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Série : Veronica Mars
Création : 18.09.2015 à 23h14
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« fiction qui débute peu après le film.... » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 116 paragraphes
San Francisco – Hôtel Regent
Keith venait de raccrocher avec sa fille. Elle semblait être sur une piste et ne pas vouloir croiser la route des Kane. Cette nouvelle le rassura quant à la suite de sa journée. C’était à lui de s’aventurer dans le monde des Kane. Après la fuite de sa fille, Keith avait voulu faire payer Jake. Il avait réussi à s’allier avec Sacks pour lutter contre la corruption dirigée par Kane. Ils avançaient dangereusement dans leurs investigations. Aussi, le Roi avait voulu les stopper. On avait voulu le faire taire en provoquant son accident de voiture. Il s’en était sorti. Sacks avait eu moins de chance. Sa mort avait terminé de convaincre Keith de passer à l’action. Discrètement, il s'était mis à rassembler les données sur les Kane. Sachant Celeste tombée en disgrâce, il espérait en faire une alliée. Keith n’était pas naïf, il aurait besoin d’un argument de poids pour s’assurer la loyauté de Celeste. Et quoi de mieux qu’un bon dossier compromettant…
Keith voix off : J’utilise les mêmes armes que vous…
Celeste avait accusé Eli Weevil Navarro d’agression alors que l’hispanique s’était racheté une conduite. Keith avait là le parfait argument pour persuader Celeste de se rallier à sa cause. Restait à prouver l’innocence de Weevil. En traînant dans la zone de l’agression, il avait découvert la cache de Terrence Richmond. Il avait appris la vérité et gagné son argument de poids.
Flashback
Keith avait choisi de venir dans la rue en plein jour. Les sans-abris étaient moins dangereux de jour. Il trouva Terrence Richmond allongé sur un amas de couvertures pouilleuses. Il était en train de regarder une vidéo sur un caméscope.
- Bel objet, monsieur Richmond, dit Keith en s’approchant.
Le sans-abri se raidit. On ne l’avait plus appelé monsieur depuis des mois, depuis qu’il avait tout perdu quand il s’était fait virer de la banque. Il se redressa pour observer l’homme qui venait de lui parler. Il le reconnut aussitôt et toute peur s’envola. Lorsqu’il était encore un citoyen respecté, Terrence avait voté Keith Mars. Il accepta de discuter.
- C’est tout ce qu’il me reste de ma vie d’avant. Je regarde les vidéos de ma Eleanor dessus.
Keith jeta un œil à la fille de Terrence, lui glissa un compliment avant de lui poser sa question.
- Votre caméra, elle ne vous sert qu’à ça ou vous l’utilisez comme moyen de surveillance ?
Terrence cracha dans le caniveau avant de répondre.
- Attention, je ne suis pas un voyeur, moi ! Je m’en sers pour surveiller les gens qui arrivent de la rue. Souvent le soir, ils ne nous voient pas et ils nous roulent dessus ! Mes vidéos servent quand l’un d’entre nous se fait écrabouiller. Mes vidéos ne ramènent pas à la vie mais elles offrent à mes amis un bon cercueil pour l’au-delà.
Keith fut de plus en plus intéressé par la caméra.
- Dites, vous avez combien de cassettes ?
- Une trentaine, une par jour de chaque mois. La cassette du 1er, du 13, du 27, expliqua Terrence en tirant quelques boîtiers plastiques d’une boite de chaussures.
- Vous n’auriez pas la cassette du 22 du mois dernier ?
Terrence fouilla, attrapa un boîtier, interrogea Keith avant de le lui tendre.
- Qu’est-ce que vous espérez trouver dans ma bande de surveillance ? fit-il avec un air malicieux.
- Oh, Monsieur Richmond, je crois que vous savez ce que je cherche sur cette bande.
- Si vous parlez de l’agression d’un hispano par une blanche perdue dans ma rue, c’est la bonne cassette.
Keith opina du chef et empocha la boite. Avant de partir, il laissa un billet de 100$ à Terrence. Ce dernier aurait voulu refuser mais son estomac le lui interdisait.
Fin flashback
Terrence Richmond, oublié de Neptune qui allait rappeler la loi à Celeste Kane. L’image fit sourire Keith. Il avait réussi à obtenir une entrevue avec la reine des glaces. Il comptait bien utiliser la vidéo de Terrence comme moyen de pression pour obtenir des informations sur le fantomatique Castle. Keith termina son café et s’avança vers l’ascenseur. L’heure du rendez-vous approchait.
San Diego – restaurant italien
Veronica avait fait les choses dans l’ordre cette fois-ci. Elle avait appelé Leo à mi-chemin et lui avait expliqué la situation. Le lieutenant D’Amato avait accepté à condition qu’elle l’invite à déjeuner. Et pas sur le pouce avait-il précisé. Il en avait assez de prendre des kilos à cause de ses pots de vin faits de junk food.
- Tu ne veux pas que je te paie avec une pizza tirée du carton mais avec une servie dans une assiette, ça te convient ? Explique-moi la différence... Parce que pour moi, c’est la même chose… pesta Veronica en entendant Leo choisir une Reine.
Le lieutenant la laissa finir sa diatribe en souriant. Les années avaient passé mais ce qui l’avait séduit chez elle était toujours là, intact malgré les ans.
- Ce n’est pas pareil. Ici, on me voit en compagnie d’une jolie femme…
Veronica rougit un peu, surprise par le compliment. Il avait toujours su y faire avec elle. Aussi, elle se radoucit.
- Tu marques un point. Bon, parlons affaire avant que tu ne te transformes en avaleur de pizza…
Leo posa les coudes sur la table et écouta attentivement la détective.
- J’ai besoin d’infos sur un certain Kurt Reynolds.
- Ton super moteur de recherches n’a rien donné ? plaisanta Leo en faisant référence à private eyes.
Veronica baissa les yeux. Elle n’y avait même pas pensé. Tous ses réflexes n’étaient pas revenus.
- J’ai besoin de nouvelles fraîches, mentit-elle. Tu as entendu parler de Maria Lopez?
- La lycéenne retrouvée morte à Neptune ? Oui…
- Reynolds aurait passé sa dernière soirée avec lui, ici à San Diego…
- OK. Tu veux quoi ?
- Tout ce que tu pourras me trouver. Adresse, PV, immatriculation… Je prends. J’ai besoin de savoir qui est ce type. J’ai besoin de comprendre ce que Maria a fait de sa dernière soirée. Et surtout, j’ai besoin de savoir si elle a quitté San Diego vivante…
Veronica se tut. Le serveur rapportait leurs plats. Leo fit une grimace en découvrant la salade caprese de la blonde. Avant même le départ du serveur, il savait qu’elle allait piocher dans son assiette.
- Et j’ai besoin de tout ça, très vite… fit-elle en piquant une olive sur la pizza de Leo.
- Ok… Mais tu me laisses manger. Je travaille plus vite l’estomac plein.
Keith toqua à la porte de la suite. Il fut étonné un instant que Céleste vint lui ouvrir en personne puis il se souvint qu’elle n’était plus Madame Kane, qu’elle ne bénéficiait plus des mêmes moyens. Keith se laissa guider vers le petit salon avec une certaine appréhension. Certes, il était à l’origine de ce rendez-vous mais la vitesse à laquelle Celeste avait accédé à sa demande le laissait dubitatif. Keith se méfiait, aussi décida-t-il de laisser Queen C mener la conversation.
- Je sais pourquoi vous êtes là, lança-t-elle sans plus de préambule en se servant un verre de scotch.
Keith refusa de se joindre à elle, trop stupéfait pour boire.
- Pour une fois, nous partageons le même objectif. Faire tomber Jake Kane de son piédestal, ajouta-t-elle théâtralement en levant son verre.
Le détective demeurait toujours aussi silencieux, ne sachant pas si Céleste était sincère ou une parfaite comédienne. Elle continua donc à parler pour deux.
- Parce que vous êtes ici pour cela, Keith. Depuis que votre fille (elle insista sur le « votre ») a été contrainte de quitter Neptune, vous vous êtes promis de planter la tête de mon ex-mari sur une pique. A moins que cela ne remonte à plus longtemps… Peut-être que déjà à la mort de Lilly, vous étiez animé par la vengeance…
- Je n’ai jamais utilisé l’enquête sur la mort de Lilly pour me venger de Jake.
Celeste eut un sourire. Elle avait réussi à le faire parler. Triomphante, elle s’assit face à lui. Les affaires pouvaient démarrer.
- Vous le savez autant que moi, Celeste, quand on touche à nos enfants, on est capable du pire… Et on sait tous les deux comment Jake règle ses problèmes de confidentialité.
- Oh oui… Clarence Wiedman pour les solutions radicales ou le divorce quand il se montre clément… Quand on n’a plus un sou, plus personne ne vous prête attention, quelle que soit la taille du scoop que vous détenez… A moins de s’appeler Mars…
- Vous n’êtes pas totalement démunie, glissa Keith sibyllin.
Elle posa calmement son verre sur le guéridon puis planta son regard dans celui du détective. Jusqu’ici, ils n’avaient fait qu’échanger des banalités. L’instinct de Celeste venait de lui indiquer que cette dernière phrase n’était pas banale du tout. Elle se raidit. Et si elle avait eu tort de vouloir s’allier avec lui ? De son côté, Keith nota aussi une certaine raideur chez Celeste. Il devait avoir visé juste. Maintenant, elle allait l’écouter.
- Parce que vous croyez que Jake a eu la bonté de me laisser quelque chose ? Parmi sa cour, il a su dégoter un ténor du barreau pour le divorce et me laisser des miettes. Je ne mène pas une vie de miséreuse, certes, mais je n’apprécie guère avoir été ainsi déclassée. Il m’a faite rayer de tous mes cercles d’influence grâce à ses fidèles vassaux.
Celeste se tut un instant pour laisser sa colère retomber. Elle ne devait pas se mettre en colère. C’était mauvais pour son teint et sa santé. Sur un ton plus calme, elle finit d’expliquer la situation à Keith.
- La seule personne qui importe et qui a toujours importé aux yeux de Jake, c’est Duncan. Et il est tout ce qu’il me reste… Je ne veux pas le perdre. Je sais bien que je ne pourrais jamais le retrouver à cause de cette histoire d’enlèvement d’enfant… Mais je ne veux pas non plus que Jake y arrive ! Heureusement, Duncan a fréquenté votre fille et il est devenu suffisamment malin pour disparaître. Mais un jour, toutes ces ruses ne suffiront plus à duper Jake. Aussi, si votre famille est toujours décidée à faire tomber le Roi, vous pouvez compter sur moi.
Celeste voix off : Et si, ça peut m’aider à trouver où est mon fils, je suis prête à côtoyer votre peste de fille…
Là, ce fut Keith qui laissa transparaître une émotion sur son visage. Pas longtemps, une demi-seconde, trop peu pour que Celeste le voit, heureusement. Sans avoir à forcer le destin, il obtenait ce qu’il était venu chercher.
- Nous ne sommes qu’une agence de privés, nous faisons ce pourquoi nous sommes payés. Pourquoi tenez-vous à faire tomber le Roi ? Vous ne récupérez rien de sa chute. Et comme vous l’avez dit, faire tomber Jake ne vous ramènera pas Duncan.
Celeste voix off : Mais côtoyer votre fille, si…
- Pourquoi je veux la perte de Jake ? Question simple aux multiples réponses…
- Qu’est-ce qui vous a décidé ?
- L’humiliation.
Flashback
Sept ans de procédure judiciaire. Il aura fallu sept ans pour que Jake réussisse à ne laisser à Celeste que des clopinettes : une maison à Orange County et quelques 200 000$. Bon prince, il lui laissait emporter quelques effets personnels de leur manoir de Neptune. Par courrier officiel, il conviait Celeste à venir récupérer ses babioles. Elle avait dans un premier temps pensé ne pas y aller puis elle repensa aux albums photos de Lilly et Duncan, aux bijoux, aux tableaux qu’elle avait achetés. Celeste se résigna à croiser une dernière fois ce monstre froid qu’était devenu Jake. Elle avait perdu l’habitude de circuler dans les rues de Neptune. Elle se perdit rapidement dans le dédale des rues des bas quartiers. Elle sursauta en entendant vrombir les motos. Elle se verrouilla dans la voiture en insultant son GPS et en se saisissant de son arme. On toqua à la fenêtre, elle sursauta et tira en même temps. Retrouvant son sang-froid, elle plaça l’arme dans la main du motard qu’elle reconnut : Eli Navarro. Elle ouvrit le capot de la voiture, trancha un tuyau pour simuler une panne. Une fois la mise en scène terminée, elle appela les secours. Ils ne la retinrent pas longtemps. Un agent la conduisit à son lieu de rendez-vous. Le coup de feu résonnait encore dans sa tête quand Jake se présenta à elle dans le hall.
- Tu fais un retour détonnant à Neptune.
Elle le gratifia d’un regard sombre avant de monter à l’étage rassembler les affaires auxquelles elle avait droit. Au lieu de la laisser tranquille, il s’amusa à la suivre et lui lancer des piques. Elle encaissa chacune d’elles sans un mot. Chacune de ses moqueries alimentait un brasier déjà bien nourri. Celeste lui ferait payer sa déchéance.
- Au fait, j’ai envoyé Clarence récupérer et réparer ta voiture. Il m’a demandé de te dire que sectionner aussi grossièrement le tuyau de l’injecteur n’aurait jamais convaincu personne d’une panne réelle.
Une figurine de ballerine s’écrasa au sol. Elle serra les poings pour ne pas les lui envoyer dans la figure.
- Une chance que le shérif ait cru ta version… Loin de moi, tu as perdu de tes compétences…
Elle encaissa cette dernière humiliation avant de partir. Seule sur le perron, elle marmonna pour elle-même.
- Qui de nous deux est le plus satisfait du shérif ?
Fin flashback
Dans l’ascenseur, Keith repensa aux derniers mots qu’il avait eus pour Celeste. « Je dois en parler à mes associés. » Jusqu’à maintenant, il nourrissait l’espoir de remettre Veronica sur le chemin du droit et de New York. Maintenant que Celeste acceptait de les suivre dans leur croisade contre Jake, il ne pourrait pas écarter sa fille de l’enquête. Entre sa fille et la justice, il devait choisir… Pas certain qu’il fasse le même choix qu’il y a sept ans.
****
Dans la suite, Celeste finissait son verre. Elle avait eu besoin d’un autre remontant après son entrevue avec Keith. Durant toute leur rencontre, elle avait eu l’impression de jouer les funambules. Tenir le cap, voilà ce qu’elle s’était dit. Ne pas trop dévoiler son jeu, ses ambitions. Paraître assez inoffensive pour qu’il plaide sa cause auprès de sa fouine de fille. Elle avait honte de dépendre des talents de la fille qui avait ruiné son mariage. Mais elle n’avait pas le choix. Collaborer avec Veronica Mars était la seule solution pour pouvoir retrouver Duncan. Pour une fois, elle laisserait de côté son confort pour retrouver son fils, pour le protéger de l’ambition destructrice de son père. Entre son fils et le pouvoir, elle avait choisi.
Leo avait été rapide pour trouver les informations dont elle avait besoin. Il n’avait pas menti, il travaillait très vite l’estomac plein. Aussi Veronica ne fut pas surprise de le voir arriver avec un sac de fast-food sous le bras à leur point de rendez-vous. Elle s’attendait à ce qu’il morde dans un cheese-burger avant de lui faire part de ses découvertes. Il n’en fut rien. Leo sortit discrètement de son sac un dossier. Il échangea un sourire avec la blonde.
- Comme avant…
- Avant, c’était une boite emballée avec du papier cadeau plein d’étoiles…
- Tu étais déjà une star des enquêtes…
Elle donna une bourrade amicale au policier. Rapidement, elle survola le dossier. Leo commenta sa lecture en mordant dans une pomme.
- Kurt Reynolds, 20 ans, fils à papa et geek. Il est en master informatique à Hearst. Il est même très bon dans son domaine. Il réside dans les quartiers huppés de ta chère Neptune. Il n’est pas connu de nos services…
- Alors comment sais-tu tout ça ?
Leo sourit de plus belle.
- Il n’y a pas que toi qui saches d’entourer de bons collaborateurs… Reynolds nous a déjà donné quelques coups de mains sur des enquêtes sur le campus de San Diego… C’est un gars sans histoire… Tu vas devoir chercher ton assassin ailleurs, Veronica.
- Tu as été cherché un mec de Hearst pour une affaire d’ici ? Mac va être effondrée quand elle saura que tu ne l’as pas choisie !
Leo sourit à Veronica et se justifia. Reynolds s’était un peu imposé à eux puisque son nom revenait dans l’affaire. Sa collaboration avec la police l’avait lavé de toute accusation.
- Tu dis qu’il a bossé pour toi ? Alors, tu as son adresse…
La détective tendit la main paume ouverte prête à réceptionner l’information. Leo grimaça mais se résigna à la lui donner. De toute façon, c’était Veronica Mars, et elle obtenait toujours ce qu’elle voulait. Leo lui déposa une note dans la main en soupirant. Veronica allait se lever quand il lui garda sa main dans la sienne.
- Il est inutile de te dire de faire attention. Trop de monde doit te le dire pour que ça ait encore du sens. Alors, je vais simplement te dire que ça m’avait manqué d’enquêter avec toi et que j’espère que ça se reproduira…
Veronica fut émue d’une telle déclaration. Elle reprit sa main et bafouilla un « au revoir » en reprenant ses affaires. Leo la regarda s’éloigner une ombre dans le regard. Ses années d’absence ne l’avaient pas guéri d’elle. Il avait toujours envie de la protéger et en même temps, il avait toujours envie de franchir les limites de la bienséance lorsqu’il était en sa présence. Mais elle avait fait son choix à ce qu’il paraissait. En jetant son trognon de pomme, il se promit de faire de même.
Leo voix off : Les relations à sens unique, ça va bien quand on est lycéen…
Dans sa mustang, Veronica s’ébroua pour chasser le regard mélancolique de Leo. Elle avait été troublée par ses yeux. S’il avait gardé sa main dans la sienne plus longtemps, dieu sait ce qu’elle aurait fait…
Veronica voix off : Mon marin est en mer depuis trop longtemps…
Calmée, elle décrocha son téléphone et appela son associée.
- J’ai une adresse pour ce cher Reynolds. Je vais l’interroger avant de rentrer au bureau. Tu as du nouveau ?
- Rien de probant. J’attends patiemment que le dossier d’autopsie soit envoyé à Lamb. Mais le légiste n’a pas l’air très pressé… Donc… je suis passée aux affaires courantes… La relation extra-conjugale de Lundren… C’est réglé… Si le dossier n’arrive pas, je me pencherais sur Dick…
Mac voix off : Et je finaliserai mes dossiers sur les abeilles.
- Mac… Que ferais-je sans toi ?
- Tu perdrais de l’argent.
- Merci mon écureuil !
- Sois prudente…
Veronica voulut la rembarrer, lui demander ce qu’ils avaient tous avec sa sécurité mais ça aurait été admettre que les mots de Leo l’avaient touchée. Ça aurait été admettre que son imbécile de cœur avait raté un battement au contact de la peau de Leo. Ça aurait été admettre que malgré sa relation avec Logan, les hommes continuaient de lui faire la cour. Ça aurait été une mauvaise idée de parler de cela à Mac. Son amie était célibataire. Et discuter mecs avec une célibataire, c’était un peu comme montrer une tablette de chocolat à un gourmand sans lui permettre de mordre dedans. Veronica ne ferait pas ça à Mac. Elle résoudrait ses problèmes de cœur grâce à Internet.
Veronica voix off : Ce soir, Skype ! Loin du corps, ok, mais surtout pas loin des yeux, ni du cœur ! Merci le numérique !
En se garant devant le portail en fer forgé noir et or, Veronica eut le souffle coupé. Effectivement, les Reynolds avaient les moyens. Elle connaissait le quartier mais Reynolds vivait dans le coin huppé du quartier chic. Il y a dix ans, Kurt Reynolds aurait pu être ami avec les enfants Kane. Veronica sortit de sa voiture. Elle sonna à l’interphone et se présenta comme une adjointe du lieutenant Leo D’Amato. Ils avaient besoin de ses talents pour une nouvelle affaire. Son mensonge passa facilement. Le jeune Kurt devait être trop content de faire étalage de ses capacités. Veronica s’attendait à trouver une version de Mac au féminin : un mec calé en langage binaire et ultra-sexy. Pour le langage binaire, il était très certainement un as ! Mais pour ce qui était du côté sexy, c’était plutôt 0. Veronica eut du mal à cacher son étonnement. Kurt Reynolds était grand, maigrichon. Il portait un costume taillé sur mesure, ce qui soulignait son côté efflanqué. Des vêtements standards auraient mis un peu de flou à sa silhouette très anguleuse. Sa minceur aurait pu passer. Hélas pour lui, Kurt portait des lunettes rondes à verre façon cul de bouteille. Il ne lui manquait plus qu’un appareil dentaire et on obtenait le prototype de la loose 2.0. Sa surprise l’empêchant de parler, Veronica laissa au jeune homme le plaisir d’engager la conversation.
- Ah, je vois que vous êtes nouvelle dans le service… Vous ne vous remettez pas de mon charme naturel…
Veronica eut un sourire gêné. Il avait peut-être des lunettes cul de bouteille mais il voyait très bien les micro-expressions. Elle se souvint des paroles de Leo : « il est doué dans son domaine ». Veronica se méfia. Elle avait peut-être à faire au disciple de Mark Zuckerberg et Cal Lightman.
- Bon, en quoi je peux aider les flics cette fois-ci ? demanda-t-il en dégainant une tablette dernière génération.
Malgré sa boutade sur son sex-apeal, Kurt ne semblait pas très à l’aise avec son corps et encore moins avec une femme le regardant. Il se cachait derrière son écran ridiculement petit si bien que Veronica choisit l’attaque frontale pour ne pas repartir sans l’information qu’elle était venue trouver.
- C’est plutôt ce que je peux faire pour toi…
Elle venait de capter son attention. Kurt cessa de jouer à Angry Birds pour écouter la blonde qui lui mettait sous le nez une photo, celle de Maria Lopez.
- Tu es la dernière personne à l’avoir vue vivante. Elle avait rendez-vous avec toi le soir de sa mort. Tu peux m’en dire plus ?
Mac se connecta sur le serveur sécurisé. Elle remit en place toute sa série de protocoles pour que son adresse IP soit intraçable. Quand tout fut prêt, elle verrouilla la porte de l’agence et alluma sa webcam. Elle était nerveuse. La nuit passée, ses vieux démons étaient revenus la tarauder. La solitude l’avait mordu au mollet et elle avait été troublée par la plastique de l’agent. Aujourd’hui, elle devait rester professionnelle et en même temps, elle devait passer la vitesse supérieure.
- Enfin, je peux mettre un visage sur le pseudo de ma justicière masquée, fit une voix masculine légèrement déformée par le haut-parleur.
Mac rosit face au compliment mais elle se reprit vite.
Mac voix off : Faible la nuit. Forte le jour.
Elle n’avait pas fait tout ça pour ramasser les lauriers. Elle s’en moquait même. Elle voulait plus.
- Enchantée également CB…
- Appelez-moi Cameron. Vous avez déjà rassemblé les documents ?
- Pardon d’être efficace.
L’agent Cameron Baker se massa la nuque et garda le silence avant de lui répondre.
- Ne croyez pas que je regrette votre efficacité… C’est plutôt que je n’ai lancé aucune procédure pour l’instant. Je me contente de relire et de vérifier vos données. Je dois m’assurer qu’elles sont fiables avant toute chose.
Mac vira au rouge mais ce ne fut pas par plaisir.
- Mes données sont fiables. J’ai pris des risques démesurés pour réunir ces informations. J’ai travaillé pour lui. J’ai collecté ces informations pendant cette période juste sous son nez. Je n’aurais jamais pris de tels risques pour des données bidons ou sans intérêt. Si je vous ai contacté, c’est pour que mon opération devienne légale ! J’ai d’autres ambitions que ruiner la réputation de Jake Kane ! Je veux le voir tomber. Et…
- Et pour ça, vous avez besoin des fédéraux. Je l’ai compris MK. Je vous explique simplement que dans mon monde, il y a une hiérarchie à suivre. Elle suit son cours. Tous les risques que vous prenez seront très bientôt payants.
Mac se calma en entendant la nouvelle.
- Soyez prudente.
- Et vous, soyez efficace. Je vous envoie le nom de quatre types faciles à inculper et qui seront certainement enclins à parler si vous pressez les bons boutons.
Sur l’écran, Mac vit l’agent prendre connaissance des noms. Elle en profita pour le regarder à son insu. Elle savait qu’il se comporterait comme ça face à l’information. Il fronçait les sourcils tout en se passant la main droite dans ses cheveux blond-roux. Quand il eut fini de lire, elle croisa ses yeux bleus.
- Je crois que je vais bientôt me faire quatre nouveaux copains…
- Soyez prudent, Cameron, ne put s’empêcher de dire Mac.
- Non, MK. Ça, c’est ma réplique…
La brune sourit et coupa la connexion. La pause était terminée. Il était temps de reprendre les affaires courantes. Mac cacha la photo de l’agent aux tréfonds de son sac. Elle ne pouvait pas prendre de nouveau le risque que Veronica tombe dessus. Elle ne pouvait pas laisser Veronica la percer à jour. Il était trop tôt pour que Veronica affronte ses anciens démons.
Mac voix off : Chaque chose en son temps…
