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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
Eli, Leo et Veronica s’étaient tous avancés vers le tableau pour trouver le lien de Fuller avec l’affaire.
“- On a rien sur lui… souffla Tad.
- Avant de chercher un complice à Rafaël, essayons déjà de le placer sur les lieux de l’agression, conseilla Leo.
- Pour les empreintes palmaires, il a une explication plausible… Le sang qui a été retrouvé sur les vêtements de Madison, il est à qui ? demanda Eli en tapotant le relevé ADN envoyé par Denise.
- C’est un ADN masculin qui matche avec un certain Mario Vega, expliqua Veronica. Mais Vega est en prison. C’est donc l’ADN de son fils.
- Lola m’a avoué que Vega était le père de Rafaël. Mais demande à tes fouines de le comparer avec celui de Lola Ibanez pour confirmer…
- Elle vient de dire qu’il était masculin, rétorqua Leo tandis que Veronica s’éloignait pour relire ses messages.
- Je ne pensais pas que les gays avaient autant de lacunes sur comment on fait les bébés. Un enfant, c’est 50% papa ; 50% maman, ironisa Eli.”
Subitement, le regard de Leo s’éclaira. Pas de lueur sombre à l’horizon. Juste l’éclat brillant de la compréhension.
“- Sans ordonnance judiciaire, on ne peut pas comparer l’ADN de Rafaël à celui de Vega. Mais on peut tester l’ADN de la scène de crime avec celui de Lola. Si les marqueurs mitochondriaux sont les mêmes...
- Donc, si tes machins mito-trucs collent alors Rafaël est bien le fils Vega et il a tabassé Madison… résuma Tad tout en composant le numéro de la Scientifique. Allo, Denise ? On a une analyse à faire en urgence. Leo va t’expliquer.”
Tad passa le téléphone à son collègue qui était plus à l’aise avec tout ces termes scientifiques. Il le laissa développer leur nouvelle théorie et reprit sa place derrière son bureau pour visionner la suite des bandes vidéos. Veronica relisait un message sur son smartphone. Eli la fixait.
“- Quoi ? grogna-t-elle quand elle sentit son regard sur elle.
- Toi, tu as une piste que tu nous caches…
- Non… J’attends un appel de l’hôpital au sujet du type qui prend des nouvelles de Madison, bafouilla-t-elle.”
Eli avait souvent réussi à percer sa carapace et à décrypter ses silences. Cette fois-ci, il choisit de laisser couler.
“- Je peux le voir ?
- Tu n’es ni son avocat, ni sa mère, répondit Veronica en reprenant les listings téléphoniques du Neptune Hospital.
- Ça tombe bien, Rafaël n’est accusé de rien pour le moment. Tu n’as pas de preuves…
- Laisse la magie de Denise opérer, glissa Leo.
- En attendant si tu me laissais tenter ma chance ?”
Elle cessa d’éviter son regard. Ils échangèrent un sourire. Tout passait par le sourire avec Eli.
“- Je te dois bien ça. Tu connais le chemin ?”
Eli lui répondit d’un clin d’œil. Leo le regarda passer, effaré. Le motard crut important de le rassurer.
“- Je ne vais pas le faire s’évader. Je vais juste…
- Essayer de le faire parler. Je sais. Ils ont besoin de ton assentiment avant de dire quoique ce soit à la police, compléta Leo qui reprenait la ligne avec Denise.”
Cela faisait près d’une heure qu’il le laissait mariner. Rafaël n’était pas dupe. Il savait, grâce aux courriers de son père, que les flics pouvaient imaginer mille et une ruses pour vous pousser à réagir. Quand il avait entendu des cris, Rafaël ne s’était pas levé. Lorsqu’il avait perçu des bruits de lutte, il avait eu un doute. Il lui avait fallu toute sa volonté pour rester sagement assis. Aussi quand la porte s’ouvrit, il ne put se maîtriser plus longtemps.
“- Vous revenez me parler de…”
La fin de sa phrase resta coincée dans sa gorge. Il s’attendait à retrouver l’adjoint d’Amato ou la shérif. Rien ne le préparait à l’arrivée d’Eli Navarro. Subitement, Rafaël se redressa sur sa chaise, déglutit lentement.
“- Et comment. Il va falloir qu’on cause, Rafaël…
- Tu marches avec eux ?
- Avec eux. Contre eux. Comme s’il ne pouvait y avoir que deux camps...philosopha Eli en s’asseyant à cheval sur sa chaise.”
Cette réflexion plongea l’adolescent dans la plus grande perplexité. Eli le laissa penser quelques minutes avant de reprendre.
“- Ta mère s’inquiète…
- C’est pas nouveau.
- Elle s’inquiète de tes fréquentations.”
Rafaël arqua un sourcil. Eli ajouta un nom.
“- Fuller.”
Aussitôt, l’adolescent esquissa un rictus.
“- Dis plutôt que c’est Rodrigo qui s’inquiète. Il n’est pas très ouvert d’esprit. Maman n’a jamais eu de souci avec Drew. Elle l’aime beaucoup.
- C’est pour avoir le même train de vie que Fuller que tu as aidé ta mère chez Sinclair ?”
Rafaël se referma comme une huître. Eli était certain d’avoir visé juste. Un coup sec contre la vitre le rappela à l’extérieur de la salle. A regret, il laissa Rafaël.
“- La magie de Denise a parlé ! claironna Leo.
- Rafaël est bien le fils de Vega. Lola ne m’a pas menti, dit Eli.
- Et c’est bien lui qui a frappé Madison, relança Leo. Quant à savoir pourquoi ?
- Ta théorie autour de Fuller se précise. Rafaël a réagi quand j’ai parlé de lui et Madison…
- Laissons la théorie de côté. Voyons ce qu’il a à dire sur la pratique.”
Veronica attrapa le résultat d’analyse fraichement faxé par Denise et s’avança vers la salle d’interrogatoire.
“- On va voir comment il va expliquer la présence de son sang…”
Veronica entra sans un mot. Elle s’installa face à Rafaël, ouvrit le dossier et commença à la feuilleter. Elle resta silencieuse quelques minutes, bien décidée à montrer à son suspect que c’était elle qui menait la barque. Au soupir lâché par l’adolescent, elle sut qu’il était temps de commencer.
“- Alors comme ça, tu aides ta mère pour faire son job chez Sinclair ?
- C’est pas interdit que je sache… Et puis, je crois que vous faisiez de même autrefois.”
Veronica esquissa un sourire. Eli qui observait tout depuis la salle arrière se massa la nuque. Il n’était pas certain que jouer le sarcasme face à Veronica soit la bonne stratégie.
“- Ça doit être un travail particulièrement dangereux qu’elle t’a demandé de faire…
- Ouais… Il est méchant cet aspirateur… Le nouveau modèle mord si on ne le passe pas dans le bon sens, ironisa-t-il.
- Ah, l’aspirateur mord…”
Veronica répondait sans s’agacer. Elle semblait même prendre du plaisir à discuter avec Rafaël. L’ex-chef de gang n’était pas dupe. A la manière des serpents, Veronica était en train d’endormir la vigilance de sa proie pour mieux la piéger. Lentement, la shérif ouvrit son dossier et sortit la feuille d’analyse faxée par Denise.
“- C’est pour ça qu’on a retrouvé ton sang dans le couloir où a été agressé Mademoiselle Sinclair, ainsi que sur ses vêtements ?”
Subitement, Rafaël se redressa. Il appréciait l’échange avec la shérif mais là, les choses sérieuses commençaient. Il devait rester concentré surtout s’il ne voulait pas faillir à sa promesse. De son côté de la vitre, Eli se rapprocha pour mieux entendre, pour mieux voir. Quelque chose venait de changer, il en était certain.
“- Bon, on a assez joué, Rafaël. Tu n’étais pas là-bas pour aider ta mère… Pourquoi avoir braqué Madison ?
- Qu’est-ce qui pouvait bien nous intéresser ? Feignit de demander l’adolescent.”
Veronica n’entra pas dans son jeu. Aussi, Rafaël reprit la parole. Les silences de Veronica semblaient le mettre en verve.
“- Le fric… Cette maison respirait la monnaie.
- Si on veut du cash, on braque une supérette, pas une résidence surprotégée des quartiers huppés, fit-elle remarquer.
- Le cours de l’or est plus intéressant que le cash.
- Alors ça doit vous mettre en colère d’avoir déployé tous ces efforts pour rien. Vous n’avez pris aucun des bijoux en or…”
Tout à coup, Rafaël se tut. Veronica insista.
“- Qu’est-ce vous cherchiez chez Sinclair ?”
Rafaël se perdit dans la contemplation d’une tache sur le plateau de la table d’interrogatoire. Il évitait soigneusement le regard de Veronica. Sans ça, il fléchirait immédiatement. Eli faillit sortir dire à Tad de mettre les bouchées doubles sur le visionnage des vidéos surveillances mais il resta regarder la fin de l’entretien.
“- Très bien. Tu préfères te taire. On sait que tu as un complice… On va finir par le trouver et lui, il sera peut-être plus loquace…”
Veronica reprit son dossier, se leva. Au moment de quitter la salle, elle ajouta.
“- Tu sais que ce sera à celui qui nous parlera le premier. Réfléchis bien, tu peux encore t’en sortir…”
Eli grimaça. Veronica jouait un truc vieux comme le monde. Rafaël ne tomberait jamais dans le panneau. Si Vega lui avait enseigné ses méthodes de voleur, il devait certainement lui avoir parlé des techniques d’interrogatoire.
“- Je n’ai rien à vous dire...
- C’est ce qu’on verra quand on aura attrapé ton blondinet de complice…
- Vous perdez votre temps…”
Veronica sortit alors que Rafaël, persuadé d’être enfin seul, lâchait dans un souffle :
“- Jamais, je ne l’abandonnerais. Je ne suis pas comme eux…”
Veronica ressortit de la salle d’interrogatoire frustrée. Elle jeta le dossier sur son bureau faisant voler les listings téléphoniques de l’hôpital.
“- C’est pas possible de bloquer à ce point !
- On a avancé. On a l’identité d’un des braqueurs, osa Leo.
- Pour ce que ça nous sert ! Il est verrouillé comme la porte de la prison où il va finir s’il ne nous balance pas son complice !
- Un sur deux, c’est déjà pas si mal, tenta Tad qui visionnait toujours les vidéos de Madison.
- Pas si mal ?! On va boucler un ado qui a accepté de monter sur le coup uniquement parce que c’est un mec loyal ! Excuse-moi de ne pas me satisfaire de ça ! Je veux savoir pourquoi ils ont braqué Madison. Pourquoi spécialement sa maison ? Surtout si c’est pour ne rien y prendre !“
Veronica s’emportait sous le regard incrédule d’Eli.
« - Ils ont forcément pris quelque chose… J’ai pas encore trouvé… bafouilla Tad.
- Tad a raison. Rafaël a l’air de quelqu’un de sensé. Il n’aurait jamais accepté de monter le coup s’il n’était pas certain de trouver ce que son complice cherchait…ajouta Leo.
- Peut-être. Mais on n’a que des hypothèses. On a besoin de concret, d’un mobile pour avancer… »
Eli s’était glissé près d’elle. Il l’attrapa par les épaules.
“- Viens faire un tour dehors. Tu as besoin de souffler. Dans cet état, tu n’arriveras à rien.”
A la dernière phrase, elle se rebiffa.
“- Je n’arriverai à rien ? Je vais te montrer si je n’arrive à rien.”
Furieuse, Veronica attrapa sa veste, se dirigea vers son arme. Tad était tellement inquiet qu’il en laissa tomber son beignet. Veronica ne se préoccupa pas de lui, elle mit son révolver sous clé et cria à qui voulait l’entendre.
« - Tu vas voir si je n’arrive à rien. Je vais aller les chercher les infos qui nous manquent sur le complice de Rafaël ! »
La porte du poste claqua bruyamment. Tad interrogea du regard ces deux ainés.
« - On ne devrait pas…
- La suivre ? suggéra Leo qui reprenait les recherches de Veronica sur les mystérieux appels à l’hôpital.
- Jamais, affirma Eli.
- Mais…
- Quand elle est dans cet état-là, rien ne l’arrête.
- Justement…
- Elle n’est pas armée…
- Si tu veux vraiment t’inquiéter pour quelqu’un, inquiète-toi pour Fuller. Je crois qu’elle est partie nous le cueillir… »
Wallace avait ressenti le besoin de s’isoler de ses collègues pour essayer de comprendre Drew Fuller. Il avait coupé son téléphone, fermé sa porte et s’était plongé dans la lecture complète du dossier scolaire de l’étudiant. Il avait dû faire un saut dans les tréfonds des archives papier du lycée mais ce qu’il avait dégoté en valait la peine. Quand la porte de son bureau vola sur ses gonds, il ne masqua pas sa surprise. Veronica écumant de colère se tenait dans l’embrasure, le principal sur les talons. Ce dernier la doubla pour expliquer cette violente irruption.
« - La shérif cherche Fuller. Les élèves nous ont rapporté un incident lors de votre cours…
- C’est exact. Une altercation entre Rollins et lui.
- Qu’avez-vous fait de Fuller ?
- Je l’ai coupé en morceaux et caché dans mon casier, répondit Wallace ironique. »
Il détestait son principal. Il ne se préoccupait des étudiants que quand ils lui posaient souci. Veronica restait sagement derrière le chef de l’établissement. Son silence inquiétait Wallace bien plus que la disparition de Fuller.
« - Monsieur Fennel, je vous prie de garder votre sérieux.
- Après l’incident, je me suis entretenu avec Drew qui n’a pas souhaité reprendre le cours de sa journée. Il a quitté le lycée sitôt que je lui ai donné sa convocation pour sa retenue. »
Là-dessus, le principal se tourna vers Veronica.
« - Vous voyez qu’il n’est pas chez nous. Il était inutile de faire tout ce ramdam en arrivant.
- Si j’étais parent d’élève et que j’apprenais que mon fils échappe à votre surveillance, croyez-moi que j’en ferais du ramdam et il serait bien pire que celui-ci, répondit-elle froidement. »
Principal et shérif se toisèrent avant que le premier ne se décide à tourner les talons laissant les deux amis en tête à tête.
« - Du ramdam ?
- Une altercation entre Fuller et Rollins et tu ne m’en parles pas ?
- En quoi ça concerne ton affaire ?
- Fuller est un ami d’Ibanez. Il a essayé de l’aider pour qu’il échappe à Leo…
- On peut aider ses amis sans être coupable. Tu vois le mal partout, dit Wallace qui restait profondément bouleversé par le dossier de son élève.
- Je ne suis pas la seule… Drake a jugé bon de m’avertir, elle. D’ailleurs, j’aimerais bien lui parler puisque Drew manque à l’appel… »
Wallace rassembla ses affaires et invita son amie à le suivre vers la cour. Les lycéens étaient en train de déjeuner. Ils repérèrent sans mal Alison. Elle mangeait seule à une table près de la poubelle mais toutes les attentions étaient tournées vers elle. Elle était celle qui avait fait péter un plomb à Drew. Elle était celle qui avait provoqué la bagarre entre deux anciens amis. Les rumeurs allaient bon train, ainsi que les projectiles. Le coach soupira :le mouvement égalitaire s’estompait déjà… Ils allaient la rejoindre quand la grande carcasse d’Evan fit son apparition. Il se laissa tomber de toute sa hauteur sur le banc.
“- Je sais pas si je vais réussir à avaler quoique ce soit. Il a cogné fort...
- Comme si tu regrettais…répondit Alison amusée avant de se pencher pour voler un baiser à Evan.
- Désolé d’interrompre votre déjeuner en tête à tête mais… »
Les deux adolescents se redressèrent. Alison retrouva tout son sérieux. Evan gagna en gravité.
« - Il faut qu’on se parle, acheva Veronica.”
Rapidement, ils remballèrent leur repas et se levèrent. Wallace arqua un sourcil.
“- Qu’est-ce que vous avez trouvé ? demanda le coach un peu inquiet en suivant Veronica et les deux lycéens. »
Sur les marches du lycée, le stress de Wallace atteignait des niveaux record.
« - Ne me dites pas que vous vous êtes battus pour pêcher des infos ? »
Veronica en sourit. Elle avait quitté le poste en mode boule de nerfs. Une dose de papa ours et elle s’apaisait. Amicalement, elle posa sa main sur son épaule.
« - Ok, vous m’expliquerez sur place. »
En silence, la shérif accéda à la demande de Wallace. Ils s’installèrent tous les quatre dans le véhicule de fonction. Était-ce la couleur de la voiture, la musique de la radio qui stressèrent à nouveau Wallace ? En tout cas, celui-ci se retourna vivement vers ses élèves et demanda :
« - Rassurez-moi, vous n’avez rien fait d’illégal pour avoir vos infos ? ”
Evan et Alison, assis sur la banquette arrière, observèrent leur professeur, surpris.
“- Coach, voyons…
- Relax, Wallace... Tu les as bien élevés tes petits…”
Rasséréné, le coach s’effondra de tout son poids sur le siège et se tut, enfin, jusqu’au poste.
Logan avait bossé toute la matinée avec Marion : une sombre histoire de trafic de stupéfiants chez les Marines. Leurs investigations les avaient rapprochés de l’hôpital de Neptune, Logan attendait que Marion termine l’interrogatoire de l’urgentiste qui avait ramassé leur marine chargé à la dope. Dans ce couloir, Logan avait du mal à se concentrer. Madison était tout près. Il n’avait que quelques pas à faire s’il voulait lui parler, s’il voulait lui arracher la vérité. Presque malgré lui, Logan s’éloigna de la conversation de Marion et se dirigea vers la chambre de Madison où il avait vu entrer Madame Sinclair. Il ne lui restait plus qu’une vingtaine de pas quand il se fit rappeler à l’ordre. Il se figea comme un enfant pris en faute.
« - Echolls ! Où tu vas ? On a fini ici, criait Marion. »
Dans un soupir, il fit volte-face et rejoignit sa coéquipière. Elle lui fit un rapide résumé de son entretien, qu’il n’écouta guère. Un mot prononcé par l’infirmière à l’accueil avait attiré son attention.
« - Mademoiselle Sinclair se remet doucement… »
Un homme blond discutait avec l’infirmière.
« - Vous pouvez passer la voir… La police a levé les mesures de sécurité. »
Subitement, l’homme s’éloigna comme épouvanté. Logan aperçut son visage. Il lui était familier mais il n’arrivait pas à mettre un nom dessus. Il faut dire qu’il était assez estomaqué. Quelqu’un s’inquiétait du sort de Madison ? Quelqu’un qui n’était pas de sa famille ? Les méninges de Logan tournaient à vive allure, visiblement plus passionnées par le cas Sinclair que par celui de l’enseigne Straton. Sur le parking, il proposa à Marion d’aller déjeuner en ville pour lui présenter sa compagne et lui faire découvrir la ville.
« - Ah, enfin ! Je croyais que le sens de l’accueil des américains était une légende… »
Logan grimaça. Si elle savait pourquoi il l’avait invitée, elle serait bien déçue.
Ils arrivèrent sur le parking du poste à la suite de la voiture de fonction. Alors qu’il se garait, il reconnut la silhouette de Wallace adossé à une fenêtre.
“- On dirait que tu vas faire connaissance avec une partie de ma tribu…glissa-t-il à Marion en claquant la portière.”
Le retour de Veronica fit pousser un soupir de soulagement à son jeune adjoint. Tad s’était véritablement inquiété pour sa supérieure. Toutefois, il ne comprenait pas pourquoi elle était allée chercher deux autres lycéens qui n’étaient mentionnés nulle part dans le dossier et le coach de basket du lycée. Il ralentit la vitesse de défilement de ses vidéos et écouta la conversation.
“- Bon, j’ai sacrifié ma pause déjeuner pour te suivre avec ces deux-là. Tu m’expliques, V ?
- Fuller / Ibanez, répondit sobrement Veronica.
- Pourquoi leur relation t'intéresse-t-elle ?
- Disons qu’on a placé Ibanez sur les lieux de l’agression. Maintenant, on voudrait comprendre pourquoi. Et Fuller est un élément récurrent dans le dossier… »
Wallace se dandina d’un pied sur l’autre. Que pouvait-il dire ?
« - Et bien, Fuller s’est rapproché d’Ibanez après sa blessure...
- Rapprocher au point de se découvrir une préférence pour les garçons, crut bon d’ajouter Evan.
- Gay. C’est ça, la clé, dit Eli qui venait de comprendre à cet instant le double sens des paroles de Rafaël, la défiance de Rodrigo à l’égard de Drew et pourquoi il est sorti par la fenêtre la dernière fois. »
Veronica qui devait en être arrivée à la même conclusion réorganisait le tableau d’enquête. Rafaël était connecté à la scène de crime à cause de son ADN, de ses empreintes et de ses connaissances techniques. Ils avaient acquis la certitude que Rafaël n’avait agi que pour aider son complice.
« - On savait que Rafaël était les bras de l’opération et non pas le cerveau, dit Veronica en attrapant une nouvelle photo qu’elle plaça entre celle de Rafaël et le cliché du visage tuméfié de Madison.
- Complices un jour, complices toujours, avança Alison qui comprenait la logique de la shérif.
- Rafaël aurait accepté de monter le cambriolage chez Madison à cause de Drew ? s’étonna Wallace. »
Cette idée avait germé dans la tête de Veronica dès que la jeune fille avait mentionné la relation particulière entre les deux ados. A en juger par l’absence de réaction d’Evan et Alison, cette théorie pouvait être plausible. Drew aurait très bien pu influencer Rafaël. Quant à savoir pourquoi, Veronica n’avait pas trente-six moyens de le découvrir. Il était temps de retourner voir Rafaël. Elle invita Leo à la suivre. Wallace, qui n’était toujours pas convaincu, retint le policier par le bras.
“- T’en penses quoi Leo ?
- Tu me demandes ça parce que je suis gay ? »
- Mais n…hein? quoi?
- Euh, si je te confirme que je le suis, plaisanta Leo qui se sentait incroyablement plus léger depuis qu’il avait reconnu son homosexualité devant Veronica.
- OK. C’est cool. Mais moi, c’est l’avis du flic que je demande. Tu crois sincèrement que Rafaël aurait pu braquer Madison par amour pour Drew ?
- L’amour fait faire des bêtises...plaisanta Evan.
- Comme acheter des baskets et se mettre au running, marmonna Alison.
- En tout cas, ce type s’intéresse de près à Madison, lâcha Logan qui venait d’entrer dans le poste suivi par Marion. »
Les yeux de Veronica s’étrécirent. Marion croisa les bras, mécontente, et marmonna :
« - On va déjeuner, je te ferais découvrir la ville. Mais bien sûr ! Echolls, tu me le paieras… »
Logan s’expliqua.
« - On sort du Neptune Hospital. Ce gamin y était et demandait des nouvelles de Madison. » dit il en désignant la photo de Fuller sur le tableau.
Immédiatement, Tad fonça sur les deux autres adolescents. Il leur réclama les coordonnées de Fuller et leur glissa un surligneur entre les doigts.
« - Chacun sa page, on fluotte dès qu’on trouve le numéro de Fuller. On a peut-être une piste solide… »
Evan et Alison regardèrent leurs surligneurs et les adultes avec étonnement. Allaient-ils vraiment participer à la résolution d’une enquête criminelle ?
« - Allez, allez ! Faites ce qu’il vous dit. Vous avez l’habitude d’éplucher des bases de données pour vos soirées débats, non ? encouragea Wallace qui prit lui aussi un feutre. »
Logan s’approcha du bureau du jeune adjoint et proposa son aide tandis que Veronica et Leo retournèrent discuter avec Ibanez. Elle avait hâte d’entendre ce qu’il avait à dire sur Fuller. Marion, elle, s’installa dans un coin pour grommeler.
Dans la salle d’interrogatoire, Rafaël n’avait pas changé de posture, dos collé à la chaise, mains croisées, mâchoire crispée. Il ne sursauta même pas quand la porte claqua. Leo se positionna contre la vitre sans tain. Veronica resta debout. Par leur petit manège, ils voulaient montrer qui avait le pouvoir. Elle tira une photo de sa poche.
« - Tu le connais ? »
Sans jeter un œil à la photo, Rafaël répondit par la négative.
« - C’est bizarre, c’est pas ce qu’on m’a dit. On m’a même raconté que vous étiez très proches. »
Leo soupira, il n’était pas certain de vouloir entendre d’autres sous-entendus sur les homos.
« - C’est pour ses beaux yeux que tu as accepté de braquer la maison Sinclair ?
- Je ne le connais pas, répéta Rafaël.
- Mauvaise réponse. Je sais que vous vous êtes vus un soir de semaine chez toi… Je sais même qu’il est sorti par ta fenêtre… »
Dans l’open space, le temps semblait suspendu. Marion boudait toujours en fixant le tableau d’enquête. Ainsi son coéquipier était plus passionné par une affaire de cambriolage où rien n’avait été pris. Logan épluchait encore les listings téléphoniques de l’hôpital avec les deux adolescents et Wallace. Tad, épaulé par Eli, fixait ses vidéos.
« - Mais pourquoi Drew demanderait-il des nouvelles de Sinclair ? s’interrogeait Evan.
- Tu es certain qu’il ne la connai pas ? demanda Logan.
- Non. Jamais vu ensemble.
- Même quand vous avez fait la journée des sports l’année passée ? fit remarquer Alison.
- Punaise mais tu te souviens même de ça ? S’étonna Evan.
- La journée des sports ?
- Oui. On avait invité toutes les associations sportives de Neptune même les profs de yoga… expliqua Wallace.
- Donc possible que Drew ait croisé Sinclair ce jour-là…
- JE TE TIENS ! hurla subitement Tad qui fit sursauter Eli. »
Sa réaction bruyante figea tout le monde. Le jeune adjoint ne donna pas d’explication, il fonça alerter Veronica. Ils avaient couru après cette image depuis le début de l’affaire. Hors de question de perdre davantage de temps.
« - Je sais même qu’il est sorti par ta fenêtre… »
Veronica ne put poursuivre sa tirade. Un cri suivi d’une irruption éclair de son jeune adjoint l’en empêcha.
« - Je sais ce qu’ils ont pris, dit-il encore tremblant de sa découverte. »
Leo se décolla de la vitre intrigué. Veronica reprit sa photo et invita Tad à sortir. Les trois policiers laissèrent Rafaël. Celui-ci se prit la tête dans ses mains. La partie était finie.
Les trois agents étaient attendus dans l’open space. Tous voulaient comprendre l’explosion de Tad. Fier de sa découverte, il prit son temps pour l’exposer au mieux.
« - Comment résoudre un cambriolage où rien ne manque ? Parce qu’officiellement, rien ne manque. Sinclair n’a pas déclaré perdu le fameux objet que je guettais depuis des jours…
- Tad…grogna Veronica.
- Qu’est-ce que ça nous apprend, d’ailleurs ? demanda-t-il sans se soucier de l’agacement de sa supérieure. »
Elle lui avait donné une tâche ingrate et illégale. Il pouvait au moins s’offrir le plaisir de mettre en scène ses trouvailles. Aussi, il attendait comme un maître d’école qu’un membre de l’assistance ne lève la main pour répondre. Marion, lasse de bouder, joua le jeu.
« - La victime ne veut pas qu’on sache ce qu’on lui a pris. C’est donc un objet qui pourrait porter atteinte à sa réputation.
- Celle de Madison n’est plus à faire…risqua Logan.
- Et c’est là que vous vous trompez… Vous la saviez manipulatrice, consommatrice d’hommes et de drogues mais saviez-vous qu’elle pouvait avoir un cœur ? Questionna Tad en révélant sur l’écran géant les images qui l’avaient fait hurler. »
Elles montraient une Madison une lettre à la main. Visiblement la lettre l’avait ébranlée. Abandonnant le courrier, elle déverrouillait son coffre et en sortait avec tendresse un doudou tout neuf et un écrin à bijoux. Lentement, Madison ouvrait la boîte. A l’écran, on pouvait deviner une toute petite gourmette.
« - Une gourmette de naissance… hasarda Alison.
- Quoi ? s’écria Wallace.
- C’est peut-être la sienne, glissa Logan en pensant que la lettre pouvait très bien être de la mère de Mac qui était la vraie mère de Madison.
- Le doudou est neuf, objecta Tad. Et elle avait déclaré la sienne.
- Madison a eu un bébé ? Formula Veronica abasourdie. »
Tad grimaça. Il n’avait fini sa démonstration. Mais tous bloquaient sur cette histoire de bébé. Il allait reprendre son exposé quand un couple entra dans le poste.
