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Série : Veronica Mars
Création : 11.12.2014 à 18h26
Auteur : Elodielodi
Statut : Terminée
« Suite de "Love, I don't know" » Elodielodi
Cette fanfic compte déjà 62 paragraphes
Je m’éloigne vers les filles, sans même me retourner, sans même prendre un verre au final. Il me regarde disparaître dans la foule, je le sens. J’ai besoin d’extérioriser, je vais me bouger à fond sur la piste avec les filles. Bizarrement je me sens mieux. Peut-être fait d’avoir verbalisé, devant lui, mon besoin de tourner la page.
En les retrouvant, Wallace est là. Je suis contente de le voir, je me précipite sur lui pour le saluer.
Wallace : V. ! Je me demandais où tu étais passée. Je m’inquiétais même. Qui sait, tu aurais pu te faire piétiner au milieu de tout ce monde. Charrie-t-il.
Veronica : Ah ah ! Très drôle les blagues sur ma petite taille surtout quand celui qui me taquine est le plus petit joueur de son équipe. Ca le fait mal quand on est basketteur quand même…
Wallace : Le plus petit, mais le meilleur ! Ca compense ! Je lui souris. Je te présente mon coloc, Piz. Il m’a suivi pour une fois.
Veronica : Salut Piz, moi c’est Veronica. Il me regarde, mais ne répond pas. Je regarde Wallace, gênée.
Wallace : Il est timide. Mais gentil !
Piz : Salut. Mon vrai nom c’est Stosh Piznarski, mais tout le monde m’appelle Piz. Réagit-il avec un train de retard.
Veronica : Enchantée alors Piz. Je lui souris poliment avant de danser de nouveau avec les filles.
Après quelques danses, les filles ont besoin à leur tour de faire une pause, je les accompagne. Après tout, je n’ai pas eu de quoi boire tout à l’heure. Wallace et Piz nous suivent. Dick et Duncan sont toujours très occupés. Je scrute la foule en me dirigeant vers le bar. Mon regard croise le sien. La sulfureuse rousse frotte son corps sur Logan. Des préliminaires en public ! Juste répugnant… Il me fait un clin d’œil avant de détailler les courbes de sa compagne du soir. Je continue mon chemin, je ne laisse pas paraître la rage qui me consume. Je suis peut-être un peu jalouse tout de même. Il faut que ça cesse… Lilly a réussi à se faire servir. Lilly… Un Logan au féminin… Elle nous a pris une Margarita chacune.
Wallace : Et nous ?
Lilly : Regarde combien j’ai de main… Et j’ai déjà réussi à prendre trois verres sans que l’un d’eux finisse par terre. Tu penses qu’avec cinq je serais parvenue au même résultat ?
Wallace : Ah les femmes, toujours de bonnes excuses ! Il s’éloigne pour prendre un verre pour lui et Piz.
Mac : Alors Piz, on ne te voit pas beaucoup à l’université. Qu’est-ce que tu étudies ?
Piz : Eh bien c’est parce que je n’ai pas beaucoup de temps libre. Je suis le cours de sociologie et d’histoire de la musique. Et quand je ne suis pas en cours, j’anime la radio du campus.
Logan viens d’arriver à côté de nous. Sûrement assoiffé par la chaleur qui se dégage de leur danse et des échanges de salive. J’exagère ma réaction.
Veronica : Sérieusement ? C’est toi ? Waw, je suis impressionnée ! J’adore ton émission ! Tu pourras faire venir Lana del Rey ? Et je dois dire que tu mènes les débats à merveille. Je place le plus d’admiration possible dans mes yeux et dans ma voix pour que ça n’échappe pas à Logan. Je sais, c’est puéril… Mais c’est lui qui a commencé !
Piz me répond, mais je n’y prête pas vraiment attention, j’attends l’attaque de mon adversaire. Il se retourne avec son verre de whisky qu’il boit d’une gorgée, me regarde avec un sourire en coin et en faisant danser ses sourcils avant de se diriger de nouveau vers sa rousse. Il lui murmure quelque chose à l’oreille et passe son bras autour de ses épaules pour l’emmener vers la sortie. Je suis outrée, comment ai-je pu être aussi naïve et m’attacher à ce genre d’énergumène ? Il faut que j’arrête. Je me suis fait assez de mal comme ça. Il ne vaut pas la peine de continuer.
Je me reconcentre et réintègre la conversation que Mac, Piz et Lilly tiennent. Un nouveau verre et nous revoilà partis sur la piste. Dick a sorti son cochon bière, ce qui amuse beaucoup tout le monde. Madison tourne maintenant autour de Duncan, il a l’air de ne plus savoir quoi faire pour s’en débarrasser. Cette vision me fait sourire. Il croise mon regard et lève les mains comme pour dire qu’il ne sait plus quoi faire. Je ris, lui aussi.
Je regarde Wallace qui se déhanche. C’est qu’il a le rythme dans la peau, il aimante toutes les filles au détriment de Piz et Duncan. Piz… Il a beau maîtriser l’art de la musique, se déhancher en rythme semble être l’inconnu pour lui. Et Dick ? Après une danse pour le moins suspecte avec Mac, il disparaît dans la foule avec son cochon, mais toujours pas de bimbo sous le bras tandis qu’il n’a même pas fallu une heure à son colocataire pour [Stop ! On l’oublie]. Mac suit Dick des yeux. Hum…. Etrange…. Un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres. Elle croise mon regard à ce moment et rougit. Plus de doutes, il y a anguille sous roche ! … Et Lilly a disparu. Où est-elle ? Je scrute, je cherche. Je commence à m’inquiéter après cinq minutes sans la trouver.
Mac : Est-ce que ça va ?
Veronica : Je suis inquiète, je ne trouve pas Lilly.
Mac : … Elle est sûrement partie rejoindre son amant secret.
Tout à fait elle ! Il faudra que j’arrive à lui faire cracher le morceau. Qui est le jeune homme qui fait battre son cœur ? Parce qu’elle dit ce qu’elle veut, je suis sûre qu’elle en est amoureuse.
Après quelques danses, la fatigue commence à se faire ressentir. Je trouve un tabouret de libre au bar pour soulager un peu mes jambes. Piz s’installe sur celui d’à côté. On se prend tous un nouveau verre. Je discute avec Piz. Il a beaucoup de culture. C’est appréciable. Je ris beaucoup, sûrement l’alcool qui me monte à la tête. Au bout d’un petit moment, je remarque que les autres sont retournés sur la piste. Et tiens ! La rousse est de retour ! Pfff, ils se sont sûrement contentés de faire ça dans la voiture…
Piz m’interpelle. Je me reconcentre sur notre discussion. Et il m’invite à danser un rock. Je souris. J’ai bien vu tout à l’heure que ce n’est pas un bon danseur, ça risque d’être marrant. Sur la piste, il est maladroit, j’éclate de rire. J’essaie de le guider, ça ne fonctionne pas. On persiste pendant encore pendant deux danses. Puis un slow se fait entendre. Il m’invite à rester sur la piste, j’accepte.
Je reprends mon souffle au fur et à mesure que l’on tourne. Ses yeux me dévorent. Je crois bien que je lui plais. En fait je le sais depuis le début, il me l’a fait comprendre à plusieurs reprises. J’ai aimé qu’il me courtise ce soir. C’est bon pour l’ego ! Il se rapproche de moi, ses mains chutent un peu sur mes reins. Il est mignon. Sa timidité me touche. Il rougit. Je pourrais l’aider un peu... Il est sympa, drôle, intelligent, naturel… C’est ce que je recherche non ? C’est peut-être le moment d’aller de l’avant. Pourquoi je ne saisirais pas cette chance ? Je souris, lui caresse la nuque en rapprochant mon corps du sien. Ils se frôlent maintenant, je le regarde. Ses yeux sont d’un bleu profond, on s’y noierait presque. Je crois bien que je vais devoir prendre les devants, sa timidité l’empêche d’agir on dirait… Je dépose mes lèvres sur les siennes. Pas de réaction. Je recommence, et il se décide à me rendre mon baiser. Enfin !
Une fois lancé, et au contraire de ses talents de danseur, il est plutôt dégourdi. Il me serre dans ses bras, me caresse le dos. Je mets fin à notre baiser, le regarde puis pose ma tête sur son épaule. J’entends son cœur se déchaîner. Ce n’est pas vraiment le cas du mien, mais je dois avouer que je me sens bien. A la fin de la danse, je lui propose d’aller boire un rafraîchissement en lui attrapant la main. Un peu gênée par cette nouvelle situation, je cherche les filles, j’ai besoin de leur raconter, d'entendre leurs conseils.
Je tombe sur Logan… Je n’avais pas anticipé cette rencontre. Ses yeux glissent sur mon corps jusqu’à ma main tenant celle de Piz. Il le toise du regard, croise à nouveau mes yeux, m’adresse un léger sourire et reprend son chemin. Attitude indéchiffrable, encore…. Je suis ravie de constater que je n’ai pas frissonné sous son regard ou son sourire. Serais-je en voie de guérison ? Je me tourne vers Piz. Lui ne m’a pas quittée des yeux, il sourit, il est sur son petit nuage. Je suis sûre qu’il n’a même pas remarqué Logan…
***
Mac et moi rentrons nous coucher. Elle n’en revient pas.
Mac : Eh bien ! Si je m’attendais à ça ! Je me souviens encore de la tête que tu tirais à midi car tu n’avais pas envie de mettre les pieds à cette soirée, et là, te voilà radieuse et souriante.
Veronica : Tu ne crois tout de même pas que je fais partie de ces filles apeurées à l’idée de passer la Saint-Valentin seule ? Dis-je faussement soucieuse.
Mac : Oh mais je suis sûre que si ! La Veronica matérialiste que je connais n’a mis le grappin sur Piz que dans un seul but : se faire offrir le resto et un joli bijou demain soir ! Répond-elle ironiquement.
Veronica : C’est fou comme tu me connais bien ! Ajouté-je pour rentrer dans son jeu.
Mac : Plus sérieusement, je suis contente que tu sortes enfin de cette situation. Tu sais… ce n’était pas très sain de t’enfermer comme ça sur toi-même à cause de Logan.
Veronica : J’en suis consciente. Et j’ai décrété ce soir qu’il était temps qu’il sorte de mes pensées. Et dans le feu de l’action, j’ai cédé aux avances implicites de Piz. C’est fou comme il est timide ! Ajouté-je en souriant, en me remémorant notre premier baiser.
Mac : Bien ! Tu as l’air sur un petit nuage. Ce n’est pas faux, je me sens bien, comme délivrée.
Veronica : Et toi ? N’aurais-tu pas des choses à me dire ? Dis-je en la perçant d’un regard inquisiteur.
Mac : Euh… je ne vois pas de quoi tu parles. Dit-elle en rougissant sensiblement. Mais ça ne passe pas inaperçu à mes yeux experts. J’incline un peu la tête et affiche un petit sourire en coin, pour l’inciter à avouer.
Mac : Je pense savoir ce à quoi tu fais allusion. Mais il n’en est rien ! Rassure-toi ! Je ne finirai pas dans les bras du Dick. C’est juste qu’il me fait rire… En tant qu’ami ! Je ris, comme quoi il y avait bien anguille sous roche pour qu’elle en vienne directement au sujet sans même que j’ai besoin de prononcer un mot.
Veronica : Je ne te juge pas et je ne le ferai jamais. Le Dick a beau être le Dick, il reste quelqu’un de sympathique, sociable, bon vivant, joueur, blagueur, beau gosse et bon parti ! Il n’y aurait rien d’étonnant à céder à la tentation.
Mac : Vraiment, tu fais fausse route ! Allez, allons dormir. Bonne nuit Veronica.
Veronica : Bonne nuit !
Tu as raison, coupe court à la discussion, sinon je t’aurai tiré des aveux bien plus inavouables que ce que tu viens de me dire. J’éteins la lumière, le sourire aux lèvres. Quelle étrange soirée, riche en résolutions, émotions et découvertes… Je m’endors, l’esprit léger.
***
Après un dimanche travaillé, comme la plupart des étudiants ayant un job, c’est un réveil difficile que m’offre ce lundi matin. Routine habituelle : réveil de Mac – toujours difficile – café, douche, petit dej, cours. Il m’aura fallu toute une matinée pour vraiment émerger. Je me dirige vers la cafeteria pour rejoindre les autres. Je sursaute, des bras me saisissent la taille. Je me retourne vivement, et découvre le sourire radieux de Piz.
Piz : Hey ! Je t’ai fait peur ?
Veronica : Tu m’as juste surprise. Dis-je en reprenant mon souffle et en déposant un baiser sur ses lèvres.
Piz : Wallace m’avait pourtant dit d’attendre que ce soit toi qui viennes vers moi, mais je n’ai pas pu résister. Je t’ai cherchée toute la matinée. Et hier fut le plus long dimanche de toute ma vie ! Dit-il impatiemment.
Veronica : Tu manges avec nous ? Lancé-je pour changer de sujet. Pour moi c’était un dimanche comme les autres…
Piz : Nous ? Que dis-tu de « Rien que toi et moi » à la pizzeria ? Ajoute-t-il avec un regard charmeur.
Veronica : J’avais dit à Mac et Lilly qu’on se retrouverait pour le déjeuner… Mais c’est d’accord. Finis-je par lâcher en voyant son air attristé. il se réjouit aussitôt. Laisse-moi juste leur envoyer un message pour les prévenir.
Après tout pourquoi pas. Il faut bien que j’apprenne à connaître mon nouveau petit ami. Nous passons un bon moment, à discuter face à notre pizza. Son humour simple et léger m’arrache quelques gloussements. L’heure passe vite. Je vais être en retard en cours.
Veronica : Oula, je dois y aller ! Dis-je en me levant brutalement et en enfilant ma veste. Je lui fais un clin d’œil pendant qu’il se lève, moins sur le qui-vive. Puis je tourne les talons vers la sortie.
Piz : Hey ! Même pas un bisou ? Son air est étonné. Je me tape le front du creux de la main et m’avance vers lui.
Veronica : Oupss ! Désolée. Dis-je en battant des cils avec un sourire contrit. Je passe mes mains sur sa nuque et l’attire à moi pour l’embrasser. Il va falloir se créer de nouvelles habitudes !
Piz : Compte sur moi ! Il m’adresse un clin d’œil à son tour pendant que je m’éloigne.
Quelle tête en l’air ! En même temps, qui aurait envie de se faire remonter les bretelles par Madame Langlais à cause d’un simple retard ? Brrr, cette femme me fait froid dans le dos. J’arrive pile à l’heure. Ouf. Pendant que je sors mes affaires, je reçois un texto.
SMS Piz, 13h32 : On se voit ce soir ?
Répondre : Non, pas ce soir, je travaille. Jeudi soir ?
J’éteins mon portable sans même attendre la réponse. Mme Langlais m’a dans sa ligne de mire.
***
Veronica : Le Chili con carne de la cantine n'a décidément rien à voir avec celui de papa. Dis-je en m'étalant sur mon lit, les mains sur le ventre.
Mac: Plutôt "Love actually" ou "PS I Love you " ?
Lilly et Veronica : PS I Love you !!
On se regarde en gloussant avant de s'installer toutes les trois dans le même lit, sous la couette.
Lilly : Ah ces irlandais. Quel charme ! Qu'est-ce qu'ils sont sexy !
J'acquiesce avec conviction et constate que Mac fait de même. Je profite du film mais remarque les regards que m'adresse Lilly. Elle a quelque chose à dire, mais elle hésite. Je la laisse jouer à ce petit jeu, en riant intérieurement quand je vois sa bouche s'ouvrir puis se fermer lorsque sa tête se dirige à nouveau vers l'écran. Au bout de dix minutes à la voir gesticuler dans mon champ de vision latéral, je lance :
Veronica : Quoi ?
Lilly: Rien. Je la regarde avec insistance. Elle met sur pause. Très bien... Est-ce que tu te sens bien avec Piz ?
Je suis surprise par la question. C'est ça qui tracasse Lilly ?
Veronica : Oui ! Pourquoi ?
Lilly : Parce que ce soir j'ai eu l'impression de dîner entre un cousin et sa cousine. Ma bouche dessine un "O" de stupéfaction.
Mac : Bien joué Lilly, il va me falloir des jours pour effacer cette image ! Dit-elle dégoûtée.
Lilly : Non mais c'est vrai ! Vous vous entendez bien c'est un fait, mais vous n'avez rien à faire ensemble !
Veronica : Il est peut-être un peu tôt pour le dire non ? On va voir en avançant ...
Lilly : ... Et tu verras que j'ai raison.
Veronica : Comment peux-tu en être si convaincue ?
Lilly : Rien de plus facile. Au lieu d'accepter son invitation au cinéma tout à l'heure, tu as décidé de rester là avec nous ce soir...
Veronica : ... Hey, je voulais vous faire plaisir, je vous ai déjà plantées plusieurs fois cette semaine et ....
Lilly : ... Laisse-moi finir ! Depuis cette soirée samedi dernier tu l'as vu, quoi, 1h le temps de déjeuner lundi et la soirée de jeudi. Le reste du temps, c’était en notre compagnie. C'est peu. Tu trouves que c'est une attitude de jeune fille ayant trouvé un nouveau petit ami super canon ? Je ne relève pas, je suis toujours abasourdie. En plus elle n'a pas fini. À moins que tu nous caches des choses. Vous avez déjà .... Ajoute-t-elle avec un sourire coquin et un regard pervers.
Veronica : LILLY !! Mac éclate de rire. Et moi je rougis.
Lilly : Quoi ? Ne soit pas si prude. Ta vie sexuelle était taboue avant car tu la partageais avec mon frère mais maintenant tu peux raconter ! Je dirais même que tu DOIS tout raconter sans omettre le moindre détail ...
Veronica : Je t'arrête dans ton petit délire tout de suite. Il ne s'est rien passé avec Piz. C'est bien trop récent pour ... que je lui dévoile mon intimité. Et puis de toute façon ma vie sexuelle restera privée, frère ou pas frère ! Dis-je un peu vexée. J'ai ma pudeur, je n'aime pas me mettre à nu et encore moins que l'on m'y force.
Lilly : Pas encore passés à l'acte ? Alors que vous allez sur le même campus et que vous avez tous les deux une chambre universitaire ? Si ça ce n'est pas révélateur de ton manque d'intérêt pour lui ...
Veronica : Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de sexe qu'il n'y a pas d'intérêt. Je préfère construire des bases sûres avant de me donner à lui. C'est ce que font au moins 75% des couples avant de passer à l'acte. Je ne vois pas où est le problème ! Dis-je agacée. Je commence à être en colère. Je me lève pour me servir une tasse de café. Je ne me mêle pas de sa vie amoureuse, moi, pourquoi insiste-t-elle comment ça ?
Lilly : Veronica, ouvre les yeux. Et si c'était Logan ?
Je me tourne brusquement vers elle et plante mon regard dans le sien. Je ne dis rien, j'attends la suite.
Lilly : Et si c'était Logan ton petit ami ? Tu ne passerais pas ton temps à penser à lui ? Tu ne voudrais pas être avec lui sans interruption ? Tu n'envisagerais pas de te blottir dans ses bras chaque seconde où il est près de toi ? Tu ne brûlerais pas de désir pour lui ? Tu ne l'aurais pas invité ici en douce entre deux cours en l'absence de Mac ?
Je suis figée. Mac me regarde elle aussi. Elles attendent une réaction de ma part. Je ferme les yeux un court instant et j'imagine que c'est Logan. Bien sûr que tout ce qu'elle dit est vrai... Mais je me ressaisis. Ce n'est pas Logan. Logan est un Don Juan, Piz est un ange. Je rouvre les yeux, et rends à Lilly un regard froid.
Veronica : Je ne connais Piz que depuis six jours. Je ne peux malheureusement pas en dire autant de Logan. Et je ne suis pas comme toi, j'ai besoin de connaître un minimum les gens avant de me mettre nue devant eux. Je réalise ce que je viens de dire. Je viens de la juger, et si on lit entre les lignes, ce n’est pas vraiment un compliment que je lui ai fait. Elle est étonnée, semble un peu sous le choc. Je me ravise immédiatement.
Veronica : Je suis désolée Lilly, ce n'est pas ce que je voulais dire. Mes mots ont dépassé mes pensées.
Mon regard implore le pardon. Elle saisit la télécommande et relance le film. Après quelques longues secondes je me décide à me rasseoir sur le lit à ses côtes. Je me sens mal de l'avoir blessée, Elle, ma meilleure amie ... Mais à ma grande surprise, sa main saisit la mienne. Je tourne les yeux vers elle, elle regarde le film mais affiche un grand sourire. Elle ne m'en veut pas. Je suis soulagée.
Lilly : Regardez-moi ces fesses !
Mac : Faites-moi penser à faire la tournée des bars irlandais. Je veux me trouver un Gérard Butler ! Dit-elle, soulagée que la tension soit retombée.
Lilly : Et même qu'on t'accompagnera !
***
Lilly est repartie, Mac est dans son lit. Elle ne dort pas mais elle reste silencieuse. Et moi, je sens que mon cerveau veut me torturer un peu. Et si Lilly avait raison ? Et si la relation que je mène avec Piz n'a rien d'amoureuse ? Non, non, c'est beaucoup trop tôt pour se poser ce genre de question. On se connaît à peine, il faut laisser du temps au temps avant de pouvoir parler réellement de sentiments. Non, tout est normal… Et puis de toute façon, on ne va pas se marier demain, alors même si ça ne fonctionne pas entre nous deux, on pourra toujours dire qu'on a essayé ! Me voilà rassurée, inutile de s'emballer.
Alors que je commence à fermer les yeux, nouvelle question. Et si j'avais accepté les avances de Piz juste pour oublier Logan ? Et voilà, de nouveau perturbée ! Et d'autant plus qu'il est possible que ce soit le cas. Je ne sais pas. [Arrête, Logan est un crétin, tu n'as pas besoin de Piz pour t'en persuader]. J'aimerais que ce soit vrai. Certes, Logan est un abruti, mais comment être sûre que je ne me sers pas de Piz ? C'est vrai quoi, il arrive pile au moment où j'ai besoin d'un moteur pour passer à autre chose. [Piz est un type bien, et c'est uniquement pour ça qu'il te plaît]. C'est certain, il cumule les qualités. N'est-ce pas ce que je recherche ? Et du coup n'est-il pas normal que je tente quelque chose avec lui ? Bien sûr que si, c'est évident... Je baille, et de nouveau confortée, j'espère m'endormir avant qu'une nouvelle question éclate dans ma tête.
***
Les jours passent, les semaines défilent. Voilà un mois et demi que la soirée du jour du désespoir est passée. Six semaines pendant lesquelles j'ai appris à connaître Piz, enfin surtout les semaines avant les vacances. Il est retourné chez ses parents, mais il m’appelle tous les jours. J’ai aussi passé beaucoup plus de temps avec Wallace, étant donné qu'ils habitent la même chambre, ce type est vraiment génial. Dès le départ, une affinité s'était installée d'elle-même, sans rien forcer, et les liens de l'amitié se tissent de plus en plus serrés entre le basketteur et moi.
Je profite des vacances pour passer du temps avec Mac et Lilly mais c'est plus difficile avec Duncan, Dick et ... Logan, qui sont partis surfer au Mexique. Je ne voyais déjà quasiment plus ce dernier. Il semblait éviter l'université, mais je n'en suis pas certaine, peut-être qu'il n'esquivait que moi... Peu importe. Il peut bien faire ce qu'il veut, ça m'est égal.
En ce jour de rentrée, je propose à Lilly de tous se retrouver au Java the Hut ce soir après mon service, histoire de se raconter nos vacances et de passer une bonne soirée. Je préviens Mac, Piz et Wallace pendant qu'elle informe les autres garçons.
Mac : Oh, et bien elle tombe très bien cette idée. L'université a accepté ma candidature, tu as devant toi un nouveau membre de l'équipe de maintenance informatique du campus !
Veronica : Tournée générale pour Mac ce soir ! Félicitations ma belle. Dis-je en la serrant dans mes bras. On sait toutes les deux à quel point ce job valorisera son CV et facilitera son entrée dans la vie active.
Mac : Calme-toi, je ne suis pas encore en position de demander une avance sur salaire ! Je ris.
***
Lilly et Mac arrivent sur le coup de 20 heures. Une heure plus tard, quand je termine, elles sont toujours seules. Je les rejoins avec des cupcakes pour le dessert et un cocktail chacune, on a quelque chose à fêter !
Veronica : Où sont les autres ?
Lilly : Duncan et Dick ne viendront pas, un truc à la confrérie. Et Wallace a entraînement de basket donc il nous rejoindra plus tard, il emmènera Piz.
Veronica : Oh … Et Logan ?
Lilly : Tu vois ? Je te l’avais dit. Même pas une minute ! Elles rient toutes les deux en se tapant dans les mains. Puis elle ajoute : Logan ne viendra pas ce soir ma belle.
Veronica : Occupé avec une bimbo ? Aucune des deux ne relève. Quoi ? Je ne dois pas être si loin de la vérité, non ?
Mac : Eh bien ce n’est pas vraiment ça. Il n’est pas au mieux en ce moment… Elle est évasive sur le sujet. Moi j’attends la suite. Je les questionne du regard. Elles ne savent pas si elles doivent en parler. Ça doit être moche…
Lilly : Sa mère est revenue à Neptune.
Veronica : C’est plutôt une bonne nouvelle, non ?
Lilly : Oui et non… Trop vague Lilly, enchaîne !! Tu t’es déjà demandée pourquoi il avait quitté New York pour vivre dans un hôtel ?
Veronica : Il m’a expliqué que c’était en partie parce que Duncan n’arrêtait pas de lui parler de la Californie, parce que ses amis sont à Neptune, parce que ses parents étaient toujours en tournage donc il était tout le temps seul, mais surtout pour le Sea Sex and Surf et le Mexique!
Lilly : C’est ce qui l’a poussé à venir ici. Mais pas ce qui l’a poussé à partir…
Lilly : Son père le bat, depuis qu’il est petit...
Cette révélation me fait l’effet d’une douche froide… Comment un acteur adulé, aux traits sympathiques peut-il commettre de tels actes sur son fils ?
Lilly : Duncan et moi on savait, même s’il ne nous a jamais rien dit. On voyait les bleus sur ses jambes, ses bras, sa figure même… C’est pour ça qu’il passait ses journées chez nous. On était sa deuxième famille. Celle qui l’aime. On en a déjà parlé avec mon père, mais il refusait d’y croire…
Je suis outrée. Comment imaginer qu’un père, célèbre ou pas, puisse porter la main sur son fils ? Logan a quitté Neptune à l’âge de douze ans. Ce n’était qu’un enfant… Depuis combien de temps souffrait-il de telles violences déjà à cet âge ? Et après ? Que s’est-il passé ? Les coups sont-ils devenus plus forts en même temps que ses os ? Ou ont-ils enfin cessés ? Lilly, qui semblait plongée dans le passé, interrompt mon questionnement en reprenant.
Lilly : Il a attendu d’avoir dix-huit ans pour quitter le foyer familial. Tout à l’heure à la fin des cours, j’avais donné rendez-vous à Mac pour un café – ne fais pas cette tête, tu étais avec Piz… – et on a y a croisé Logan. Il parlait au téléphone et semblait très inquiet. Alors une fois qu’il eut raccroché on lui a offert un café. Il l’a saisi, je lui ai demandé comment il allait et il a explosé. Il a lancé son café sur le mur en hurlant que sa mère était à Neptune… Logan pense qu’elle a fui New York elle aussi parce qu’il l’a probablement frappée. Elle est apparemment mal en point…
Je suis littéralement sous le choc. Je n’avais jamais imaginé qu’il puisse avoir des problèmes familiaux. Un père acteur de renom, une mère actrice elle aussi, il n’a jamais manqué de rien. Pour moi, il avait eu une vie idyllique. Mais que sait-on vraiment des autres ? Même Mac ne sait pas que ma mère s’est tirée avec l’argent de mes études pour s’acheter à boire… Ce n’est pas le genre de chose qu’on raconte, ce n’est pas le genre de chose dont on est fier. Pourquoi aurait-il eu envie d’en parler ? Comment l’Homme peut-il être si mauvais ?
Veronica : Mal en point comment ?
Mac : On ne sait pas vraiment. Il est parti précipitamment, sans qu’on ait eu le temps de le rattraper. Sûrement à l’hôpital d’ailleurs.
Lilly : On en saura plus demain. J’essayerai de tirer des infos auprès de Duncan. Peut-être qu’il lui aura parlé…
Le cœur n’est pas vraiment à la fête. Un silence de plomb s’installe pendant quelques minutes. Chacune fixe un point précis de la pièce, le regard vide. Wallace avec sa bonne humeur légendaire nous sort de notre torpeur. Je respire un grand coup et affiche mon plus beau sourire. Je constate que les filles ont fait la même chose. Piz s’installe à mes côtés et me glisse un baiser dans le cou. L’humour et la légèreté des deux acolytes nous détendent passablement et nous passons au final une soirée agréable.
***
Mac : Alors, tu as des nouvelles ? Dit-elle en chuchotant presque.
Lilly : Tu sais, nous ne sommes qu’à trois pour l’instant, tu peux parler normalement. La taquine-t-elle.
Mac : On ne sait jamais. Ma mère m’a toujours dit que les murs ont des oreilles.
Lilly : Et que peuvent-ils bien trouver d’intéressant dans cette histoire, les murs ?
Mac : Hummm, tu marques un point. Mais…
Veronica : Alors ? Lâche-je pour couper court à ces enfantillages. En temps normal, j’y aurais participé volontiers, mais là, je ne suis pas d’humeur à la rigolade.
Lilly : Ca va ! Quelle rabat-joie ! Elle m’adresse un sourire pour que je ne me vexe pas. Quand je ne suis pas d’humeur, je suis susceptible aussi. Lilly le sait bien. Elle reprend plus sérieusement : Il a appelé Duncan hier soir. Besoin de parler à quelqu’un… Mon frère est resté assez vague, mais Lynn a été conduite à l’hôpital à sa sortie de l’avion. Elle avait une côte fissurée et à cause de la pressurisation, elle est devenue assez douloureuse pour provoquer une détresse respiratoire. Il n’y a rien de bien grave en soi, elle est même déjà sortie de l’hôpital. C’est tout ce que je sais.
Je suis soulagée d’apprendre que ce n’est pas trop grave. Logan doit être rassuré lui aussi.
Mac : Changeons de sujet le plus naturellement du monde car ils s’approchent avec leurs plateaux. Chantonne-t-elle avec un sourire forcé. Je me tourne vers Dick et Logan. Il a l’air épuisé.
Dick : Hello you ! Peut-on se joindre à vous ? Lance-t-il sur un ton charmeur.
Il pose son plateau et s’installe avant même qu’une de nous puisse répondre. Logan fait de même. Il nous fuit du regard, n’adresse pas une parole. Il n’a pas envie de parler, ni même qu’on lui parle. C’est plus que normal vu les circonstances.
Mac : Tu ne nous laisses pas vraiment le choix.
Dick : Tu ne vas pas me faire croire que tu aurais refusé ce privilège.
Ces deux-là détendent l’atmosphère avec leurs chamailleries et sont vite rejoins par Lilly. Même si Lynn va bien, je n’ai toujours pas le cœur à la plaisanterie. La détresse qui émane de Logan m’atteint, même si j’ai l’impression que notre relation est passée du statut « d’amours impossibles» à « simples connaissances ». Finie la période des piques, on se contente maintenant de se saluer et d’échanger le minimum en cas d’absolue nécessité… Mais on n’est pas foutus pour autant de tirer complètement un trait l’un sur l’autre.
Le bruit d’un couvert qui heurte une assiette me fait relever la tête. C’est Logan qui a laissé échapper sa fourchette. Les yeux dirigés vers l’écran de la cafeteria, il est blanc comme un linge, la bouche bée. Je me tourne pour voir ce qui le met dans cet état, la chaîne info diffuse une femme visiblement affolée qui raconte quelque chose, puis une vue du Coronado Bridge où une voiture décapotable rouge est abandonnée, la portière coté chauffeur ouverte. On peut ensuite lire la plaque d’immatriculation : « ECHOLLS 2 ». Je ne saisis son état qu’en lisant le bordereau qui défile sous les images. « Neptune : Lynn Echolls, femme du célèbre Aaron Echolls, actrice de renom, aurait mis fin à ses jours en sautant dans le fleuve ».
Mon corps tremble, sous le choc. Je n'arrive pas à détourner mes yeux de l'écran. Je lis et relis l'information. J'ai peut-être mal compris. J'espère avoir mal compris. Mais non. C'est bien ça. Lynn Echolls s'est suicidée… Les autres n'ont pas encore vu l'information, je les entends plaisanter… Logan ...
Un vent de panique souffle sur ma nuque. Je me tourne vers lui. Il n'a pas bougé d'un iota. Ma vue se brouille, je pince mes lèvres pour retenir les larmes. Je perçois sa douleur. Il baisse enfin les yeux et croise mon regard. Il est complètement déboussolé, ses yeux sont remplis de questions, d'incompréhension. Il finit par saisir et rallumer son téléphone. Il se lève brutalement pour disparaître de la cafétéria. Les autres le regardent s'éloigner, surpris. Mac se tourne vers moi et remarque mon trouble.
Mac : Veronica, est-ce que ça va ? Je discerne du stress dans sa voix. Je suis incapable de répondre. Ils m'observent avec insistance, attendant une réaction. Ils sentent que ce que je vais leur dire est important.
Lilly : Veronica ! Dit-elle en haussant le ton et en me secouant le poignet. Je finis par articuler.
Veronica : Dick, rejoins tout de suite Logan. Sa mère est peut-être décédée. Ils me regardent tous avec de grands yeux, abasourdis par cette déclaration.
Dick : Quoi ? Mais non ça va, elle est sortie de l'hôpital !
Mac : Oh mon dieu ... Laisse-t-elle échapper en bâillonnant sa bouche d'une main. Elle a vu l'information. Les autres suivent son regard. Personne ne bouge, comme Logan et moi quelques minutes plus tôt.
Veronica : Dick ! Maintenant.
Il saisit l'urgence et se lève sans attendre pour rejoindre son ami en courant.
Je sors mon téléphone à mon tour, et compose le numéro du commissariat.
Veronica : Allo Papa.
Keith : Ma chérie, tu vas bien ?
Veronica : A vrai dire, pas vraiment… J'ai vu les informations.
Keith : Oh ! Tu sais pour Lynn Echolls alors.
Veronica : Oui ... Avez-vous retrouvé le corps ?
Keith : Pas encore.
Veronica : Elle n'est peut-être pas morte alors ? Comment tu peux être sûr qu'elle se soit jetée du haut du pont ? Dis-je pleine d’optimisme. On ne sait jamais, peut-être qu’on lui a volé sa voiture et que c’est le voleur qui s’est suicidé à cause de la culpabilité. [Tu délires…]
Keith : Il y a des témoins Honey ... Lynn était connue et reconnue. Voilà qui met fin à mes espérances.
Veronica : ... Bien ... Si tu as des nouvelles concernant cette affaire, pourras-tu me tenir au courant, s'il te plait ?
Keith : Je sais que Logan est ton ami. Je t'informerai dès que j'aurai du nouveau.
Veronica : Merci Papa. Je te laisse, je vais devoir reprendre les cours.
Keith : Bon courage Honey.
Veronica : Ouais ...
Je raccroche. Mac et Lilly sont toujours choquées.
Veronica : Allez, il faut y aller…
***
Je retrouve Piz dans sa chambre. Wallace est à l’entrainement. J’ai passé un après-midi affreux, mais rien comparé à celui que Logan a dû endurer. Je suppose qu’il est passé au commissariat. Je demanderai à Papa comment ça s’est passé. Je suis pensive. Je sais ce que c’est que de perdre sa mère... Certes la mienne n’est pas morte, mais c’est tout comme. Aucune nouvelle. Mais au moins je sais qu’elle va bien… Enfin, du mieux qu’elle peut étant donné qu’elle est probablement ivre à longueur de journée. C’est qu’on peut en acheter des litres de vin avec 50 000$ …
Piz : Hey, ça va ? Tu as l’air à des kilomètres d’ici. Dit-il doucement.
Veronica : C’est cette nouvelle… Je compatis à la douleur de Logan…
Piz : Viens là. Dit-il en se rapprochant de moi et m’invitant à me serrer contre lui. Je me laisse faire. Son câlin me fait du bien. Que veux-tu manger ? J’appelle n’importe quel restaurant tant qu’il peut nous livrer.
Veronica : Rien, merci. Je n’ai pas faim. J’apprécie la démarche, il essaie de me remonter le moral.
Piz : D’accord, mais je ne vais pas te laisser mourir de faim pour autant. Je vais nous chercher deux pots de glace à la cafeteria. Plutôt vanille ou chocolat ? Face à sa détermination, je cède.
Veronica : … Chocolat.
Piz : A tout de suite.
A son retour, il me tend mon pot de glace et une cuillère, allume la télé et viens s’allonger derrière moi. L’étreinte est douce et rassurante. Je finis par m’endormir.
***
Logan n’est pas venu en cours aujourd’hui. Evidemment. De toute façon il a bien fait, nous n’aurions pas été d’un grand réconfort. Nous, ses amis proches, sommes assez secoués par son malheur et ne sommes pas au meilleur de nous-mêmes. Mac me propose de regarder un film avec elle. Elle a besoin d’une chaleur réconfortante elle aussi. Moi j’avais Piz hier. Elle était seule... On s’installe côte à côte dans le lit, et je pose ma tête sur son épaule. Elle pose la sienne sur la mienne. Pas besoin de mot, on se soutient mutuellement. Il faut qu’au retour de Logan, on soit sorties de notre torpeur pour le soutenir dans cette épreuve. Le film terminé, je vais me débarbouiller puis me coucher. Je pense à Logan, je ne sais pas comment il prend la chose… Je pense à ma mère, que devient-elle ?
***
Je me suis assoupie. Trois petits coups secs me tirent de mon sommeil. Je me redresse, attends pour vérifier que je n'ai pas rêvé. Ils se font entendre de nouveau. Mac grogne. Je me tourne vers le réveil. 02h17. Je soupire. Qui peut bien déranger les gens à une heure si tardive ? Je me lève péniblement pour aller ouvrir avant que Mac ne se transforme en furie. J'ouvre et distingue une silhouette dans la pénombre du couloir, je suis perplexe.
Veronica : Logan ? Qu'est-ce que tu fais là ? Dis-je tout bas, en sortant de la chambre et en fermant doucement la porte derrière moi.
Logan : Je suis désolé de te déranger aussi tard, mais les paparazzi commencent à s’accumuler au pied du NGH, et je n’ai pas vraiment envie de les croiser… J’acquiesce. J'ai besoin que tu m'aides à retrouver ma mère... Je fronce les sourcils. Il délire. Il a les traits tirés. Depuis quand n'a-t-il pas dormi ?
Logan : Relax, je ne te demande pas d'aller draguer le fleuve. Ma mère ne s'est pas vraiment suicidée. Il a l'air convaincu, les yeux remplis d'espoir.
Veronica : Viens, allons prendre un café. Dis-je en l’entraînant vers la cafeteria. Je pense qu’il a besoin de discuter. Dick n’a peut-être pas trouvé les mots pour l’apaiser.
Logan : Veronica, elle n'est pas morte. Affirme-t-il avec conviction, en s’arrêtant au milieu du couloir.
Veronica : Qu'est-ce qui te fait penser qu'elle est en vie ?
Logan : Pourquoi tout le monde affirme qu'elle est morte ? On n'a toujours pas retrouvé le corps que je sache. Lâche-t-il impatient.
Veronica : Et cette femme qui l'a vue sauter ? C'est sur toutes les chaînes...
Logan : Très bien, si c'est la télé qui le dit, c'est forcément la vérité ! Ses cartes de crédit ont disparu. On ne saute pas d'un pont avec sa carte platine, non ? En plus j'ai trouvé ça dans sa chambre à l'hôtel. Il sort un briquet zippo sur lequel est gravé "Free at least". Elle ne s'en sépare jamais, et il était là, posé bien en évidence sur sa table de nuit… Je veux dire, on dirait ... Je ne sais pas, des indices ?
Veronica : Logan, je ...
Logan : Je connais ma mère. Insiste-t-il.
Veronica : Ok...
Il a l'air d'aller tellement mal. Mon cœur souffre de le voir dans cet état. Il faut qu'il se rende à l'évidence. Ses convictions ne l'aideront pas à faire le deuil de sa mère. Je pourrais peut-être l'aider à l'admettre. En lui prouvant matériellement.
Veronica : J'ai entendu dire qu'elle avait laissé un message ?
Son visage s'illumine un peu. Le fait que j'accepte de l'aider lui met du baume au cœur. Mais il ne doit pas se faire de faux espoirs, je compte seulement l'aider à faire son deuil.
Logan : Super, oui, elle veut que tout le monde pense qu'elle est morte. Mais si elle s'était réellement donné la mort, elle l'aurait fait à coup de chardonnay et de médicaments. Il sourit. Tu sais, elle n'aurait pas voulu qu'on retrouve son corps plein de vase et les yeux tout bouffis.
Veronica : … Je vais voir ce que je peux faire.
Il m'adresse un regard plein de reconnaissance.
Logan : Merci V. Puis il tourne les talons. Je le regarde s'éloigner, pensive. Il se retourne et ajoute : Tu sais .... Je veux juste savoir qu'elle va bien. Et il reprend son chemin.
Je le regarde disparaître puis retourne discrètement me coucher. Que vais-je bien pouvoir faire ? Dans quoi je me suis embarquée ?
***
Le lendemain matin, après un café bien serré :
Mac : Comment va Logan ? Elle l’a entendu hier...
Veronica : Pas très bien … Il veut que je l’aide à retrouver sa mère. Il pense qu’elle n’est pas morte.
Mac : Oh… Le déni hein ?
Veronica : Oui je crois. Il va falloir l’aider à accepter…
Mac : On dirait bien…
La nuit m’a permis d’y voir plus clair. Je vais d’abord contrôler les mails de Lynn. On y trouvera peut-être quelque chose : des relevés de compte suspects, des échanges adultérins, des menaces … Quelque chose qui expliquerait qu’elle veuille disparaître, au sens propre ou au figuré… J’appelle Logan pendant que Mac monopolise la salle de bains.
Logan : Allo ? Dit-il à bout de souffle, comme s’il avait couru pour décrocher.
Veronica : C’est Veronica.
Logan : Oui je sais. J’espérais que tu téléphones.
Veronica : Oh ! Dans d’autres circonstances j’aurais été ravie d’entendre cette phrase dans sa bouche. [Tu t’égares !] . Est-ce que ta mère avait un ordinateur, une tablette, ou un smartphone ? On pourrait peut-être y trouver des informations, non ?
Logan : J’ai récupéré sa tablette. Elle devait avoir son téléphone sur elle, et il doit être hors service puisque je tombe directement sur sa messagerie… A moins qu’il soit juste éteint ! Mais j’ai déjà regardé, sa tablette ne contient pas grand-chose : quelques photos, des applications pour le shopping ou pour jouer…
Veronica : J’aimerais y jeter un coup d’œil si tu es d’accord.
Logan : Bien sûr. Je t’ai sollicitée car de toute évidence tu as des compétences que nous n’avons pas. Je suis flattée par ce compliment, par le fait qu’il ait remarqué mes capacités d’enquêtrice.
Veronica : Ok. Tu veux que je passe au NGH la récupérer ? Disons vers 21h30, parce que je ne termine qu’à 21h et …
Logan : C’est gentil, mais je suis déjà en route pour la Fac. Et je l’ai avec moi… Je peux être devant ta porte dans quinze minutes. Tu seras en cours ?
Veronica : Non, je ne commence qu’à dix heures.
Logan : Très bien, à tout de suite.
Je file sous la douche et me prépare en vitesse. Je sors de la pièce, trop petite pour autant de vapeur, et finis de m’habiller sur mon lit. On toque alors que j’enfile mon jeans.
Veronica : Attends ! J’suis pas prête ! Mac me regarde amusée en train de me dandiner. C’est bon !
Logan : Oh ! Salut Mac. Je ne pensais pas te trouver là.
Mac : Et pourtant j’habite ici ! Dit-elle en souriant et en s’écartant de la porte pour le laisser rentrer. Je vais vous laisser…
Veronica : Attends, j’aimerais que tu restes, si tu le peux. On aura sûrement besoin de tes lumières… Enfin… Si tu es d’accord… Dis-je en me tournant vers Logan. Il nous regarde, tour à tour.
Logan : J’ai confiance en vous, je sais que son intimité ne se retrouvera pas sur les réseaux sociaux avec vous… Ajoute-t-il en baissant les yeux.
Ce drame fait le buzz dans les médias. De nombreuses photos et vidéos se sont retrouvées en diffusion alors qu’elles ne devaient avoir qu’un usage privé. Et ce n’est pas tout beau tout rose… La réputation de Lynn en a pris un coup, et celle de sa famille aussi par là-même. Je pose ma main sur la sienne pour lui faire comprendre qu’il ne se trompe pas. Il a compris, et se détend instantanément. Je récupère ma main.
Veronica : Bien, voyons ça. Tu sais quel hébergeur elle utilisait pour ses mails personnels ?
Logan : Oui, c’était gmail.
Veronica : Allons jeter un coup d’œil dans sa boite de réception. Tu connais son mot de passe ?
Logan : Essaie 11/06/68, c’est sa date de naissance. Ca ne fonctionne pas. Alors celle de Trina : 23/09/85. Toujours pas. Et la mienne … Je n’attends pas qu’il me la dicte, je la connais. Un sourire en coin s’affiche sur son visage. Discret, mais sourire tout de même. Mes joues rosissent. Ca ne fonctionne pas non plus.
Mac : Laissez-moi faire.
Veronica : Tu vas voir, en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, elle nous aura craqué ce mot de passe.
Mac : Et voilà ! Lance-t-elle fière d’elle.
Veronica : Tu vois ? Dis-je amusée. Il sourit davantage.
Logan : Impressionnant… C’était quoi alors, son mot de passe ? Il a besoin de savoir, besoin de connaître des petits secrets pour se sentir plus proche encore d’elle. Mac se penche vers l’écran puis le regarde avec tendresse.
Mac : « LOGAN ». Souffle-t-elle. Il baisse les yeux, ému et enchanté.
Veronica : De la pub, toi, et … cet expéditeur revient assez souvent : « ToutpourLynn ». Quatre fois la semaine passée.
Je clique sur l’un de ces mails et un frisson me glace le dos.
C’est un montage photo qui met en scène Lynn la gorge tranchée. Je suis sous tension, et ils le ressentent. Ils s’approchent de moi pour lire eux aussi, je penche la tablette vers eux.
Logan : Waw, mais c’est quoi ça ? C’est quoi ce délire ? Il se tend lui aussi et devient nerveux. Il se met à marcher dans la pièce, une main sur la nuque. Mac l’attrape par les épaules et tente de le calmer pendant que j’ouvre les autres mails.
Mac : Logan, je vais retrouver l’auteur de ces mails, puis on en parlera au shérif pour qu’il mène l’enquête, d’accord ? Il acquiesce silencieusement et s’assoit sur le tabouret.
Veronica : Les autres mails sont du même genre. Le premier remonte à il y a six semaines. Il y a eu un événement marquant début février dans votre famille ? Dans sa vie ? Elle ne t’a parlé de rien ? Réfléchis bien… Je tends la tablette à Mac qui la branche sur son PC et se met à pianoter frénétiquement.
Logan : Pas que je sache… Il se lève, il ne tient pas en place. Je l’appelais moins souvent ces derniers temps. Peut-être que si j’avais pris plus souvent des nouvelles elle m’aurait raconté... Je me plante face à lui et ancre mes yeux dans les siens.
Veronica : Laisse tomber les remords et les regrets. Ne les laisse pas t’abattre. Si elle avait des soucis, elle aurait dû en parler. Tu n’es aucunement responsable. Le ton est persuasif. Il ne bouge pas, moi non plus. Il intègre. Sa respiration est saccadée par le stress. Mais il se détend un peu. L’ordinateur de Mac émet un signal.
Mac : Tsss, qu’est-ce que c’est que ça ? Je quitte les yeux de Logan et m’avance à côté d’elle. On dirait que les informations liées à cette adresse mail sont cryptées, comme toutes les autres, mais la clé utilisée pour l’encodage est très complexe. Mon programme n’en vient pas à bout… Il va falloir que j’en télécharge un autre, en espérant que ça fonctionne… Je suis désolée, il va falloir attendre un peu. On soupire tous les trois.
Veronica : Ok. Lance ton téléchargement. Je préviens mon père de ce qu’on a découvert et on file en cours. Ils acquiescent. Mais toi, dis-je en m’adressant à Logan, tu devrais dormir. Reste ici si tu veux, personne ne te dérangera.
Logan : Ca va aller merci. On se retrouve ce midi ?
Veronica : Sans moi. Réponds-je gênée. Je déjeune avec Piz… en amoureux. Il baisse les yeux puis s’éloigne en faisant un petit signe de la main. Mac me rejoint dans le couloir après avoir lancé le téléchargement.
***
Je suis agacée de ne pas avoir pu accéder au nom du harceleur de Lynn. Je suis sûre qu’il aurait permis d’expliquer bien des choses et surtout de donner à Logan des réponses qu’il n’a pas. A savoir ce qui l’a poussé à se jeter du haut de ce pont. Papa n’a toujours pas retrouvé le corps mais il y consacre tout son temps. Cette histoire occupe mon esprit. Peut-être qu’en effet Lynn a préféré simuler sa disparition par peur que l’auteur des mails mette en application ses menaces. J’espère que si c’est vraiment le cas, elle s’arrangera pour en informer son fils. Qu’il puisse enfin retrouver la quiétude... Mais soyons honnête, il n’y a que d’infimes chances que cette hypothèse soit la bonne. Les témoins sont formels, c’était bien Lynn Echolls…
Piz : Encore dans tes pensées ?
Veronica : Il faut croire. Mon cerveau est en ébullition. J’aimerais vraiment pouvoir dire à Logan qu’elle est en vie et qu’elle va bien.
Piz : Tu ne devrais pas l’encourager à croire qu’elle est vivante. Il risque d’avoir encore plus de mal à accepter sa mort une fois le corps retrouvé.
Veronica : Je ne l’incite pas à y croire, j’ai d’ailleurs accepté de l’aider pour lui ouvrir les yeux et lui apporter les preuves dont il a besoin pour admettre son suicide.
Piz : Quand je t’écoute, j’ai l’impression que tu fais le contraire. Je soupire. C’est quand même bizarre son attitude…
Veronica : Quelle attitude ? Dis-je perplexe.
Piz : Vouloir croire qu’elle a prévu toute cette mise en scène pour échapper à je ne sais quoi…
Veronica : Ca n’a rien d’étrange. Dis-je énervée. Je hausse sensiblement la voix. Il refuse juste l’idée qu’elle soit partie sans le prévenir, sans qu’il ait pu lui dire au revoir ou lui dire à quel point il l’aime. Alors il espère seulement qu’il aura encore l’occasion de le faire…. Et puis tu ne peux pas comprendre…
Piz : Parce que toi tu le peux ? Dit-il mi étonné-mi agacé.
Veronica : Je le comprends mieux que n’importe qui. Dis-je d’un ton claquant.
