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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
Eli n’avait pas osé retourner parler avec les Ibanez depuis le cambriolage. Rodrigo, le patriarche de la famille, faisait tout pour ne pas laisser les siens seuls avec Weevil. Le vieil homme connaissait les liens qui unissaient l’ex chef de gang et la shérif. Aussi, il préférait éviter d’exposer sa famille à des interrogatoires dissimulés. Il avait recommandé à Lola de ne pas discuter de son travail avec Eli et il avait interdit à Rafaël de trainer dans les rues après le lycée. Eli espérait le croiser à la descente du bus en provenance du lycée. Mais il n’était pas seul. Un autre jeune l’accompagnait. Sa présence étonna Eli. Il ne s’agissait pas d’un autre latino. Un blanc suivait Rafaël. Il semblait perdu. Il se faisait mener par le jeune Ibanez. Eli écouta leur conversation.
“- Je ne te laisse pas tomber…
- J’aurais dû les écouter… Ils avaient raison…, balbutia le blond.”
Subitement, Rafaël empoigna les épaules de son ami. Il le força à reprendre une contenance.
“- Non. Tu étais dans ton droit. Allez, viens…
- Je ne veux pas déranger…
- Drew, tu ne déranges pas… »
Ce dernier glissa un regard vers le rocking-chair de l’aïeul des Ibanez. Rafaël le comprit.
« - Il n’est pas là ce soir. Et ce n’est pas à lui de décider de mes fréquentations. Il va devoir s’habituer à ce changement. Les lignes bougent depuis quelques temps… »
Un sourire traversa le visage d’Eli. Rodrigo n’était pas là pour faire le chien de garde. Il allait tenter sa chance. Il laissa quelques minutes d’avance aux deux ados et attendit dans la ruelle attenante. Une voix le fit sursauter.
« - Si la shérif a des questions pour Lola, elle n’a qu’à venir en personne, fit Rodrigo. »
Le vieil homme rentrait d’une partie de cartes cigare aux lèvres.
« - Je ne sais pas si elle a des questions. Je garde juste un œil sur Lola. Je ne voudrais pas que ceux qui ont fait le coup cherchent à s’en prendre à celle qui s’est vaillamment opposée à eux… »
Rodrigo scruta un instant le regard d’Eli à la recherche d’une étincelle de duplicité.
« - Je suis peut-être vieux mais je sais défendre les miens. Bonsoir, Eli. »
Là-dessus, le vieil homme remonta les marches de la maison et entra. Presque simultanément, la lumière du premier étage s’éclaira, révélant Rafaël et son ami. La fenêtre s’ouvrit, une corde fut lancée. Aussitôt, le blanc descendit. Passé la surprise, Eli sortit son téléphone et prit en photo le jeune homme. Il envoya le cliché à Wallace.
« C’est lui le jeune qui traîne avec Rafaël ? ».
Il attendit une réponse. En vain, à cette heure-ci, Wallace était en plein entraînement. Aussi, Eli envoya un autre message accompagné de la même photo.
“Pas pu accéder aux Ibanez. Rodrigo se méfie de moi et de toi. Il devrait aussi se méfier de son petit-fils qui lui cache des choses…»
Leo avait passé la fin de la journée à remplir des formulaires pour obtenir des images de vidéo-surveillance et les fadettes de Madison, sans grand espoir de succès. Le juge était un fervent défenseur de la vie privée. Puis, il avait échangé avec le jardinier et le responsable piscine de la victime. Pedro, l’as du râteau et Ryan, le spécialiste de l’épuisette étaient tous les deux hors de cause puisqu’ils avaient été vus, l’un par un radar au sud de la ville, l’autre par une caméra de vidéo-surveillance du centre commercial. La partie paperasse des enquêtes, c’était ce qu’il aimait le moins. Tout en se massant la nuque, il remarqua que la soirée approchait. Il était plus de 19h. S’il espérait se préparer un minimum avant son rencard, il devait rentrer. Aussi, il rangea ses dossiers, ferma ses tiroirs et déconnecta son ordinateur.
“- Tu pars ? demanda Veronica avec une pointe de déception dans la voix.”
La réception du sms d’Eli n’y était pas pour rien.
“- Oh oui, il rentre, répondit Tad à sa place dans un grand sourire lubrique.”
Veronica avait certes l’esprit un peu parasité par Madison, Dick, Eli et les conseils de son père mais elle comprit l’essentiel.
“- Passe une bonne soirée… J’espère qu’elle est jolie…”
Mal à l’aise de s’être fait autant afficher par son collègue, Leo sortit du poste sans un mot. En montant dans sa voiture, il prit le temps de vérifier son application Tinder. Le rendez-vous était maintenu. Il perdit quelques secondes à contempler la photo de profil de Charlie14. Il zooma sur le visage : des cheveux longs blondis par la mer, un sourire éblouissant et un petit air coquin dans le regard. Le cœur en fête, Leo fila chez lui se faire beau. Il n’avait que peu de temps s’il ne voulait pas être en retard. Et bien que pas en avance, il perdit du temps à choisir sa cravate. Cravate qu’il finit par retirer en se garant sur le parking du Ginger Ale, tellement il était anxieux.
Leo se força au calme en se fixant dans le rétroviseur. Apaisé, il se décida à rejoindre l’établissement. La lumière était savamment tamisée. Des tables étaient disposées dans plusieurs alcôves de la salle. Son regard balaya la pièce. Il espérait que Charlie14 avait eu la présence d’esprit de s’installer dans un coin tranquille. Alors qu’il allait demander au barman si Charlie avait signalé son arrivée, Leo aperçut une silhouette lui faire signe depuis une des alcôves. Le cœur battant, il s’avança, embrassa sur la joue son rencard.
Aucune affaire n’avait été signalée à l’unité de Logan à 19h. L’agent spécial Abernathy laissa alors repartir les membres de son équipe chez eux. Seul Rodgers resta au bureau pour peaufiner son infiltration. Au sortir du bâtiment, Logan envoya un message à sa compagne, à Mac et Dick. Le premier qui lui répondrait déterminerait le ton de sa soirée. Coquine, studieuse ou aquatique ? Il guettait une réponse quand une main délicate se posa sur son bras.
“- Ne t’avais-je pas promis un verre après cette première journée ? dit Marion tout sourire.
Sentant qu’il n’y échapperait pas, Logan préféra accepter d’emblée plutôt que de perdre son énergie à discuter avec sa partenaire. Avec ce genre de fille, plus on résistait, plus elle s’accrochait. Secrètement, il espérait que Veronica vienne le chercher et le sauve de ce traquenard.
“- Allez, suis-moi. J’espère que tu aimes la bière… Le Ginger Ale, c’est un véritable petit paradis du houblon !”
Leo ferma les yeux en goûtant à la douceur de sa peau. Charlie correspondait en tout point à sa photo de profil Tinder. Leo s’assit un sourire ravi sur les lèvres. Assez naturellement, la conversation s’engagea. Charlie était journaliste, spécialiste du surf, d’où la blondeur de ses cheveux et le teint hâlé de sa peau que Leo s’imaginait déjà caresser. Charlie avait un frère plus jeune qui faisait des études de médecine. A cette occasion, Leo évoqua alors sa petite sœur malade, chose rare, il avait tendance à n’en parler à personne. Charlie s’émut juste ce qu’il fallait. Leo en fut heureux. Il n’aimait pas qu’on le plaigne ou pire qu’on s’imagine qu’il joue la carte “bon samaritain” en parlant de son implication dans les soins de sa sœur. La soirée se déroulait à la perfection si bien que la distance entre eux s’amenuisait de plus en plus. A présent, leurs jambes se frôlaient. En réaction à une bonne anecdote de Leo, Charlie abattit sa main sur la cuisse du policier. Ils échangèrent un regard. Lentement la main se fit plus caressante. Leo rougit en lâchant Charlie des yeux pour ne pas succomber à la tentation. Aussi rapidement que son cœur s’était emballé, ses ardeurs furent douchées par un simple coup d’œil au couple qui venait d’entrer dans le bar. Subitement, Leo se releva et bafouilla.
“- Excuse-moi… Toilettes…”
“- Tu vas voir ici, ils servent une brune irlandaise sans pareil, raconta Marion en poussant la porte du Ginger Ale.”
Logan se perdit dans la contemplation des lieux. De belles alcôves, des poutres ouvragées, l’architecte des lieux était un homme de goût. Tandis qu’il observait le décor, une silhouette attira son regard. Il n’était pas certain. Il allait vérifier pour en avoir le cœur net mais la main fraîche de Marion le ramena au réel.
“- Logan, tu bois quoi ?”
Il bafouilla une réponse sans réfléchir et continua à scruter la salle. S’il avait bien vu, il pouvait espérer rentrer tôt.
Leo fonça se réfugier aux toilettes. Face à la glace, il se contraignit au calme. Inspirer. Expirer. Pourquoi Logan Echolls et sa petite blonde débarquaient dans ce bar précisément ? Leo faisait tout pour chasser son fantasme et voilà qu’il débarquait en plein tête à tête prometteur. Décidé à chasser les responsables de son tourment, le policier quitta les toilettes et retourna dans la salle. Il s’avança directement vers le bar. Charlie le vit passer, ne comprit pas cette soudaine indifférence et éclusa sa bière cul sec pour noyer sa déception. La soirée avait si bien commencé.
******
A réception du sms expédié par Eli, Veronica eut sa curiosité piquée. Pourquoi Rodrigo Ibanez se méfiait-il d’elle ? Pourquoi Rafaël cachait-il ce jeune homme ? Était-ce parce qu’il n’était pas du quartier ? Qui était-il ? Face à tant d’interrogations autour d’un adolescent, Veronica choisit de demander à son meilleur informateur concernant les jeunes.
“- Wallace ! Mon papa ours chéri, ça te dit de venir manger à la maison ?
- Toi en cuisine ? Mais qu’est-ce que ça cache ?
- Mais rien, mon cher… mentit-elle en se mordant la joue.
- Allez, on va dire que je te crois… Je me douche et j’arrive !”
“- Leo ! Quelle bonne surprise ! Je te présente ma partenaire, Marion, fit Logan sur un ton bien trop enjoué.”
La jolie blonde lui serra la main avant de se glisser entre les deux hommes. Elle faisait tout pour réduire la distance qui la séparait de son collègue. C’était fait discrètement mais Leo, qui avait longtemps usé de ce stratagème, le remarqua, tout en s’insultant d’avoir confondu la co-équipière de Logan avec Veronica. Il osa un sourire poli au marine, qui semblait le supplier du regard. Celui-ci n’était pas dupe du manège de sa collègue et ne savait pas comment s’en défaire, aussi il tenta son va-tout.
“- En parlant de partenaire, est-ce que ma femme est avec toi ? Demanda Logan avec un fol espoir dans la voix.”
Le sourire de Marion s’affaissa.
« - Non et je t’avouerais que j’ai pris ta collègue pour elle… concéda Leo.
- Vous bossez avec sa copine ? Elle me ressemble ? Vous pouvez m’en dire plus, mitrailla Marion.
- Euh, bafouilla Leo qui regrettait de plus en plus d’avoir quitté son alcôve.”
Logan implora silencieusement l’aide du policier avant de lui proposer.
“- Tu veux boire un coup avec nous ?”
Leo faillit accepter mais du coin de l’œil, il vit Charlie sortir la tête de l’alcôve. Toute sa gentillesse disparut. Il avait décidé de se remettre en selle. Il s’était remis sur le marché. Il n’allait pas renoncer si près du but. Hors de question que son rencard se sauve.
“- Désolé, mais je ne suis pas seul… répondit-il vivement.”
Leo voix off : désolé, Vieux. Tu vas devoir te débrouiller tout seul pour te débarrasser de ta ventouse…
Logan n’eut pas le temps de lui proposer de se joindre à eux. Marion libéra Leo.
“- Laisse-le tranquille… Son rencard l’attend... Quelque chose me dit qu’il n’a pas envie de s’éterniser dans le bar… »
Bêtement, Leo esquissa un grand sourire avant de retourner vers l’alcôve.
Le regard azur de Logan accompagna Leo jusqu’à son recoin. Recoin que Charlie était sur le point de quitter. Son rencard esquissait un pas vers la sortie quand Leo atteignit l’alcôve.
« - Je suis désolé de m’être sauvé comme ça… Mais… »
Leo ne trouvait pas la fin de sa phrase.
« - Tu ne veux pas qu’on nous voit ensemble… lâcha Charlie dans un soupir. »
Leo se massa la nuque. Un silence gêné s’installa. Charlie attrapa ses affaires, voulut bousculer Leo mais il fallait plus qu’une carrure de surfeur pour le faire bouger.
« - Si tu ne veux pas t’afficher, laisse-moi passer… recommanda Charlie en serrant les poings. »
Leo ne bougea pas. Il tendit doucement la main vers le torse de Charlie se moquant complètement du regard des autres. D’une pression légère, il invita le journaliste à reculer vers les coussins.
« - En fait, je voulais m’assurer de t’avoir pour moi tout seul… »
Sans savoir d’où lui étaient venus cette déclaration et ce courage, Leo continua d’entraîner Charlie sur le canapé. Le grand surfeur tomba à la renverse sur les coussins. Leo le rejoignit et l’embrassa avidement. Qu’importe que Logan soit dans ses murs. Qu’importe ce qu’il avait vu. Qu’importe qu’il raconte tout à Veronica. Leo en avait assez de se cacher et de se mentir. Il avait le droit d’être heureux. Et là, sous les baisers de Charlie, Leo l’était.
Malgré l’heure avancée, il était plus de 21h, Veronica avait décidé de se lancer dans la préparation de travers de porc rôtis au miel. La recette était ambitieuse mais elle avait beaucoup à demander et à se faire pardonner. Alors que le four tintait, annonçant la fin de cuisson des cookies préférés de Wallace, elle s’attella au laquage des travers de porc. Concentrée sur sa tâche, elle n’entendit pas la porte claquer.
“- Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de ma compagne ? demanda Logan en se glissant derrière elle.”
Il s’était approché avec précaution, craignant sa réaction. Elle l’avait laissé sans nouvelle de la journée. Il redoutait un nouvel épisode orageux. Quand il la vit sourire alors que son souffle chatouillait les quelques mèches blondes échappées son chignon lâche, Logan y vit un signe encourageant. Il vint se lover contre elle et se mit à lui picorer le cou de petits baisers tandis que ses mains se perdaient sur les hanches de Veronica. Lui aussi cherchait un moyen de se faire pardonner de la scène matinale. Tout en terminant sa préparation, Veronica lui répondit.
“- Elle a enfin retrouvé ses esprits et a invité des amis…
- Et moi qui espérais dévorer tout ça… répondit-il en la soulevant de terre.”
Il l’installa sur le bar, glissa ses mains sous la jupe courte qu’elle portait toujours après le boulot et l’embrassa à pleine bouche. Elle avait un goût de miel. Alors qu’il se sentait durcir, une toux gênée retentit.
“- J’ai été invité à dîner, pas à mater un porno…”
Veronica partit dans un éclat de rire sonore tandis que Logan laissa son front retomber sur l’épaule de sa compagne.
“- Tout de suite, les grands mots… Quoique le Marine et la cuisinière, ça ferait un bon scénario, dit Veronica tout en massant les épaules de Logan.”
Ce dernier déposa un tendre baiser sur sa clavicule dénudée. Il la remerciait de maintenir cette étreinte fort gênante pour lui. Ce léger contact enflamma le cerveau de Veronica qui se mit à débiter des mots tels un télégraphe.
“- Clavicule… Dick… Madison…”
La simple mention de l’ennemie jurée de sa compagne lui fit baisser le pavillon. Toute excitation perdue, Logan se détacha de Veronica et planta son regard dans le sien.
“- Je vais t’expliquer… Mais...
- Avant on passe à table, coupa Wallace dont les narines frémissaient d’envie à cause des travers de porc.
- Tu ne seras servi que si tu apportes de bonnes informations, rétorqua Veronica en éloignant le plat de son meilleur ami.
- J’avais donc vu juste. Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?”
Veronica lui tendit son téléphone. Logan observa leur manège. Wallace feignait l’agacement face aux roublardises de Veronica mais il adorait lui rendre service. Il adorait lui aussi les montées d’adrénaline que provoquait l’investigation.
“- Il est un peu jeune pour toi, non ? plaisanta le coach.
- J’ai ce qu’il faut à la maison pour ça.
- Toujours prêt, blagua Logan en dressant la table.
- Ce qui m’intéresse, c’est pourquoi lui a le droit d’entrer chez les Ibanez et pas Eli, alors qu’il n’est visiblement pas du quartier…
- Quoi, tu veux dire que Drew Fuller n’est pas assez hispanique pour avoir le droit de squatter le ghetto ? Je ne vois pas du tout pourquoi tu penses ça, railla le jeune homme.”
Par-dessus son épaule, Logan regarda la photo. On y voyait un adolescent grand, blanc et très blond. On était effectivement bien loin du stéréotype de l’hispano-américain.
“- C’est assez drôle que tu me demandes de me rencarder sur lui…
- Pourquoi ça ?
- Parce que c’est ce que j’ai demandé à Eli…
- Toi qui te renseigne sur un de tes élèves ? s’étonna Veronica.
- Il se passe de drôles de trucs sous couvert de recherche de l’égalité sociale au lycée. Ibanez et Fuller pourraient y être mêlé…
- Fuller, c’est un de tes joueurs ? Alors pourquoi demander de l’aide à Eli ?
- Depuis quelques temps, Fuller évite les entrainements. Au départ, c’était dû à sa clavicule démise…”
En entendant le mot, Veronica se tourna vers Logan qui lui répondit.
“- Je t’expliquerai. Laisse Wallace finir. Après tout, tu l’as attiré ici pour avoir des infos ?”
Veronica fit semblant de s’en offusquer avant d’inviter Wallace à poursuivre.
- Bref, je disais… Drew aurait dû reprendre sa place dans l’équipe mais il est ailleurs… Il traîne avec Ibanez, d’où ma demande à Eli…
- OK. Tu pourrais… commença Veronica.
- Me sortir son dossier ? termina Wallace. C’est comme si c’était fait.”
Là-dessus les deux amis se tournèrent vers Logan.
“- Donc, cette clavicule ?
- On mange d’abord… Ça risque de vous couper l’appétit.”
Tous les trois s’attablèrent et entamèrent avec voracité les travers de porc. Veronica s’était surpassée. Le repas était presque terminé quand Logan se décida à parler.
“- Tu vois avec quel plaisir Wallace mord dans l’os de sa viande...fit-il innocemment.”
Veronica opina. Au ton pris par son compagnon, elle sut qu’il n’allait pas faire une quelconque blague.
“- Transpose la scène dans un lit avec une clavicule et transforme Wallace en Madison.”
Ladite transformation fit s’étouffer le basketteur.
“- Pardon ! s’offusqua-t-il en recrachant un filet de viande.”
Veronica dont le cerveau tournait à toute allure assemblait les éléments. Madison mordait ses conquêtes sous le coup d’un plaisir violent. Dick n’avait pas de traces.
“- C’est l’absence de traces qui en révèle le plus, chuchota-t-elle.”
Elle secoua la tête. Elle avait été aveuglée par sa colère contre Madison. Elle n’avait pas voulu croire que Dick puisse changer. Elle l’avait accusé à tort. Elle s’en voulait. Elle s’en voulait de s’être fait berner par cette blonde siliconée.
“- Madison nous a menti… Elle va le payer cher…”
Voir Veronica abandonner ses soupçons à l’égard de Dick rassurait Logan mais la soudaine montée de colère envers Madison l’inquiétait. Sa compagne était shérif. Madison avait été agressée. Veronica était sensée assurer la protection des victimes. Logan douta de la clairvoyance de sa belle. Il devrait en parler à Leo.
Maintenant qu’elle avait acquis la certitude que Madison lui avait menti, Veronica avait retrouvé de l’intérêt pour cette affaire. Aussi, elle se devait de mettre ses meilleurs atouts dans la bataille. Équipée de deux cafés, elle se rendit chez Mac. En découvrant son amie en proie à une grande agitation, Veronica dissimula un des gobelets.
“- Laisse-ça là, Mars, ordonna Mac qui rebondissait sur sa chaise à roulettes.”
Veronica obéit sagement et s’approcha d’elle. Mac avait installé dans son séjour un véritable centre des opérations à faire pâlir la section informatique de n’importe quelle agence fédérale. Sur trois des quatre écrans s’affichaient des vidéosurveillances ; le dernier indiquait les conclusions de Mac. Veronica reconnut sans difficulté la maison de Madison Sinclair.
“- Je vois que tu es toujours plus efficace qu’une ordonnance de juge… dit Veronica.
- Le pare-feu de la société de surveillance de Madison est à son image… Terriblement superficiel, dit Mac en se tournant enfin vers son amie. Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de ta visite ?
- J’aimerais t’annoncer de bonnes nouvelles mais je ne sais toujours pas pourquoi Dick s’est rendu chez elle.
- Les vidéosurveillances devraient t’apporter cette réponse.
- J’ai bien peur qu’on ne m’y donne jamais l’accès...souffla Veronica qui se souvenait du refus qu’avait essuyé Leo en fin de journée hier. Aucun juge n’acceptera qu’on fouine sur des bandes remontant à plusieurs jours avant le délit… Surtout qu’il est inscrit au dossier que les cambrioleurs ont coupé le système…”
Mac but une gorgée de café avant de proposer.
“- Je sais que ton petit jeune cherche l’objet manquant chez Madison. Son idée de scruter le net n’est pas mauvaise mais elle est incomplète…
- Je sais mais jamais le juge n’acceptera sa méthode.
- Qui te dit t’attendre le juge ? Envoie ton petit jeune ici avec un carton de beignets. Je suis certaine qu’il trouvera un truc intéressant. Moi, je n’ai pas le courage de regarder… Du moins, pour le moment... Et s’il trouve un truc intéressant, ça te fera un moyen de pression sur Madison…”
Les deux jeunes femmes trinquèrent à cette solution. Veronica se mit en route pour le poste en essayant de trouver un mensonge crédible pour le jeune Delaunay. En passant devant la pâtisserie Randy’s , elle trouva une boîte d’arguments de choix.
