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Interdit aux moins de 16 ans

La clef des souvenirs

Série : Doctor Who (2005)
Création : 29.10.2008 à 18h12
Auteur : egedan 
Statut : Terminée

«   » egedan 

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La jeune femme avançait sur le chemin d'un pas alerte. Le nez au vent, inspirant avec délice les parfums sucrés que la brise emportait. Elle regardait avec de grands yeux émerveillés les immenses arbres qui bordaient le sentier et la multitude de fleurs aux couleurs, dont jusque là elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Elle se laissait porter par le silence serein de la nature. Ses cheveux dansaient à chacun de ses pas, lui donnant une allure quelque peu féerique. Un beau sourire avait remplacé les perles sur ses pommettes alors qu'elle riait aux éclats seule.

Le Docteur la suivait, un peu en arrière, amusé, attendrit, et quelque peu ému de la voir ainsi. Il lui avait proposé de faire une balade, ce qui l'avait enchanté aussitôt. Il se reprochait de ne pas y avoir pensé plutôt. Il avait voulu la protéger, les protéger d'une certaine manière. Et, il avait tout bonnement enfermé Rose dans le Tardis, un peu comme un trésor qu'on cachait à la vue de tous. Et, après ce qui venait de se passer, elle avait besoin de se changer les idées en prenant l'air.

Ils se promenaient sans se presser. Le sentier qu'ils suivaient débouchait sur un immense lac qui resplendissait sous un ciel teinté de pourpre. La jeune femme se précipita sur le ponton tout en cessant jamais de rire. Le gallifréen se rapprocha doucement d'elle. Elle semblait fascinée par la multitude de couleurs qui se reflétaient sur la surface de l'eau. Elle se tourna vers lui, le regard radieux.

- Vous pensez qu'elle est bonne ? Lui demanda-t-elle.

- De quoi ? Réagit-il en s'arrachant à sa magnifique vision.

Elle secoua la tête, malicieuse. Elle enleva sa veste qu'elle jeta à terre puis se déchaussa. Son pull rejoignit vite le sol.

- Qu'est ce que vous faites ?

- Je me déshabille, lui répondit-elle du tac au tac.

- Quoi ! S'exclama-t-il.

Le gallifréen se figea une seconde en réalisant tout juste ce qu'elle s'apprêtait à faire. Alors que Rose commençait à soulever son tee-shirt, il l'arrêta dans son geste.

- Il en est hors de question.

La jeune femme ne se laissa pas intimider par le regard désapprobateur du gallifréen. Elle le fixa dans les yeux avant de l'embrasser sur la joue, le laissant interdit pendant plusieurs secondes. Elle en profita pour se débarrasser de son pantalon et de son tee-shirt qui rejoignirent rapidement le reste de ses affaires et ne garda que ses sous-vêtements. Louve durant ces six derniers mois avait dû tout partager avec les filles, en particulier les toilettes et donc par la force des choses, abandonner toute sa pudeur. Se dévêtir et se dévoiler face à une personne -même en particulier devant un homme- pour elle n'avait plus rien d'embarrassant à ses yeux alors que pour le Docteur, cela semblait être une toute autre affaire. Elle aperçut les joues de son compagnon rougirent légèrement avant qu'il ne détourne la tête pudiquement.

Lorsque le gallifréen entendit Rose plonger, il se retourna vivement vers le lac, cherchant du regard où elle allait réapparaître. Les quelques secondes lui parurent une éternité avant de voir sa jolie tête blonde surgirent de l'eau. Elle nagea dans sa direction, le sourire aux lèvres.

- Vous me rejoignez ? L'eau est bonne.

Le Docteur secoua vivement de la tête par la négative.

- Allez Docteur ! Le supplia-t-elle avec ses yeux de biches.

- Je pense mieux au sec ! Lui répliqua-t-il.

- Tant pis pour vous ! Vous ne savez pas ce que vous loupez !

La jeune femme, polissonne, lui tira la langue puis s'éloigna du ponton à la nage. Lâchant un soupir, le gallifréen enleva son long manteau brun et s'assit sur le bord du ponton sans perdre du regard la jeune femme. Il avait bien dû mal encore à réaliser ce qui se passait dans sa vie depuis quelque temps. C'était étrange et déroutant de revoir la silhouette de Rose arpenter le Tardis. Il s'étonnait toujours de l'émerveillement qu'il éprouvait à la voir évoluer, parler, sourire, rire. Comment avait-il fait pour vivre après sa disparition ? Comment avait-il fait tout simplement pour survivre sans elle ? Rose lui était vitale comme de respirer.

Rose ne se décida à revenir qu'après s'être amusée un bon moment dans l'eau. Elle se dirigea vers un petite échelle qui permettait de remonter sur le ponton. Le gallifréen se leva et tendit sa main pour l'aider à grimper. Un énorme sourire étira les lèvres de Louve en voyant le visage de son compagnon se détourner une nouvelle fois d'elle, chastement. Il était adorable.

Une idée lui traversa l'esprit. Et quelle idée ! Une idée de génie ! Elle lui saisit la main et se laissa aller de tout son poids en retombant dans l'eau, entraînant ainsi avec elle le Docteur dans sa chute. Celui-ci bien trop occupé à tenter de diriger ses pensées sur autre chose, que la vision enchanteresse d'une peau laiteuse constellée de minuscules gouttes d'eau étincelantes, n'eut aucun moyen de se retenir. Il tomba à l'eau avec un énorme plouf. Lorsqu'il revient à la surface crachant l'eau qu'il avait dans la bouche, il entendait Rose rire aux éclats. Il prit un air indigné.

- Comment avez-vous pu...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, que Rose lui plongea la tête dans l'eau pour lui faire boire la tasse. Il ressortit la tête de l'eau et tomba dans le regard chocolat espiègle de la jeune femme.

- Je voulais voir si le Docteur savait nager, lui fit-elle pour expliquer son geste.

Le gallifréen passa une main dans ses cheveux pour les coiffer en arrière. Puis il sourit. Un énorme sourire. Mystérieux et mutin. Elle voulait jouer. Très bien. Ils allaient être deux.

Louve fronça du nez et fit quelques brassées pour s'éloigner de lui. Elle savait parfaitement qu'il ne se laisserait pas faire sans riposter. Cependant, elle attendait de pied ferme ses représailles et était prête à y répondre.

Le Docteur se rapprocha d'elle tout doucement, presque imperceptiblement. Aucun des deux ne se lâchait du regard, tentant de déceler dans l'autre le moindre signe qu'il allait passer à l'attaque. Et Louve, quelque peu impatiente, fut la première à déclarer la guerre en éclaboussant son compagnon. Le Docteur répliqua de suite à la jeune femme en l'arrosant à son tour. Ils riaient aux éclats tout en se chahutant comme deux gamins insouciants. Puis d'un coup, le gallifréen plongea dans l'eau à la surprise de Louve. Celle-ci perplexe devant ce comportement scrutait la surface de l'eau en quête d'un signe. Il n'abandonnait pas la bataille, il préparait une attaque surprise. Elle s'attendait à le voir surgir n'importe où et à n'importe quel moment. Au bout d'une minute, il n'était toujours pas réapparu. Elle commençait à se demander ou il était passé. Soudain, il jaillit derrière elle et l'attrapa par la taille. Louve poussa un cri sans pour autant faire le moindre geste pour s'échapper de ses bras avant de rire. Elle tourna la tête et rencontra des yeux pétillant de malice.

- Vous avez gagné, lui déclara-t-elle.

- Vous déclarez déjà forfait ? Lui répliqua-t-il avec une petite moue. Moi qui commençait juste à m'amuser.

Louve sourit devant son air gamin.

- Oh ! Mais vous ne venez que de gagner une bataille... Et nous sommes à égalité, mon cher Docteur.

- Comment ça à égalité ? Demanda-t-il, les sourcils froncés face à cette affirmation.

- J'ai réussi, lui répondit-elle en pointant un doigt sur son torse, à vous faire tomber à l'eau. Et rien que pour ça, c'est une victoire...

- Et comment allons-nous, nous départager ?

Louve écarta quelque mèches du front du gallifréen qui retombaient sur ses yeux. Il la caressait du regard. Il n'avait toujours pas desserré son étreinte. Elle était collée à lui, mais aucun des deux ne semblait y prêter attention. Elle rapprocha son visage du sien. Les nez se frôlèrent. Louve sentit son cœur battre la chamade. Elle approcha un peu plus ses lèvres de celles du Docteur. Lorsqu'elle ouvrit les yeux -dont elle n'avait aucun souvenir de les avoir fermés-, elle tomba sur un regard envoûtant.

- Je n'en ai aucune idée, lui souffla-t-elle.

Elle sentit les doigts du gallifréen glisser avec sensualité sur ses hanches, ce qui provoqua un long frisson dans tout son être. Un sentiment diffus de chaleur et de vertige. Elle sentait son souffle tiède se mêler au sien. Elle n'avait plus qu'à combler l'espace afin de... Non, elle ne pouvait pas. Dieu que ce n'était pas l'envie qui lui manquait, ni le désir pourtant. Seulement ce serait profiter de la situation, de cette faiblesse qu'il avait en ce moment. Et puis, elle savait qu'elle voulait être Rose à ce moment là. Et, elle ne l'était pas encore. Elle recula son visage du sien et le nicha dans son cou. Et un ange passa.

- Et si nous faisions la course pour nous départager, lança-t-il subitement, jusqu'au ponton.

Louve releva la tête vers lui. Il était troublé, et quelque peu déstabilisé par ce qui venait de se passer. Ou bien de ce qui ne s'était pas passé ? Elle sourit tendrement et s'écarta de lui.

- Et un gage pour le perdant ! Déclara-t-elle. Il devra préparer le dîner de ce soir !

Le Docteur, qui s'était reprit, sourit de toutes ses dents et lui présenta la main qu'elle serra avec un air de défi.

- Marché conclu ! S'exclama-t-il.

Ils se placèrent l'un à côté de l'autre, s'affrontant du regard. Et ils comptèrent jusqu'à trois...

*** ***

Les deux soleils de la planète avaient entamés leur long périple, à se rassembler pour ne faire plus qu'un avant de laisser place à la nuit, faisant scintiller la surface du lac de mille feux. Le Docteur, assit sur le ponton, n'était pas particulièrement fasciné par le spectacle que la nature lui offrait, mais plutôt à sa magnifique contemplation. Sa compagne dormait paisiblement, la tête sur ses cuisses. D'une main, il caressait ses magnifiques boucles blondes. Décidément, il ne lassait pas de la regarder...

Après leur petite course que Rose avait gagné -le Docteur avait toujours été un homme très galant- elle s'était rhabillée puis s'était allongée à ses côtés en posant sa tête sur ses cuisses. Ils avaient bavardé tranquillement un long moment avant qu'elle ne s'assoupisse. Il ne savait pas réellement depuis combien de temps, ils étaient là. Mais peu importe. Le principal, c'est qu'ils étaient de nouveau ensemble. Et puis de toute façon, le temps leur appartenait.

Rose, dans son sommeil, bougea la main à la recherche de quelque chose. Il lui attrapa aussitôt et elle enlaça leurs doigts. Il sourit quand les paupières de la jeune femme papillonnèrent. Il rencontra son regard noisette encore brumeux. Elle remua doucement avant de refermer les yeux.

- Hey...

Sa compagne poussa un petit grognement. Le Docteur l'observait, amusé, se réveiller. De ce côté-ci, elle ne changeait pas. Les réveils de la jeune femme avaient toujours été un peu difficile. Elle avait tant de fois râler après lui quand il venait la tirer hors de son lit ! C'est qu'elle avait un fichu caractère au réveil, d'une humeur grognonne. Il l'avait bien vite apprit, principalement en se prenant l'oreiller en pleine figure quand il faisait irruption dans sa chambre. La jeune femme avait besoin de temps pour se réveiller. Mais la plupart du temps, il lui offrait un sourire, celui dont il savait qui ne manquait jamais de la faire craquer, et elle capitulait...

Rose cligna plusieurs fois des yeux afin de s'habituer à la luminosité. Elle sourit quand son regard accrocha le sien.

- Hey... Lui fit-elle à son tour.

- Alors Belle au bois dormant, bien dormit ?

Elle poussa un long bâillement pour réponse. Le Docteur se pencha un peu vers elle. Louve aperçut quelque chose brillé autour de son cou. Elle plissa du nez. Tout à l'heure, après être sortit de l'eau, il avait retiré sa veste et sa cravate pour les étendre afin de les faire sécher, il avait ainsi déboutonné un peu plus que d'habitude le col de sa chemise. Elle leva la main et attrapa ce qui brillait. C'était une fine chaîne en argent. La gallifréen la laissa faire. Elle dégagea la chaîne de la chemise et saisit le médaillon qui y pendait. Elle l'observa attentivement, caressant la surface du bout des doigts.

- C'est une médaille de Saint Christophe, n'est ce pas ?

Le Docteur acquiesça silencieusement à sa question d'un petit mouvement de la tête. Louve était quelque peu surprise. Son compagnon ne semblait pas être du genre à porter des bijoux. Enfin, c'est ce qu'il lui semblait. Cependant, il était un paradoxe à lui tout seul.

- Le Saint Patron des voyageurs... Pensa-t-elle à voix haute.

Elle retourna la médaille pour voir si il y avait une inscription. Mais à son grand regret, il n'y en avait aucune. Dommage, elle était curieuse de savoir qui avait bien pu faire un tel présent au Docteur. Un cadeau d'un de ses anciens compagnons ? Ou bien d'une personne qu'il avait pu croiser dans un de ses nombreux voyages ? Louve était très intriguée par sa découverte. C'était une belle attention. Une magnifique preuve de tendresse. Très personnel, aussi. Et si il portait le collier, c'est que cela devait représenter énormément pour lui.

- C'est vous qui vous me l'avez offert, déclara le gallifréen soudainement. Après ma régénération, au moment de Noël.

Louve leva les yeux vers lui. Il souriait d'un air triste, le regard dans le vague comme si il revivait le moment ou elle lui avait fait ce cadeau.

- C'était après le dîner. La table venait d'être débarrassée. Votre mère et Mickey étaient dans la cuisine en train de préparer le café. C'est à ce moment là, que vous, Rose Tyler vous vous êtes approchée de moi, souriante comme jamais, les mains dans le dos. Et avant que je puisse faire quoi que ce soit, vous m'aviez déposé un petit cadeau dans les mains, le tout en m'embrassant sur la joue et en me souhaitant un joyeux Noël. Lorsque vous m'aviez passé le collier autour de cou, vous m'aviez chuchoté à l'oreille que le Saint Patron des voyageurs serait toujours là pour moi. Qu'il me protégera et me veillera si jamais vous n'étiez pas là pour le faire.

Le gallifréen se tût, et il se passa un moment avant qu'il reprenne. Il plongea dans le regard de Louve qui fut troublée de son intensité.

- Cela m'a énormément touché, Rose. Depuis très longtemps, personne n'avait eu une telle attention pour moi... Elle ne m'a plus quitté depuis ce jour.

Cela l'avait même profondément bouleversé. A tel point qu'il avait soulevé la jeune femme dans ses bras et serré contre lui comme jamais il ne l'avait fait. Il n'avait pu que bredouiller un merci, ému, presque au bord des larmes. Ce présent de sa part, c'était tant... Cela en avait été presque trop. Submergé par une quantité d'émotions qu'il avait eu grand peine à contenir en lui, il avait bien été incapable de faire quoi que ce soit d'autre que de la garder contre lui pour la remercier. A ce moment là, il s'était dit qu'il était l'être le plus chanceux de l'univers, d'avoir Rose à ses côtés.

- Et Saint Christophe vous a veillé pendant mon absence...

- Comme vous me l'aviez dit, réagit le gallifréen la voix légèrement tremblante d'émotions.

Louve observa le médaillon plus attentivement, sous un autre jour. Elle se demandait comment elle avait pu avoir une telle idée. Et surtout un tel courage. Mais après avoir trouvé la robe et le cadeau à l'attention du gallifréen, cela ne la surprenait guère. Les choses parlaient d'elles-mêmes.

- Je suis désolée... Déclara-t-elle tout d'un coup.

- Pourquoi vous l'êtes ?

- Parce que je me souviens toujours pas. Et que cela vous rend triste.

Le gallifréen eut un petit sourire.

- Ne dites pas une telle chose.

- Si, je le vois dans votre regard à chaque fois que vous me racontez un de vos souvenirs. Et, cela me fait de la peine. Je m'en veux, vous savez...

- Rose...

- Je m'en veux de n'avoir toujours pas récupéré ma mémoire. De n'avoir toujours aucun souvenirs ou autre chose... Je... Pardonnez-moi...

Le Docteur posa un doigt sur les lèvres de la jeune femme pour lui demander de se taire. Il lui attrapa la main qui tenait toujours le médaillon entre ses doigts.

- Rose... Cessez de penser une telle chose que vous êtes coupable. Laisser vous du temps.

- Mais Docteur ! Protesta Louve en s'agitant. Cela fait plus de huit mois que je suis comme ça ! Sans passé ! Et même si le fait d'être à vos côtés ne me...

- Rose Tyler...

- Non ! Et si je me rappelais jamais de rien ! Et si je n'étais pas finalement Rose, votre compagne ? C'est peut-être pour cela que...

- Rose Tyler !

La jeune femme se tût immédiatement en entendant le gallifréen la nommer d'un air ferme.

- Premièrement, vous êtes bien ma Rose Tyler ! Je n'ai aucun doute sur cela. Deuxièmement, cessez de dire que vous vous rappelez de rien, car c'est totalement faux. Vous avez les mêmes gestes, les mêmes foutues habitudes... C'est inconscient, mais c'est là. Et puis vous vous rappelez de cette mélodie. Vous savez, elle est très particulière pour moi. Elle vient de mon peuple. Je l'avais partagé avec vous.

Louve ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose mais s'abstient devant le regard du Docteur qui brillait intensément.

- Troisièmement, la mémoire vous reviendra, que ce soit demain, dans plusieurs jours, des mois, des années. Cela n'a aucune importance. Nous sommes ensemble et c'est tout ce qui compte pour moi. Mais oui, il est vrai que je suis triste. Triste que vous ayez vécu tant d'horribles et difficiles choses. Triste aussi ne pas pouvoir vous aider davantage. Alors promettons-nous ceci, je n'essayerai plus d'être triste, et vous de ne plus vous sentir coupable... D'accord ?

La jeune femme s'était noyée dans le regard de son compagnon. C'était si sincère, si bouleversant ce qui venait de lui confier. Comment pouvait-il avoir si confiance en elle ? Qu'il ait tant d'espoir qu'elle se souvienne ? Cela la dépassait. Il croyait tellement en elle. Contrairement à lui, elle doutait. Cependant, elle s'était faite la promesse de se retrouver. Elle l'avait faite pour lui. Elle ne devait pas abandonner.

- Je vous le promets, Docteur...

- Je vous le promets, Rose...

Louve sentit les doigts du gallifréen se resserrer davantage sur les siens.

- Et je veux vous promettre autre chose, Rose, je ne vous abandonnerai jamais, quoi qu'il arrive.

Elle posa sa paume sur sa joue et il ferma les yeux sous ce contact. Elle laissa glisser ses doigts sur sa peau rugueuse, lentement, doucement et tendrement.

- Merci, Docteur, lui chuchota-t-elle touchée au plus profond de son âme.

Un silence paisible s'installa entre eux. Un pacte venait d'être scellé. Elle frissonna. L'air s'était considérablement refroidi depuis qu'ils s'étaient installés là. Le Docteur s'en aperçut.

- Allez debout ! S'exclama-t-il. On rentre au Tardis !

Louve se redressa et le gallifréen sauta d'un bond sur ses pieds. Puis, il lui offrit sa main pour l'aider à se lever à son tour. Il se saisit de sa veste posée sur la rambarde et elle l'aida pour s'en habiller et il fourra sa cravate dans une de ses poches. Puis, il déposa son manteau sur les épaules de la jeune femme. Elle le regarda surprise, mais il fit semblant de rien remarquer et enfonça les mains dans les poches comme si de rien n'était. Il se mit en route pour rejoindre le vaisseau d'un pas nonchalant. Elle sourit. Il était tellement adorable à prendre soin d'elle avec toutes ses petites attentions dont il l'entourait, que cela en devenait une véritable torture. Il se retourna vers elle.

- Vous venez ? Lui demanda-il avec un mouvement de la tête.

Elle alla le rejoindre en courant et lui attrapa le bras.

- Docteur ?

- Oui ?

- Alors que prévoyez-vous de me préparer pour le dîner ?

Elle croisa ses yeux brillants et espiègles. Comment même résister à ce charme ravageur ?

- Une de mes spécialités ! S'exclama-t-il, un large sourire sur les lèvres. Un soufflé aux bananes ! Vous m'en direz des nouvelles !


egedan  (14.02.2009 à 12:20)

Louve abattit sa carte, le regard planté dans celui du gallifréen. Ils était tous les deux, assis en tailleur, face à face, sur le lit de la chambre de la jeune femme. Ils étaient rentrés de leur ballade tout en écoutant le silence serein de la nuit. Arrivés au Tardis, ils s'étaient séparés en allant chacun dans leur chambre pour une douche chaude et des vêtements propres. Ils s'étaient donnés rendez-vous à la cuisine où Louve avait retrouvé son compagnon en pleine bataille face aux fourneaux. Elle lui avait proposé son aide, seulement le gallifréen lui avait ordonné de s'asseoir et de se détendre. Elle l'avait donc observé avec beaucoup d'amusement s'affairer devant les fourneaux, tout en l'écoutant lui raconter l'incroyable histoire de la banane. D'ailleurs, il s'était vanté d'être à l'origine de la création de la plus -selon ses propres mots- extraordinaire voir excellente et grandiose bananeraie qui existait dans l'univers ! Il lui avait fait aussitôt la promesse de l'emmener la visiter. Lorsque Louve avait enfin pu goûter à son fameux soufflé aux bananes, elle avait dû rajouter sur la liste des incroyables talents du Docteur -qu'elle tenait mentalement- qu'il était un excellent cuisinier. La cuisine rangé de la pagaille, ils avaient rejoint ensemble la chambre de la jeune femme. Et le gallifréen avait eu la subite envie de jouer aux cartes.

Le Docteur, le front plissé, était concentré sur le jeu et ne pipait pas un mot. A son tour, il déposa une carte. Louve regarda ce qu'il venait de jouer puis son jeu. Si il espérait gagner de cette façon-là, il se mettait le doigt dans l'œil, pourtant il arborait un petit sourire en coin. Elle avait bien dû mal à percer ses intentions, cependant si il se croyait indéchiffrable il avait tord une nouvelle fois. Elle commençait tout juste à reconnaître les gestes et expressions qui le trahissaient. Et Monsieur semblait être sûr de lui sur ce coup là, qu'il allait gagner la partie. Sauf que Louve n'avait pas joué tout ses atouts.

Et surtout, elle avait omit de lui dire qu'elle avait apprit à jouer aux cartes avec Gigi et Cuicui, les meilleures joueuses de toute la Bretagne. Elles lui avaient enseignés toutes les combines et ruses qu'il fallait savoir, et principalement à lire dans l'adversaire. C'est ainsi qu'elle avait plus d'une fois plumé et rabattue le claquet à certain matelot lorsqu'elle devait venir en renfort au café, ce qui avait fait la fierté de Gigi et Cuicui.

Alors Louve posa une carte qui ne payait pas de mine et les lèvres du gallifréen s'étirèrent en un immense sourire de victoire.

- Cette fois-ci, j'ai gagné ! S'exclama t-il comme si il avait tout les bons numéros du Loto.

Il déposa la supposée carte de la victoire tout en se redressant crânement. La jeune femme rit en secouant la tête devant un tel comportement et lui présenta une de ses cartes face à lui. Il ne lui suffisait pas d'être un génie et de savoir compter les cartes pour gagner à ce jeu en particulier. Le hasard de la distribution et la chance y étaient pour une large part dans la victoire. Et ce soir, elle était particulièrement en veine.

- Mauvais calculs, Docteur ! Vous avez perdu une nouvelle fois !

Le gallifréen prit un air boudeur en croisant les bras sur son torse. Elle ne tenta même pas de réprimer un sourire amusé face à ce comportement. Il n'aimait pas perdre, sauf quand c'est lui qui le faisait délibérément.

- Qui aurait cru l'immense Docteur, mauvais perdant ?

- Je ne suis pas un mauvais perdant, grommela-t-il. Mais plus de huit victoires à la suite, je trouve cela bien louche...

- Oseriez-vous m'accusez de tricherie ? Lui répliqua-t-elle d'une voix bien polissonne, tout en se rapprochant de lui.

Le Docteur s'offusqua d'une telle insinuation et tourna la tête sur un côté.

- Je suis bien au-dessus de tout cela...

- Je ne le crois même pas une seconde, soutient-elle. Mais si vous le voulez, je vous laisse gagner la prochaine partie... Rien que pour rassurer votre ego démesuré.

Il tourna vivement la tête vers elle et rapprocha dangereusement son visage du sien.

- Toujours si insolente, Rose... Souffla-t-il. Je vous propose une autre partie. Quitte ou double. Qu'en pensez-vous ?

- Oh... Môssieur veut jouer son honneur... Déclara-t-elle en soutenant son regard par défi. Très bien ! Pourquoi, je ne peux rien vous refuser ?

La jeune femme aperçut les yeux de son compagnon pétiller de joie alors qu'un large sourire, un brin charmeur, éclairait son visage. Il ramassa les cartes et commença à les battre avec agilité et rapidité.

- C'est parce que je suis tout simplement irrésistible !

-C'est ce que vous semblez croire ! Rit-elle en le tapant sur l'épaule. Vous n'êtes qu'un idiot !

- Hey ! Objecta-t-il plein de malice, en lui rendant son coup doucement. Ce n'est pas de cette façon là que l'on traite un Seigneur du Temps !

La jeune femme frappa à nouveau le gallifréen. Celui-lui alors lâcha les cartes et se jeta sur elle pour la chatouiller. Ils se retrouvèrent à rouler sur le lit, riant aux éclats, se chatouillant l'un et l'autre, tentant chacun à leur tour de prendre le dessus. Et à force de se chahuter comme deux gamins, ils finirent par tomber du lit. Le Docteur en premier recevant Rose dans ses bras. Ce qui n'arrêta nullement leur jeu auquel ils s'adonnaient avec insouciance. Au bout d'un moment d'une gentille querelle enfantine, le gallifréen se retrouva sur Rose et l'immobilisa en maintenant ses poignets au sol, et ses jambes entres ses genoux. Ils étaient essoufflés et se regardaient chacun fixement d'un air espiègle.

- Vous n'êtes pas sensé être plus sage à votre âge, le taquina-t-elle.

Le Docteur se pencha un peu plus vers elle, une lueur dans son regard se faisait plus ardente.

- Aucune envie d'être un de ses antiques sages poussiéreux, lui murmura-t-il.

Il ne pouvait plus se détacher des yeux noisettes de la jeune femme. Il tentait désespérément de dominer les battements de ses cœurs. L'envie irrépressible de la toucher, de caresser sa peau si douce et tiède, il laissa glisser ses doigts le long du bras nu de Rose jusqu'à sa main ou il y mêla la sienne. Elle frissonna sous sa caresse voluptueuse. Elle, non plus, ne le quittait pas des yeux, saisit par l'intensité de son regard, tellement profond, tellement intense et tellement bouleversant qu'elle en fut touchée au plus profond de son âme. Elle posa la paume sur sa joue, bien consciente qu'elle devait arrêter toute de suite avant qu'il ne soit trop tard. Cependant, le regard du gallifréen lui dévoilait enfin ce qu'il ressentait sans aucune retenue. Il approcha un peu plus son visage du sien, marquant un temps d'arrêt, scrutant ses yeux à la recherche d'une quelconque marque de désapprobation. N'en trouvant aucune, il déposa ses lèvres sur les siennes timidement pour un baiser tendre. Les cœurs chavirèrent faisant sombrer toute raison. Louve ferma les yeux avant d'entrouvrir la bouche pour approfondir le baiser. Ils frissonnèrent de plaisir quand leurs langues se rencontrèrent dans une explosion de saveurs. Elles se joignirent, se mêlèrent avec avidité et frénésie.

Le Docteur ne savait pas véritablement ce qui se passait en lui. Jamais, il n'avait ressentit une telle chose. Il sombrait avec délice. Le désir et le plaisir montaient en lui comme une brusque poussé de fièvre. D'autres sensations jusque là encore inconnues pour lui, le dévoraient littéralement. Et cela en était presque de trop pour un simple baiser. Une vague d'émotion enivrante le submergea, le poussant à faire glisser sa main sur la hanche de la jeune femme avant qu'elle ne se faufile sous son vêtement. Il avait besoin de se persuader qu'il ne s'agissait pas d'un simple rêve en sentant sa présence, en la touchant. Ses lèvres tellement douces sur les siennes... Sa peau délicieusement brûlante sous ses doigts... Elle avait passé ses mains sur sa nuque pour approfondir le baiser, l'attirer encore plus à elle qu'il ne l'était. Il fallait qu'il étanche cette soif qui le tenaillait. Qui les tenaillait tous les deux. Alors que la fougue et l'avidité remplaçaient la douceur et la timidité.

Ils descellèrent leurs lèvres quelques secondes mais aucun des deux ne semblait juger qu'ils en avait eu assez. Les lèvres s'effleurèrent, se frôlèrent, s'enhardissant de ce bref contact avant fébrilement de se retrouver pour reprendre leur baiser. Louve toujours prise dans la sensation enivrante du baiser bascula sa tête en arrière lorsque la bouche du gallifréen se faufila jusqu'à la naissance de sa gorge en l'inondant de baisers brûlants.

- Rose... Gémit-il d'une voix rauque.

Le mot lui parvient à travers les brumes de plaisir qui obscurcissaient ses pensées. Il ouvrit brusquement les paupières, la respiration anarchique, prenant enfin conscience de la situation. Qu'était-il en train de faire ? Il était tout simplement sur le point de... Non. Comment pouvait-il lui faire une telle chose ? Alors que la jeune femme n'était pas encore elle-même. Il n'était qu'un imbécile. Ce n'était pas elle. Ce n'était pas Rose. Sa Rose. Le Docteur ne savait pas vraiment ou il en était. Rose... Louve. Cela se mélangeait dans sa tête. Qui était réellement la jeune femme en ce moment même ? Pourtant, c'était bien elle, mais pas tout à fait... Rose n'était pas encore revenue...

Non, il ne pouvait pas lui faire une telle chose, malgré l'envie et le désir, car il savait aussi que cela compliquerait énormément les choses. Et il ne pouvait pas se le permettre pour l'instant. Il fallait qu'ils arrêtent. Tout de suite. Avant qu'il ne soit trop tard. Que l'irréparable soit... Non, il ne préférait même pas y penser. Il avait déjà bien assez honte comme ça. Les cœurs au bord des lèvres, il s'écarta d'elle en se maudissant du mal qu'il lui faisait.

- Je suis désolé, prononça-t-il d'une voix quasiment inaudible. Je ne voudrais pas... Je ne peux pas...

Louve posa sa main sur sa bouche pour lui demander de se taire. Elle eut un petit sourire triste. Elle comprenait ce qui se passait. Elle savait aussi pourquoi le Docteur avait pu en arriver là. Elle ne lui en voulait pas. Au contraire, elle l'admirait pour son intégrité et ses principes. Il était à Rose. La Rose. Sa compagne qui avait partagé sa vie, et dont les cœurs lui appartenaient. Et elle, Louve, n'en était qu'une partie infime du tout qu'était Rose. Lui voulait le tout. Elle, au contraire se maudissait d'avoir répondu à ses avances, de l'avoir mis dans cette position. Elle était responsable. C'est elle, qui aurait dû le repousser, lui faire comprendre bien avant qu'elle n'était pas tout à fait celle qu'il désirait.

- Je sais, lui dit-elle simplement.

Elle repoussa gentiment le gallifréen, sentant qu'elle n'allait pas tenir plus longtemps dans cette position, à quelques centimètres de son visage, son souffle contre ses lèvres, un désir impérieux de capturer à nouveau sa bouche pour un baiser fiévreux qui grondait en elle. Il se laissa basculer sur le côté, libérant le corps de la jeune femme. Elle ferma les yeux. C'était mieux ainsi. Elle en était convaincue. Cela aurait encore plus troublé les choses entre eux. Ils gardèrent le silence quelques secondes, le temps de retrouver le contrôle de leur respiration, des battements de leurs cœurs et d'apaiser ce feu encore présent en eux.

- Je ne peux pas vous faire cela, murmura-t-il la voix brisée.

Il ne pouvait pas faire cela à Rose, raisonna Louve, alors que son cœur se serrait à l'intonation douloureuse de sa voix.

- Je comprend, fit-elle en s'asseyant.

Louve le regarda, bouleversée par l'expression dévasté de son visage, horrifié, coupable. Tout n'était pas vraiment simple dans leur histoire. Ils avaient passés tant de temps à se frôler, à se chercher, à se fuir, jouant à un jeux dangereux qui aurait put être douloureux pour chacun. Et lorsque Rose avait décidé d'y mettre en terme, de vivre « quelque chose » tout bonnement avec lui, elle n'en avait pas eu le temps, séparée brutalement de lui. Maintenant qu'ils s'étaient retrouvés et que le gallifréen lui ouvrait enfin ses cœurs, il fallait qu'elle soit amnésique. Qu'elle soit une autre personne. Surtout qu'elle n'arrive toujours pas à se souvenir de lui. Comment es-ce que le Docteur pouvait endurer tout ceci ?

Elle voyait qu'il souffrait. Il n'avait pas voulu une telle chose. Elle dut se faire violence pour ne pas le prendre dans ses bras. C'était trop tôt. Pas après ce qui venait de se passer entre eux. Il fallait qu'elle lui laisse du temps. Elle l'observa se passer une main sur le visage, s'arrêtant un peu plus longuement sur ses lèvres. Il paraissait perdu.

- Hey ! Lui fit-elle doucement. Vous m'avez fait la promesse de ne plus être triste.

Le Docteur tourna la tête lentement vers elle. Il paraissait surprit qu'elle lui adresse la parole. Elle lui offrit un sourire tendre. Il se redressa et baissa les yeux, honteux.

- Je suis désolé.

- Il ne faut pas.

Il leva son regard sur elle, les lèvres tremblantes. Louve se remit debout puis lui tendit la main. Il la prit sans un mot et se leva avec son aide. Elle voulut lui lâcher la main, mais il la retient, pressant un peu plus ses doigts autour des siens.

- Rose, je...

- Es-ce que demain, le coupa-t-elle, nous pourrions aller visiter cette fameuse bananeraie dont vous m'avez fait les louanges toute la soirée ?

Le Docteur pencha la tête sur un côté, et un petit sourire étira ses lèvres, soulagé qu'elle ne lui en veuille pas. Elle savait pourquoi. Rose l'avait toujours si bien comprit...

- Je dois aller à la salle de contrôle, lui répondit-il. vérifier que tout se passe bien.

Il consentit à lui relâcher la main et se dirigea vers la porte. Sans savoir pourquoi, Louve sentit une énorme bouffée de panique l'envahir, de le voir s'éloigner d'elle, et principalement qu'il se renferme sur lui.

- Docteur, vous allez revenir, n'est-ce pas ?

Il s'arrêta sur le pas de la porte. Elle le sentit se figer. Il ne se retourna pas. Elle le regarda baisser la tête, puis se passer une main sur la nuque, signe qu'il était mal à l'aise.

- Ce ne serait pas raisonnable, Rose, après...

Le Docteur laissa sa phrase en suspend et il secoua la tête.

- Et puis, vous savez, j'ai un lit, reprit-il. Il me semble que cela serait...

Louve fit un pas avant de se jeter sur lui entourant sa taille de ses deux bras. Elle posa sa tête sur son dos, le serrant un peu plus contre elle.

- J'ai froid quand vous n'êtes pas avec moi, dans le lit. J'ai peur de sombrer dans ce gouffre glacial, dès que je commence à m'endormir. Mais vous me prenez dans vos bras, votre chaleur m'enveloppe. J'entends cette si douce mélodie que forme vos deux cœurs. Et là, je sais que rien ne pourra m'arriver.

La jeune femme sentit les mains du gallifréen se poser sur les siennes et les caresser doucement.

- Je... Balbutia-t-il.

Louve desserra son étreinte, consciente qu'elle lui demandait beaucoup trop, surtout après ce qui venait de se passer. Cependant, cela avait été plus fort qu'elle. Elle avait autant besoin de lui, qu'il avait besoin de Rose. Elle s'écarta de lui et alla s'enfermer dans la salle de bain. Le gallifréen eut juste le temps d'apercevoir la porte se refermer sur la silhouette de la jeune femme. Il soupira, enfonça les mains dans les poches, et sortit de la chambre.


egedan  (21.02.2009 à 14:43)

Le Docteur ne sut pas vraiment comment il arriva dans la salle de contrôle, tant ses pensées étaient confuses dans son esprit. Pour s'empêcher de penser, il effectua ses vérifications de routines, tournant autour de la console pour effectuer quelques réglages nécessaires. Il leva le regard vers la colonne et se laissa tomber de tout son poids sur la banquette. Il allongea ses jambes sur la console et se laissa aller en arrière. Il ferma les yeux.

La situation commençait à le dépasser. Rose était de retour. Elle avait juste besoin d'un guide pour l'aider à retrouver ce qu'elle avait perdu. Il avait cru que tout serait aussi simple que ça. Sauf qu'il avait toujours eu tendance à compliquer les choses. C'était dans sa nature. Et encore plus quand il s'agissait de Rose. Dire que ce qui venait de se passer n'était pas désiré, ce serait un mensonge. Mais pas comme cela. Pas tant qu'il soit sûr qu'elle soit revenue. Il la voulait tellement. Il porta ses doigts à ses lèvres. Elles avaient encore le goût si sucrée de celles de la jeune femme.

Lorsqu'il avait attrapé Rose par la taille dans le lac, il avait sentit que quelque chose se passait. Il avait bien eu conscience de son regard insistant, seulement l'eau avait laissé de minuscules gouttes étincelantes qui perlaient sur ses cils, ses lèvres, sa gorge, et à la pointe de ses cheveux. Collée à lui, la peau de la jeune femme lui brûlait les doigts. Il n'avait jamais été aussi proche d'elle qu'en cet instant, il se l'était toujours interdit. Son nez frôlant le sien, son souffle se mélangeant au sien, il avait été à quelques secondes de l'embrasser, avant que Rose écarte son visage du sien.

Comment allait-il pouvoir la regarder en face, quand Rose sera de nouveau elle-même ? Il ne voulait surtout pas la précipiter, ni la brusquer, surtout pas après ce qu'elle avait vécu ces derniers temps avec Madame. Peut-être qu'il s'était trop dévoilé ? Non. Il s'était trop longtemps caché avec elle pour continuer. Il l'avait assez fuit comme cela. Elle devait le savoir. Il devait lui montrer. Il devait la rassurer. Il desserra sa cravate et sortit le médaillon de sa chemise. Il le porta à ses yeux avant de sourire. Il n'y avait qu'elle pour avoir une idée comme cela, d'avoir eu une si touchante attention. Du Rose tout crachée. Elle avait été si bienveillante à son égard, si généreuse.... Tellement elle.

Le Docteur se surprit à se demander que se serait-il passé, si ce maudit levier ne s'était pas baissé. La brèche se serait refermée. Et Rose aurait été du bon côté du mur. C'est à dire avec lui. Elle aurait été comme lui alors, sans famille, sans foyer. Et malgré cela, elle était revenue pour lui, bien décidée à passer le reste de sa vie à ses côtés. C'était son choix à elle. Et comme elle lui avait si bien sous-entendue, il n'avait pas à choisir pour elle. Rose si fière... Si indépendante....

Aurait-elle quand même, décidé de passer à l'offensive avec lui ? Il savait que oui. Elle n'aurait pas eu peur comme lui de se jeter à l'eau. La peur de savoir. D'être fixée. Définitivement. Que ce serait-il passé par la suite ? Aurait-il eu le courage de laisser parler librement ses sentiments ? Principalement de cesser de les fuir ? Aurait-il laissé la chance qu'un « nous » puisse exister ? A savoir, si lui aurait été capable d'assumer une « vraie » relation, de partager une intimité avec elle. De la laisser entrer entièrement dans sa vie. D'être un couple finalement avec elle. Il y avait matière à réflexion.

En couple ! Ce mot le fit sourire. Le Docteur en couple ! Quelle drôle d'idée ! Surtout étrange qu'il pense une telle chose. De là, à s'unir avec elle, il n'y avait qu'un pas. Couple...Union. Ces deux mots, il y a quelque temps l'auraient fait fuir à toute vitesse, alors qu'une partie de lui aspirait finalement à une vie un peu moins mouvementée, plus ordinaire, plus domestique... Et la pensée que cela pouvait se faire avec Rose, lui semblait évident. Comme si c'était la logique des choses. La pensée de lui appartenir, de n'être rien qu'à elle ne lui déplaisait pas. Bien au contraire...

Durant sa longue existence, il en avait rencontré des femmes. Il n'avait pas été insensible à certaine. Mais avec Rose, c'était autre chose qu'il ne pouvait lui-même se l'expliquer. Elle avait toujours été capable de le rassurer, de l'apaiser, de lui procurer sa force pour repousser ses démons.. De lui faire sentir essentiellement qu'il était aimé. D'un sourire, elle pouvait lui faire oublier ses blessures, les bleus de son âme. Oh ! Oui, il l'adorait tellement son sourire accompagné de cette lueur de malice qui éclairait son regard...

Le Docteur avait tant recherché un regard chocolat, des cheveux dorés à chacun de ses voyages parmi la foule, avec ce fol espoir qu'il pourrait retrouver la jeune femme tout en sachant pertinemment que cela ne pouvait pas être possible. A chaque fois, pour se faire un peu plus de mal, pour raviver cette plaie qui ne pouvait pas cicatriser, même avec le temps. Comme lorsqu'il prenait la main de Martha en espérant qu'en ouvrant les yeux ce soit Rose.

Il inspira longuement. Il ne savait plus ou il en était avec la jeune femme, cependant il savait ou il voulait aller. Il se redressa tout en se passant une main dans les cheveux avant de se lever. Il jeta un dernier coup d'œil sur l'écran, passa une main pleine de tendresse sur la console et quitta la salle de contrôle.

*** ***

La porte de Rose était entrouverte. Un mince filet de lumière indiquait qu'elle ne dormait pas. Il poussa un peu la porte, sans un bruit. Il aperçut sa compagne, dans son lit, en train de lire. Devait-il la rejoindre ? Faire comme tous les soirs, la prendre dans ses bras, savourer la sensation de ses cheveux blonds caressant son visage et de s'endormir en écoutant sa respiration ? Sa raison lui dictait de s'éloigner d'elle, de prendre un peu de distance tant qu'elle ne sera pas véritablement Rose. Mais, c'était tellement plus facile à penser qu'à faire. Parce que c'était Rose. C'était tellement elle. C'était ses traits. C'était son corps. C'était sa Rose. Il ne pouvait pas en douter.

Un mouvement de la jeune femme le fit sortir de sa réflexion. Elle tirait un peu plus la couette sur elle, s'enfonçant un peu plus dans le lit, la tête bien calée contre l'oreiller. Dormir sans elle, paraissait maintenant pour le Docteur inconcevable. Il ne voulait plus jamais sentir ce sentiment de solitude et de froid qui l'avait accompagné à chacun de ses réveils durant très longtemps. Il hésita encore quelques secondes avant de pousser entièrement la porte. Rose leva aussitôt les yeux vers lui et l'accueillit avec un énorme sourire qui lui réchauffa ses deux cœurs et auquel il répondit bien volontiers. Il s'approcha du lit en se débarrassant de sa veste, de sa cravate puis de ses chaussures avant de rejoindre la jeune femme. Il se glissa sous la couette et s'allongea à quelques centimètres d'elle sans un mot. Elle ferma son livre, éteignit la lumière et se blottit contre le gallifréen. Celui-ci eut un petit mouvement de recul puis se rendit et enlaça la jeune femme tendrement en posant sa joue contre ses cheveux dorés.

Peut-être qu'il venait de faire une erreur en venant la rejoindre. Mais, il décida de ne plus y penser trop apaisé, trop heureux d'être tout contre elle. Il venait enfin de retrouver cette chaleur si douce et si familière qui lui avait tant manqué.

Et qu'il ne voulait plus jamais quitter.


egedan  (21.02.2009 à 14:45)

Le lendemain quand le Docteur se réveilla, il n'ouvrit pas tout de suite les yeux encore perdu parmi les derniers restes de son rêve. Il tendit le bras pour sonder la place à ses côtés ne sentant plus ce corps familier contre le sien, et ne rencontra que le vide. Le gallifréen se figea. Maintenant, il le sentait ce froid qui engourdissait ses membres et cet effrayant sentiment de solitude. Cela ne pouvait pas être possible. Il se redressa brusquement, ouvrant grand les yeux. La place à ses côtés était déserte. Il parcourut la chambre du regard, une nausée brutale lui soulevait l'estomac. Il n'y avait aucune trace de sa compagne. Elle n'y était plus, comme si finalement elle n'avait jamais été là durant ces derniers temps. Il se passa une main sur le visage sentant la panique le gagner. Il se leva d'un bond, mais dû se rattraper en prenant appui sur la table de chevet pour éviter de s'effondrer au sol. Il se dirigea vers la salle de bain et coulissa la porte d'un geste brusque. Personne. Il se précipita dans sa chambre et la trouva, elle-aussi désespérément vide. Rose ne l'aurait pas laissé sans lui dire ou elle était allée dans le Tardis. Elle aurait de toute manière attendu qu'il se réveille. Elle ne se serait pas volatilisée, ni évaporée de cette manière-ci.

Ses cœurs commencèrent un violent combat dans sa poitrine. Sa respiration devenait de plus en plus anarchique. Il commençait à ne plus rien contrôler. Le gallifréen ne pouvait pas croire ce qu'il voyait et ressentait. Il était tétanisé. Ce qu'il était en train de vivre ne devait être qu'un simple cauchemar causé par son angoisse de perdre une nouvelle fois Rose. Cela ne pouvait pas être tout simplement réel. A moins que tout ce qu'il avait vécu ces derniers temps n'était que le fruit de son esprit malade. Il était en pleine hallucination. La jeune femme lui manquait tellement qu'il s'était mis à délirer. Il était malade. Il devenait fou. Non, trancha-t-il. Rose ne pouvait pas être qu'une simple illusion. Sa présence lui avait paru si tangible, si palpable, si concrète. Il ne pouvait pas décidément se résoudre à ce que les deniers jours ne soient qu'un phantasme provenant de son cerveau détraqué.

La gorge nouée, il sentait une sorte de picotement au coin des yeux. Les traits de son visage se contractaient pour faire taire le cri de désespoir qui s'efforçait de sortir de lui. Cherchant sa respiration, il tentait de lutter contre ce sentiment de suffocation. Il se prit la tête entre les mains, les jambes flageolantes, prêt à s'écrouler d'une seconde à l'autre, incapable de lutter contre la douleur de cette cicatrice béante au niveau de ses cœurs.

Soudain, une brise légère, voluptueuse, douce et familière l'enveloppa. Le gallifréen se laissa prendre la main et porter. Elle le poussa, l'entraînant avec elle dans le dédale du Tardis. Dans un état second, proche de l'apathie, il arriva à la salle de contrôle. Il se stoppa à l'entrée et s'appuya sur la paroi, les cœurs gonflés.

La vision qui s'offrit à lui, l'apaisa à la seconde même ou il l'aperçut. L'énorme poids qui lui comprimait la poitrine s'envola. Rose faisait le tour lentement de la console, du bout des doigts, elle touchait chaque levier, chaque bouton, saluant le Tardis comme une vieille amie. Elle existait. Elle était surtout bien réelle. Il poussa un soupir de soulagement. Il n'était pas aliéné. Il resta là, émerveillé, à l'observer n'osant pas troublé cette si magnifique vision. Sa compagne riait et souriait comme si elle communiquait avec le vaisseau. Le Docteur fronça des sourcils. Depuis quand Rose faisait-elle cela ? En tant que Louve, elle était toujours intimidée par la présence du Tardis.

Subitement la jeune femme leva la tête vers son compagnon et lui offrit un grand et magnifique sourire. Il approcha d'un pas, le souffle coupé. Quelque chose avait changé en elle. Il ressentait de nouveau, cette force sauvage qu'elle dégageait de toute sa puissance. La façon de se tenir aussi. Et puis son regard... Il en fut complètement bouleversé. Il brillait à nouveau de cet éclat qu'il lui avait connu. Et il sut. Elle était revenue. Elle était enfin de retour. Après tout ce temps...

- Rose... Souffla-t-il.

Elle ne répondit pas. Elle pencha la tête sur un côté, l'air malicieuse. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais aucun son n'en sortit. Il était sans voix. Ses jambes tremblaient. L'envie de la toucher, de la prendre dans ses bras, de sentir son parfum, annihilait toute autre notion. Le Docteur fondit sur Rose. Il la souleva dans ses bras, la faisant tournoyer, la pressant contre lui aussi fort qu'il le pouvait pour se rasséréner de sa présence. Il sentit avec une certaine béatitude les bras de sa compagne s'enrouler autour de son cou, son adorable rire résonner au creux de son oreille. Il ferma les yeux sous la sensation de sa joue caressant la sienne.

- Ma Rose... Murmura-t-il. Je...

Les autres mots restèrent bloqués au fond de sa gorge, incapable de les prononcer. Et puis à quoi bon articuler des mots qui lui semblait bien fade en comparaison de ce qu'il ressentait au plus profond de lui. A ce tsunami d'émotions qui le ravageait de tout son être, qui balayait d'un coup toutes les souffrances, les peines, les pleurs d'une immense vague. Et qui faisait disparaître en lui, cette plaie béante et vif qui n'avait cessé de saigner depuis la disparition de la jeune femme.

Pendant un long moment, accompagné du doux murmure du Tardis, ils restèrent agrippés l'un à l'autre comme si leurs existences en dépendaient. Le Docteur ne pouvait se résoudre à lâcher la jeune femme. Il ne le voulait pas. Il ne le voulait plus. Il était tellement bien comme ça.

- Je vous promets Docteur, chuchota-t-elle, et ça je peux vous l'assurer, que je ne disparaîtrais plus jamais de votre vie. Et ça, même si vous me reposez à terre.

Le gallifréen sourit. Il savait que Rose tiendrait sa promesse. Elle les tenait toujours. Il consentit au prix d'une lutte acharnée en lui, à déposer sa compagne à terre. Il s'écarta d'elle, enlaçant leurs doigts pour garder sa chaleur à lui. Il l'observa, un large sourire sur les lèvres, le regard attisé d'une flamboyante lueur.

- Pourquoi ne m'avez-vous pas réveillé ?

- J'avais besoin de me retrouver avant, lui confia-t-elle.

Le Docteur leva une main et toucha la joue de Rose, comme pour se prouver qu'il n'était pas en pleine hallucination. La voir ne lui suffisait pas.

- Qu'est ce qui vous a fait...

- Peut-être un baiser de mon Prince Charmant, se risqua-t-elle à dire.

A peine la phrase fut elle prononcée, qu'ils détournèrent vivement le regard de l'un et de l'autre, le feu aux joues, tel deux jeunes amoureux timides connaissant leurs premiers émois. Cependant, leurs regards se retrouvèrent immédiatement pour ne plus se détacher. De sa main, il dessina les traits du visage de sa compagne. Elle se laissa faire et ferma les yeux sous ce contact inattendu de sa part. Elle sentait les doigts du gallifréen glisser avec beaucoup de douceur et de sensualité sur sa peau. Elle pressa un peu plus sa main, sentant les larmes monter en elle. Puis d'un élan, le Docteur se blottit contre elle, l'enlaçant très tendrement, nichant le nez dans son cou. Rose fut surprise d'un tel geste. Le gallifréen qu'elle avait dû laisser dans la tour de Torchwood avait bien changé. Elle avait pu le constater ces derniers jours. Le même, mais quelque peu diffèrent. Il semblait enfin avoir abandonné cette carapace derrière laquelle il se cachait.

- Je ne vous lâcherai plus, chuchota-t-il au creux de son oreille. Vous m'avez bien entendu, Rose Tyler. Plus jamais, vous ne disparaîtrai de ma vie.

- Vous pouvez comptez là-dessus ! Vous n'êtes pas prêt à vous débarrasser de moi !

Le Docteur rit légèrement. Il avait enfin prit conscience qu'il ne pouvait plus continuer sans la jeune femme. Tout ce temps passé sans sa présence à ses côtés lui avait fait comprendre qu'il avait tellement besoin d'elle. En cet instant, il retrouvait cette partie de lui-même qu'il avait cru perdu à tout jamais.


egedan  (28.02.2009 à 20:50)

Après un long moment, il desserra son étreinte. Rose le regarda, il paraissait plus sombre d'un coup. L'euphorie de l'instant, de leurs retrouvailles venait de prendre fin. Bien trop court selon elle, alors qu'elle savait maintenant ce qui l'attendait. Il la tira vers la banquette et la fit asseoir. Elle obéit sans un mot. Il s'installa face à elle, s'adossant à la console. Elle se mordit intérieurement la joue. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, les cheveux encore plus en bataille que d'habitude -chose qui paraissait totalement inimaginable-, sa tenue en désordre alors qu'il arborait toujours cette nonchalance qu'elle adorait plus que tout. Il était silencieux. Ce qui n'augurait rien de bon. Elle savait exactement ce qui se passait. Les rouages de son cerveau venaient de mettre en branle, à la recherche d'explications. Le Docteur n'aimait pas savoir. Il détestait être dans l'ignorance des faits.

Rose, elle-même, ne le savait pas. Elle s'était réveillée en sueur, tremblante de tout son être, complètement perdue. Pourtant, une seule chose lui avait sentir qu'elle était en sécurité. Une présence qui lui avait atrocement manqué. Unique. Rassurante. Et si familière. Elle avait cru, à tort, qu'elle était encore dans un de ses rêves tellement réel, qui à chaque réveil la mettait dans un état de chagrin insupportable. Mais un bras avait raffermit son maintien contre un corps chaud. Alors, elle avait décidé d'ouvrir les yeux. Ses paupières avaient papillonné quelques secondes avant que l'impossible se dévoile à elle. Le décor d'une chambre. De sa chambre. Mais, pas n'importe laquelle. La sienne, celle à bord du Tardis. Elle n'avait pas voulu y croire en premier lieu. Alors, elle avait fermé les yeux un instant, à peine une seconde, juste le temps qu'une angoisse sourde la prenne en otage. Et c'est avec une certaine forme de soulagement qu'elle avait réalisé que ce n'était pas un rêve mais une incroyable réalité. Puis, elle s'était retournée entre espoir et crainte vers cette présence, le cœur battant à une vitesse vertigineuse. C'est à ce moment là, qu'elle l'avait vu. Le Docteur. Son Docteur. Le seul et l'unique.

Elle avait cessé de respirer, tendant sa main vers le visage de son compagnon. Lorsque ses doigts le touchèrent, caressèrent enfin sa joue, elle avait tressailli sous le choc, plus troublée encore, cherchant son souffle. Elle avait laissé ses doigts remonter vers son front, redessiner la courbe de son menton, de son nez, de ses sourcils avant de les faire glisser sur sa tempe dans une caresse voluptueuse. Elle n'avait pas eu de photo pour se souvenir de lui. Juste la clef du Tardis qu'elle gardait précieusement contre son cœur. Seule sa mémoire et un travail de tous les jours lui avait permis de garder les traits du gallifréen. Mais elle n'avait pas pu empêcher ses souvenirs de s'altérer, de rendre l'image qu'elle avait gravé en elle un peu plus floue avec le temps. Alors avec quelle ivresse, elle l'avait contemplé, enregistrant à nouveau chaque parcelle de ce visage qu'elle avait connu par cœur, qu'elle avait tant aimé, qu'elle n'avait cessé d'aimer.

N'y tenant plus, elle s'était blottit un peu plus contre le Docteur toujours profondément endormi, s'accrochant à lui alors qu'il resserrait davantage son étreinte autour de sa taille. Avec quelle béatitude aussi, elle avait savouré la sensation d'être à nouveau dans ses bras, contre ses cœurs qui ne chantaient rien que pour elle, d'inspirer son parfum, avec tous les souvenirs et sensations qui étaient rattachés. Puis, elle n'avait plus bougé, profitant de cette seconde chance qui s'offrait à elle. Au bout d'un moment et à contre-cœur, elle s'était glissée hors du lit, avec toute la douceur de l'univers pour ne pas réveiller le Docteur. Elle s'était habillée sans un bruit et avait quitté la chambre.

Rose avait éprouvé le besoin de faire le point. Seule. Elle ne se sentait pas tout à fait prête pour des retrouvailles avec son compagnon. Il fallait qu'elle comprenne avant tout ces flashs, ces images qui défilaient dans sa tête. De savoir ce qui lui était arrivé. De se rappeler de la façon dont elle était revenue aux côtés de son Docteur. Petit à petit, le ballet incessant de ces images, de ces souvenirs qui semblaient provenir d'une autre personne qu'elle, avait prit un sens. Et, elle était parvenue à se remémorer de tout, de son arrivé dans sa dimension sur la Terre à son réveil. Mais plus particulièrement de ces derniers jours avec le Docteur...

Rose avait fait défiler dans sa tête, jour après jour, tout ce qu'elle avait vécu. Elle s'était souvenue des difficultés, de la faim, des douleurs, des choses inavouables qu'elle avait dû faire pour survivre. De son long et pénible voyage pour atterrir chez Madame... Et de ces six mois, répugnants, haïssables, et pénibles en tant que Louve. Cela ne s'était pas fait sans pleurs, sans cris, sans douleurs. Non sans un certain dégoût pour elle-même. Elle s'était retrouvée les joues inondées de larmes, recroquevillée sur le sol du Tardis, tremblante, ne sachant plus véritablement, ce qu'elle était devenue ou bien de ce qu'elle était en ce moment même. Un animal blessé ? Une survivante ? Une âme en charpie ? Une monstruosité, peut-être ?

C'est aussi pour cette raison que la jeune femme ne voulait pas retrouver tout de suite le gallifréen. Il ne devait à aucun prix la voir dans cet état de confusion, de détresse et de douleur. Elle ne pouvait pas se le permettre. Parce que Rose Tyler était forte. Elle se devait d'être forte pour son Docteur. C'était à elle qu'il incombait de le porter à bout de bras.

Et puis une légère brise, chaleureuse et apaisante l'avait enveloppé dans une bulle de réconfort. C'était le Tardis. Elle avait été toujours là dans les moments de doutes, d'angoisses et de peurs. Elles partageaient un lien très fort depuis leurs transformations. Elle l'avait réconforté de ses peines et de ses souffrances. Elle lui avait séchée ses larmes et susurré au creux de l'oreille deux mots. Deux mots qui décrivait ce qu'elle était. Rose, la compagne du dernier Seigneur du Temps, sa gardienne. Le Méchant Loup. Et Rose s'était laissée guider par elle jusqu'à la salle de contrôle.

- Rose...

La jeune femme leva les yeux vers son compagnon. Il était agité. Une question lui brûlait les lèvres et elle décida d'y répondre avant qu'il ne lui la pose.

- Je ne sais pas.

A sa réponse, elle lut dans les yeux du Docteur une certaine panique et de la terreur. Elle lui saisit la main. Elle avait besoin de sentir sa présence près d'elle. Elle voulait puiser dans sa chaleur, la force pour ne pas s'écrouler, ne pas sombrer à chaque instant dans l'abysse qui s'étendait sous ses pieds.

- Tout ce dont je me souviens, reprit-elle, c'est d'être rentrée chez moi après une mission pour Torchwood. Je venais encore d'avoir une violente dispute avec Mickey.

- A propos de quoi ? L'interrompit le gallifréen soucieux et quelque part curieux.

Rose détourna la tête. Devait-elle lui dire ce qu'était devenue sa vie, sans lui ? Un cauchemar, un calvaire, un tourment sans fin.

Les premières semaines, après des adieux déchirant furent difficiles. Voir pénibles et confus. Il avait fallu à Rose prendre pied dans une réalité qui n'était pas la sienne, tout en se réaccoutument à une vie qu'elle pensait avoir abandonné derrière elle pour toujours, de se réhabituer au temps qui s'écoulait inlassablement, seconde après seconde, minute après minutes, jour après jour...

A vivre sans ses sourires, sans son regard, sans sa main dans la sienne.

A tenter de vivre sans le Docteur...

Les jours se transformèrent en semaines, et les semaines en mois. Elle évoluait dans la vie comme dans un brouillard. Elle devenait de plus en plus détachée de tout, incapable de se lier avec qui que soit. Elle semblait vidée de toutes émotions, incapable de les ressentir parce que cela faisait trop mal. Son travail à Torchwood lui avait servit de palliatif au mal qui la rongeait. Il lui prenait tout son temps car quand elle s'occupait, elle n'avait pas le temps de penser à autre chose. A ce qu'elle avait perdu, en fait. Elle avait, ainsi, rapidement gravit les échelons, devenant le leader des équipes de l'Institut et le bras droit de Pete Tyler. Elle était devenue l'héroïne qu'on admirait et qu'on détestait en même temps. Certain la comparait à la Légende, à celui qui avait sauvé le monde des Cybermens, au Docteur. Et elle ne pouvait s'en empêcher d'en ressentir une immense fierté. Elle aimait qu'on associe son nom au sien. La compagne du Docteur. C'était tout ce qu'il lui restait...

Rose voulait tant lui ressembler. Intransigeante, dur comme la pierre, un mental fort, généreuse avec ses amis et sa famille. Elle se devait d'être irréprochable. Elle devait être la personne qui se sacrifie, celle sur qui on peut compter et qui souffre pour les autres. Et elle était devenue tout cela et cela l'avait satisfaite dans un sens. Cependant, cela n'avait jamais pu combler le vide qu'elle avait dans son cœur.

Et Mickey comme sa mère -qu'elle fuyait par tous les moyens- n'avaient accepté ce qu'elle était devenue, s'inquiétant de cette image qu'elle donnait aux autres de force et de dureté. Eux avaient su ce qu'elle cachait en elle, un mal être qu'elle ne voulait pas reconnaître. Tout le monde avait le droit de flancher mais pas elle, parce que si elle le faisait, elle n'était pas sûre de pouvoir s'en relever. Mickey lui reprochait son besoin suicidaire d'assumer tous les dangers et de ne surtout pas se battre pour l'en empêcher. Ils avaient de violentes disputes à ce sujet là. Il l'accusait d'attendre que quelque chose en finisse avec elle et elle lui reprochait de ne pas vouloir la comprendre. Lui avait choisit de rester dans le monde de Pete, pas elle. Là était toute la différence. Et à leur dernière mission, elle avait faillit y passer une nouvelle fois. Ce qui avait déclenché une nouvelle dispute avec Mickey.

- Cela n'a plus d'importance, lui répondit-t-elle d'une voix brusque.

Le Docteur fronça des sourcils. Manifestement, il ne fut pas dupe. Il lui lança un regard en biais sans reproche. Il ne demanderait pas de plus amples explications. Elle lui en fut reconnaissante. Peut-être qu'elle lui dirait plus tard. Mais pas maintenant. Elle ne voulait pas gâcher leurs retrouvailles avec ce qu'elle considérait comme une broutille.

- Donc, fit-elle pour réorienter la conversation. Je venais juste de rentrer chez moi. Et puis, je me suis réveillée à Londres, dans cette ruelle. C'est tout. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé entre temps.

Il s'agenouilla devant elle et plongea son regard troublé dans le sien. Elle voyait qu'il était anxieux, rien qu'aux plis qui se formaient sur son front.

- Vous n'avez donc pas tenté, s'exprima-t-il d'une voix douce, vous-même de traverser le Void seule, ou avec une quelconque aide.

Rose secoua la tête négativement. Elle s'était raccrochée à la vie que dans cette optique. Celle de retrouver sa dimension, et principalement son Docteur. Elle utilisait les moyens que possédait l'Institut pour trouver un moyen, un passage pour le rejoindre. Elle n'avait cessé de chercher sans relâche sans jamais rien trouver. Alors que pendant ce temps là, un manque devenait de plus en plus insoutenable et elle n'était plus sûre de pouvoir le supporter davantage...

Être de nouveau avec le Docteur était le résultat qu'elle voulait en soi. Quelqu'un ou bien quelque chose lui avait réalisé son vœu le plus cher. Pourquoi l'avoir aidé ? Dans quel intérêt ? Mais comment surtout, l'avait on renvoyé ici ? Que devait-elle y voir ? Son retour posait beaucoup de questions. Beaucoup de trop pour ne pas être consciente qu'un jour, on lui réclamera une compensation à son retour quasi-miraculeux.

Cependant, si c'était bien pour qu'elle retrouve le Docteur, pourquoi l'avoir renvoyé à la fin du dix-neuvième siècle ? Pourquoi lui avoir fait subir toutes ses pénibles et affreuses épreuves ? Avait-t-elle dû faire ses preuves ? Prouver une nouvelle fois qu'elle était digne de se tenir aux côtés du Docteur ? Et la plus importante de toutes les questions. Pourquoi ne se souvenait-elle pas comment elle était arrivée dans cet univers ? Ce n'était pas qu'un simple vide qu'elle avait dans sa mémoire, c'était un gouffre sidéral. Elle ne parvenait pas à se rappeler de ce qui s'était passée entre le moment ou elle se trouvait chez elle et son réveil à Londres. Pourquoi qui se soit qui se trouvait derrière son retour, lui avait effacé cette partie de sa mémoire ? Était-ce la raison à son amnésie ? Pourquoi devait-elle ne pas s'en souvenir ? Qu'est ce que cela cachait véritablement ?

La jeune femme croisa le regard du Docteur, grave. Lui, aussi devait se poser les mêmes questions. Elle n'était pas sensée revenir vers lui. Elle devait être à jamais bloquée dans une dimension loin de la sienne. Loin de lui. Séparée à jamais de lui.

- Rose, lança le Docteur, lorsque je vous ai retrouvé, j'ai tenté de lire dans votre mémoire pour comprendre. Seulement, alors que j'y étais presque quelque chose m'a éjecté. Nos réponses sont dans votre mémoire. Cachés, mais là. Vous devez essayer de vous en souvenir. C'est très important. Vous seule pouvez y arriver.

- Vous croyez vraiment que...

- C'est quelque part en vous, Rose..

La jeune femme savait qu'il avait raison. Mais, elle était tétanisée à l'idée de voir que ce soit bien elle qui avait tenté quelque chose de stupide, fou et de particulièrement dangereux. Et puis quelque part en elle, elle s'en moquait éperdument de savoir par quels moyens, elle avait pu revenir. Elle était avec lui, c'était tout ce qui lui importait. Il posa sa main sur sa joue. Lui voulait savoir. Il voulait comprendre. Si elle ne le faisait pas pour elle, ce serait pour lui. Une boule d'angoisse dans la gorge, elle fit oui de la tête.

- Fermez les yeux. Videz votre esprit...

La jeune femme ravala ses larmes. Elle s'efforça de se détendre en inspirant longuement. Elle sentit les doigts du Docteur presser les siens pour l'encourager.

- N'écoutez que ma voix, elle va vous guider.

- Docteur... Gémit-elle.

- Chut... Je suis à vos côtés... Je veux que vous fixiez votre attention sur vos derniers moments dans le monde de Pete.

Rose eut un petit sourire malgré elle en entendant le surnom dont son compagnon avait baptisé l'autre dimension. Luttant de plus en plus faiblement contre l'engourdissement qui l'envahissait, la voix du Docteur s'estompait. Seul quelques mots flottaient encore à la surface de son esprit. Son univers s'élargissait autour d'elle à mesure qu'elle passait de l'autre côté. Une douce chaleur l'envahissait. Alors qu'elle s'endormait tout doucement, une présence se réveillait en elle. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, le Docteur avait disparu. Elle n'était plus à l'intérieur du Tardis. Elle se retrouvait dans le monde de Pete. Chez elle.


egedan  (28.02.2009 à 20:52)

Rose rentre chez elle dans une colère noire à cause de sa dispute avec Mickey. Rien n'avait pu la calmer, même la séance de sport qu'elle s'était infligée ou pourtant, elle s'était vidée. Elle claque la porte d'entrée brutalement à en faire trembler les fondations de l'immeuble, puis jette ses affaires en vrac à même le sol. D'un des placards de sa cuisine, elle sort une bouteille d'alcool -du bourbon plus précisément. Elle se dit pourquoi pas. Boire pour oublier, ne serait ce qu'un instant, faire taire cette douleur qu'elle avait au cœur. Elle se sert une bonne rasade et porte le verre à ses lèvres d'une main tremblante de rage. Le liquide eut à peine le temps de toucher ses lèvres qu'elle jette le verre à travers la cuisine. Celui-ci finit sa course en explosant en morceaux contre le frigo. Et là, elle craque. Elle s'écroule sur le carrelage froid, en déversant encore des larmes qui ne cesseront jamais de couler. Elle ne se serait jamais permise un tel épanchement en public, ni devant sa mère. Mais seule, protégée par l'épais manteau sombre de la nuit enfouit sous sa couette, oui. Elle s'était tant de fois réveillée, les joues inondées de larmes en hurlant le nom de la personne que son cœur ne cessait de réclamer.

- Rose, qu'est ce qui se passe ?

Le Docteur toujours agenouillé devant la jeune femme, observait toutes ses réactions attentivement. Il était inquiet. Cela avait bien débuté, elle semblait s'être endormie paisiblement. Mais des hoquets commençaient à secouer ses épaules. Quelques larmes avaient réussit à passer le barrage de ses paupières et roulaient lentement sur ses pommettes. Elle lui serrait les mains de toutes ses forces. Sa respiration se faisait saccadée et sifflante.

Elle est en pleine crise de larmes, hoquetant sur le sol glacial de la cuisine quand elle entend entre deux de ses sanglots un murmure. Elle sursaute, croyant s'être fait prendre en pleine faiblesse. Elle se lève, tant bien que de mal, séchant maladroitement ses larmes avec la manche de son pull. Puis, elle cherche du regard la personne qui avait osé pénétrer chez elle. Personne n'avait le droit d'entrer ce lieu sacrée, même sa mère. C'était le seul lieu ou elle pouvait se permettre de se montrer fragile. Elle ne trouve aucune présence. A nouveau, le même murmure lui parvint aux oreilles. Elle ferme les yeux et tente de savoir d'où il provient. Elle avance à pas de velours dans son salon sans apercevoir le moindre signe de vie. D'un coup, elle entend quelque chose de distinct et de clair.

- Rose es-ce que vous m'entendez ?

La jeune femme ouvrit les yeux, découvrant un regard vide. Le Docteur sentit la peur le paralyser. Elle était à nouveau dans une transe. Sa conscience comme la dernière fois s'était dissoute entièrement. Le gallifréen s'efforçait de nier la terrible vérité avec la même force qu'il refusait d'admettre ce qui était en train de se passer, de rejeter que les yeux de Rose venait de s'illuminer de cette magnifique et envoûtante lueur dorée. L'humaine qu'elle était laissait sa place à cette chose, à cette aberration que son instinct de Seigneur du Temps cherchait à rejeter, à repousser hors de sa vie. Ce même instinct qui s'évertuait de lutter contre quelque chose de plus fort à l'intérieur du gallifréen alors qu'il avait perdu la guerre depuis bien longtemps. La chose en Rose venait de se réveiller et prenait possession d'elle. Il émanait de la jeune femme, une puissance sauvage et puissante. Rose n'était plus présente, c'était cette chose qui s'était emparée d'elle prenant le contrôle progressivement de son corps. Il savait ce que c'était et avait peur de la nommer de vive voix. Il se raidit en entendant un mince filet de voix s'échapper des lèvres de Rose.

- Méchant Loup... Chuchota t-elle qu'il arrive à peine à l'entendre. Ils appellent le Méchant Loup.

« Méchant Loup » ne cesse d'entendre Rose. La télévision et la chaîne hi-fi s'allument et se mettent à brailler en écho « Méchant Loup ». Elle se met les mains sur les oreilles, pour tenter d'étouffer ce bruit qui est assourdissant. Elle sent quelque chose de chaud sur sa poitrine et devine que c'est la clef qu'elle porte autour du cou. La seule chose avec ses souvenirs qui reste de lui. Elle se saisit de sa chaîne entre ses doigts tremblants et la retire de son cou. La clef du Tardis, au creux de sa main, brille intensément d'une lumière dorée qui l'éblouit. Elle ne parvient pas à comprendre ce qui se passe. Cependant, quelque part, elle espère que c'est Lui. Lui qui vient la chercher, l'arracher à cette vie, pour qu'elle revienne à ses côtés. Ne lui avait-il pas fait la promesse qu'il ne l'abandonnerait jamais ?

Les larmes se remettent à couler. Elle ne sait si c'est réellement de tristesse ou de joie. Mais peu importe, c'est elle qu'on appelle. Elle, le Méchant Loup. La lumière dorée tourbillonne, l'entoure. Rose se sent en sécurité. Depuis très longtemps, elle ne s'était jamais sentie si sereine. La lumière dorée forme une sphère autour d'elle. Elle se laisse entraîner et se sent partir. Loin de ce monde. Enfin.

La jeune femme se sent euphorique et libre. La lumière dorée la caresse, l'enivre.

« Rose Tyler, Méchant Loup, vous devez revenir à ses côtés. », entend t-elle.

Ils comprennent. Ils savent qu'ils auront un rôle à jouer. L'univers en dépends. Ils se laissent emporter par la sphère. Les yeux clos, ils n'ont pas peur. Pour le moment, ils doivent retrouver leur place. Celle aux côtés du Docteur. Ils doivent le trouver. Il a besoin d'eux. Rose ouvre les yeux pour voir la personne qui venait de s'adresser à elle.

- Rose ! Réveillez-vous !

Le Docteur se mordait les lèvres pour ne pas hurler tandis que les doigts de Rose se resserreraient davantage toujours plus autour des siens. Elle leva la tête vers le plafond.

- Méchant Loup ! Sourit-elle. Ils font appel aux Méchant Loup ! Ce n'est plus qu'une question de temps avant que le Méchant Loup se libère de ses chaînes ! L'ancien équilibre devra laisser sa place au nouvel ordre !

- Rose !

Cela allait trop loin. Il était en train de la perdre. Il fallait à tout prix qu'il la sorte de cet état. Il ne voulait en aucun cas mettre en danger sa vie pour quelques réponses. Il les trouverait d'une autre manière. L'essentiel, c'est que Rose était de retour. C'était tout ce qui devait lui importer pour le moment.

- L'ancien équilibre devra laisser sa place au nouvel ordre ! Répéta-t-elle.

C'est un homme aux cheveux noirs et aux yeux verts émeraude. Elle regarde autour d'elle et se rend-compte qu'elle n'est plus chez elle, mais dans une immense salle d'une blancheur immaculée qui semble ne connaître pas de limites. Six autres silhouettes, des hommes et des femmes, entrent et l'encerclent. Rose les scrute une à une. Soudain quelque chose sur le sol attire son regard. La seule touche de couleur dans ce blanc aveuglant. Un grand et majestueusement symbole. Elle le reconnaissait pour l'avoir observé dans le Tardis. Elle savait ce qu'il représentait. C'était l'emblème des... Cependant, il y eut un éclair qui l'obligea à fermer les yeux, un flash de lumière efface sa mémoire. Et puis plus rien. A part le noir.

Le Docteur aperçût les yeux de Rose se voiler puis ses doigts relâchèrent la pression sur les siens. Elle bascula vers lui tandis que la tension accumulée dans ses muscles se relâchait. Ses paupières se refermaient lentement sur les reflets dorés au fond de ses iris. Terrifié, il la rattrapa délicatement et la blottit contre lui. Juste avant de perdre connaissance, elle lui murmura :

- Je suis désolée Docteur. Nous ne pouvons pas nous en souvenir.


egedan  (28.02.2009 à 20:55)

Poussant la porte de sa chambre du pied, le Docteur entra à l'intérieur, portant la frêle silhouette de Rose dans les bras. Il s'approcha du lit pour y déposer délicatement sa compagne avant de relever les draps sur elle. Les yeux voilés, les épaules affaissées, il s'assit à ses côtés. Les yeux clos, les lèvres entrouvertes, elle semblait dormir profondément. D'une main, le gallifréen effaça les longues traînées humides marbrant ses joues. Rose poussa un gémissement qui déchira les cœurs du Docteur. Il lui saisit la main, entrelaça leurs doigts en espérant qu'elle sente sa présence.

C'était encore de sa faute. C'était lui, le coupable de son état. Tout ça, à cause de sa maudite manie de vouloir tout savoir, de tout comprendre... Il ne lui attirait que des problèmes. Elle souffrait tant à cause de lui. La première fois ne lui avait pas servit de leçon. Pendant la transe de la jeune femme, il s'était revu lors de la précédente, bien incapable de faire quoi que ce soit, terrifié à l'idée de pouvoir la perdre. Il ne comprenait pas. Il ne savait ce qui se passait avec Rose. Et, il en était épouvanté.

Le Méchant Loup était bien de retour. C'était bien le signe avant-coureur d'un mauvais présage. Celui d'une tempête. Tout était lié à lui. A Rose. Elle avait un rôle à jouer dans cette tempête qui semblait se préparer quelque part dans l'univers. Elle semblait même en être le cœur. Et lui dans toute cette histoire ? Es-ce que l'univers lui avait distribué aussi un rôle ? Devrait-il se tenir aux côtés du Méchant Loup durant cette tempête ? Était-ce la raison pour laquelle, le Méchant Loup devait expressément le retrouver ?

Toutes ces questions... Et même pas la moindre ébauche d'une réponse... Toujours plus d'interrogations autour du retour de Rose dans sa vie et de la réapparition au Méchant Loup...

Les pensées du gallifréen se mélangeaient, se fondaient les unes dans les autres pour créer qu'un ensemble compact de nœuds. Alors que des paroles bourdonnaient dans sa tête créant un brouhaha assommant, posant de nouvelles interrogations, s'ajoutant au méli-mélo de ses pensées. Il y avait ces fameux « Ils ». Qu'avait voulu entendre le Méchant Loup par « Ils » ? Pourquoi avaient-« Ils » fait appel au Méchant Loup ? Était-ce eux les initiateurs du retour de Rose dans cet univers ? Et si, c'était bien eux, comment avaient-ils fait pour lui faire traverser le Void ? Et ce dans quels intérêts ?

Et puis, il y avait aussi ces drôles de paroles du Méchant Loup à propos de chaînes qui le retiendraient de prisonnier ? Mais de quoi ? Et pour quelle raison ? Sans parler de cette étrange phrase répété deux fois : « L'ancien équilibre devra laisser sa place au nouvel ordre. » Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Était-ce la raison même au retour de Rose et de cette tempête ?

Le gallifréen se passa une main sur le visage, complètement désorienté. Il ne put que laisser dans un souffle un « Rose » quasiment inaudible, nouant davantage leurs doigts.

Pourtant, devant toutes ces énigmes, il était sûr d'une chose. Rose avait eu accès à ses souvenirs. Celui auquel il voulait accéder. Cet instant même qui unissait son départ du Monde de Pete à son arrivé dans leur dimension. Elle avait pu à peine quelques secondes entrevoir ce qui s'était passé. Peut-être était-ce là, la partie de sa mémoire qui s'était réveillé en même temps que le Méchant Loup ? Sauf que quelque chose, ou bien ces mystérieux « Ils » -comme lui la fois ou il avait tenté de pénétrer sa mémoire- avait empêché à Rose de continuer, et donc lui avait fait oublier instantanément. Pourquoi ne devait-elle jamais s'en rappeler ? Était-ce le prix, en plus de ce qu'elle avait traversé -ce lourd tribut-, qu'elle avait dû payé pour le rejoindre ? Il ne valait vraiment pas tous les sacrifices dont elle faisait preuve pour lui. Ou bien mériter tout simplement Rose dans sa vie...

Le Docteur ferma les yeux, réalisant tout juste que le retour de la jeune femme dans sa vie avait un prix. Car un jour, il allait devoir passer à la caisse. Il finira tôt ou tard par payer. Et ce d'une manière où d'une autre. Et cela, il ne commençait qu'à l'assimiler véritablement en cet instant.

Il se surprit à prier -une nouvelle fois. A prier pour qu'on lui laisse Rose, son trésor, la merveille qui enchantait sa vie. Elle ne pouvait pas partir, ni disparaître une nouvelle fois. Pas elle. Pas maintenant. Surtout pas sans qu'il ait pu lui dire.

*** ***

- Docteur ?

Le gallifréen sortit de ses pensées torturées pour tomber sur un visage pâle et un regard terne. Rose reprenait lentement conscience, encore à moitié perdue dans les brumes de son rêve. Ses paupières étaient lourdes et elle les ouvrit avec beaucoup de difficultés. Elle reprenait doucement conscience. La première chose qu'elle vit fut le regard noisette de son Docteur teinté d'inquiétude et de beaucoup de... tendresse.

- Rose... Fit-il dans un murmure.

Il passa sa main tremblante avec douceur sur sa joue. Il avait cet étrange besoin de s'assurer encore qu'elle n'était pas qu'une simple hallucination.

- Comment vous vous sentez, Rose ? S'empressa-t-il de lui demander, le corps tendu.

Elle lui offrit un sourire en guise de réponse pour le rassurer. Il prit une grande inspiration, à peine soulagé. Elle allait bien. C'était le principal. Rose se redressa et le gallifréen l'attrapa dans ses bras. Il l'étreignit aussi puissamment que lui permirent ses deux bras alors qu'elle riait comme une gosse. Elle n'avait pas l'habitude d'un tel épanchement avec lui. Avant sa disparition, cela leur était arrivé de se prendre dans les bras de l'un et de l'autre. Mais pas comme ça. Pas de cette façon là. Pas tant de fois, en si peu de temps. Il ne serait jamais permis une telle chose.

Et puis, elle s'en moquait bien de savoir si il devait y avoir une raison pour qu'il la blottisse contre lui. Elle était tellement bien dans ses bras. Cela lui avait atrocement manqué, cette chaleur qui l'enveloppait dès qu'elle était contre lui, d'entendre cette douce mélodie que formaient ses deux cœurs pour elle. C'était sa place. Elle en avait la conviction.

Mais ce qui se passait depuis son réveil en étant à nouveau elle-même, la dépassait. Elle avait tellement de questions dans sa tête et était bien incapable d'en répondre à une seule. Elle ne savait pas ce qui venait de lui arriver. Cependant, cela avait une étrange similitude avec sa perte de connaissance quand elle n'était encore que Louve. Elle se rappelait juste de la voix du Docteur si apaisante qui la guidait, ainsi que cette force sauvage -le Méchant Loup- couler à nouveau dans ses veines. Et puis plus rien. Pourtant, elle ne pouvait pas se débarrasser de cette désagréable impression. Celle d'avoir quelque chose de très important à se souvenir. Une partie de sa mémoire lui était interdite. Le souvenir était là, enfouit quelque part. Sauf qu'il était frappé du sceau « top secret ».

Une chose dont elle était certaine, c'est que le Méchant Loup s'était réveillé en elle. Il s'était agité avant les événements de Torchwood parce qu'il avait sentit une menace. Une tempête se dirigeait vers eux et qu'elle ferait bien de s'y préparer, lui avait-il soufflé. Il n'avait jamais cessé de la mettre en garde. Mais elle comme une idiote, n'avait pas voulu l'écouter, bien trop butée sur l'idée qu'ensemble, le Docteur et elle, rien ne pouvait leur arriver, rien ne pouvait les séparer. Elle ne ferait plus jamais une telle erreur. Ce n'était pas une promesse. C'était une certitude. Dans l'autre monde, il s'était endormit. Elle ne l'avait plus sentit jusqu'à son arrivée à Londres au dix neuvième siècle. Devait-elle y voir un signe ? Sans aucun doute. En ce moment, il veillait. Il attendait. Il était à l'affût du moindre signe car une tempête se préparait quelque part. Le Méchant Loup en sentait les prémices.

- Que m'arrive t-il, Docteur ? Demanda-t-elle.

Le gallifréen desserra son étreinte et s'écarta d'elle en baissant la tête. Il fuyait son regard.

- Je ne sais pas, fit-il d'une voix sourde.

C'était la vérité. Il ne savait pas ce qui se passait. Pour la première fois de sa vie, il se sentait bien démunit. Incapable aussi, de comprendre ce qui était en train de se tramer dans l'univers. Il aurait pu lui sortir une théorie complètement farfelue comme il l'avait fait très souvent pour la rassurer. Mais, il lui devait la vérité. Et puis, il ne voulait plus lui mentir avec ce faux prétexte de la protéger qu'il avait très fréquemment utilisé. Il plongea son regard dans le sien.

- Je suis désolé, Rose, déclara-t-il du bout des lèvres. Tout ceci est...

La jeune femme lui colla la main sur la bouche pour le faire taire, en poussant bruyamment un soupir. Elle s'agenouilla sur le lit pour mieux se jeter sur son compagnon et le plaquer sous elle. Puis, elle s'assit à califourchon sur lui. Il lui lança un regard décontenancé face à son comportement. Elle-même était surprise d'une telle initiative. Jamais, elle n'aurait osé une telle chose avec lui, de façon si spontanée. Se prendre dans les bras était une chose. S'asseoir sur le gallifréen en était une autre, qu'elle trouvait plutôt intime. Et puis zut ! Ils n'en étaient plus à ce qu'ils n'auraient jamais tentés ou fait ! Surtout pas après ce qui s'était passé la veille. Un cap avait été largement franchit à ce moment là.

- Je pense que nous devons faire une petite mise au point, avant de continuer quoi que ce soit, lui expliqua-t-elle de son geste.

- Qu'est...

Rose lui colla à nouveau sa main sur ses lèvres en poussant un autre soupir.

- Je ne veux plus un mot de votre part... Jusqu'à ce que je vous autorise à reprendre vos incessants bavardages.

- Mais, je...

- Ah ! Le coupa-t-elle. Qu'est-ce que je viens te dire ?

Le Docteur sourit, amusé malgré lui de la situation et finit par acquiescer de la tête.

- Je ne veux plus vous entendre dire que vous êtes désolé. Ce n'est en aucun cas de votre faute, ce qui m'est arrivée...

Les traits de son compagnon se crispèrent. Elle savait qu'il s'en voulait. Elle avait appris, au fil du temps passé à ses côtés, à savoir un peu de ce qui se passait dans sa tête. Et dieu qu'il s'en passait des tas de choses ! De plus, elle lisait une pointe de culpabilité dans ses yeux. Pour lui, il se sentait responsable des épreuves qu'elle avait traversé. Il ouvrit la bouche pour la contredire. Elle le réprimanda doucement d'un regard. Il soupira et la referma.

- Vous n'êtes pas coupable pour tout ce qui vient de m'arriver ! Affirma la jeune femme. Il va falloir que je vous le répète combien de fois avant que cela ne rentre dans votre minuscule cervelle de moineau ! Comme vous n'êtes pas responsable de tous les malheurs de l'univers ! Croyez le ou non, mais il ne s'écroulera pas, si vous le faîtes ! Et puis, une partie de moi en tant que Louve vous avait reconnu comme mon preux et vaillant chevalier qui venait à mon secours. Alors cessez d'être désolé, parce que cela ne va m'aider...

Rose planta son regard dans celui du gallifréen. Elle ne voulait plus l'entendre dire qu'il était désolé car cela ne l'aiderait pas à avancer. Comme cela n'allait pas les aider. Elle ne pourrait oublier cette partie de son passé. Quoi qu'elle en dise, cela fera toujours partie d'elle et faisait la femme qu'elle était devenue et qu'elle sera. Elle devra essayer de vivre et d'avancer avec ce lourd fardeau. Et peut-être que la douleur, qu'elle ressentait au fond de son âme, pourra s'estomper avec le temps.

Le Docteur comprenait ce qu'elle voulait lui dire. Il en était passé par là aussi. Il savait ce qu'était de vivre avec un passé qui vous collait à la peau, dont il est impossible à se défaire, qui restait à jamais gravé dans la mémoire. Elle avait raison, il ne fallait pas le subir, mais le combattre pour le dépasser. Et c'est ce que la jeune femme lui avait permis de faire. A son tour de la soutenir, d'être fort pour elle, dans cette épreuve. Car, si il y avait bien une seule et unique leçon qu'il devait retenir, ce serait celle de Rose : à deux, le combat contre les démons intérieurs était bien plus facile. Bien qu'il ne pouvait pas lui faire la promesse de ne plus se sentir coupable, il pouvait essayer d'y parvenir. Alors, il lui offrit un sourire pour signifier qu'il accédait à sa requête.

- Bien, alors je vous redonne la parole.

- Preux et vaillant chevalier ? Lui répliqua-il d'un ton espiègle.

Rose leva les yeux au ciel, tout en secouant la tête. A croire qu'il n'avait retenu que cela. Pourtant, elle savait que ses paroles venaient d'être enregistrées et soigneusement archivées quelque part dans son cerveau. Elle pourrait lui demander dans plusieurs années ce qu'elle avait dit, il lui ressortirait mot par mot. Soudain, il lui encadra délicatement le visage de ses paumes. Il n'était plus dans son rôle de génie loufoque mais ce majestueux et sombre Seigneur du Temps.

- Je vous fais la promesse de trouvez la personne responsable, l'explication à tout ce qui vient de vous arriver.

- Docteur... Tenta Rose.

- Non, la coupa-t-il doucement. On ne touche pas impunément à un de mes compagnons. Surtout à vous Rose.

La jeune femme sentit son cœur faire une embardée. Son Docteur avait changé. Il n'était pas celui qu'elle avait dû laisser à Canary Wharf. Louve avait rencontré un gallifréen rongé par de la colère, des regrets et une certaine lassitude. Qu'est ce qui avait bien pu métamorphoser le Docteur qu'elle avait en face d'elle ? Elle n'en avait aucune idée. Sa disparition avait dû y jouer, mais il n'y avait pas que cela. Il y avait autre chose, elle le sentait. Elle ne savait pas ce qui lui était arrivé durant son absence. Il n'avait rien raconté à Louve, mettant sous silence cette partie de sa vie.

Avait-il perdu une autre personne à laquelle il tenait ? Il avait mal. Il souffrait. Elle qui pensait l'avoir un peu guérit, elle le retrouvait encore plus touché, meurtrit dans sa chair. Que lui était-il donc arrivé ? Pourquoi n'avait-il pas un compagnon à ses côtés ? Elle savait que le gallifréen avait besoin de compagnie, il détestait la solitude. Elle avait été loin d'être dupe quand il lui avait annoncé qu'il comptait reprendre « la même vie de dernier Seigneur du Temps, seul ». Il avait toujours eu quelqu'un pour se tenir à ses côtés, alors elle ne voyait pas pourquoi cela aurait changé après elle. Elle était consciente qu'il avait besoin d'une présence à ses côtes pour l'arrêter et le maintenir dans la réalité.

Rose saurait ce qu'il avait vécu durant son absence. Elle en était certaine. Ils allaient avoir beaucoup de choses à se raconter l'un à l'autre, même si certaines devraient rester sous le sceau du secret. Il y a certaines choses qu'elle ne pourra lui confier -particulièrement ces six derniers mois-, et qu'il ne pourra lui confier. Décidément, ils étaient fait l'un pour l'autre ! Deux âmes en charpies !

- Et qu'allez vous faire, Môssieur-Je-Suis-Le-Dernier-Seigneur-Du-Temps, en attendant que le preux et vaillant chevalier venge sa Belle ?

- Oh ça ! S'exclama-t-il en se prenant le lobe d'une de ses oreilles entre ses doigts. Hé bien, reprendre le Tardis. Allez ici et là, où le vent m'emportera. Vous savez bien, le train-train habituel, quoi...

Rose éclata de rire, en se laissant rouler sur le dos à côté de son compagnon. Comme si la vie dans le Tardis pouvait prendre l'air d'une routine !

- Et je peux aller ici et là, où le vent m'emportera, moi aussi ? Lui lança-t-elle.

Le Docteur tourna la tête vers sa compagne. Elle avait les yeux fixés au plafond et se tortillait les doigts.

- Pourquoi ? Vous voulez rester ?

- Oui, enfin si...

- Non ! La coupa-t-il vivement. C'est que je pensais qu'après...

- Alors c'est oui ? Demanda-t-elle avec le ton emplit d'espoir, en tournant la tête vers lui.

- Oh ! J'adorerai que vous reveniez...

Rose et le Docteur se sourirent simultanément. Ils se fixèrent intensément durant un long moment de ce regard chocolat aux paillettes dorées, reflétant la même intensité de ce qu'il ressentait l'un pour l'autre.

- Bien, fit-elle d'un souffle.

- Bien, répéta-t-il en tournant le regard à son tour vers le plafond.

Le silence s'installa entre eux deux. Ils se perdirent un instant dans la contemplation du plafond. Le Docteur semblait avoir toutes les peines à parler. Il cherchait ses mots. Il hésita à plusieurs reprises. Puis, il décida de se jeter à l'eau.

- Vous m'avez manqué, Rose.

Le cœur battant soudain la chamade, Rose, surprise, en resta bouche bée. C'était bien la première fois qu'il éprouvait le besoin de dire une chose aussi personnelle. Elle n'eut cependant pas le loisir d'y songer plus, ni même celui de répondre car elle le sentit s'agiter à côté d'elle.

- C'est pour cela, l'entendit-elle murmurer, que je pense qu'il est temps de changer certaines choses.

Rose s'interrogea un instant sur quoi le gallifréen voulait changer certaines choses. De toutes manières, il n'irait pas plus loin dans les confidences. Elle le savait. Il n'avait jamais aimé parlé de lui. Alors les choses de ce côté-ci n'avaient sûrement pas changé aussi radicalement durant son absence. Pourtant, elle avait parfaitement conscience de son regard intense posé sur elle et il lui semblait que tout son corps le réclamait. Elle ferma les yeux.

Et ce silence entre eux... Il soulevait beaucoup de questions. Sur eux. Sur ce qui allait se passer dorénavant. Bien qu'un cap avait été franchit -et quel cap !- la veille, elle ne savait pas ou en était leur relation. La situation entre eux avait toujours été bien défini, sauf qu'aujourd'hui... Eh, bien... Il y avait quelque chose... Elle ne savait pas comment l'exprimer... Le gallifréen avait fait un pas dans sa direction. Seulement es-ce que les choses pouvaient réellement évoluer entre eux ? Elle respira profondément. Et puis, il en avait dit beaucoup plus qu'il ne le pouvait et qu'elle n'aurait jamais pensé de lui. Elle savait que sa confidence lui avait coûté énormément. Chaque chose en son temps...

Alors, elle entreprit de recadrer la situation. Elle ne voulait pas le mettre mal à l'aise. Les mettre à l'aise.

- Que dites-vous d'un petit-déjeuner de retrouvailles ? Lança-t-elle. Je vous attendais pour le prendre.

La jeune femme commença à se redresser mais il se passa de quelque chose de tout à fait inattendu.

- Non... Chuchota le Docteur. Reste.

Le gallifréen avait saisit avec délicatesse le poignet de sa compagne afin de la retenir. Il glissa sa main dans la sienne. Rose resta sans réaction pendant quelques secondes. Un mot résonnait dans tout son être. « Reste ». Depuis quand étaient-ils passés de la deuxième personne du pluriel à celle du singulier ? Du vous au tu ? Avait-elle loupé un chapitre de leur histoire ? Ce « tu » démontrait un certain rapprochement entre eux. Rapprochement que le Docteur, auparavant, aurait tout fait pour éviter. Le vouvoiement entre eux représentait au yeux de Rose, cette distance que son compagnon avait toujours imposé. Il était une barrière infranchissable. Et le « tu » une intimité interdite.

Rose se rallongea sur le lit, incapable de comprendre ce qui était en train de se passer. Il remua doucement avant d'attraper une mèche de ses cheveux et de la caresser sans retenue. Geste qu'elle l'avait vu bien souvent esquisser avant de se retenir au dernier moment. Au bout de quelques minutes interminables, elle prit son courage à deux mains et tourna la tête vers lui. Il l'observait d'un regard qu'elle ne lui avait jamais connu, qu'elle ne lui avait jamais vu jusqu'ici. Une lueur étrange se lisait dans ses yeux. Elle en frissonna sous l'intensité.


egedan  (07.03.2009 à 20:38)

Beaucoup de choses dans sa vie allaient devoir changer et évoluer. Un voile venait d'être ôté de ses yeux. Le Docteur avait l'irrésistible envie d'avancer dans sa vie, d'arrêter de faire du surplace. De faire table rase du passé et de se construire son bout de paradis à lui. L'envie aussi de refaire ce rêve qu'il s'était tant de fois surprit à faire. D'oser, de faire cette folie qui pourrai peut-être un jour se réaliser. Et ce avec elle. Avec Rose.

Rose lui avait manqué pendant si longtemps qu'il était hors de question qu'il se contente de la regarder de loin comme il l'avait fait. Non, il voulait être avec elle. Tout le temps. Il voulait l'écouter pendant des heures, la voir sourire et rire aux éclats. Durant toute sa vie. Il voulait plonger son regard dans le sien et ne plus jamais s'arrêter, contempler son visage, se nourrir de sa présence... Il avait faim d'elle. Ce n'était pas physique, non... Même si il serait très malhonnête de dire le contraire. Ce dont, il avait vraiment besoin, c'était Rose. Tout ce qui faisait qu'elle était « Elle ». Voilà ce qu'il désirait plus que tout. Et ce depuis l'avoir perdu.

Il se rapprocha lentement de la jeune femme et approcha ses lèvres prés d'une de ses oreilles.

- Oui, des choses doivent changer. Plus jamais, je serais un idiot quand il s'agira de toi, parce que j'ai besoin de toi Rose. Énormément plus que je ne le croyais.

Le Docteur se pencha encore un peu plus vers elle pour qu'elle soit la seule à entendre ce qu'il s'apprêtait à lui chuchoter. Ce n'était sûrement pas le meilleur moment de lui annoncer. Cependant, il devait lui dire. Là. Ici. Maintenant. Tout de suite. Ces quelques mots qu'il devait lui confier lui broyaient les cœurs. Il fallait qu'ils sortent. Il voulait faire disparaître cette distance entre eux, faire entrer Rose entièrement dans sa vie. Il ne voulait plus reculer, ni être ce lâche qui fuyait ses sentiments parce que c'était douloureux, qui finalement avait peur de souffrir avant de recevoir les coups.

Mais aussi, bien conscient que si il ne lui faisait pas l'aveu en cet instant, pendant qu'il en avait le courage, il ne le fera jamais malgré ses résolutions. Le gallifréen était bien courageux dans de nombreux domaines sauf quand il s'agissait de Rose. Ce qu'il s'apprêtait à lui avouer, il ne l'avait jamais dit. Jamais durant toute sa vie. A personne. Cependant, aujourd'hui, il l'avait trouvé. Et surtout retrouvé. Il lui susurra trois mots. Si petit. Si simple. Mais qui signifiait tant.

Rose se mit à trembler de tout son être. Elle rencontra son regard -le même qu'il avait dévoilé à Louve-, le souffle court devant autant d'intensité. Ce regard tellement profond, tellement intense et tellement bouleversant de ces sentiments qu'elle avait osé parfois espérer dans ses rêves les plus fous. Il n'avouait jamais rien au hasard. D'autant plus, qu'il n'ouvrait pas si facilement ses cœurs. Et, elle en éprouvait une certaine fierté. Malgré tout, elle ne savait absolument quoi lui répondre et quand bien même, elle l'aurait su, elle ne se sentait pas la force de parler. Elle ne pouvait que le regarder, réalisant peu à peu la portée de ces trois petits mots et de leur signification.

Et puis, elle sourit. Une grand et éblouissant sourire. Elle le savait. Elle l'avait toujours su, et c'était raccrochée à cela durant sa vie dans le monde de Pete. Le savoir était une chose, mais lui l'entendre dire rendait les choses tellement plus concrètes, plus réelles. Il semblait pourtant attendre une réponse mais elle ne savait pas laquelle serait la plus appropriée. Ce qu'elle avait envie de faire là, tout de suite, c'était de le prendre dans ses bras et l'embrasser jusqu'à ce que le souffle lui manque. Alors, elle referma ses lèvres sur celles de son compagnon.

*** ***

Le Docteur ferma les yeux et rendit à la jeune femme son baiser. Celui-ci d'abord léger et hésitant se fit plus doux et tendre quand il entoura son corps fin de ses bras. Il savourait à nouveau avec délice la saveur de ses lèvres, du ballet incessant de leurs langues entremêlées, de l'accélération de leurs cœurs, et surtout du sentiment de bien-être éprouvé. Une de ses mains remonta jusqu'à la nuque de la jeune femme tandis que les siennes s'enterraient dans ses cheveux brun. Ils sombraient tous les deux, noyés sous une vague de plaisir.

- Rose... Murmura-t-il contre sa bouche, la faisant trembler de tous ses membres.

Leur baiser n'avait plus rien d'innocent. Un baiser tant attendu. Tant souhaité. Il répondait à leur soif de chacun. Enfin. Après tant de temps de frustrations et de désirs refoulés. Le gallifréen avait perdu toutes notions, son univers se résumait uniquement à Rose. Elle était là, dans ses bras, plus réelle que jamais. Et surtout enfin elle-même. Cette femme qui réussissait l'incroyable exploit de lui faire tout oublier, de repousser toujours plus ses ténèbres. Il avait si souvent détourné les yeux face à cette vérité criante. Celle qui s'était dévoilée à lui lorsqu'il avait rencontré son regard pour la première fois. Où il a su que ce serait elle. Que ce sera toujours elle. A tout jamais. Alors, il lui dira tout le temps ces quelques mots qu'elle avait tant attendu, ceux qu'il s'était mit tant de temps et avec beaucoup de difficulté à lui confier. Il les répétera jusqu'à tarir sa voix. Il lui montrera aussi à chaque seconde passé à ses côtés à quel point elle lui était essentielle.

Leur échange de sentiments devenait plus sensuelle. Des mains commençaient à s'égarer. Leur baiser se transformait peu à peu en une danse lascive. C'est à cet instant qu'un éclair de lucidité s'empara du Docteur. Il analysa rapidement la situation. Situation qui lui échappait totalement d'ailleurs. Ce n'était pas le bon moment pour « ça ». Pourtant, il avait cette envie dévorante, ce désir consumant d'aimer Rose. Aimer comme il ne l'avait jamais fait. Cependant, certaines choses pouvaient attendre, notamment celle-ci. Il désirait juste être avec elle. Faire tout pour mériter cette seconde chance que l'univers lui offrait. Il la repoussa doucement.

- Rose... Fit-il dans un murmure. Je ne crois pas qu'après... Ce n'est pas une bonne idée.

La jeune femme se figea. Sur son visage, qui avait brusquement pâlit, se lisait de la surprise et de l'incompréhension. Elle lui lança un regard blessé avant de le détourner, les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle avait envie de hurler. Pourquoi ? Pourquoi lui faire cet aveu, si c'était pour la repousser par la suite ?

- Je vous dégoûte, c'est ça ?

Le Docteur passa ses doigts tremblants sur sa joue, puis la força à la regarder en prenant doucement son menton dans sa main et posa son front sur le sien. C'était tout le contraire. Il voulait la chérir pour le restant de ses jours. Il voulait se donner entièrement à elle. Il voulait tellement l'aimer. Lui démontrer à quel point il l'aimait. Se donner à elle comme il ne l'avait jamais fait avec tous les autres. Mais, il ne pouvait pas mettre de côté tout ce qu'elle avait vécu ces derniers temps. Il attendrait qu'elle soit prête. Tout ce qui lui importait, c'est d'être avec elle.

- Non, Rose... C'est que... Je...

Elle le fixa intensivement. Et comprit. Elle en fût profondément bouleversée. Elle fit glisser ses doigts sur sa peau rugueuse. Peu importe ce qu'elle avait vécu avant. Elle, ce dont elle avait envie, c'était de se sentir aimer et désirer. Qu'il l'aime et qu'il lui redonne son statut de femme. Elle le désirait plus que tout. Elle voulait le Docteur pour elle. Elle avait besoin de son amour pour passer définitivement à autre chose et effacer les dernières traces persistantes des autres sur elle. Elle voulait lui appartenir. Être toute à lui. Rien qu'à lui. Bien sûr, elle avait peur. Elle appréhendait. Cependant, elle n'était plus Louve. Uniquement Rose Tyler. Une femme forte, que rien n'arrêtait.

- Aime-moi... Lui chuchota-t-elle. Prend-moi dans tes bras...

Le Docteur sourît tendrement. Comme ça lui arrivait parfois. Toujours en la présence de la jeune femme. Rarement en d'autres occasions. Jamais pour ainsi dire en d'autres occasions. Alors, Rose sourît aussi. Pendant combien de temps sont-ils restés comme ça, sans rien faire d'autre que de se regarder les yeux dans les yeux ? Une minute, une heure...peut-être plus. Ils ne s'en souvenaient pas. Tout ce qu'ils savaient à présent, c'était que les doigts du gallifréen caressait délicatement la joue de Rose. Elle en avait rêvé mais cela n'avait pas été aussi fort, ni aussi doux.

Il s'approcha légèrement et resta à quelques millimètres d'elle, savourant son parfum, son souffle rapide, entendant aussi son cœur battant la chamade. Puis très doucement, il effleura à peine les lèvres de Rose. Elle ferma les yeux, laissant ainsi s'échapper une larme solitaire. Depuis combien de temps avait-elle attendu ce moment ? Elle ne saurait le dire.

Et vint enfin le temps de goûter à ses lèvres qui vinrent timidement se poser sur les siennes. Elle s'empara de sa nuque pour approcher sa bouche au plus prés pour assouvir l'envie qui les étreignait. Une chaleur intense et vibrante parcourut leurs êtres. Il sentit qu'elle s'accrochait fébrilement à lui, tandis qu'elle collait son corps souple contre le sien. Alors resserrant davantage son étreinte, il fondit sur elle, l'embrassant avec fièvre, savourant son contact, son arôme et l'ardeur avec laquelle elle y répondait. Le baiser s'intensifia, les corps se pressaient toujours plus, les mains explorant le corps de l'autre plus rapidement, moins maladroites, toujours plus audacieuses.

L'étau du désir se refermait sur eux depuis bien trop longtemps pour qu'ils attendent davantage. Et puis avaient-ils l'envie de dire non à leurs parfums qui se mêlaient en un autre toujours plus étourdissant, à cette peau toujours plus brûlante, à ces baisers fiévreux et à ces caresses si douces. Ils se voulaient chacun d'une envie lancinante, douloureuse et ardente. Le corps toujours plus avide de faire frémir l'autre, de le faire vibrer jusqu'à ce qu'il en tremble d'émotions.

Rien. Absolument rien, dorénavant, ne pouvait les arrêter ou à les faire renoncer à cet instant. Une armée de Daleks aurait pu faire irruption, cela n'aurait fait aucun différence. Quoi qu'ils en disent, il y bien trop longtemps qu'ils désiraient l'un et l'autre un tel moment. Ils venaient de franchir, main dans la main, les portes de cet univers tant interdit qui devenait le leur. Le seul qui compterait désormais. Les baisers et les caresses se transformèrent en un véritable appel au secours, en un besoin irrépressible et insatiable. Ils se dévoraient mutuellement, désespérément. Toujours insatisfait, toujours plus inflexible, leur désir ne tarissait pas. Ils voulaient se donner corps et âme à l'autre, réalisant que bien de peu de personne pouvaient se vanter d'avoir trouvé son pendant et pourtant eux le savaient. Ils l'avaient toujours su.

Plus rien n'existait autour d'eux, seuls les sentiments et envies -délivrés de leurs chaînes- avaient à présent leurs importances. L'étincelle avait finalement eu lieu. Et le brasier qui venait de s'enflammer n'était pas prés de s'éteindre. Ils recommenceraient jusqu'à ce qu'il s'éteigne. De toutes façons, ils avaient vraiment tout leur temps.

Vraiment tout le temps devant eux....


egedan  (07.03.2009 à 20:42)

Rose poussa la porte de sa chambre et parcourut la pièce de son regard. Un étrange frison qu'elle ne saurait qualifier traversa tout son être. Elle avança tout doucement vers son lit, puis se hissa sur la pointe des pieds afin d'attraper un cadre posé sur l'étagère. Le visage emplit d'une tendresse toute particulière, elle caressa du bout des doigts la photographie. Celle -prise avant les événements de Torchwood- où elle était pendue au bras de son Docteur. Il s'en était passé des choses depuis, tristes, tragiques, malheureuses ou bien gaies, providentielles et heureuses. Cependant, elle était de retour. A sa place. Celle aux côtés de son Docteur. Comme cela devait être. Comme cela aurait dû toujours être. Oui, sa vie reprenait enfin son sens.

La jeune femme fit vagabonder ses yeux sur les autres cadres. Elle eut un pincement au cœur en rencontrant la photo de sa mère puis celle de Mickey. Pour eux, elle s'était tout simplement évaporée du Monde de Pete. Tous devaient extrêmement être inquiet pour elle. Ils avaient dû ainsi mettre tous les moyens de Torchwood à sa recherche. A moins qu'ils s'étaient fait une raison à sa disparition finalement, croyant qu'elle avait dû faire une stupidité. Ce qui dans un sens ne l'étonnerait guère. Rose était simplement réaliste car elle prenait conscience qu'elle était en train de s'enfoncer petit à petit dans un gouffre, sans réellement faire quoi que ce soit pour tenter de remonter la pente. Sa mère, Jackie, qui avait tant fait pour elle en la soutenant, en la réconfortant, en essayant de lui prouver qu'elle avait elle-aussi sa place dans le Monde de Pete. Alors qu'elle devait s'occuper du nouveau membre de la famille Tyler. Mickey, aussi, qui avait fit de toutes les monstruosités qu'elle avait pu lui cracher au visage, n'avait jamais cessé de rester à ses côtés. Oui, il avait été un ami fidèle malgré leurs divergences et le mal qu'elle lui avait fait. Rose avait voulu s'éloigner de tous ceux qui lui était proche en les rejetant, et qui dans une certaine mesure lui faisait rappeler douloureusement le Docteur. Elle n'oubliait pas Peter Tyler. Celui qui lui avait sauvé la vie. Au début, il s'était observé avec beaucoup de défiance, ne sachant pas comment se tenir avec l'autre, tout en étant bien conscient qu'ils ne pourront jamais être comme un père et une fille. Ce qui les avait rapproché, c'était leur travail à Torchwood.

Un immense et magnifique sourire fleurit sur ses lèvres quand deux bras puissants s'enroulèrent autour de sa taille tout en l'attirant contre un torse. Elle rit légèrement quand son compagnon déposa un doux baiser dans son cou. Elle pencha la tête sur le côté alors qu'il posait sa joue rugueuse contre la sienne. La jeune femme inspira avidement le parfum dont était imprégné le col de la chemise qu'elle portait. Elle se demanda l'espace d'une seconde comment avait-elle fait durant tout ce temps pour vivre sans son parfum. Sans lui tout simplement ? En fait, elle n'avait fait que survivre en espérant des jours meilleurs. Et principalement à ce jour où elle retrouverait son Docteur. Ce n'est que maintenant qu'elle recommençait à vivre. Elle renaissait à travers les baisers et les gestes du gallifréen. A travers sa douceur, sa tendresse et son amour.

Elle était avec lui. Elle ne parvenait toujours pas à le réaliser. De plus, elle venait de passer les plus incroyables des heures avec lui. Elle ne pouvait pas vraiment dire ce qui s'était passé. Elle se souvenait de tout bien sûr. Sauf qu'elle ne pouvait pas décrire tous les sentiments qui l'avaient submergé. C'était un tout autre univers qui venait de se dévoiler à elle. Un paroxysme de plaisir, d'un bonheur sans nom, d'une joie pure... Elle n'aurait pas pu imaginer une nouvelle première fois comme celle-ci. Oui, elle le considérait comme tel, particulièrement après ces six mois en tant que Louve. Il avait été prévenant, patient, doux, tendre... Très amoureux finalement, conclut-elle alors qu'une chaleur trouble l'envahissait à cette pensée.

Même après cette incroyable symbiose, ils n'avaient pu réellement rompre leur étreinte. Ils étaient restés agrippés l'un à l'autre, front contre front, les yeux dans les yeux, sans prononcer un seul mot. Pas tout de suite. Pas après ce qu'ils venaient de vivre de manière tout à fait inattendue. Se laissant gagner par le sommeil, Rose avait entendu son compagnon lui murmurer un « promets-moi d'être toujours là, à chaque fois que j'ouvrirai les yeux ». Un sourire sur les lèvres, se blottissant contre lui davantage, leurs doigts s'enlaçant le plus naturellement du monde, Rose avait rejoint son amant dans les bras de Morphée.

A son réveil, elle avait eu un court instant de panique en ne sentant plus sa présence contre elle avant d'ouvrir les yeux sur son Docteur, agenouillé à côté du lit, le menton posé sur le dos de ses mains, qui la scrutait de ce regard chocolat intense alors que ses lèvres s'étiraient en un grand et radieux sourire. La jeune femme s'était sentit gênée ne sachant pas réellement la raison. En fait si, il y en avait tout un tas de raisons. Tout ce qui s'était passé depuis son réveil. Après tout, elle venait d'ouvrir les yeux pour la toute première fois depuis des mois à nouveau elle-même -Louve ayant enfin cédé sa place. A l'intérieur du Tardis. Qui est plus dans les bras de son Docteur profondément endormi ! Ensuite, il y avait tout ce qui s'en était suivit, de leurs retrouvailles au réveil du Méchant Loup en elle, en passant par la femme qu'elle était devenue, puis de leur petite mise au point, jusqu'aux aveux inespérés et de leurs chamboulements qu'ils entraînaient. Sa relation avec le gallifréen avait radicalement évolué. En peu de temps. Très vite. Cependant, n'avaient-ils pas eu assez de temps pour réfléchir à ce qu'ils voulaient chacun dans leur vie ? Ils avaient déjà trop perdu l'un comme l'autre pour continuer de jouer. Sauf que là, elle se réveillait nue dans le lit du gallifréen. Et, ils avaient fait l'amour. Alors, Rose trouvait qu'il y avait largement de quoi être un peu désorientée et confuse.

Elle s'était redressée, relevant le drap sur sa poitrine cachant ainsi sa nudité, tout en détournant la tête du gallifréen. Sauf que celui-ci avait grimpé sur le lit, s'était assis derrière elle avant de l'attirer à lui son dos contre son torse. Puis, il avait fait apparaître par un tour de magie -dont lui seul avait le secret- un plateau remplit à ras bord pour un copieux petit-déjeuner qu'il avait déposé sur leurs genoux tout en lui demandant si c'était toujours un seul sucre dans son café. Un peu comme si cette intimité nouvelle avait toujours eu lieu entre eux. Elle lui en était reconnaissante. Il n'avait laissé aucune gêne, ni d'embarras ou bien de moment de flottement entre eux. Il était resté égal à lui-même. Et dieu, qu'elle l'adorait tel qu'il l'était !

Par la suite, ils étaient restés un long moment, allongés l'un contre, observant le silence ensemble. Ils avaient parlés, aussi. Beaucoup. Pas un dialogue de sourd comme autrefois. Non, un vrai avec des réponses à ses questions sans qu'il les élude cette fois-ci. Elle l'avait principalement écouté lui conter tout ce qu'il lui était arrivé durant son absence. Elle avait beaucoup rit lorsqu'il lui avait raconté ses péripéties avec Donna Noble. Puis, il avait continué sur sa lancée de ses aventures avec Martha Jones. Rose avait été surprise qu'il parle autant de lui si vite. Néanmoins, elle comprenait qu'il avait besoin d'exprimer ce qu'il avait traversé, ce qu'il avait vécu, de ce qu'il avait ressentit depuis sa disparition à travers ses mots à lui. A travers ses confidences, elle avait perçu sa souffrance, sa détresse, le mal que cela lui avait fait et surtout la raison à ce gallifréen quasiment en miettes que Louve avait retrouvé.

De son côté à elle, Rose ne se sentait pas réellement prête à lui confier ce qu'elle avait vécu ces six derniers mois avec Madame. Sera-t-elle même prête un jour ? Principalement, à lui raconter ce qu'elle avait traversé en tant que Louve, tout ce qu'elle avait dû faire pour survivre en tant que fille de bordel ? Quelque part, elle ne souhaitait pas prendre le risque de lui dévoiler cette partie caché en tant que Louve, sans doute par peur de voir son regard qu'il posait sur elle changer. Elle ne le supporterait pas. C'était sa blessure et sa cicatrice qu'elle devrait porter. Son combat en quelque sorte. Tout autant que ce mal en elle ne devait pas atteindre son Docteur. Elle fera tout pour le protéger de ça. Dorénavant qu'elle était revenue, elle se jurait de prendre soin de lui, de faire de lui sa priorité.

- Qu'est-ce qui ne vas pas, Rose ? Lui demanda son amant.

La jeune femme tourna la tête vers lui et rencontra son regard soucieux. Il avait toujours eu ce pouvoir sur elle. Celui de savoir, bien avant elle-même, qu'elle n'allait pas bien. Et à ces moments là, il arrivait toujours à la réconforter d'un sourire, d'un regard, d'une simple phrase ou bien d'une étreinte.

- C'est juste que de me retrouver là... Répondit-t-elle en hésitant. Dans ma chambre... A l'intérieur du Tardis... Alors que je ne croyais plus jamais en franchir le seuil... Cela me semble si étrange... Comme le fait de me retrouver... Enfin, avec toi... C'est... Je ne sais pas...

Le Docteur resserra davantage ses bras autour de sa compagne. Il comprenait ce qu'elle voulait lui dire. Il n'en pensait pas moins. L'apparition de Rose dans sa vie avait été la plus belle des choses qu'il lui était arrivé depuis bien longtemps. La retrouver en était une autre tout aussi magnifique. Et pourtant, il n'arrivait pas à réaliser qu'il la tenait dans ses bras. Qu'il était avec elle. Et surtout, qu'il venait de faire entrer bel et bien Rose dans sa vie. Entièrement. Cette fois-ci, il n'avait pas fait un pas en arrière, ni fuit. C'était comme vivre un rêve éveillé. Et, si c'était le cas, il ne voulait plus jamais s'en réveiller. Il n'aurait jamais pensé que ce serait aussi facile d'être avec elle. Enfin, quand il pensait facile, c'était une façon de parler. Facile de lui parler, de la toucher, de l'embrasser, de la prendre dans ses bras. De partager sa vie avec elle. Surtout cette intimité avec elle qu'il s'était tant interdit. En fait, il s'était attendu à une certaine gêne, à plus de malaise. Cependant, il ne s'en plaignait pas, loin de lui cette idée. C'était parfait. Il ne concevait pas encore, mais il savourait chaque nouvelle seconde avec Rose.

- Tout ira bien, la rassura-t-il.

Il n'en fallut pas plus pour apaiser la jeune femme. Si il allait bien, elle allait bien. C'était comme ça que cela marchait entre eux. Et si il disait que tout irait bien, elle le croyait sincèrement. Il n'y avait aucune raison. En tout cas pour le moment, le Docteur se sentait incroyablement bien. Il était confiant. Il était relativement sûr que tout se passerait bien. Parce qu'il venait de prendre une importante décision dans sa vie. La meilleure de toutes qu'il avait pu prendre par le passé. Il avait décidé d'être heureux dans sa vie, de connaître le bonheur. Et pour cela, il avait besoin de Rose. Il n'avait besoin que d'elle. D'elle à ses côtés. Tout le temps.

- Dis-moi, lui lança-t-il d'un ton malicieux, il va falloir penser à refaire d'autres photos pour compléter ta collection.

La jeune femme sourit tendrement. Contrairement aux apparences, ce Docteur là détestait les photos. Elle avait dû faire des pieds et des mains pour avoir la photo qu'elle tenait entre ses mains. Elle l'avait eu à l'usure. Ce n'est que dans un râlement d'impuissance qu'il avait accepté de poser pour la postérité. Rose tenait à ses photos. Particulièrement de lui et d'elle. Notamment celle-ci. Elle représentait tout ce qu'il avait entre eux. Ils rayonnaient tous les deux. Lui surtout. Elle n'aurait jamais imaginé qu'il puisse sourire autant.

Son compagnon s'était moqué gentiment à plusieurs reprises de cette manie. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi les humains tenaient autant à ces images figées sur papier glacé. Surtout ce besoin d'immortaliser les grands événements de leur existence, en capturer ces moments importants pour plus tard, à nouveau les apprécier, les savourer et les revivre. Alors que la plupart du temps, ils prenaient la photo, la regardaient avant de la mettre dans une boite pour finir par l'oublier. Cependant, pensa Rose, il semblait aujourd'hui en avoir comprit la raison au souvenir que dans la poche d'une veste, une photo cohabitait avec un certain tournevis...

- Tu as raison, lui rétorqua-t-elle. Je viens de me rendre-compte qu'il manque bien quelque chose.

- Ton preux et vaillant chevalier, lui murmura-t-il d'une voix chaude, par exemple.

Rose tourna la tête vers son compagnon et sentit ses joues s'empourprer devant le regard amusé et séducteur de celui-ci.

- Je pensait plutôt à son noble destrier. Tu sais, cette magnifique boite bleue qui se nomme le Tardis.

Le Docteur posa sur elle un regard faussement sévère qui s'adoucit très rapidement. Ses lèvres s'étirèrent d'un sourire tendre et coquin.

- Tant pis... Je crois bien que j'aurai pu commencer à apprécier de me transformer en modèle... Rien que pour toi...

Rose rougit de plus bel. Elle ne le croyait pas ! C'est qu'il se moquait d'elle ! D'un autre côté, elle pourrait s'y faire très rapidement à ce comportement de séducteur. Surtout qu'il avait pleinement conscience qu'il dégageait un certain charme. Et, c'est qu'il savait en jouer de son charme ravageur, c'est certain ! A de nombreuses reprises, Rose avait pu observer bon nombre de femmes, hommes ou bien créatures se retourner sur son passage et le dévorer des yeux. Parfois, il leur répondait par un clin d'œil ou un sourire. Et, elle n'avait pu s'en empêcher d'en éprouver une certaine jalousie. Parce quelque part, elle avait estimé que si elle ne pouvait pas l'avoir, personne ne l'aurait à sa place tant qu'elle serait à ses côtés. Alors, elle lui saisissait la main ou son bras pour bien indiquer qu'il était à elle et à personne d'autre, et ce tout en jetant un regard foudroyant à ceux qui avaient osé laisser traîner leurs regards un peu trop longtemps à son goût sur lui. Bien souvent, elle avait eu la vague impression qu'il le faisait exprès, rien que pour la provoquer...

- Macho ! S'exclama-t-elle.

- Hey ! S'offusqua-t-il.

- Ça t'apprendra à dires des choses complètement idiotes !

Le gallifréen pouffa joyeusement avant de replonger le nez dans le cou de sa compagne. Il avait chaud tout à coup. Chaud aux cœurs. Il ne se rappelait pas d'avoir aussi été heureux ainsi. Il poussa un soupir d'extase et resserra un peu plus son étreinte autour de Rose qui appuyait sa tête contre son épaule. Il n'avait besoin de rien d'autre en cet instant. A part elle. Sa si douce et merveilleuse compagne qu'il berçait tout contre lui.

- Mon Docteur ? Lança-t-elle après un long moment de silence. Il y a une tempête qui se prépare, n'est-ce pas ?

La jeune femme le sentit se tendre contre elle. Elle se mordit les lèvres et se fustigea intérieurement. Ce n'était sûrement pas la meilleure des choses pour entamer leur nouvelle vie. Cependant, ils devraient tôt ou tard en passer par là. Elle devait s'y préparer. Ils devaient tous les deux s'y préparer afin d'affronter cette tempête. Elle ne voulait en aucun cas que cela se finisse comme la dernière fois. Il en était hors de question. Elle déposa le cadre sur le lit avant de se retourner dans les bras de son compagnon. Elle l'observa quelques secondes. Il gardait la tête baissée. Elle lui prit délicatement le visage entre ses paumes pour le forcer à la regarder dans les yeux.

- Tu sais autant que moi que mon retour quasi-miraculeux ne se fera pas sans conséquences.

- Rose...

- Non, le coupa-t-elle doucement. Plus de secrets, ni de mensonges. Je sais que tu penses me protéger de cette manière... Mais regarde où cela nous a menés la dernière fois... Je ne veux pas que cela recommence... Je ne le supporterais pas... S'il te plaît....

Le Docteur posa son front contre le sien et poussa un soupir. Il plongea dans son regard. Il y voyait tellement de choses. Il n'arrivait plus à distinguer cette lueur qu'il aimait tant dans ses yeux. Elle s'était effacée face à cette lueur de tristesse, sa blessure secrète. Il y avait aussi des reflets dorés à l'intérieur, ceux qu'il avait distingué quelques temps après les événements du Satellite Cinq avant de disparaître jusqu'à aujourd'hui.

- Oui, Rose. Une tempête se prépare et le Méchant Loup que tu est devra y jouer un rôle.

Il aperçut les yeux de Rose s'embuer. C'était une terrible épreuve qui les attendait tous les deux. Ils allaient devoir s'y préparer car cette fois-ci pas question d'attendre que la tempête les prenne par surprise. Non, ils allaient faire front soudés l'un à l'autre. Dorénavant, il fera tout pour garder Rose dans sa vie . Et si il le pouvait, il fera tout ce qui était en son pouvoir de Seigneur du Temps pour lui épargner cette tempête.

- Peu importe car je trouverai une solution. Nous trouverons une solution. Toi et moi. Ensemble.

Le gallifréen sourit. Elle sourit, rassurée. Et, il referma ses lèvres sur celles de sa compagne.

C'est vrai quelle importance... Ils étaient de nouveau réunis. Ils surmonteraient, ensemble, tous les obstacles qui se dresseraient sur leur chemin. Ils allaient affronter la tempête, main dans la main, unis. Plus rien dorénavant ne pourrait les séparer. Alors tout ne pouvait qu'aller bien. Oui, tout irait bien...


egedan  (15.03.2009 à 12:54)

Merci à Ingrid et Rosa !

Epilogue

Système solaire, Terre, Londres, 2008

Léonard O'Brien sirotait son whisky pur malt, confortablement installé au comptoir d'un bar. La télévision, au-dessus des rangées de verres estampillés des logos de différentes marques de bières, éclairait de sa lumière pâle le barman. Celui-ci remplissait une chope de bière, puis la servit à un client avec un sourire tout ce qu'il y avait de plus stérile, avant de reprendre son torchon -déposé sur son épaule- pour astiquer le énième verre de sa journée.

Que le Londres de cette époque était devenu ennuyeux, pensa Léonard. Depuis quelques temps rien n'avait troublé sa quiétude. Rien. Mais absolument rien depuis qu'un vaisseau de croisière avait fait trembler le palais de la Reine Mère. L'univers, comme si il retenait son souffle, semblait se préparer à quelque chose. Léonard le sentait, rien qu'à ce frisson délicieux qui lui parcourait son échine. L'univers était en transition. Un changement s'amorçait. Léonard leva son verre, trinqua à la santé de ce cher univers et fit cul sec avant de faire signe au barman de lui en servir un autre.

Léonard O'Brien avait tout à fait la tête de son prénom et principalement du patronyme qui lui était collé à sa suite. Tout en lui démontrait qu'il venait d'une grande et très vieille famille riche - d'un argent acquis de façon suspecte et bénéficiant de la prescription depuis des siècles. Blond, d'une carrure impressionnante, raie impeccable et surtout du bon côté, pas un cheveu de travers, il était le profil d'une beauté patricienne. Une parfaite gravure de mode. Un bon parti à première vue. Sans doute un peu trop parfait. Oui parce qu'il y avait un hic, une bizarrerie, une anomalie, qui s'était glissé dans son patrimoine génétique. Bien qu'il ait été élevé comme ses pairs, reçu la meilleure éducation qu'il soit, celle d'une gamin gâté juste par le fait qu'il soit né dans une bonne famille, Léonard avait prit l'opposé du chemin tout tracé auquel il était prédestiné. Il n'était même pas le rejeton qui avait mal tourné, puisque sa « chère » famille l'avait tout simplement effacé de son arbre généalogique comme si il n'avait jamais existé pour elle. Il n'y voyait aucun inconvénient, que des avantages à cette situation. La carrière dans laquelle il excellait faisait carrément tâche dans la biographie de la famille O'Brien. La dite famille qui avait eu bien du mal à se racheter aux yeux de la bonne société, à cause d'une de ses cousines.

Un homme s'installa silencieusement sur le tabouret aux côtés de Léonard. Le barman en train de verser une nouvelle rasade de whisky demanda en bougonnant ce que le monsieur voulait.

- Un banana daquiri, lui répondit-il.

Léonard jeta un coup d'œil rapide sur l'inconnu, tout en enregistrant chaque détail. L'homme portait un long manteau brun, ses cheveux étaient soigneusement décoiffés, la télévision se reflétaient sur les carreaux de ses lunettes à montures noires. Un coude nonchalamment posé sur le comptoir et le menton dans sa paume, il regardait d'un air absent le flot d'images qui défilait sous ses yeux. Il se redressa subitement quand le barman vient lui servir son cocktail. Il porta le verre à ses lèvres et en but une gorgée avant de pousser un soupir de contentement. Puis, il passa une main à l'intérieur de son manteau et Léonard nota qu'il portait un costume. Il sortit un papier qui semblait froissé, usé mais pas déchiré et le déplia avec beaucoup de soin. C'était apparemment une photographie puisque Léonard n'entrevit qu'une vague silhouette d'une jeune femme blonde avant que l'homme ne la cache à son regard. Il l'observa durant un moment, les yeux dans le vague mais emplit d'une tendresse toute particulière avant de la ranger. Et Léonard se remit dans la contemplation de son liquide d'une envoûtante et belle couleur caramel. Un commentateur sportif se mit à brailler à la télévision. Le barman déposa le verre qu'il avait mit tant de soin à astiquer sur une étagère avant de recommencer son étrange rituel. Un gars à l'autre bout du comptoir fit partager généreusement sa haine contre l'arbitre du match de football.

Léonard se mit à soupirer. Encore une énième journée ennuyeuse à Londres. Mais ou était donc passé tous les problèmes que cette ville attirait ? Il regrettait amèrement l'époque où les extra-terrestres débarquaient pour envahir la planète ou afin de la détruire pour la vendre morceau par morceau. Avec allégresse, il se rappelait qu'en tant que simple spectateur, il avait observé les Daleks et les Cybermen se frotter les uns contre les autres avant qu'ils ne deviennent une étrange association de malfaiteurs. Léonard était sur la Terre ce jour là. Ce jour où le cœur même de l'univers s'était arrêté de battre l'espace d'un instant avant de se mettre en deuil. Depuis ce jour-là, l'univers n'était plus vraiment le même Il semblait à avoir de plus en plus de mal à cicatriser ses plaies. Un peu comme si finalement, ce qui lui avait été arraché brutalement lui était nécessaire pour son équilibre. Léonard haussa des épaules, ce n'était pas vraiment ses affaires. L'univers pouvait bien tomber en lambeaux qu'il s'en moquait éperdument. Du moins tant que cela ne dérangeait pas les affaires de sa petite entreprise artisanale.

- Il est difficile de vous trouvez Léonard O'Brien, émit soudainement l'homme au trench-coat.

Léonard sourit alors que l'inconnu buvait une nouvelle gorgée de son daiquiri.

- Apparemment pas assez puisque vous êtes là, répondit-il. Alors comme ça, vous avez réussit à passer le barrage de mon associée. Mes félicitations... Très peu de personnes ont réussit cet exploit.

- Il est vrai que se frotter à votre associée s'avère être dangereux. Une vraie beauté empoisonnée et aux épines bien acérées.

Le sourire de O'Brien s'élargit jusqu'à ses oreilles. Il est vrai qu'il était fier de sa partenaire. Il l'avait pris sous son aile et tout appris du métier. Au moins, elle lui était reconnaissante de ce qu'il avait fait pour elle et était d'une loyauté sans faille. Pas comme l'autre. Son poulain sur lequel, il avait placé beaucoup d'espoir. Et qui avait disparu sans laisser aucune trace. D'un autre côté, cela avait toujours été un escroc dans l'âme. Alors sa trahison n'avait pas réellement surprit Léonard. Mais, il en ressentait comme un certain goût amer.

- Si vous tenez à votre survie, ne tenez jamais ses propos face à elle. Une beauté certes, mais a qui parfois des manières quelques peu brutales.

- Effectivement, c'est ce que j'ai pu entrevoir tout à l'heure.

- Mon associée a dû vous faire comprendre que je ne traitais jamais directement avec les clients. Je lui laisse tous les problèmes administratifs et toutes les transactions à ses bons soins.

L'homme acquiesça de la tête et se mit à tourner le verre entre ses doigts.

- Sauf que là, c'est un cas particulier. Je voulais être vraiment sûr que vous soyez la bonne personne pour le travail que je m'apprête à vous proposer.

La curiosité de Léonard venait d'être piqué au vif. Il savait pertinemment que sa fidèle partenaire n'aurait jamais laissé cet homme venir jusqu'à lui. Elle était une muraille infranchissable. L'homme était là car elle l'avait voulu. Elle avait comprit que les négociations pour ce travail que l'inconnu voulait lui confier ne pouvaient être discutées qu'en sa présence. Hors, il y avait très peu de propositions pour lesquelles, il vendrait son âme au diable. Cependant, il resta impassible et se contenta d'une simple haussement d'épaule pour inciter son voisin de comptoir à poursuivre.

- Les rumeurs, ajouta l'homme, disent que vous êtes le meilleur...

- Le meilleur... Répondit Léonard par une moue désabusée... Tout dépend du domaine auquel vous faites allusions.

- Je n'en doute pas. Votre réputation vous précède mais je m'intéresse qu'à un seul de vos domaines. Celui de votre prédilection selon vos faits d'armes.

Léonard, les dents éclatantes d'une blancheur immaculée, se tourna vers son voisin de comptoir et accessoirement futur client de sa petite entreprise.

- Vous me plaisez de plus en plus, Monsieur... Désolé mais votre nom m'a échappé.

L'homme secoua la tête négativement.

- Chose tout à fait compréhensible puisque je ne vous ai pas dévoilé mon identité. Mais vous m'auriez reconnu si je ne brouillais pas votre vision par un filtre de perception. Je ne suis qu'une impression fugace dans votre esprit. Vous savez qui je suis sauf que vous ne parviendrez jamais à vous en souvenir.

Léonard ne se formalisa pas d'une telle précaution. Il avait déjà vu beaucoup plus étrange. Et puis, les clients de sa petite entreprise aimaient la discrétion. Il est vrai qu'on ne le criait, pas non plus à tout l'univers, lorsqu'on faisait appel à ses services. Et O'Brien avouait volontiers qu'il aimait le caractère confidentiel de ses affaires.

- Très bien Monsieur. Alors que me vaut votre petite visite ?

- Un contrat dont vous êtes le seul dans cet univers à pouvoir exécuter.

- Un travail donc dans mon domaine de prédilection...

L'inconnu se tourna brusquement vers lui alors qu'il n'avait pas bougé de sa position -face au comptoir- depuis le début de leur conversation.

- Et en même temps un défi de taille que vous avez toujours voulu relever selon les nombreuses rumeurs qui circulent à votre sujet.

- Seriez-vous en train de me séduire ? Lança Léonard d'une voix langoureuse.

L'homme lâcha un éclat de rire qui faisait écho à une certaine tristesse.

- En quelque sorte. Mais ce serait plutôt afin de vous appâter pour que vous ne puissiez pas refuser ma proposition.

Léonard fit un mouvement du menton avant de joindre ses mains, phalanges vers le haut. Geste très aristocratique comme ancestral que des générations de O'Brien s'étaient appliqués avec méthode à transmettre à leur progéniture.

- Parlez-moi donc de ce fameux travail que vous voulez me confier ?

Les lèvres de l'homme s'étirèrent en un mince trait qui semblait ressembler à un maigre sourire. Il se passa une main dans les cheveux puis renifla. Quelque chose semblait le retenir mais une nouvelle gorgée de son cocktail sembla lui délier la langue.

- Je veux que me capturiez une personne bien précise. J'ai besoin d'elle pour un projet mais je doute fort qu'elle soit consentante pour y participer de son plein grès.

Le chasseur de primes qu'il était se réveillait en lui. Léonard avait ainsi choisit, au plus grand malheur de sa famille, une variante de la carrière criminel. Celle des bas-fonds de la société qui vous salissait les mains et non celle de la sphère financière qui vous laissait les ongles propres et bien manucurés. Léonard sentit le frisson de la chasse lui parcourir les entrailles. Il aimait cette sensation. Il ne vivait que pour ça. Que pour l'excitation que ce jeu lui procurait. La conversation devenait de plus en plus intéressante. Surtout si l'inconnu ne lui mentait pas sur la nature du défi qui l'attendait.

- Mais cela devra se faire sous certaines conditions, poursuivit le mystérieux client.

- Je suis toute ouïe, sourit Léonard de toutes ses dents.

L'homme passa sa main dans une des poches de son manteau brun. Puis, il déposa une photographie sur le comptoir et la fit glisser vers O'Brien. Le visage de celui-si s'illumina d'un sourire carnassier à la vue de cet homme sur le cliché, grand, svelte, et les cheveux bruns indisciplinés. Ça, c'était un travail qu'il ne pouvait en aucun cas refuser. Il en avait rêvé de toute sa carrière de chasseur de primes. Le Saint Graal de sa profession.

Un défi à sa mesure : le dernier Seigneur du Temps.


egedan  (15.03.2009 à 22:05)

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