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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
En mettant Veronica sur la piste clavicule, Dick espérait redorer quelque peu son blason auprès de Mac. Mais non. Sa geek préférée ne répondait à aucun de ses messages. Dans l’espoir de faire amende honorable auprès de Mac, Dick rappela le détective privé. Le professionnel ne tarda pas à décrocher. Dick mit le haut-parleur, il voulait avoir les mains libres pour noter les avancées du détective.
“- Monsieur Casablancas, j’ai de bonnes nouvelles pour vous… J’ai trouvé plusieurs dossiers correspondant à vos recherches. Je dois pousser plus en avant pour réduire le nombre. Mais vous devriez avoir une petite liste d’ici la fin de la journée.
- Merci beaucoup. Tenez-moi informé. Et surtout soyez discret.
- C’est mon métier, monsieur Casablancas.”
Quelque peu rassuré, Dick se laissa aller contre le canapé. Dans quelques jours, il serait libéré.
Quand elle arriva au poste vers 10h, l’ambiance était pesante. Tad s’échinait toujours à trouver le bijou mystère. Leo avait enfin obtenu les fadettes de Madison, il cherchait un quelconque indice, en vain. Veronica lui prit de force les feuillets et lui glissa sous le nez un carton entier de croissants chauds. L’odeur stoppa net les deux agents.
“- Mangez, mangez. Vous allez avoir besoin de force pour la journée qui nous attend, dit Veronica souriante.
- Du nouveau?, demanda Tad qui arrachait consciencieusement la patte du croissant avant d’y mordre avec plaisir dedans.
- J’ai une mission numérique pour toi. Une mission top secrète…”
Leo qui se délectait du feuilletage du croissant faillit s’étouffer. Quand Veronica parlait de secret, il était toujours question de procédure plus ou moins douteuse. Il voulut mettre en garde son jeune adjoint. En vain, Tad avait déjà attrapé sa veste, la boîte de douceurs françaises et l’adresse de Mac. Seul face à sa supérieure, Leo soupira.
“- Mac a pu dégoter ce que notre juge ne nous a pas encore accordé ?”
Veronica choisit de faire la sourde oreille et de répondre par la plaisanterie.
“- Tu es bien bougon ce matin ? Ta soirée ne s’est pas finie comme tu le souhaitais?”
La curiosité déplacée de Veronica l’agaça. Si seulement elle pouvait montrer autant d’enthousiasme dans leur affaire. La blonde interpréta de mauvaise manière son silence.
“- Allez, ça sera mieux la prochaine fois…Pour la peine, je suis chic, je te laisse aller interroger Vega pendant que je me colle la paperasse, dit-elle en se laissant tomber sur son fauteuil avec la liasse des fadettes de Madison.”
En silence, Leo récupéra son arme, sa veste et les clés de la voiture. Alors qu’il mettait le contact et vérifiait les rétroviseurs. Il sourit à son reflet.
Leo voix off : Ce sera mieux la prochaine fois.
Leo l’espérait bien. Hier, il n’avait pas réussi à atteindre la chambre avant de sauter sur Charlie. Son partenaire ne lui en avait pas tenu rigueur mais leur étreinte avait manqué cruellement de romantisme.
“- La prochaine fois, ce sera mieux, se dit-il avant de prendre la direction du pénitencier.”
Si ça roulait bien et si le petit restaurant italien qu’il avait repéré ne traînait pas dans le service, il pourrait interroger Vega en début d’après-midi.
A l’entrée de l’établissement, Leo se délesta de son arme, signala le prisonnier qu’il souhaitait voir. Le planton s’étonna de cette nouvelle visite.
“- Et bien, il en a du succès Vega en ce moment…
- Du succès ? s’enquit Leo, subitement inquiet.
- Ouais. Un gars de chez vous…”
Leo s’apprêtait à demander une description précise, ainsi que l’heure d’une telle visite quand le planton le rassura.
“- Enfin, un ancien de chez vous… C’était même votre boss… Keith Mars est venu voir Vega il y a quelques jours.”
La nouvelle rasséréna le détective.
“- Un changement d’attitude chez Vega, depuis le passage de Mr Mars ?
- Rien de significatif.”
Rapidement, Leo relut les notes sur les techniques du casse. Il aperçut aussi un post-it couvert de l’écriture serrée de son ancien patron : “mêmes techniques malgré incarcération. lien entre les deux braqueurs ?” Ce simple petit mot que Keith avait adressé à sa fille aiguilla Leo. Un père est toujours là pour aider ses enfants quelque soit la situation : une affaire difficile, un braquage complexe… Avec un début de stratégie en tête, Leo demanda à voir le prisonnier.
“- Ok. C’est parti. Allons rencontrer Mario Vega.”
Le maton installa Leo dans la même salle privée que Keith. Le jeune adjoint attendit son client en feuilletant le dossier bien maigre de l’affaire. Il avait peu de biscuit pour appâter le malfrat. Il allait devoir la jouer tout en finesse. Pris par sa lecture, Leo ne bougea pas quand le prisonnier le rejoignit. Vega se laissa tomber lourdement sur sa chaise. Visiblement, il était partagé entre curiosité et vexation. Curieux au sujet l’identité de son visiteur mais à sa mine déconfite, on devinait qu’il espérait voir un shérif, l’ancien ou le nouveau. On lui envoyait un quelconque sous-fifre, c’était vexant. Leo laissa passer encore une poignée de secondes, le temps de faire mûrir son client et sa stratégie. Alors que Vega se préparait à passer à l’offensive, Leo lui coupa la parole.
“- L’histoire est un éternel recommencement, monsieur Vega, n’est-ce pas…”
L’entrée en matière philosophique acheva de surprendre le détenu qui refusa de se laisser impressionner.
“- Le ciel est bleu. Le feu, ça brûle. Et voler c’est mal. Vous voyez moi aussi, j’en connais des phrases toutes faites.
- Je ne suis pas là pour échanger des banalités. Laissez-moi vous expliquer. Je m’appelle Leo D’Amato, j’étais un des adjoints du shérif Keith Mars. J’étais un tout jeune agent quand vous avez été incarcéré pour le dossier Summers.”
Vega eut un rictus mauvais en entendant le nom du seul coup qu’il avait manqué. Leo poursuivit son discours.
“- Des années plus tard, voici que mon histoire se répète. Je suis de nouveau l’adjoint d’un shérif Mars et une maison du quartier huppé se fait braquer.
- C’est ce qui arrive aux bourges. Ils ont de belles maisons, ils se pavanent et se font braquer, commenta Vega.”
Leo sourit avant de reprendre. Cette sortie au pénitencier était beaucoup plus distrayante qu’un paquet de fadettes.
“- Et c’est vrai que la victime actuelle aime particulièrement se pavaner.
- Je vous crois. Je ne sais pas qui c’est, répondit Vega avec un grand sourire qui semblait dire : si-tu-espérais-que-je-tombe-dans-le-panneau-en-te-donnant-le-nom-de-ta-victime-c’est-loupé !”
Leo ne s’émut pas de la joie du prisonnier et reprit.
“- Quoiqu’il en soit, si l’histoire est un éternel recommencement, l’univers est aussi un grand plaisantin…
- L’Histoire, maintenant l’Univers. Vous allez invoquer le Destin pour trouver le coupable…se moqua Vega.”
Leo resta imperturbable.
“- Keith Mars vous a arrêté pour un casse hautement technologique, il y a des années. Vos techniques sont reparues dans l’affaire du shérif Veronica Mars. Père et fille s’accordent pour ne pas vous décerner le don d’ubiquité. Donc, j’en conclus ceci : vous avez transmis vos compétences à votre enfant.”
Leo planta son regard dans celui de Vega qui cessa de faire le beau. L’adjoint avait attiré son attention. Pendant quelques secondes, se joua un duel silencieux, chacun pesant l’étendue des connaissances de l’autre ; chacun cherchant la meilleure phrase pour clore la conversation. Devant le sourire ravi de Leo, Vega craqua.
“- Pour lui transmettre un savoir, il faudrait qu’il existe ce fils…”
Là-dessus, Leo rassembla son dossier, se leva. Alors qu’il allait quitter la pièce, il se tourna vers un Vega qui semblait rassuré par la fin de l’entrevue et dit :
“- Merci pour votre collaboration, Monsieur Vega. Et très bientôt, vous vous sentirez moins seul entre ces murs…”
L’hispanique haussa un sourcil d’incompréhension.
“- Votre fils, puisqu’il faut que je cherche un garçon, vous rejoindra bientôt.”
La porte de la salle se referma sans laisser le loisir à Vega de détromper le policier. Leo regagna l’accueil en entendant les coups de poings de Mario sur le métal de la table. Il en sourit. Si Vega se montrait si violent, c’était parce qu’il avait visé juste. Il devrait songer à remercier Keith pour son post-it. L’affaire était relancée : qui était le fils caché de Mario Vega ? Pour répondre à cette question, il mit le cap vers la résidence de l’ancien shérif.
Ce soir en passant au secrétariat, Wallace riait sous cape. Des années après, Veronica réussissait toujours à lui faire faire n’importe quoi. Bon, il devait bien reconnaître qu’aujourd’hui, les risques étaient minimes. Personne ne pourrait lui reprocher de vouloir consulter le dossier scolaire d’un de ses sportifs. Il profita quand même d’un moment de forte affluence pour retirer le dossier. Tandis que la secrétaire principale essayait de régler un énième problème de logistique pour la prochaine sortie de la ligue de débat avec Evan Rollins et Alison Drake, Wallace se faufila derrière le comptoir et ouvrit le meuble classeur.
“- Le problème, c’est que votre budget ne couvre pas la réservation du bus, expliqua la secrétaire, tableau à l’appui.
- Oui mais si on prend un peu du budget transports à l’équipe de cheerleading, qui soit dit en passant ne l’utilise jamais pour réserver un bus, commença à expliquer Evan en tirant son propre tableur.
- Elles préfèrent être au contact du terrain et de l’équipe… Elles voyagent au plus près des quaterbacks, railla Alison.”
La remarque sur la promiscuité joueurs/cheerleader tira un sourire à Wallace qui avait toutes les peines du monde à ne pas prendre parti dans cette conversation. Il se força à réciter son alphabet. Il avait un dossier à trouver.
“- Faraday, Foreman, Froome… égrenait-il en faisant glisser les pochettes.”
Evan nota la présence de son professeur favori et se désintéressa petit à petit de la conversation avec la secrétaire. Alison avait préparé toute une liste d’arguments imparables et avait même eu le courage de discuter avec Hannah Callaway, la capitaine des cheerleaders, afin d’être certaine de la réussite de leur entreprise. Alison allait gérer tout ça d’une main de maître. Evan se rapprocha discrètement du meuble à dossiers. Profitant de sa grande taille, l’adolescent regarda par-dessus l’épaule de son coach.
“- Je te tiens,” dit Wallace, satisfait d’avoir enfin retrouvé le dossier de Fuller.
Il commença à le lire rapidement : une enfance dans les quartiers moyens de la ville, des résultats honorables jusqu’au trimestre dernier, des performances sportives qui avaient attiré les recruteurs universitaires, puis sa clavicule cassée avait ruiné tout ça.
“- C’est sûr qu’il gâche son talent en ce moment… ne put s’empêcher de commenter Evan.”
Surpris, Wallace referma le dossier vivement et fit volte-face.
“- Rollins ! Toujours là où on t’attend pas. Qu’est-ce que tu fais ici ?
- On a un souci avec le transport pour le prochain match de débat, tenta-t-il dans l’espoir d’esquiver les remontrances de son coach.
- C’est avec la secrétaire que tu vois ça, et pas en restant sur mon dos…”
Alison, qui venait d’en terminer avec cette affaire, les rejoignit.
“- C’est bon. Comme les agitées du pompom ont accepté de nous faire don de leur budget transport, la secrétaire a validé notre business plan. On ne sera pas contraint d’emprunter votre voiture samedi prochain, Coach, plaisanta-t-elle.”
Wallace hésitait entre la colère et le rire. Il était tombé par hasard sur ce petit bout de fille au cours de l’affaire Lopez. Il ne regrettait pas la découverte.
“- Tant que vous ne me la coincez pas sur le mât du lycée, je veux bien vous la prêter…
- Coincer une voiture sur le mât du lycée ? s’étonna Evan.”
Alison haussa les épaules. En tant que membre du Neptune Navigator, elle connaissait beaucoup d’anecdotes sur le lycée. A sa mine surprise, on devinait qu’elle n’avait pas eu vent de celle-ci. Evan n’en fut que plus curieux.
“- Quelqu’un a déjà fait ça ?
- Possible. Si vous voulez en savoir plus, il va falloir chercher...s’amusa Wallace en quittant le secrétariat, le dossier glissé dans son sac de sport.”
Il profitait honteusement du couvert des deux élèves pour dérober le dossier. Il savait qu’en évoquant le tour de force de Logan et Weevil, il attirerait leur curiosité et les entraînerait dans son sillage, dissimulant ainsi son forfait. Une fois dans le couloir, il allait leur enjoindre de se presser d’aller prendre leur bus mais Alison fut la plus rapide, encore une qualité à ajouter au crédit de la jeune fille.
“- On a le droit de savoir pourquoi vous barbotez le dossier d’un élève ?
- Pardon ? Bafouilla Wallace en resserrant les bords de son sac.
- C’est le dossier de Fuller, crut bon de préciser Evan.
- Ah, répondit Alison.”
Un tel laconisme chez une adolescente d’ordinaire prolixe stupéfia Wallace.
“- Toi aussi, tu as remarqué quelque chose, tenta le coach.”
Alison répondit par une grimace. Evan fit de même.
“- Je m’inquiète, depuis sa blessure. Il ne semble pas revenu au mieux de sa forme. Et je cherche à comprendre pourquoi… mentit Wallace.
- Vous cherchez ça dans son dossier ? Bon courage… Ces trucs ne contiennent rien de substantiel, critiqua Alison. Vous voulez en savoir plus sur Drew ?”
Malgré lui, Wallace opina du chef.
“- Demandez à Evan. C’était bien ton meilleur pote ?” demanda-t-elle.
Evan grimaça de nouveau en se passant une main dans les cheveux. Depuis sa blessure, Drew était devenu distant avec lui. Au départ, il avait mis ça sur le compte de la jalousie. Evan, le premier, n’aurait pas supporté de côtoyer des sportifs actifs en étant diminué. Puis, il avait cru que c’était à cause de sa relation avec Alison. La jeune fille avait permis à Evan de laisser son côté “littéraire appliqué”, comme elle disait, s’exprimer pleinement. Evan n’avait plus honte d’aimer lire et ne cachait plus son appartenance à la ligue de débat. Finalement, la distance que Drew leur imposait lui avait convenu. Aujourd’hui, voyant son professeur s’inquiéter lui aussi, Evan regretta de ne pas avoir insisté. Il redoutait d’avoir manqué quelque chose dans l’état de son ami. Comme pour se dédouaner, Evan raconta.
“- Sa blessure, ses difficultés pour revenir au niveau l’ont beaucoup affecté… Loin du sport, il s’est trouvé d’autres amis, essaya d’expliquer Evan.
- Dis carrément qu’il se cherche. Drew a perdu ses repères en perdant son poste dans le 5 majeur.
- Et tu critiques son choix alors que tu es la première à lutter pour plus de mélange, s’étonna Wallace.
- Je ne critique pas. Je constate que Drew a changé. Il tente des choses. Et des choses peut-être pas toujours recommandables…”
Wallace adressa un drôle d’air à ses deux étudiants. Cela leur tira un sourire. Il n’y avait que leur coach pour voir uniquement le positif des mélanges entre élèves. D’un haussement de sourcils, il questionna Evan qui leva les mains en signe de négation.
“- On ne se côtoie plus autant mais je ne balancerai pas un pote. Surtout pour une accusation sans preuve. Hein, Mademoiselle Drake où sont vos arguments ?”
Alors qu’elle s’apprêtait à faire une réponse bien sentie, le trio aperçut l’objet de leur conversation passer non loin d’eux. Drew remontait le couloir en direction des ateliers de mécanique auto. De tout temps et malgré les tentatives des différents responsables de la discipline, ce coin du lycée restait le bastion des deals en tout genre. Wallace échangea un regard entendu avec Alison. Evan choisit d’en plaisanter.
“- Au lieu de faire courir la rumeur, si tu allais acheter ces fichues baskets pour qu’on puisse commencer ton entraînement…
- Quand je parlais de passer plus de temps avec toi, je pensais à des séances de cinéma d’auteur, pas à un footing nocturne...
- Je sais mais ça c’était avant que le Coach ne décèle la pépite qui sommeille en toi…”
Alison lança un regard noir à son professeur et à Evan.
“- Je le dis toujours : un esprit sain dans un corps sain.”
Alors que les deux adolescents quittaient l’enceinte du lycée, Wallace résista à l’envie de se rendre dans l’aile des travaux mécaniques. Veronica voulait savoir pourquoi Drew avait pu passer chez les Ibanez. C’était simple. Drew marchait dans leurs combines.
Pour sa seconde journée au sein du NCIS, Logan put enfin mettre le nez dans les affaires en cours. L’agent Abernathy lui avait posé sur son bureau une pile conséquente de cinq dossiers à lire. Son supérieur lui avait fait savoir qu’il attendait ses analyses et commentaires pour le briefing du lendemain. Avec application et sérieux, Logan s’était acquitté de sa tâche dans l’espoir de voir enfin du terrain. En vain. A 18h, Logan quitta le bureau avec Marion sur les talons. Intérieurement, il espérait échapper à une autre soirée bizutage. La météo était belle. Logan voulait surfer avant le dîner et essayer de croiser Dick. Son pote était distant depuis le début de l’affaire Sinclair. Logan voulait mettre un terme à cette distance. Mais les dieux de la mécanique en décidèrent autrement. Son SUV jaune refusa de démarrer. Pestant, Logan descendit de voiture, ouvrit le capot et se prit un nuage de fumée en plein visage. En colère, il ne put retenir ses jurons qui ne manquèrent pas d’alerter Marion. La jolie blonde, dont la décapotable s’éloignait sur le parking, décrivit un bel arc de cercle et vint stationner tout près du véhicule fumant.
“- En panne ?
- Non, j’organise un barbecue sur le parking du boulot pour fêter mon arrivée, répondit-il sarcastique.
- Un barbecue, très peu pour moi. Je suis végétarienne. Je te laisse avec tes invités, allez salut, dit Marion en enclenchant la première.”
La voiture s’éloignait. Logan s’en voulut tout de suite de son manque de tact. Aussi fort qu’il le put, il héla Marion qui fit demi-tour un immense sourire aux lèvres.
“- Ma caisse vient de me lâcher. Est-ce que ça t’ennuierait de me poser au bureau du Shérif de Neptune ?
- Je doute qu’il puisse faire grand-chose pour ta voiture…
- Moi aussi mais au moins, elle pourra me ramener chez nous, reconnut Logan en s’installant sur le siège passager.
- Donc, tu ne faisais pas le coup de la panne pour passer une soirée à boire des bières avec moi, dit Marion avec un soupçon de déception dans la voix.”
Trop occupé à taper son sms pour Veronica, Logan ne répondit pas à sa collègue. Et même s’il l’avait voulu, il n’était pas certain de la réponse à apporter. Une fois passée la gêne des premiers kilomètres, Logan retrouva sa verve et lança Marion sur son sujet de prédilection : l’hospitalité des américains. La blonde avait un avis assez tranché en la matière. Oui, ils savaient faire la fête mais non, ils ne savaient pas manger. Marion pestait contre l’absence de fromage digne de ce nom.
“- Non mais c’est dingue ! Question vin, vous avez fait des progrès en Californie. Mais il n’y a toujours pas de fromage digne de ce nom pour l’accompagner. Le cheese and wine, vous connaissez pas ?”
Logan ne savait pas quoi répondre. Il avait toujours été un piètre consommateur de vin et son passage chez les Marines n’avait pas fait de lui un amateur de gastronomie. Les envolées lyriques de Marion rappelaient à Logan les débats enflammés de Leo et de Tad, le jeune adjoint de Veronica au sujet des pâtisseries françaises. S’il redoutait de présenter Marion à l’équipe de sa compagne, maintenant, il lui tardait de faire les présentations. A ce propos, ils arrivaient sur le parking du poste.
“- Te voilà arrivé, dit sobrement Marion.
- Viens que je te présente, proposa Logan.”
Marion ne se fit pas prier. Elle suivit son collègue à l’intérieur du poste. Logan le trouva étrangement vide. Le bureau de Tad croulait sous les cartons de viennoiseries. Celui de Leo était encombré mais bien rangé. Veronica était assise sur sa chaise à roulettes. Elle tournait le dos à l’entrée. Elle semblait absorbée par la lecture d’un long dossier. Logan signala sa présence en toquant contre le bureau. La chaise vit volte-face. Le visage concentré de Veronica se transforma comme par magie. Elle lui offrit un sourire rayonnant.
“- J’ai pas été sage ? Tu viens me chercher pour un interrogatoire musclé ? demanda-t-elle en se levant pour l’enlacer.
- Non. Nos services ne t’ont pas détecté. Mais pour l’interrogatoire musclé, on peut s’arranger… répondit-il en lui souriant.
- Pourquoi le NCIS détecterait quoique ce soit de vos activités ? Nous n’avons pas le même champ d’action. Vous n’êtes même pas des fédéraux, déclara Marion qui n’appréciait pas du tout le jeu amoureux de ces deux-là.
- Oh mais c’est qu’elle mordrait la collègue, fit Veronica en se décrochant de Logan. Tu nous présentes ?
- Veronica, voici Marion Moore, une de mes collègues de boulot.”
La suissesse serra fermement la main tendue de Veronica qui se présenta elle-même.
“- Veronica Mars, shérif du comté et fiancée de ce bel agent fédéral.”
Sentant l’électricité dans l’air, Logan cherchait un moyen de désamorcer l’ambiance. Marion s’en chargea pour lui. Elle était finalement plus fine qu’il ne le pensait.
“- Maintenant que tu es entre de bonnes mains, Echolls, je crois que je peux rentrer. Appelle-moi si tu ne sais pas comment aller au bureau demain. A moins que tu n’arrives à faire remorquer ton machin jaune…”
Là-dessus, Marion quitta le poste en roulant des hanches. Le couple la regarda s’éloigner.
“- Tu ne m’avais pas dit que ta collègue était aussi…
- Collante ? tenta Logan.
- Aguicheuse, j’aurais dit… Et tu la choisis elle pour te raccompagner alors que ton stupide SUV te lâche ?”
Veronica croisa les bras devant son homme. Elle avait du mal à masquer sa jalousie. Son air fâché arracha un sourire à Logan qui l’enlaça à nouveau.
“- Tu sais que tu es encore plus sexy quand tu te montres jalouse…
- Jalouse ? Moi ? De cette parodie d’agent fédéral ?
- Oui. Jalouse. Quand tu manques à ce point de discernement, c’est que tu…”
Veronica ne lui laissa pas développer davantage. Elle l’embrassa pour le faire taire. Logan sourit sous le baiser.
“- Doucement, on est dans un lieu public…
- Lieu public totalement désert. Je croyais que les pilotes avaient une meilleure vue.
- Et moi, je croyais que tu avais une équipe pour régler l’affaire Sinclair. Où sont-ils tous passés ?
- Tad suit une piste numérique avec notre meilleur spécialiste dans le domaine, expliqua Veronica.
- Et Leo ? s’enquit Logan.
- Leo est parti ce matin interroger un suspect au pénitencier.
- Et il n’est pas rentré ?”
Veronica ne s’était pas inquiétée de l’absence prolongée de son adjoint. Elle avait été prise par l’analyse des communications de Madison. Elle remontait l’historique de ses échanges avec Dick.
“- Il ne devrait plus tarder. Pourquoi veux-tu le voir ?”
Soudainement, le visage de Veronica s’éclaira.
“- Tu veux le caser avec ta collègue ?
- Tu peux toujours essayer mais je ne crois pas que Leo mange de ce pain-là…
- Leo mange tout ce qui passe. Et elle n’est pas si vilaine que ça ta collègue…”
Logan aurait pu objecter qu’après l’avoir aperçu au Ginger Ale, il était certain que Marion n’avait pas les atouts pour séduire Leo mais il se tut. Ce n’était pas à lui d’annoncer cela.
“- Bon, au lieu de vouloir jouer les marieuses,” commença Logan qui venait de tomber sur les fadettes de Madison toutes fluotées.
Il reconnut le numéro de Dick repassé maintes fois en jaune. Logan soupira. Veronica enquêtait mais pas dans la bonne direction. Il essaya de le lui faire comprendre.
“- ..., si tu jouais les shérifs afin de coller l’agresseur de Madison au trou…”
Veronica ramassa les feuillets et les glissa dans son tiroir.
“- Je m’y emploie. Je m’y emploie mais d’autres événements parasitent mon avancée.”
Logan leva les yeux au ciel.
Logan voix off : S’il n’y avait que le problème de Dick qui interférait dans cette histoire…
L’ex marine se garda de tout commentaire et préféra botter en touche.
“- Bon, je vois que tu en as encore pour un moment. Je rentre à pied par la plage. Je vais surfer. Et je saluerai le parasite pour toi, dit-il en sortant avec un clin d’œil.”
Veronica le regarda sortir mi agacée par sa clairvoyance, mi reconnaissante pour sa patience. Une fois seule, elle ressortit les fadettes. Madison harcelait Dick d’appels depuis plusieurs mois, depuis que Mac avait été obligée de tracer les capitaux du jeune homme. Y avait-il un lien ?
Pour Leo, c’était une bonne journée qui s’achevait. Il avait fait une découverte significative dans l’affaire Sinclair grâce à un post-it et un interrogatoire rondement mené. Il avait même confirmé sa trouvaille auprès de Keith Mars. Le père de sa patronne avait été ravi de discuter boutique avec lui. A l’instar de Leo, l’ancien shérif suspectait Vega d’avoir transmis son savoir à sa descendance. Ensemble, ils avaient fouillé les carnets d’investigation de l’ex shérif pendant une bonne partie de la fin d’après-midi en espérant trouver une note, un indice menant à cet enfant. Leur recherche ne fut pas miraculeuse mais elle révéla une nouvelle piste à suivre. A l’époque, toutes les cautions de Mario Vega avaient été réglées par le gang des PCH. Au volant de sa voiture de fonction, Leo sourit. Il rapportait un nouvel os à ronger. Les recoupements dans l’affaire attireraient peut-être l’attention de Veronica. Le jeune homme avait partagé à demi-mot ses inquiétudes avec Keith. Ce dernier l’avait rassuré du mieux qu’il le pouvait avec une phrase digne de Yoda.
“- La vérité peut prendre bien des chemins pour s’exprimer, se répéta Leo.”
Alors qu’il allait pour s’engager sur la grande rue qui le conduirait au poste, il aperçut un groupe de surfeurs tout équipés courir vers les vagues. Charlie était-il parmi eux ? Leo ralentit, scruta le groupe. Il ne distingua pas son bel éphèbe mais il reconnut quelqu’un. Logan était assis sur un des murs de la jetée, le dos vouté. Sa posture trahissait un certain abattement. Sans véritablement s’en rendre compte, Leo se gara et le rejoignit.
Logan fixait le sol. Il profitait d’un petit instant de répit. Depuis son retour au pays, les relations au sein du groupe n’étaient pas de tout repos. Aujourd’hui, de manière étrange, c’était lui qui en assurait la cohésion. Avant le pilier, c’était Veronica. Ce changement prouvait bien que sa compagne s’égarait depuis le début de cette affaire. Logan avait beau se dire que Veronica savait ce qu’elle faisait, l’inquiétude le taraudait. Il n’aimait pas la voir passer du temps à chercher le fin mot de l’histoire entre Dick et Madison. Qu’espérait-elle trouver ? Il en était là de ses réflexions quand il aperçut un pantalon vert kaki et des bottes noires approcher. Il sourit. Avait-elle compris qu’il était temps de rentrer ? Logan redressa la tête et son sourire disparut.
“- Ah… C’est toi...réussit-il à bafouiller.”
Leo se laissa tomber lourdement aux côtés de Logan. Il n’avait jamais eu aucune chance de le séduire, l’air dépité de Logan n’était qu’une preuve de plus. Cependant, Leo attendit que Logan fixe la mer avant de lui répondre. Il lui était toujours plus facile de lui parler quand il ne voyait pas ses deux yeux lagons le transpercer.
“- Je suis bien désolé de ne pas être Veronica, crois-moi… dit le policier.
- Ne le sois pas… En ce moment, sa position n’a rien d’enviable…
- Ah, l’affaire Sinclair…
- Il y a, comment dire, un certain passif entre elle… essaya d’expliquer Logan.”
Du coin de l’œil, Leo l’observait. Logan semblait gêné, presque fragilisé. Leo savait peu de chose du conflit entre les deux blondes, mais si Logan en était le cœur, il comprenait mieux la colère de Veronica. Quand on a un mec pareil, n’importe qui refuserait de le partager. Toutefois, la peine de Logan l’émut davantage. Instinctivement, le policier posa sa main sur l’épaule de celui-ci et sans le vouloir, le contact se mua en caresse. Quand il s’en rendit compte, il était trop tard pour retirer la main. Logan se tourna vers lui sans pour autant se dégager.
“- Je ne voudrais pas que ce passif l’empêche de mener à bien l’enquête… Je ne veux pas que son ressentiment brouille son jugement…
- C’est de Veronica dont on parle… La vérité avant tout… Et comme le dit Keith, il y a plusieurs chemins qui y conduisent.
- J’espère que tu dis vrai...soupira Logan avant de se lever.”
Il fit quelques pas avant de reprendre la parole. Visiblement, il avait un service à lui demander et ne savait pas trop comment s’y prendre.
“- Loin de moi l’idée de la surveiller mais est-ce que tu pourrais…”
Logan n’osait pas formuler sa requête. Il ne se souvenait que trop bien des fois où il avait été envahissant dans les enquêtes de Veronica. Son instinct de surprotection avait détruit leur couple systématiquement. Cette fois, il ne voulait pas prendre le moindre risque mais le besoin de la protéger était là, bien vivace. Leo le rassura.
“- J’apporte des éléments tout frais qu’elle ne pourra pas ignorer. L’enquête va suivre son cours. Les faits eux-mêmes l’empêcheront de s’égarer… Mais je peux garder un œil sur elle, si tu veux...”
Logan sourit et se massa la nuque enfin rassuré.
“- Merci Leo…”
Le policier se contenta d’hausser les épaules avant de prendre la direction de sa voiture. Logan le rappela une dernière fois. Leo acceptait de l’aider, la moindre des politesses était de le prévenir des plans que Veronica ourdissait à son égard.
“- Veronica est tellement perturbée en ce moment qu’elle voit dans ma coéquipière une rivale potentielle…”
Leo esquissa un sourire face au ridicule de la situation. Veronica se méfiait des équipières de Logan mais pas de lui alors que si elle savait ce qu’il avait fait avec une simple photo de son mec, elle le ferait muter en Alaska.
“- Pour chasser le problème qui n’en est pas un, elle a l’intention de te la présenter…lâcha Logan.”
Aux sourires qu’ils échangèrent, Leo comprit que Logan n’était pas dupe et qu’il l’avait aperçu avec Charlie au Ginger Ale. Alors à quoi bon nier ?
“- Repousser les avances de Denise, c’était déjà épuisant…Maintenant, ta collègue…soupira-t-il.
- Plains-toi d’avoir du succès, plaisanta Logan.
- Dans ce cas précis, je ne parlerai pas de succès.”
Il jouait cartes sur table guettant la réaction de Logan. Allait-il s’éloigner de lui ? Le regarder comme une bête de foire ? Rien de tout cela. Logan se contenta de sourire, visiblement très content d’avoir obtenu sa confirmation et d’avoir été plus clairvoyant que Veronica sur ce coup-là. Alors que Leo allait lui demander de garder son secret pour lui, l’agent fédéral le prit de court.
“- Je ne lui dirai rien mais si tu veux échapper à ma collègue, je crois...
- ...qu’il va falloir qu’on ait une petite conversation avec ta copine.”
Là-dessus, le téléphone de Leo vibra. C’était Charlie.
“- Quand on parle du loup, glissa le policier amusé en montrant la photo qui s’affichait.”
Logan résista à l’envie de conclure le proverbe. Il salua Leo silencieusement et remonta la plage. Avant de tourner derrière les rochers, il jeta un dernier regard au policier. A le regarder, on devinait le ton de la conversation. Logan vit Leo vérifier sa montre et partir en trombe. Visiblement, la soirée promettait d’être animée pour l’inspecteur. Logan lâcha un soupir et reprit sa marche. Peut-être que lui aussi aurait la surprise de trouver son amoureuse à la maison ?
Rentrer chez lui à pied et par la plage prit énormément de temps à Logan. Il fallait reconnaître que sa tenue d’agent fédéral n’incitait pas au footing. Lorsqu’il pénétra dans la maison, il fut accueilli par le regard interrogatif de Mac.
“- Panne de voiture, on m’a raccompagné jusqu’au poste de police et j’ai marché en revenant par la plage.”
Il y avait tant d’espoir dans les yeux de la geek qu’il s’empressa de préciser.
“- Seul. Je ne l’ai pas vu…
- Jusqu’au poste, c’est ça ! Crois-moi qu’elle avait envie de te raccompagner bien plus loin ! Persifla Veronica.”
Logan leva les yeux au ciel. Sa belle blonde tempêtait depuis la terrasse. A mi-voix, Logan lui demanda si Veronica était vraiment furieuse ou si elle jouait. Mac ne sut que répondre.
“- Je viens à peine d’arriver… Mais je peux vous laisser tous les deux…”
Logan retira sa veste, ses chaussures et prit Mac par le cou.
“- Je t’avais dit que je te ramènerai Dick. J’ai failli, alors hors de question que je te mette dehors…”
Mac sourit, blottie contre lui. Alors qu’ils sortaient sur la terrasse, elle lui murmura.
“- Dis plutôt que tu veux que je joue les boucliers humains…”
Logan lui adressa un clin d’œil.
“- Alors tu as vu le parasite, demanda Veronica à brûle pourpoint.
- Outch, même pas un tour de chauffe, Ronnie ?
- Tu m’as reproché de ne pas avancer assez vite dans l’affaire. Alors, j’accélère le mouvement.
- Et ça paie ?
- Madison et Dick étaient en contact téléphonique sporadique depuis des années. Un appel par si, un appel par là… Rien de surprenant quand on connaît l’historique de leur relation…”
Logan glissa un regard vers Mac. Comment allait-elle prendre l’évocation de la sexualité débridée de Dick ? Visiblement, elle encaissait. La brune venait de s’installer à table et d’allumer sa tablette. A moins qu’elle ne se cherche un dérivatif, pensa Logan.
“- Leurs échanges se sont intensifiés ces derniers mois. Le regain de connexion coïncide avec la disparition des fonds sur les comptes de Big D…”
Cette information attira l’attention de Mac tandis que Logan cherchait dans ses souvenirs si Dick avait fait mention de l’événement. Il ne sut le dire. A l’époque, il était déployé à des milliers de kilomètres et Dick n’était pas son principal correspondant.
“- Dans quel sens, les communications ? demanda la brune.”
Veronica lui sourit. Mac espérait encore que Madison soit la méchante de l’histoire. La blonde ne pouvait pas l’en blâmer.
“- C’est Madison qui a recontacté Dick.
- Dick perdait tout à ce moment-là. Pourquoi l’aurait-elle appelé ? Par bonté d’âme ? demanda Logan à l’assemblée.”
Veronica leva les yeux au ciel, tandis que Mac s’affairait toujours plus sur sa tablette.
“- Elle a contacté Dick parce qu’il ne la payait plus, commença-t-elle.”
Veronica avait vu juste. Dès qu’elle avait placé Madison dans le rôle de la vilaine, Mac avait déployé toute son énergie et ses compétences pour innocenter son amant. Il ne lui avait fallu que deux minutes pour réussir alors qu’elle avait mis près de deux heures en fin de journée.
Veronica voix off: Ah les lenteurs administratives…
“- Dick payait Madison ? s’étonna Logan.
- Piste intéressante, n’est-ce pas ? fit Veronica en sortant trois bières du frigo extérieur. Voilà de quoi relancer l’affaire…
- Si j’avais su, j’aurais dit à ton adjoint de passer, dirent en même temps Mac et Logan.”
Veronica pencha la tête sur le côté surprise. Après des heures de blocage, voilà que tous avaient une piste.
“- Et bien, nous verrons ça demain !”
Elle leur tendit les bouteilles. Ils trinquèrent et partagèrent un repas où il ne fut question que de la collègue de Logan. Ce dernier n’était pas dupe. Veronica faisait tout pour que Mac ne pense pas à Dick. Mais quand Logan la raccompagna sur le pas de la porte, la brune ne put taire plus longtemps sa question.
“- Tu crois qu’elle le soupçonne vraiment ?
- Je crois qu’elle est prête à tout pour comprendre son implication dans cette affaire.
- Et le fait qu’il se soit enfui une seconde fois n’aide pas…
- Dick ne s’est pas enfui...fit la voix de Veronica dans leur dos.”
Ils sursautèrent de concert avant qu’elle ne sorte les rejoindre.
“- Dick est parti embaucher un privé.
- Pourquoi ferait-il ça ? S’étonna la brune.
- Pour prouver sa fidélité envers Mac, suggéra Logan.
- Inutile. Tu nous en as fourni une preuve pour le moins parlante.
- Il ne cherche pas un moyen de s’innocenter. Pour ça, il aurait embauché un avocat, se récria Mac.”
Veronica se mordit les lèvres. Elle s’était interdit de parler de l’affaire pendant la soirée pour ne pas stresser son amie. A quelques minutes du départ, tout son beau plan tombait à l’eau. Aussi, elle dévoila un peu son analyse.
“- Si je devais expliquer l’attitude de Dick… Je dirais qu’il cherche un moyen de mettre fin au chantage financier… Et il ne peut pas te le demander, tu es trop impliquée...”
Les trois amis échangèrent un regard. Chacun pesant la probabilité de cette hypothèse. Quand Mac vint étreindre Veronica, cette dernière sut qu’elle avait réussi à rassurer son amie. Après une dernière accolade, la brune prit congé. Ce soir, elle réussirait à dormir.
Eprouvant des difficultés à dormir sur des draps miteux, Dick se tournait et se retournait sans cesse dans son lit. Las de courir après le sommeil, il se releva et prit l’enveloppe que lui avait remise le détective privé. Dick était ravi de l’avoir payé rubis sur l’ongle, même si pour cela il avait dû vendre ses planches de collections. L’enquêteur avait été efficace. De plus, le professionnel lui avait assuré que les délais pour engager des poursuites à son encontre étaient largement dépassés. S’il l’avait su plus tôt, rien de tout cela ne serait arrivé… Oui, mais pour cela, il aurait dû en parler aux autres… Et le chantage mordant de Madison l’en avait bien dissuadé. Ce soir, il respirait. La menace n’existait plus. Ou existait bel et bien. Et il était temps de la rencontrer. Dick ouvrit l’enveloppe. Une photo tomba au sol. Il la ramassa.
“- Très pro ce privé, il inclut des photos de ses clients… Enfin, il aurait pu en choisir une plus récente, dit-il à voix haute avant de lire la date imprimée sur le cliché.”
2016. Dick relâcha l’image comme si elle l’avait brûlé. L’épée n’était plus au-dessus de sa tête mais il venait de se la prendre en pleine face. Maintenant qu’il savait, il allait trouver Madison et la faire payer.
Le soleil filtrait entre les lames des stores vénitiens de son petit appartement. Les premiers rayons glissaient sur les deux corps allongés sur le lit. Leo s’étira le premier. Il sourit. Cette fois, ils avaient réussi à atteindre la chambre. Charlie dormait paisiblement. Ses cheveux blonds relâchés faisaient comme une auréole autour de sa tête. Leo s’approcha, retira les quelques mèches qui lui tombaient sur le front. Du coin de l’œil, il aperçut l’heure. 6h39. Le réveil allait bientôt sonner. Leo se détourna de son amant pour écraser l’appareil avant la sonnerie fatidique mais une caresse le retint. La main chaude et encore ensommeillée de Charlie avait saisi son avant-bras. Elle remontait doucement jusqu’à son coude. Là, elle resserra sa prise et tira Leo. Le policier se laissa faire. Il se retrouva nez à nez avec un Charlie plus du tout endormi.
“- Tu comptais m’échapper ?
- Je voulais juste couper l’alarme pour t’éviter un réveil brutal, tu dormais si bien, bafouilla Leo en se laissant retomber sur le lit.”
Il avait beau être sûr de son homosexualité, de ses sentiments pour Charlie depuis leur premier rencard, Leo perdait tous ses moyens quand Charlie se montrait taquin. Leo cherchait quelque chose de tendre à dire mais la sonnerie stridente du réveil lui court-circuita les méninges. Il grimaça.
“- Voilà ce que je voulais t’épargner…
- Et dans quel but ? Je finirai bien par l’entendre cette sonnerie… A moins que tu comptes me jeter…”
La dernière phrase enflamma les craintes de Leo. Comment un réveil si anodin pouvait-il amener des questions aussi importantes ? Est-ce que leur relation était sérieuse après seulement deux rencards ? Quand on connaissait la timidité du policier, on comprenait que oui. Mais ça, Charlie n’en savait rien. Comme au Ginger Ale, Leo allait devoir se découvrir, agir s’il voulait garder cet homme avec lui. Son cerveau tournait à vive allure dans l’espoir de trouver quelque chose de spirituel et drôle pour rassurer Charlie. Mais rien ne vint à cause de la sonnerie stridulante du réveil. D’un coup de poing rageur, Leo le fit taire avant de se tourner lentement vers un Charlie qui commençait à s’inquiéter et à se demander ce qui lui avait pris de poser cette question stupide après une nuit si parfaite. Leo se cala sur un coude. Charlie assis contre les oreillers le regardait sans oser bouger pour une fois. Leo s’approcha davantage, caressa de son pouce la joue pas encore rasée de Charlie. Délicatement, il attira son visage vers le sien.
“- Viens par-là que je te montre comment je comptais et je compte te réveiller le matin…déclara lentement Leo pour que Charlie comprenne bien chaque mot avant de butiner ses lèvres.”
Tout le stress de Charlie s’évanouit sous l’assaut des baisers de Leo. Au septième, ce dernier se recula.
“- Il est presque 7 heures, dit-il avec un clin d’œil. Il faut vraiment que je me lève.”
Charlie regarda Leo sortir son uniforme du placard tout en s’étirant.
“- C’est qu’il y en a qui bosse…”
Leo se renifla l’aisselle droite, grimaça. Charlie s’amusa de son manège.
“- Une douche s’impose, conclut le policier en prenant la direction de la salle de bains.”
Quand Charlie entendit l’eau ruisseler, il avait pris sa décision. Il se leva en hâte.
“- Attends, je vais t’aider à te savonner le dos… ça ira plus vite !”
En sentant les mains de Charlie parcourir son dos, Leo se dit que oui, il avait bien fait de réactiver Tinder et que oui, cette histoire était partie pour durer. Tout comme la douche...
