HypnoFanfics

Madison reprit son souffle avant de moucher le basketteur.

- Je connais le film. Mais ça, vous, vous ne savez pas ce que c’est ! dit-elle en agitant une liasse de feuilles A4 sous leur nez.

Veronica essaya de s’en emparer mais Madison était vive. Des années à virevolter dans les airs et à agiter des pompoms vous rendent incroyablement réactive.

- Madison !

Madison se figea par l’emploi de ce nom honni.

- Appelle-moi encore comme ça et je publie tout ce que j’ai trouvé. Et crois-moi, tu préférerais que le journal intime de Duncan reste intime…

Veronica écarquilla les yeux. Wallace haussa les épaules.

- C’est ça… Fais l’innocente… Duncan tenait un journal intime, plutôt bien rédigé d’ailleurs. Et certains passages ne parlent que de toi, et de manière interdite aux moins de 16 ans… J’ai dû m’arrêter de lire, tellement c’était… intime.

Veronica vira au cramoisi avant de reprendre du poil de la bête.

- Je ne t’ai pas demandé de lire les pensées intimes de Duncan. Je t’ai demandé…

- De trouver qui est le vieil amant secret de Lilly. Je sais.  Et tu as vu juste… Duncan a découvert qui c’était, il a très bien pu le confronter et ça a pu dégénérer…

Wallace, qui découvrait qu’il avait remporté son pari, se montra curieux lui aussi.  

- Alors qui c’est ?

Mac déplia la feuille. Il s’agissait d’une copie de la page de journal intime de Duncan.

« Ma sœur n’a vraiment aucune limite quand il s’agit de sexe. Oui de sexe, parce qu’elle n’arrivera pas à me faire croire qu’elle AIME tous ces mecs à la fois. Avec celui-là, elle a dépassé les bornes. Ok, sa relation avec Logan est bizarre. Ils s’aiment, se bâchent, font des breaks en veux-tu en voilà… Mais qu’est-ce qu’elle cherche à prouver en couchant avec son père ? Qu’elle sait mieux faire souffrir les autres que Logan ? Qu’elle trouvera toujours un moyen de lui faire plus mal qu’il ne lui en fait ? Je ne la comprends plus. Et me taire devient difficile… Vers qui dois-je tourner ma loyauté ? Ma sœur que je ne comprends plus ou mon pote qui fait pleurer ma sœur parfois ? Je ne peux même pas en parler à Veronica, tellement elle est proche d’eux. Une fois de plus, je vais être le petit frère obéissant et lisse que mes parents souhaitent et taire le secret de Lilly. »

Les regards de Wallace et Veronica se croisèrent et allèrent de Lilly à Logan puis à Madison qui hochait gravement la tête.

- Tu voulais des suspects. Tu en as deux, fit la hackeuse.

- Le père ou le fils ? demanda Wallace.

- On enquête d’abord sur le père. Après tout, c’est lui l’amant dans l’affaire…

Veronica porta son regard sur Logan qui fixait l’écran de projection. Elle ne pouvait les voir à cette distance mais elle devinait les larmes dans les yeux de Logan. A cet instant, elle refusait de le voir comme un suspect potentiel mais elle devrait un jour se pencher sur l’hypothèse.

Veronica voix off : N’oublie pas la présomption d’innocence…

Depuis qu’elle savait qui était l’amant secret de Lilly, Veronica ne pouvait plus regarder Logan en face. Heureusement la préparation de la grande fête de Noël des Echolls avait le mérite d’accaparer Logan et Veronica s’en trouvait soulagée. Si Logan passait son temps libre à aider sa mère dans ses préparatifs, Veronica passait le sien à enquêter sur le père de son ami.

Veronica voix off : Ok, il est acteur de cinéma, mais qu’est-ce que Lilly a bien pu lui trouver ?

La jeune détective se posait encore la question quand elle se décida enfin à vérifier l’alibi d’Aaron Echolls pour l’heure de la mort de Duncan. D’après le légiste et Leo - Veronica eut un pincement au cœur en repensant au bel adjoint - Duncan serait mort vers 18h30. L’adolescente se mit à chercher les actualités de l’acteur lors de la funeste journée. C’était une journée promotionnelle pour Aaron. Son prochain film sortait bientôt, l’acteur avait dû se plier à l’exercice des interviews avec les journalistes et les bains de foule. Veronica remercia la fan attitude des femmes californiennes. Il y avait plusieurs centaines de clichés de l’avant-première du film qui s’était tenue ce jour-là.

Veronica voix off : L’avantage avec les appareils numériques, c’est l’horodatage automatique des clichés.

La détective identifia Aaron Echolls sur une vingtaine de clichés pris entre 18h et 19h. Il ne pouvait donc pas avoir tué Duncan. Elle pestait devant les clichés quand la porte du bureau de Sacks s’ouvrit. Elle était tellement accaparée par ses recherches qu’elle ne le sentit pas se glisser dans son dos. Ce furent ses gloussements qui la ramenèrent à la réalité.

- Oh oh… Mais je ne savais pas que tu étais fan d’Aaron Echolls ! Si tu veux, j’ai un pote qui a toute sa filmo dédicacée à vendre, il te fera un prix…

- Non ! s’écria Veronica en claquant l’écran de son Mac.

Sacks s’étonna de la virulence de la réaction de Veronica. La jeune fille regretta son emportement.

Veronica voix off : Vite, vite, rattrape le truc…

- C’est un mec du lycée qui croit que sa copine le trompe…

- Avec Aaron Echolls ?

- Non. Enfin, presque… Il s’avère que mon client voulait savoir où sa copine se trouvait le 22 septembre. La fille a annulé plusieurs rencards avec son mec, toujours au dernier moment… Il voulait savoir pourquoi… Je crains qu’il ne soit déçu… Sa nana ne le trompe pas… Elle est seulement fan d’un très mauvais acteur…

- Trop dure la vie de lycéen… plaisanta Sacks en repartant dans le bureau. D’ailleurs, t’as pas en cours ?

Veronica regarda sa montre, constata son retard. Rapidement, elle rassembla ses affaires. Alors qu’elle se garait sur le parking du lycée, elle se remémora ce que son surf sur les sites de cinéma lui avait appris.

Veronica voix off : Si ce n’est pas le père, il nous reste le fils… La présomption d’innocence n’aura pas tenu longtemps…

Veronica se demandait comment faire pour vérifier l’alibi de Logan sans qu’il comprenne son manège. Elle ne pouvait pas lui avouer qu’elle avait repris l’enquête et encore moins lui demander de but en blanc s’il avait tué Duncan. Ses questions techniques furent vite reléguées au second plan quand elle vit les affiches du Neptune Navigator. Elles avaient été placardées un peu partout dans le lycée. On pouvait voir dessus une photo du mémorial Kane et en médaillon une photo de Duncan. Les images étaient soulignées par le titre accrocheur : «L'affaire Duncan Kane sera-t-elle résolue pour la fin de l’année ? A qui profite le crime ? ». Veronica soupira en voyant les regards se braquer sur elle au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de son casier. Quand elle l’atteignit, elle comprit pourquoi tout le monde l’observait. On avait accroché plusieurs fois l’affiche du journal lycéen et quelqu’un avait ajouté la mention « VERONICA MARS » sous le titre.

Veronica voix off : Lilly…

Furieuse, Veronica arracha méthodiquement toutes les affiches et les réduisit en confettis qu’elle dissimula dans son sac.  

- Je ne suis pas la seule qui mérite son nom sur la liste des suspects…fit-elle en déchirant la dernière feuille.

- Que veux-tu dire par là ? demanda Logan qui avait vu la scène.

- Rien de moins. Rien de plus. J’avais peut-être un mobile mais je ne suis pas la seule…s’emporta-t-elle.

Logan roula des yeux.

- Arrête de parler par énigme. On n’est pas dans un des foutus films d’espionnage de mon père !

- Ton père…souffla Veronica.

- Quoi, mon père ?

- Rien…

- Si, Veronica. Il y a quelque chose. Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?

La voix de Logan résonnait dans le couloir désert. Elle attira l’attention de Lilly et de Dick. Veronica souhaita être capable de se téléporter.

- Qu’est-ce qui se passe, Logan ? demande Lilly.

- Il se passe que Veronica semble croire que mon père a tué Duncan !

- Je n’ai pas dit ça…

- Tu ne dis RIEN ! C’est bien ça le problème ! Si tu as quelque chose à me dire, fais-le !

Veronica chercha à s’éloigner mais Lilly la retint par le bras. Elle serrait de toute sa force. Veronica en eut les larmes qui montaient aux yeux.

- Tu es celle qui a le meilleur mobile. C’est comme ça qu’il dit ton père ? Duncan t’a larguée comme une vieille chaussette. Tu ne t’en es pas remise, tu as pété un plomb et tu l’as tué.

- C’est faux, fit Dick qui s’était tu jusqu’à maintenant.

Tous les autres le fixèrent.

- Duncan n’a pas quitté Veronica comme une vieille chaussette.

- Qu’est-ce que tu en sais ? s’énerva Lilly.

- J’étais là quand il a rompu.

Veronica détourna le regard, préférant ne pas se souvenir. Mais elle ne pouvait nier que Dick avait assisté à leur rupture sur la plage.

Flashback

Juin de cette année

Duncan avait donné rendez-vous à Veronica sur la plage. Il y pensait depuis que son père avait découvert sa relation amoureuse. Duncan savait que rien n’échappait à la vigilance de son père, hier encore, il se félicitait d’avoir pu lui cacher ses six mois de relation avec Veronica. Il avait eu six mois de vie normale. Mais pour Jake, Duncan ne pouvait pas avoir une vie normale. Il devait aspirer à la grandeur. Pour Jake, Duncan ne pouvait pas perdre son temps avec de telles futilités et encore moins avec Veronica Mars. Duncan ne voulait pas décevoir son père mais en même temps, il était profondément épris de Veronica. Il avait mis plusieurs années à attirer son attention et à oser lui avouer son amour. Aujourd’hui, sous la pression et les non-dits de son père, Duncan allait rompre avec elle.  Cette rupture était inexplicable pour lui comme pour elle. Il ne savait pas quoi lui dire. Alors qu’il allait lui annoncer la nouvelle, la sentence de son père résonnait dans sa tête : « Tu ne peux pas sortir avec Veronica ! Un Kane ne peut pas sortir avec une Mars ! » Il la vit assise sur la jetée avec son chien couché à ses pieds. Elle souriait mais pour combien de temps. Duncan se plaça face elle. Alors qu’elle voulut se lever pour l’embrasser, il l’arrêta d’un geste.

- Non, Veronica.

- Qu’est-ce qui t’inquiète ? Ni ton père, ni Celeste ne passent par ici…

Veronica réussit à se lever et prit les mains de Duncan dans les siennes. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser.

- On ne peut pas, Veronica.

L’adolescente reposa les talons dans le sable et serra les dents. Elle ne comprenait pas.

- Pourquoi Duncan ? Pourquoi on ne peut pas ? Parce que ton père l’a dit ? s’emporta-t-elle.

Quand elle vit tous les regards des surfeurs se tourner vers eux dont celui de Dick, Veronica se contraint au calme. Duncan posait sur elle un regard plein de tendresse tandis que le discours sentencieux de son père lui vrillait le crâne : « Tu ne peux pas sortir avec une Mars ! »

Duncan voix off : Je peux aller au ciné avec elle, mais je ne peux pas l’embrasser, pourquoi papa, pourquoi ?

- Je t’aime Veronica, n’en doute pas. Je t’aime mais pas comme je devrais… souffla Duncan avant d’embrasser le front de la blonde.

Alors qu’il s’éloignait, Veronica s’effondra sur le sable. Elle ne trouva du réconfort qu’auprès de son chien. Patrouille vint coller sa truffe humide contre sa joue constellée de larmes. Elle resta quelques minutes à pleurer. Elle se redressa tandis que Dick s’approchait d’elle.

- Ca va, V ?

- Comme une fille qui vient de se faire plaquer.

Dick se tourna vers la direction qu’avait prise Duncan en partant.

- La loi Jake Kane… tu sais ce que c’est…

Fin flashback

- Il n’a pas agi lâchement. Il est allé la voir. Il lui a dit qu’il ne pouvait plus rester avec elle. Et il s’est éloigné.

- Et tu crois que je vais te croire, Dick ?

- Pourquoi je te mentirais ?

- Pour la protéger ?

- Pourquoi le ferais-je ? Veronica a toujours été pour moi la copine curieuse de mon pote ou de ma nana…

- Dick ne te ment pas. Duncan m’a quittée et j’étais tellement sous le choc que je l’ai laissé partir sans lui en demander la raison. Et aujourd’hui, je ne pourrais jamais savoir pourquoi il n’a plus voulu de moi…

Lilly eut une moue dégoûtée.

- Arrête ton manège, tu n’arriveras pas à me faire croire que Duncan te manquait… Tu l’as vite remplacé… Tu flirtais avec ce gars au car-wash… D’Amato, c’est ça ?

Veronica prit la teinte des boules écarlates de Noël qui étaient suspendues un peu partout dans le lycée, et oublia tous les conseils de prudence qu’elle avait donnés à Eli.

- Je n’ai pas de leçon à recevoir de quelqu’un qui a trois mecs à la fois…

Veronica leva les yeux vers Logan. Du regard, elle s’excusa. Dans celui de Logan, elle vit que le jeune homme avait des doutes sur la fidélité de Lilly. Veronica ne resta pas plus longtemps. Elle ne voulait pas subir les questions de Logan, ni les foudres de Lilly. La blonde voulut la poursuivre mais le bras puissant de Logan la retint. Veronica put entendre la colère qui habitait les mots du surfeur.

- Trois à la fois ? Qu’est-ce qu’elle a voulu dire ? Ne me dis pas que tu as recommencé ?

Veronica accéléra le pas pour ne pas se faire rattraper par Logan ou par Lilly. Ils avaient tous les deux une bonne raison de vouloir l’étriper. Logan pour lui avoir caché la vérité. Lilly pour avoir révélé la vérité. Elle courrait presque dans le couloir qu’elle ne vit pas Eli et lui rentra dedans.

- Je sais que je suis irrésistible mais c’est pas une raison pour me foncer dessus…

Veronica releva la tête vers lui. Eli fut surpris par l’émotion qui traversait ses yeux. Elle semblait en proie à la tristesse et à la colère sourde à la fois. Veronica se libéra de l’étreinte.

Veronica voix off : Il ne manquerait plus que Lilly me retrouve dans les bras de son ex.

- Logan est au courant.

Une grimace passa sur le visage de Weevil le temps d’une demi-seconde.

- Ca lui donnera à réfléchir… Il faut plus que de l’argent pour garder une fille comme Lilly…

- Eli… Je doute qu’il réfléchisse beaucoup… Le premier truc qu’il voudra faire ce sera te casser la gueule…

- Qu’il vienne… Je lui rappellerai comment ça a failli se finir la dernière fois…

- Comment quoi s’est fini la dernière fois ? demanda Wallace qui venait de rejoindre le  duo.

- Le match Navarro / Echolls, répondit laconiquement Eli.

- Vous n’allez pas recommencer ?

- Parce que tu savais que c’était en cours ? s’étonna Veronica.

- Il y a des choses que les mecs ne disent qu’à d’autres mecs…

- De quels trucs de mecs vous parlez ? fit Madison.

Veronica s’éloigna des deux garçons pour attraper son amie par l’épaule. Elle avait bien besoin d’une présence féminine et bienveillante avec elle après la scène offerte par Lilly.

- Oh… Tu sais bien : c’est leur éternel concours…

- Heureusement que Dick ne joue pas alors…

Les trois autres firent les gros yeux, mi choqués, mi stupéfaits par la remarque graveleuse de Madison.

- Plus sérieusement, on peut savoir pourquoi tu as eu besoin d’un câlin du mec le moins affectueux du lycée. Désolé, Eli.

Le motard ne prit pas ombrage de la remarque de la brunette. Elle avait parfaitement raison.

- Lilly, Logan… Je crois qu’ils ont compris que j’ai repris l’enquête et que je le suspectais…

- Aie.

- Le pire, c’est qu’on a fait fausse route. Notre théorie tombe à l’eau.  Aaron a un alibi béton et Logan ne semblait pas être au courant pour les infidélités de Lilly. Je les lui ai apprises…

- Double aie.

- Ca craint, fit Wallace. Lilly doit être en pétard.

- Et tu crois que Logan va me remercier peut-être ? rétorqua Veronica.

- Ce qui craint surtout V, c’est que tu te retrouves sans suspect, non ? questionna Weevil.

- Retournez directement à la case départ sans toucher les 20 000 dollars…

Mac passa son bras autour du cou de son amie pour l’assurer de son soutien. Wallace et Eli se joignirent à l’étreinte. Ils formaient un drôle de groupe qui bousculait le système des cliques. Un sportif populaire, un chef de gang, une ex-pompom girl, une championne de débat unis face à l’adversité… La crainte inspirée par Eli avait tenu leur petit groupe à l’abri des critiques. Mais jusqu’à quand ?

- Trois à la fois ? Qu’est-ce qu’elle a voulu dire ? Ne me dis pas que tu as recommencé ? s’emporta Logan.

Lilly se retourna face à lui et le toisa.

- Qui te dit que j’avais arrêté ?

Sur le moment, Logan eut envie de la gifler, de lui faire mal comme elle venait de le blesser. Il serra sa prise sur son bras.

- Et puis, tu sais, j’ai de gros besoins… Il fallait bien que je trouve quelqu’un pour les assouvir quand  môsieur n’était pas disposé ! A croire que c’est les mecs qui ont des règles maintenant.

Ce fut la goutte d’eau pour Logan. Il lâcha Lilly et recula comme s’il avait été brûlé par ses mots. Oui, il n’avait pas toujours cédé à ses avances ou comblé ses ardeurs mais c’était pour ne pas lui faire peur. C’était pour ne pas lui infliger la vue de son corps maltraité par son père. C’était pour la protéger. Il avait essayé et maintenant, il en prenait plein la figure. Logan se détourna pour ne pas montrer sa douleur. Lilly se moqua.

- Arrête de pleurer, Echolls, sois un homme, pour une fois…

Logan serra les dents et fit face à la blonde, prêt à en découdre. Mais ce fut Dick qui s’interposa.

- Et toi, cesse de faire ton allumeuse pour une fois ! Sois un homme ? C’est quoi, ces conneries ?! C’est quoi être un homme pour toi ? C’est se servir de sa queue dès qu’on en a envie ? Franchement, Lilly, tu me fais de la peine… Sous prétexte d’égalité des sexes, tu te comportes comme…

- Vas-y Dick ! Puisque tu as l’air d’avoir gagné en neurones depuis que tu sors avec Madison, j’ai l’air de quoi ?

Dick secoua la tête. Non ce n’était pas depuis qu’il sortait avec Madison, mais ça Lilly ne pouvait pas le savoir, elle était bien trop égocentrique. Il se garda bien de lui expliquer pourquoi il n’était plus seulement un fêtard inconséquent, les journaux télés lui expliqueraient bientôt. Et il y avait plus urgent pour le moment. Dick attrapa Logan par l’épaule pour l’éloigner du poison que Lilly devenait.

- Après cette scène de ménage haute en couleurs, si vous voulez bien vous donner la peine d’aller voir notre psychologue scolaire. Cela fait des semaines qu’elle veut vous voir…dit Monsieur Clemmons. Non, Richard, pas moyen de se défiler, cette fois. Je veux vos comptes rendus psychologiques sur mon bureau avant le passage à la nouvelle année.

Escortés par le principal, ils se rendirent tous les trois au bureau de la psychologue. Au détour d’un couloir, le principal aperçut un attroupement suspect.

- Allez-y sans moi… Mais si j’apprends qu’elle ne vous a pas vus, je convoque vos parents…

En s’éloignant, Clemmons entendit distinctement Lilly se moquer de lui.

- Brrr… convoquer ma mère, j’en tremble déjà !

- Désolé de devoir mettre fin à une scène aussi incongrue que touchante mais vous êtes attendus par la psychologue scolaire, annonça le principal Clemmons.

Les quatre adolescents se dévisagèrent pour savoir à qui s’adressait le message. Visiblement agacé par leur manège, Clemmons se répéta.

- Vous êtes tous attendus par la psy…

- On peut savoir pourquoi, demanda Weevil sur la défensive.

- Comme si vous ne saviez pas Monsieur Navarro…

Eli afficha clairement son incompréhension. Madison expliqua la situation aux autres tout en se rendant chez la psy.

- On forme un groupe plutôt atypique… Et comme notre groupe s’est formé après la mort de Duncan, elle veut voir si trois lycéens populaires et/ou brillants ne cherchent pas à s’encanailler avec toi…

Eli haussa les yeux au plafond pour lui signifier tout le mal qu’il pensait de la théorie de la psy. Veronica désamorça la crise en plaisantant.

- Etonnant qu’elle ne s’imagine pas que tu puisses nous avoir demandé notre aide pour avoir ton diplôme…

- Tu trouves ça vraiment étonnant, répondit brusquement Wallace.

Les trois autres se stoppèrent abasourdis.

- Wall’, on avait réglé ce problème, non ?

- Tu m’as sauvé les miches, à l’époque. Mais les autres, qui les protège ? On ne va pas nier que les PCH préfèrent prendre plutôt que demander…

Mac s’interposa entre les deux garçons avant qu’Eli ne saisisse Wallace par le col.

- On va se calmer immédiatement. Wallace Fennel, je pensais que les personnes victimes de racisme étaient celles qui pouvaient le mieux comprendre qu’on ne met pas tout le monde dans le même sac sous prétexte qu’il partage un signe distinctif ! 

Wallace baissa la tête. Personne n’aimait faire face à Madison Sinclair en colère.

- Regarde Veronica, elle est blonde, c’est pas pour autant qu’elle est écervelée !

La moue outrée de Veronica finit de convaincre Wallace de son erreur. Il s’excusa auprès d’Eli.

- C’est oublié mec, mais ne recommence pas. Parce que je tiens vraiment à l’avoir ce diplôme, je l’ai promis à ma grand-mère.