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Once upon another time

Série : Veronica Mars
Création : 07.06.2009 à 14h11
Auteur : mulderbuz 
Statut : Terminée

« Ecrite à quatre mains, Devilblue et Mulderbuz vous présentent leur nouvelle histoire, découpée en trois chapitres et se passant quelques années après la fin de la série ... » mulderbuz 

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WHEN BATMAN FALLS TH EMASK

 


 

 

Il n'y a pas à dire le costume me va bien.

La carrure pour la veste et les responsabilités qui m'incombent désormais. Avoir tant de personnes sous mes ordres est une vraie jouissance. Je les vois tous derrière cette grande baie vitrée qui me jettent des regards inquiets.

Ils ont peur. Peur de moi et peur pour leur place. Je suis celui qui d'un geste, d'une pensée peut faire de leur vie le néant. Leur dernier papier me déplait? Une petite visite dans ce bureau et je les vois ramper en sortant, craintifs et n'osant se retourner, terrorisés à l'idée de se transformer en statue de pierre.

Il n'est nul besoin de ressembler à cette mégère aux mille tentacules pour qu'ils m'obéissent.

Je suis leur patron, je suis leur roi. Je suis Dieu.

 

Le désert à perte de vue. Des terres sèches et arides où nulle végétation hormis les ballots de broussailles portés par le vent et les cactus ne s'aventure à y élire domicile.

C'est dans ces moments-là qu'elle apprécie sa vie. Un siège en cuir rembourré qui épouse parfaitement son dos, une assise confortable qui malgré la durée du trajet ne l'endolorit pas.

Extérieurement donc, tout est parfait. Aucun grain de sable pour ternir cette magnifique journée ensoleillée qui annonce un week-end hors des tracas du quotidien, dans une ville en bord de mer. Pourtant ...

- Tu sais qu'on se fait doubler systématiquement? Interrompt-il le silence pesant qui règne dans la voiture depuis leur départ et que son petit somme étrange n'a pas réussi à combler.

- Et alors? Rétorque-t-elle sèchement.

- Et alors je ne vois pas l'intérêt d'avoir un joli bolide entre les mains et de ne pas s'en servir!

- C'est le même type de réflexion que fait Dick quand il voit une jolie fille non? Ironise-t-elle d'un ton froid avant de continuer. Premièrement c'est ton joli bolide, deuxièmement, tu n'avais qu'à prendre le volant, et troisièmement on arrivera toujours trop tôt!

Il s'enfonce dans son siège et tourne la tête pour laisser le paysage défiler sous ses yeux. Progressivement les buildings de Los Angeles ont fait place aux étendues désertiques puis maintenant qu'ils se rapprochent de Neptune, une douce odeur d'embruns chatouille les narines et le soleil déjà haut dans le ciel réchauffe les peaux mises à nue dans la décapotable.

Le temps est donc au beau fixe, mais pas l'humeur de son chauffeur.

- En fait, tu vas te retrouver comme un poisson dans l'eau. Sourire aux lèvres et coupe de champagne à la main, tu ne seras pas trop dépaysé! Le relance-t-elle.

- Depuis quand Veronica Mars a perdu sa capacité à dire non? Je croyais que c'était une de tes marques de fabrique! Après tout, tu n'avais qu'à refuser l'invitation! Lui répond-il sur le même ton.

- Et maintenant tu vas me reprocher ma générosité d'avoir pensé à toi et aux autres?

- Tu te fous de moi là? Parce que je n'ai aucun souvenir de t'avoir supplié de m'y suivre! Ecoute, reprend-il plus doucement, c'est juste un mauvais moment à passer, dis-toi que dans deux jours tout sera oublié. Alors ne frappe pas le malheureux innocent que je suis dans cette histoire ... 

Il a raison. En partie. Même si elle se demande encore pourquoi elle a dit oui. Mais maintenant que les dés sont jetés, maintenant que le fameux point de non-retour est passé, elle a de plus en plus de mal à contenir son exaspération.

- Oui je sais, mais j'ai besoin d'un punching-ball!

- C'était pas inscrit au contrat ça, note-t-il narquois.

- T'avais pas lu les petites lignes?

- Ah, je savais bien que je n'aurais pas dû sécher ces cours à la fac! Déclame-t-il en secouant la tête tristement.

Un sourire de connivence brise enfin les tensions qui avaient envahi la Viper rouge. Sa main se perd tendrement sur la joue de Veronica et descend lentement le long de son cou.

- Pas plus loin, sinon tu vas gouter au ravin!

- On peut même pas s'amuser avec toi! J'étais sûr que le trajet avec Dick serait beaucoup plus relaxant!

Elle soupire en entendant ces mots. Ce qu'elle redoutait semble petit à petit prendre forme. Elle aime le gamin en lui, mais quand elle doit supporter ces deux gamins-là ensemble, elle a vraiment l'impression de jouer les nounous de luxe.

- Je ne te savais pas attiré par les formes de ton BFF?

- Il est blond, alors quand je suis en manque, je ne fais pas dans le détail!

- Rappelle-moi de frapper la prochaine fois que vous êtes seuls à l'appartement! Il y a des visions que je préfère ne pas connaître!

- Je mettrais une pancarte à l'avenir; occupé, test d'effort, testosterone game!

- Au fait et Mac et Wallace?

- Je crois qu'ils sont arrivés hier soir, ils allaient chez leurs parents respectifs ...

- C'est exactement ce que je craignais; remake de "Souviens-toi l'été dernier"! On prend les pires années de ma vie et on recommence!

- Hey, sans elles, tu ne m'aurais pas!

- Oui, mais j'aurais peut-être Colin Firth!

- Je n'ai jamais compris cette fascination pour ce Mr Darcy! Riche, arrogant, beau gosse, s'amourachant de la belle jeune fille sans le sou mais non dépourvue de répartie ...

Il s'arrête soudain et se met la main devant la bouche pour la regarder les yeux ébahis.

- Mais je suis ton monsieur Darcy! S'écrie-t-il moqueur.  

- Et oui, j'ai dû me rabattre sur la pale copie!

L'accélérateur subit la conséquence de cette bonne humeur. Avec assurance, elle pousse le moteur, lunettes de soleil sur le nez, et petit sourire taquin sur les lèvres. Lui, l'observe en silence quelques secondes, prend une profonde inspiration puis se résigne à ne rien rétorquer.

Son regard se reporte alors sur l'horizon, et son esprit commence à anticiper les répercussions de cette soirée.


mulderbuz  (29.06.2009 à 08:28)

Déjà presque une heure qu'elle est dans la salle de bain. Il patiente de plus en plus difficilement en tournant dans la chambre comme un lion en cage. Dick est passé et lui a dit qu'il l'attendrait dans trente minutes au bar. Les bonnes vieilles habitudes ont la vie dure.

Enfin assis sur le bord du lit, il prend le temps de regarder autour de lui. La décoration a un peu changé, mais les couleurs sombres et le mobilier sobre sont toujours d'actualité. Instinctivement, son regard est attiré par le balcon.

Agacé, il se rend sur celui-ci. L'impression que ce bout de béton perché au dessus du vide a marqué les nombreuses étapes des mois passés dans cet établissement. Les bons comme les mauvais, même si les murs de cette chambre lui rappelle invariablement plus les séparations, les doutes et les morts que les folles nuits partagées avec elle. Le NGH doit avoir cet effet néfaste de faire remonter les mauvais souvenirs.

Une soirée pour se souvenir parait-il ... Une soirée pour oublier il l'espère.

Elle sort enfin de la pièce dans un nuage de vapeur.

- Tu sais que tu as beau y passer autant de temps que tu veux, c'est toujours toi.

- Quoi? Méga déçue! Moi qui m'étais habillée comme une femme fatale exprès pour que l'on ne me reconnaisse pas!

Il s'approche d'elle et l'enlace.

- Pour rien au monde je ne voudrais que tu changes, murmure-t-il. C'est comme ça que je t'aime; autoritaire, intransigeante, volontaire, petite ... imparfaite quoi!

- Une Élisabeth Bennet bas de gamme pour un monsieur Darcy de pacotille en somme ...

- Exact, dit-il tout bas en commençant à l'embrasser dans le cou.

- Stop. Je veux bien une fois l'année m'enfermer dans la salle de bain pour faire honneur à une bande d'inconnus censés avoir été mes meilleurs amis pendant une adolescence que je préfère oublier, mais pas deux fois dans la même soirée! Précise-t-elle en montrant sa coiffure du doigt.

- Et oui, n'est pas Madison Saint Clair qui veut ..., ironise-t-il négligemment.

- Quoi? S'écrie-t-elle en s'écartant brusquement et en le fixant étrangement. Elle sera là ce soir? Je croyais qu'elle avait suivi son mari à l'autre bout du pays?

Il se met à marcher dans la suite en se passant négligemment la main sur la nuque. Toujours réfléchir avant de parler, et encore plus lorsque votre interlocuteur s'appelle Veronica Mars.

- Tu as bien lu l'invitation, c'est elle la maitresse de cérémonie et ...

- Lire l'invitation? Laquelle? Celle que tu m'as juste laissé apercevoir avant de la noyer dans la piscine? Je commence à comprendre pourquoi ...

- J'ai toujours dit que ton esprit de déduction était beaucoup trop vif pour moi.

- Tu savais qu'elle serait là, lui reproche-t-elle. Tu aurais dû me le dire.

- Qu'est ce que ça aurait changé?

Il évite malgré tout consciencieusement de croiser son regard. Il avait espéré que cette nouvelle ne serait découverte qu'au dernier moment et que, tenue correcte exigée oblige, elle ne cherche pas à le crucifier sur place.

Mais la donne a changé. Et il n'aime pas le silence qu'elle lui oppose. Il opte pour la fuite et s'engouffre dans la salle de bain.

- A mon tour ... Je dois te faire honneur ce soir ...

A travers la porte fermée, il l'entend prononcer suffisamment fort.

- Ose rien que le quart d'une seconde poser un œil appréciateur sur elle, et je fais un remake de "Dix petits nègres"!

- Ca me va, crie-t-il à travers la porte pour couvrir l'eau qu'il a commencé à faire couler. En même temps, celui-là je ne l'ai pas lu!

 

Le bruit du jet sur sa peau l'enveloppe dans une douce moiteur. Il reste immobile dans la douche et s'interroge sur les conséquences que pourrait avoir cette soirée et leur attitude respective face à cet événement. 

Pendant qu'il s'est enfermé, elle fulmine. Comment a-t-il pu lui faire ça? Comment a-t-il osé accepter cette invitation alors que Madison Saint Clair serait présente? A bien y réfléchir, cela a-t-il vraiment de l'importance? Le fond du problème n'est pas là.

 

Elle se laisse tomber sur le lit où il se tenait quelques minutes plus tôt tandis qu'elle le faisait patienter dans la salle de bain.

Elle était prête depuis déjà une bonne dizaine de minutes mais faisait trainer.

Elle y va à reculons; elle sait qu'elle va revoir ses amis mais aussi que toute cette soirée, sous couvert d'une excuse fallacieuse sera le motif tout trouvé pour se projeter de nouveau des années en arrière et ressortir inévitablement les douleurs du passé. Or elle n'a pas pour habitude de regarder en arrière. De l'avant, toujours. Les regrets comme les remords font invariablement de très mauvais souvenirs. Pourtant, cette ville est la sienne, et quand elle y pense, elle revoit Lilly, sa mère envolée, son innocence piétinée, et tant d'autres choses encore. Alors son choix de quitter Neptune avec son père et de s'installer à Los Angeles, n'avait pas été une fuite. Non. Plutôt une volonté farouche de ne pas s'appesantir sur ce qui pouvait blesser l'âme. Et rebondir à nouveau.

Elle imagine facilement que si elle était restée à Neptune, ses retrouvailles avec Logan n'auraient pas eu la même saveur, qu'ils auraient été encore entachés d'un passif trop douloureux à gérer. Mais, le revoir dans cet aéroport alors que sa vie prenait un nouvel essor, et ces années partagées à ses côtés désormais à Los Angeles étaient la preuve que son bonheur n'avait ni le gout ni la couleur de la ville de son adolescence. Alors ce soir, pour elle, c'était comme tenter le diable et et sauter à pieds joints dans la gueule du loup.

 

Il devine parfaitement les pensées qui l'assaillent. Lui non plus n'est pas particulièrement heureux de retourner ici. Sunnidayle il l'appelle cette ville, la bouche de l'enfer. A croire que tous ses démons personnels y ont élu domicile! Il s'agite sous la douche. Hors de question qu'il se laisse embarquer dans cette mélancolie ridicule. De plus, il devine que sous couvert de craindre ce retour à Neptune, Veronica cache aussi une autre de ses appréhensions. Le voir évoluer dans un monde qui est le sien et où elle ne se sent pas à l'aise.

 

Lorsqu'ils ont commencé à vivre ensemble, tacitement, ils ont décidé de ne pas mélanger le travail et leur vie personnelle. Logan ne veut pas savoir ce qu'elle fait précisément dans ses enquêtes et elle ne demande pas qui sont les gens qu'il rencontre. Et étrangement, cet équilibre précaire perdure. Il sait qu'il se leurre en se cachant les dangers qu'elle affronte, elle sait qu'elle se voile la face en refusant de penser aux nombreuses femmes qui le côtoient. Mais c'est ce qui leur permet de tenir. L'ingérence de l'un dans la vie de l'autre n'aurait amené qu'au désastre. Ils en savent quelque chose. Elle ne veut pas d'un garde du corps craignant pour sa vie en permanence, il ne veut pas d'un chaperon trop prompt à le juger au moindre faux pas. 

 

Elle n'a jamais aimé les faux-semblants et ces soirées de complaisance regorgent de sourires surfaits et hypocrites. Il le sait. Son attitude lors de ces séjours prolongés à l'autre bout du pays pour serrer des mains, rires à des blagues douteuses, embrasser des femmes inconnues mais au décoleté aussi profond que celui de leur compte en banque, tout ce rôle qu'il épouse si bien l'insupporte. Le voir évoluer dans ce monde où il est né mais qui n'est pourtant en rien le sien la dérange.

Il n'a rien d'un saint, mais sa famille charismatique lui a bien appris à jouer dans l'arène, que cet altruisme affiché pardonnait les pires traîtrises et les plus grandes indélicatesses. Alors qui mieux que lui et les casseroles de scandale qu'il traine pour attirer la foule? il avoue qu'il s'est pris au jeu, c'est vrai. Enfin, juste le temps où il revêt son costume de lumière.

Un poisson dans l'eau lui dit-elle, lui reprochant indirectement de bien remplir son rôle d'organisateur de soirées de charité.

Pas un poisson dans l'eau, mais un requin en cage. Parfois, le bocal est vraiment trop petit et cette désagréable impression de tourner en rond ... La géométrie a ses limites.

 


mulderbuz  (30.06.2009 à 07:49)

Les gouttes d'eau qui glissent le long de son dos le font légèrement frissonner. Les cheveux humides, le regard encore mouillé, dans le miroir un homme toujours jeune le détaille. La trentaine, les épaules rassurantes et dessinées, un abdomen chocolaté, si ça n'était lui qu'il observait, il le trouverait vraiment pas mal.  

La monotonie de l'eau s'échappant du robinet agit comme un métronome. Son regard se voile, la glace se brise et devant lui à perte de vue l'océan.

 

La planche sous le bras, il entend à peine les hourras de la foule. Il agite sa main dans la direction de ses amis et entre dans l'eau. Le challenge est de taille. Il remet son titre en jeu et les jeunes loups sont là pour le faire couler au moindre faux pas.

Allongé sur sa planche, il attend la vague qui l'emportera vers un nouveau succès. Enfin elle arrive. Il ne la quitte pas des yeux, et lorsqu'elle le rejoint, il se relève et imprime un léger mouvement à tout son corps pour se mettre dans le rythme. L'eau glisse sous ses pieds, l'élément liquide se laisse maitriser sans contrainte.  Lorsque sa vitesse est suffisante, il se met dans le sens de la vague et entame les figures.

Les flashs crépitent, les fans se ruent vers lui, tout le monde le félicite. Cette année encore il restera le maître de l'océan.



- Aie!

- Mais qu'est ce que tu fais? Lui demande-t-elle bizarrement. 

Il cligne des yeux plusieurs fois et réintègre les murs de sa salle de bain. Une petite blonde les mains sur les hanches le regarde étrangement. 

- Ca fait cinq minutes que tu es planté devant la glace! Un sursaut de narcissisme exacerbé? 

- Non, je me disais juste que la douche est vraiment trop petite pour ma planche de surf! 

Et sans une explication de plus, il retourne dans leur chambre. Elle le suit et le questionne de nouveau. Depuis quelques semaines, elle le voit fréquemment perdu dans ses pensées et s'interroge sur ce qui le préoccupe. 

- C'est moi qui est censée ne pas vouloir aller là-bas ce soir et tout faire pour l'éviter. Pourtant c'est toi qui ressemble à un zombi depuis quelques temps! Une explication?

- Ton père a appelé avant que nous partions de L.A. Il m'a encore parlé d'un poste  ...

- Oh ... 

Voilà.

Le pourquoi du comment.

Le jeune et fringuant Logan Echolls. Le frivole et désinvolte Logan Echolls. Le rentier oisif et désœuvré Logan Echolls. Le désabusé et sarcastique Logan Echolls.

Et non pas, le brillant avocat Logan Echolls. Le fameux procureur Logan Echolls. Le jeune loup de la finance Logan Echolls. Le courageux inspecteur Logan Echolls. Le prévenant chirurgien Logan Echolls. 

Merde, on n'est pas dans une série pour ado où le personnage principal se doit de porter le costume de super héros! Quoique que ça pourrait mettre en valeur son corps de rêve! Et ses multiples sauvetages de sa blonde en détresse revêtiraient enfin une aura nouvellement sublimée! 

Pourtant le jackass a disparu. Il a fait place à un homme responsable, modéré et investi. Alors oui il ne travaille pas comme le commun des mortels, oui, il utilise sa situation privilégiée et la renommée de son père pour attirer les fortunes du pays dans ses galas de charité, mais les années ont remplacé la célébrité et l'attrait morbide pour l'héritier d'Aaron Echolls par une tacite reconnaissance pour le fils cherchant à redorer sa réputation.

Ces soirées en smoking rapporte des fonds non négligeables qu'il distribue à différentes associations qui lui tiennent à cœur.

Alors pourquoi toujours ce pincement lorsqu'on lui demande ce qu'il fait dans la vie, lorsque les yeux de Veronica se posent sur lui attendant sa réponse ou que la main bienveillante de Keith Mars étreint son épaule.

Il s'imagine la détresse de Bruce Waine face aux regards de complaisance des gens qui l'entourent et qui ignorent que derrière ses frasques et son oisiveté se cachent les ailes de Batman.

Et malheureusement pour Logan, lui n'a pas la cape et la batmobile pour se rassurer lors de ces jugements précipités.

 

Elle s'étonne encore de s'inquiéter pour sa situation. Depuis bien longtemps, même avant qu'elle ne le retrouve dans cet aéroport et qu'ils ne  réapprennent la vie ensemble, il avait pris sa vie en main. Peut-être était-ce aussi ce qui la dérangeait après tout; de constater qu'il n'avait pas eu besoin d'elle pour refaire sa vie, que seul, il avait réussi à faire face et à aller de l'avant.

Elle lui reprochait en fait ce qu'elle avait toujours constaté chez lui; que malgré les coups bas et les drames qui avaient jalonné son existence, il se relevait, les yeux droits devant, refusant de s'atermoyer sur un passé bancal, fait de sentiments fragiles et de présences quasi inexistantes.

Wallace avait raison, sa vie était celle d'un chat, multiple et sans cesse revisitée.

Il n'avait pas besoin d'elle.

Pour être heureux elle y apportait sa modeste contribution, mais pour vivre il se débrouillait très bien tout seul. 

Pourtant elle devait être honnête, volontairement elle appuyait sur les remarques désobligeantes pour certains et pleines de complaisance pour d'autres. Elle avait aussi besoin de le sentir fragile, de le voir se tourner vers elle pour quérir de l'aide. Mais à l'évidence, pour sa reconversion, le travail méritait d'être encore long!

 

Alors qu'il s'apprêtent enfin tous les deux à sortir de la chambre pour rejoindre Dick qui les attend en bas, son téléphone se met à sonner.

- C'est mon père. Vas-y, je descends dans deux minutes.

- Tu salueras mon coach de vie pour moi!

Avec un sourire forcé elle le met dehors et retourne s'installer sur le lit. Au bout de dix minutes de communication, elle le coupe.

- Je te rappelle dans deux minutes, je dois prévenir Dick et Logan que je serai en retard.

Aussitôt raccroché, elle fait le numéro de Logan et avant qu'il ne puisse lui faire la moindre remarque désobligeante concernant leur impatience, elle lui explique qu'elle doit régler une affaire importante sur laquelle ils travaillent tous les deux et qu'elle les rejoindra directement là-bas par ses propres moyens. Puis elle s'installe dans le canapé en cuir, et les pieds nonchalamment posés sur la table basse, ses escarpins abandonnés sur le sol, elle compose à nouveau le numéro de son père.

- Allo Papa? C'est bon, je suis toute à toi!

 


mulderbuz  (01.07.2009 à 07:49)

Ils roulent depuis environ dix minutes et Logan n'a toujours pas décroché un mot. Dick, lassé de faire la conversation tout seul, allume la radio.

- Je reviens sur ce que j'ai dit, vous êtes aussi chiants l'un que l'autre!

- Et moi aussi je reviens sur ce que j'ai dit, le trajet avec toi ne vaut pas mieux, marmonne Logan.

Brusquement Dick tourne le volant et stoppe la voiture dans un crissement de pneus.

- Non, Logan. Jamais ça. Ne me dis jamais ça, déclame-t-il la main sur le cœur. Si tu veux que nous restions amis à la vie à la mort, ne me compare jamais à elle!

La tirade mélodramatique de Dick lui arrache enfin un sourire.

- N'en fais pas trop quand même.

- OK, acquiesce Dick en redémarrant la voiture. Mais alors promets-moi d'oublier pour le temps d'une soirée cette petite peste de Veronica Mars.

- Il y a bien longtemps que tu ne l'as pas appelée comme ça ...

- Que veux-tu, le retour sur les lieux du crime réveille en moi de vieux réflexes! Je me limite de nouveau au surfeur blond décérébré, toi au jackass et elle à la petite fouineuse!

- Je vais commencer à croire qu'elle avait raison, lance alors Logan en le regardant étrangement.

- Ca ne changera pas, elle veut toujours avoir raison!

- Possible, sourit Logan, mais en l'occurrence, ses pires craintes semblent se réaliser. Et les miennes par la même occasion!

- Tu expliques? Mes neurones ont fondu dès lors qu'on a passé le panneau Neptune ...

Logan se recale profondément dans le siège passager et lance un soupir significatif.

- Cette ville ne nous a amené que des problèmes. A nous deux, on doit connaitre la quasi totalité de la population du cimetière, et le reste des habitants vivants de Neptune aimerait que nous y soyons logés bien avant nos vieux jours! Énonce-t-il sarcastiquement. Alors tu crois vraiment que ce pèlerinage en terre sainte peut amener quelque chose de bon?

- A choisir qu'est ce que tu préférerais?

- Faire un tour de montagnes russes sans harnais de sécurité? Propose Logan d'un air désabusé.

- Ouch, à ce point là?

- Et pour elle je pense que c'est encore pire ...

- Mais pourquoi tu as accepté?

Logan répond par un silence. C'était la question à un million de dollars. Pourquoi vouloir revenir ici? Pourquoi vouloir se confronter à toutes ces têtes connues qui n'avaient eu pour lui que mépris face à son arrogance et son agressivité passées? Quoique, avant que ses parents n'assurent le spectacle, son statut de gosse de riche lui conférait une place privilégiée dans la cour du lycée de Neptune High.

- Et bien j'avoue que je me le demande encore ... Il ne t'est jamais arrivé de vouloir mettre un terme aux idées reçues et de montrer aux autres qu'ils avaient tort? Que tu valais mieux que tout ce qu'ils pouvaient imaginer de toi?

- Logan, tu m'as bien regardé? Tu crois vraiment que si je voulais faire bonne figure et que les gens arrêtent de me prendre pour le crétin de service je ne l'aurais pas déjà fait? Tu me connais. OK, l'adulte en moi a du mal à prendre racine, je me fous des convenances et de la bienséance, mais surtout, je me fous du qu'en dira-t-on! Bon il faut avouer aussi que ça me ferait mal de devoir me lever le matin pour enfiler un costume et partir au boulot avec mon attaché-case. Quand je vois déjà ta métamorphose en golden boy des liftées richissimes de ce pays, j'ai froid dans le dos! Manquerait plus qu'on arrête de jouer à Mario Kart! ... Et depuis quand ce que les autres pensent de toi te préoccupe?

L'explication de Dick est solide. Il s'étonne encore chaque jour du détachement affiché de son ami envers les règles que la société impose à qui veut se prévaloir du statut d'adulte responsable. Il reste un gamin turbulent et non conventionnel et l'assume pleinement.

A bien y réfléchir, le problème est là.

En quittant Neptune, pour tordre le cou à toute cette réputation sulfureuse qui était la sienne, jalonnée par des arrestations pour des motifs divers et variés, Logan s'était acheté une respectabilité.

Tous les soirs de gala, il revêtait son costume de lumière et, auréolé de son statut de fils de star déchue et accessoirement assassin, il recueillait des fonds pour des associations lambda. Mais sa démarche était-elle véritablement désintéressée?

Quand il y réfléchit, il sait bien que non, que c'est une manière personnelle d'obtenir enfin une reconnaissance. Que ces frasques illégales disparaissent enfin sous le manteau de l'altruisme et de la générosité.

Mais Dick n'a pas tout à fait tort, lui aussi se fait peur parfois. Lorsqu'il se regarde dans le miroir et que le jackass craquelle le vernis de cet homme lisse à l'allure de gendre idéal, il a peur de devenir insipide.

- Depuis que le père de V s'est décidé à me caser dans un bureau ...

- Hein?

Logan n'a pas réalisé qu'il s'est exprimé tout haut. Il n'en a pas encore parlé à Dick, mais désormais, il lui doit une explication.

- J'attends un complément d'information, insiste Dick. 

- Et bien toi qui me trouve barbant dans mon smoking, tu vas peut-être bientôt me voir me lever le matin à 7 heures pour partir pointer à mon nouveau boulot!

- De quoi tu parles?

- Je suis en phase de reconversion ... Veronica et son père veulent me trouver un travail plus respectable que celui d'extorqueur de luxe!

- Quoi? V veut que tu te cases? Manquerait plus que vous vous mariez et que vous fassiez trois mômes! La planète Mars est sortie de son orbite ou quoi!

- Je crois que son père lui met la pression. Et ça lui donne une justification toute trouvée pour m'éloigner de ces soirées où elle refuse pourtant de m'accompagner.

- Ah non, même si tu te décides à jouer les W.A.S.P. de service, ne t'avise jamais d'arrêter ces soirées. J'adore l'alcool à volonté et j'ai jamais trouvé mieux pour me faire une jolie fille. Elles sont pratiquement toutes casées, alors je suis pour elles le dessert pimenté d'un soir et pas besoin de les rapeler le lendemain et de subir les foudres de la rupture!

- Elle veut me faire rentrer dans une norme à laquelle elle-même ne fait plus partie depuis bien longtemps! Continue-t-il un peu perdu. Enfin bref, oui j'ai accepté cette invitation. Donc pour une tentative de revalorisation personnelle, surement aussi par curiosité, et quoique tu en dises, pour les faire enrager une fois de plus.

- Jamais vu un col blanc faire peur à l'adolescence dorée neptunienne, t'en sais quelque chose, remarqua Dick, s'imaginant déjà son meilleur ami affublé d'un horrible costume trois pièces, la raie plaquée sur le côté, pendu au ventilateur d'un immense cabinet par sa cravate de bureaucrate.

- J'aurais beau chercher, aucune justification ne sera vraiment recevable, soupire finalement Logan. Pourtant, je n'en vois vraiment pas d'autre ...

- Allez dude, ce soir c'est fiesta au bar et levée de poupées ressorties tout droit du passé! Il doit bien en rester quelques unes qui n'ont pas encore eu vent de ma réputation lycéenne non?

- En espérant que Madison ne te gâche pas ta soirée! Elle a déjà bien entamé la mienne! Gémit Logan, le regard assassin de Veronica toujours en tête.

- Quoi? S'exclama Dick en tournant des yeux ahuris vers lui.Tu ne va pas me dire que tu lui as caché que Madison est là ce soir?

- Mais elle ne serait jamais venue si je lui avais dit! Lui répond ce dernier penaud.

- Clair, mais maintenant elle va t'en faire baver, conclut Dick philosophe. Quoique j'ai toujours eu l'impression que tu aimais ça, plus elle frappe, plus tu rappliques et tu t'accroches ...

Il fait mine de réfléchir et ajoute.

- Juste par curiosité, vous avez déjà essayé avec des instruments?

- Dick!

L'ombre d'un grand manoir tout éclairé au fond d'un petit chemin qui serpente à leur droite interrompt leur discussion animée.

- Tu crois que c'est là?

- Tu crois que la banderole "Vive les Pirates" indique un séminaire sur "La migration de la grenouille dorée en Mésopotamie"?

- Il y aurait des femmes à ce type de séminaire?

- De l'âge de ta mère, peut-être ...

- Tu sais, je ne cracherais jamais sur Sharon Stone!

- Oui, mais justement, je pense que ... et merde, même pas une seconde de répit. Regarde qui est en haut des marches pour nous accueillir?

- Une de mes ex ... et la tienne aussi finalement, assène Dick dubitatif. Elle a pas grossi?  

 

 - Logan Echolls et Dick Casablancas! Les deux inséparables sont de retour, minaude-t-elle en s'avançant vers eux un sourire moqueur accroché aux lèvres. Seuls?

- Plus pour longtemps, lui sussure Dick dans l'oreille en nouant son bras autour de sa taille.

- Non, je l'espère plus pour longtemps, soupire Logan, qui à la vue du hochement de tête de Dick ne peut s'empêcher de sourire en comprenant l'allusion au léger embonpoint de Madison.


mulderbuz  (02.07.2009 à 07:54)

Une robe noire, des escarpins vernis, une jolie coiffure. Pourquoi ce besoin de préciser? Veronica, malgré sa vie sociale presque inexistante, sait comment s'habiller pour sortir. Elle lit des revues de temps à autre... De toutes façons, elle n'a aucune envie et encore moins aucun besoin d'aller à cette fête.

"12 ans après! Retrouvez vos amis du Lycée! Que sont-ils devenus?"

La belle affaire, des amis, elle en avait eus avant la mort de Lilly. Et puis ce fut l'hécatombe, plus personne n'osant s'asseoir à coté d'elle. Pire,elle était devenue la cible de leurs blagues idiotes. Ses amis, ceux sur qui elle peut compter, elle ne les a pas perdus de vue et sait pertinemment ce qu'ils deviennent. Même Dick, elle sait ce qu'il fait de sa vie, par force,il est le meilleur ami de ...son quoi d'ailleurs? Son non mari pour la vie, son fiancé pour l'éternité, ou beaucoup plus romantique et épique son âme sœur?

Veronica Mars et Logan Echolls! Le couple le plus inattendu, le plus mal assorti pour certains et le plus heureux pour d'autres. Peut-être que ces retrouvailles avec les Pirates vont offrir de délicieux moments! Personne n'est au courant pour eux. Aucun ancien n'a cherché à savoir ce qu'elle est devenue. Tiendrait-elle une petite vengeance?

Elle prend une profonde inspiration avant de sortir du taxi.

- Une heure de retard, c'est tout à fait acceptable! Lâche-t-elle au chauffeur en lui  faisant un clin d'œil.

Aucune préméditation de leur part, juste les hasards de la vie qui les ont conduits à venir séparément. Certainement les gènes d'acteur de la famille Echolls qui le pousse à si bien se mettre en scène. Sauf que la fin de ce film est plus heureuse pour les premiers rôles.

Face à l'escalier la conduisant sur le perron la blonde sourit en imaginant le surfeur blond en faire valoir du jeune premier, finalement pas besoin de jouer, tout se fait naturellement. Le bruit de ses talons sur les marches en marbre résonne dans la nuit. Elle s'attarde une seconde devant l'imposante porte d'entrée en bois massif. Elle plonge sa main dans son sac et vérifie l'adresse, assez surprise qu'une réunion d'anciens élèves se déroule dans un tel lieu. A nouveau sure d'elle, elle franchit le seuil de cette bâtisse, acceptant son sort et découvre un magnifique hall, décoré aux couleurs de Neptune High.

Une immense banderole "Hello les Pirates" lui fait face et des photos de classe d'époque reposant sur des chevalets l'encerclent. Une nouvelle hésitation. Immobile elle ferme les yeux et tente de trouver les arguments pour rester. Et puis, repensant à sa conversation avec Logan, elle se dirige vers les lumières et ce qui doit faire office de salle de réception. Le couloir y menant regorge de portraits, d'extraits d'articles, de coupes. Pièces à conviction typiques d'un lycée Américain. 

- S'affranchir de mon passé? Chuchote-t-elle en laissant ses doigts s'attarder sur un article signé D.Kane.

Pas véritablement nostalgique, elle poursuit cette plongée dans son passé tumultueux, se réjouissant de sa nouvelle vie. L'ambiance semble déjà chaleureuse si elle se fie aux éclats de voix enjoués qui lui parviennent à l'oreille. Soudain, un bras l'agrippe et l'oblige à stopper son chemin. Elle se retourne pour faire face à son agresseur, avec sa main dans son sac, prête à lui envoyer une décharge électrique.

- Mademoiselle Mars,nous n'attendions plus que vous! Si vous voulez bien vous donner la peine, dit avec ce ton qui n'appartient qu'à lui Mr Clemmons.

Veronica choisit le sourire faussement indigné comme mode d'expression. Revenue dans ses années lycée, le proviseur l'interprète parfaitement et se coule dans son personnage de réprimandeur en secouant la tête de dépit.

Des paillettes, des strass, du velours! Madison! Le bon goût du luxe et de la décadence. Logan ne lui a donc pas menti! Caché ce fait, mais pas menti... 

Madison Saint Clair, épouse d'un célèbre joueur de base-ball payé 1 000 000$ pour la dernière saison, organisatrice de galas de charité, présente à toutes les avant-premières des supers productions hollywoodiennes et accessoirement la même blonde avec des préjugés. Ce qui réconforte Veronica, c'est de découvrir quelques unes de ses frasques dans les magazines. Sa vocation? Devenir la nouvelle Paris Hilton.

La petite blonde fait son entrée sous les regards étonnés des anciens Pirates. Habitudes profondément ancrées dans une ville immuable. Sa popularité retrouvée, elle se dirige, un sourire de satisfaction accroché aux lèvres vers l'organisatrice afin de signaler sa présence.

- Veronica ? Quelle surprise! S'efforce à dire Madison avec un ton qui sonne faux.

- J'ai pensé une seconde que tu étais heureuse de me voir Madison. Les choses ne changent pas! Réplique Veronica offensée.

L'ancienne pompom girl ne répond pas et tend un badge à son image; scintillant et clinquant.

Soudain Veronica sent une présence dans son dos. Sure d'en connaître le propriétaire, elle se laisse approcher sans un mot.

- Il faut être sous l'emprise de stupéfiants pour imaginer une seconde qu'une pompom girl puisse sauver le monde...

Surprise par cette voix venue de son passé, Veronica pivote et avec un petit sourire vengeur réplique.        

- Stupéfiant? Oui...C'est d'ailleurs une de tes compétences non? Demande-t-elle en fronçant les sourcils.

- Veronica, toujours aussi piquante?

- Troy, toujours aussi charmeur?

- J'ai longtemps hésité à venir mais ton apparition ....Digne d'un film! 

Le temps des rancunes est bien loin et elle accepte sans aucune arrière-pensée ce compliment. Elle sent même ses joues rosir légèrement. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, un raclement de gorge la ramène dans cette salle.

- Hum,hum, insiste Madison en la fixant.

- Oui Madison?

- Tiens. Répond-elle en lui tendant une petite enveloppe scellée.

- Madison?! Une lettre pour moi? Des excuses? Une déclaration?

- Ouvre et tu verras bien... lance-t-elle en reportant déjà son attention ailleurs.

Veronica décachette l'enveloppe. L'excitation suscitée par la curiosité cède vite sa place à la déception.

- Non, c'est un cauchemar et je vais me réveiller? Demande la petite blonde en haussant légèrement la voix.

- Besoin du baiser d'un prince charmant pour réveiller la princesse? Chuchote le jeune homme, son regard accroché à cette silhouette mais conservant une distance jugée raisonnable, parant ainsi toute représaille.

Il profite au mieux de ce moment, cherchant à percer à jour l'odeur de mystère qui ne l'a pas quittée malgré les années. Elle, perdue dans ses pensées, ne sent pas ce regard et reprend le fil de sa conversation. Elle relit une deuxième fois cette lettre, avec attention, et la range dans son sac à main.

- Vous pouvez aller roucouler plus loin, vous gâchez mon plaisir! Lance Madison avec une moue de dégout.

- Ah, je commence à apprécier cette soirée finalement, rétorque V en s'éloignant en compagnie de Troy.

 


mulderbuz  (03.07.2009 à 08:00)

Logan observe de loin Veronica sourire et déambuler parmi la faune des étudiants vieillissants. Ses épaules sont détendues et il entend même son rire parvenir jusqu'à lui. Elle semble si à l'aise ... Pourtant, vu comment s'annonçaient les retrouvailles sur le papier, il était censé être le plus dans son élément; relations superficielles et mots appropriés distribués avec tact. On remet toutes les données dans une boite et on secoue très fort!

Le monde tourne à l'envers. C'est elle qui se retrouve comme un poisson dans l'eau et lui l'éléphant dans le magasin de porcelaine! N'y a-t-il donc pas un bon dieu sur cette terre? Il sent qu'il va redevenir le Jackass depuis longtemps mis au placard mais qui reste pourtant le seul costume qu'il semble pouvoir revêtir à leurs yeux! Batman! A l'aide!

- Alors dude, entonne Dick en le rejoignant un verre d'alcool dans chaque main. Sympa après tout ces petites retrouvailles!

 - Tu parles, j'ai l'impression d'être en terrain ennemi et qu'à chaque fois que je me retourne les bouches se ferment et les regards m'évitent brusquement!

- T'es pas un peu parano sur ce coup-là? Moi c'est l'inverse j'ai l'impression que tout le monde m'aime!

 - Tu as raison, je vais faire comme toi, je vais demander un peu plus d'aide à Jack, dit-il finalement en prenant le verre de whisky que lui tend Dick.

- Qui Jack Bauer? T'as perdu quelqu'un?

- Non Dick, c'est Malone qui s'occupe des disparitions ...

- Quoique ce soir, continue Dick sans s'arrêter à la remarque de Logan, on ressemble plus à James Bond qu'au sauveur des USA dans nos tenues de pingouins ... Et moi j'ai choisi ma mission; sauver les femmes de l'ennui plutôt que rétablir l'ordre et la paix ... Et toi, tu as établi tes priorités, faire que Mars conserve son orbite autour de ta planète! Chacun son boulet après tout! 

- La mission! Tu as raison, ne jamais quitter des yeux sa mission, marmonne Logan en s'éloignant, après avoir pris dans les mains de Dick son verre, le laissant pour le moins étonné de l'attitude de son meilleur ami.

 

Troy a changé. Pas vraiment physiquement, il a toujours son regard espiègle qui l'avait faite craquer au début de cette fameuse année de lycée. Un nouveau venu qui ne connaissait rien d'elle, sans à-priori, vierge de toutes les médisances qui couraient sur elle. Par contre, un voleur, un menteur, un dealer...

- Tu fais quoi maintenant de ta vie? Une école de racket?

- Tu ne me croiras jamais ... Je suis éducateur ... Je m'occupe d'anciens drogués, de leur réinsertion ...

- Hou la la, minaude-t-elle en ouvrant de grands yeux. La rédemption du voyou ... Ça doit les faire toutes craquer non?

- Tu en sais quelque chose!

- De quoi tu parles?

- Le mythe du bad boy, tu y as succombé toi aussi non?

- Oui et bien mon bad boy prend l'eau actuellement ... Enfin plutôt le bourbon si je discerne bien la couleur de ce qu'il y a dans son verre ...

- Oh, la place serait-elle bientôt libre?

V se retourne vers lui, incertaine quant à la compréhension de ce qu'elle vient d'entendre.

- J'ai parlé tout haut ... Hein c'est ça?

- Tu as parlé tout court et ... Mais qu'est ce qu'il fabrique?

 

Il est trop loin, il n'entend pas ce qu'ils se disent, et s'il maitrise parfaitement le langage du corps, lire sur les lèvres ne fait pas partie de ses nouvelles attributions. Pendant qu'il cherche désespérément à deviner la teneur de leur conversation, une jeune femme ressemblant étrangement à une de ses anciennes conquêtes arrive vers lui, la démarche chaloupante et la poitrine en avant. Impossible de se rappeler son nom. Sa vie d'espion l'a mis en présence de tant de femmes qu'il peine à se souvenir à chaque fois de leur patronyme. Patty, Cindy, Penny ...

Résolu à l'éviter et uniquement préoccupé par son actuelle mission qui est de protéger cette petite blonde, il s'éclipse discrètement pour se réfugier dans un autre coin de la grande salle d'où il pourra tout aussi bien les observer. 

Le verre d'alcool à la main, il vérifie rapidement que son smoking est toujours impeccable. Il retire une poussière de sa manche et se dirige discrètement vers eux. L'immense bar trônant au milieu de la pièce lui sert de premier observatoire.

Il voit son ennemi s'avancer, sa proie ne se doute pas de la menace qui pèse sur elle.

Il vérifie consciencieusement que son arme est à portée de main et louvoie parmi la foule.

Le rapace n'est plus qu'à quelques centimètres d'elle. 

Il est fier du surnom que lui a donné l'agence, un souvenir du quartier de son adolescence ...

Ce retour sur les terres de ses ancêtres l'emplit de fierté. Il se doit de la sauver. Elle se doit d'être fier de lui et de la carrière qu'il a décidé d'embrasser.

Il est temps d'intervenir, son ennemi réduit de plus en plus la distance qui le sépare de son innocente victime.

L'agent spécial 009 s'accroupit et roule derrière le sofa pour se relever prestement à ses côtés et le menacer de son Baretta ...

 

- Logan, ça va? Demande Veronica inquiète à la vue de sa mine étrange. 

- Hey Logan, ça fait un bail dis donc, le salue Troy qui s'est retourné au contact de sa main sur son épaule. 

Sans lui adresser la moindre attention, Logan se plante devant Veronica et lui pose une question qui la laisse fortement dubitative. 

- Tu as toujours des contacts au FBI? Je crois que je pourrais très bien me faire à l'Aston Martin ...

 

Quelques minutes plus tard, la réalité a repris ses droits et Veronica ne peut que constater que rien n'a changé. Elle s'attendrait presque à apercevoir le shérif Lamb faisant irruption dans la pièce pour venir se planter devant son bad boy attitré.

- Dans mon souvenir tu tenais mieux l'alcool ... Enfin tout dépend à combien tu en es bien sur ...

- Pas encore assez pour voir disparaitre les parasites en tous genres ... Lui rétorque Logan agressivement.

- Vous pouvez essayer de faire comme si j'étais là? Les interrompt-elle.

- Pardon tu disais? La questionne-t-il enfin, lui qui depuis qu'il les a surpris n'a cessé d'attiser la joute verbale qui l'affronte à Troy.

Ce dernier ayant accepté le combat, réplique de manière toute aussi vive et Veronica reste à leurs côtés attérée de tant d'infantilisme de la part de deux adultes soit-disant sensés et responsables. Elle est à bout. Aussi après un soupir sonore, elle se plante au milieu des deux gladiateurs de pacotille et fait mine de les encourager, singeant le coatch avant l'entrée de son boxeur sur la zone d'affrontement.

 - OK, je pense que l'échauffement est terminé, vous allez patienter un peu, le temps que le ring soit fini d'être monté. Les paris sont déjà lancés et sachez que ce sera serré. Alors faites de votre mieux et que le meilleur gagne! Moi je pars respirer un air exempt de testostérone!


mulderbuz  (04.07.2009 à 07:40)

Une furieuse envie de prendre le large s'empare d'elle. Ce combat de coq pour savoir lequel des deux mérite le cœur de la belle l'a fatiguée. Puéril comme comportement ... Bien qu'au fond, elle se sent flattée, son côté guimauve sans nul doute. Un petit sourire en coin, elle se dirige vers la terrasse donnant sur un magnifique jardin, illuminé par un nombre incalculable de bougies.

Une fois la porte franchie, une douce odeur embaume l'atmosphère. Beaucoup plus sereine ,apaisée, elle s'accoude à la balustrade et observe les invités qui naviguent habilement sans jamais entrer en contact les uns avec les autres dans la salle de bal. Cette vie de faux-semblants n'est définitivement pas faite pour elle.

- Tu les as supportés plus longtemps que je ne l'aurais imaginé, lance une silhouette sortant d'un coin sombre.

Instinctivement elle s'approche de lui et n'hésite pas une seule seconde. Avant de dire quoique ce soit, elle lui donne une accolade.

- Tu as déjà récupéré l'argenterie? Parce qu'il me semble que les couverts sont plutôt bas de gamme! Dit-elle en reculant.

- Non je vise plus haut ... Les tableaux de maître! Réplique-t-il en la suivant.

Un silence s'installe, mais aucune gêne ne vient pourtant entraver leurs retrouvailles. Pour être précis, Weevil et Veronica ne se sont jamais vraiment quittés. Il a conservé son poste au sein de la faculté de Hearst dans le service de maintenance, mais arrondit également ses fins de mois en tant qu'indic ou même détective en herbe pour le compte de l'agence qu'elle a montée avec son père. C'est un poste qu'il aime, qui le valorise et la famille Mars y trouve son compte. Très instinctif et moins impulsif, Weevil se montre un enquêteur de valeur.

- Tu as finalement suivi ton "charity businessman" jusqu'ici? Reprend Weevil en montrant d'un geste de la tête Logan passant devant une fenêtre, une coupe à la main.

Une moue faussement indignée se substitue à toute réplique. Weevil esquisse un sourire, secoue la tête et vient se placer à côté d'elle. Leur collaboration repose sur une confiance et un respect de la vie privée de chacun. Nul besoin de préciser sa pensée, Logan Echolls est et restera un OPJ quoiqu'il fasse et Veronica une énigmatique petite blonde au visage d'ange. 

-Que veux-tu? Prendre soin de lui est ma B.A.,fait-elle finalement en haussant les épaules.

Prendre soin de Logan, jolie façon de dire qu'ils vivent ensemble. Cette relation basée à présent sur la confiance est plus sereine et moins destructrice que par le passé, une stabilité reposant sur une symbiose émotionnelle, un besoin viscéral d'être la source du bonheur de l'autre. Bien que depuis quelques semaines, Logan montre des signes de mal-être, ce qui en tout logique l'affecte bien plus que ce qu'elle ne peut l'imaginer.

Alors, oui, la blonde considère que venir ici, ce soir, est sa B.A. et souhaite aussi qu'il montre à nouveau cette facette, ce trait de caractère qui le définit. Elle veut revoir Logan Echolls le sarcastique qui se moque de l'opinion des autres à son sujet, Logan Echolls le joueur, Logan Echolls le petit ami prêt à défoncer le crane de son agresseur, Logan Echolls son adversaire préféré dans les joutes verbales! Son Logan Echolls!

Devenue soudain nostalgique,la détective détourne le regard et observe le vent qui s'engouffre dans les immenses séquoias. Cette légère brise, la fait frissonner et par réflexe elle pose ses mains sur ses bras nus. 

-Allons remplir notre role...Dit simplement Weevil en se dirigeant vers l'intérieur. 

-Oui, nous nous devons de maintenir le quota de classe ouvrière! Rajoute-t-elle en lui emboitant le pas.

Malgré la fortune de Logan, elle fait tout pour vivre comme elle l'a toujours fait, simplement; préceptes acquis par la force des choses, devenus un art de vivre. 

-Et voilà le renfort! Rajoute-t-elle en apercevant Wallace.

 

Alors que Weevil, pas véritablement à l'aise dans ce genre de soirée, poursuit sa route vers le buffet, Veronica, le sourire aux lèvres, se dirige vers celui qui l'avait aidée à supporter ses années lycée. Elle s'approche puis stoppe net à mi-chemin. Son esprit tourne à plein régime, retrouvailles, lycée, terminale, comment n'y avait-elle pensé? Amie ou ennemie? Elle reprend sa route plus sure qu'auparavant, une expression de joie éclairant son visage. 

-Wallace et...Jacky. Comment allez-vous? Demande-t-elle très poliment.

-Veronica, ça fait si longtemps! Répond Jacky en la serrant dans ses bras.

Amie. De toute façon, il ne pouvait pas en être autrement.

- Wallace, petit cachotier, tu ne m'avais pas dit que tu viendrais accompagné? Demande la blonde en donnant un coup de coude à son ami, comme si cette soirée pouvait les replonger dans leurs amours.

Amusé par cette question, Wallace éclate de rire et attrape Jacky par l'épaule pour la guider vers un serveur proposant des coupes de champagne sur un plateau argenté.

- Ne fais pas attention, Miss Guimauve a perdu de son instinct de déduction depuis que je ne lui mâche plus le travail, lâche-t-il avec ironie, arrachant ainsi un sourire complice à la blonde qui tente vainement de retrouver Logan dans la foule.

Avant de s'éloigner, Jacky  glisse à l'oreille de Veronica qu'elle espère pouvoir parler avec elle au cours de la soirée. La petite blonde hoche la tête et reprend son expédition dont le nom de code est désormais: "à la recherche du bad boy disparu".


mulderbuz  (07.07.2009 à 07:47)

Le dernière tirade de Veronica les a brusquement refroidis. C'est pourquoi malgré un regard chargé en reproches et sous-entendus, Logan fait le premier pas pour lui serrer la main. Mais après quelques brèves formules de politesse ennuyeuses, il s'éloigne. Encore un qui a trouvé sa voie.

- M'étonne pas qu'il lui fasse de l'effet celui-là!

Il continue à déambuler parmi la foule de têtes connues et inconnues. Il réalise maintenant que toute sa vie s'est passée dans une bulle où peu de personnes ont eu l'honneur de pénétrer. Des amis? Quelle blague! Une cour à ses plus belles heures lorsque Echolls rimait encore avec argent et gloire! Et puis lorsque son père a décidé de jouer les O.J Simpson, telle la mer devant Moïse, la  marée de ses prétendants s'est ouverte et n'est plus jamais revenue. Alors on pourra tout dire sur les surfeurs blonds, mais cette espèce-là il la chérissait; elle au moins lui était restée fidèle, quoiqu'il se soit passé.

- C'est le moment Dick, c'est le moment où j'ai besoin de toi ... Ma lucidité s'est fait la malle et c'est peut-être paradoxal mais je crois qu'il me faut de ton inconscience pour que je repose mes pieds sur la terre ferme!

Sa litanie reste sans réponse et c'est désabusé qu'il se résout à rejoindre les tables où quelques anciens élèves engloutissent impunément petits fours et autres mets arrachés au buffet.

- Pas sur que ça arrange les choses, murmure-t-il au serveur en récupérant sur le plateau porté à bout de bras une flute de champagne. 

 

Qu'il est aisé de se fondre dans cette masse.

Les yeux scrutant la salle de bal, les participants, Weevil se déplace dans cette foule sans que personne ne lui adresse la parole. Bien décidé à profiter de cette soirée, de ce faste qui s'offre à lui, il entreprend de gouter à tous les mets. Une assiette débordante dans chaque main, une expression trahissant la satisfaction sur le visage et son blouson en cuir sur le dos, l'ancien leader des PC Hers, s'amuse à comptabiliser les clients de Mars Investigations présents ce soir. Il demeure redouté aujourd'hui par ces gosses de riches mais plus pour les mêmes raisons. Au revoir le délinquant, bonjour le fouineur.

Assis à une table ronde, légèrement à l'écart, il laisse échapper un petit rire tout en secouant la tête.

- On laisse vraiment entrer n'importe qui ici? Lance Logan en s'approchant, un verre à moitié vide à la main droite.

- C'est ce que je me suis dis en te voyant, rétorque Weevil sans lever ses yeux de son assiette.

- Ah nostalgie lorsque tu nous tiens! Que serait une réunion d'anciens sans son caïd de bas étage?

- Et sans son bad boy de seconde zone?

Sans un regard l'un pour l'autre, les piques fusent avec rapidité et acidité. Et puis, le silence s'impose de lui même. Weevil poursuit son parcours découverte dans la gastronomie alors que Logan également assis à la table, préfère fixer son attention sur le liquide quittant progressivement son verre. Pourtant soudain, une interrogation restée trop longtemps latente se fait entendre.

- Que voulais-tu me faire, ce soir-là sur le Coronado Bridge?

- Oh tu sais, mon job... Une bonne bagarre à mains nues, comme de vrais hommes, répond-il avec décontraction et naturel.

Son regard toujours rivé à son verre qui se vide plus vite que prévu, Logan arbore son sourire narquois puis relève les yeux et fait front.

- Il n'est pas trop tard.

Weevil éclate de rire, sans retenue, hausse les épaules.

- Dans tes rêves Echolls, dans tes rêves... Souffle-t-il, abandonnant Logan pour aller rejoindre un ancien du gang apparemment en perdition dans ce flot de milliardaires.  

Logan reste assis, repensant à ce soir-là. Il tourne la tête sur sa droite et aperçoit le point de ravitaillement. D'un bon il se redresse et se dirige d'un pas cadencé vers le bar. Il tent son verre avec désinvolture.

- Besoin d'un remontant? Demande le barman en attrapant le bouteille de Whisky.

Logan le regarde, soupire et sourit pendant que l'homme le sert. A cet instant précis, il a besoin de bien plus qu'un verre. Alors qu'il a déjà fait quelques mètres, il revient sur ses pas toujours souriant, et récupère la bouteille restée sur le comptoir.

- Je pourrais baptiser ce dangereux mélange oubli d'une soirée où je n'aurais jamais dû aller! Clame-t-il en pointant du doigt la première rasade qu'il se verse dans son verre à champagne. Détonnant!

Détonnant, mais au bout de quelques gorgées la tête finit par lui tourner et une porte entre-ouverte semble lui tendre une main salutaire. Immersion soudaine dans une pièce hors du temps, des murs tapissés de livres et un billard gigantesque trônant au centre. Il se laisse tomber lourdement dans un massif fauteuil en cuir et pour réduire cette impression que la planète a décidé de prendre de la vitesse dans sa rotation journalière, il se penche en avant et laisse sa tête s'appuyer sur ses genoux. Au bout de quelques minutes enfin, il la relève ... mais ...

 


Mais ... c'est quoi ces chaussons? Et ce collant? Vite une glace ... Oh!!!!!!!!!
Quelqu'un frappe à la porte. Pourquoi son visage me dit quelque chose? Mais ... mais vous êtes le proviseur Belding!!!! Je vous regardais enfant à la télé dans "Sauvé par le gong!". Il m'attrape par le bras et me sort rudement de ... de ma caravane? Mais qu'est ce que c'est que ce ...V? Mais pourquoi portes-tu ce maillot? OK, j'apprécie beaucoup de te voir dans une tenue si moulante, mais ...

- Logan, qu'est ce qui te prend? Notre numéro est dans cinq minutes et tu n'es pas encore échauffé!

Puis tout lui revient. Après son numéro d'équilibriste sur le pont du Coronado bridge, un cirque était venu le débaucher pour leur tournée mondiale. Il cherchait un couple de trapézistes ... Ils avaient eu vent de ses exploits!

 

- Aie!

- Logan, tu te réveilles enfin? L'invective Dick après lui avoir délicatement enfoncé un doigt dans les côtes. Mais qu'est ce que tu fais allongé sur ce billard alors que tout le monde est à côté! Viens profiter du spectacle!

- Ah non, s'il te plait, pas de spectacle pour moi! J'ai déjà donné ...

Une autre tête blonde rassurante passe par l'entrebâillement de la porte et les regarde soulagée.

- Mais qu'est ce que tu fais? On te cherche partout depuis presque une heure! S'inquiète Veronica.

Il descend du billard en lui jetant un regard soupçonneux, réalisant qu'il n'a aucune idée de la manière dont il était arrivé dessus, enlace rapidement sa compagne et l'embrasse sur le front.

- T'as jamais essayé le justaucorps Ronnie?

 


mulderbuz  (09.07.2009 à 07:46)

Finalement, ils sortent tous les trois de la bibliothèque. Brusquement, Dick les abandonne en s'éclipsant dans un des salons adjacents. Ils comprennent son cinéma dès qu'ils relèvent la tête. N'ayant conservé d'éclat après quelques heures de soirée que celui des diamants qu'elle affiche vulgairement autour du cou, Madison se stoppe devant eux les mains sur les hanches, une moue dédaigneuse au bord des lèvres.

-Tiens mais c'est le couple de l'année! On vous a remis vos couronnes? Quelle dénomination pour votre association? Voyons ... le couple le plus mal assorti? Hum, non, celui là, est pire encore! Le couple ... Oui, c'est ça le couple qui ne tient jamais plus de trois mois! Combien de temps depuis votre dernière rupture?

- Et toi Madison, combien de temps depuis ta dernière liposuccion? C'est marrant, ton dernier mari n'est pas avec toi. Il avait mieux à faire? Séduire un pompom girl?

- Ah non, ça je le laisse à ton homme, je crois qu'il en connait un rayon!

Logan les regarde ahuri. Comment ce petit bout de femme peut-il se mettre autant en furie face à cette garce de Madison? Quoique à bien y réfléchir, il devrait peut-être s'abstenir de lui poser la question, les représailles à son encontre risqueraient de se faire ressentir.

Pendant que ses pensées vagabondent vers ce passé lointain bien que toujours d'actualité semble-t-il lorsque V se retrouve face à Madison, les deux jeunes femmes continuent leur joute verbale en s'envoyant les pires vacheries au visage. L'évocation de son prénom le fait retourner à la conversation.

- Alors Logan, toujours à vivre aux crochets de ta fortune personnelle, toujours rentier?

- Comme toi ma chère, sauf que moi je ne vis pas au crochet de quelqu'un! A moins que tu ne te fasses aussi payer tes services ...

- Il ne me semble pas que tu aies eu besoin de payer ... Ce sera toujours gratuit pour toi, sussure-t-elle en s'éloigant d'eux après avoir envoyer un clin d'oeil plus que moqueur à Veronica.

 

- V, elle plaisante tu sais..., tente Logan, inquiet face à une Veronica dangereusement silencieuse.

- Quoi? Elle plaisante? Tu l'avais payée en fait?

- Arrête tu es de mauvaise foi, c'est du passé tout ça!

- Je t'avais dit que je ne voulais pas revenir ici! Et puis elle n'a pas tort, quand vas-tu enfin faire quelque chose de ta vie? Tu trouves vraiment que les galas de charité sont une occupation à plein-temps?

Et retour à la case départ. Il faudrait qu'il réfléchisse sérieusement comment en trois phrases, ils en sont passé de "Madison" à "Deviens adulte"!

Pour le moment en tous cas, il n'est pas en état. Haussant les épaules et écartant les mains d'un geste las, il s'éclipse dans la foule, bien décidé à ne pas entamer cette conversation sous le regard de plus de cent personnes à qui il n'a aucun envie de dévoiler ses préoccupations actuelles. Technique de camouflage éprouvée, puisque deux minutes plus tard il se retrouve enfin seul sur la terrasse à l'écart de la cohue environnante.

 

Persévérante et malgré tout désireuse de ne pas entacher cette soirée non plus de sa mauvaise humeur, V balaye la salle du regard à l'affut du moindre indice la guidant vers Logan et se met même sur la pointe des pieds. Elle fronce les sourcils et commence à maudire son surfeur, coutumier du fait de disparaitre sans laisser de trace lorsqu'elle aperçoit une brune, tentant visiblement de se cacher derrière les doubles rideaux richement décorés de fils dorés. A pas de velours, elle s'approche le plus discrètement possible et murmure.

- As-tu repéré les issues de secours en cas de départ précipité?

-Tout est noté là!

-Et si nous subissons une attaque de Langue de Vipère?

-Tout est prévu. J'ai la réplique qui la fera taire... V, que c'est bon de te revoir!

-Mac, rien ne change! Tu as vraiment l'air de t'amuser. 

- Qu'est ce qui te fait dire ça? Mon sourire figé? Mes yeux qui ne peuvent se décrocher de mes chaussures, qui m'ont couté une fortune ceci dit? Ou encore parce que je suis sure que ce tissu, fait Mac en montrant le rideau, ferait une robe splendide? Oh, non! Non, Non, Non.... S'emporte-t-elle soudain en se mettant face à V, les bras croisés sur la poitrine, aucun commentaire sur le fait que je suis ici, ce soir, uniquement pour toi. 

- Que sont quelques heures dans ce manoir avec nos anciens camarades comparées à la soirée que tu m'as fait vivre, il y a 3 ans? Fait-elle avec désinvolture en mimant une balance avec ses bras. 

- Et une soirée avec Butters? Réplique la brune en haussant les sourcils.

La rancune? Non, juste une pique amicale qui ne fait que raviver leur amitié.

Mac, mimant de faire les gros yeux, se retourne, très digne et part rejoindre Wallace, en grande discussion avec Troy.

Un sourire mutin remporte le concours de grimaces sur le visage de Veronica. Elle suit du regard la brune puis, à nouveau, se concentre pour retrouver Logan. 

 


mulderbuz  (10.07.2009 à 08:10)

Il a perdu depuis déjà longtemps le contrôle de sa main qui lui amène régulièrement aux lèvres la même boisson alcoolisée et ambrée. Lassé de ce microcosme qui ne le sort pas de son quotidien, il décide de visiter les étages après avoir gouté la fraicheur de la terrasse.

- Logan?

Il se retourne, étonné de reconnaitre cette voix douce et enfantine.

- Hannah?

Tous deux se sourient et laissent leur esprit vagabonder vers des années qui appartiennent à une toute autre époque.

- Je ne savais pas que tu serais là. Ce sont les terminales qui sont conviées ce soir non?

- Oui, mais je suis là en tant que rapportée, précise-t-elle en lui montrant son annulaire.

- Mais tu étais partie, ton père t'avait éloignée ...

- L'année suivante, je suis retournée habiter définitivement avec ma mère. Les relations avec mon père n'étaient plus très ... familiales. Et j'ai donc fini à Neptune High.

- Tu aurais pu appeler.

- Pour quoi faire? J'avais appris que tu étais avec quelqu'un, et de bonnes âmes m'ont bien fait comprendre que je n'avais rien à espérer. Que face à elle je n'avais aucune chance. Alors, j'ai laissé couler. On était jeunes, un amour d'adolescence ... Et la preuve, tu es toujours avec elle, je vous ai vus tout à l'heure.

- Et toi, tu as donc aussi ta famille.

- Oui, la princesse a trouvé son prince charmant, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants! Et toi?

- Moi quoi? Des enfants? Un blond avec un âge mental de dix ans ça compte?

- Je  croyais que c'était important pour toi d'avoir une famille?

- Famille? Définition; nom commun, groupe de personnes qui s'aiment, c'est ça non? Je savais que j'aurais dû offrir un dictionnaire à mon père!

- Je me souviens que ça te tenait à coeur de leur montrer que tu n'étais pas comme lui ...

- Il n'a jamais été comme lui! Assène une petite voix ferme et plus abrupte que prévue.

Il aurait vraiment fallu qu'elle prenne l'option diplomatie à la fac, ça lui aurait évité beaucoup d'ennuis. Quoique à présent, elle ne se sent pas menacée. Mais le sujet famille et notamment paternel reste toujours sensible avec Logan et elle sait que cette soirée pour l'instant ressemble plus à un calvaire qu'à une bonne surprise pour lui. Elle n'en est pas encore à conclure qu'elle y est pour quelque chose, mais il n'est peut-être pas nécéssaire de lui enfoncer complètement la tête sous l'eau.

- Tout doux Ronnie, il le sait et il sait aussi qu'il a une famille ... Précise Dick qui suivait dans l'escalier. Tout comme moi. Hein Dude? A quoi ça sert d'avoir le même sang dans les veines à part pour les greffes de rein? Notre livret de famille, il ressemble à une photo de classe, avec comme patriarche involontaire le héros de ta petite blonde!

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, semble s'excuser Veronica réalisant qu'elle avait peut-être fait preuve de plus d'agressivité que nécessaire.

- Hey tous les deux, on se calme! S'interpose Logan. Hannah, je te présente ma garde rapprochée personnelle, mon plus fervent adorateur et ami, Dick Casablancas, et Veronica.

- Et moi je n'ai droit à aucun qualificatif?

- Petite blonde fouineuse de mon cœur?

- Je m'en contenterai pour ce soir, mais ce sera à retravailler la prochaine fois qu'on se retrouvera en face d'une de tes anciennes conquêtes!

Ces derniers échanges mettent Hanna mal à l'aise et elle s'éclipse discrètement. Leur monde n'est pas le sien, plus léger, plus inconsistant peut-être pense-t-elle. Elle avait cru le toucher du bout des doigts lorsqu'elle avait été avec Logan. Pourtant encore très jeune, elle avait brusquement ressenti ce que pouvait être la vie, la vraie, douloureuse et passionnée à la fois.

Mais elle ne le regrette pas. Elle ne pense pas être bâtie pour affronter tant de doutes et d'adversité, et surement pas assez forte pour leur permettre de se nourrir de ce lourd passé pour renaitre inlassablement à la vie. Elle s'y serait brulée les ailes.

 

 - Nostalgique? Demande Veronica face à un Logan, le sourire aux lèvres.

- De cette époque? Parfois. Je ne devais rien à personne sauf peut-être à vous deux. J'avais l'impression d'être plus libre.

Veronica ne comprend pas où il veut en venir. Elle le sait perturbé par les coups de fil de son père et sa marotte actuelle de lui trouver un statut plus conventionnel, mais elle n'imaginait pas que tout cela puisse le travailler autant.

- Ca a un rapport avec ta carrière? Cherche-t-elle à en savoir plus.

- Une carrière? Vu que la mienne commence à prendre la tournure de celle de Liz Taylor, je m'attends à bientôt passer sous le bistouri pour mon premier lifting! Il faut leurs plaire aux vieilles rombières!

Encore et toujours tourner autour du pot pour éviter les mots qui blessent et les remarques acerbes. Il lit parfaitement l'incompréhension sur le visage de Veronica mais préfère accrocher un sourire factice sur ses lèvres et redescend avec eux jusque dans la salle de réception.

- Allez, ne faisons pas attendre la basse-cour. On relève bien le menton, on tient haut la coupe de champagne et on rit fort. C'est ça non? Faire croire que rien n'a changé? Donner l'illusion que Neptune est une ville hors du temps, le Brigadoon des temps modernes ... Après tout, c'est ici que j'ai vécu, c'est aussi surement ce que je suis ... 

Veronica ne sait plus comment réagir. Il est toujours Logan mais simultanément un autre. Les années ont l'air de se mélanger en lui et mille expressions passent sur son visage. 

- Mais de quoi parlez-vous tous les deux?

- Ah non Dick, pour une fois, je suis dans le même camp que toi! Brouillard et flou total! Lui répond Veronica un peu perdue.

 

La soirée se termine finalement. Pas de bain de sang. Quelques blessures réouvertes sous les bulles et l'amertume d'alcools hors de prix, puis la réalité reprend ses droits dès que le champagne disparait de l'organisme.  


mulderbuz  (11.07.2009 à 07:48)

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