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Jeunesse et protection des mineurs
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Série : Veronica Mars
Création : 21.02.2019 à 21h38
Auteur : alExiaN
Statut : Terminée
« Suite de l'épisode "de la poudre aux yeux" - post film » alExiaN
Cette fanfic compte déjà 98 paragraphes
« - Oui. Elle a été enceinte de moi. »
Les plus jeunes se tournèrent vers la voix tandis que Veronica et Logan fermèrent les yeux. C’était un cauchemar. Dick n’épargnerait rien à Mac. Précautionneusement, Veronica rouvrit les yeux. Elle fut stupéfaite de découvrir la geek enlacer le bras tremblant de Dick. Ce dernier planta son regard sur la petite gourmette de naissance.
« - Madison était enceinte de moi alors qu’elle n’était qu’une mineure…
- Alors l’argent que tu lui versais, c’était pour…osa Veronica. »
Avec une délicatesse rare chez Dick, il se tourna vers la shérif. Il lui sourit.
« - Si tu veux des réponses, il va falloir me laisser raconter, Mars. »
Elle opina du chef. Chacun se chercha une place confortable pour écouter cette histoire venue du passé. Logan se rapprocha de son ami. D’une pression sur l’épaule, il l’invita à commencer.
*********
Flashback
Dick n’avait que peu de souvenir de la soirée de la veille. Bon sang qu’il avait mal au crâne. Il avait encore dû forcer sur les mélanges. Ça tintinnabulait sévère dans ses oreilles. A moins que ce ne soit la porte. Lentement, maladroitement, il se dirigea vers l’entrée. Quelqu’un jouait bien avec le bouton de la sonnette. Il ouvrit. La personne qui se tenait sur le seuil le fit immédiatement dessouler. Madison Sinclair. 5 mois qu’il ne l’avait pas vu. 5 mois de misère sexuelle mais 5 mois de paix. Son retour ne présageait rien de bon. Dick regretta presque l’absence de Cassidy. Après tout, c’était lui le génie de la famille. Il aurait pu l’aider à se défaire de ce problème. Bien qu’ivre, Dick savait parfaitement pourquoi Madison faisait son retour.
« - C’est fait. Notre bébé a été adopté.
- Ce n’est pas mon problème. Je t’ai dit que je n’en voulais pas.
- Et je t’avais dit que c’était trop tard. Tu as détruit 9 mois de ma vie en me mettant en cloque. Tu vas payer.
- Non. »
Certes, il avait l’esprit alcoolisé mais il ne cèderait pas aux caprices de Madison.
« - Oh que si ! Sinon, je dis à tout le monde que ce bébé est le fruit d’une agression au GHB… »
La mention à la drogue fit perdre tout sens du commun à Dick. Sa belle assurance se fissura. Le mois dernier, on l’avait bouclé pour possession de shit. Si le shérif découvrait son trafic de GHB, cela en était fini de lui.
« - Tu n’oserais pas…
- Tu veux parier ? »
Ils se toisèrent du regard quelques secondes puis Madison redevient caressante.
« - Allez, Dick. Je serais bien moins cher qu’une condamnation pour détention et trafic de drogue…
- Combien ?
- 1000 $ le mois. Ça ne posera pas de problème à ton père. »
Dick serra la main manucurée de Madison pour sceller son pacte avec le diable.
Fin flashback.
Le silence était pesant après cet aveu. Marion osa le briser.
« - Et tu as payé comme ça ? Sans être certain que le gosse était de toi ? Qu’est-ce qui prouvait qu’on puisse le lier à toi ? »
La réaction de la suissesse agaça Logan ; Mac posa un bras sur son épaule pour l’inciter au calme.
« - Dick a payé pour le silence de Madison sur le GHB, pas pour le bébé…expliqua Veronica. »
Dick la remercia silencieusement de prendre son parti pour une fois.
« - Pourquoi tu as arrêté ?
- Le paiement s’est arrêté malgré moi, confessa Dick. »
Veronica se souvint alors des relevés bancaires, de la date de l’arrêt du paiement.
« - Oui. Quand sa mère a ponctionné les comptes de Dick. Elle a commencé par fermer tous les vieux virements dont celui de Madison…expliqua Mac.
- Et c’est cet arrêt qui t’a conduit droit chez elle…comprit Veronica. »
Tad et Leo voulurent objecter qu’ils s’éloignaient un peu trop du cœur de leur affaire mais déjà Dick racontait la fameuse nuit.
********
Flashback
« - Je te donne une heure pour rappliquer avec l’argent ou je balance tout. »
Dick relut plusieurs fois le message de Madison. Il avait préparé une jolie petite soirée pour Mac et son passé venait tout gâcher. Depuis qu’il était avec elle, il se sentait mieux. Il ne voulait pas perdre cela. Il se résolut alors à affronter son démon. Dick prit la direction des quartiers huppés de Neptune pour en finir avec cette histoire. Il trouva Madison en petite tenue un cocktail à la main.
« - 18 minutes. Tu dois sacrément y tenir à ta geek… Railla-t-elle en buvant une gorgée de son verre. »
Dick ne répondit pas et entra dans la maison. Quand la porte fut close, Dick voulut régler le problème et repartir au plus vite. Madison en avait décidé autrement.
« - Je… commença Dick.
- Je te propose qu’on se mette à l’aise pour discuter de tout ça. »
Elle invita Dick à s’asseoir et lui servir une de ses bières favorites. Il en but plus de la moitié avant qu’elle ne se mette à parler.
« - Je pense qu’il est temps de… »
L’espace de quelques microsecondes, Dick espéra qu’elle dise « de mettre fin à tout ça ».
« - de revoir le tarif. »
L’aplomb avec lequel elle essayait de le plumer le mit hors de lui. Dick se redressa, hurla et renversa le fond de sa bière sur le tapis.
« - Revoir les tarifs ? Tu plaisantes ?! J’ai bien assez payé !
- Ça fait des mois que tu ne me verses plus rien. Tu as cru que je n’allais pas m’en rendre compte ?! s’emporta-t-elle à son tour. »
Dick allait lui répondre quand soudainement tout lui parut flou. Lentement, Madison l’aida à s’allonger sur le tapis. Alors qu’il glissait vers l’inconscience, elle lui glissa à l’oreille.
« - Je ne vais pas laisser une petite geek me prendre ma poule aux œufs d’or… »
Fin flachback
Toute la bande était suspendue aux lèvres de Dick. Mac écoutait pour la seconde fois le récit de la nuit où tout avait failli basculer. Veronica admirait le calme avec lequel elle prenait les choses. Savoir qu’il n’y avait finalement rien eu de sexuel entre son homme et Madison l’aidait certainement.
« - Elle a piégé ton verre, déclara Veronica.
- Si tu le dis. Si j’en crois ce qu’elle a envoyé à Mac, elle a voulu ruiner notre relation…
- Mais pourquoi ? demanda Wallace. »
Tad qui trépignait sur place depuis que les amis de Veronica tiraient l’enquête vers leurs petits soucis voulut prendre la parole mais Mac lui grilla la priorité.
« - Ça, j’ai une idée… Elle a essayé de se servir de ta carte de crédit pour se rembourser mais elle n’a trouvé que du vide…
- Elle a donc voulu ruiner la seule chose de valeur que tu as, conclut Logan.
- Et ça a failli presque marcher…soupira Dick en resserrant ses bras sur Mac. »
Là-dessus, toute la bande observa un moment de silence que Tad s’empressa de remplir.
« - Si on revient à notre affaire… »
Veronica adressa un regard sombre à Tad qui prenait un peu trop d’assurance à son gout depuis qu’il visionnait les vidéos illégalement récupérées.
« - Madison a ressorti le doudou et la gourmette du coffre peu de temps avant le cambriolage. C’est la lettre qui l’a fait réagir. On peut donc supposer…
- Que la lettre vient de votre enfant…hasarda Leo en s’avançant vers Tad et le tableau d’enquête.
- On peut raisonnablement penser que…
- Cette lettre a rappelé à Madison l’existence de cet enfant et du virement mensuel. Peut-être qu’elle avait déjà vu que l’argent n’arrivait plus… Mais c’est certainement cette lettre qui l’a poussé à t’appeler Dick, coupa Veronica qui avait l’esprit encore accaparé par ce côté de l’affaire Sinclair. »
Tad, fâché de s’être fait interrompre reprit immédiatement le fil.
« - Ok, l’arrêt des virements a agacé Madison. Mais l’absence de réponse à la lettre a pu aussi énerver quelqu’un…
- Son fils ! s’écria Leo. Et, il était tellement en colère, tellement avide de réponse sur ses origines qu’il aurait essayé d’en savoir plus sur sa mère…
- Au point de monter un braquage chez elle pour découvrir qui est celle qui l’a mise au monde… poursuivit Tad. »
Les deux adjoints se tournaient autour ; l’un finissant les phrases de l’autre. Le reste de la bande ainsi qu’Evan, Alison et Marion les écoutaient presque religieusement.
« - Pour monter un tel coup, il fallait de bonnes connaissances. Connaissances que Rafaël a. Donc, si on remonte le faisceau d’indices…
- L’agresseur de Madison est son propre fils, dirent Tad et Leo en chœur. »
« - L’agresseur de Madison est son propre fils…
- Et comment on l’identifie ? demanda Evan qui s’était laissé prendre par la frénésie déductive des deux adjoints. »
Avec douceur, Alison glissa une main dans celle d’Evan.
« - On sait déjà qui c’est…
- Non ? Non ! s’écrit-il. »
Il refusait d’y croire. C’était impossible.
« - Rafaël et Drew sont très proches. Rafaël couvre quelqu’un qui lui est cher, argumenta lentement Alison.
- Drew a reconnu dans mon bureau qu’il était la source des problèmes de Rafaël, appuya Wallace en se rapprochant de son élève qui n’arrivait pas à encaisser le choc.
- C’est impossible ! Pas lui. Pas Drew. Il ne ferait pas de mal à une mouche…
- Il t’a mis au tapis pas plus tard que… »
Violemment, Evan se dégagea de l’étau fait par Alison et Wallace. Etrangement, ce fut Dick qui réussit à l’apaiser. Le grand blond s’était placé sur sa trajectoire et l’avait étreint de force. Il sentait Evan trembler contre son torse.
« - Ce n’est pas ce que tu veux entendre, je m’en doute. Personne ne veut entendre que son meilleur ami a fait une connerie. Personne ne veut entendre qu’un de ses proches est subitement devenu quelqu’un de dangereux… »
Tous écoutaient et méditaient sur les paroles sensées de Dick. Evan, lentement, se laissait hypnotiser par sa voix basse. Il se détendit peu à peu dans ses bras.
« - Mais, les faits sont là. Madison s’est fait voler la gourmette de naissance de notre enfant. Qui volerait un truc pareil à part son légitime propriétaire ? Personne. L’agresseur de Madison est notre fils. Et j’ai la preuve que Drew Fuller est mon fils… »
Précautionneusement, Dick tira de sa poche le compte-rendu d’enquête du détective privé. Veronica ne put que saluer le travail accompli. Un extrait du journal des naissances, ainsi que le document d’adoption prouvaient que Drew Fuller était né sous le nom de Drew Sinclair.
« - Bon, comment on fait pour prouver tout ça ? Puisqu’on est bien d’accord qu’on n’a jamais eu accès officiellement à ces vidéos surveillances ? demanda Tad. »
Tous se regardèrent. Certains semblaient prêts à fermer les yeux et à relâcher Rafaël faute de preuves. La solution vint d’une voix que personne ne s’imaginait entendre à cet instant.
« - Des aveux, ça vous irait ?
« - Des aveux, ça vous irait ?
- Lauren ? Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Mac.
- Disons qu’en allant rendre visite à Madison pour discuter affaire de famille, j’ai croisé quelqu’un qui semblait inquiet de son sort… On a un peu discuté et… »
Prise en défaut, Veronica préféra demander.
« - Où est-il ?
- Au chaud dans ma voiture. Il est secoué mais quelque chose semble l’avoir décidé à parler… »
Dick commença à se diriger vers la sortie. Veronica se planta en travers de son chemin.
« - Non, Dick. Pas comme ça. Laisse-moi d’abord régler cette affaire et ensuite, tu pourras le voir. D’ailleurs, vous tous, allez dans la salle d’interrogatoire numéro 3. Hors de question qu’il vous voit tous ici. Il n’a pas besoin de ça. »
Bon an, mal an, tous obéirent. Veronica,ses deux agents et Lauren sortirent pour interpeller Drew Fuller. Le jeune homme était assis à l’avant de la chevrolet bleue de Lauren. Il était prostré et n’avait de cesse de se frotter les mains. Doucement, Veronica toqua à la vitre. Drew se figea, tourna son regard vers elle. Ses yeux étaient du même bleu que ceux de Dick. Un profond désespoir s’y trouvait. Il baissa la vitre.
« - Il parait que vous avez des choses à nous dire Drew.
- Il parait… »
Lentement, il ouvrit la porte de la voiture et déplia sa grande carcasse. Encadré par Tad et Leo, Drew suivit Veronica dans le poste. Lauren l’attendait assise à un bureau. D’un hochement de tête, elle l’encouragea. Veronica ne saurait peut-être jamais ce que la sœur de Mac avait dit à ce gamin mais elle venait de lui tirer une belle épine du pied et elle lui offrait une chance certaine de s’en tirer à bon compte. Peut-être que l’aspect dysfonctionnel et bancal de leurs familles leur permettaient de se comprendre…
« - Suivez-moi dans la salle numéro 2. »
Drew obéit docilement. Tad enclencha la vidéo pour enregistrer l’audition. Leo se plaça contre le mur. Veronica s’assit face à l’adolescent.
« - Audition de Drew Fuller dans le cadre du cambriolage de la villa Sinclair, déclina la shérif. Vous vous présentez seul et sans avocat. Qu’avez-vous à nous dire sur ce cambriolage ?
- C’est moi. »
Veronica esquissa un rictus. Il allait en falloir un peu plus pour clore l’instruction du dossier. Elle allait relancer l’adolescent quand celui-ci prit une grande inspiration.
« - C’est moi qui ai contacté Madison Sinclair il y a quelques mois. Depuis ma blessure, je m’ennuie alors je me suis intéressé à mes origines. J’ai toujours su que j’avais été adopté par les Fuller. Ils ne se sont pas opposés à mes recherches. Ils m’ont encouragé. Mais rien ne me préparait à la violence du silence. Je savais qui était ma mère. Je l’avais déjà croisée. Je ne lui demandais rien de plus qu’un bref rendez-vous. Elle m’a snobé… Être ainsi rejeté, je n’y étais pas préparé… Est-ce qu’elle refusait de me voir parce qu’elle avait honte d’avoir engrangé un sportif pédé et raté ? »
Veronica aurait voulu lui dire que ce n’était pas ça, que Madison ignorait tout de la vie de son fils mais elle se tut. Qui était-elle pour rajouter de la souffrance à celle qu’il s’infligeait lui-même ?
« - Mon mec n’a pas aimé me voir comme ça. Aussi, il m’a proposé de monter ce coup improbable. Moi, je voulais juste voir où elle vivait. Mais l’idée de Rafaël m’a séduit. Elle me crachait à la gueule. Elle voulait me cacher sous le tapis et bien moi, j’allais saloper tout son joli petit monde. L’idée, c’était ça au départ. On voulait retourner la maison, faire croire à un cambriolage et se barrer mais… »
A cet instant, on toqua à la porte. Veronica se leva et fit entrer Eli qui était allé chercher Rafaël dans l’autre salle. L’hispanique s’assit à côté de Drew. Leurs mains se joignirent. Leurs fronts se touchèrent. Ils avaient envie de plus mais leur pudeur respective le leur interdisait.
« - Mais ça a dérapé… Quand j’ai forcé le coffre, je suis tombé sur le doudou, sur la gourmette de naissance, sur sa lettre qu’elle avait déchirée…
- C’est là qu’on a entendu la porte…
- Drew a paniqué et a foncé voir. J’ai empoché la gourmette, la lettre et le doudou.
- C’était elle. Elle ne m’a même pas reconnu. Elle a voulu me frapper avec son sac. Elle m’a traité de sale racaille née dans le caniveau. Alors là, j’ai décapsulé… »
Les deux adolescents se turent, laissant aux adultes le soin d’imaginer la scène. Leo, qui avait constaté les blessures de Madison, se faisait une idée assez précise du moment.
« - Quand j’ai entendu l’alarme sonner, j’ai compris que c’était ma mère qui venait prendre son service, expliqua Rafaël. J’ai attrapé Drew et on s’est enfuis. On a tout juste eu le temps de retourner au lycée…
- Le coach Fennell a même failli nous écraser… »
Dans la salle d’interrogatoire n°3, l’ambiance était pesante. Personne ne disait mot. Dick tremblait sous les mains de Mac. Logan leur adressait des coups d’œil inquiet. Evan secouait nerveusement la tête. Alison tentait de l’apaiser. Ce fut le départ d’Eli qui sortit tout le monde de la torpeur. Le motard comptait bien donner un coup de pouce à l’équipe de Veronica en faisant entrer Rafaël dans la salle. Alors qu’Eli se glissait hors de la pièce, Wallace le suivit ainsi que tous les autres. Comprenant leur curiosité et en ancien habitué des lieux, Eli leur indiqua la salle mitoyenne de la n°2. Même Marion leur avait emboîté le pas. Après tout, Logan l’avait parachuté dans cette affaire, elle aussi avait le droit d’en connaître le dénouement. Quand tous furent entrés dans la pièce, c’est elle qui actionna la vitre sans tain donnant ainsi accès au son et à l’image de l’interrogatoire de Drew et Rafaël. Le cœur d’Evan se serra en découvrant son pote.
« - Le coach Fennell a même failli nous écraser… »
Logan se tourna instinctivement vers Wallace qui confirma d’un hochement de tête.
« - Par la suite, j’ai pas arrêté de ressasser ce qu’on avait fait… Je n’arrivais pas à me sortir l’image de son corps blessé… J’ai essayé d’avoir des nouvelles… confessa Drew.
- Vous vous sentiez coupable, ajouta Leo.
- Ouais… Mais…balbutia Drew en glissant un regard à Rafaël.
- Mais, tu ne pouvais pas nous parler sans mentionner ton ami. Si toi, tu as un casier vierge, Rafaël ne peut pas en dire autant… Vous ne risquiez pas les mêmes choses, expliqua Veronica.
- Oui et je ne peux pas laisser Rafaël payer l’addition de mes conneries… Alors, je suis là. Inculpez-moi. C’est moi le responsable…
- Non ! hurla Rafaël qui jusque-là avait laissé Drew vider son sac. Hors de question ! J’ai apporté le matos, j’ai désactivé l’alarme, j’ai forcé le coffre ! C’est moi le coupable ! »
Derrière la vitre, Eli, qui avait rejoint le reste de la bande, se prit le crâne entre les mains et marmonna.
« - Mais tais-toi, imbécile… Il est en train de te sauver les miches… Tais-toi à la fin… »
Ses marmottages furent perçus par les autres et libérèrent la parole.
« - On reconnait bien là ton sens de la justice, Weevil, railla Logan.
- J’ai pas de conseil juridique à recevoir de ta part…
- D’autant plus que là, c’est Logan qui a tort, glissa Marion mystérieusement. »
Quelqu’un allait demander une précision quand l’interrogatoire reprit de l’autre côté.
« - Hélas Rafaël, je crains que non, déclara Leo.
- Tu dis que tu as forcé la maison Sinclair, que tu as ouvert le coffre. Or, rien n’a été volé sur la propriété, dit Tad.
- Peut-on vraiment dire que la maison a été cambriolée puisque l’alarme n’était pas mise ? demanda Veronica qui comprenait où ses adjoints avaient décidé d’emmener le dossier.
- Vous avez mes empreintes partout chez elle !
- Tu es un bon garçon qui aide sa mère sur son temps libre, contra Leo.
- Et mon… voulut rajouter Rafaël mais la main douce et froide de Drew sur son avant-bras le stoppa.
- Tu ne comprends pas ce qu’ils font ? »
« - Tu ne comprends pas ce qu’ils font ? demanda Drew en dévisageant affectueusement Rafaël.
- Euh, moi non plus je ne comprends pas, osa avouer Evan de l’autre côté de la cloison.
- Ils offrent une porte de sortie à Rafaël pour lui éviter une lourde condamnation, glissa Alison.
- Finalement, le seul délit commis dans cette affaire, c’est l’agression physique de Madison, ajouta Logan.
- Et comme le dossier de Fuller est vierge, il risque moins gros qu’Ibanez, argumenta Marion à son tour.
- C’est pour ça que Drew refuse que Rafaël s’accuse de quoi que ce soit…comprit enfin Evan.
- Le souci, c’est que Rafaël n’est pas du genre à fuir ses responsabilités… reconnut Eli.
- Va lui parler, alors. J’ai cru comprendre que les jeunes de ton quartier attendaient ton aval avant d’agir, répondit Wallace sarcastique. »
Là-dessus, Marion coupa la liaison avec la salle d’audition et Eli alla frapper à la porte voisine. Sur le seuil de la salle, le motard croisa Leo.
« - On va inculper Fuller pour agression mais…
- pour que votre histoire tienne, il faut que Rafaël accepte de collaborer et de confirmer votre scenario… »
Leo haussa les sourcils surpris de l’omniscience d’Eli. Quand il vit sortir la troupe de la salle, l’adjoint comprit et s’éloigna en marmonnant.
« - C’est à se demander comment j’ai fait pour garder mon secret… »
L’ensemble des pseudo-espions sourirent et commencèrent à se diriger vers la sortie du poste. Dick resta seul en arrière. Il fixait la porte de la salle d’interrogatoire. Il semblait hésiter sur la conduite à tenir. S’éclipser ou rester ?
« - Je crois que les Sinclair ont eu leur lot de secrets. Drew mérite de savoir qui est sa famille… »
Ces quelques mots sortirent Dick de sa réflexion. Avec étonnement, il découvrit Lauren à ses côtés. A présent qu’il l’écoutait, l’observait, il se demandait pourquoi personne n’avait rien remarqué avant ? Il y avait tant de similitudes entre sa compagne et Lauren.
« - Je ne sais pas si je suis… »
A cet instant, la salle d’audition s’ouvrit. Veronica en sortit avec Drew menotté juste derrière elle. Le cœur de Dick se serra. Il était là. Son fils était là. Ce n’était plus une photo. Ce n’était plus une ligne de compte. C’était un être humain apeuré qui avait besoin de soutien. Son choix était fait. Dick s’avança vers l’adolescent et se présenta.
« - Drew, je sais que tu cherchais des informations sur ta mère, sur tes origines…
- Dick, grogna Veronica un peu inquiète de la tournure que pouvait prendre les choses.
- Oui, je sais, le moment est mal choisi. Mais, Drew quand tu auras le temps…
- Je sais pas si je vais en avoir beaucoup, du temps libre…
- Pardon, je suis maladroit. »
Veronica et Lauren en sourirent.
« - Ce qu’il veut te dire, c’est que lui, il a quelques-unes des réponses à tes questions, déclara Lauren. »
Subitement, le regard de Drew changea. D’apathique, il devint pétillant. La ressemblance entre le père et le fils était frappante. Une question flotta dans l’air. Drew se refusait à la prononcer. Lauren joua encore les entremetteuses familiales.
« - Et il est prêt à te les donner. »
L’adolescent adressa un sourire reconnaissant à Lauren, fixa longuement Dick comme pour graver chacun des traits de son père dans sa mémoire avant de le revoir bientôt.
Deux mois après la résolution de l’affaire Sinclair,
Réussir à se garer sur ce parking n’avait pas été une sinécure. Se frayer un passage dans les gradins, non plus. Veronica pestait à qui mieux mieux en se demandant pourquoi elle avait accepté de venir.
« - Déjà lycéenne, je faisais tout pour échapper à ça…
- C’est faux, au début, tu faisais partie des agitées du pompom…plaisanta Logan qui suivait sa belle en souriant.
- Là, c’est pas mes pompoms que j’ai envie d’agiter mais ma plaque et mon taser pour nous faire de l’air… »
Heureusement, Veronica ne put mettre ses menaces à exécution. Ils venaient d’atteindre le reste du groupe. Dick et Logan se saluèrent et commencèrent à discuter tactique et statistiques. Lauren et Mac s’étaient maquillées aux couleurs de l’équipe. Le regard horrifié de Veronica les fit exploser de rire.
« - Si vous approchez ces trucs de mon visage, je vous fais arrêter…
- Tu n’oserais pas.Et puis, à 2 contre 1, tu n’as aucune chance. »
Veronica fit semblant de défaillir quand une voix féminine provenant d’un gradin au-dessus l’apostropha.
« - Ne vous inquiétez pas Shérif, je viendrai vous aider !
- Alison !? Mais, qu’est-ce que tu…
- Fais là ? Je pense qu’on est tous plus ou moins là pour la même raison… non ? »
Veronica allait lui répondre quand l’arrivée des joueurs l’en empêcha. Elle se tut pour écouter la voix du speaker. Pour cette soirée de gala, Wallace avait réussi à avoir le journaliste Charlie Fincher - merci Leo - comme commentateur de la rencontre.
« - Bonsoir à tous, amis des Pirates, ce soir est un grand soir ! Ce soir, les Pirates de Neptune peuvent devenir champions régionaux ! Ils sont là, ils sont motivés. Laissez-moi vous les présenter… »
A chaque nom égrené, la salle le reprenait avec puissance. Veronica devait bien admettre qu’une telle ambiance lui collait des frissons.
« - Avoue que ça te fait de l’effet, glissa une voix masculine à son oreille. »
Souriante, elle se tourna vers Leo.
« - C’est pas faux… Je crois comprendre ce que tu lui trouves, plaisanta-t-elle.
- Je savais qu’il fallait pas que je te présente mon mec…soupira-t-il faussement agacé.
- Fraîchement revenu dans l’équipe, Drew Fuller ! »
Leo manqua de renverser son sachet de churros à cause de l’enthousiasme de Dick. Depuis la fin de l’affaire Sinclair et avec l’aide de Lauren et Mac, Dick avait réussi à tisser une relation atypique avec Drew. Pas vraiment un père. Pas vraiment un frère. Alors peu importait la décence, la politesse, Dick hurlait, encourageait le jeune homme de toute son âme. Installé quelques gradins plus loin, Rafaël partageait sa joie. L’accord passé avec le bureau du Shérif lui avait permis de ne pas être inculpé et ainsi assister à la renaissance d’un grand sportif. Drew avait écopé d’un bracelet électronique et d’une obligation de suivi pour gestion de sa colère. Tout naturellement, Wallace avait accepté d’encadrer ce suivi. Grand bien lui en avait pris, avec l’aide des basketteurs, Drew s’était reconstruit. Et ce soir, les Pirates étaient en finale, Drew avait une belle occasion de les remercier. Alison espérait que l’ambiance électrique ne le ramènerait pas vers ses démons, n’attiserait pas sa mauvaise impulsivité. Quand le dernier joueur fut appelé, elle se joignit à leur liesse et se rasseréna.
« - Capitaine du 5 majeur, Evan Rollins !”
Evan enlaça avec force Drew. Après des mois chaotiques, ils étaient de nouveau amis. Avec Evan sur le parquet, Drew serait serein. A cet instant, Alison fut convaincue de leur victoire. Si quelqu’un avait encore le moindre doute, il fut balayé par l’ultime annonce du speaker.
“- Toute cette brillante équipe ne serait rien sans le coach Wallace Fennell ! »
Veronica assista à l’entrée de son meilleur ami. Subitement, elle se fit happer par une vague de nostalgie. Elle avait toujours encouragé Wallace mais jamais elle n’avait franchi les portes du gymnase. Alors, parce qu’il ne faut jamais dire jamais et oubliant qu’elle détestait ça, Veronica leva les bras, et scanda le nom de son meilleur ami. Ce soir, elle n’était pas le shérif. Ce soir, elle était simplement une guimauve !
“- Allez Papa ours, t’es le meilleur !”
FIN
