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Série : Veronica Mars
Création : 02.11.2019 à 14h25
Auteur : Cilly
Statut : Terminée
« 10 ans après son départ de Neptune Véronica revient. Cette nouvelle ne tient pas compte du film. » Cilly
Cette fanfic compte déjà 31 paragraphes
jour 1* 9 h 45
Le couloir de l'université bruisse de conversations et d'hypothèses ...les uns affirment
- La nouvelle prof de crim, elle est canon, elle va remplacer Miss Goat, paraît que c'est pour bientôt l'accouchement, et qu'elle reviendra pas.
- C'est l'ancien agent Mars la nouvelle prof, elle a demandé à revenir à Neptune pour se rapprocher de ses amis, c'est ce qu'on m'a dit en tout cas.
les autres ajoutent
- C'est une légende, elle a démantelé le Castle avec l'aide de son père,
- Elle a été profiler au FBI ...
- Il paraît qu'elle connaît la patronne de Mac Mad et qu'elle était la copine de Piz … et que c'est pas du tout la copine de la femme du doyen.
- Piz qui ?
- Piz ! Si, tu sais bien le DJ qui faisait les fêtes dingues à New York celui qui est mort d'overdose …
- Ah ouais ...
Une brunette piquante rajoute :
- Et même que c'était son boy friend, comme le fils Kane, le cofondateur de Mad Mac, et aussi Logan : LE Logan, l'acteur qui joue dans "My darling and Mary" et elle a eu aussi le juge d'Amato ,,,
Une autre en rajoute encore un peu dans les ragots :
- Comme quoi il suffit de coucher pour réussir, elle s'est envoyé tous les pontes de la ville.
Et elle ricane sottement quand derrière elle une voix glaciale intervient :
- Non pas vraiment, je n'ai pas réussi à séduire le doyen de l'Université,
Le groupe se retourne et se trouve face à une blondinette, presque trentenaire, la silhouette d'une gamine, un carré flou encadre son visage fin et ses yeux pétillent d'une intelligence froide qui semble juger et jauger le groupe. L’attroupement se disloque et Veronica remarque un grand gars mince et châtain qui a tout observé de loin sans rien dire et qui la fixe maintenant avec intensité, comme prêt à parler. Mais la sonnerie retentit et Veronica file vers la salle de cours, suivie de près par l’étudiant. Les talons de ses boots noires martèlent le sol.
« Mais quand donc est-ce qu’on me jugera sur ce que je fais et non pas sur les gars avec qui j'ai couché ? Enfin … Neptune c'est Neptune et que ce soit là ou ailleurs, les gens ont besoin de savoir à qui ils ont à faire. Et quel meilleur moyen de se renseigner quand on est intellectuellement paresseux que d'échanger des ragots ?». Elle réfléchit un instant et se dit « Après tout, ils n'étaient pas trop loin de la vérité, sauf que loin de m'aider, mes histoires d’amour m’ont plutôt démolie». Un sourire torve lui déforme la bouche et c'est plutôt apaisée qu'elle rentre dans l'amphi.
Elle se dirige aussitôt vers le bureau, pose brutalement sa sacoche militaire, et se débarrasse de son cuir noir, révélant un Tee Shirt noir décoré de flammes avec une inscription en grosses lettres rouge :
I hate haters
jour 1* 10 h
Les étudiants se regardent, puis fixent leur prof. Elle hausse un sourcil puis commence un speech improvisé.
- Bien je n'avais pas prévu de débuter mon cours ainsi, mais on va mettre les choses au point rapidement. Oui je suis bien cette Veronica Mars qui a vécu à Neptune et a étudié ici à Hearst. Oui, j'ai eu des démêlés avec le Castle. Oui, il y a eu des gens que j'ai aimés dans ma vie, et oui, certains sont devenus des célébrités, mais à l'époque, ils n'étaient, non, NOUS n'étions, que des ados. Et, non, je n'ai pas prévu d'assassiner l'épouse du doyen...
Elle fait une pause tandis que des rires étouffés fusent dans la salle. Elle secoue les épaules comme un chien qui s'ébroue et reprend :
- Pour le reste, je vous laisse vous faire une idée et chercher des infos dans les journaux ou dans les archives judiciaires, cela vous fera un premier exercice.
Une main se lève dans l'auditoire, d'un coup de menton Veronica fait signe à la fille qu'elle peut prendre la parole.
- On dit que vous donnez des devoirs un peu particuliers, mon cousin vous a eue en cours et il me dit que vous avez donné comme devoir : l'étude comparative de la recherche d'une pathologie dans la série Dr House et la recherche d'un coupable dans les Experts, c'est vrai ?
Veronica lui fait son sourire narquois et répond :
- Vous avez confiance en votre cousin ? Si oui, croyez-le, sinon, investiguez.
Le fille semble dépitée, puis fait un grand sourire radieux, sort sa tablette et commence à pianoter. Veronica reprend :
- Pour ce qui est des cours, Mrs Goat m'a donné la liste des livres qu'elle vous a donnés à lire, je n'ai rien à ajouter ou à retrancher pour l'instant, c'est une bonne base que nous verrons à compléter si besoin est.
Quelques grognements viennent de la salle, la liste des livres est déjà longue, entre la psycho criminologie, les bases du profilage, les archives de la loi, les compte rendus de certains grands procès et les rapports d'expertises psychologique, les étudiants ont l'impression d'être submergés.
- Si certains d'entre vous veulent abandonner, c'est le moment.
Aucune main ne se lève et personne ne quitte l'amphi. Leur prof se paye un joli rictus machiavélique et rajoute :
- Puisque nous en parlons, je vous conseille de trouver les replay des épisodes de la série « Death in paradise », de choisir un épisode qui vous plaira et de refaire virtuellement l'enquête avec les moyens techniques les plus innovants - virtuels, j'insiste, n'allez pas envahir les locaux de police pour demander à avoir accès à leurs appareils ! - pour arriver au même résultat, ou pas, que l'inspecteur en charge de l'enquête dans la série. Vous avez jusqu'à la fin du mois pour me transmettre vos rapports.
Le cours continue avec plus ou moins de vivacité et d'interventions, les élèves s’interpellant, se questionnant, Veronica se contentant de les aiguiller par des questions en réponse à leurs propres interrogations. En fait son attention est fixée sur un élève particulier : un gamin d'environ 18 ans, grand, mince, châtain, taciturne et extrêmement concentré sur elle. Cinq minutes avant la fin des cours, les étudiants commencent à ranger leurs affaires, fermer leurs tablettes et enfiler leurs blousons.
Elle attend patiemment qu'ils s'en aillent, et ainsi qu'elle l'avait prévu, le sujet de ses questionnements s'approche. Gauche et hésitant :
- Je peux vous parler m'dame ?
- Quel est ton nom ?
- Bill, Atkins, Bill … m'dame …
- Bien Billatkinsbill, appelle moi Veronica ou Mars si tu veux, mais arrête ton m'dame, et oui tu peux parler.
- Bon je me demandais ce que je devrais faire si j'étais au courant d'une chose mais que je ne sois pas sûr d'avoir bien compris ?
- Ça dépend si c'est légal ou pas ?
- Pas trop légal m'da …. euh Madame Veronica.
Elle pouffe.
- Veronica suffira.
- Comme je disais c'est pas trop légal et en même temps c'est involontaire … puis la tradition … puis j'ai juste entendu une discussion, j'ai pas de preuve, et c'était le soir tard et j'étais fatigué … alors je ne sais pas trop si on me prendrait au sérieux, mais … en fait je suis sûr de ce que j'ai entendu.
- Alors il faut en parler à un responsable mais si tu veux, on peut d'abord en discuter.
Le téléphone de Veronica sonne, machinalement elle décroche, et commence à grogner des « Oui », « Pas trop envie », « Je peux pas y couper ? » et quand elle se retourne Bill a disparu.
Elle ramasse ses affaires et trotte dans le couloir à sa suite. Pas de Bill en vue. Elle fait la moue et file à la salle des profs poser ses affaires dans un casier.
jour 1* 17h30
Rentrée dans son appartement elle fait valser ses boots, et pieds nus commence à dansotter sur un air sautillant qu'elle sifflote en improvisant.
« Bien, ça ne s'est pas mal passé, et retourner à la fac n'est pas aussi stressant que je me l'imaginais ».
Elle allume la TV en bruit de fond, commande une pizza par téléphone, et tant qu'elle le tient, se décide enfin à appeler son père. C'est vrai que leur dernière conversation a jeté un froid dans leurs relations.
- Papa ? Oui je suis chez moi, enfin … disons une location. Tu veux venir ? J'ai commandé une méga pizza, ce serait sympa …
…..
- Ouiiiii, je t'attends
….
- Bien sûr tu peux amener un chiot. Je lui prépare une gamelle ? Il est déjà propre ou je prévois des serpillières ?
...
- Je t'envoie mon adresse par SMS
Elle raccroche sourire aux lèvres, le cœur plus léger, la voix de son père était chaleureuse et il n'a pas fait allusion une seule fois au sujet de leur dispute : son retour à Neptune au détriment de sa carrière professionnelle. Elle a quitté un poste de maître de conférence pour devenir simple prof dans une université de seconde zone, juste afin de se rapprocher de Keith après qu'il ait fait un AVC. Lui ne voulant pas se sentir responsable de « la dégringolade professionnelle de sa fille » comme il dit, et elle refusant, maintenant qu'elle a conscience que son Héros n'est pas éternel, d'être loin de lui et de prendre le risque de perdre d'autres années de complicité. 10 ans loin de Neptune : c'est long à ne se voir que lors des fêtes, ou entre 2 avions … trop long et Keith ne rajeunit pas, même si il est encore en pleine force de l'âge. L'interphone la rappelle à l'ordre : elle peste, la pizza est déjà là, elle sera froide le temps que son père arrive, se précipite sur son porte monnaie, un pied dans un chausson, l'autre en chaussette … ouvrir la porte et c'est Keith tout sourire qui lui tend la pizza. Il la regarde goguenard :
- Ça fera 15 $,
Elle rigole, lui tend 2 billets et prend la laisse du chiot qui tire comme un fou pour faire la fête à cette inconnue qu'il aime déjà.
- Comment, tu es arrivé aussi vite ?
- J'étais en route pour venir te voir. Et j'ai intercepté ton livreur ...
- Tu connaissais mon adresse ?
- Ce n'est pas à un vieux Shérif qu'on apprend à faire des grimaces ! Je te présente Copy dog, mais je vois que tu as déjà fait connaissance.
- Copy dog, c'est un copy cat gentil ?
- Si tu veux, mais c'est surtout ton chien !
- Mais euhhh ? Et tu me demandes pas mon avis ?
- C'est le sien qui compte et lui, il t'a adoptée …
- Je peux l’échanger contre un poney ?
Et la soirée se déroule entre papotages et souvenirs, ragots et attendrissements : la fifille à son papounet est de retour au bercail !
Papa a raccroché son insigne et ses micros, il s'est lancé dans un élevage de chiens de garde et de défense, associé avec madame Fernel, devenue Madame Mars il y a cinq ans de cela, par chance Veronica avait pu assister au mariage, entre deux enquêtes, entre deux avions. La boîte marche plutôt bien et Copy est issu d'une longue lignée de chiens de race, défenseurs de la veuve et de l'orphelin … disons plutôt, défenseurs de la maison et des patrons.
Veronica en profite pour demander ce que sont devenues ses boutiques préférées … Déception, l'une a fait faillite et l'autre est devenue une boutique de luxe. Tant pis … pour la soirée, elle ira en jean, après tout c'est ce qu'elle préfère.
- Quelle soirée Honey ?
- Pfff, Mac m'a téléphoné tout à l'heure : le doyen a organisé une fête pour les anciens élèves, elle aurait dû avoir lieu dans un mois, mais elle a été avancée en catastrophe, et je n'ai même pas été prévenue.
Keith, hilare, l’œil qui frise lui demande :
- Organisée par le doyen ou par sa femme ? Et avancée : parce que normalement tu arrivais la semaine prochaine ?
Veronica se renverse en arrière et éclate d'un rire tonitruant, détonnant avec ce corps frêle, et entre deux hoquets de rire :
- Elle va en avaler son champagne de travers !
jour 2* 7 heures
Le réveil la tire de son sommeil, les cheveux en bataille et le Tee shirt en vrac elle se jette sous la douche en chantonnant. La vie est belle, non ? Le soleil brille, la soirée avec son papounet adoré a été géniale, le retour à Neptune se fait dans la joie et la bonne humeur, et, cerise sur le gâteau, ce soir, … sa « vieille copine » risque de l'avoir saumâtre, quand elle saura que Veronica vient à la soirée, ainsi que Mac qui va se libérer spécialement pour faire la paire avec Veronica … avec un peu de chance Wallace pourra faire un saut, bref tous ceux que Madison déteste ! Et oui, c'est bien Madison qui a épousé le doyen ! Surprise, surprise !
Préparer sa sacoche en disputant une tartine à Copy, récupérer une basket baveuse , trouver un Tee shirt « humeur du jour » : I love lovers. Se sourire dans la glace, passer poser Copy chez son père et arriver en avance à la fac, histoire de se re familiariser avec les lieux, ce qu'elle n'a pu faire la veille, toute occupée qu'elle était à espionner « radio couloirs et cancans » et à faire connaissance avec les autres profs dans l’après midi.
La cafète s'est refait une beauté. Sur le campus, les panneaux indicatifs sont modernes, il y a des lampadaires solaires.
Les murs de la fac ont été repeints, toujours de la même couleur, les meubles, bureaux et sièges des amphis sont « ergonomiques » et sentent le neuf. Elle passe à son casier chercher sa tablette avant de se présenter en cours. Aujourd'hui, juste deux heures de cours à donner et elle pourra aller flâner dans les rues et promener Copy sur la plage.
jour 2 * 9 heures
Les cours commencent et l’œil de Veronica s'égare à la recherche de Bill. Elle le trouve finalement, au dernier rang, à moitié dissimulé derrière l'écran de sa tablette, pourtant elle peut voir qu'il a un énorme bleu sur la pommette. Au goût de Veronica le cours se passe à la vitesse d'une tortue qui recule. Lorsque sonne la fin, elle se poste devant la porte afin de coincer Bill qui essaye de l'éviter.
- Alors Bill, on a heurté un placard ?
- Ooou oui c'est ça …
- Bien sûr, bien sûr, et il s'appelait comment ce placard ?
- Je … sais pas, un placard c'est juuuuste ... euh un placard, non ?
- Bien sûr et il avait une ou deux portes ce placard ?
- Il était seul … euh, non, zut, écoutez il faut vraiment que j'y aille.
Et il passe en force, tellement vite que Veronica n'a pas le temps de le retenir et il part se perdre au milieu de la foule, dans le couloir.
jour 2 * 11 heures 15
Déçue, Veronica file au secrétariat consulter le dossier de Bill Atkins. Pour se remonter le moral, elle s'arrête boire un expresso à la cafétéria du campus. Ça a l'air mal parti pour sa journée flânerie et promenades sur la plage.
Se repérer sur le campus ne lui pose aucun souci, et rapidement elle arrive devant le bâtiment de la confrérie des Gamma Delta. Un attroupement au pied du bâtiment lui cause un profond malaise. Du coin de l’œil, elle aperçoit une silhouette dont l'allure lui semble familière, et qui disparaît rapidement dans le bâtiment. Le doyen est là, qui agite les bras d'un air perdu, il dirige les vigiles afin d'empêcher que les gens ne s'approchent. Avant même de voir le corps sur le sol, Veronica sait déjà qui est la victime.
jour 2 * 11h20
Évidemment, c'est Bill. Veronica inspecte rapidement la scène, il est tombé, bras en avant, ce qui indique qu'il a essayé de se protéger en tombant, donc il était vivant, du coup le suicide n'est pas exclu. Thèse que le doyen privilégie d'emblée. Elle commence à avoir la moutarde (ou le ketchup) qui lui monte au nez. Comment peut-on déjà affirmer cela ? Les Gammas Deltas sont réunis devant le bâtiment, faisant corps, ils n'ont pas l'air particulièrement attristés, certains ont plutôt l'air étonnés, mais sans plus. Veronica fonce dans le couloir, escalade les 4 étages, et trouve la porte de l'appartement de Bill grande ouverte, son coloc arrive à sa suite. Il commence à l'insulter croyant se trouver face à une étudiante et reconnaissant une prof, se trouble et bafouille avant de tourner les talons.
Son instinct de détective en éveil, à moins que ce ne soit celui de profiler, elle observe les lieux. Très vite elle voit quel côté a été occupé par Bill et commence à cerner le personnage, ordonné, rigoriste, renfermé, et lequel est celui de son coloc, plus extraverti et désordonné. Elle trouve la tablette de Bill, même pas de mot de passe ou de sécurité. Il n'y a que des compte rendus de cours, les adresses de quelques contacts, les photos de sa famille – il avait un jeune frère qui lui ressemblait comme un clone- et le début du brouillon d'un mail qu'il comptait envoyer à mrs Goat le jour de son départ anticipé pour la maternité :
« Madame, je voudrais vous parler au plus vite de ce qui s'est passé le 11 ... »
et il s'était arrêté là.
- Qu'est ce que vous faites là ?
Lance une voix autoritaire dans son dos. Elle se retourne, le doyen la reconnaît.
- Oh, je vous avais prise pour une étudiante mue par une curiosité malsaine. Mais je comprends bien que eu égard à votre expérience vous ne pouviez pas ne pas vous intéresser à ce cas.
- Il s'agit d'un de mes élèves,
Le coupe froidement Veronica qui sent passer la pique « de la curiosité malsaine » sous l'aspect policé de la remarque.
« Rien de plus intéressant à glaner ici, direction mon ordi. »
11 h 30
Assise sur l’herbe, au soleil, indifférente au passage des étudiants qui ne peuvent s'empêcher dobserver cette prof atypique, Veronica fouille dans les articles numériques des journaux concernant les 11 et 12 de tous les mois en remontant vers le début de l'année estudiantine, jusqu'à trouver un article remontant à 3 mois plus tôt.
Cela lui prend bien deux heures et il est plus de 13h quand elle finit ses recherches. Un étudiant, Max Craven, a été trouvé inconscient, le 11 mars, à la sortie d'une boîte de nuit. Les neurones grillés par une surconsommation de psychotropes. Était-ce de cela qu'il s'agissait ?
jour 2 * 13h30
Retour à la salle des profs, pour imprimer l'article, le papier il n'y a rien de mieux pour afficher sur son mur d'enquête.
La salle des profs est vide, aménagée avec goût elle incite au repos ou aux discussions feutrées. Les casiers sont tous regroupés le long du mur face aux fenêtres. Ces casiers sont tout simplement luxueux : propres, portes imitation bois précieux, pourvus de serrures numériques. Sauf … celui de Veronica, sa façade est maculée de peinture noire, ainsi que l'intérieur, qui par chance ne contenait pas grand chose hormis un nécessaire de toilette, un Tee shirt et un taser de secours. Téléphoner à l'entretien, signaler l'incident à un vigile désabusé, qui hausse les épaules en affirmant que « les étudiants sont capables de tout ».
Nettoyer sommairement l'armoire et découvrir une photo de son père, visage entouré d'une cible.
Veronica sent une nausée monter en elle : souvenirs d'une photo reçue par sa mère, d’un casier vandalisé après la mort de Lilly, de la déclaration de guerre de Logan, d'un viol qui lui a volé sa jeunesse et son innocence, de sa guerre avec le Castle, de ses années de traque au FBI, des visages des psychopathes qu'elle a arrêtés ou tués, surtout celui du tueur à l’œillet qui l'a laissée pour morte, et, enfin revoir le visage livide de son père après son AVC, … Veronica tombe à genoux devant son casier. Elle se sent comme dissociée, une Veronica lucide et froide flotte au dessus de sa tête et observe cette Veronica anéantie qui reçoit son passé en plein cœur, tel un boomerang douloureux. Suffit-il de revenir à Neptune pour que toutes les blessures se ré ouvrent ? C'est la Veronica froide et forte, qui finit de sortir ses affaires, les jette à la poubelle, et qui secoue les gars de l'entretien pour obtenir des réparations dans les plus brefs délais.
C'est cette même Veronica qui se demande pourquoi de telles menaces, aussi tôt dans son début d'enquête. Quelqu'un qui la connaît assez pour se rendre compte qu'elle flaire une piste et qu'elle ne lâchera pas. Mais quelqu'un qui la connaît assez mal, ou qui la sous estime assez pour croire que cela va la détourner de son but ?
Elle hausse les épaules, son histoire a été étalée dans tous les journaux il y a quelques années, lors du démantèlement du Castle. Il suffisait de creuser, même pas vraiment profond pour découvrir l'histoire de la photo avec la cible. Tout cela n'est pas encore concluant, mais par dessus tout, cela donne plus d'assises à ses soupçons concernant la mort de Bill.
jour 2 * 16 heures
Veronica se promène sur la plage, Copy court dans tous les sens et aboie après les mouettes, ses cabrioles maladroites la font rire, il lui ramène des bouts de bois, tente de mordre l'écume, fait le pitre. Une voix crie :
- Hello V, tu fais un pèlerinage sur les sentiers de ta jeunesse ?
- Wally !! Tu es là !!! je ne pensais pas que tu pourrais …
- Et rater le retour de Superwoman dans Gotham city ? Tu rêves !
- Et toi tu mélanges les super héros.
- Quelle importance ?
- Tu as raison, quelle importance, puisque tu es là, mon Robin !
Il lui lance amicalement un coup de poing dans l'épaule, elle esquive, le renverse, il tombe dans le sable, Copy se jette sur lui et lui lèche le visage.
- Tu parles d'un chien de défense !
Grommelle Veronica pleurant de rire et de joie.
- Tu viendras ce soir ?
- Bien sûr Wallou, comment pourrais-je manquer de te voir vêtu en pingouin ?
- Tu peux toujours rêver … à moins que tu ne viennes en reine du bal avec robe de Cendrillon et pantoufle de vair.
Une nouvelle voix leur hurle :
- Hey les 2 comics men, vous vous souvenez de moi ?
- Maaaaac !
Couine Veronica qui se jette sur elle, et la prend dans ses bras. Copy sur ses talons se met à mordre les franges de la veste de Mac. Wallace se joint à elles et on dirait des enfants dans une école maternelle, en train de faire une ronde, avant de s'effondrer tous trois dans le sable.
Ils parlent, piquent des crises de fou rire, s'amusent par avance de la déconvenue de Madison, échangent des nouvelles. Wallace parle en s'enflammant de l'ONG dont il est sous directeur. Il s'occupe des fillettes en Inde, esclaves sexuelles de leurs maris, dès l'enfance, maintenues dans l'ignorance et l'analphabétisme. Son organisation les sauve du mariage, les éduque, en fait de futures femmes fortes et libres, qui ne seront sans doute jamais des Femen, mais, à tout le moins, des femmes responsables qui éduqueront leurs enfants et feront avancer la société. Mac décrit une société dans laquelle l'intelligence artificielle que sa start up développe sera au service de l'humain et créera un avenir meilleur. Veronica se sent un peu seule et inutile face à ses amis, jusqu'à ce que Mac la presse de question sur ses activités et la force à se voir telle que les autres la voient : une sorte de Batman qui redresse les torts, punit les méchants, en restant juste une humaine avec toutes ses failles, et, surtout, tous ses doutes.
Rendez vous est prévu pour le soir à 21 h, devant le gymnase de la fac, celui où se donnent les réceptions et les bals de fin d'année.
