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Série : Veronica Mars
Création : 13.04.2016 à 21h41
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
Oubliez tout ce que vous savez de l’univers de la série. Ne reste que les personnages (et encore…). Bienvenue dans cette relecture de la série. Welcome to Neptune !
Cette fanfic compte déjà 104 paragraphes
Veronica poussa la porte du poste et se dirigea vers Inga. Elle eut un petit pincement au cœur en voyant le bureau de Leo occupé par un lieutenant petit et ventru. Elle n’avait plus pensé au détective depuis des mois mais revoir le lieu de leurs premiers jeux amoureux la rendait émotive. L’accent germanique de la réceptionniste tira Veronica de ses rêveries.
- Arh, Veronica, je suis tellement désolée pour ta mère…
- Ne le soyez pas. Elle doit payer pour ce qu’elle a fait.
- Quelle sagesse venant de Veronica Mars. Ça me surprend, fit Lamb que la jeune fille n’avait pas vu approcher. Qu’est-ce que tu veux ? Ta mère était ici ce matin pour une audition complémentaire.
- Je ne suis pas là pour ma mère. Il vient porter plainte, expliqua-t-elle en indiquant Logan du pouce.
L’adolescent tournait en rond, les mains dans les poches. Il faisait tout pour paraître détaché mais il crevait de trouille.
- Ah. Qu’est-ce qui lui arrive ? Il ne peut pas venir tout seul, il faut que tu lui tiennes la main ?
- Qu’est-ce que t’as, t’es jaloux, cracha Logan qui venait de sortir de sa léthargie.
- De toi et Mars ? Non. Je préférais ta copine précédente. Plus de formes, plus sauvage…
Veronica baissa les yeux face à la basse provocation de Lamb. Elle espérait que Logan ne s’emporte pas. Mais c’était peine perdue. Logan tenait déjà Lamb par le col et lui postillonnait au visage.
- Répète un peu ! Vas-y ! Toi aussi, tu lui es passé dessus ?
Lamb se contentait de sourire, ravi de faire perdre les moyens à ce gamin trop gâté. Quand Logan fit mine de vouloir le frapper. Lamb réagit et tordit le bras de Logan et se mit à murmurer d’autres insanités à son oreille. Veronica essaya de ramener Logan au calme.
- Logan, n’oublie pas pourquoi tu es là. Logan, arrête. Pense à elles…
C’était vain jusqu’à ce que la porte du bureau du shérif poste s’ouvre.
- C’est quoi ce bazar ? fit une voix masculine que Veronica connaissait bien.
- Papa ? Alors c’est officiel ?
- Oui, le maire m’a appelé ce matin pour me confirmer la fin de ma soi-disant mise à pied…
A ces mots, Veronica jeta un œil à Lamb. Elle comprit mieux pourquoi l’agent avait été si prompt à chercher l’altercation. Il venait de se faire rétrograder, voire pire.
- DON ! Lâche-le immédiatement.
La voix de Keith claqua dans l’air. L’agent obéit dans la seconde en maugréant.
- Qu’est-ce qu’Echolls a fait pour que tu le molestes, Don ?
- Il est venu porter plainte.
- Et depuis quand on agresse une victime ?
- Oh ça va… Tu ne vas pas me dire que le shérif qui a arrêté le grand méchant pédophile Goodman va s’attarder sur une affaire de voiture volée ? rétorqua Lamb furieux de se faire réprimer comme un enfant.
- Il n’a jamais parlé de voiture volée, objecta Veronica.
L’adolescente reçut le regard foudroyant de Lamb et un sourire de son père.
- Logan, viens avec moi. On va voir ce qui t’amène.
Le surfeur se massa la nuque avant de traverser la distance qui le séparait du bureau en essayant de retrouver toute sa détermination. Le shérif dut le sentir car il lui posa une main amicale et douce sur l’épaule alors qu’il pénétrait dans le bureau.
- Don, tu devrais aller prendre l’air avant de faire une autre bavure.
L’agent serra les dents face à la critique et sortit du poste en shootant dans le porte-parapluie qui traînait près de l’entrée. Veronica sursauta en voyant le cylindre valdinguer dehors.
- Tu peux rentrer, honey. Je m’occupe de lui.
Elle opina du chef avant de sortir rassurée. Logan était entre de bonnes mains.
Logan s’installa face au bureau du shérif. Il posa les mains à plat sur le plateau du bureau. Il se mit à caresser le bois. Keith s’assit et le regarda faire un instant. Veronica avait persuadé le jeune homme de venir. Le shérif n’avait plus qu’à attendre qu’il se mette à parler. Dans ces moments-là, il ne fallait rien brusquer.
- Je viens porter plainte contre Aaron Echolls pour violence.
Keith hocha la tête. De la main, il invita Logan à poursuivre. Il n’en fallut pas plus à l’adolescent. Logan se mit à raconter la première fois que Aaron avait levé la main sur lui et toutes les suivantes, jusqu’à la dernière en date. Keith écoutait le témoignage en serrant les poings à s’en faire blanchir les phalanges. Il détestait Aaron pour son arrogance. A présent, il le haïssait pour la violence, la lubricité dont il était capable.
- J’ai bien entendu ton histoire, Logan. Maintenant, je dois te dire que prouver ce genre de choses n’est pas facile.
Délicatement, Logan posa une clé USB sur le bureau. Keith la prit avec la même douceur et l’inséra dans son ordinateur. Très vite, des clichés apparurent à l’écran. Des clichés crus, violents. Le visage, le corps de Logan s’y affichaient couverts d’ecchymoses, de coupures. Keith était tellement accaparé par les blessures qu’il ne reconnut pas le fond des photos.
- C’est une excellente idée que tu as eu là… Qui a fait ces photos ? Il faudra certainement prévenir cette personne de ton projet, pour la protéger des éventuelles représailles de ton père…Alors, Logan, qui a fait ces photos ?
- Oh, vous la connaissez. Petite, blonde, sarcastique, n’ayant peur de rien, et sentant les promesses, répondit Logan rêveur.
- Ma fille, évidemment.
- Qui d’autre aurait pu se montrer assez tenace pour me pousser à faire ça ? Elle a été jusqu’à me trainer ici…
- Elle a bien fait. On va le coincer. Avec ça, il est foutu.
- J’espère que vous avez raison, Monsieur Mars.
- On a ces clichés mais il doit certainement exister d’autres preuves de sa propension à la violence. Tu as fait le plus difficile en venant ici, Logan. Tout ce que tu dois faire à présent, c’est te mettre en sécurité.
- Je crains que madame Fennel ne me supporte davantage, fit-il désolé.
- On va te louer une chambre au Neptune Grand Hotel. Sous un faux nom. Ils ont l’habitude d’accueillir des people qui veulent rester incognito. Ils ne me refuseront pas ça. A quel nom on met la chambre ?
- Duncan Lester.
Keith sourit en entendant l’alias choisi par Logan. L’adolescent s’empressa d’expliquer son choix.
- Deux personnes qui aimeraient me savoir en sécurité.
- Ce ne sont pas les seuls mais c’est parfait pour un pseudo.
Keith composa la ligne du Neptune Grand Hôtel. En attendant d’être mis en relation, Keith termina d’exposer les conditions de cet accord.
- On est d’accord, Logan, tu es au NGH pour ta sécurité. Donc, interdiction de faire de la chambre une usine à, comment vous dites les jeunes, à teuf… Pas de soirée, pas de copains de lycée là-haut. Duncan Lester est un adolescent tout ce qu’il y a de plus discret. Compris ?
Logan grimaça face à la vie de privation qui l’attendait mais accepta. Il aurait toujours la possibilité de traîner chez Dick ou Wallace pour faire la fête.
Mars
Logan ne s’attendait pas à apprécier la solitude. Certes, elle lui avait été imposée par sa situation mais aujourd’hui, il aimait rentrer et se retrouver seul dans cette vaste suite. L’absence de réflexion pour les contingences matérielles devait y être pour quelque chose. Ce soir, Logan rentrait épuisé de chez Wallace. Il avait joué au basket pendant deux bonnes heures après les cours. Il n’aspirait qu’à prendre une douche quand son portable se mis à vibrer. Il sourit en découvrant l’expéditeur du sms.
Les charges se font de plus en plus lourdes. Le procureur va ordonner son arrestation dans les jours à venir. Tu vas enfin pouvoir dormir tranquille.
Il s’empressa de lui répondre.
Zut et moi qui pensais te demander de dormir ici la nuit prochaine…
Le portable resta muet. Logan savait que sa réponse était osée mais il en avait assez de tourner autour du pot avec Veronica. Il avait ressenti cette étincelle au Camelot et la sollicitude de l’adolescente n’avait fait qu’empirer la situation. Logan souffrait de la violence de son père et en même temps, il s’en réjouissait. Elle lui avait permis de passer des instants privilégiés avec Veronica. Instants qui risquaient de prendre fin s’il ne passait pas à l’action. Logan venait de jouer et il avait perdu. Déçu, il ôta son T-shirt et se dirigea vers la douche. Il envoya promener pantalon et sous-vêtement quand son téléphone ronronna. Se moquant de sa nudité, Logan courut à l’appareil.
Voyons, Logan, tu sais très bien que je suis interdite de pyjama party mixte ! ☺
« Ça tombe bien, je n’en porte pas » faillit-il répondre mais il se ravisa. La phrase était trop osée. L’adolescent choisit une réponse plus bienséante.
Interdite de pyjama party mais je peux t’inviter pour le goûter ?
Et comment ! Prépare les cookies et le lait !
Guilleret, Logan fila sous la douche qu’il prit froide. Il avait bien besoin de cela pour calmer ses pulsions.
Keith avait revêtu son uniforme de shérif et demandé à deux agents de l’accompagner chez les Echolls. Aaron ne lui faisait pas peur mais il valait mieux mettre toutes les chances de leur côté pour arrêter ce monstre. Keith fut soulagée de ne voir ni la décapotable de Lynn, ni le SUV jaune de Logan. Ils avaient réussi à garder leurs distances avec Aaron depuis leur violente altercation. En presque trois mois, l’acteur n’avait visiblement pas cherché à les ramener par la force sous son toit. Keith se prit à détester cet homme si intelligent quand il s’agissait de garder son emprise ces proches. En ne leur courant pas après, il jouait le rôle du père coupable rongé par le remords et ainsi il s’assurait leur retour. Ce machiavélisme l’aurait fait vomir. Heureusement, il était là pour y mettre un terme. Keith sonna. La voix d’Aaron résonna dans l’interphone.
- Entrez, shérif.
Keith et ses hommes pénétrèrent dans la propriété. Le shérif qui était déjà venu par le passé trouva sans mal la pièce principale où Aaron les attendait un verre à la main.
- Vous êtes là pour me raconter les nouvelles bêtises de mon adolescent ?
- Je suis là pour vous parler de Logan. Mais pas pour vous parler de ses bêtises. Je suis là pour vous parler des vôtres, Aaron, répondit froidement Keith.
Les deux hommes se jaugèrent du regard. Aaron posa lentement son verre sur la table basse et se leva. Il faisait presque une tête de plus que Keith mais ce dernier ne se sentait nullement intimidé.
- Mes bêtises ? J’ai enfreint la loi ?
- En molestant votre fils. Oui.
- QUOI ?! Qu’est-ce qu’il est allé vous raconter ? Je n’ai jamais… s’emporta Aaron en fonçant sur Keith.
Le shérif stoppa net son envolée en le menottant.
- Vous êtes en état d’arrestation ; commença Keith en serrant la première menotte.
Il verrouilla un peu serré, cela fit grimacer Aaron.
- Pour violence sur mineur…
- Vous me faites mal…
Keith serra davantage la seconde menotte et souffla ces quelques mots à l’oreille de l’acteur.
- Et ça, c’est pour avoir osé coucher avec une gamine de l’âge de votre fils.
- Vous délirez, Keith ! Jamais vos accusations ne tiendront devant un jury ! Vous allez encore vous ridiculiser.
- Rendre justice, ce n’est jamais ridicule. Et ne vous inquiétez pas, nos accusations tiendront… Votre côté de popularité va en prendre un sacré coup…
Keith demanda à ses agents d’escorter le prévenu à la voiture. Seul dans la grande maison, Keith envoya un sms à sa fille.
« Préviens Logan ; son père est sous les verrous. »
Veronica, Mac et Lilly s’étaient décidé à passer la soirée ensemble. C’était une première depuis l’arrestation de Lianne. Veronica avait toujours repoussé l’échéance. Elle n’arrivait pas à s’imaginer traînant dans la maison où Duncan était mort. Encore cette fois-ci, Veronica avait failli refuser parce qu’elle passait l’après-midi avec Logan mais elle se ravisa. Il était important que sa relation avec Lilly reprenne son cours. La jeune détective choisit de respecter ses deux invitations. Elle goûta en toute bienséance et amitié avec Logan.
Veronica voix off : amitié et bienséance, alors pourquoi tu as pris soin de mettre tous les coussins entre nous ?
Puis, elle se rendit chez les Kane sans même passer chez elle se changer. Elle salua rapidement les parents avant de se réfugier dans la chambre de son amie. Ses relations avec les Kane ne seraient plus jamais les mêmes qu’avant. Veronica resterait la fille qui avait vu mourir Duncan et la fille de son assassin. Heureusement Lilly semblait voir au-delà de ça.
- J’espère que ton père va vite boucler Aaron… J’en ai ma claque d’avoir Wiedman pour nounou !
- Voilà ce qui arrive quand on couche avec la mauvaise personne, plaisanta Mac.
- Tout le monde ne peut pas se satisfaire d’une histoire avec un lycéen, rétorqua Lilly en tirant la langue à Mac.
- Mais je ne m’en satisfais pas. Dick et moi, c’est juste hygiénique.
Lilly afficha des yeux ronds, elle n’avait jamais entendu Mac parler aussi crûment. La blonde pulpeuse chercha du secours auprès de Veronica qui ne lâchait pas son portable.
- Veronica, au secours ! La romantique Mac nous parle de sa relation hygiénique avec Dick !
- Hygiène et Dick ? Tu es sûre que c’est compatible, se força à répondre Veronica toujours très prise par son téléphone.
- Dick est très propre, je vous l’assure.
Lilly se mit à glousser, elle fut rejointe par Mac. Lilly, lasse de ne pas voir Veronica montrer plus d’entrain pour leur soirée, lui prit son téléphone des mains. Elle se décomposa quand elle vit à qui elle envoyait un sms.
- Va le rejoindre si tu préfères sa compagnie… En tout cas, vous n’avez pas traîné…
- De quoi tu parles, Lilly ? essaya de se défendre Veronica.
- C’est ça ! Prends-moi pour une imbécile !
Mac allait s’interposer quand Veronica l’en empêcha d’un signe de la main.
- STOP, Lilly. Arrête. J’ai envoyé un sms à Logan pour le prévenir de l’arrestation de son père. Ça devrait te faire plaisir, non ?
Lilly baissa les yeux, honteuse, sur l’écran du téléphone. Elle lut le dernier sms à voix haute. Veronica félicita intérieurement Logan de ne pas avoir encore répondu. Les sms du jeune homme étaient de plus en plus à double sens. Si ce petit jeu amusait Veronica, il déplairait forcément à Lilly.
- « Mon père vient de m’avertir : Aaron est sous les verrous. Tu peux dormir tranquille maintenant. »
Lilly rendit le portable à Veronica sans s’excuser.
- C’est une bonne nouvelle, tenta Mac qui se voulait pacifique. Toi qui en avais assez de la présence de Wiedman… D’ailleurs, je ne pensais pas qu’il te gênerait tant que ça… Un ancien agent des services secrets, c’est plutôt discret, non ?
- Trop discret et en même temps trop efficace. Impossible de sortir ou de voir du monde…
- Pas plus mal quand on veut se seuvrer d’une addiction à l’alcool, rétorqua Veronica qui venait de ranger son mobile sans prendre le temps de lire la réponse de Logan.
- Mouais et comme ça, tu avais champ libre pour draguer Logan…
Veronica planta son regard dans celui de Lilly et lui répondit sèchement.
- Je ne le draguais pas. Je l’ai aidé.
Veronica voix off : ou plutôt ce n’était pas mon objectif premier….
- Et rappelle-toi que sans moi, sans Logan, tu n’aurais pas retrouvé ta liberté de sortie…
Soufflée par la répartie de Veronica, Lilly choisit la fuite, elle quitta sa chambre théâtralement. Les coussins volèrent, la porta claqua. Mac et Veronica échangèrent un soupir.
- Alors comme ça, ta relation avec Dick, c’est hygiénique ?
- Disons que c’est ce qu’on fait croire... Qui accepterait qu’une tronche soit amoureuse d’un idiot congénital comme Dick ?
- Si Duncan t’entendait ! Quel vocabulaire ! Que dirait le président de la Ligue ? gloussa Veronica.
- Pas grand-chose. Il comprendrait mon attitude mieux que personne. J’ai lu son journal. Lui aussi savait ce que c’était d’être tiraillé par ce qu’on attend de toi, et ce que tu veux vraiment. Que ça vous plaise ou non, Dick et moi, c’est vrai.
- Et pas besoin de fournir plus de preuves… plaisanta Veronica.
Les deux amies rirent de bon cœur. Elles évoquaient leur défunt ami sereinement pour la première fois.
- Sinon, Logan ? questionna Mac.
- Quoi, Logan ? minauda Veronica en tirant son téléphone de sa poche.
Lilly partie, elle pouvait lire son sms.
« Tant mieux, même si j’espérais que tu viennes me tenir compagnie. Je commençais à avoir peur du noir… »
Veronica émit un petit rire que Mac interpréta sans peine.
- Ben, Lilly n’a pas complètement tort… Vous êtes souvent ensemble… Je sais que tu l’as aidé mais j’ai l’impression qu’il y a plus…
- Disons qu’il a été là pour moi ces derniers temps alors que je ne m’y attendais pas… Alors, oui, ça change peut-être la donne…
Mac mima les euphémismes de son amie ce qui les conduisit à une bataille de polochons. Essoufflées, elles arrêtèrent le combat.
- On devrait aller voir où est passée Lilly… ça fait trop longtemps qu’elle boude... s’inquiéta Mac.
Les deux adolescentes se rechaussèrent et partirent à la recherche de leur amie. Elles la trouvèrent assise sur le bar du pool-house. Elle buvait du whisky au goulot. A en juger par le niveau de la bouteille, Lilly venait d’en boire l’équivalent de deux bons verres. Veronica se rua sur elle et lui prit la bouteille des mains.
- Arrête, Lilly ! Tu ne peux pas recommencer !
Lilly voulut reprendre la bouteille et bouscula Veronica. Elle partit en arrière et ne dut l’amortissement de sa chute qu’à la présence de Mac.
- Alors, ça y est, on se souvient de moi ! Vous avez fini de baver sur la pauvre fille alcoolo qui a perdu son frère et ses petits-amis !
- Arrête Lilly, répéta Veronica.
- Arrête, tu ne sais dire que ça, ma pauvre Veronica ! Tu pourrais compatir un peu mieux, non ? C’est ce que ferait une véritable sœur !
L’insulte donna un coup de fouet à la jeune fille, elle posa la bouteille de whisky, se rua sur Lilly et lui arracha plusieurs cheveux. La belle blonde hurla.
- Mais elle est malade !
- Peut-être mais au moins avec ça, on sera vite fixées. On va bien trouver un labo d’analyses pour comparer nos séquences ADN et nous donner une réponse claire.
- Euh… Pour ça, tu n’avais pas besoin de lui arracher une poignée de cheveux, fit Mac.
Lilly et Veronica la regardèrent des questions plein les yeux.
- J’ai piraté le compte mail de Duncan. Il a reçu les résultats du test ADN, il y a quelques jours… Je ne t’en ai pas parlé tout de suite… Je voulais attendre le bon moment…
- C’est le moment, firent les deux blondes.
Mac tira son smartphone de sa poche et afficha l’e-mail. Ensemble, elles découvrirent le résultat.
- Ca explique pourquoi tu compatis si peu…
Mac lança un regard lourd de reproches à Lilly. Décidément, elle n’aimait pas l’égocentrisme de son amie. Oui, elle souffrait mais elle n’en avait pas le monopole. Mac allait le lui rappeler.
- Je suis une Mars, murmura Veronica.
L’information prit le temps de se frayer un chemin au sein de son esprit. Elle fit taire tous les doutes qui avaient pu l’envahir depuis que Lianne avait semé la confusion. Veronica comprit que les craintes d’avoir aimé charnellement son frère n’avaient plus lieu d’être. Mais elle réalisa aussi que Duncan était mort pour rien. Cela lui tira quelques larmes qu’elle retint.
- Je suis une Mars, répéta-t-elle un peu plus fort pour se redonner du courage.
- Ca, on l’a compris, s’agaça Lilly.
Tout à coup, Veronica quitta sa torpeur.
- Je suis une Mars. Et c’est pour ça que je ne compatis pas avec les alcooliques. J’ai trop joué l’âme compatissante avec les alcoolos et ils m’ont toujours déçue. Tu veux ma compassion, Lilly ? Mérite-la ! On s’embrouille comme n’importe quels ados et toi, qu’est-ce que tu fais ? Tu fonces descendre une bouteille de whisky. Qui fait ça ?
Lilly faillit répondre « ta mère » mais le regard sombre de Mac l’en empêcha. La reine de l’éloquence prit les choses en main.
- Bon, maintenant qu’on sait qui est la fille de qui, si on s’attaquait au fond du problème ? Visiblement, la méthode surveillance rapprochée par Wiedman n’a pas suffi à te sevrer, Lilly. Il va falloir faire mieux.
- Surtout que Logan ne maintiendra sa plainte que si tu es sobre. C’est sa condition.
- Parce que ce que Logan veut, Dieu le veut ? rétorqua Lilly.
- Parce qu’il est hors de question qu’une de mes meilleures amies deviennent une épave à cause de l’alcool et que Logan retombe dans les mains d’un père violent ! répliqua Veronica. Et, arrête d’abuser de ma nouvelle indulgence ! Je t’ai déjà pardonné beaucoup, Lilly !
Lilly allait répondre quand Mac s’interposa.
- STOP ! hurla Mac. Si vous étiez deux mecs, je vous aurais déjà dit de baisser vos frocs et le problème serait réglé.
Les deux blondes regardèrent Mac ébahies. Sortir avec Dick lui donnait visiblement d’étranges manières pour résoudre les conflits.
- Cure de désintox à Oceanside. Si tu suis le programme, ce sera vite réglé, exposa Mac en tendant une brochure à Lilly.
La jeune femme prit le prospectus et le regarda dubitative.
- Comment je justifie ça à mes parents, à l’administration scolaire ? On est en dernière année, je veux mon diplôme.
Veronica allait lui rétorquer qu’il fallait y penser avant mais Mac l’en dissuada.
- Le problème est réglé. On a droit à un stage en entreprise durant notre dernière année. J’ai bidouillé ton absence.
- Quand as-tu fait ça ? Et pour mes parents ?
Lilly exposait tous les contre-arguments qu’elle possédait pour éviter de se retrouver coupée du monde. Elle savait qu’elle devait se soigner mais vivre sans lien social, c’était présumer de ses forces.
- Tu leur poseras la question. Ce sont eux qui m’ont demandé de t’inscrire.
Face à cette révélation, Lilly s’effondra au sol. Veronica vint s’asseoir à ses côtés. Lilly accepta enfin la compassion de Veronica. Mac regardait derrière elles. Elle plantait son regard dans celui de Jake Kane en se souvenant du marché qu’ils avaient passé quelques mois plus tôt.
Flashback
Fin décembre
Depuis la mort de Duncan, la famille Kane s’était repliée sur elle-même. Jake n’allait plus vraiment travailler. Celeste n’arpentait plus les musées. Lilly ne quittait presque plus sa chambre du weekend. Ce jour-là, Jake avait décidé qu’il était temps de se relever. Un Kane ne restait jamais longtemps à terre. Résolu, il se dirigea vers la chambre de sa fille. Il toqua et n’obtint aucune réponse. La musique résonnait pourtant à travers la porte. Jake décida d’entrer malgré l’interdiction formelle de son adolescente. Grand bien lui en prit, il découvrit sa fille allongée en travers de son lit, la bouche baveuse et la main droite serrée sur une bouteille de vodka vide. Rapidement, il coupa la musique, administra une ou deux claques à sa fille pour la réveiller. Heureusement, Lilly réagit. Elle voulut injurier celui qui avait osé la frapper mais quand elle reconnut son père, elle se retint. Jake la toisait de toute sa hauteur et lui lançait un regard profondément déçu.
- Depuis combien de temps dure ce cirque, Lilly ?
L’adolescente aurait pu lui rétorquer que la bouteille avait fait plusieurs soirs mais elle n’avait pas les idées assez claires pour cela. Elle se mura dans le silence. Oui, elle avait bu ce fond de vodka pour oublier qu’elle avait été un monstre mais elle n’avait pas besoin de son père pour le lui rappeler. Elle savait qu’elle avait été monstrueuse avec Veronica. Elle l’avait accusée de meurtre alors que c’était sa mère la coupable d’après le flash info. Lilly se détestait et se trouvait monstrueuse. Elle voulait disparaître.
- Depuis combien de temps ? Réponds !
Le père n’obtint toujours aucune réponse.
- Très bien. Tu ne parles pas. J’appelle Clarence. Il va fouiller ta chambre et mettre tous nos alcools sous clé. On va reparler de ça jeune fille.
Lilly regarda son père quitter la chambre. Elle était déboussolée. Elle avait besoin d’aide. Elle avait besoin d’une épaule amicale et compréhensive. Instantanément, le visage de Veronica apparut. Elle s’habilla en hâte et partit rejoindre sa meilleure amie à qui elle n’avait plus parlé depuis qu’elle l’avait accusée du meurtre de Duncan. Elle ne put s’y rendre en voiture. Son père lui avait confisqué ses clés juste après leur conversation houleuse. Tant pis. Elle avait suffisamment d’amis qui accepteraient de la conduire en ville sans rechigner. Au moment où elle décrochait son téléphone, le 4x4 de Dick passa devant la maison. Elle le héla et monta à bord. Dick ne lui posa aucune question. Il ne voulait pas s’attirer les foudres de la blonde. Il la laissa rêvasser jusqu’au parking de la plage. Lilly descendit de voiture et s’éloigna sans un mot. Elle était trop concentrée sur son objectif. Après la dispute avec son père, elle s’était décidé à remettre de l’ordre dans sa vie. Elle allait parler à Veronica. Elle allait s’excuser. Elles allaient pouvoir redevenir amies. Veronica allait l’aider.
Jake vit Lilly monter dans un 4x4. Il soupira. Elle venait encore de lui échapper. Mentalement, il se repassa la liste des amis de sa fille. Après une altercation avec son père, elle irait trouver refuge chez ses copines. Jake balaya d’entrée Veronica. Lilly avait nourri un tel ressentiment à son égard depuis la mort de Duncan. Il choisit d’appeler Madison Sinclair. A la première sonnerie, la jeune fille décrocha.
- Bonsoir, Madison. C’est Jake Kane. Est-ce que Lilly est chez toi ?
- Non. Elle n’est pas là. Elle ne m’a pas dit qu’elle passait. Pourquoi ?
- Pour…
Jake faillit dire pour rien mais se ravisa. Finalement, il choisit de questionner l’adolescente. Puisque sa fille ne voulait pas parler, il obtiendrait ses réponses par ses amies.
- J’ai découvert Lilly une bouteille de vodka à la main dans sa chambre. Elle vient de partir et...
- Je vous préviens si elle vient ici.
- Merci mais tu vas peut-être déjà pouvoir m’aider. Depuis quand Lilly boit-elle ?
- Euh… Vous voulez dire depuis quand Lilly boit plus d’alcool que d’eau en une journée ?
- C’est ça.
- Dois-je vraiment vous le dire ? Depuis qu’Il est parti…
Mac entendit Jake soupirer. Lui aussi avait dû regarder les informations. Lui aussi avait dû apprendre par la presse que Lianne Mars avait tué son fils. Sachant cela, Mac pouvait presque l’entendre penser : une alcoolo m’a pris mon fils, hors de question que la bouteille me prive de ma fille.
- Cela doit cesser. Je vais l’inscrire en cure.
- Jamais Lilly n’acceptera si vous lui présentez cela de front… Laissez-lui du temps. Avec l’arrestation de l’assassin, cela fera peut-être un déclic…
- Ne soyez pas naïve mademoiselle Sinclair.
- Je ne le suis pas. Mais je connais Lilly. Elle n’aime pas qu’on lui impose les choses. Je peux m’occuper d’organiser son admission en cure mais pas dans l’immédiat…
- Nous pouvons très bien nous en charger.
- Monsieur Kane, je le sais. Mais un ado accepte plus facilement l’aide qui vient d’un de ses pairs.
Le silence résonna dans le combiné. Jake comprit mieux pourquoi Duncan aimait tant ses weekends de débat. Discuter avec un esprit aussi fin que celui de Madison était stimulant et plaisant, aussi Jake accepta son offre.
- Très bien. Organisez son admission, laissez les dates en blanc. Transférez-moi le dossier pour que je puisse régler la question financière.
- Ce sera fait.
Fin flashback
Avril
Lilly avait pris la nouvelle de son inscription en cure de désintoxication avec humeur. Elle avait du mal à accepter que ses parents aient voulu régenter sa vie. Elle se décrivait comme un esprit libre et acceptait mal d’avoir été ainsi dupée par ses parents et son amie. Toutefois, elle ne leur en tint pas rigueur. Lilly était frivole mais pas stupide. Elle savait qu’elle devait se soigner pour aller de l’avant. Elle accepta d’entrer en cure dès le début du mois d’avril ; elle ne pouvait pas quitter le lycée sans avoir au préalable donné le change. Pour la foule de Neptune High, Lilly partait en stage dans une grande maison de mode. Seules Mac et Veronica assistèrent à son départ. Lilly avait toléré leur présence mais avait clairement interdit aux garçons de venir.
- Allez, Lilly. Ce ne sera que quelques semaines à passer. Tu as fait le plus difficile en acceptant de te rendre là-bas, dit Mac en la serrant dans ses bras.
Veronica restait plus en retrait. Elle avait tant de fois joué la scène des au-revoir à un alcoolique partant en cure.
- J’espère bien. Je compte revenir agiter mes pompoms pour la finale du championnat ! Wallace a besoin de moi pour rapporter le trophée chez nous, tenta de plaisanter Lilly.
- Ce n’est pas le seul à avoir besoin de toi, murmura Veronica.
Mac eut un petit sourire en entendant la douce remarque. Lilly resta un peu ébahie. Depuis la résolution de l’affaire Kane, les deux adolescentes n’avaient pas réussi à partager une conversation amicale. Elles avaient toujours quelque chose à se reprocher : un manque de compassion, un trop grand intérêt pour Logan, un manque de volonté, un égoïsme croissant… L’aveu amical de la jeune détective était surprenant. Aussi Lilly choisit d’étreindre son amie et de cesser son petit manège de copine jalouse.
- Je sais qu’il a lui aussi une épreuve à affronter mais il n’est pas seul. Tu vas bien t’occuper de lui…
- Lilly… Je t’ai déjà dit qu’il n’y avait rien entre nous… Mais si tout ça te gêne, je peux…
Lilly se dégagea de l’étreinte et prit Mac à témoin.
- Elle est toujours aussi aveugle quand il s’agit d’elle…
A ces mots, Lilly monta dans la voiture qui la mènerait à Oceanside. Veronica la regarda partir perplexe.
- Il y a quelques semaines, elle m’aurait clouée sur place parce qu’on discutait. Aujourd’hui, elle me pousse dans ses bras…
- La complexité… C’est ce qui fait son charme, non ? dit Mac en agitant la main pour saluer Lilly.
- Et ses superbes abdos !
- Je parlais de Lilly…
Veronica attendit que la voiture tourne au carrefour pour partir dans un fou rire.
- Et tu vas encore me dire que votre relation est platonique…
Centre Oceanside – banlieue de Neptune – mi avril
Lilly barra une case supplémentaire sur son calendrier personnel. Une semaine qu’elle était enfermée ici. Une semaine qu’elle voyait psychologues, médecins, spécialiste des addictions. Elle les avait pris de haut à son arrivée. Mais dès les premières heures de la nuit, elle le regretta. Elle sentait les affres du manque revenir. Si la surveillance constante de Wiedman l’avait amenée à réduire sa consommation, elle avait toujours pris sa dose quotidienne d’alcool. Ce soir, elle n’avait rien. Pas une goutte de bière, de vin ou même de vodka. Rien de rien. Son corps se mit à trembler. Elle se recroquevilla pour rassembler sa chaleur et chasser les frissons mais c’était peine perdue. Assise en boule entre le lit et la table de chevet, Lilly donnait des coups de tête à la cloison.
- On fait ça pour ton bien. Mais bien sûr. Vous faites ça pour me cacher. Vous avez honte de moi. Tant qu’il était en vie, on me trouvait drôle. Lui mort, il ne reste que moi pour représenter la famille et vous avez honte. Et je vous comprends, je suis misérable…
Les coups portés sur le mur alertèrent les soignants. Un jeune médecin ouvrit la porte et s’approcha de sa patiente. Il posa délicatement ses mains puissantes sur les épaules de Lilly. Le contact suffit à la faire taire et à stopper les coups.
- Lilly.
Le soignant avait dit son prénom dans un souffle. La délicatesse de sa voix et l’odeur musquée de son parfum firent relever la tête à Lilly. Elle croisa le regard bleu azur de ce très jeune médecin. Elle ne l’avait pas vu à son arrivée. Elle prit le temps de l’observer parce qu’il en valait le détour. Ce n’était pas un énième quadragénaire bedonnant. Grand, vraisemblablement la petite trentaine, un corps façonné par le sport, les cheveux décolorés par l’eau de mer, un visage avenant au sourire coquin. Imperceptiblement, la posture de Lilly changea. Elle se redressa, bomba la poitrine. Ce qu’elle prit pour un changement invisible amusa beaucoup le docteur. Il offrit à sa patiente son plus beau sourire.
- Je suis là pour vous guérir. Je suis là pour vous empêcher de dire de telles bêtises. Et je sais que vous ne croyez pas un mot de vos propres paroles.
Tout en continuant de parler, le médecin aida Lilly à se relever.
- Une femme misérable ne saurait pas mettre en avant ses atouts aussi facilement pour séduire un homme.
Lilly baissa tout à coup les yeux sur sa tenue. Elle était vêtue pour la nuit. Elle portait un mini short blanc et un marcel assorti. Elle avait ôté son soutien-gorge. Elle feignit une petite moue désolée. Le médecin la raccompagna à son lit et lui proposa de l’aider à dormir.
- Les premiers jours sont les plus durs. Je suis là pour vous aider à les traverser. Je peux vous donner un somnifère.
- Non, merci. Je suis là pour me défaire d’une drogue. Ce n’est pas pour la remplacer par une autre.
- Qu’est-ce que je vous disais… Vous savez pourquoi vous êtes là. Vous allez vous en sortir. Vous êtes forte, dit le médecin en posant sa main sur l’épaule nue de Lilly.
- Je ne veux pas du somnifère mais si vous voulez rester me tenir la main…
Le docteur toussa gêné avant de quitter la chambre. Alors qu’il allait refermer le chambranle, il offrit à Lilly une bonne motivation pour guérir.
- Dans le centre, jamais. Dehors, un jour peut-être…
Depuis cette première nuit, Lilly barrait méthodiquement les jours et respectait tous les exercices donnés par les soignants. L’équipe médicale, grâce à Luke Baker (c’était le nom du beau docteur), avait réussi à trouver un bon palliatif au besoin en alcool de Lilly. Dès que le manque se faisait sentir, Lilly allait avaler les kilomètres sur le tapis de course. Elle se gardait bien d’avouer au jeune docteur qu’elle courait après la date de sa sortie. Elle courait après leur premier rendez-vous.
