’assurance. Pas pour vous… Pour Logan.
Elle sort de la pièce.
Une lumière crépusculaire inonde la villa des Echolls. Dans son refuge, Logan joue à la console. Le visage fermé, il ne semble guère concentré sur son jeu. Derrière lui, la porte s’ouvre doucement. Lynn Echolls entre à pas de velours. Elle reste ainsi, derrière son fils, à l’observer. Elle se pince les lèvres, hésitant.
Lynn : Bonsoir mon chéri…
Logan, immobile, ferme les yeux sous le choc. Il se retourne et, apercevant sa mère, il se lève précipitamment. Sans un mot, il va se blottir dans ses bras. Tel un petit garçon, il se laisse aller aux cajoleries de sa mère qui le berce. Des larmes coulent sur le visage du jeune homme, il sanglote. Lynn, elle, semble touchée par le désarroi de son fils.
Lynn, chuchotant : Chut… Chut… Tout va bien…
Lynn continue à rassurer son petit garçon pendant de longues secondes.
Lynn, sur le même ton : Tout va bien mon chéri… Je suis là.
Logan ouvre alors les yeux et repousse sa mère. Il essuie ses larmes.
Logan, la voix vacillante : Tu es là… Il renifle. Sa voix se durcit un peu. Oui, tu es là. Mais la question que je me pose est : où étais-tu ?
Lynn : Logan, je suis désolée…
Logan : Tu es désolée ? Crispé, il passe la main dans ses cheveux. Mais tu es désolée pour quoi au juste ? Je te croyais morte et te voilà revenue ! Il est totalement perdu. Le corps dans le fleuve… La bague…
Lynn : Un cadavre récupéré à la morgue. Il fallait qu’on retrouve un corps pour que plus personne ne doute de mon suicide…
Logan : Ton suicide ? Plus de doute ? Pour personne ? Pause Et moi dans tout ça alors ?
Lynn, gesticulant nerveusement les mains : Je suis désolée Logan… Mais je devais le faire, il le fallait ! Pour notre bien à tous les deux. Logan a un rire nerveux, ce qui agace Lynn. Nous ne pouvions plus vivre sous son joug tu comprends !
Logan : Si je comprends ? Il s’énerve. Tu me prends pour un gosse ou quoi ? J’ai 17 ans maman ! 17 ans ! Il se calme un peu, le ton de sa voix se fait suppliant. Tu aurais pu te confier à moi, me prévenir de tes projets… Je t’aurais soutenue. Mieux : je t’aurais aidée ! Et j’aurais pu te rejoindre, plus tard ! Face au mutisme de sa mère, son visage se décompose. Oh… Bien sûr… Tu ne voulais pas que je te rejoigne…
Lynn : Logan je…
Logan, criant : Qu’est-ce que tu fais ici ? Pourquoi refais-tu surface tout à coup ? Quoi ? Tu n’as plus d’argent ? La célébrité te manque ?
Lynn, suppliante : Je ne voulais pas que Veronica t’apprenne la vérité, je voulais au moins t’épargner ça... Logan reste prostré sous le coup de la surprise. Je suis venue pour toi Logan!
Logan, ironique, se désignant avec les deux mains : Pour moi ? Il fait quelques pas dans la pièce, s’approchant d’une étagère, et parle comme s’il s’adressait à un public. Mais quel honneur !
Soudain, il renverse l’étagère par terre. Lynn a un mouvement de recul. Logan, d’un mouvement de bras, fait tomber tous les objets posés sur une table. Puis, d’un coup de pied, il la renverse.
Lynn, tentant de masquer sa frayeur : Logan, arrête !
Logan, pointant le doigt vers elle et vociférant : Je t’interdis de me donner les ordres ! De quel droit ? De quel droit aurais-tu ton mot à dire ?
Lynn : Je suis ta mère !
Logan se calme soudainement. Il regarde sa mère doit dans les yeux.
Logan, posément : Ma mère est morte il y a deux semaines.
Lynn, estomaquée, ouvre la bouche de stupéfaction. Elle hoche la tête, refusant de croire les mots qu’elle vient d’entendre dans la bouche de son fils. Logan soutient son regard un moment, puis va s’asseoir sur le canapé. Il reprend sa partie là où il l’avait laissée. Lynn le regarde quelques instants et, résignée, les larmes aux yeux, finit par sortir de la pièce.