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Série : Doctor Who (2005)
Création : 01.08.2011 à 22h57
Auteur : Asadal
Statut : Terminée
« Fic privée. Pas d'action, rien que du guimauve avec Docteur 10. » Asadal
Cette fanfic compte déjà 12 paragraphes
- Je suis en vie...
Le Docteur se le répéta encore une fois, incrédule.
- Je suis toujours en vie!
Il rit, sans même penser à se relever. Il avait survécu aux Quatre Coups annoncés par la prophétie! Il avait infléchi le destin!
Tac, tac, tac, tac.
Il tressaillit.
Tac, tac, tac, tac.
Lentement il laissa son regard dériver vers le caisson de verre.
Tac, tac, tac, tac.
Le vieil homme lui fit un signe de la main, avec un sourire tout timide, inconscient de ce que son geste représentait.
Tac, tac, tac, tac.
Wilfred Mott, le grand-père de Donna.
L'homme qui n'avait aucun besoin d'être là. L'homme qui avait été plus une gêne qu'autre chose.
Mais c'était aussi l'homme qui l'avait retrouvé en à peine une matinée, alors que d'autres attendaient des siècles avant de le croiser.
Il aurait dû comprendre à ce moment-là. Que cet homme, sous ses dehors des plus ordinaires, était celui qui avait été choisi par le destin pour être à cette place, en cet instant fatidique. Pour son malheur.
Une seule erreur. Une seule petite erreur et voilà, la sentence tombe, sous la forme d'un vieillard qui risque de mourir si je ne le sors pas de là. J'ai résisté au Maître, j'ai survécu au retour du Gallifrey, pour finalement tomber sur... lui. Ha! Ne trouves-tu pas cette situation d'une drôlerie presque navrante, Rose?
Qu'est-il allé faire là-dedans, déjà? Il a pris la place d'un des scientifiques de Naismith, c'est ça? Et pourquoi donc? Personne ne lui a demandé de jouer au héros!
Je pourrais le laisser là, je devrais le laisser là... Non, je ne peux pas le laisser là!
Oh, Rose... Que dois-je faire?
Tandis que Wilfred lui demandait avec une calme dignité de l'abandonner, le Docteur tempêta, furieux:
- Il fallait que vous entriez là-dedans! Il fallait que vous alliez vous enfermer dans ce truc!
Une vie contre une autre.
Mais la mienne vaut infiniment plus que la sienne. Lui n'est qu'un vieil homme qui a fait son temps, qui peut mourir d'une année à l'autre même si je le sors de là aujourd'hui. Alors que moi, moi, je pourrais en faire tellement plus, tellement plus! Ce n'est pas juste, non!
Il n'a pas la moindre importance. Un détail insignifiant. Ce n'est qu'un être humain, après tout. Un humain! Alors que je suis un Seigneur du Temps! Le dernier!
De sombres pensées l'agitaient, ses cœurs oppressés par ce qu'il ressentait comme une profonde injustice. Dans un accès de désespoir, il envoya valdinguer les objets qui se trouvaient sur une table, tout près de lui.
Pendant un court instant, il considéra les débris qui jonchaient le sol. Et il sentit quelque chose se briser en lui.
Un humain. Un simple être humain. Comme toi, Rose. Comme Martha, Donna, Jack, Sarah-Jane... Et pourtant, ça ne vous a jamais arrêtés de risquer vos vies pour moi.
Un soupir s'échappa de ses lèvres.
- J'ai vécu trop longtemps...
Cela suffit.
De toute façon, je ne pouvais plus continuer ainsi. Dés l'instant où j'ai renoncé à toi et que j'ai décidé de ne plus prendre de nouveau compagnon, le chemin était tout tracé pour me conduire là.
Qui sait ce que j'aurais provoqué comme désastre, à parcourir sans relâche l'Espace et le Temps, sans personne à mes côtés, tel un feu follet incapable de s'arrêter...
Il est temps que ça cesse.
En voyant le Docteur s'approcher d'un pas décidé du caisson dans lequel il était enfermé, Wilfred supplia d'une voix tremblante:
- Non, je vous en prie, ne faites pas ça!
Wilfred. L'homme qui me disait qu'il aurait une pensée pour moi chaque fois qu'il regarderait les étoiles. L'homme qui n'a pas hésité à affirmer qu'il serait fier d'avoir un fils comme moi. L'homme sans qui Donna ne serait jamais venue au monde.
Prendre sa place est, je pense, une sortie digne d'un Seigneur du Temps... N'es-tu pas d'accord avec moi, Rose?
D'une voix lasse, mais d'où toutes doute et colère s'étaient envolées, le Docteur déclara avec sérénité:
- Wilfred, laissez-moi cet honneur...
Il n'avait pas pu résister. En retardant la régénération autant qu'il pouvait, il était venu contempler pour la dernière fois celle avec qui la présente incarnation avait commencé, celle avec qui elle désirait finir.
Rose Tyler.
Que ce soit avant ou après leur rencontre, elle était toujours la même: enthousiaste, prête à croquer la vie à pleins dents. Fraîche comme la rosée et aussi malicieuse qu'une enfant. Toutefois elle n'avait pas encore dans les yeux cette lueur particulière que seuls ceux qui côtoyaient l'impossible de près pouvaient avoir. Mais cela n'allait pas tarder à changer.
Pour toi, tout ne fait que commencer.
Pour mon ancien moi aussi, qui te rencontrera d'ici quelques mois dans les sous-sols du grand magasin. Il te prendra par la main et te dira de courir, sans savoir à quel point ce geste bouleversera sa vie.
Si seulement je pouvais inverser le sablier de ma propre ligne temporelle. Et tout recommencer.
Appuyé contre le mur, il regarda la jeune femme monter les escaliers avec toute l'entrain de ses dix-neuf ans. Une image qui se superposa à toutes les autres la concernant, qu'il gardait précieusement en mémoire.
Je me souviens de la première fois que tu m'as vu avec ce visage. Choquée, tu t'es cachée derrière l'une des structures arborescentes du Tardis. Tu avais peur de moi, me soupçonnant d'être un alien qui aurait pris la place du vrai Docteur. (1)
J'ai peiné à te convaincre du contraire. Ta doute et ta réticence me faisaient mal. Car les sentiments que mon ancien moi ressentait à ton égard étaient tellement forts qu'ils m'avaient été transmis intacts, malgré la régénération. Je t'aimais, comme lui t'avait aimée.
Si tu savais... J'ai eu encore plus peur que toi: que tu me quittes, que tu me laisses seul avec le Tardis. Mais une fois que tu as compris que malgré la transformation je restais le même Seigneur du Temps farfelu qui t'avais emmenée voir les étoiles, tu es restée. Avec le sourire.
Il gémit. La douleur se faisait de plus en plus intense. L'énergie régénératrice qu'il avait réprimée tant bien que mal courait dans ses veines comme un feu purificateur, impatient de brûler chaque cellule de son corps afin de le faire renaître.
Au prix d'un immense effort, il s'arracha du mur pour se diriger en direction du Tardis. Il titubait, ses pas mal assurés laissant une trace erratique dans la neige.
Tu as gardé ce même sourire tout au long de notre voyage. Devant le loup garou. Devant les Cybermens. Tu ne l'as pas perdu, même quand tu as su que tu n'étais pas la première, et que tu ne serais peut-être pas la dernière.
Et moi... J'ai regardé avec effroi mon amour pour toi qui ne cessait de grandir, de s'intensifier. Car je savais que surviendrait tôt ou tard notre séparation, et que ce jour-là mon âme souffrirait mille morts.
Et cela a fini par arriver...
Ses membres ne le soutenant plus, il tomba. Son corps donnait l'impression de brûler et ses cœurs battaient d'un rythme irrégulier, prêts à se rompre. Il fallait pourtant qu'il se lève, qu'il rejoigne le Tardis. Il ne pouvait se régénérer ici.
Seuls les étoiles assistaient en silence à l'agonie du Seigneur du Temps. Les hommes continuaient leur sommeil paisible et rêvaient en paix, tandis que celui qui les avait sauvés maintes fois luttait contre la souffrance qui le paralysait.
Sans personne pour le relever. Sans personne pour le soutenir.
Personne? Pas tout à fait.
Malgré sa vision brouillée, il aperçut le Ood Sigma qui l'observait à quelques pas de là.
- Nous allons chanter pour vous, Docteur. L'Univers va chanter pour vous aider à vous endormir.
La sensation de douleur reflua, telle une marée qui se retire, lui donnant le répit nécessaire pour se relever et de marcher d'un pas douloureux jusqu'aux portes du Tardis.
La régénération m'attend.
Un autre moi apparaîtra: nouveau visage, nouvelles règles... et nouveaux sentiments.
La dernière fois, ta présence avait influé sur le processus, permettant une certaine continuité entre la précédente incarnation et moi. Mais cette fois...
Je sens que ce sera différent. Ma personnalité sera submergée par une nouvelle, et se dispersera dans la mer de la conscience sans laisser de trace. Toutes mes joies ainsi que mes peines se trouveront atténuées, pâlies, de sorte que "je" puisse prendre un nouveau départ.
Mais je ne veux pas...
La clé tourna dans la serrure et il se retrouva enfin à l'intérieur. D'un geste lent, il ôta son manteau et le lança sur le côté. Le nouveau "lui" n'en aurait certainement pas besoin.
Ses mains s'entouraient déjà d'une aura lumineuse, signe que le processus de la régénération avait atteint le point du non-retour. Dans un dernier effort de volonté, il actionna le Tardis, projetant le vaisseau dans la quiétude de l'espace.
Je ne veux pas, Rose.
Que mes sentiments pour toi perdent de leur éclat. Qu'ils deviennent comme de vieilles photos souvenirs, que "je" considérerai d'un oeil égal. Jusqu'à ce que les années passent et qu'ils finissent par tomber dans l'oubli, t'effaçant de la mémoire.
Je ne veux pas...
Je...
Ses idées se brouillaient, noyées sous les vagues de l'énergie régénératrice. Juste avant que tout ne sombre dans une lumineuse inconscience, une dernière pensée franchit ses lèvres, emportée par des myriades de particules dorées.
- Je ne veux pas m'en aller...
MAIS L'HISTOIRE, ELLE, N'EST JAMAIS TERMINEE.
Note de l'auteur 2 - J'ai décidé que si le Docteur ne voulait pas partir, c'etait à cause de Rose. Que voulez-vous... Je ne suis pas encore guérie de mon obsession Ten/Rose.
Mes hommages à Ten, qui reste pour moi LE Docteur.
