HypnoFanfics

Ils s'étaient retrouvés seuls. A trois mais seuls, chacun dans sa bulle dans le même lieu. Le départ fracassant de Keith les avait sortis de leur léthargie. Ils étaient sortis silencieusement du tribunal. Mac pensait à présent à Wallace et lorsque Logan proposa d'aller prendre un café, elle trouva un prétexte pour ne pas y aller et rentrer chez elle afin que son esprit remette toutes ces informations en place.

Logan et Vénus étaient donc partis ensemble à la recherche d'un café. Autour du tribunal, il y avait plusieurs Starbucks mais rien pour s'asseoir. Ils arpentèrent alors les rues alentours. C'était un quartier que Logan connaissait peu, malgré le fait qu'il ait passé plusieurs années à Neptune. Il découvrait ce petit quartier plein de charme en même temps que Vénus.

Ils n'avaient pas prononcé un mot mais lorsqu'ils virent ce café, ils eurent un coup de coeur. Une façade simple, une ardoise vantant les boissons, une enseigne faite de bois et de métal où les mots simples avaient une grande connotation : « Our Coffee Shop ».

D'un coup d'oeil, ils sélectionnèrent ce lieu et entrèrent. A l'intérieur, les murs de pierre étaient parsemés de tableaux, dessins et photographies. Des étagères proposaient des livres et les gens semblaient partager plus qu'un simple café. Un lieu de découverte et de partage en somme. C'était exactement ce qui leur fallait, eux qui ne s'étaient que peu croisés et qui ne connaissait de l'autre qu'une description sommaire.

Logan commanda deux cafés et ils s'assirent autour d'une petite table dans un recoin tranquille de l'établissement. Face à Vénus, une citation notée sur une ardoise la fit sourire. Elle brisa le silence.

Vénus : « Après avoir découvert que la vie n'a aucun sens, il ne nous reste rien d'autre à faire que de lui donner un sens. » Cette citation me correspond pas mal...

Logan approuva et indiqua un point derrière Vénus.

Logan : Celle qui est en face de moi ferait rire une petite blonde de notre connaissance : « Et puis - qui donc de nos jours a la parfaite certitude de ne pas être névrosé ? »

Vénus : Pour le lecteur, les mots sont un piège. On comprend bien plus souvent ce que l'on souhaite comprendre plutôt que ce que l'auteur voulait dire.

Logan : Et pour le rêveur, les rêves sont un piège...

Ils étaient tous les deux, le nez dans leur café, pensant à leurs rêves et se demandant ce qui les liait.

Logan : Crois-tu que toute cette histoire va aboutir à quelque chose ?

Vénus : On verra bien... Je l'espère ! 

Logan : Tu vas me prendre pour un fou... Ca ne serait pas la première fois que je crois en quelque chose d'impossible... Mais j'ai une sorte d'intuition qui s'est renforcée quand j'ai appris pour toi... Je saurais pas décrire ce que je ressens...

Vénus : Je comprends.

Logan : Non mais c'est que... Attends ! Tu comprends ?

Il avait plongé son regard dans le sien, étonné d'être compris dans ce que lui même peinait à croire.

Vénus : J'ai la même intuition... On doit devenir fou ensemble...

Logan : « Il y a des folies plus sensées que la raison » ...

Vénus : Tu aimes les citations toi, non ?

Logan : J'admire ceux qui savent manier les mots et créer un univers en une seule phrase. Si tu devais choisir une phrase qui te caractérise ?

Elle réfléchit un instant et, le sourire aux lèvres, répondit.

Vénus : « Une tête sans mémoire est une place sans garnison. »

Logan fût tout d'abord gêné par cette manière légère de faire référence à son amnésie mais petit à petit, ils se détendirent et firent connaissance. Les tasses de café se remplissaient au rythme des sujets abordés.

C'est ainsi qu'ils découvrirent un peu plus la personnalité de celui/celle qui semblait si proche alors qu'il/elle était inconnu(e) jusque là.

Veronica était assise aux côtés de Wallace sur un gros fauteuil en cuir blanc. Devant elle, Keith et Alicia lui faisaient face.

Veronica : Alors il n'y a aucun recours possible ? C'est certain ?

Alicia : Non Veronica, ton père m'a bien expliqué la situation et il semblerait que ce soit trop dangereux. Mr Kane est influent...

Veronica : Le château...

Keith : Non, visiblement, ça vient de plus haut. Après votre départ à tous les deux, j'ai remarqué l'air satisfait des deux hommes qui étaient au fond du tribunal. J'ai tout d'abord cru qu'ils avaient à voir avec la mort du juré. J'avais déjà eu à faire à eux auparavant....

Veronica : C'est bien eux que j'ai vus au commissariat ?

Keith : Oui, c'est bien eux... Ils font partie d'une branche du gouvernement que je n'ai pas identifiée.

Veronica : Pourquoi Neptune ? Que se passe-t-il ici qui peut les intéresser ?

Keith : Je ne devrais pas te le dire.... Il semblerait que tu aies mis le doigt sur quelque chose qu'ils ne tiennent pas à divulguer.

Wallace : Étonnant !

Veronica lui lança un regard noir auquel il répondit en levant les mains, signe qu'il retirait ce qu'il avait dit.

Veronica : Mais je n'ai strictement rien trouvé... D'accord, je fouille mais je trouve rien de spécial... A part... Non !

Elle secoua la tête.

Keith : Honey, tu dois me dire si tu sais quelque chose...

Veronica : Avec Mac, on a fait des recherches sur Vénus à sa demande et on a trouvé un extrait de naissance au nom de Kaithlyn Miller. Ce prénom, elle s'en rappelle mais personne de sa famille ne s'appelle comme ça... Tu crois que ça a rapport avec Vénus ?

Keith : La seule chose que je sais c'est qu'ils en ont après toi. Tant que tu chercheras, ils continueront leurs actions.

Elle se laissa tomber en arrière contre le dossier du fauteuil.

Veronica : Je ne veux plus qu'il vous arrive quelque chose par ma faute ! Il faut que j'arrête alors !

Keith/Alicia/Wallace : Ou que tu trouves vite !

Elle écarquilla les yeux certaine d'avoir mal entendu.

Veronica : Vous vous moquez de moi ?

Wallace : Réfléchis ! Tu crois qu'ils vont s'arrêter si tu te calmes ?

Alicia : Ces gens-là ne s'arrêtent que lorsque tout est fini !

Keith : J'assurerai autant que je peux tes arrières. Visiblement c'est avec moi qu'ils veulent dialoguer.

Veronica : Je vais essayer de me concentrer là-dessus alors...

Elle posa la tête sur l'épaule de Wallace, fatiguée par toutes ces nouvelles.

Keith : Ils sont pas mignons nos enfants...

Wallace : Vous avez devant vous les meilleurs enfants de Neptune !

Il avait dit ça en se redressant, fièrement.

Veronica : Au fait, c'est quoi cette histoire de chambre ?

Keith : Veronica, nous avons une grande nouvelle ! Avec Alicia, nous allons nous marier !

Elle resta silencieuse. Nouveau choc frontal. Heureuse, en colère, choquée, ... Elle ne savait plus quoi choisir. Alors elle résuma la situation rapidement dans sa tête. Quelques minutes dans un état catatonique. Et d'un coup, elle bondit sur les genoux de Wallace, surprenant ceux qui attendaient sa réaction avec anxiété.

Veronica : Petit frère !!! C'est génial ! Mais hors de question que je te prête mes jouets...

Keith et Alicia lancèrent un soupir de soulagement alors que Veronica se chamaillait déjà avec ses deux nouveaux frères, bien loin de toute préoccupation.

Episode 13 : Same rules, new game.

Tout le week-end, il l'avait observée, notant mentalement chacune de ses réactions. L'angoisse de l'annonce du mariage de leurs parents avait peu à peu laissé place au bonheur d'être lié un peu plus à elle. Presque 4 ans qu'elle l'avait décroché du mat et depuis leur amitié s'était édifiée sur les ruines de leurs souffrances personnelles. Chaque étape avait été douloureuse, il se rappelait encore le jour où elle avait complètement baissé ses barrières face à lui et où elle l'avait laissé explorer ses douleurs. Ce jour qui avait scellé leur amitié déjà complice, la plus belle preuve de confiance qu'elle avait pu lui offrir.

A présent, une nouvelle lueur brillait dans ses yeux et il ne pouvait cesser de l'admirer. Cette nouvelle famille que leurs parents avaient décidé de créer semblait avoir fait renaître Veronica. Elle avait passé deux jours à parler de tous les changements qu'il allait avoir lieu avec une préférence particulière sur la chambre qu'elle tenait à partager avec Wallace. Puérile ? Non, elle voulait simplement combler des années en tant qu'enfant unique. Et même si Wallace ne vivait plus chez Alicia, elle avait tenu à ce qu'ils se retrouvent tous ensemble régulièrement.

Il sourit en pensant qu'elle mettait plus d'énergie à "construire" cette famille qu'Alicia et Keith réunis. Un manque à combler...

Veronica : Tu te racontes des blagues à toi-même, Fennel ?

Wallace : Je me demandais quel nom je préférais... Mars ou Fennel...

Veronica : Tu sais qu'au mariage ce n'est pas toi qui dois changer de nom ?

Le sourire de Wallace s'étira un peu plus en voyant le visage étonné de Logan qui venait se s'arrêter juste derrière sa future demi-sœur.

Logan : Je savais que vous étiez liés mais pas au point de vous marier...

Il avait dit ça avec une pointe de jalousie dans la voix. Leur amitié sans borne l'avait toujours fait douter de sa relation avec Veronica. Elle finissait toujours par pardonner à Wallace alors qu'avec lui, elle empilait les rancœurs au fond de sa mémoire. Il ne savait pas si c'était dû à la force de leur amour ou, au contraire, au manque d'amour.

Veronica : Logan, j'ai l'honneur de te présenter Wallace...

Logan : Je sais pas si tu es au courant mais Wallace et moi avons déjà quelques souvenirs communs, un œuf élevé avec amour qui a fini sa vie sur le parking du lycée...

Elle ne se formalisa pas plus de sa remarque que de son air triste quelques minutes auparavant. Elle reprit sa position, les bras tendus vers Wallace, et son ton cérémonial.

Veronica : Laisse-moi finir ! Donc Wallace, mon futur... Frère !!!

Logan : Alors Keith et Alicia vont franchir le pas ?

Veronica : Pour le plus grand plaisir de leurs enfants !

Logan : Vous présenterez tous mes vœux de bonheur aux heureux futurs mariés.

Il reprit un air sérieux que Wallace remarqua tout de suite.

Wallace : Hop ! Avant que tu ne parles, je vais m'éclipser. Je tiens à garder dans ma mémoire les deux jours de la vie de Veronica Mars où elle avait dans les yeux l'avenir d'une famille épanouie.

Veronica fronça les sourcils en regardant tour à tour Wallace et Logan.

Wallace : Voilà, c'est exactement ça que je ne veux pas voir. D'ailleurs, je n'ai rien vu. Devant mes yeux flotte encore la Veronica pleine de farine et de chocolat qui me préparait des cookies avant que Darrel ne joue son rôle de petit frère et ne lui renverse le plat sur la tête.

Il s'éloigna en riant pendant que Logan reposait son regard sur Veronica.

Logan : Le plat sur la tête hein... Tu me montreras les photos ?

Elle s'offusqua.

Veronica : Il n'y a pas de photo, il ne s'est d'ailleurs jamais passé quelque chose de ce genre.

Logan : Ronnie, toute ta vie est immortalisée en photo depuis le jour où tu as appris à te servir d'un appareil... Les bons comme les mauvais moments !

Veronica : Dois-je te rappeler que j'avais un plat rempli de pâte à cookie sur la tête et qu'il n'est pas recommandé de se servir d'un appareil photo aussi cher dans ces cas précis ? Ne lis-tu donc jamais les notices préventives ?

Logan : Je croyais que cette scène était sortie de l'imagination de ton futur frère, petit lynx !

Il baissa la tête brusquement, gêné par les mots qu'il avait laissé échapper. L'appareil photo de Veronica se glissa entre ses yeux et la tâche qu'il fixait sur la table, dévoilant ainsi Veronica. Elle grimaçait tout en levant les mains au ciel et était couverte de pâte et de farine.

Avant même qu'il ne lance une réplique cinglante, elle le fit taire en posant un doigt sur sa bouche.

Veronica : Je n'ai pas envie de rester ici, si on allait à la plage ?

Il acquiesça d'un hochement de tête et tous deux se dirigèrent vers la voiture de Logan. Le chemin fut parcouru rapidement et c'est en silence qu'ils allèrent au bord de l'eau. Veronica ôta ses chaussures et tenta de mettre un pied dans l'eau avant de se raviser à peine l'eau effleurée. Elle continua à marcher pieds nus en prenant soin de rester sur le sable. Logan la suivait à distance, l'observant et s'amusant de ses mimiques enfantines. Il avait oublié ce qui l'avait poussé à venir lui parler alors qu'elle voulait mettre de la distance entre eux. La voir jouer avec l'eau et le sable lui montra l'importance qu'avait le fait d'avoir une famille pour elle. Non pas que son père ne lui suffisait pas mais avoir une mère et des frères comme Alicia, Wallace et Darrel, c'était se sentir entourée et choyée en plus de tout ce que Keith lui apportait déjà. Il se mit à l'envier quelques instants avant de se raviser. Elle aussi avait vécu des moments difficiles, elle méritait ce bonheur.

Les yeux perdus à l'horizon, il ne la vit pas s'arrêter brusquement et lui rentra dedans.

Veronica : Hey !

Logan : Désolé, je ne regardais pas devant moi...

Veronica : Tu veux dire que tu n'étais pas en pleine admiration de ma magnifique personne ?

Il sourit, elle jouait. Ce jeu qu'elle adaptait en fonction des situations mais qu'elle n'avait pas stoppé depuis cette nuit là. Ce jeu dont les règles changeaient au gré de ses envies, un jour tout le monde pouvait y jouer, le lendemain elle était la seule à avoir ce privilège. Ce jeu qui l'avait maintes fois sauvée du naufrage et qui consistait à trouver la bonne réplique. La réplique qui fait mal, celle qui fait du bien ou celle qui fait réfléchir. Elle savait mieux que quiconque jouer avec les mots, elle connaissait leur portée et les dégâts qu'ils pouvaient causer. Rares étaient les phrases qui n'avait pas un double sens, voir un triple ! La meilleur arme pour les contrer en surface, pour donner l'illusion d'un raté, c'était le silence.

C'est ce qu'il s'employait à faire en cet instant en passant près d'elle, en la frôlant. Suffisamment près pour qu'elle sente son parfum mais pas assez pour qu'elle l'en empêche. Mais avec elle, aucune feinte ne l'emportait longtemps et elle faisait très souvent payer le prix fort pour un silence mal placé. Cette fois-ci, pas de nouvelle réplique cinglante, elle se contenta d'une simple question.

Veronica : Tu voulais me parler tout à l'heure ?

Logan : Oui... J'ai un petit souci...

Il l'observa mais elle ne réagit pas. Ni colère, ni agacement. Aucun mot ne passa ses lèvres, pas de réplique narquoise, pas d'accusation, pas d'incitation à continuer. C'est son regard qui parla pour elle. Elle leva les yeux vers lui pour lui montrer qu'il avait tout son attention. D'ordinaire pour ce genre de conversation, il aurait baissé les yeux, il aurait passé nerveusement sa main sur son cou et aurait fait les cent pas, mais il n'en fit rien. Il se contenta de rester calme et de l'observer. Quelque chose avait changé dans son attitude et il voulait continuer à explorer ses réactions.

Logan : Tu te souviens de ce qui est arrivé à Dick récemment ? Et bien, je crois qu'il m'arrive la même chose...

FLASH BACK

Vénus finissait de manger avec gourmandise sa mousse au chocolat sous le regard amusé de Logan. C'était sa deuxième mousse à vrai dire. Ils étaient à nouveau dans le café qu'ils avaient trouvé quelques jours plus tôt. L'établissement servait quelques repas à midi pour les travailleurs du quartier et leur dessert, une mousse au chocolat faite maison, était servie à volonté. Grande accro au chocolat, Vénus en profitait.

Logan : J'ai jamais vu une fille engloutir autant de mousse au chocolat...

Vénus : Il va falloir t'y habituer si tu continues à m'inviter ici, elle est trop bonne...

Logan : Qui te dit que je t'invite ?

Vénus : Toi, dans ton texto... Je cite : "un repas contre un moment pour discuter" Je t'ai consacré un peu de temps pour la troisième fois en trois jours, je t'ai fait la conversation, tu me dois bien un repas !

Logan fit semblant de s'indigner quelques secondes puis se leva pour aller payer au comptoir. Il tendit sa carte bleue à la gérante du café.

Logan : Avant qu'elle ne mange tout votre stock de mousse au chocolat...

La gérante introduisit la carte dans l'appareil prévu à cet effet puis grimaça en regardant l'écran.

Gérante : Je suis désolée monsieur Echolls, votre carte n'est pas passée...

Logan : Pourtant, j'ai ce qu'il faut sur mon compte...

Gérante : J'ai essayé deux fois, je suis navrée.

Logan : Ce n'est pas grave, je vais régler en liquide. Ca fait combien ?

Gérante : 21,50 $

Logan intrigué raccompagna Vénus jusqu'à Hearst avant de rentrer chez lui pour vérifier son compte. C'est alors qu'il s'aperçut qu'il n'existait plus officiellement à son tour. Il avait essayé de téléphoner à Veronica mais Wallace, qui avait répondu au téléphone, lui avait demandé d'attendre le lendemain.

FIN FLASH BACK

Logan : Comme c'est arrivé à Dick, j'ai vérifié mes données personnelles et... rien ! Il n'y a plus rien sur moi...    

Ses yeux brillaient, il la voyait se contrôler. Tout au long de ce mini discours il avait noté la cascade de réactions qu'elle avait tenté de masquer.

Un mot clé, une réaction.

"Dick", grimace.

"Même chose", un sourcil se relève, étonnement.

"Tribunal", remémoration immédiate d'un fait occulté.

"Vénus", la bouche s'entrouvre légèrement mais se referme aussi rapidement que son visage.

"n'est pas passée...", petit hochement de tête compréhensif.

"J'ai vérifié", minuscule sourire en coin.

Il était étonné de ne pas avoir été coupé plusieurs fois dans son récit, mais aussi qu'elle n'ait pas mis le doigt là où ça fait mal immédiatement.

Soudain, elle se mit à rire. Elle détourna son regard vers l'horizon riant encore et encore. Il n'en croyait pas ses yeux, elle devenait folle sous ses yeux. Elle écarta les bras et se laissa tomber en arrière sur le sable. Une fois assise, elle tapota le sol à côté d'elle pour l'inviter à venir la rejoindre, ce qu'il fit, non sans prendre soin de laisser une certaine distance entre eux.

Elle laissa un silence s'installer pendant qu'elle essayait de contenir son rire. Quelques minutes après, elle tourna son visage vers Logan et annonça calmement :

Veronica : Je ne vais rien faire pour t'aider !

Il écarquilla les yeux, perdu. Son rythme cardiaque ralentit, il lui demanda pourquoi.

Veronica : Tout simplement car je ne peux rien faire...

Elle souriait encore, ce qui faisait accroître l'incompréhension de Logan.

Logan : Tu n'as jamais reculé devant les missions les plus dangereuses et, aujourd'hui, tu n'essayes même pas...

Veronica : A quoi bon, je sais que je n'y pourrais rien. Ta vie a disparu tes tablettes officielles, en fait, c'est comme si tu n'avais jamais existé. Je parie qu'il n'y a aucune trace de toi nulle part... Si demain tout n'est pas revenu comme avant, tu pourras t'inquiéter, en attendant tu devrais te détendre...

Elle s'allongea sur le sable et ferma les yeux. D'un côté, elle jubilait de le voir douter mais d'un autre elle s'en voulait de le laisser sans explication.

Oh zut ! Je suis pas wonderwoman non plus... Moi aussi, j'ai le droit de m'amuser des petits malheurs des autres !

Ils avaient des instructions à suivre. L'altercation dans le tribunal leur avait montré que le travail ne serait pas évident mais l'affaire ne devait en aucun cas s'ébruiter. Des millions de dollars et des années de travail étaient en jeu.
Ils se garèrent devant le commissariat, encore une fois, ils devaient aller faire leur numéro. S'en était fatiguant, les gens ne comprenaient pas qu'ils ne pouvaient rien contre eux. Vouloir s'opposer au gouvernement devrait être considéré comme une folie à l'état pur. Cependant, ces dernières années les gens semblaient se croire invincibles, notamment dans cette petite ville californienne.

Ils entrèrent, toujours sûrs d'eux et des valeurs qu'ils défendaient. En réalité, de l'affaire, ils ne connaissaient que les grandes lignes, mais attachés à leur gouvernement, ils le défendaient quoi qu'il arrive. Semblables à des robots, droits comme des "i", le visage dur, ils demandèrent une nouvelle fois à l'adjoint qui portait une moustache ridicule de les faire entrer expressément dans le bureau du shérif Mars. Ce dernier les fit patienter un long moment avant de les recevoir, ce qui les fit enrager. Oser les faire attendre... Était-il conscient que son emploi était aussi facile à briser que celui de sa compagne ?

Keith Mars était à présent face à eux, souriant, sans aucune appréhension dans le regard.

Keith : Messieurs... Que puis-je pour vous ?

Homme 1 : Rester en dehors de cette histoire !

Keith : Je fais mon travail de shérif, rien de plus.

Homme 1 : Vous incitez votre fille à continuer ses démarches !

Keith : Vous avez fait licencier ma compagne !

Homme 2 : Nous ne voulions pas prendre le risque qu'elle fouille dans des dossiers confidentiels.

Keith : Il y a donc quelque chose à cacher.

Homme 2 : Si notre gouvernement cache certains dossiers, c'est pour la bonne marche du pays.

Keith : Permettez-moi d'en douter ! Je suis prêt à mettre ma main au feu que vous n'avez aucune idée de ce que vous protégez, ni de sa portée. Vous n'êtes que des exécutants commandités pour faire le sale boulot.

Homme 1 : Shérif, n'oubliez pas que notre pouvoir dépasse vos compétences !

Keith : Vous n'avez que ces mots qui sortent en boucle. C'est sensé me faire peur mais ça donne l'effet inverse. Je continuerai à laisser ma fille agir tout comme vous continuiez à mener vos actions alors qu'elle ne faisait plus rien. Je la soutiendrai même et, selon ce qu'elle découvrira, j'agirai en conséquence. Si ces dossiers doivent être cachés pour la bonne marche du pays, nous les laisserons à leur place. Si ces dossiers sont le reflet d'une manipulation visant à divertir de riches investisseurs au dépend de la population, alors ne comptez pas sur moi pour garder vos secrets.

Homme 2 : Qui êtes vous pour décider si ces dossiers doivent rester ou non confidentiels ? Vous n'en avez pas le pouvoir !

Keith : Je suis un être humain, tout comme vous ! Et ne négligez pas mon pouvoir, je peux faire assez de bruit dès maintenant pour que ma fille ne soit plus la seule à fouiller dans votre linge sale ! Ne pensez même pas à me mettre sur la touche.

Homme 1 : Vous ne savez pas dans quoi vous mettez les pieds Shérif !

Le visage de Keith se faisait dur et déterminé ce qui les fit peu à peu douter. Ils n'en savaient que peu à propos de ce dossier et ils avaient déjà eu l'expérience d'un dossier foireux où ils avaient dû protéger un riche manipulateur au dépend d'une population pauvre et minoritaire aux États-Unis.

C'est avec leurs doutes qu'ils sortirent du commissariat pour aller continuer leur mission de surveillance.

Tout d'abord, elle l'avait laissé réfléchir quelques instants. Écoutant le silence rythmé par le bruit répétitif de l'océan. Elle profitait de la douce chaleur que le soleil procurait à sa peau. Détendue, elle allait s'endormir lorsqu'une main effleura la sienne doucement.

Elle ouvrit les yeux.

Il ne la regardait pas, appuyé en arrière sur ses mains, seul son doigt contre sa main attestait qu'il était conscient de sa présence.

Veronica : Tu sais, je n'y peux vraiment rien...

Logan : Je m'en doute... Je me demande ce qu'il se passe ces temps-ci. J'ai l'impression d'être dans un autre monde...

Veronica : Tu veux dire un monde sans meurtre, sans viol et sans scandale ?

Logan : Aussi... Je pensais plutôt aux derniers évènements à cet univers parallèle dans lequel j'ai l'impression d'évoluer...

Elle se releva et l'observa un instant. Il avait le visage détendu mais un air d'enfant soucieux venait ternir son image. Il ne tourna pas la tête vers elle et fixait l'horizon, toujours le même point. Elle chercha ce qu'il pouvait regarder fixant tour à tour ses yeux et l'océan, se rapprochant doucement jusqu'à poser délicatement sa tête sur son épaule.

Il ne bougeait toujours pas.

Logan : Tu crois qu'il est possible d'occulter toute une partie de sa vie ?

Veronica : Suite à un choc oui, regarde les amnésiques...

Logan : Comme Vénus ?

Veronica : Par exemple. Ça doit être difficile de vivre sans connaître son passé et d'un autre côté, des fois il ne vaut mieux pas chercher trop loin. Imagine si je devenais amnésique et que je devais me remémorer la mort de Lilly... Je pense que je préférerais ne rien savoir et avoir oublié cette douleur...

Logan : Si tu étais amnésique, entre savoir et ignorer, que choisirais-tu ?

Veronica : Question difficile... Il y a eu des mauvais moments : la mort de Lilly, mon viol, ... Mais j'ai passé des tas de bon moments que je ne voudrais jamais oublier : mon adolescence avec Lilly, la complicité que j'ai avec mon père, la rencontre de Mac et Wallace, nous...

Elle avait dit ce mot tellement faiblement qu'elle avait cru ne pas l'avoir prononcé, que le vent avait parlé à sa place.

Veronica : Seulement certains de ces bons moments sont arrivés suite aux pires... Je voudrais bien choisir quoi garder en mémoire.

Logan : Tu ne réponds pas... Savoir ou pas ?

Veronica : Savoir... Je crois... L'envie de garder certains moments gravés dans ma mémoire est plus forte que la douleur qui s'estompe un peu avec le temps. Et toi ?

Logan : Oublier jusqu'à mon année de première au lycée.

Veronica : Pas de demi-mesure...

Logan : Je ne veux rien oublier alors.

Elle sentait à présent son regard qui lui brûlait la peau. Pendant cette brève conversation, elle avait relevé sa tête et n'avait cessé de regarder ses mains. D'habitudes si expressives lorsqu'il parlait, elles étaient restées ancrées dans le sable. Machinalement, elle avait recouvert de sable l'une d'elles et elle s'appliquait maintenant à enlever chaque grain de sable qui pouvait s'accrocher dessus effleurant sa peau, parfois chassant un grain invisible. Elle posa son front sur l'épaule de Logan et continua de regarder et de caresser un à un ses doigts et le dos de sa main.

Veronica : C'est sûr, oublier comment surfer tout en buvant une bière, ça serait une grande perte !

Il rit et se laissa tomber sur le dos. Appuyée sur lui, elle tomba aussi, la tête sur son torse. Il dégagea son bras et lui caressa les cheveux tendrement. Les minutes passèrent, chacun semblait réfléchir à ses propres préoccupations.
Le soleil haut dans le ciel à leur arrivée déclinait lentement pour se rapprocher de l'océan. La température, elle aussi, baissait et une légère brise se réveilla.
Veronica se releva et frissonna. Sans un mot, Logan retira son pull et lui mit sur les épaules. Assis côte à côte sur le sable, ils regardèrent le ciel rougir petit à petit.

Logan : Elle le vit mal, tu sais... Elle aimerait vraiment retrouver la mémoire...

Veronica : Je sais. J'en ai pas mal parlé avec Mac, ses cauchemars ont l'air terribles.

Logan : Elle m'a raconté les derniers qu'elle a faits. Les détails se précisent mais toujours rien de concret. Il semblerait que l'on soit liés mais comment...

Veronica : J'ai mon idée là-dessus mais il me manque trop de paramètres pour que je puisse vous aider pour l'instant. Je sais juste où chercher.

Logan : Tu n'en sais pas assez où tu ne veux pas me dire ?

Veronica : Tu veux que je te fasse de faux espoirs ?

Logan baissa la tête, résigné.

Logan : Non...

Alors que le soleil avait déjà passé une bonne partie de ses rayons par delà la ligne d'horizon, Veronica se leva pour partir. Sans un mot, Logan la suivit et la ramena à Hearst pour qu'elle récupère sa voiture. Le trajet fut silencieux, chacun était reparti dans ses pensées. Lui essayait de deviner ce qu'il se tramait, et elle, comment trouver les preuves manquantes.
Il se gara dans un crissement de pneu à côté de la Saturne grise et descendit pour dire au revoir à Veronica. Leurs regards se croisèrent un instant.

Veronica : Je te promets que je vais trouver ce qu'il s'est passé !

Logan : Sois prudente...

Veronica : Prudence ? C'est mon deuxième prénom !

Il sourit et s'approcha d'elle, encadrant son visage avec ses mains. Elle ferma les yeux et il déposa un léger baiser sur son front.

Sans un regard de plus, sans un mot de plus, ils remontèrent chacun dans leur voiture et partirent vers leurs destinations respectives.

Veronica fit quelques kilomètres avant de se rappeler d'un détail qu'elle devait régler. Elle fit demi-tour et retourna vers Hearst tout en téléphonant à son père.

Episode 14 : Family portrait

Mac : J'y arrive pas !

Professeur : Mademoiselle Mackenzie, un problème ?

Elle releva la tête et regarda son professeur comme si un extraterrestre venait de débarquer sous ses yeux. Puis elle se souvint qu'elle était en cours, rabaissa l'écran de son ordinateur portable et fournit son sourire le plus rassurant.

Mac : Tout va bien, juste un problème de coordination entre mes doigts et le résultat final, mais ce n'est que temporaire.

Professeur : J'espère bien, vous êtes une de nos meilleures élèves. Si vous séchez sur un exercice aussi simple vos camarades risquent d'en baver...

Mac : L'exercice ?

Professeur : Le client-serveur...

Mac : Ah ça ! C'est fini depuis un moment ! Je vous l'ai envoyé il y a au moins une heure !

Professeur : Ah ? Je vais voir ça...

Le professeur intrigué retourna à son poste et vérifia les projets qu'il avait reçus alors que Mac et Vénus se lançaient un regard amusé.

Professeur : Mesdemoiselles Mackenzie et Miller, j'ai reçu vos projets, ils ont l'air parfaits. Je ne vous retiens pas plus longtemps.

Les jeunes filles se levèrent sous les protestations de leurs camarades qui éprouvaient quelques difficultés à finir le projet en question.

Mac avait gardé son ordinateur ouvert dans les bras et ses yeux étaient fixés sur la barre de progression de la recherche qu'elle avait lancée.

Mac : Ça doit pas être plus compliqué que craquer le site du FBI quand même...

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas un grand blond lui foncer dedans au détour d'un couloir. Il rattrapa de justesse l'ordinateur de la jeune fille avant de subir ses foudres.

Mac : Non mais ça va pas de bousculer les gens comme ça ? T'as un problème ? Et puis qu'est-ce que tu fais là d'abord ? Tu devrais pas être en cours ? Non, mieux, à la plage... Oui, va surfer et fais-toi dévorer par un requin !!!

Dick : Woh woh woh ! Du calme fantomette ! T'es en zone rouge ou quoi ? Le Dick a quand même sauvé ton précieux jouet...

Il s'était retourné, levant les bras au ciel. Mais elle avait lâché toute sa colère et était partie sans écouter un seul mot. Il ne s'en formalisa pas et continua son chemin dans le dédale Hearstien.

Dick : Des requins... Elle a craqué la brunette !

Une fois de plus, il avait séché les cours. A vrai dire, il n'était même pas sûr d'avoir cours et si c'était le cas, il n'était pas prêt de se rappeler la matière. Il était venu à Hearst dans l'unique but de trouver Logan pour aller surfer.

Logan ne répondait pas à ses coups de fil mais Dick ne comptait pas laisser la plus grosse marée de l'année passer, surtout avec le vent qui s'était levé, les vagues promettaient d'être bonnes.
Arrivé près de la cafétéria, il aperçut l'objet de ses recherches et le rattrapa rapidement.

Dick : Hey mec ! T'as une tête de déterré mon vieux ! Je suis sûr que quelques vagues te feront du bien !

Logan : Toujours le mot pour faire plaisir, Dick...

Dick : Laisse tes soucis s'envoler, Dick te consacre sa journée !

Logan : Dis surtout que tu n'as pas envie d'aller surfer seul...

Dick : Aussi... Mais tu meurs d'envie de caresser ta planche, je le sens. Tu la délaisses ces temps-ci, elle est triste...

Logan : Pas le temps Dick, pas le temps !

Logan continuait son chemin, n'écoutant qu'à moitié son ami, ses pensées vagabondant à mille lieux.

Dick : Me dis pas que c'est encore à cause de Veronica...

Logan leva les yeux vers lui pour la première fois, étonné.

Logan : Aucun rapport !

Dick : Il n'y a qu'elle pour occuper autant tes pensées.

Logan : Il faut croire que non ! Bon Dick, je n'ai ni le temps, ni l'envie. Désolé mais tu vas devoir aller surfer sans moi !

Dick soupira et s'arrêta. Logan, lui, continua son chemin, toujours plongé dans ses pensées.
Il n'avait écouté ses cours que d'une oreille. Au début, ses réflexions étaient tournées vers Veronica mais petit à petit, elles avaient glissées vers Vénus. Plus il apprenait à la connaître, plus cette jeune fille l'intriguait. Blessée, elle souffrait de sa perte de mémoire mais aussi de sa fuite. Elle lui avait avoué péniblement que ses parents et Keywest lui manquaient malgré le peu de souvenirs qu'elle en avait, c'était son seul port d'attache avec la réalité. Pourtant, déterminée, elle ne reculait devant rien. Sa vie étant les souvenirs des autres, elle n'avait rien à perdre.

Réel, passé, identité, c'était ce qui tournait actuellement dans son esprit, il cherchait les limites de chaque notion lorsqu'il aperçut Mac qui semblait s'énerver sur son ordinateur, seule dans une salle. Il la regarda quelques instants et se surprit à lui trouver des ressemblances avec Vénus. Même spontanéité, même passion, ...

Logan : Tu devrais essayer les coups, des fois ça marche...

Elle sursauta et le fusilla du regard alors qu'il s'approchait d'elle.

Logan : Ok c'était nul comme approche... Ca va pas ?

Mac : Non, j'arrive à rien... J'ai lancé une recherche mais je trouve rien de rien... Ca fait plus d'une heure que ça tourne... J'ai presque pas dormi et je suis sur les nerfs !

Logan : Doucement... Faut aussi savoir lever le pied de temps en temps...

Mac : Pas le temps... Votre "affaire" prend des proportions importantes et il faut la boucler assez vite.

Logan : Importantes comment ?

Mac : Assez importante pour que V débarque chez moi hier soir pour me supplier de l'aider expressément dans ses recherches en échange d'une session intensive de "préparation du mariage". Et tu connais V... Les boutiques, les frous-frous, ... C'est pas son truc !

Logan : Effectivement... V en organisatrice de mariage...

Mac : Et tu connais la meilleure ? Elle est demoiselle d'honneur !  Et ça la fait même pas stresser, je crois qu'elle réalise même pas tellement elle est prise par l'enquête...

Logan : Ca m'étonne pas d'elle... Elle va être insupportable de jour du mariage... C'est Wallace le garçon d'honneur ?

Mac : Oui... Le pauvre !

Ils rirent nerveusement en imaginant la scène puis le visage de Logan se fit plus dur.

Logan : Tu as trouvé quoi pour l'instant.

Mac : Pas grand chose... J'ai les noms de deux agents d'une branche du gouvernement que je n'arrive pas à identifier. Leurs dossiers disent qu'ils sont détachés sur un projet spécial depuis plusieurs années et en déplacement à Neptune depuis quelques semaines. C'est ceux avec qui Keith parlait au tribunal. Mais impossible de trouver le nom de la branche en question, ni celui du projet. J'ai lancé une recherche stricte sur plusieurs serveurs officiels avec des mots-clés précis, mais pour l'instant rien...

Le téléphone de Logan les interrompit. Il regarda le nom de l'appelant et s'excusa auprès de Mac. Celle-ci hocha la tête et se tourna vers son écran au moment où les mots "Recherche terminée, 1 résultat trouvé" s'inscrivirent sur l'écran. Elle écarquilla les yeux et regarda en direction de la porte mais Logan était déjà loin. Elle avait quelque chose, les mots étaient précis, bien que flous pour elle mais elle sentait qu'elle tenait une piste...

Tremblante, elle posa la main sur sa souris, cliqua sur le lien et entreprit de lire le rapport qui avait été extrait lors de la recherche :

"Application du modèle de Tulving dans les cas de dissonances cognitives chez les prosélytes."

L'homme ajusta une dernière fois sa tenue et vint se placer devant l'autel. Son regard parcourut l'assemblée calmement. Il avait l'habitude de ces cérémonies mais celle-ci était un peu particulière de par son organisation et par ses protagonistes.

Il sourit en voyant une jeune femme blonde enlever ses chaussures et les secouer pour en faire sortir le sable qui s'était logé dedans.
Un mariage sur la plage. Drôle d'idée pour un couple modeste. Cette fantaisie était d'ordinaire réservée aux personnes ayant un compte en banque assez fourni. Mais Keith et Alicia avaient bénéficié d'un coup de pouce du maire de Neptune et du soutien de la population de la ville qui était visiblement ravie que Keith Mars soit à nouveau shérif après le règne de Don Lamb. Une parcelle de plage avait donc été réquisitionnée pour l'occasion dans la partie la plus sauvage, enfermée entre l'océan et la falaise, un chemin tracé dans les dunes y menait. Décorés tout en finesse à l'aide de lys blancs, la scène de bois et les bancs préservaient l'aspect naturel du site.

Les mots d'ordre étaient naturel, sobriété et classe.

Les invités semblaient partagés par le choix du lieu. Certains ne cessaient de secouer le sable qui s'insinuait partout. D'autres, en revanche, semblaient totalement à l'aise. Comme ce jeune homme blond, qui avait poussé le vice jusqu'à venir vêtu d'une chemise hawaïenne blanche avec des fleurs bleues et d'un short de bain assorti.

Les premières notes de musique indiquant le début de la cérémonie s'élevèrent. Tout le monde se leva et se tourna vers le début de l'allée pour faire face au futur marié. Keith, vêtu d'un costume beige, avança lentement vers l'autel, saluant d'un signe de tête les gens qui étaient venus. Il arborait un sourire franc mais légèrement crispé. A sa suite, Wallace et Cliff, ses deux témoins, dans des costumes noirs, semblaient tout à leurs aises. Arrivés face à l'autel, ils saluèrent chacun à leur tour le prêtre avant de se placer face aux invités.

La marche nuptiale retentit alors. Les invités se tournèrent à nouveau pour assister à l'entrée de la future mariée. Des rires s'élevèrent lorsqu'une petite fille au teint hâlé et aux bouclettes brunes fit son apparition, droite comme un i, assise à califourchon sur le dos de Back Up. La nièce d'Alicia avait totalement craqué sur le chien lors d'une réunion de préparation au mariage. Elle avait alors exigé de l'avoir pour cavalier, puis monture. C'est tout sourire qu'elle inondait le chemin de pétales blancs.

A sa suite, Mac entra, vêtue d'une robe beige légère qui flottait au gré du vent. Elle avançait lentement, cherchant le courage pour surmonter son stress dans les yeux de Wallace. Elle avait obtenu le statut de demoiselle d'honneur en tant que petite amie de Wallace et meilleure amie de Veronica, et prenait toutes ses précautions pour être à la hauteur de sa mission. Ses heures d'apprentissage de marche sur talons hauts semblaient porter leurs fruits. Elle traversa l'allée et alla se placer sur la droite de l'autel. Elle s'autorisa enfin à respirer normalement. Mais déjà les regards étaient tournés vers la demoiselle d'honneur suivante.

Veronica portait la même robe que Mac et semblait beaucoup plus à l'aise. Elle souriait à l'assemblée et marchait de façon déterminée vers son père sans prêter attention aux regards qui auraient pu être gênants. Notamment celui de Logan. Il la dévorait littéralement des yeux. Même les exclamations des convives voyant arriver Alicia ne lui firent pas détourner le regard.

Alicia remonta l'allée dans une longue robe couleur crème. Sa nièce était venue porter sa traîne après avoir fini de jeter des pétales.
Elle arriva face à Keith, souriante, et le mariage débuta.

S'en suivit un grand repas et une fête, toujours sur la plage. Les plus jeunes des invités s'étant retirés sur le sable, laissant la piste de danse aux jeunes mariés.
Logan et Dick bavardaient au bord de l'eau. Dick venait tout juste de fêter le mariage à sa façon en allant se baigner tout habillé et Logan essayait tant bien que mal de raisonner son ami.

Mac et Veronica de leur côté observaient les deux jeunes hommes.

Mac : Tu me rappelles comment Dick a pu être invité...
Veronica : C'est Logan qui l'a ramené.
Mac : Et depuis quand Logan se permet-il d'inviter des gens à un mariage à la place des mariés ? Et puis, je croyais que vous n'étiez plus ensemble !

Veronica baissa la tête. Elle ne savait pas elle-même où en était leur couple.

Veronica : Je sais pas, c'est compliqué...
Mac : Certainement pas plus que le rapport que j'ai trouvé...
Veronica : Ah oui, parle-moi un peu de ce rapport, qu'est-ce qu'il contient ?

Mac lui raconta alors tout ce qu'elle avait appris et tenté de comprendre. Les différents systèmes de mémoire et les conséquences si l'un d'eux était modifié. Les perturbations engendrées chez un sujet dont on aurait modifié la mémoire. Et les manières d'agir sur la mémoire. Tout pour la modifier, rien pour la remettre en état.

Alors que Mac semblait convaincu d'un lien, Veronica doutait.

Veronica : Mac, tu es sûre que ça a rapport avec notre enquête ?
Mac : Certaine, nos deux amis des services spéciaux font partie de la même unité qui a édité ce rapport. Je n'ai pu le trouver qu'à cause d'une bourde d'un chercheur qui a voulu référencer son étude. C'est le même sigle !
Veronica : Quel sigle ?
Mac : I.N.R.I.
Veronica : Ca ressemble à un sigle religieux... Mais je ne vois pas nos deux amis très proches de l'église, vu les grimaces qu'ils ont faites pendant le mariage...
Mac : J'en reviens pas qu'ils se soient invités... Enfin... Pour en revenir au rapport, il est flippant, je te promets. J'ai du le lire une dizaine de fois avec un dictionnaire à côté tellement il est compliqué... Je savais pas que la mémoire était malléable à ce point !
Veronica : Dans tous les cas, il reste une question. Ca peut convenir pour Vénus mais pas pour Logan. Il n'a aucune perte de mémoire... Où est le lien entre eux ?
Mac : Je suis persuadée que dès qu'on aura trouvé ce que veut dire ce sigle, on en saura plus.
Veronica : Et bien, allons leur demander !
Mac : Quoi ?

Mac regarda son amie se lever et se diriger vers les deux agents qui se tenaient à l'écart de la fête mais qui surveillaient tout ce qu'il se passait. Ils gardèrent leurs expressions figées quand une petite blonde surgit devant eux, un sourire mauvais au visage.

Veronica : Belle fête, n'est-ce pas ?
Homme 1 : Très réussie, mademoiselle Mars.
Veronica : Vous savez, normalement, il faut un carton d'invitation et j'ai beau essayer de me souvenir, je ne me rappelle pas vous en avoir envoyé.
Homme 1 : La mémoire se dégrade si on ne l'entretien pas...
Veronica : Aidez-moi à me rappeler... Où se situe l'INRI déjà ?
Homme 2 : C'est une inscription qui fut gravée sur la croix de jésus, mademoiselle.

Elle posa un doigt sur son menton et leva les yeux au ciel.

Veronica : Vous êtes sûrs ? J'étais pourtant persuadée que c'était le nom de votre service... C'est quoi alors ?
Homme 2 : Bien tenté mademoiselle, mais nous ne pouvons rien dire de plus...
Veronica : De toute manière, avec ou sans vous, je trouverai la signification de ces lettres !

Elle fit demi-tour et rejoignit Mac. Arrivée à sa hauteur, elle se retourna rapidement et vit l'un des deux hommes au téléphone. Satisfaite, elle traîna Mac sur la piste de danse.
Elle voulait simplement profiter de la soirée. Maintenant que l'enquête avait trouvé son rythme de croisière, qu'elle avait des points précis à étudier, ce n'était plus qu'une question de temps avant que les choses ne bougent vraiment.