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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
Après cette arrivée digne d’un diable tiré de sa boite, Dick et Mac sortirent pour parler. A l’intérieur de la maison, le temps semblait suspendu. Les discussions reprirent par chuchotement.
“- Qu’est-ce qu’ils peuvent se dire ? demanda Logan en fixant son couple d’amis qui se parlaient sur la terrasse.
- Aucune idée. Mais il est important qu’ils crèvent l’abcès, dit Veronica en se détournant de la baie vitrée.”
- Et tu t’y connais en abcès, lâcha Eli qui venait de récupérer son casque.
- Qu’est-ce que tu espères ? Que je me répande en excuses ? Que j’implore ton pardon divin alors que vous vous liguez tous pour me faire sentir que je ne suis pas taillée pour résoudre cette affaire ? rétorqua Veronica dont la colère revenait au galop.
- On n’a jamais dit ça, tentèrent Logan et Wallace incrédules.
- Leo, Eli et mon père, c’est déjà suffisant, glissa-t-elle en souriant à son amoureux.”
Eli allait lui renouveler sa confiance quand un bruit sec suivi d’un cri l’en empêcha. Mac venait d’assener une gifle monumentale à Dick qui se tenait la joue comme un enfant fautif.
“- N’espère pas revenir à la maison ce soir, Casablancas.”
A ces mots, Mac rouvrit la baie vitrée, traversa le salon, récupéra son sac et claqua la porte. Veronica chercha Wallace du regard. Ce dernier semblait absorbé par une tache sur sa basket gauche.
Veronica voix off : OK… Je m’y colle.
Sans mot dire, elle attrapa un blouson, embrassa Logan et essaya de rattraper Mac. Sur la terrasse, Dick attendit que la shérif soit partie pour rejoindre les hommes.
“- Je crois que je l’ai pas volée, celle-là…
- C’était le minimum, concéda Wallace.
- Coucher avec Madison alors qu’on est casé, c’est un rite de passage chez vous les 3x09 ? demanda Eli.
- Je n’ai pas couché avec elle, articula froidement Dick.
- Et moi, je suis le bon samaritain de l’année, railla Eli.”
Dick préféra lui tourner le dos plutôt que d’entrer dans son jeu. Il fit face à son ami, son frère de toujours.
“- Tu me crois toi ?”
Logan eut un sourire désolé. Il avait passé tant de temps à consoler Mac ces jours derniers qu’il était presque convaincu de la trahison de son pote. Pourtant, quelque chose, un souvenir fugace laissait le doute persister dans l’esprit de Logan.
“- Les preuves sont là… Madison a envoyé une photo de toi...déclara Wallace.
- Une photo, ça se trafique. Ce n’est pas à toi et encore moins à Mac que je vais apprendre ça…
- Tu as préparé ta défense, reconnut Eli.
- J’ai rien préparé du tout… En tout cas, si j’avais su, je n’y serais jamais allé…”
La curiosité des hommes fut piquée. Wallace osa poser la question qui leur brûlait les lèvres.
“- Si c’est pas pour coucher, pourquoi étais-tu chez elle ?
- A cause d’une vieille histoire, confessa Dick.
- Tu étais son dealer, tenta Logan qui venait de se souvenir dans quel état léthargique il avait récupéré son ami quelques heures après réception de la photo dénudée.”
Dick ouvrit la bouche mais Wallace lui coupa la parole.
“- Madison t’a appelé pour que tu la fournisses. Tu n’as pas pu puisque tu es clean. Elle s’est énervée et s’est vengée en voulant détruire ta relation avec Mac.
- Elle aura retourné contre toi ton vieux truc du gobelet GHB..compléta Logan. ”
Eli avait écouté avec attention l’analyse de Wallace et le commentaire de Logan. A présent, ils guettaient la réaction de Dick qui se faisait attendre. En s’effondrant sur le sofa, Dick confirma.
“- Voilà…
- Mac, elle prend ça comment ? demanda Logan.
- Mac ? Elle ne sait pas… Elle n’a rien voulu entendre tout à l’heure. Elle ne m’a pas laissé parler… Elle attend que Madison aille mieux et ensuite, Mac a dit qu’on s’expliquerait. Tous les trois… Et maintenant, je ne sais plus où aller…
- Hors de question que je débarque avec un surfeur au quartier…maugréa Eli.
- On a bien compris que tu ne comptais pas nous aider. Alors rien ne te retient. Tu sais où est la porte, non ? gronda Logan.”
Eli sortit à reculons mains en évidence en signe de reddition. Wallace l’apostropha.
“- Attends-moi. Faut que je te parle d’un de mes élèves…
- 5 minutes dehors. Le quartier s’agite, dit Eli en secouant son téléphone.”
Avec un casque à ses pieds et sa moto rutilante, Eli ressemblait davantage à Weevil le chef de gang craint de tous qu’à Eli Navarro le grand frère du quartier. Il pestait en espagnol en lisant ses messages.
“- C’est des conneries ce qu’il nous a raconté, commença Eli alors qu’il tapait un sms à toute vitesse.
- Pardon ? bafouilla Wallace qui ne s’attendait pas à une telle entrée en matière.
- Si on en croit Mac, Dick est clean depuis qu’ils sont ensemble. Ça va chercher dans les 3 mois ?”
Wallace opina du chef.
“- Donc il ne fournit plus personne depuis tout ce temps. Madison a dû se trouver un autre dealer. Alors pourquoi Dick prétend être allé chez elle pour lui fournir de la dope ?”
Le professeur ouvrit de grands yeux stupéfaits.
“- Quoi ? s’agaça Eli.
- Rien. Enfin si…D’ordinaire, c’est Veronica qui raisonne comme ça… Venant de toi, c’est… étonnant...
- Bon, maintenant que la surprise est passée, tu vas peut-être me dire quel hispano te pose problème ?
- Rafaël Ibanez.”
Eli tiqua en entendant le nom du vieux qui veillait sur son quartier depuis sa naissance. Il n’aimait pas que ce nom resurgisse dans autant d’événements, d’abord, la fille Lola avec l’agression de Madison, ensuite le petit-fils… La méfiance de Rodrigo prenait tout son sens s’il était mêlé à une sombre affaire.
“- Tu peux développer ?
- Il a tenu des propos étranges ce matin avant l’agression des deux élèves… Il essayait de rassurer un autre élève. Il affirmait que ce qu’ils avaient fait n’était pas grave, qu’ils n’avaient tué personne...
- Tu penses qu’il a fait le coup ?
- Ça s’est déjà vu...concéda Wallace en repensant à leur première rencontre.
- Je vais voir ce que je peux faire… dit Eli en enfourchant sa moto. Mais tu ne peux pas leur reprocher de vouloir faire mordre la poussière à ceux qui ont empoisonné la vie de leurs parents.”
Là-dessus, Weevil s’éloigna dans la nuit. Wallace resta à regarder le feu rouge de la moto disparaître dans le lointain. Ce n’était pas lui qui chevauchait la monture mais il se sentait bien l’âme d’un cavalier solitaire. Seul adulte prêt à épauler ces jeunes en quête d’égalité. Harassé de fatigue, il rentra se coucher. Demain était un autre jour.
Denise trouva le poste illuminé comme un sapin de Noël dans un centre commercial, pourtant elle réussit à faire sursauter Leo. Le trentenaire était penché sur une pile de feuillets sur son bureau, un surligneur glissé entre les dents. Il s’agissait des conclusions de l’équipe de fouines. Il croisait la liste des bijoux fournie par Madison et l’inventaire de la scène de crime. A grands coups de fluo, il mettait en évidence les bijoux pas si disparus que ça.
“- Un coffre forcé mais aucun bijou disparu… C’est...
- Coucou…”
Leo, qui ne s’y attendait pas du tout, fit un bond en arrière. Denise, bien qu’un peu vexée, choisit d’en plaisanter.
“- T’es bien tendu…”
Leo baissa la tête, honteux de s’être fait surprendre. D’une main ferme, Denise le fit asseoir à son bureau et entreprit de lui masser le dos. Par-dessus son épaule, elle lisait ses notes, que Leo avait imprimées.
“- Ah oui… C’est étrange cette histoire de bijoux sortis du coffre mais pas dérobés…
- Pourquoi ils l’ont forcé si ce n’était pas pour l’or ?
- Les billets verts ? C’est plus facile à écouler, tenta Denise dont le massage descendait de plus en plus bas dans le dos de Leo.
- Ils avaient plus de chance de trouver du cash en retournant la maison...
- C’est ce qu’ils ont fait, reconnut Denise.
- Non, s’écria le trentenaire en cambrant le dos.”
Denise replaça sagement ses mains sur les épaules du policier. Leo toussota pour masquer sa gêne et reprit ses explications.
“- Ce n’est pas pour le peu de cash que Madison avait qu’ils étaient là. Tu ne t’amuses pas à couper l’alarme, le circuit vidéo et tu ne forces pas un coffre sécurisé 5 étoiles pour y trouver que 1500 dollars, argumenta-t-il en montrant les photos du salon sans dessus, dessous.
- Comment tu l’expliques alors ? demanda Denise en tirant une chaise pour s’installer tout près de l’agent.
- Ils ont retourné la maison après avoir vidé le coffre... Soit pour masquer leur véritable objectif…
- D’après ce que tu me dis, ils n’ont rien pris…
- D’après ce que Madison Sinclair nous a dit, ils n’ont rien pris, rétorqua Leo.”
Denise, étrangère aux méthodes des flics de terrain et surtout à tous les conflits entre Madison et l’équipe de Veronica, ne comprenait pas cette soudaine méfiance.
“- Ou alors, ils ont retourné la maison parce qu’ils n’ont pas trouvé ce qu’ils convoitaient… hasarda-t-elle.
- Pourquoi perdre ce temps ? Pourquoi ont-ils pris le risque de se faire repérer par Madison Sinclair, puis par Lola Ibanez ?
- Parce qu’ils étaient en colère… Tu sais quand on n’obtient pas ce qu’on veut, on peut facilement s’emporter et péter un plomb, affirma Denise en tapotant la photo du salon retourné.
- Peut-être… Quoiqu’il en soit, je vais avoir une autre conversation avec Madison Sinclair.”
Ressentant une pointe de jalousie, Denise lui conseilla :
“- Tu devrais attendre le retour des relevés d’empreintes avant de t’acharner sur la victime…
- Les visites sont terminées au Neptune Hospital de toute manière. J’irai demain… soupira Leo dont le ventre se mit à grogner.”
Denise sourit et attrapa son sac à mains.
“- Allez, assez travaillé pour ce soir. On va manger. Et ne proteste pas. Il n’est pas bon d’ignorer ses besoins primaires…”
Leo accepta bon gré mal gré. Tandis que Denise sortait, l’adjoint rangea ses affaires et releva le cadre photo sur le bureau de Veronica. Il en caressa la vitre en souriant.
Leo voix off : Parfois, on n’a pas le choix, il faut oublier ses besoins primaires…
Rattraper Mac avait été assez facile. La faire parler beaucoup moins. A l’instar de Veronica, la geek se confiait peu. Elle encaissait les coups sans mot dire et craquait quand elle était seule. Toutefois, Veronica, aidée d’un pot géant de crème glacée vanille cookies réussit à faire parler son amie. Entre deux cuillères, Mac lui raconta sa conversation avec Dick.
“- Il m’a assuré que ce n’était pas ce qu’il y paraissait, qu’il n’avait pas couché avec elle. Du moins, plus depuis qu’on est ensemble. Comme si me rappeler qu’elle connaît son anatomie aussi bien que moi allait m’aider à passer outre !”
Veronica frissonna à cette idée.
“- S’il n’a pas couché, qu’est-ce qu’il y faisait ?
- Si tu crois que je lui ai laissé le temps de me baratiner… »
Veronica opina du chef en se souvenant de la gifle que Dick s’était prise.
« - Une histoire de drogue, peut-être… hasarda Mac.
- Il n’a pas arrêté ?
- De consommer si. J’en étais certaine jusqu’à cette nuit-là. Selon Logan, quand il a ramassé Dick, il était chargé...bafouilla Mac entre deux sanglots.”
Veronica lui caressa le dos. Elle ne savait que peu de choses de cette soirée. Avec Leo, ils étaient sur un gros dossier. Veronica avait découvert l’ampleur des dégâts le lendemain sans en saisir la cause. Malgré la douleur, Mac lui raconta cette fameuse nuit.
“- Après que j’ai reçu la photo, j’ai appelé chez toi… C’est Logan qui m’a répondu. Il a tout de suite eu les mots justes. Il s’est occupé de tout. Il est venu chez moi. Il m’a empêché d’aller les tuer tous les deux…”
Veronica fit une petite moue qui semblait dire : “tu n’aurais pas fait ça…”. Mac lui rétorqua.
“- Souviens-toi dans quel état tu étais quand tu as su pour Aspen…
- Touché, consentit Veronica.
- Bref, une fois qu’il a été certain que je ne ferai rien de stupide, il est allé le chercher. Dick était chargé. Il a envoyé Logan bouler et s’est enfui jusqu’à ce soir…”
Un silence s’installa. Elles avalèrent la dernière moitié du pot de glace avant de reprendre la conversation.
“- Donc, il serait allé chez elle pour la fournir en dope…
- Et elle en a voulu plus. Elle l’a drogué pour coucher avec lui… cracha Mac en essayant de retenir ses larmes.
- C’est… commença Veronica.
- Tellement Madison, conclut la geek.”
Là-dessus, la blonde se leva d’un bond. Elle trépignait sur place.
“- Hors de question qu’elle s’en tire à si bon compte, cette morue ! ”
Mac fixait Veronica l’air perdu.
“- Tu sais ce qu’on va faire ?”
La shérif se rassit contre son amie et lui prit les mains.
“- On va prouver qu’elle a drogué Dick. On va lui faire payer.”
Timidement, Mac esquissa un sourire. Entendre Veronica prendre la défense de Dick alors que tout les opposait lui fit chaud au cœur. Elle se lova dans le canapé, remonta le plaid sur elle.
“- D’accord. On fera ça. Mais demain…”
Veronica la regarda sombrer dans le sommeil. Elle resta longtemps à veiller son amie. Elle avait étouffé ses propres doutes pour apaiser les anxiétés de Mac. Elle n’en parlerait pas à son amie mais elle comptait bien avoir une petite conversation avec Dick.
La fin de soirée avait été épuisante. Denise repoussait sans cesse la fin du repas en commandant encore toujours plus de tapas. Leo, qui pourtant avait un appétit démesuré, avait attendu l’addition comme on guette le messie… Il avait loué le seigneur quand avait retenti la sonnerie de Denise. On avait besoin d’elle. Poliment, Leo lui avait dit que c’était dommage mais le cœur n’y était pas. Depuis plusieurs semaines, le cœur n’y était plus. Ce soir, plus que tous les autres, Leo se sentait seul et regrettait d’être revenu à Neptune. Il croisa son regard dans le miroir de l’entrée. Ce qu’il vit lui fit de la peine.
“- Pas très bandant tout ça, se dit-il.”
Lentement, maladroitement - combien de mojitos lui avait fait boire Denise ? - il se dirigea vers son lit. Il se laissa tomber dessus tout habillé. Il se fit mal en se cognant le nez dans une revue municipale. Pestant, il attrapa le magazine, fixa la couverture. Madison en position du lotus occupait le coin gauche.
“- On va avoir une petite conversation tous les deux, demain… Et ton air de ne-pas-y-toucher ne marchera pas sur moi…”
Le regard de Leo descendit plus bas sur la une du journal. La Mairie avait mis en couverture la photo du défilé des forces de l’Ordre du comté, toutes les agences de la plus modeste à la plus prestigieuse avaient été flashées.
“- Alors que ça, c’est toujours très efficace…”
Il sourit bêtement en glissant la main dans son pantalon. La main poisseuse, le corps détendu, il laissa retomber la brochure au sol. Il accueillit le sommeil avec le sourire. Ce soir, il ferait de beaux rêves.
Le réveil fut des plus brutaux. Sa voisine était en retard pour le boulot. Elle avait claqué la porte et descendu les escaliers en courant sur ses stilettos. Leo se redressa sur son lit. Son uniforme était tout froissé. En mettant les pieds au sol, il écrasa le magazine. Soudainement, la honte le prit.
“- Tu dois passer à autre chose, mon gars, s’ordonna-t-il en allant sous la douche.”
Malgré toute sa bonne volonté, ses pensées ne cessaient de revenir vers cette photo. Aussi, il s’astreignit à une longue douche froide et en partant pour l’hôpital, il réactiva son compte Tinder.
“- Bon, maintenant. Boulot. A nous deux, Madison. On va voir qui est le plus coriace de nous deux…”
A l’accueil du Neptune Hospital, Leo croisa les infirmières. Toutes semblaient excédées. Quand il osa demander ce qu’il se passait, il comprit aisément qu’il avait à faire à toutes celles qui s’étaient succédées au chevet de Madison. Rapidement, il chercha la famille du regard. L’infirmière en chef lui répondit.
“- Elles sont parties hier en fin d’après-midi. La sœur a tenu plus longtemps que la mère. La pauvre petite en a entendu de belles. »
Elle poursuivit en baissant la voix.
« - Entre nous, c’est à se demander si elle n’a pas cherché ce qui lui arrive…”
Leo afficha un air tellement étonné que la soignante en rougit. Une tape virile dans le dos le ramena au réel.
“- Ah sacré Leo, toujours à faire rougir les filles, claironna Tad Delauney, une boîte de beignets à la main.
- Et toi, toujours en train de manger, railla l’adjoint en volant une pâtisserie.
- C’est pour nous donner du courage. Après tout, on va affronter le dragon…”
Leo choisit de savourer son beignet à la framboise plutôt que de lui répondre. Il devait garder ses forces pour Madison. Il entra après avoir frappé. Il avait prévu de commencer par quelques politesses d’usages. Il en fut pour ses frais. Madison, drapée dans une robe de chambre en soie rouge le toisa du regard.
“- Ce n’est pas en engloutissant des donuts que vous allez trouver mes agresseurs !
- Ce sont des beignets, marmotta Tad en dissimulant le carton dans son dos.
- Ce sont surtout deux incompétents gavés de sucre que je vois.
- Et nous, nous voyons une victime pas si honnête que cela, lâcha Leo agacé de l’attitude hautaine de Madison.”
Une telle attaque lui coupa le sifflet. Elle croisa les bras sur sa poitrine voluptueuse avant de reprendre d’un ton cajoleur.
“- Pardon, je vous ai menti sur mon âge…
- En effet, vous devez être plus vieille qu’il n’y parait… La sénilité, c’est beaucoup plus tard dans la vie que ça commence, ironisa Leo qui commençait à aimer cet interrogatoire.”
Tad, aux premières loges, luttait contre l’envie de manger un autre beignet. Après tout, il se croyait au spectacle. Les deux joueurs se renvoyaient la balle à une telle allure. Il en avait le tournis.
“- Comment ?! s’emporta Madison qui essayait de se lever en s’appuyant des deux mains sur son matelas.
- Comment expliquez-vous qu’il ne manque aucun de vos bijoux ? On les a tous retrouvés éparpillés dans votre maison. C’est étrange, ça, non ?
- Un cambrioleur, ça cambriole… Mais là, ils n’ont rien pris, ajouta Tad.
- Et mon argent, qu’en faites-vous ?
- Si on veut du cash, on braque un distributeur, pas une maison cossue, objecta Tad.
- Alors vous nous dites ce qu’ils vous ont dérobé ou on doit deviner tout seuls ? demanda Leo en plantant son regard dans celui quelque peu désarçonné de Madison.”
Quelques secondes passèrent. Quelques secondes qui permirent à Lauren de rejoindre sa sœur. Cette arrivée rendit la parole à Madison. Tout en croisant les bras, elle rétorqua.
“- Je suis la victime, je vous rappelle. Ne comptez pas sur moi pour trouver les coupables à votre place. Et dites à Veronica que mes impôts ne la paient pas pour rester au lit.”
Lauren roula des yeux face à tant de mesquineries. Tad sortit. S’il restait plus longtemps, il aurait l’appétit coupé et tous ces beignets seraient gâchés. Avant de partir, Leo adressa un dernier regard à Madison. Il semblait vouloir lui dire : “on en n’a pas fini toi et moi”. Madison lui tourna ostensiblement le dos. Lauren s’approcha de la fenêtre et observa le parvis de l’hôpital.
“- Tu joues un jeu dangereux, Madison…
- Hors de question que je mâche le travail à cette incapable de Veronica… C’est à elle de trouver les coupables… Et avec cette équipe de bras cassés, elle n’est pas prête de réussir...
- Et ça t’arrangerait bien qu’elle ne trouve pas…”
Madison regarda sa sœur d’un nouvel œil. Lauren était aussi plate qu’elle était voluptueuse. Ce qu’elle avait en plastique, Lauren le compensait aisément avec un intellect brillant. Voir sa sœur aînée perdre ses moyens amusa beaucoup Lauren mais elle n’était pas foncièrement mauvaise, aussi elle révéla le fin mot de ses pensées.
“- Dans sa chasse aux criminels, Veronica pourrait bien finir par te coincer…
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- Droguer quelqu’un à son insu, c’est un acte criminel… Je serais toi, je ferais attention à l’endroit où je laisse mes petites pilules, dit mystérieusement Lauren avant de quitter, elle aussi, le chevet de sa sœur.”
Madison la regarda partir bouche bée. Elle le savait pourtant. Il faut toujours se méfier des êtres inconsistants ; ils finissent toujours par faire de redoutables adversaires.
Sur le parvis de l’hôpital, Tad finissait ses beignets, Leo fulminait en regardant la sœur de Madison postée à la fenêtre.
“- C’est quoi cette histoire de bijoux pas volés, demanda Tad en se léchant les doigts.”
Leo ferma les yeux en pensant que les bilans d’investigations, ce n’était pas pour décorer le bureau. Quand sa poche vibra, il se saisit vivement du téléphone. Le logo Tinder s’affichait en gros sur l’écran.
“- Oh ho ! Le boss est en chasse, gloussa Tad qui avait vu l’image.”
Leo balaya l’alerte rageusement. Ce n’était vraiment pas le moment. Il allait rappeler les règles de bienséance concernant la vie privée des collègues au jeune Tad quand l’appareil se remit à vibrer. La photo d’une petite blonde souriante s’afficha. Il fit glisser son pouce vers la droite. En faisant le geste, il se revit une poignée de secondes plus tôt réaliser le même mouvement. Pétri par la colère, il avait accepté la rencontre Tinder.
“- Vous êtes où, demanda-t-elle sans préambule.
- A l’hôpital, répondit-il laconiquement.
“- Pourquoi ? Il y a du nouveau ?”
Bien que séparé d’elle, Leo l’imaginait furetant dans le bureau, soulevant chacune des fiches à sa portée pour comprendre l’intuition qu’il avait eue.
“- Madison nous a menti.
- Et ça t’étonne ?
- On lui a dérobé quelque chose, c’est certain. Mais elle refuse de nous dire quoi…
- Sa sœur a parlé de drogue quand on a passé la porte, fit la voix discrète de Tad.”
Leo se tourna lentement vers son collègue. Finalement, ça avait du bon d’avoir les yeux qui trainent partout. A l’autre bout de la ligne, il sentit Veronica se tendre.
“- De la drogue ? Ça expliquerait bien des choses, dit-elle avant de raccrocher…”
Leo pesta en regardant son téléphone à la communication rompue. Il avait senti tout de suite que cette affaire serait difficile mais il ne se doutait pas à quel point. Veronica semblait faire cavalier seul. Elle était repartie en croisade contre Madison. Leo se massa la nuque. Cela ne présageait rien de bon.
Lauren se félicita en quittant la chambre d’hôpital. Elle avait tenu 2 minutes de plus que la veille au chevet de sa peste de sœur. Elle s’en serait décerné une médaille. Alors qu’elle longeait le comptoir de l’accueil, Lauren surprit une conversation quelque peu étonnante.
« - Non, je ne peux pas vous donner des nouvelles de Madame Sinclair. Non, ça n’a pas changé depuis hier soir. Je ne peux vous communiquer cela. Vous n’êtes pas de la famille. Allo ? Allo ?! Non mais je n’y crois pas ! Il m’a raccroché au nez ! »
Avec douceur, elle se dirigea vers l’hôtesse d’accueil et lui demanda.
« - Vous avez des ennuis à cause de l’hospitalisation de ma sœur Madison ?
- Oui, répondit vivement la quadragénaire avant de se reprendre. Enfin, non. C’est juste que la shérif a donné des consignes très strictes sur la non communication de son état et j’ai un homme qui semble ne pas comprendre et qui appelle sans arrêt depuis ce matin ! Je n’ai pas que ça à faire, moi !
- Je vous comprends. Je vais dire à ma sœur de rassurer tous ceux qui doivent l’être. Vous ne devriez plus être embêtée. »
Là-dessus, Lauren tourna les talons vers la sortie. Rassurer ceux qui doivent l’être… Immédiatement, Lauren pensa à Mac. La détective était venue aux nouvelles alors que Madison la détestait ouvertement. Elle voulait certainement en savoir plus sur la fameuse nuit. Madison avait refusé tout net. Mais elle, elle pouvait la rassurer. Décidée à lui révéler ce qu’elle savait, Lauren mit le cap vers Mars Investigation.
Veronica avait moyennement adhéré à la théorie du deal qui aurait mal tourné avec Madison. Elle s’était bien gardée de le dire à Mac. Son amie avait assez à faire avec ses propres doutes. Aussi, la shérif décida de confronter Dick avec sa propre histoire. Leo et Tad se chargeaient très bien de l’affaire sans elle. Sans prévenir personne, elle quitta le poste et se mit en quête du Dick. Elle savait qu’il avait passé la nuit sur son canapé. Tout en préparant ses questions, Veronica mit le cap vers la maison de la plage. Alors qu’elle se garait, elle aperçut une silhouette sortir des vagues. L’eau ruisselait le long de ses cheveux, perlait en petites gouttes sur sa peau. Ils étaient loin mais leurs regards s’aimantèrent. Oubliant son objectif, Veronica descendit sur la plage.
“- Bonjour, shérif… Est-ce que je peux déposer plainte ou est-ce trop tôt ?
- Une plainte, s’étonna Veronica en lançant un coup d’œil à leur maison qui semblait en ordre.
- Oui. Ma compagne a déserté… Je commence à m’inquiéter.”
Veronica secoua la tête et lui sourit. Se moquant de l’eau qui allait faire d’immanquables taches sur son uniforme, elle le prit dans ses bras et l’embrassa. Après un long moment ponctué de baisers enfiévrés, Logan retrouva son sérieux.
“- Comment va Mac ?
- Pas très bien… Et en même temps, qui aime se faire mener en bateau…
- Il va leur falloir du temps, concéda Logan.
- Il va lui falloir la vérité, rétorqua Veronica. D’ailleurs, il est où ? Je dois lui parler.”
Logan se mordit la lèvre avant de répondre.
“- Il est parti tôt ce matin.
- Quel gamin… toujours à fuir le merdier qu’il sème…
- Ronnie…
- QUOI ?! s’énerva-t-elle.
- J’ai l’impression que tu te trompes d’affaire Sinclair… Laisse Mac et Dick régler leur problème.
- Si Madison deale de la drogue, ça me concerne. Et seul Dick peut me renseigner…
- Tu es certaine de ça ? demanda timidement Logan”.
Il ne voulait pas que le conflit entre Mac et Dick sème le trouble dans leur union. Il marchait sur des œufs.
“- Je sais parfaitement comment gérer cette affaire, rétorqua-elle vexée.”
Veronica quitta la plage passablement énervée. Contre Dick qui avait fait une belle connerie. Contre Madison qui s’était faite agresser. Contre Logan qui lui reprochait son manque d’objectivité. Contre elle-même, car elle le savait, Logan avait raison. Face à Madison, elle perdait toujours son sens commun. Elle se dirigea vers le seul être au monde capable de l’apaiser et de la ramener dans le droit chemin.
