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Série : Veronica Mars
Création : 07.09.2011 à 09h02
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Mon 3ième opus... Un résumé, un pitch ??? Tout est dans le titre...n'est ce pas Six ? » alExiaN
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Mars 2013 - Prison fédérale de Californie
Le portail automatique pivota. D’ordinaire, la famille, les amis sont derrière pour accueillir le sortant. Ce jour-là, pas de famille, pas d’amis, juste un homme. Un quadragénaire au regard enfin apaisé par le retour de son patron. Certes l’absence ne fut pas longue, 4 semaines pour conduite en état d’ébriété. L’ex-détenu monta à bord de la Land-Rover. Pas d’accolade amicale, pas de sourires complices échangés. Il n’y a pas de place pour cela entre un patron et son employé.
- Ravi de vous revoir, Boss ! lança le quadragénaire avec franchise.
- Pas mécontent de revoir le monde libre… répondit-il, serein, avant d’ajouter avec sérieux : et je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler Boss…
Il n’était peut-être dehors que depuis quelques minutes, mais il avait toujours été le chef. En bon chef, il vérifia le travail de son employé.
- Tu as fait ce que je t’ai demandé ?
- Oui, B…
Il se reprit immédiatement, il ne vaut mieux pas agacer un ex-détenu.
- Oui, c’est fait, Monsieur.
- Parfait. La partie peut commencer.
Chapitre 1 : Ouverture...
Elle s’éveilla dans la pénombre de la suite. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle s’en fichait. Elle avait besoin de recharger ses batteries. Espérait juste qu’il dormait encore lui aussi. Se retourna sur le flanc. Le vit. Encore endormi, le drap légèrement tiré vers le haut de ses reins, il était… beau.
Elle se retint de l’embrasser dans le cou. Elle savait ce que ce baiser provoquerait chez lui. Un regain de désir.
Et chez elle, des ennuis en perspective…
Oui, il lui plaisait.
Oui, elle aimait sa compagnie.
Oui, elle aimait s’endormir dans ses bras.
Mais, non, elle n’aimait pas se lever avec le petit-déjeuner l’attendant sur la table basse.
Fidèle à elle (seule), elle enfila son jean, embrailla sa chemise, boucla son ceinturon et ses bottes. Sans se retourner vers le bel éphèbe à demi nu couché là, Veronica Mars, 25 ans, agent fédéral du bureau de LA depuis 3 ans, quitta la suite. Elle était pressée. Un rapport à boucler et ce soir, elle avait rendez-vous avec eux. S’apprêtait à démarrer sa Chevrolet quand son mobile sonna.
- Mars.
- J’ai des infos qui pourraient vous intéresser…
- Des infos sur ?
- Des infos sur une organisation secrète... Si vous voyez ce que je veux dire…
- Je vois. Où et quand ?
- Ce soir, 20 heures au Java the Hut à…
- À Neptune. Je sais.
Raccrocha. La chance envisageait-elle de passer dans son camp ?
Il le suivait depuis trois jours. Il avait réussi à le devancer cette fois-ci. Si tout allait comme prévu, ce soir, il pourrait rentrer se coucher dans un vrai lit. Caché derrière la longue palissade qui bordait l’ensemble de chambres du motel, il essayait de se souvenir du dernier lit qu’il avait occupé.
Sûrement à Sacramento. Il m’a fait courir celui-là…
Le bruit caractéristique d’une porte à moustiquaire qui s’ouvre coupa net ses réflexions. Le gibier sortait. Il allait pouvoir en finir. La cible allait se chercher de la glace au collecteur commun.
C’est ça, approche… Eloigne-toi de la chambre.
La cible était à présent suffisamment à découvert pour qu’il intervienne. Sortit son arme et progressa le long de la palissade. Il arriva à hauteur de la cible. Se glissa derrière lui aussi silencieux qu’un souffle. Plaqua son arme contre la tempe du gibier.
- Bonsoir Terrence… Voyons ce que tu as sur toi… Oh ! Un Glock… Et là…
Il poursuivait la fouille tout en le menaçant de son arme.
- Un Sig Sauer… De mieux en mieux ! Depuis quand tu te prends pour une armurerie ambulante ? Écarte les jambes, lève les mains que je les vois.
Prit ses menottes, les lui passa en lui débitant ses droits.
- Terrence Butters vous êtes en état d’arrestation. Tout ce que vous direz pourra et sera retenu contre vous devant une cour de justice.
- Allez ! Agent Loane, on a qu’à faire comme si vous ne m’aviez pas vu… Vous me laissez filer et moi je vous donne 2-3 tuyaux…
- J’en veux pas de tes tuyaux.
L’agent Loane ramenait son colis vers sa Porsche Cayenne.
- Franchement, vous devriez m’écouter. Ils sont de première main mes tuyaux…
- J’en veux pas, répéta-t-il en bousculant son gibier.
- Je suis sûr que certains pourraient vous intéresser… Je vous en donne quelques-uns pour vous prouver leur fraîcheur… Les frères Blastev sont en train de rassembler un beau stock d’héroïne du côté de Bethesda.
- Je m’en cogne.
- Je connais le mec qui a buté Aaron Echolls.
- Pourquoi ça m’intéresserait ? Le mec est mort, il y a plus de cinq ans.
- Parce que c’est bon pour v…
Terrence n’eut pas le temps de terminer. Il venait de finir dans le coffre de la Cayenne. L’agent Loane verrouilla la voiture et alla se réserver une chambre. Il allait pouvoir dormir dans un lit.
Chapitre 2 : Fourchette
Comment tout cela avait-il commencé ?
Quand le train avait-il quitté les rails ?
À quel moment la machine s’était-elle emballée ?
À l’heure du recueillement, Mac était à mille lieues de se rappeler les bons moments passés avec lui.
Elle se refaisait la liste des ratés de leurs vies.
Quand tout cela avait-il commencé à déraper ?
Le chemin était déjà glissant au départ pour chacun d’eux.
Une mère alcoolique. Un père fantomatique. Des parents échangés.
Comment se construire avec des bases sapées ?
Et pourtant, ils l’avaient fait. Tels des tours, ils s’étaient élevés. Les premières fissures s’étaient pointées avec leurs premiers boutons d’acné.
L’âge ingrat.
Le lycée.
Le mât.
Le test de pureté.
L’affaire Sinclair.
L’affaire Rashard.
L’alterna prom où elle l’avait vendue à Butters.
Le suicide de Cassidy.
La fac.
Le violeur en série.
L’initiation de Wallace.
La découverte du Castle et l’enterrement de l’affaire.
Tout cela n’avait fait que les fissurer, mais tout cela n’avait fait que les rapprocher toujours plus.
Violence, sexe et trahisons avaient marqué leurs tendres années.
Violence, sexe et trahisons avaient aidé à la fondation de leur amitié. Amitié qui avait résisté à la distance, aux années. BFF et ils en étaient fiers. Ils avaient trouvé un enduit pour colmater les plaies.
Tiendra ? Tiendra pas ?
Avait tenu.
Un temps.
L’univers s’amusait à gratter leurs rafistolages. Recommençaient à trembler à cause de ces événements. Voilà comment on les avait poussés vers la destruction, la disparition…
Une légère pression la tira de ses pensées. Une main empreinte de peine et de détresse la poussa en avant. Keith.
Une seconde, plus jeune, lui tendit une rose blanche. Darell.
Une troisième lui offrit la sienne pour l’aider à porter ce fardeau. Dick.
Timidement, elle s’avança vers cette sinistre boîte en sapin.
Cette sinistre boîte en sapin qu’elle commençait à bien connaître.
Déposa sa rose. Retint un sanglot. Serra les mâchoires. Dépassa la boîte. Lui adressa un dernier adieu. Rejoignit le reste du clan.
À bientôt, Wallace Fennell.
Elle embrassa la famille du défunt revenue in petto de l’Ouganda. Malgré la douleur, ils ne resteraient pas longtemps. Comme il le lui avait écrit dans son dernier e-mail, il y a tellement à faire là-bas. Elle prit contre son cœur le désormais solide Darrell. Monta dans la voiture. N’échangea pas un mot avec Dick. Se contenta de regarder le paysage défiler devant ses yeux. La voiture remontait la côte. Elle remontait le temps. Loin de cette immonde boîte, réussissait à se souvenir.
Comment l’univers nous a-t-il mis là ?
Le regard dans le vague, Mac remontait le temps, relisait l’histoire sans pouvoir la corriger.
L’âge ingrat passé, ils avaient réussi à construire, à réaliser leurs rêves.
Puis tout s’était précipité.
Un accident de voiture.
Une fuite du liquide de frein.
La voiture avait filé à toute allure vers le vide.
N’avait pas eu le temps de réagir.
Elle était morte sur le coup.
Ils l’avaient enterrée dans l’intimité.
Malgré toutes leurs précautions, leurs émotions avaient réussi à leur jouer des tours. Elles avaient réussi à ébranler les quelques digues qu’ils s’étaient bâties pour donner le change. Après le cérémonial, ils étaient restés, pour elle, autour d’une bouteille pour se souvenir.
Personne n’avait osé l’ouvrir.
La bouteille ou la bouche.
C’était du pareil au même.
Personne n’avait osé l’ouvrir, juste avant que Wallace ne propose l’impossible, l’impensable…
Juste avant que Wallace se décide à une action qui n’avait fait que les entraîner plus loin dans le désespoir et la tristesse.
À bien y réfléchir, c’était la dernière fois qu’ils s’étaient vus… Vivants.
À bien y réfléchir, c’était à cet instant que l’univers avait décidé de les détruire.
- On fait quoi ? ose Wallace.
- Pardon ? hoquette Keith, prostré sur un fauteuil, la gorge nouée et les yeux encore rouges des larmes qu’il verse sans se cacher.
- Vous n’allez pas me faire croire que vous gobez l’histoire de l’accident de voiture ?! crache Wallace.
- Wall’ ne va pas par là… tempère Dick appuyé au chambranle de la porte.
- Et pourquoi pas ?! Il est sorti ! Il y a à peine trois jours ! Bizarre, non !
- Tu n’as pas de preuves.
- Elle est morte, ça ne vous suffit pas ? Si ça avait été un autre qu’elle, ce serait ELLE qui vous proposerait ça !
Keith se lève maladroitement de son fauteuil. Wallace espère que l’amour d’un père sera plus fort que l’ensemble des convenances légales. Mais que nenni. L’ex sheriff Mars ne montrera plus les crocs. Il n’est plus qu’un chat décati.
- Faites ce que vous voulez mais je ne prendrai pas de risque. En admettant que tu sois dans le vrai, je ne prendrai pas le risque de m’opposer à eux. Je n’ai jamais prôné la justice faite par soi-même et si vous êtes un peu lucides, vous verrez que j’ai raison.
Il quitte la pièce sans un regard pour ses amis. Elle est morte. Il n’est plus qu’un fantôme sans elle. La porte claque affirmant la décision de Keith.
- Et toi, Mac ? Tu vas rester les bras croisés ? Tu ne veux pas prendre ta revanche ?!
- Je… Je…
- Tu quoi ?! Il n’y a pas à tergiverser. On sait qui a fait ça. On va…
- On va quoi ?! Le liquider ?! Wallace, sérieusement, elle n’aurait jamais voulu ça. Elle voulait la justice, mais elle ne la faisait jamais elle-même…
Il n’en croit pas ses oreilles. Elle aussi refuse de prendre les armes. Il se demande pourquoi il a pris l’avion. Il se demande ce qu’elle pense d’eux de là-haut. Sans un regard, il ouvre la porte.
- Tu es resté trop longtemps en Ouganda. Là-bas, on se fait peut-être justice soi-même mais pas ici. Tu sais mieux que personne combien il est dangereux de s’attaquer à eux…
- Dangereux mais pas impossible. Si vous voulez la ranger directement à la case souvenir, c’est votre problème. Moi, je ne laisserai pas sa mort impunie.
La porte claque à nouveau. Wallace remet le cap sur Détroit. Il doit régler quelques affaires avant de rejoindre l’Ouganda. Ne se doute pas du lieu où vont le conduire ses pas.
Seuls, Monsieur et Madame Casablancas fixent la porte. Elle a claqué deux fois. Deux fois par résignation.
Mac voff : Qu’aurais-tu fait Veronica ? Aurais-tu suivi Wallace ?
- Je me souviens de ce qu’elle m’a dit quand je lui ai parlé de mon envie de me lancer dans l’immobilier… souffle Dick à l’oreille de sa moitié.
Cindy est pendue à ses lèvres. Elle n’attend que ça. Qu’il la délivre avec l’une de ses histoires ridicules.
- Avec toute sa malice, elle m’avait dit : « Dick Casablancas ! Ne suis pas ce chemin-là. Garde-toi des chemins sombres… Et tout ira bien ! » C’était bien elle ça. Des phrases pleines de messages sous-entendus qu’on mettait des jours à décoder.
- Et là, c’était quoi le message ?
Son torse se secoue d’un rire frais, salvateur avant que sa bouche n’apporte la réponse.
- Ne te lance pas dans ce qui a perdu ton père ! Voilà le message. Donc, gardons-nous des chemins sombres et ça ira.
- Tu as peut-être raison…
- Le Dick a toujours raison.
Elle l’embrasse. Que ferait-elle s’il n’était plus là ?
