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Série : Veronica Mars
Création : 18.09.2015 à 23h14
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« fiction qui débute peu après le film.... » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 116 paragraphes
Kurt Reynolds fit entrer la détective dans le hall de sa belle maison. Il abandonna sa tablette et se concentra sur la double-photo que la blonde lui mettait sous le nez. A droite de l’écran, Maria était d’une pâleur toute cadavérique ; à gauche, elle était celle avec qui il avait failli sauter le pas il y avait quelques jours. Le souvenir de la soirée le submergea, Kurt prit son visage dans ses mains pour cacher ses larmes.
Flashback :
Il avait réussi à obtenir un rencard avec la fille qui hantait ses rêves : la fille du restaurant tex-mex. Son responsable en master informatique, Carlos Ramirez, avait réussi à les mettre en relation. Kurt n’avait pas trop cherché à savoir pourquoi il avait fait cela. Il était trop content de sortir Maria de son quartier miteux pour lui faire découvrir San Diego. Il l’avait entendu raconter au restaurant qu’elle aurait rêvé d’étudier là-bas. Aussi, il avait proposé à la demoiselle un dîner dans un petit restaurant de San Diego non loin du campus. Maria avait accepté. Ensemble, ils avaient profité de la soirée qui fut agréable. D’ordinaire peu sociable, Kurt avait discuté avec facilité. Puis ils s'étaient dirigés vers la voiture pour rentrer sur Neptune. Enhardi par la complicité qui semblait naître entre eux, l’étudiant avait voulu embrasser la belle hispanique. Alors que leurs lèvres s’étaient presque touchées, Maria avait eu un mouvement de recul. Kurt allait se confondre en excuses quand Maria lui avoua la vérité.
- Je suis désolée mais je ne pourrais pas… Même si on m’a promis 500$, je ne pourrais pas faire semblant d’être attirée par toi… Désolée…
Il s’était attendu à tout mais pas à ça.
- 500$ ? Tu es venue ce soir parce que tu pensais que j’allais te filer 500$ pour la soirée ?
Plus Maria se recroquevillait, plus la voix de Kurt montait.
- T’es quoi ? Une pute ?
Sous le coup de l’insulte, la main de Maria s’abattit sur la joue de Kurt. Elle s’en voulut immédiatement. Kurt s’énerva davantage. Maria n’osait plus bouger. Kurt l’attrapa violemment par le bras.
- Qui ? Mon père se désole que son fils soit encore puceau à 22 ans ?! QUI !
Les cris du jeune homme rameutèrent la foule. Le tenancier d’un bar le prit à parti ce qui laissa à Maria toute latitude pour fuir. Des filles lui payèrent la course du taxi jusqu’à Neptune, entre femmes, elles se serraient les coudes face à ce jeune homme sûr de conclure. Kurt se laissa copieusement insulter par les passants. Il se contrefichait d’être sali. Il se sentait déjà très sale : il avait failli avoir recours à une prostituée…
Fin flashback
- Hé, ho, Kurt ? Tout va bien ? demanda Veronica.
Le jeune homme opina et vida son sac. Veronica enregistra chaque détail de l’histoire, mais déjà son esprit analysait. Trois points importants ressortaient de cette histoire : 1, Maria avait quitté Kurt en vie et il ne l’avait pas tuée ensuite puisqu’il cuvait en cellule ; 2, qui était ce Carlos Ramirez qui avait joué les entremetteurs ; 3, pourquoi offrir 500$ à Maria pour sortir avec Kurt. C’est la tête occupée par ces interrogations qu’elle regagna Mars Investigations. Durant le temps de trajet jusqu’à son bureau, elle commença à chercher des réponses à ces trois points. Le point 1 était rassurant pour Reynolds. Il n’était pas l’assassin mais ça n’aidait pas à le coincer. Le point 2 était le plus intéressant. Elle venait d’acquérir un nouveau suspect. Si certains détectives se désolent face à la multiplicité des coupables potentiels et prêchent pour le tout noir ou tout blanc, Veronica était plutôt de ceux qui aimaient le gris. Ce Carlos Ramirez présentait une troisième voie possible après la drogue et les études. Le dernier point était aussi à creuser. Pourquoi payer une lycéenne pour qu’elle sorte avec un étudiant de fin de cycle ? Ou son corollaire : pourquoi une lycéenne sortirait avec un étudiant de 6 ans son aîné ? Veronica tiqua sur le nombre. Mentalement, elle calcula. Au dernier feu tricolore avant le bureau, elle comprit.
- Kurt aurait pu avoir de gros soucis s’il était sorti avec Maria !
- Maria n’est pas morte d’une OD !
Les deux détectives se regardèrent. Elles avaient lâché leur information du jour en même temps, pressées de faire partager le fruit de leur travail. Elles se jaugèrent un instant du regard. Chacune essayant de savoir quelle information devait avoir la priorité. Keith qui rentrait tout juste préféra différer son annonce. Veronica n’était certainement pas prête à entendre qu’une alliance avec Celeste Kane allait être nécessaire pour leurs affaires. Il laissa les filles lui exposer leurs avancées. Des deux filles, ce fut Mac la plus réactive. D’un geste habile de la main, elle afficha sur l’écran de sa tablette le rapport piraté.
- Bon, ok, il y a des traces de drogue dans l’organisme mais elles sont infimes. Quasiment rien dans l’estomac. Dans l’œsophage, c’est le désert. La drogue est principalement localisée dans la bouche. Ce n’est pas la voie normale pour la coke !
- On l’a farcie comme une oie, conclut Keith.
- Il n’y a pas que ça. Le légiste a relevé des traces de coups à la tête. Les scanners ont montré un gros hématome sous-dural.
- Elle est morte d’un coup à la tête ? s’interrogea Veronica.
- Il semblerait bien, reconnut la hackeuse.
Keith s’approcha de son ordinateur, se connecta au réseau de l’agence, ouvrit le dossier Lopez et compléta leur diagramme. Veronica laissa son père terminer de saisir les données de Mac avant de faire le bilan de sa journée.
- On peut ajouter et rayer à la fois de notre liste de suspect : Kurt Reynolds. C’est avec lui que Maria a passé sa dernière soirée. Le gars n’en garde pas un super bon souvenir. Au moment de conclure, il a découvert que Maria était payée pour passer un moment charnel avec lui. Il l’a laissée filer et a bu comme un trou pour oublier. Résultat, il a un alibi inattaquable : il était en cellule de dégrisement quand elle est morte.
Keith ajouta et raya Kurt Reynolds. Mac commenta l’information.
- Pourquoi payer une ado pour coucher avec un étudiant ? Elles rêvent toutes de ça ! Il aurait pu se trouver n’importe quelle fille ! Pourquoi fallait-il que ce soit Maria ?
- Kurt l’aimait visiblement beaucoup. Et il est du genre coincé. C’est un ami à lui qui lui a apparemment servi d’intermédiaire. Kurt aurait dû remercier un certain Carlos Ramirez pour sa partie de jambes en l’air. Il a présenté Reynolds à Maria. Quant à savoir pourquoi il a voulu payer Maria pour qu’elle n’ait pas d’autre choix que d’accepter…
Keith faisait aussi vite qu’il le pouvait pour noter le compte-rendu de sa fille. Ses doigts n’étaient pas agiles sur le clavier mais ses méninges tournaient à plein régime.
- Tout à l’heure, tu as dit que Kurt aurait pu avoir de gros soucis s’il avait couché avec Maria. Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
- Au-delà de la nouvelle politique contre le viol sur les campus ? Maria est mineure. Si ça venait à se savoir, les parents de Maria pouvaient facilement accuser Reynolds de détournement de mineur… Reynolds avait gros à perdre pour une soirée de plaisir…
- Veronica, tu sais très bien qu’on n’attaque pas en justice tous les étudiants qui couchent avec les lycéennes. Ce sont les professeurs qu’on incrimine…
- Je sais… Mais, quand on peut prouver que cet étudiant paie sa partenaire, ça prend tout de suite une autre tournure, non ? Papa, imagine que les parents de Maria apprennent que leur fille a gagné 500$ en couchant avec un étudiant. Ils vont se poser des questions. La jeune fille n’osera jamais avouer qu’on l’a vendue. Elle dira que l’étudiant l’a payée. Les parents révoltés iront voir le shérif. Qu’est-ce que tu ferais si tu étais le shérif ?
- J’enquêterais… Même cet abruti de Lamb enquêterait, il n’aurait pas le choix.
- On sait tous les dégâts que fait la suspicion sur la vie d’un homme…
Père et fille échangèrent un regard complice. Ils connaissaient tous les deux le prix de la suspicion. Le naturel de Mac détendit l’atmosphère et redonna du souffle à l’enquête.
- Je résume, notre victime est morte d’un coup à la tête. Elle aurait dû être payée pour coucher avec un 09er. Elle n’a pas voulu le faire. Ça a dû mettre en pétard son souteneur. C’est lui qu’il faut trouver !
- A nous deux, Carlos Ramirez… dirent en cœur les Mars.
Veronica imprima la photo de Carlos Ramirez qu’elle venait de trouver sur le site de l’université. Elle se coucherait sereine ce soir. L’enquête avançait et elle avait eu une conversation normale avec son père.
Veronica venait de finir son dîner quand on frappa à la porte de la maison. Elle n’attendait personne. Mac passait la soirée en famille. Son père ne passait jamais à l’improviste. Logan était cloué sur son navire. Un peu inquiète, elle glissa son taser dans sa poche arrière. Elle ouvrit rapidement la porte. Ce qu’elle y trouva la désola. Wallace, accompagné des deux élèves qui avaient fait un esclandre lors de sa venue au lycée, soutenait un Dick bien aviné. Elle les laissa entrer. Ils déposèrent le surfeur sur le canapé. Veronica n’en revenait pas. Ce chien fou de Dick avait le regard éteint, l’haleine chargée et les yeux rougis. Il était méconnaissable. Dick avait d’ordinaire l’alcool festif. Veronica sentait bien que ce n’était pas le cas ce soir.
- Où est-ce qu’on peut trouver une cuvette ? demanda Evan Rollins alias le lycéen basketteur.
Veronica en pilote automatique désigna le placard sous l’évier.
- Trouve aussi une serviette humide, ajouta Alison Drake.
Evan fouilla un peu dans les placards de la salle de bains et revint avec le nécessaire. Les deux jeunes étaient aux petits soins avec Dick. Wallace expliqua la situation à sa meilleure amie.
- On rentrait de match. J’ai été retardé à Pan High avec ces deux-là ! Ils se sont entendus pour une fois !
Veronica ne préféra pas contredire son ami. Evan et Alison venaient d’échanger un regard complice. Il était évident que ces deux-là s’entendaient bien mais qu’ils préféraient le cacher.
Veronica voix off : Ah les joies du lycée ! Tout tester mais surtout rester dans le rang !
- Ils ont mis un bazar monstre à Pan. J’ai passé tout l’après match avec le proviseur pour négocier la non venue des flics. Résultat, j’ai aidé mes deux imbéciles à tout ranger. Et en rentrant sur Neptune, on est tombé sur cet imbécile-là !
Wallace indiqua Dick qui vomissait dans la cuvette. Evan lui tenait les cheveux.
- On l’a trouvé sur la rambarde du pont de Coronado, expliqua Alison.
L’évocation du pont fit un électrochoc à Veronica. Elle prit part à la discussion.
- Qu’est-ce qu’il faisait là ?
- Il était en train d’hurler à la nuit… commença Evan.
- Hurler à la nuit, sérieux ? C’est littérature appliquée que tu devrais suivre, pas basket, taquina Alison.
Wallace roula des yeux.
- Qu’est-ce qu’il criait ? demanda Veronica inquiète.
Beaucoup de gens s’étaient perdus ou avaient failli se perdre sur ce pont. Dick n’était pas au mieux depuis que son compte avait été siphonné. Veronica sentait l’inquiétude l’envahir. Logan lui avait demandé de veiller sur lui. Elle ne pouvait pas faillir.
- Il demandait à la nuit (Evan planta son regard dans celui d’Alison) si elle l’aimerait à nouveau s’il sautait du pont. Après tout, elle l’avait aimé davantage quand son frère avait sauté d’un toit. Il se demandait si sauter de plus haut allait lui garantir encore plus d’amour…
- Il était bien ivre, commenta Alison. Tellement saoul qu’il n’a même pas réalisé que s’il sautait, il ne récupérait jamais son amour puisqu’il ne serait plus là. Et puis s’il n’était plus là, elle n’aurait plus rien à aimer… bref…
Veronica eut un regard bienveillant sur Alison. Si jeune et déjà très lucide, elle lui rappelait vaguement quelqu’un… Emue par le récit des ados et par la détresse de Dick, Veronica sortit de sa léthargie et prit le relais auprès du surfeur. Elle lui épongea le front, le coucha sur le canapé. Maintenant qu’il avait rendu tout son alcool, il ne lui restait plus qu’à dormir pour oublier. Rapidement, Dick sombra dans le sommeil. Ils restèrent un moment tous les quatre à le regarder dormir. Quand ils furent certains qu’il ne se réveillerait pas, ils sortirent sur la terrasse. Veronica leur offrit un café pour se remettre de leurs émotions, mais elle n’était pas au bout des siennes.
- Alors vous avancez dans l’enquête sur la mort de Maria, lâcha Alison en touillant sa tasse.
Veronica manqua de s’étouffer. Wallace fit les gros yeux à ses élèves.
- En fait, vous avez accepté d’aider votre prof juste pour pouvoir me poser cette question ?
- En fait, vous avez accepté d’aider votre prof juste pour pouvoir me poser cette question ?
Alison et Evan se dandinèrent sur leur fauteuil. Wallace porta une main à ses yeux. Veronica sourit.
Veronica voix off : Plus rien n’est gratuit de nos jours…
- Je ne peux rien vous révéler…
- Sans risque de compromettre l’enquête, continua Evan.
- Blabla bla, acheva Alison. On ne vous demande pas de détails. On vous demande juste si vous partagez l’opinion de l’autre pignouf ! Maria mérite qu’on lui rende justice !
- L’opinion de l’autre pignouf… ça ferait un bel exercice de diction, tu ne trouves pas Wallace, plaisanta Veronica touchée par la déclaration d’Alison.
Elle bottait en touche pour laisser passer la vague d’émotions. Elle avait eu sa dose ce soir. Une gorgée de café plus tard, elle planta son regard dans celui d’Alison. Les mots vinrent tous seuls.
- Lamb n’est qu’un infâme cafard. Et comme tous les insectes, il est attiré par la lumière. Il va donc là où le soleil brille. Les enquêtes dans les bas-fonds, il ne s’y intéresse pas. Il les camoufle, au pire… Moi, j’ai grandi dans la noirceur de Neptune. Le sombre ne me fait pas peur. Donc je mène bien une enquête sur la mort de votre amie et je la mènerai jusqu’au bout, quels que soient les chemins sombres à emprunter.
Alison et Evan terminèrent leur tasse d’un coup sec. Ils avaient donc entendu ce qu’ils espéraient. Sans un mot, ils se dirigèrent vers la sortie et allèrent attendre leur professeur vers la voiture. Wallace posa une main amicale sur l’épaule de Veronica.
- Joli discours. Tu te présentes quand aux élections pour le poste de shérif ? Non, plus sérieusement, tu avances dans l’affaire ?
Veronica opina du chef. Elle ne lui parlerait pas de l’affaire. Elle l’avait suffisamment impliqué par le passé. Il avait droit à un peu de répit.
- Ca suit son cours… Allez, papa ours, ramène tes jeunes à la maison… Fais attention, je crois que Cupidon est en train d’embarquer en passager clandestin…répondit Veronica en regardant Evan et Alison se taquiner à côté de la voiture.
Wallace soupira. L’insouciance du lycée lui manquait parfois.
- Bon courage avec Dick… Je ne sais pas ce qu’il a mais il est vraiment au plus bas…
Veronica répondit du tac au tac.
- Il y a qu’en ce moment, Dick ne sait plus s’y prendre avec les femmes… Que ce soit sa mère ou même une certaine brune…
Wallace grimaça. Il préférait de ne pas s’aventurer sur ce terrain-là. Ok, il était le confident de ses deux amies mais il n’était pas prêt à discuter de leurs relations amoureuses. Il était un mec et un mec, ça ne parlait pas beaucoup de sentiments. Wallace botta en touche en suggérant :
- Logan pourrait peut-être appeler Dick pour le remettre en selle ?
Veronica voulut protester, dire qu’elle ne le voyait pas beaucoup elle non plus mais qu’elle n’allait pas se jeter du pont… Mais elle n’arrivait pas à plaisanter sur l’état de Dick.
- D’accord, je partagerai ma prochaine visioconférence avec le surfeur.
Veronica voix off : Logan a intérêt à se dégager une grande plage horaire. Hors de question que je donne mon crédit à Dick ! J’ai besoin de ma dose aussi…Et Mac, il va falloir que tu arrêtes de l’asticoter le blond… C’est bon, il est assez accro comme ça !
Veronica entendit la porte claquer au rez-de-chaussée. Elle faillit s’affoler quand elle se rappela soudain la soirée d’hier.
Veronica voix off : Ne dis pas merci surtout…
Elle se leva, s’habilla et prit son courage à deux mains pour aller ranger le bazar laissé par l’ivrogne. Elle fut surprise de voir la couverture pliée sur le canapé, la bassine lavée sur le plan de travail. Sous le tube d’aspirine, il avait laissé un mot.
« Je ne dois vraiment pas savoir compter… »
Veronica ne comprit pas le sens du message. Elle le glissa dans la poche de sa veste. Elle en parlerait à Wallace. Il avait peut-être oublié de lui raconter un élément important de l’épisode du pont. En terminant son café, elle vérifia son portable. Mac avait essayé de la joindre trois fois dans les vingt dernières minutes. Il y avait du nouveau ou quelque chose de grave se tramait. La hackeuse n’avait laissé aucun message, ce qui n’était pas dans ses habitudes. En proie à l’inquiétude, Veronica quitta la maison en vitesse. Essoufflée, elle entra dans le bureau. Veronica regretta de s’être pressée en découvrant Mac discuter avec Eli.
- Mac, je croyais que le code d’urgence était réservé aux urgences…
La hackeuse fit mine de ne pas comprendre. La blonde s’expliqua en agitant son téléphone sous son nez.
- Trois appels sans message en moins de vingt minutes ! Ça fait un peu penser à un signal d’alarme !
- Oh, maman lynx s’est inquiétée ? plaisanta Eli depuis son fauteuil.
Veronica lui lança un regard noir. Mac s’empressa de répondre à sa collègue avant qu’elle n’étripe le motard.
- On a effectivement une urgence. Mais pas si urgente… En fait, j’ai fait une découverte ultra importante…
Eli toussota. Ce fut Mac qui lui adressa un regard sombre.
- Ok ! Eli passait pour voir comment on avançait et c’est lui qui a éclairé ma lanterne ! Ça te va comme ça, beau gosse ?
Eli opina.
- Et comment que ça lui va ! Tu viens de lui décerner des lauriers et de lui dire que tu le trouvais beau, taquina Veronica.
Mac, qu'il ne fallait pas chercher sur le terrain des relations homme/femme, répondit méchamment à son amie.
- Une femme dans ma situation trouverait même Ratner sexy.
Eli et Veronica échangèrent un regard gêné. Ils ne pensaient pas Mac si seule. La brune le sentit et repartit dans une tirade pour chasser la gêne. Ils n’avaient pas le temps pour soigner ses états d’âme.
Veronica voix off : Note pour moi-même : expliquer à Mac le langage non verbal masculin. Elle n’a même pas compris que Dick lui tourne autour et que son attitude n’a fait qu’aggraver les choses. Fuis-moi, je te suis !
- Mais la question n’est pas là… Eli nous a donc fait faire un pas de géant dans l’affaire ! Il a reconnu un nom dans notre diagramme ! Il a reconnu Carlos Ramirez ! Et à mon avis, on a mis le doigt sur un truc énorme !
Mac voix off : Tellement énorme que je vais devoir changer mes plans. Sinon, je vais tout foirer.
Veronica eut besoin de s’asseoir pour suivre les explications d’Eli complétées par les analyses de Mac.
- Carlos Ramirez alias Monsieur j’ai réussi malgré mon enfance dans le ghetto. Il a obtenu la bourse des Kane. Il a fait de brillantes études à Stanford puis il est revenu enseigner ici. Il occupe un poste d’enseignant en informatique à Hearst. C’est le seul point noir à son CV, si tu veux mon avis…
- Pourquoi tu dis ça ? questionna Veronica qui complétait le diagramme de l’enquête.
- Parce qu’un mec qui fait d’aussi brillantes études aurait dû aller enseigner ailleurs ou alors il aurait dû obtenir un poste chez Kane Software… Ce type n’est pas revenu ici pour s’occuper de sa famille comme il se plaît à le raconter… Il ne passe pratiquement pas dans le ghetto.
Veronica croisa le regard de Mac qui agitait la tête en silence. Aucune d’elles n’osait formuler l’évidence. Quel était le pourcentage de chance pour qu’elle remette le doigt sur eux totalement par hasard sept ans après ?
Veronica voix off : Je ne pensais pas recroiser le Roi si vite…
Mac voix off : J’espérais que tu passes à côté de ça…
La porte claqua. Keith arrivait au bureau. En entendant leurs voix, il allait leur dire qu’il s’étonnait de leur présence matinale. Il n’en fut rien. Keith préféra questionner son équipe sur le diagramme.
- La piste Ramirez semble se développer…
- Elle prend une tournure que tu ne vas pas aimer, je le crains, compléta Veronica.
Elle avait compris au moment où Eli avait dit que Carlos n’aurait jamais dû revenir à Neptune s’il avait réussi honnêtement ses études. Keith lut les notes de sa fille. Les mots clés étaient là : réussite éclair, lien avec les Kane, retour à Neptune dans un poste non loin des jeunes. Il n’aimait pas ça.
- Il serait un membre recruteur du Castle ?
- Tout colle.
Mac se lança dans une explication aussi longue que précise. Pour achever sa démonstration, elle fila s’assurer d’une dernière chose. Depuis son alcôve, on l’entendait brasser des feuilles. Mac sortit de son coffre-fort personnel une des dernières copies du listing volé aux Kane il y a sept ans. Discrètement, elle chercha son nom.
- Je l’ai ! cria-t-elle.
Mac voix off : Et merde… Des semaines à enquêter sous leur nez et là, tu vas tout gâcher ! Allez, débrouille-toi pour retomber sur tes pattes.
- Tu as quoi, interrogea Keith qui observait Mac attentivement.
La hackeuse referma son coffre et rejoignit l’équipe.
- Carlos est sur les listes du Castle.
Keith se tourna vers sa fille.
- Je croyais t’avoir dit de jeter ces listes, Veronica…
- Elle l’a fait. Mais, j’avais pris quelques notes à l’époque. Un coup de chance que les listes aient été rédigées par ordre alphabétique du prénom…
- Et que notre suspect s’appelle Carlos, compléta un Keith pas certain de l’honnêteté de Mac.
Le détective laissa couler pour le moment. Il reviendrait à la charge pour connaître le fin mot de l’histoire ; mais pour l’heure, il y avait plus urgent. Mac soupira de soulagement en voyant le père et la fille s’affairer près du bureau rassemblant les données.
Mac voix off : C’est pas passé loin. On se rapproche du dénouement mais il est encore trop tôt pour vous en parler. Et de toute façon, on n’est pas de taille face à lui…
Au-dessus du bureau, Keith semblait réfléchir. Dans sa tête, les informations tournoyaient à toute vitesse. Il essayait d’y mettre de l’ordre. Il fut obligé de taire certaines interrogations (Qu’est-ce que Mac cachait dans son coffre ?) pour formuler une pensée intelligible.
- Maria aurait été un pion dans le service de recrutement, souffla Keith. Grâce à elle, on pourrait remonter le réseau ? Ce serait possible, Veronica ?
Comme son père, la détective commençait à voir un lien entre les différentes pièces du puzzle. Mac se frottait les mains. Avec l’arrivée de Ramirez dans la partie, tout pouvait s’accélérer.
Mac voix off : Un coup de fil à Baker et tout peut s’écrouler très vite !
- Un pion dans le système ? Remonter le réseau ? C’est quoi cette histoire ! Je vous ai engagés pour retrouver l’assassin de Maria, pas pour retrouver tous les valets d’un château, pesta Eli.
Tous se tournèrent vers le motard. Plongés dans leur réflexion, les trois détectives l’avaient complètement oublié. Et ça ne plaisait pas du tout à Weevil. Veronica ne se focalisa pas sur la colère du motard. Quand Lilly était morte, elle était une boule de colère. Eli devait traverser la même chose. Veronica réfléchit à deux fois avant de lui faire part de sa conclusion.
Veronica voix off : Je ne suis pas certaine que ça t’apaise…
- Maria Lopez n’est qu’une victime collatérale dans une histoire beaucoup plus vaste. Elle a été le frein dans le recrutement d’un étudiant prometteur pour une société secrète répondant au nom de Castle.
- Hein ! s’écria Eli.
- Carlos doit recruter le jeune Reynolds. On sait que le Castle se sert des pires secrets de ses membres pour les garder sous sa coupe, expliqua Veronica.
- Pour avoir Reynolds, il fallait qu’il ait un dossier compromettant, continua Mac.
Les deux associées racontaient l’histoire en duo.
- Oui, une bonne grosse casserole… ajouta Veronica en attrapant la photo de Maria. Elle devait fournir cette casserole.
- Si elle couchait avec Reynolds et que Carlos en obtenait, disons, des images… Il tenait Reynolds pour détournement de mineur… suggéra Eli.
- Oh non, c’est encore plus tordu que ça. Maria couchait avec Reynolds. Elle se faisait payer. Ensuite, Carlos serait allé voir Reynolds pour lui expliquer que Maria était en fait une escorte. Il lui aurait expliqué que si ça se savait, sa carrière était fichue avant même d’avoir commencé…Il lui aurait proposé son aide… expliqua Keith en se servant un café.
- Kurt serait entré au Castle et Maria aurait gagné 500$ et le dégoût d’elle-même, conclut Veronica.
- Oui, mais rien ne s’est passé comme prévu, termina Mac.
- On les tient, jubilait la blonde.
- Tu te trompes. On n'arrivera jamais à prouver ce scénario. Reynolds n’avouera jamais que quelqu’un lui a payé une pseudo-escorte. Le pousser à rendre ça public attirerait l’attention du Castle et leur donnerait une occasion superbe pour le recruter. Imagine le marché : vous entrez dans notre société et nous faisons taire cette bande de détectives fouineurs… Reynolds ne sera pas du côté de la justice. Tout ce qu’on peut faire, c’est arrêter le tueur de Maria et notre meilleure piste, c’est Ramirez. Faire tomber le Castle, ce sera pour plus tard, assura Keith.
Sur ces paroles, les détectives firent promettre à Eli de garder secret leurs découvertes sur la société Castle. Le motard accepta. Tout ce qui pouvait rendre plus respirable l’air de la ville l’intéressait. Il n’allait pas ébruiter des informations qui servaient son objectif. Le cœur un peu moins lourd, Weevil regagna son quartier.
