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Série : Veronica Mars
Création : 08.02.2017 à 18h55
Auteur : Marion
Statut : Terminée
« La fiction prend en compte les trois saisons et reprend l’histoire environ 8 ans plus tard. Elle ne tient pas compte du film ni des livres de Rob Thomas. » Marion
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Synopsis
La fiction prend en compte les trois saisons et reprend l’histoire environ 8 ans plus tard. Elle ne tient pas compte du film ni des livres de Rob Thomas. On retrouve Veronica au sein du département criminel du FBI de Miami.
Prologue
Il fit tourner l’alcool dans le verre, savourant les effluves du liquide envahissant son nez. Il ferma les yeux, tentant d’oublier sa journée, d’oublier ses maux. Il voulait faire abstraction de cette douleur qui lui fendait le ventre, lui broyait les côtes. Il avait besoin d’oublier, de noyer la douleur, d’une façon ou d’une autre. Alors à nouveau, il vida le verre d’une traite, le reposa d’un geste sec sur le comptoir et commanda le suivant. Ses traits étaient tirés, il n’avait plus rien du beau gosse qu’il avait été autrefois. Il n’était que l’ombre de ce charmeur, ce beau parleur qu’il avait été un jour. Il avait tenté d’éviter tout ça. Il avait voulu la protéger comme toujours. Sauf que cette fois… Cette fois, tout était allé de travers. Il n’avait rien vu venir, le cambriolage et puis… Il inspira profondément, attrapa le nouveau verre qui se tenait devant lui et tenta de retrouver son calme. A chaque fois qu’il y pensait, il se rendait malade. Il sortit son téléphone et consulta les messages avant de glisser sur ses contacts. Il pourrait… Oui, il pourrait l’appeler. Elle saurait quoi faire, mais pour cela il faudrait d’abord qu’elle décroche. Il posa le téléphone sur le comptoir et tourna les yeux vers le miroir accroché au mur et soupira bruyamment. Il n’avait rien avalé d’autre que du whisky depuis plus de trois jours, il avait été incapable de manger quoi que ce soit. Dans sa tête, les cris retentissaient toujours. Et pour ça, il n’y avait que le whisky qui aidait. Au moins un moment, juste un moment, mais c’était suffisant pour que son corps arrête de trembler. Il avala le dernier verre rapidement, déposa quelques billets sur le comptoir et sortit du bar d’un pas rapide. Il fallait qu’il le fasse. Il était déterminé, meurtri mais déterminé. Et pour ça, elle était la seule à pouvoir l’aider, peu importe le passé. Il avança dans le parking en direction de sa voiture lorsque des pas retentirent derrière lui. Il sourit en coin et se retourna pour faire face à un gros bras.
X – Laisse-moi deviner, tu t’es dit que tu pourrais sûrement tirer encore quelques billets à l’alcoolo qui vient de finir son dernier verre ?
GROS BRAS – Tu n’es pas si bête pour un alcoolo mon petit gars. Si tu es sympa, je ne te casserai pas ta jolie gueule.
X – Ah ouais ? Et toi, si tu fous pas le camp je te transforme en passoire. Déclara-t-il en sortant son arme. J’ai eu une très mauvaise semaine mon pote, personne ne m’en voudra de dégommer le gros bras qui a déjà fait les poches aux dix-huit autres clampins du coin. Et tu vois ça ? Ça, c’est un badge de la criminelle, les meurtres ça me connaît !
GROS BRAS – Ok, tout doux beau gosse. Je vais aller faire un tour ailleurs.
X – Je crois que c’est plus sage.
Alors que le gros bras s’éloignait, il rangea son arme et rejoignit sa voiture. Il alluma le contact, fit vrombir le moteur de la V8 et s’engagea sur la route. Une fois chez lui, il laissa tomber le masque. Il retira ses habits un par un, tel un automate. Il se glissa dans la douche et alluma le jet d’eau froide, pour réveiller son corps, réveiller son esprit, juste pour se sentir en vie tout simplement.
Il traversa le salon, vêtu d’une simple serviette, son torse musclé était couvert d’hématomes et de quelques cicatrices récentes. Sur les étagères, quelques photos d’une petite blonde aux yeux verts avec un sourire malicieux trônaient dans l’appartement. Il tourna en rond pendant un moment, essayant de trouver une meilleure solution, en vain. Il attrapa son téléphone, regarda l’horloge au mur et composa un numéro qu’il n’avait jamais oublié.
Les premiers rayons de soleil filtraient au travers de la baie vitrée, envahissant la pièce peu à peu. Elle se retourna dans le lit, dégagea quelques cheveux blonds de son visage et s’enroula dans les draps avant de refermer les yeux. Il était trop tôt. Elle n’avait aucune envie de se lever ce matin. La semaine avait été difficile et l’enquête qu’elle venait de clôturer plutôt compliquée à gérer. Elle savoura encore un moment le moelleux de son lit avant de se décider à le quitter. Au même instant, son téléphone sonna. Elle grogna et attrapa l’appareil sur la table de chevet jetant un œil sur le correspondant. Elle se figea un moment, se redressa dans le lit et regarda le téléphone à nouveau. Que lui voulait-il ? Que pouvait bien vouloir Logan Echolls, un vendredi matin, alors qu’ils ne s’étaient plus croisés depuis au moins huit ans ? Elle prit une grande inspiration avant d’appuyer sur l’écran pour prendre l’appel.
Cette voix fit remonter beaucoup de souvenirs en elle. Son cœur s’accéléra en entendant la détresse qui émanait de cette phrase, et elle savait que si Logan l’appelait à cette heure-ci, lui demandant de l’aide, c’était qu’il y avait un souci. Elle ne savait pas comment répondre, laissant un blanc dans la communication.
Alors il tenta sa chance. Appuyé contre le mur du salon, toujours vêtu d’une simple serviette, il reprit.
LOGAN – Je ne sais pas si tu as entendu parler de l’affaire Holly Grant… Commença-t-il.
Elle s’installa correctement dans son lit, ne sachant toujours pas quoi dire et comment réagir à cet appel.
Veronica voix off : Bien sûr que je connais l’affaire Holly Grant. Une gamine de six ans qui s’est fait tuer à coup de couteaux par des barjots lors d’un cambriolage, ça ne passe pas inaperçu, on en a parlé hier toute la journée, j’en ai d’ailleurs perdu mon appétit.
VERONICA – Oui, mais je croyais que tu étais chez les fédéraux aussi…
LOGAN – Je ne suis plus sur l’affaire, c’est pour ça que j’ai besoin de ton aide V.
VERONICA – Logan, je ne sais même pas…
LOGAN – C’était ma fille, Veronica. C’est pour ça qu’on m’a retiré l’enquête. Ils ont tué ma fille.
Le sang de Veronica se glaça dans ses veines. La voix de Logan venait de se briser au bout de la ligne, la laissant blême. Elle avait lu les dossiers, vu les photos, elles avaient circulé la veille dans les locaux de son département. Le cambriolage s’était passé début de la semaine. La mère de la gamine avait voulu s’interposer, elle a fini dans le coma. Et ils avaient fini par poignarder la petite de peur qu’elle ne parle. Elle entendit Logan reprendre une inspiration avant d’ajouter quelque chose :
LOGAN – Je n’ai pas besoin de ton badge V. J’ai besoin de toi, de tes tours de magie. Je veux retrouver les salauds qui ont fait ça à Holly.
Veronica frissonnait, elle ne pouvait pas, mais avait-elle le choix ? Elle ne pouvait décemment pas dire non à Logan, il en était hors de question. Elle fit voler son drap, se leva et fit les cent pas dans la pièce en réfléchissant. Elle regarda au travers de la baie vitrée et fixa l’océan. Son cœur se serra, elle inspira profondément à son tour et ferma les yeux.
VERONICA – D’accord. Donne-moi les infos qu’il faut, je vais voir si je peux trouver un avion pour…
LOGAN – Le vol est déjà réservé. Annonça-t-il.
VERONICA – Tu savais que je viendrais…
LOGAN – Non, j’espérais juste que tu acceptes de m’aider… Il n’y personne d’autre sur ma liste de personnes à contacter en cas d’urgence.
Veronica ne savait pas si elle devait être flattée ou triste. Elle pénétra dans le dressing et attrapa une valise. Elle s’accroupit devant avant de souffler :
VERONICA – Je suis en route.
Aéroport de San Francisco – Hall des arrivées
Elle passa la sécurité, retira son bagage à main de la bande en caoutchouc et s’avança dans le hall des arrivées d’un pas sûr et ferme. Elle venait de passer six heures dans l’avion et avant ça une heure au téléphone avec son supérieur pour essayer de le convaincre de l’affilier à la criminelle de San Francisco pour couvrir le dossier Holly Grant.
« Consultante au mieux, Agent Mars. C’est tout ce que je peux faire pour vous, et sachez que ces heures-là ne seront pas comptées sur vos horaires de travail »
Elle avait ri, il savait comme elle qu’elle n’avait pas posé de congé depuis deux ans et que si l’envie lui venait de poser son solde, il serait aussi embêté qu’elle. Il avait cédé, et lui avait donné deux semaines. Au terme desquelles, affaire résolue ou pas, elle devrait plier bagage et rentrer en Floride. Elle passa sa main dans ses cheveux et chaussa sa paire de lunettes. Elle se fraya un chemin entre les touristes et divers voyageurs à la recherche d’un taxi lorsqu’elle croisa son regard. Appuyé sur la grosse cylindrée décapotable, vêtu d’un t-shirt blanc moulant, un jeans délavé, lunettes de soleil sur la tête, il l’avait repéré depuis sa sortie. Elle le détailla et son cœur se brisa lorsqu’elle perçut la douleur dans son regard. Elle avait fouillé toute la journée, tentant de rassembler les pièces du puzzle, de mettre du sens dans cette affaire mais en vain. Ces hommes avaient tué une enfant de six ans sans aucun scrupule. L’enfant de Logan. Elle frissonna et s’avança vers lui, un faible sourire sur les lèvres. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il lui rendit son sourire.
LOGAN – Huit ans de silence radio, et pourtant je savais que je pouvais compter sur toi…
Elle hésita une seconde mais lorsqu’il fit un pas vers elle, elle passa ses bras autour de son cou et se colla à lui pour l’enlacer.
VERONICA – Je suis désolée Logan. Je suis tellement désolée.
Il ne répondit pas, savourant simplement l’étreinte, la chaleur humaine que lui offrait son ancien amour. Il ferma les yeux un moment. Même si la douleur ne s’estompait pas, de la savoir à ses côtés la rendait un peu plus supportable.
Appartement de Logan – San Francisco
Il ouvrit la porte et s’effaça pour la laisser entrer. Veronica fit quelques pas, hésitante de pénétrer dans l’intimité de la nouvelle vie de Logan. Dans l’intimité de sa famille, de sa femme, de cette fille qu’il avait perdue. Logan attrapa la valise de la jeune femme et se tourna vers elle.
LOGAN – La cuisine est là au fond du couloir, la salle de bain et les chambres sont après le salon. A droite c’est la mienne, à gauche il y a une chambre d’amis, prête avec tout ce qu’il te faut.
Veronica fronça les sourcils en découvrant le salon, quelques photos de sa fille, mais pas de clichés familiaux. Peu de couleurs, des toiles sobres, des meubles simples mais modernes. Une touche féminine manquait définitivement. Elle ne releva pas de suite et prit la direction que Logan lui indiquait. Elle posa la valise sur le lit et se retourna vers lui, incertaine. Il s’adossa au chambranle en bois de la chambre et baissa la tête. Doucement elle demanda :
VERONICA – C’est quoi l’histoire…
Elle avait tenté de mettre autant de douceur que possible dans le ton de sa voix, mais elle savait qu’il la connaissait bien et que si elle était là, c’était pour l’aider. Et pour ça, il fallait qu’elle sache ce qui s’était passé, tout ce qui s’était passé. Logan sourit faiblement, c’était le second sourire auquel elle avait droit. Logan semblait vraiment atterré, il avait perdu son sarcasme habituel et elle ne pouvait l’en blâmer.
LOGAN – On était déjà séparé lorsque Carly a appris qu’elle attendait un enfant. En fait, elle était même déjà avec quelqu’un d’autre. Il m’a fallu un peu de courage au départ pour la confronter et lui demander de faire un test de paternité. C’était quelqu’un de bien, mais on n’avait rien en commun. Apparemment la vie en a décidé autrement, Holly est arrivée sans qu’on y soit préparé. Elle a perdu son job, son nouveau fiancé et j’ai décidé de l’aider. On se partageait la garde de la petite, tout se passait bien…
Sa voix se brisa. Il s’interrompit un moment, leva la tête, les yeux remplis de larmes. Il alluma la lumière du couloir et se tourna vers la porte d’à côté. En lettres roses et vertes, le nom de la petite fille était taillé dans le bois et collé sur la porte. Logan l’effleura et ouvrit la porte, Veronica se redressa, le suivit en silence. La pièce avait été laissée telle qu’elle, inchangée comme si elle allait revenir le lendemain. L’estomac de Veronica se noua, son cœur se mit à cogner très fort dans sa poitrine. Elle ne pouvait pas imaginer ce que Logan ressentait en ce moment mais elle savait qu’il devait se sentir très mal. Il s’avança vers le lit, s’installa au pied de celui-ci comme il le faisait lorsqu’elle lui réclamait son histoire du soir. Attrapa la petite licorne beige et violette sur l’édredon et la serra contre lui avant de reprendre.
LOGAN – Elle passait du temps chez moi lorsque je ne bossais pas et puis le week-end, le reste du temps elle était chez sa mère. Elles vivaient seules toutes les deux, c’est pour ça que je me suis rapproché, je voulais être présent au cas où. Je l’ai ramenée dimanche soir, comme tous les dimanches soirs. J’ai mangé avec elles, j’ai couché Holly et je leur ai souhaité une bonne semaine. On s’est appelé comme tous les lundis soirs et puis l’horreur. J’étais en mission mardi et c’est là que j’ai eu un appel en fin de soirée. Carly qui me suppliait de l’aider, mais elle n’a pas eu le temps de finir sa phrase. Je l’ai entendu tomber dans les escaliers, ma fille crier et puis plus rien. J’étais à une heure de route, j’ai appelé mes collègues et quand je suis arrivé j’ai…
Les larmes se mirent à couler sur ses joues, sa voix renonçait à énoncer un mot de plus. Il serra ses mains sur la petite licorne tandis que Veronica tentait de retenir ses larmes et avala avec difficulté. Elle renifla et inspira profondément avant de répondre :
VERONICA – Tu vas t’en sortir Logan. On va retrouver les salauds qui ont fait ça, je te le promets. Elle s’avança vers lui et s’agenouilla au pied du lit, posant ses mains sur celles de Logan.
LOGAN – Qui peut faire ça à un enfant…
Veronica ne répondit pas, elle resta simplement là près de lui, en silence.
Departement Criminel – San Francisco
Elle pénétra dans le hall du bâtiment, un attaché case à la main, elle se présenta à l’accueil alors que Logan prit la direction de l’ascenseur. Comme prévu, la réceptionniste lui remit un badge et lui indiqua le chemin à suivre. Elle rejoignit Logan dans l’ascenseur où ils n’échangèrent aucun mot. A vrai dire, ni l’un, ni l’autre n’avait trouvé le sommeil la nuit dernière et ils n’avaient plus ouvert la bouche depuis leur conversation. Lorsque la cabine s’ouvrit sur l’étage, Logan lui indiqua d’un signe de la tête où elle devait aller et s’éloigna dans son bureau. Elle le regarda s’avancer vers son bureau, le cœur lourd. Elle prit une inspiration et se dirigea vers le bureau principal avec assurance. Elle toqua à la porte et attendit une réponse pour entrer.
VERONICA – Lieutenant Corp, Agent Mars du bureau de Miami. On m’a envoyée pour l’affaire en cours Holly Grant. Commença-t-elle en pénétrant dans la pièce.
L’homme ne se leva pas de suite, et ne leva pas les yeux non plus de son dossier mais répondit :
CORP – Je sais qui vous êtes, Agent Mars. J’ai votre dossier sous les yeux.
Veronica se figea et attendit la suite.
CORP – Je ne suis pas idiot, Agent Mars. Je ne vais pas vous laissez fouiller dans les dossiers.
VERONICA – En fait Lieutenant, vous n’avez pas vraiment le choix. Et pour information, vos dossiers ne m’intéressent pas. Le seul que je souhaite suivre c’est le dossier Holly Grant, comme je vous le disais tout à l’heure.
Il voulut répondre à la jeune femme quand son téléphone se mit à sonner.
CORP – Lieutenant Corp.
…
CORP – Qu’est-ce qu’il fiche ici ?
…
CORP – Amenez-le moi.
Veronica ne put s’empêcher de retenir un petit rire et savait déjà de qui il parlait. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et relança la discussion.
VERONICA – Lieutenant Corp, je suis un agent de terrain très bien formé. J’ai été consultante sur une vingtaine d’affaires similaires, je ne suis pas là pour mettre une note à vos agents, ni même pour fouiner, mais bien pour connaître le fin mot de l’histoire au sujet de l’assassinat de la petite Holly Grant. Laissez-moi simplement vous aider. Proposa-t-elle d’un ton mielleux mais sans équivoque.
Alors que celui-ci voulu répondre, la porte du bureau s’ouvrit, les interrompant à nouveau. Veronica ne fut pas surprise de découvrir Logan sur le pas de la porte.
LOGAN – James m’a dit que vous souhaitiez me parler Lieutenant ?
Corp se tourna vers Logan, ignorant un moment Veronica et demanda :
CORP – Qu’est-ce que vous fichez ici Echolls ?
LOGAN – Certaines personnes appellent ça travailler, Lieutenant !
CORP – Echolls, ne jouez pas avec mes nerfs, rentrez chez vous !
LOGAN – Je n’irai nulle part. Je reste ici, jusqu’à ce qu’on ait mis la main sur l’enfoiré qui a fait ça à ma fille. Lâcha-t-il amer.
CORP – Echolls, je ne peux pas, et je ne vous laisserai pas enquêter sur cette affaire.
LOGAN – Alors je m’accommoderais de traîner dans les couloirs.
Corps se mit à soupirer bruyamment et avant qu’il ne puisse répondre, Veronica s’interposa.
VERONICA – Je pourrais en avoir besoin. Cela vous évitera de le surveiller, et moi j’aurai de l’aide pour avancer dans le dossier.
CORP – Il n’a pas autorité pour ce dossier.
Veronica soupira à son tour, elle avait assez joué de sa diplomatie. Elle sortit une enveloppe de sa mallette et la colla dans la main de Corp avant de tourner les talons.
VERONICA – J’ai voulu être gentille, j’ai été affiliée officiellement au dossier Holly Grant en tant que Consultante et j’ai le droit d’accéder à toute la scène de crime, aux dossiers ainsi qu’à tous les témoins. J’ai un accès illimité à toutes les informations sur ce dossier, et comme le précise le document, je suis responsable de l’agent Echolls tant que je suis sur cette affaire. Votre supérieur en a décidé ainsi avec le mien.
Veronica voix off : Heureusement qu’il me reste quelques tuyaux sinon je serais réduite à me satisfaire des miettes. Allez Echolls, bouge-toi de là et allons choper ces enflures.
Elle fit un signe de la tête en direction de la porte et Logan comprit immédiatement, ne laissant pas le temps au Lieutenant Corp de répliquer. Mais alors qu’elle allait refermer la porte, la voix du vieil homme retentit à nouveau dans le bureau.
CORP – Mademoiselle Mars ! Je vous ai à l’œil.
Veronica voix off : Je n’en doutais pas une seconde !
VERONICA – Alors on commence par quoi ? Demanda-t-elle en se tournant vers Logan.
LOGAN – On va s’installer dans la salle de conférence, c’est là où l’on place les indésirables.
VERONICA – C’est comme si rien n’avait changé, n’est-ce pas ?
LOGAN – Oh non, je parlais de moi là ! Mais l’avantage pour toi, c’est que tu pourras tout contrôler depuis cette salle.
Il l'entraîna dans le couloir et arriva à hauteur d’une salle de conférence vitrée sur trois côtés et se tourna vers Veronica avec un sourire. Elle le détailla un instant et son ventre frissonna en remarquant que dans ses yeux, la flamme s’était réveillée un peu et qu’il semblait un peu moins abattu que la veille. Elle ne savait pas si c’était grâce à elle ou si c’était simplement le fait de se savoir remis sur l’enquête qui lui avait redonné de l’aplomb mais elle en était heureuse.
Veronica avait parcouru tous les dossiers que Logan lui avait remis et tentait en vain de retenir la nausée qui s’emparait d’elle à chaque fois qu’elle regardait les images de la scène de crime. Logan restait impassible, assis en silence sur sa chaise à lire les rapports d’autopsie. Elle tenta un regard vers lui, sans lever les yeux vers elle, il lança :
LOGAN – Si tu te demandes si j’ai vu les photos, la réponse est non. Et non, ce n’est pas la peine de me les cacher, je l’ai vue de mes propres yeux. Ils n’avaient pas déplacé son corps avant que j’arrive, et aucun d’eux n’a eu assez de force pour me barrer le passage.
Veronica tourna les yeux vers lui, encore une fois horrifiée et désolée pour lui. Elle cherchait ses mots, comme la plupart du temps depuis qu’elle l’avait retrouvé. Elle n’arrivait à pas à digérer l’information alors que Logan semblait tout faire pour aller de l’avant. Ce que Veronica ignorait c’est comment il gérait son problème. Depuis mardi, les additions au bar du coin avaient été plus salées et plus fréquentes que d’habitude. Les bouteilles de whisky s’étaient étonnement empilées aussi dans le bac de la cuisine. Le soir venu, lorsqu’il se retrouvait seul, seul face à son désespoir il avait besoin de cran. Et de sommeil aussi, et sans l’alcool le sommeil ne venait pas. C’était tout ce qu’il avait trouvé comme solution jusqu’à présent. Il inspira profondément et la regarda se replonger dans le dossier sans un mot. Il l’avait connu plus bavarde mais il avait bien vu que la situation la touchait. Elle ne savait pas comment gérer sa peine et il en était touché. Jusqu’à présent, il avait dû subir les regards de pitié et les plaintes de ses collègues, ce qui l’avait rendu plutôt nerveux. Mais de la sentir présente près de lui, même silencieuse, était le plus grand soutien qu’il avait connu jusque-là. Hier soir était le premier soir où il n’avait pas fini la bouteille avant de fermer les yeux. Hier soir était le premier soir où il avait fermé les yeux plus d’une heure et sans faire de cauchemar. Sa présence l’apaisait, apaisait sa peine et sa colère. Avec son sourire et sa compassion, elle lui avait redonné espoir. Et cela, à ce moment-même, valait de l’or pour lui. Avec elle il avait une chance de clore ce dossier et de faire face aux salopards qui avaient tué sa fille.
La porte de la salle de conférence s’ouvrit, le sortant de sa torpeur, laissant apparaître une jolie blonde aux cheveux ondulées et manucure irréprochable sur le pas de la porte. Une paire d’escarpins rouge vif, un sourire éclatant et des yeux verts étincelants habillaient la blouse blanche.
X – Logan. J’ai les résultats.
Veronica tourna les yeux vers la jeune femme et se redressa en même temps que Logan. Elle détailla la jeune femme et dut admettre que celle-ci était magnifique.
LOGAN – Veronica, je te présente le Dr Jenny Caplan, notre légiste. Jenny, voici l’agent Mars, elle est consultante sur le dossier de Holly.
A l’évocation du nom, un silence envahit la pièce. Veronica le brisa d’une voix douce, tendant sa main au jeune médecin.
VERONICA – Ravie de faire votre connaissance.
JENNY – De même. J’ai eu les résultats des analyses de sang de Carly Grant. L’hôpital vient de m’appeler.
Logan la regarda avec un petit sourire, il savait pourquoi elle venait le voir d’abord. Si ses collègues s’emparaient de l’info avant eux, ils n’y auraient accès que plus tard. Il lui en était reconnaissant.
JENNY – Il n’y a rien. Ni alcool, ni drogue d’aucun genre.
LOGAN – C’est pas surprenant, Carly a toujours été clean, et elle ne boit jamais, surtout pas si elle a la petite.
VERONICA – Les tests de routine. Elle se mordit la lèvre inférieure avant de reprendre avec courage. Est-il possible de voir le corps, Dr Caplan ?
Le visage de Logan se figea, virant au blanc. Il n’avait aucune envie de retourner au sous-sol pour voir le corps de sa petite fille. Il n’avait aucune envie de garder l’image de son corps livide et inerte en mémoire. L’image sanglante de la scène de crime tournait assez en boucle dans sa tête. Veronica remarqua son malaise et s’excusa du regard.
VERONICA – J’aimerais… j’aimerais simplement vérifier le dossier et votre rapport. Si vous me le permettez ?
JENNY – Appelez-moi Jenny et oui bien sûr. Je vais vous accompagner, si vous avez des questions… Répondit-elle doucement.
Veronica se tourna vers Logan, toujours désolée, et déclara :
VERONICA – Tu peux vérifier les objets manquant chez Carly, l’un de tes collègues a fait une liste des choses qui avaient été bougées et déplacées dans le cambriolage. Je pense que tu connaissais bien, tu pourras me dire s’il manque quelque chose, on pourra vérifier cela plus tard, ensemble.
Il hocha la tête pour simple réponse et se mit à la tâche alors que Veronica suivit Jenny dans les couloirs. Devant l’ascenseur, Jenny se tourna vers elle avec un petit sourire mutin et demanda :
JENNY – Vous êtes la fille du lycée, n’est-ce pas ?
Les yeux de Veronica s’arrondirent de surprise alors que le sourire de la légiste se fit plus franc.
VERONICA – Comment… Je veux dire, il vous a parlé de moi ?
JENNY – Parler, c’est un grand mot. Déclara-t-elle en pénétrant dans la cabine lorsque les portes s’ouvrirent. Disons qu’il a une photo de vous dans son portefeuille, coincée entre celles de sa mère et de Holly, et puis ses yeux ne trompent personne.
Veronica sourit, gênée.
VERONICA – Je ne savais pas. On ne s’était pas parlé depuis un long moment. Annonça-t-elle en la suivant dans l’ascenseur.
JENNY – Je sais ça aussi. Dit-elle avec un regard un peu espiègle. Et je sais aussi qu’il est heureux que vous soyez là.
VERONICA – Je ne sais pas si je peux apaiser la peine qu’il ressent, mais s’il y a une chose que je sais faire c’est…
JENNY – Résoudre une enquête. Il m’en a parlé, oui. Et puis vos états de service sont plutôt impressionnants considérant votre âge.
La cabine s’ouvrit un petit hall de couleur pastel, desservant la salle d’autopsie et la morgue. Veronica haussa les sourcils, surprise de voir combien Jenny en savait à son sujet.
Veronica voix off : Y-a-t-il quelque chose que vous ignorez de moi, Doc ?
Elle suivit la jeune femme dans la salle d’autopsie et se stoppa une fois que le battant de la porte se referma derrière elle. Voyant le drap recouvrir le petit corps sur la table centrale la fit se sentir mal. Elle réalisa d’un coup l’ampleur de la chose. Bien sûr qu’elle avait eu de la peine pour Logan, bien sûr qu’elle avait été horrifiée par son récit et par le dossier qu’elle avait décortiqué. Mais jusque-là, tout n’était que papier, paroles. Là, elle allait devoir faire face au cadavre de la petite fille, et pour la première fois de sa vie elle sentit son estomac se retourner, ses tripes se serrer. Voyant les yeux de Veronica s’écarquiller, la légiste désigna le lavabo dans le coin droit de la pièce du doigt. La nausée s’empara d’elle, elle fonça vers l’évier et se plia de douleur, mais rien ne vint. Elle reprit son souffle, se rendant compte que ce n’était que le stress. Fermant les yeux, doucement elle inspira, puis expira profondément pour se détendre. La légiste ne jugea pas, elle attendit patiemment que Veronica reprenne ses esprits et la rejoigne près de la table. Une fois à sa hauteur, elles échangèrent un regard, Veronica hocha la tête comme pour lui confirmer que c’était bon. D’une main agile presque douce, la légiste retira le drap pour découvrir le visage de la petite fille. La peau était blanche, ses yeux clos, ses lèvres seules étaient encore un peu colorés. Ses cheveux blonds et raides entouraient son visage. Elle put voir les auréoles que les tâches de sang avaient laissé autour de la bouche. Elle avala avec difficulté alors que l’image de cette petite fille morte se superposait à la photo qu’elle avait vue la veille dans le salon de Logan. Encore une fois, elle souffla pour évacuer le stress et ne put s’empêcher de dire d’une voix tremblante :
VERONICA - Elle était tellement jolie.
