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Interdit aux moins de 18 ans

Lonely angels

Série : Doctor Who (2005)
Création : 04.02.2017 à 00h44
Auteur : choup37 
Statut : Terminée

« Rien ne préméditait Jack et le Doc à devenir amis. L'un s'est perdu dans les ténèbres, alors que l'autre demeure brisé par la perte des siens. Et pourtant.. » choup37 

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Chapitre 20

 

Comme Jack l'avait expliqué, la planète était couverte de boites et bars dansants en tout genre. Presque tous les styles musicaux de l'univers y étaient représentés, pour le plus grand bonheur de la clientèle cosmopolite venue des quatre coins du quadrant. Rose ne savait plus où donner de la tête devant la diversité culturelle à laquelle elle était confrontée : la dernière fois qu'elle avait rencontrée tant d'aliens, c'était à l'usine, mais elle n'y avait guère prêté attention, trop préoccupée par les bonbons puis l'enquête. À présent, elle ne pouvait y échapper, entourée de toutes parts par des êtres tous plus différents les uns que les autres. Elle essayait de ne pas les fixer, mais c'était un peu difficile.

  • Submergée? demanda Jack en resserant sa prise sur son bras.

  • Un peu, reconnut-elle. Je n'ai pas vu tant de .. d'aliens depuis longtemps, avoua-t-elle.

  • Le Doc ne t'en a pas fait rencontré? s'étonna le jeune homme alors qu'ils remontaient une large allée emplie de bars dansants.

  • Si, à la mort de la Terre.. Sur la Station 5, aussi.. Mais je n'avais jamais fait aussi attention à eux.

  • Et d'un coup tu réalises pleinement que tu es entourée de non-Terriens, sourit-il. Je connais ce sentiment. Ne t'inquiète pas, ils ne te feront rien. Tu es aussi exotique pour eux que eux pour toi.

  • J'imagine .. C'est bizarre, mais c'est génial, fit-elle en lui rendant son sourire. Est-ce que c'est celle-ci? demanda Rose en désignant un bâtiment agrémenté d'une bannière blanche qui clignotait de mille feux.

  • Yep! Arhojgpa! On y trouve toutes les musiques de ces trente derniers siècles, s'exclama Jack avec enthousiasme. Cela te permettra de te mettre à jour dans ta culture musicale.

  • Oy ! Ma culture musicale est très développée, je te remercie, rit-elle en lui décochant une tape.

  • Pour une humaine du XXIème siècle, surement. Pour une voyageuse du temps et de l'espace, elle est bien limitée.

  • Comment va-t-on rentrer ? demanda la jeune femme. Je ne pense pas que mon argent me servira ici.

  • Pas besoin d'argent: ici, on paye par échange. Tu dois donner quelque chose de valeur.

  • Quoi ? Mais je n'ai rien !

  • Je crois que si, fit Jack en désignant une petite broche dans ses cheveux.

La blonde pesta, mais obtempéra, la retirant.

  • Tu aurais pu me le dire, j'ai un tas de breloques inutiles. C'est pareil pour les consommations ?

  • Yep. Ne t'inquiète pas, ajouta-t-il amusé devant son expression horrifiée, j'ai tout un tas de breloques, comme tu dis. Charmant vieux terme du XXème siècle, ce mot.

  • J'ai l'impression d'être une antiquité, bougonna la jeune fille.

  • Bien conservée, alors, commenta Jack en la dégustant des yeux.

  • Tu n'arrêtes jamais ?

  • Pourquoi j'arrêterais ? Je vois la beauté où elle se trouve, répliqua-t-il avant de sourire au videur. Hello Jo'kr !

  • Salut, Cap'taine! répondit le rhinocéros en tapant sa poitrine du poing. Deux ce soir ?

  • Comme tu vois.

  • Bonne danse, Cap'taine, Miss! fit l'être de sa grosse voix.

  • Pourquoi s'est-il tapé la poitrine? murmura Rose en entrant à la suite de Jack.

  • C'est sa manière de dire bonjour. Tu n'as pas rencontré les Arcos, ils t'enroulent de leurs lianes pour te serrer contre eux et respirer ton odeur.. Tout ce que ces lianes peuvent faire..

  • Je crois que je vais oublier cette phrase, sourit la jeune fille, avant d'écarquiller les yeux en découvrant l'intérieur de l'établissement. C'est le TARDIS ou quoi ? Il n'était pas si grand de l'extérieur !

  • Surprise! rit Jack en l'aidant à retirer son manteau.

Son sourire s'élargit en apercevant les regards appréciateurs que recevait sa compagne. L'attrapant par la main, il l'entraina sur la piste de danse, emplie de créatures en tout genre. Rose n'en reconnut pas la moitié, mais oublia rapidement ce problème, emportée par le rythme de la musique – un mélange de souk et rock ? C'était possible ? En tout cas, c'était parfait pour se déhancher et tournoyer, et elle ne s'en priva pas, se déchainant comme elle ne l'avait pas fait depuis longtemps. La musique se transforma ensuite en une sorte de cliquements sonores, lui faisant hausser un sourcil avant qu'elle n'hausse les épaules. Pourquoi pas. Il n'y avait pas que des humains dans l'univers, après tout.

Jack lui décocha un sourire flamboyant : le jeune homme s'amusait visiblement comme un fou, pour le plus grand plaisir de Rose. Ils étaient venus ici en partie pour lui, après tout. Son camarade de soirée attirait clairement l'attention, se retrouvant déjà entouré d'une myriade d'admirateurs de toute espèce. Il dansait présentement avec une humanoide à la peau violette fluorescente, vêtue d'une mini-jupe dorée et d'un haut coupé au milieu du ventre. Ses intentions n'étaient guère difficiles à deviner vu la manière dont elle se collait à l'humain, ses mains plus que baladeuses errant sur son corps sans retenue. Cela ne gênait pas Jack, qui la fit pivoter, la retournant pour plaquer son torse contre le dos violet, sa main libre entourant sa taille. Se penchant, il déposa un baiser dans son cou. Rose vit ses lèvres bouger, et la peau de sa partenaire se foncer – sa manière de rougir.

Secouant la tête, l'humaine se détourna, regardant autour d'elle : il lui suffisait de tendre la main pour trouver un partenaire de danse. Les gens semblaient fascinés par la couleur de ses cheveux, plusieurs d'entre eux touchant les leurs dans une comparaison silencieuse. Son attention se posa sur un être à la peau bleu marine zébrée de noir qui la dévorait du regard. Rose sourit et posa sa main sur son bras. L'inconnu le lui rendit, avant de l'enlacer. Elle réalisa que le son s'était transformé en celui d'une valse. L'inquiétude la saisit: elle n'avait jamais pratiqué cette danse, et il était évident que ce n'était pas la version terrienne.

  • Laisse-toi guider, murmura son partenaire d'une voix étrangement rauque.

Elle hocha la tête avant de la poser sur son épaule, une de ses mains enveloppée dans les siennes, l'autre dans son dos. Le rythme était plus lent que celui d'une valse terrienne, lui permettant de reprendre son souffle. Elle sursauta en sentant le souffle de l'inconnu dans son cou : regardant autour d'elle, elle s'aperçut que les couples s'étaient rapprochés l'un de l'autre, les mains des hommes glissant sensuellement sur le corps de leur partenaire. Certains embrassaient leur cou à pleine bouche.

Merde.

  • Je.. ce n'était pas.., balbutia-t-elle en reculant, mais la prise sur sa taille se durcit davantage. Non ! protesta-t-elle en le repoussant de ses mains.

  • Je pense qu'elle a dit non, vieux, fit la voix sèche de Jack, apparu soudainement à sa gauche.

Ce dernier attrapa rudement l'homme par le col, le repoussant sans ménagement avant de se placer entre lui et Rose. Le type siffla, le son de sonnettes résonnant en même temps.

  • Mêle-toi de tes affaires !

  • C'est ce que je fais : cette jolie terrienne est mon amie, et ma compagne pour ce soir. Dégage, gronda Jack en avançant vers lui.

  • Un problème, capitaine? demanda une voix que la jeune fille reconnut comme celle de Jo'kr.

  • Cet abruti ne comprend pas le sens du mot 'non', grogna l'humain.

  • Elle n'a pas dit non pour danser !

  • Elle ne connaissait pas le sens de cette danse, répliqua Jack.

  • Le capitaine et la dame ont été très clairs : ne m'oblige pas à te chasser, grogna le videur en se plaçant à coté d'eux, attirant un peu plus l'attention sur le groupe, augmentant le malaise de Rose.

  • Abruti, pesta Jack en voyant le type finalement s'éloigner. Ça vaut pour moi, s'excusa-t-il en se tournant vers Rose. J'aurai dû t'empêcher de danser ça. Ça va ?

  • Oui, oui, ce n'est pas la première fois que je rencontre des gros lourds, le rassura-t-elle.

  • Je suis désolé. Je t'offre à boire pour me faire pardonner, répondit-il d'un ton sans appel.

Ils se dirigèrent vers le bar, Jack juste à ses cotés. Celui-ci commanda deux cocktails, avant de l'entrainer vers une petite alcôve à part.

  • Je suis vraiment désolé, répéta-t-il. C'est une.. version bien plus sexuelle de ta valse.

  • J'ai cru remarquer, répliqua-t-elle en prenant une gorgée de sa boisson.

  • Rien de mal, vraiment.. La version telusienne. Une danse destinée à séduire un .. potentiel futur partenaire.

  • Hum hum. Ça explique les mains cajoleuses et les baisers.

  • Si tu restes sur la piste quand tu entends ce son, c'est que tu es prêt à te laisser courtiser, expliqua Jack.

  • Courtiser ? Ce n'est pas courtiser quelqu'un, ce qu'il faisait! protesta-t-elle.

  • Dans la culture telusienne, si. On séduit l'autre par ses capacités de danse, élabora son ami. Généralement, cette danse est précédée de plusieurs autres où tu peux repérer celui ou celle qui te plait le plus. Et quand vient le tour de cette danse-ci..

  • .. tu vas directement voir la personne de ton choix, devina-t-elle. Mais il n'y a pas eu les premières musiques.

  • Parce que seule cette danse s'est exportée dans l'univers, expliqua Jack.

  • Mmm mmm. Je vois. Je la reconnaitrai à l'avenir. Il y a tant de cultures, ici, sourit-elle. Et tout le monde danse ensemble !

  • La danse est le meilleur vecteur de paix, répliqua le jeune homme en lui lançant un sourire grivois.

  • Alors tu es un homme de paix, un vrai prix Nobel, se moqua-t-elle. Avec combien d'espèces as-tu couché ?

L'expression de Jack se fit pensive, et il commença à compter sur ses doigts, faisant rire son interlocutrice.

  • Je ne veux pas vraiment savoir ! Tais-toi ! Dis-moi plutôt quelles espèces sont présentes ici !

Rose réalisa à quel point les connaissances de Jack étaient larges lorsque celui-ci entreprit de lui nommer et décrire les races les entourant. Chacune était accompagnée d'un commentaire ou d'une anecdote plus ou moins élogieuse, faisant rire aux éclats la blonde qui retrouvait en lui un aspect plus débridé du Docteur. Elle se demanda comment ce dernier aurait reçu certaines descriptions … imagées de son nouvel ami.

  • Et toi, Jack? demanda-t-elle soudainement. D'où viens-tu ? Tu es du futur, est-ce que tu es né sur la Terre ?

  • Les colons avaient quitté la Terre-mère depuis bien longtemps à ma naissance.. Je suis né ailleurs. Loin, très loin de la Terre, répondit-il simplement. Je n'ai jamais vu celle de mon époque. Elle était interdite d'accès.

  • Quoi ? Pourquoi ?

  • Trop de guerres autour, répondit laconiquement Jack en avalant une friandise.

Il souriait toujours, mais quelque chose dans son regard murmurait à Rose de ne pas insister. Coupant court à toute autre tentative, son ami termina son verre cu sec avant de se lever, bondissant.

  • Debout ! Je veux cette danse ! Jazz vénusien !

  • Ça se danse comment ? rit-elle en le suivant.

  • Comme le terrien, mais en plus vite !

  • Je ne danse pas le jazz !

  • Tu vas apprendre !

Comment aurait-elle pu résister à un tel enthousiasme ? C'était impossible. Jack était une véritable pile électrique, sautant et tourbillonnant sans jamais s'arrêter. Il semblait connaître toutes les danses, tous les pas. Chacun de ses mouvements était dévoré par des dizaines de regards : Rose n'avait aucun doute qu'une bagarre éclaterait à un moment pour désigner son nouveau partenaire. Elle-même admirait sans honte son compagnon, incapable de se retenir de le manger des yeux. Jack était la lumière. Le Soleil autour duquel tournoyait une foule de danseurs tous prêts à partager un instant avec lui.

Le rythme changea, se transformant en une salsa. Elle se sentit voler dans les bras du jeune homme, qui la fit tournoyer avant de la ramener vers lui, une de ses mains sur sa taille tandis que l'autre attrapait sa main. Souriant, elle suivit son rythme, imitant ses pas et tournant au moment indiqué. Leurs corps dansaient en communion au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient et se rapprochaient l'un de l'autre, se cherchant et se provoquant avec une sensualité de plus en plus exacerbée. Le monde de Rose se résuma rapidement à Jack, et la manière dont il la faisait tournoyer et voler avec une aisance digne d'un professionnel.

Bientôt, elle se sentit fermer les yeux, enivrée par la musique et la chaleur de son corps. Les mains de Jack se firent davantage directrices, errant sur ses hanches en même temps qu'il la soulevait du sol pour la faire voler autour de lui, les jambes de la blonde enroulées autour de sa taille. Les talons de Rose claquèrent sur le sol lorsqu'il la reposa, avant de la lancer vers l'avant, la faisant tournoyer dans son élan.

Si belle. Elle était si belle ainsi. Il voulait la voir danser tous les jours rien que pour lui. Les yeux ardents de désir, le jeune homme bondit et la rattrapa par la main, sous le regard enfiévré de la foule. D'une poussée, il la ramena vers lui, plaquant son torse contre son dos comme il l'avait fait avec sa partenaire de début de soirée. Sa bouche descendit dans son cou, frôlant la peau sans pour autant l'embrasser, la main autour de sa taille la pressant davantage contre lui. Le corps de Rose lui répondit instinctivement, se frottant contre lui, provoquant un grognement de plaisir chez Jack qui la pressa contre lui plus longtemps qu'il n'en avait besoin.

L'attrapant par la taille, il la souleva et la fit tournoyer autour de lui, les jambes de la plus jeune volant autour de lui en même temps que Jack pivotait sur lui-même. Elle atterrit sur le sol le souffle court, une expression ahurie sur son visage qui fit rire de fierté son compagnon.

  • On voulait danser, Rosie ? Hé bien on danse !

D'un mouvement du poignet, il la retourna, la ramenant dos contre lui. Il se courba ensuite en arrière, l'entrainant avec lui, et fit tourner lentement leur taille. Ses lèvres effleurèrent son cou en même temps que sa main libre caressait son ventre. Jack pouvait entendre le souffle de sa partenaire se faire de plus en plus chaotique au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, le cœur de Rose battant à toute allure sans qu'elle ne puisse contenir la chaleur qui envahissait ses veines. Ses joues étaient depuis longtemps devenues rouges de plaisir et d'épuisement, sa respiration rauque résonnant dans leur bulle intime.

  • J'ai .. besoin de boire, murmura-t-elle.

  • Ça va? demanda-t-il en ralentissant ses pas.

  • Chaud..

  • Il est temps pour une pause, sourit-il en prenant sa main.

  • C'était.. génial, souffla-t-elle en le suivant vers le bar, vacillante. Mais.. je n'avais pas dansé si fort depuis..

  • Longtemps ? termina-t-il, amusé et clairement en pleine forme.

  • Je ne sais pas si j'ai jamais dansé si fort avant aujourd'hui, reconnut-elle en le fixant de sous ses cils. C'était.. intense.

  • C'est le seul mot possible, murmura-t-il, ses yeux rivés sur elle alors qu'il prenait à son tour une gorgée de son cocktail.

La blonde rougit cette fois franchement, et détourna les yeux sous la chaleur de son regard. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Elle n'était pas amoureuse de Jack. Il était à tomber, il avait un sourire à dévaster des univers, et ses talents de danseur étaient bluffants, mais ce n'était pour lui que son cœur battait. Une paire de yeux bleu marine apparut dans son champ de vision, se superposant à celle du jeune homme souriant qui lui faisait face. Elle secoua la tête, repoussant cette pensée.

Ses doigts vinrent se poser sur le poignet de son ami, en traçant la peau sans qu'elle ne s'en rende compte. Jack la regarda faire sans un mot, la détaillant silencieusement. Tout dans l'attitude de la plus jeune criait qu'elle était perdue. Soupirant, il se pencha, et saisit gentiment sa main, la retirant de la sienne.

  • Jack..

  • Tu n'es pas toi-même, Rose, murmura-t-il gentiment. Ce n'est pas moi que tu veux.

Même un aveugle aurait pu deviner qui occupait toutes les pensées de la blonde. Jack s'était bien amusé, mais il n'était pas stupide.

  • Je ..

Elle se mordilla la lèvre. Elle ne savait plus trop ce qu'elle voulait. La tête lui tournait, l'alcool commençant à faire son chemin dans ses veines.

  • Je pense qu'il est temps de rentrer pour toi, Rosie, souffla-t-il en venant déposer un baiser chaste sur sa paume.

  • Quoi ? Non ! Je veux rester ! On a encore toute la journée !

  • Alors repose-toi, sourit-il. Si tu me cherches, tu sais où me trouver.

  • Ok, accepta-t-elle finalement. Je te rejoins plus tard. Amuse-toi, sourit-elle.

  • Oh, ne t'inquiète pas pour moi, répliqua-t-il de son sourire grivois avant de se fondre de nouveau dans la foule.

Deux paires de mains se posèrent sur sa taille, l'attirant vers un corps vert amande, en même temps que des lèvres commencèrent à errer dans son cou au rythme de la musique. Il ferma les yeux, se laissant mener. Oh, non, vraiment, elle n'avait pas à s'inquiéter.


choup37  (17.08.2017 à 17:07)

Chapitre 21

 

Jack émergea de l'Arhojgpa à la tombée du jour, vacillant sous le poids de l'alcool et de la fatigue, un sourire ivre aux lèvres. Il ne s'était pas amusé ainsi depuis des lustres: il faudrait qu'il remercie Rosie pour son idée. Son sourire augmenta alors que l'image de la sexy blonde s'imposait à son esprit. Celle-ci avait quitté l'établissement plusieurs heures auparavant, rentrant au TARDIS les pieds en sang mais extatique.

Il fut ramené au présent par des mains caressantes et des bouches suaves léchant son cou. Ses partenaires n'en avaient pas encore fini avec lui, et le lui rappelaient de la plus charmante des façons. Il les laissa l'entrainer vers la ruelle la plus proche et l'attaquer sauvagement, remontant sa chemise pour mieux dévorer sa peau en même temps qu'une seconde bouche revendiquait la sienne brutalement et qu'une autre suçotait son cou. Fermant les yeux, Jack enroula ses bras autour du plus proche, l'attirant vers lui pour lui rendre ses douceurs.

Il gémit en sentant une main glisser entre ses jambes pour remonter vers une zone privée qu'il était plus que disposé à partager, et tendit ses hanches en une invitation silencieuse. L'être couleur pêche qui l'embrassait mordit ses lèvres, et saisit son visage à deux mains pour le rapprocher d'elle – ou était-ce lui, Jack ne se rappelait plus – sa langue s'enfonçant férocement dans sa bouche pour lui rappeler sa présence. La main taquine saisit finalement son sexe, le caressant avec dextérité en même temps que sa jumelle griffait la cuisse du jeune homme par dessus le tissu.

Perdu dans des sensations grisantes, il n'entendit pas tout de suite les cris poussés dans la rue. Ce fut le son de tirs qui attira son attention, avant qu'il n'entende une voix reconnaissable parmi mille crier :

  • Oh ! Doucement ! Ça blesse, ces choses-là !

  • Docteur? souffla-t-il, surpris.

Boum.

  • Docteur ! s'exclama-t-il en repoussant ses compagnons frustrés pour courir vers l'avenue.

Il éclata de rire en voyant l'alien remonter à toute allure celle-ci, une expression clairement agacée sur le visage. Un nouveau tir le força à se jeter derrière une petite échoppe, bientôt rejoint par un Jack hilare.

  • On a des soucis avec la police locale, Doc ?

  • Je n'ai rien fait! pesta ce dernier, irrité. Ce n'est pas ma faute si une partie du stock de l'usine a explosé ! Je ne pouvais pas savoir que le réglage de mon tournevis était dangereux !

  • Bien sûr, se moqua l'humain. Un tournevis sonique dans une usine de bouchons soniques. Qu'est-ce qui peut mal tourner ?

Le Docteur lui lança un regard blanc.

  • C'est quoi cette tenue ? Non, je ne veux pas savoir, ajouta-t-il instantanément quand l'expression de Jack se fit grivoise.

  • Dommage, vous aimeriez, commenta l'intéressé avant de jeter un coup d'oeil par dessus le stand. Maintenant! hurla-t-il en saisissant sa manche, l'entrainant avec lui dans l'avenue, son autre main saisissant ce qui ressemblait suspicieusement à une pastèque couleur arc-en-ciel pour la lancer en plein dans le visage d'un garde.

  • Joli tir! cria le Docteur en l'imitant, avant de prendre à son tour ses jambes à son cou.

Le duo remonta ainsi une partie de l'avenue, zigzaguant et plongeant entre les passants pour éviter les tirs. L'air frais rafraichit l'esprit de Jack, lui faisant prendre pleinement conscience du ridicule de la situation.

  • Par ici! appela son compagnon d'infortune en s'engouffrant dans une petite ruelle à droite, avant d'immédiatement tourner à gauche puis de nouveau à droite.

  • Minute! cria Jack, essoufflé.

Il se laissa tomber contre un mur, épuisé. Il avait dansé des heures, que diable, et pas seulement sur la piste dédiée.

  • Debout ! Pas le temps de dormir! le pressa le Docteur en l'attrapant par le bras.

  • Laissez-moi mourir en paix, ok? râla-t-il en cherchant en vain son souffle.

Sa poitrine le brulait, et sa vision était emplie de points noirs.

  • Je crois qu'on les a semés, murmura l'alien avant de finalement noter son état et poser sa main sur son épaule. Ça va ?

  • Merci de vous inquiéter maintenant.. je survivrai.

  • Désolé.. J'oublie souvent que vous autres singes n'avez pas les mêmes capacités respiratoires.

  • Je vous ferai savoir que mes poumons vont très bien, merci, répliqua l'humain en se redressant. Ils me l'ont prouvé il n'y a pas si longtemps que cela.

  • Je n'ai rien entendu, grommela le Doc en roulant des yeux.

  • C'est toujours ainsi ? Courir, fuir, les tirs, les pastèques ?

  • Les pastèques sont accessoires, mais oui, une grande partie consiste à courir, sourit le Gallifreyien.

  • Et c'est toujours un bordel pareil ?

  • Plus ou moins, répondit son interlocuteur, les yeux pétillants.

  • Génial !

Le sourire du Docteur s'élargit pour se faire digne du chat du Cheshire.

  • Et encore, vous n'avez toujours pas voyagé dans le temps !

  • Vous voyagez dans le temps ? Et dans l'espace ? À la fois? cria d'une voix aigue l'ancien Agent.

  • Yep. Je suis un homme complet, moi, rétorqua le Gallifreyien en bombant le torse, reniflant d'un air faussement méprisant.

  • Pourquoi ne l'avez-vous pas dit dès le départ? piailla le jeune homme en sautant sur place, tout manque d'air oublié. On y retourne !

  • Oy ! Qui donne les ordres? pesta le Docteur, mais son expression amusée démentait son ton.

Comment Jack pouvait-il ainsi alterner entre atrocement agaçant, voire insupportable, à adorable et gamin comme pas deux? C'était un mystère qu'il ne parvenait pas à résoudre, mais dont il chercherait avec ardeur la solution.

  • Dépêchez-vous! insista Jack en passant sa tête derrière le mur pour vérifier que la ruelle était saine et sauve, le geste divertissant à n'en plus finir son compagnon. Libre! s'écria-t-il en commençant à partir vers la droite.

Une toux le fit s'immobiliser. Se retournant, il découvrit le Docteur, appuyé contre le mur les bras croisés,qui le fixait.

  • Vous allez quelque part ?

  • Au TARDIS, répondit Jack avec évidence.

Le Docteur pointa le doigt dans l'autre direction.

  • Oh.

  • On se perd dans les rues, Harkness ?

  • Avec vous ? Toujours.

  • Couché, garçon, grommela-t-il d'un ton qu'il aurait voulu sévère mais qui échoua lamentablement.

Diantre. Ce gosse lui faisait perdre toute crédibilité.

  • C'est une invitation, Doc ? Parce que ça y ressemble fortement pour moi. Vous n'avez qu'à demander, vous savez, commenta le jeune homme en se rapprochant dangereusement. La prochaine fois que vous me dites ça, ne vous étonnez pas de me retrouver nu dans votre lit.

Le Docteur vira rouge pivoine. Avant qu'il n'ait pu châtier correctement l'impudent – saleté de petit con du 51ème siècle- un grondement semblable à une armée de rhinocéros lui fit tourner la tête. Le Docteur plissa le nez, ennuyé.

  • Damn.. Je ne pensais pas qu'ils nous retrouvaient si vite.

  • Quoi, ils arrivent ? se plaignit le capitaine. Mais on est occupé !

Un sourire s'étala sur le visage du Docteur, avant qu'il ne lâche un mot, un seul mot :

  • Courrez.


choup37  (17.08.2017 à 17:13)

Chapitre 22

 

La porte se referma juste à temps pour recevoir une pluie de balles. Jack se laissa tomber contre le battant, hilare, alors que le Docteur courrait déjà vers la console.

  • Et voilà ! À l'abri dans le vortex! s'exclama-t-il en abaissant un levier.

  • Qu'est-ce que vous avez encore fait? interrogea Rose, appuyée sur un des piliers.

Le ton blasé qu'elle employait indiqua à Jack à quel point ce genre de situation était monnaie courante pour le duo.

  • Oy ! Qui dit que j'ai fait quelque chose? s'insurgea l'alien.

Rose haussa un sourcil.

  • Bon... J'ai peut-être fait exploser un morceau d'usine.. mais ce n'était pas mon intention! se défendit-il immédiatement.

  • Bien sûr, se moqua-t-elle.

Le Docteur croisa les bras, son expression boudeuse. La jeune fille sourit, de ce sourire qu'elle seule savait faire avec sa langue.

  • Alors, on va où ? Qu'est-ce qu'on fait ?

La question eut le mérite de faire revenir un sourire sur le visage du Docteur.

  • Terre ! 1928!

  • Qu'est-ce qu'il y a sur la Terre en 1928? interrogea sa compagne en le regardant commencer à pousser des boutons.

  • Un des meilleurs jazzmen de tous les temps !

  • C'est un peu large ! Il y a moyen d'être plus précis ?

  • Ignorante ! La Nouvelle-Orléans !

  • Louis Amstrong ? Vous nous emmenez voir Louis Amstrong? cria Jack d'une voix aigue.

  • Qui? demande Rose.

  • Sérieusement? Mais tu viens d'où pour ne pas le connaître? C'est un dieu! L'un des plus grands musiciens de tous les temps ! On le joue toujours au 51ème siècle !

Rose lui lança un regard blanc.

  • Laissez tomber, Jack, elle vient d'un coin paumé de Londres, sa référence musicale c'est Madonna, se moqua le Docteur. Il faut tout lui apprendre.

  • Oy! s'insurgea la blonde.

  • Mais ils vous apprennent quoi à l'école? s'indigna le capitaine.

  • Rien d'utile, répliqua la jeune fille vexée.

  • Louis Amstrong, né le 4 aout 1901 à La Nouvelle-Orléans en Louisiane, commença à raconter le Docteur en tournant un écran sur laquelle s'affichait l'image d'un bel homme noir vêtu d'un costume gris et armé d'une trompette. L'un des créateurs du jazz tel qu'on le connait, son ambassadeur dans le monde entier pendant près de quarante ans. Aussi l'un des premiers noirs américains à avoir eu accès à des couches sociales normalement alors réservées aux blancs.

  • Mon prof d'Histoire nous a parlé de cette époque.. C'était plein de racisme, encore, non ?

  • Oui, c'était la pleine époque, confirma le Docteur.

  • Je n'ai jamais compris le principe, pesta Jack. Pourquoi la couleur de peau était un problème ?

  • Ils sont cons, répliqua simplement la blonde. Et à ce moment-là, encore plus, apparemment.

  • Mais on s'en fout de la couleur de peau ! J'ai couché avec des espèces roses, noires, multicolores, sans couleur, caméléons, ça n'a rien changé à mon orgasme !

Un blanc. Les lèvres du Docteur s'étirèrent en un franc sourire, alors que Rose explosait de rire, avant de s'effondrer dans le fauteuil du pilote en se tenant les côtes.

  • Ça doit être intéressant les débats culturels au 51ème siècle, hoqueta-t-elle finalement. Il faut tellement que tu rencontres ma mère.

  • Oh non non non ! S'exclama le Docteur. Harkness et Jackie Tyler dans la même pièce? Plutôt mourir !

  • Elle l'adorerait, commenta la blonde.

  • Je n'en doute pas, grommela le Seigneur du temps. Un peu trop, je pense.

  • Non mais sérieusement ! Je jure que je ressortirai cette phrase un jour ! C'était culte !

Jack lui lança un regard perplexe.

  • Qu'est-ce que j'ai dit ?

  • Et il continue en plus … Jack, je t'adore, rit-elle en venant le prendre dans ses bras.

  • J'ai droit à un bisou? demanda le capitaine avec son sourire ravageur, clairement ravi.

  • Demandé si gentiment, commenta-t-elle avant de venir l'embrasser sur la joue. Doc, pourquoi 1928, du coup ?

  • C'est à ce moment-là que Louis a commencé à prendre son envol. Il a enregistré plusieurs classiques à cette période, expliqua le Seigneur du temps. C'était avant sa blessure aux lèvres et la crise des orchestres. Juste parfait !

  • Je vous adore, Doc! s'exclama Jack qui relâcha Rose pour sauter sur place, clairement surexcité. Je pourrai vous embrasser !

  • Ça ne sera pas la peine, grommela l'intéressé d'un ton faussement bougon, avant de sourire quand le jeune homme le prit dans ses bras.

  • Merci ! Merci merci merci ! Je n'ai jamais pu y aller à l'Agence ! Oh ! Il faut que je me change ! Rose, toi aussi ! Vous aussi, Doc !

  • Je suis très bien dans cette tenue, moi, bougonna ce dernier avant de les pousser vers la rampe. Ne restez pas deux heures dans la penderie !

  • Pas de risque! cria Jack qui venait de partir en trombe.

Le Docteur ne put contenir un autre sourire devant son attitude. Il cherchait depuis le départ des Catio une destination légère où se rendre pour détendre l'atmosphère et remonter le moral de ses compagnons, et la conversation sur la musique de ce matin lui en avait donné une sur un plateau d'argent.

L'alien se figea, et cligna des yeux: est-ce qu'il venait de considérer Jack comme un de ses compagnons? Surprenant. Il s'était visiblement attaché au garçon plus vite que prévu. Il secoua la tête, se fustigeant: l'enfer de Taclos les avait tous marqués, en particulier Jack. C'était normal qu'il s'inquiète pour lui, et veuille s'assurer qu'il se sente bien. Cela ne voulait pas dire qu'il s'était attaché à lui. C'était toujours un morveux. Un morveux qu'il emmenait voir spécialement Louis Amstrong. Non, c'était aussi pour augmenter la culture de Rose. Pas du tout pour voir Harkness sourire. Cela n'avait rien à voir.

 

***

 

  • Je connais tous ses morceaux par cœur, expliqua Jack alors qu'ils remontaient une longue avenue. Je les ai écoutés encore et encore.. Ce type est un virtuose.

  • Et tu vas le voir en chair et en os, ajouta Rose amusée.

  • Ouiiiiiiiiiii! N'est-ce pas génial ! C'est pour ça que j'adore voyager dans le temps !

  • Pas pour mettre au point des coups foireux? commenta cyniquement le Docteur, avant de se réprimander en voyant le sourire du plus jeune se faner.

  • C'est venu après.

  • Ne l'écoute pas, fit Rose en tapant le Docteur. On est en 1928, à la Nouvelle-Orléans ! Au pays du jazz ! Profite !

La chance était d'autant plus de leur coté qu'il s'agissait d'une journée chaude et ensoleillée, telle qu'on l'imaginait dans les clichés. L'avenue qu'ils remontaient à cet instant était surplombée de bâtiments traditionnels aux briques rouges couvertes de chaume sali par la circulation. Rose avait pensé ne voir que des calèches et autres vélos, mais elle découvrit avec surprise que la voiture avait déjà commencé son apparition dans ce petit coin reculé des Etats-Unis, se mêlant paresseusement aux autres véhicules de transport.

  • Ils ont des voitures ?

  • On est en 1928, Rose, répliqua le Docteur. Ce ne sont pas des sauvages.

La blonde secoua la tête.

  • C'est juste.. je n'imaginais pas..

  • Un peu loin de l'image des calèches traditionnelles? Sourit-il.

  • Ces gens ont la mode dans la peau, commenta Jack qui n'avait rien écouté, ses yeux faisant la navette entre tous les passants qu'ils croisaient. Vous avez vu ces robes ? Et ces costumes ?

  • Comment arrivent-ils à les porter sans mourir de chaud et toujours avec le sourire ? pesta Rose chez qui la Londonienne souffrait visiblement. Je n'en peux plus !

  • Toujours à vous plaindre, commenta le Docteur. Si vous aviez une ombrelle, aussi !

  • Personne ne m'a dit d'en prendre !

  • La Nouvelle-Orléans, Rose ! Ça ne vous est pas venu à l'idée ? Qu'avez-vous appris dans vos cours de géographie?

Jack roula des yeux. Aussi sympathique pouvait-il être, le Doc était capable de se montrer incroyablement stupide parfois. Il avait juste réussi à rappeler à Rose son manque de culture générale. Et à en juger par l'expression blessée de la jeune fille, cela faisait mal.

  • Vous ne lui avez rien dit avant de sortir... alors bouclez-la, fit-il sèchement avant de s'éloigner vers un vendeur à la volette.

Quelques minutes plus tard, il revenait avec une ombrelle, qu'il tendit en souriant à Rose. L'expression ravie de son amie et celle boudeuse du Docteur valaient de l'or.

  • Vous voyez Doc ? C'est comme ça qu'on s'occupe d'une femme !

  • Merci, Jack, rit la jeune fille en le remerciant d'une bise avant de s'abriter avec soulagement des rayons ardents. Ça va, toi ? Pas trop chaud ?

  • Tu rigoles ? Il fait presque doux pour moi !

Le Docteur rangea cette précieuse information dans un coin de son esprit. Malgré le temps déjà passé ensemble, il en savait toujours bien peu sur son nouveau compagnon et ses origines. Qui était-il ? D'où venait-il ? Toutes ces questions le taraudaient, réclamant réponse.

Habitué aux fortes chaleurs. Peut-être originaire d'une planète aux températures élevées. Hypothèse d'une manipulation génétique par l'Agence pour augmenter sa résistance. Faire un check-up médical dès que possible.

  • Je ne sais pas comment tu fais ! Tous les hommes semblent avoir fait tomber la veste !

  • Oh, je peux la faire tomber aussi si tu en as envie, répliqua-t-il taquin. Peut-être également la chemise, ajouta-t-il pensif. Ce serait plus pratique pour bronzer. Je bronze naturellement, le soleil de ce coin ferait des merveilles sur ma peau.

  • Même pas en rêve, grogna le Docteur. On n'est pas dans les plantations.

  • Rabat-joie ! Je m'en vais me promener tout seul, tiens, peut-être que je trouverai des gens plus agréables ! fit Jack en lui tirant la langue.

  • Ne vous éloignez pas !

  • Oui papa !

  • Une heure ! Une heure et on se retrouve devant la cathédrale Saint-Louis!

Jack leur fit un signe de la main, déjà bien loin. Le Docteur n'était pas sûr si c'était pour indiquer qu'il l'avait entendu ou leur dire au revoir. Il siffla, frustré.

  • Harkness !

  • Laissez-le tranquille, Docteur, rit Rose. Il peut se débrouiller tout seul.

  • Je n'en suis pas si certain.

  • Oh, allez, Doc, il n'est pas stupide !

  • Laisser un type du 51ème siècle se balader seul dans la Nouvelle-Orléans de 1928.. J'ai peur du résultat.

  • Quoi, vous ne pensez pas qu'il va aller voir les sorcières? sourit Rose.

Le Docteur le lui rendit encore plus large.

  • Non, il est limité mais pas à ce point. Je vous parie qu'on le retrouve devant un verre en train de draguer le serveur.

  • Plutôt la serveuse, vu l'époque, non? le corrigea sa compagne.

  • C'est bien ça le souci. Il oublie totalement l'époque.

  • Il vous énerve, hein? Rit-elle.

  • Parfois, admit-il.

  • Tout le temps, corrigea-t-elle encore, cette fois franchement amusée.

  • Au lieu de parler de ce singe sans cervelle, on ferait mieux de continuer notre visite, répliqua-t-il, éloignant volontairement le sujet du fier capitaine. Histoire de parfaire votre culture. Vous allez adorer cette ville, Rosie, sourit-il. Elle est aussi rebelle et tenace que vous.

Les yeux de la blonde brillèrent devant le compliment. Le Seigneur du temps en était assez avare, aussi les goûtait-elle avec délice les rares fois où elle en recevait. Son ami la délecta en lui racontant maintes anecdotes et récits sur la ville, en même temps qu'ils s'y promenaient. La Nouvelle Orléans avait plusieurs siècles d'Histoire à son compte et ce n'était pas les contes locaux qui manquaient. Tous semblaient emplis de magie et surnaturel, deux éléments qui imprégnaient l'air ambiant. Rose pouvait presque en sentir l'odeur. Cette citée possédait définitivement quelque chose de particulier.

  • Des vampires ? Allons, Docteur, ça n'existe pas! rit-elle alors que celui-ci lui expliquait une croyance locale.

  • Pas sous la forme à laquelle vous pensez, évidemment, répliqua-t-il. Ils n'ont pas de crocs et ne sortent pas seulement la nuit, fit-il en roulant des yeux devant la bêtise humaine.

  • Quoi? s'étouffa-t-elle en le fixant, ahurie.

  • Dhempirs. Traduit par Upir en slave, expliqua-t-il, avant de traduire : Buveur par les dents. Les pauvres. Ils n'ont pas eu l'accueil qu'ils méritaient.

  • Qu.. quoi ? Attendez, quoi? répéta-t-elle en pilant net pour le dévisager. Les vampires existent ? Ce sont des aliens ?

  • Si vous voulez le résumer si grossièrement, oui, répliqua-t-il en roulant des yeux. Mais si on compte le nombre de siècles passés depuis leur arrivée, je les considèrerais plutôt comme des membres de la population locale.

  • Des vampires ? siffla-t-elle les yeux écarquillés. Des vampires ?

  • Vous allez le répéter des heures ou vous allez survivre? demanda-t-il amusé.

  • Oh vous ! s'exclama-t-elle en le tapant. Vous me faites une blague !

  • Pas du tout, rétorqua-t-il, outré qu'elle puisse le penser capable d'une chose aussi bassement humaine. Ils existent réellement. Peut-être aura-t-on la chance d'en rencontrer.

  • Mais comment c'est possible ? Qu'est-ce qu'ils font là? interrogea-t-elle, les yeux brillants.

  • La même chose que les autres, ils ont fui ou émigré, expliqua-t-il en haussant les épaules. Considérez-les comme des réfugiés d'une planète perdue, en quelque sorte. Ils ont eu le malheur d'arriver un peu trop tôt dans votre histoire, néanmoins, et les locaux de l'époque ne se sont pas exactement montrés amicaux à leur égard. On peut les comprendre, remarquez : des êtres aussi pales que les Dhempirs, ce n'est pas très discret. Si on y ajoute un amour pour le liquide rouge, imaginez la panique locale.

  • Mais ils ne sont pas dangereux ? Je veux dire, ils boivent du sang !

  • Plus maintenant. Enfin, si, toujours un peu, mais ils ont trouvé des substituts. Et puis ils se sont mélangés à la population, ce qui a permis à leur ADN d'évoluer.

  • Quoi, des hybrides? clarifia Rose.

  • Oy, faites attention à votre vocabulaire ! Ils sont nés d'amour comme vous ! Des métisses, corrigea sèchement le Docteur.

Rose secoua la tête.

  • Peu importe. Des vampires, répéta-t-elle. Vous venez de me faire ma journée. Comment on les reconnaît ?

  • On aurait été au XVIIème siècle, je vous aurai parlé de la peau très pale et de la sauvagerie. Aujourd'hui, c'est plus difficile. Ils se sont parfaitement adaptés à leur nouvel environnement, cela pourrait être n'importe qui.

  • Quoi, pas de crocs ou de miroir sans reflet ?

  • Pitié, épargnez-moi les clichés de Dracula, gémit-il. Elle ne put retenir un rire devant son expression. Stoker a répandu de ces idées ridicules... Vous voulez un vampire ? Cherchez un goût poussé pour la viande et le vin rouge. La meilleure manière de cacher que vous buvez du sang, murmura-t-il. Oh, et des reflets argentés dans les yeux. Un vieux reste d'ADN. Je suis sérieux! s'exclama-t-il en la voyant rire.

  • Mais vous vous verriez ! Tout sévère et concentré pendant que vous donnez votre leçon ! Vous adorez ça, hein ? Étaler vos connaissances ?

  • Vous ne vous en êtes jamais plaint, répliqua-t-il avec hauteur.

  • Nah, j'adore, fit-elle en rajustant sa prise sur son bras. C'est l'église où on a rendez-vous ? demanda-t-elle en pointant du doigt un immense bâtiment blanc qui surmontait tous les immeubles.

  • Cathédrale, corrigea-t-il. La cathédrale St-Louis. Et oui, c'est là-bas, dans.. oh, depuis dix minutes, fit le Docteur en fronçant les sourcils.

  • On est en retard? Quelle surprise, rit la blonde avant de saisir les bords de sa robe et partir en courant, aussitôt poursuivie par un Seigneur du temps mi-agacé, mi-amusé.


choup37  (16.10.2017 à 20:10)

Chapitre 23

 

Comment pouvait-elle courir avec une robe si longue? Cela dépassait l'entendement. La gente féminine était fantastique. Rose en particulier. La pensée étala un nouveau sourire sur son visage alors qu'il la rattrapait. La jeune fille s'était arrêtée à quelques mètres de la cathédrale, attirée par un petit groupe d'hommes noirs ou métisses qui chantaient et jouaient du gospel devant un public conquis.

Le Docteur haussa un sourcil en apercevant des mèches définitivement brunes s'échapper du lot. Un blanc parmi eux ? Voilà qui était inhabituel. La voix grave de l'homme s'élevait à plusieurs mètres alors qu'il chantait avec intensité le répertoire traditionnel. Le duo se rapprocha, imitant la foule qui écoutait fascinée l'inconnu.

 

He's got the whole world in his hand,

He's got the whole wide world in his hand,

He's got you an' me, sister, in his hands ♫

 

  • Jack? murmura éberluée Rose en reconnaissant leur ami.

  • Il a visiblement trouvé des amis, fit le Docteur avant de pester en recevant une tape.

  • Chut !

Jack répéta une nouvelle fois le refrain, les yeux fermés, absorbé par le son de la musique. Il dut se sentir observé, cependant, car il ouvrit les paupières. Son sourire s'élargit en apercevant le Docteur et Rose. Sans cesser de chanter, il s'avança vers eux et saisit la main de Rose, l'entrainant vers le cœur de chanteurs avant de la faire tourner sur elle-même. Tout en chantant, il commença à tourner autour d'elle, ses mains tapant le rythme.

Roulant des yeux, Rose saisit les pans de sa robe et lui rendit la pareille, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Des enfants et adolescents ne tardèrent pas à se joindre à eux, formant une petite troupe de danseurs sauvages libres de toute pudeur.

Le Docteur secoua la tête, amusé. Jack avait définitivement une belle voix. Et ses deux compagnons étaient sans aucun doute bien agréables à regarder danser. Il n'était visiblement pas le seul à le penser, car lorsque la chanson fut terminée et que les applaudissement se furent calmés, un homme s'avança vers Jack, son chapeau de feutre recouvrant des boucles dorées.

  • Tu as une bien belle voix, mon garçon. Tu es libre, ce soir ?

Jack haussa un sourcil, son regard examinant rapidement le nouveau venu. Des vêtements de qualité, des chaussures brillantes malgré la poussière, et un visage à l'apparence pompon démentie par des iris châtain à l'intensité perturbante.

  • Cela dépend pourquoi, monsieur ..

  • Kaelson. Klaus Kaelson, répliqua l'inconnu, provoquant des murmures et halètements dans la foule, les hommes retirant précipitamment leur chapeau malgré la chaleur ambiante. Mon frère Elijah et moi-même organisons une soirée de charité afin d'aider à reconstruire les quartiers détruits par l'incendie. Mais je pense que tu es déjà au courant.

Jack hocha lentement la tête, ses yeux rivés sur le bel homme. Quelque chose d'inhabituel se dégageait de celui-ci, quelque chose... d'animal. Sauvage. Il avait le sentiment qu'il ne voudrait pas lui dire non.

  • J'aimerai que tu y participes. Ta voix est magnifique et je pense qu'elle attirera beaucoup de donateurs. La femme de mon frère serait ravie de jouer en accord avec toi.

Des hoquets se firent entendre. L'invitation était clairement inattendue. Et Jack n'était pas assez stupide pour la refuser.

  • Ce serait avec plaisir, monsieur, fit-il en inclinant la tête, avant d'ajouter en lui faisant un clin d'oeil : Mais seulement si vous chantez avec moi.

Klaus rejeta la tête en arrière, un rire presque sauvage lui échappant.

  • Oh, ne t'inquiète pas, mon garçon, je serai présent. Autant pour le chant que la danse, ajouta-t-il en haussant narquoisement un sourcil circonflexe.

  • C'est bon à savoir, commenta Jack en se rapprochant. Je suis mal à l'aise, cependant : je ne suis que de visite en ville et je ne peux décemment pas abandonner mes amis, expliqua-t-il en indiquant du menton Rose et le Docteur.

  • Si c'est la seule raison qui pourrait nous priver de ta présence – et par 'nous' il entendait clairement 'moi' – ils sont invités. Écris-moi vos noms et on les rajoutera à la liste, demanda l'homme en lui tendant un carnet et un stylo ouvragé que Jack saisit avec empressement, ses mains effleurant celle de l'inconnu. Jack Harkness, Rose Tyler et le Docteur, lut Kaelson. Des immigrants, hein ? Ce sera un plaisir de vous accueillir, commenta-t-il, ses yeux faisant la navette entre les deux premiers. Tant de charme britannique en vous, mademoiselle .. j'en suis déjà envouté, souffla-t-il en saisissant sa main pour un baisemain.

  • Tout doux, grogna le Docteur en se rapprochant.

  • Oups, sourit Klaus narquois en reculant. Aurais-je touché à un bijou privé ? Je m'en excuse.

  • Rose n'est ni un bijou ni un objet, et elle n'appartient à personne, siffla le Docteur en le fixant de son regard noir.

  • Et Rose est parfaitement capable de se défendre seule sans l'aide d'aucun mâle, merci bien, répliqua la Londonienne, s'attirant un nouveau rire de Klaus.

  • Sauvage et moderne, j'adore ! Je pense que nous allons bien nous entendre. Viens à 17h à notre demeure, ordonna-t-il à Jack, sa main posée possessivement sur son bras. Tu t'y entraineras avec l'épouse de mon frère. Oh, et bien sûr, tenue de soirée obligée.

  • Ce ne sera pas un problème, souffla le capitaine, ses yeux perdus dans l'océan châtain qui lui faisait face.

S'il s'écoutait, il lui sauterait dessus maintenant. Mais il avait le sentiment que ce ne serait pas une bonne idée. Très mauvaise époque pour cela. Et lieu. Le gravier n'était pas le terrain de jeu le plus confortable.

  • Ne me fais pas attendre, grogna l'homme avant de s'éloigner.

Rose siffla.

  • Tu en fais souvent des comme ça ?

  • Hum? demanda le jeune homme, la tête clairement dans les nuages.

  • Sérieusement? fit-elle en lui saisissant le bras. Il t'a dans le nez !

Les lèvres de Jack s'étirèrent en un sourire salace. S'il jouait bien, Klaus Kaelson aurait bientôt autre chose ailleurs. Le Docteur le tira de ses pensées en le saisissant par le bras pour mieux l'entrainer à part.

  • De toutes les personnes possibles.. il fallait que vous choisissiez un des notables de la ville !

  • Notables? répéta Rose sans comprendre.

  • Riches, si vous préférez. Les Kaelson sont une famille mythique de La Nouvelle-Orléans, ils ont construit cette ville à leur image. Et il vient de faire du pied à l'un d'eux !

  • On choisit bien ses cibles, Jack? rit Rose.

  • Sérieux, Doc ? Je me savais doué mais vous venez juste de le confirmer !

  • Harkness ! siffla ce dernier. On est en 1928 ! Ce n'est pas le moment ! Les gens d'ici sont davantage ouverts d'esprit mais n'en abusez pas !

  • Je n'en suis pas mort pour le moment, répliqua l'intéressé en haussant les épaules. Et grâce à moi, nous avons un pied dans la soirée de ce soir. Où, si je ne me trompe pas, Amstrong sera présent. S'il est aussi célèbre en ce moment que vous l'affirmez, alors ils l'ont forcément invité.

  • Une soirée, de la musique, de la danse.. que demander de plus? commenta Rose ravie.

  • Ne pas finir écharpé à cause d'un Dhempir furieux qu'on ait dragué sa femme ? répliqua le Seigneur du temps en croisant les bras.

  • Dhempir ? Ce n'est qu'une légende, Doc !

  • Continuez à y croire, grommela le plus âgé. Vous n'avez jamais rencontré leurs griffes.

  • C'en est un? interrogea sa compagne. Kaelson.

  • Bien possible. Pas certain encore. À confirmer.

  • Doc, si vous fichez la soirée en l'air à cause d'un doute …, siffla Jack.

Un reniflement lui répondit.

  • Je sais me montrer discret, moi. Pas comme certains. Vous nous avez fourni un billet d'entrée gratuit. On va tâcher de l'exploiter à fond.


choup37  (26.10.2017 à 19:52)

Chapitre 24

 

La soirée était à l'image de ses hôtes et de l'époque: classe, chic et folle. Le tout Nouvelle Orléans avait répondu présent à l'appel de la famille, pour le plus grand plaisir de celle-ci, un peu moins du Docteur qui se sentait étouffer dans cette foule. Cette régénération n'aimait pas les endroits bondés, et ce soir ne faisait pas exception. C'était le prix à payer, néanmoins, pour mener sa petite enquête et rencontrer l'objet de leur voyage.

Pour sa part, Rose semblait goûter pleinement le moment : appuyée contre la colonne surplombant le vaste escalier, elle dévorait des yeux la pièce, scrutant chaque personne et enregistrant chaque détail, sa mémoire se remplissant de nouveaux souvenirs inoubliables. Le Docteur sourit devant son enthousiasme : c'était une des raisons pour laquelle il aimait voyager avec du monde. Leur faire découvrir les merveilles de l'espace et du temps. Rose n'avait jamais eu réellement la chance d'étudier, mais elle en apprenait davantage en un soir qu'en plusieurs années.

  • On s'amuse? demanda Jack en revenant avec des coupes de champagne.

  • Totalement! J'adore! C'est juste.. irréel! Tous ces gens, cette musique, et les costumes! Je vais garder cette robe !

  • La robe est superbe, mais elle ne serait rien sans un corps magnifique pour la porter, répliqua Jack en jouant des sourcils.

Fidèle à la mode des années folles, Rose avait revêtu une robe noire coupée au dessus du genou, des franges retombant sur ses jambes surélevées par des escarpins. Un bandeau typique du Charleston décorait ses boucles blondes, la bande strass les emprisonnant alors qu'une plume grise surmontait son crane. Un long collier de perles blanches tombait sur sa poitrine. En tout et pour tout, magnifique, estimaient ses chevaliers servants du soir.

  • Tu n'es pas repoussant non plus, rit Rose en se cachant derrière sa coupe.

  • Que veux-tu, le costume est ma seconde peau, répliqua Jack en tirant sur ses manches d'un air faussement hautain.

Le geste augmenta le rire de Rose : Jack ne cesserait jamais de l'amuser. Son naturel léger et boute-en-train avait repris le dessus, le rendant d'excellente humeur. La perspective de chanter en public semblait l'exciter, le capitaine appréciant clairement de participer au spectacle. Le fait que Klaus y assisterait n'avait bien sûr rien à voir avec sa gaieté actuelle.

Le son d'une cuillère frappée contre un verre attira leur attention. Ils tournèrent la tête vers l'escalier pour y apercevoir leurs hôtes. L'un des hommes présents s'avança, ses mouvements aussi fluides que ceux d'un chat. Si Rose avait dû employer un mot pour le définir, elle aurait choisi «classe» : tout en lui était distingué, de sa manière de se tenir à sa façon de sourire en attendant le silence.

Comme les autres hommes dans la pièce, il portait un traditionnel costume trois pièces noir, à la seule différence que le sien semblait incorporé à sa peau tant la coupe en était parfaite. Son expression ténébreuse ne faisait qu'augmenter le contraste avec cette apparence de gentleman des temps anciens.

  • Bonsoir ! Merci à vous d'être venus si nombreux. Cette soirée ne serait rien sans votre présence. Grâce à elle, sourit-il, nous allons pouvoir reconstruire les quartiers détruits de manière durable. La brique va remplacer la terre, et la pierre la poussière.

Sa voix était douce et posée, à l'opposée de la chaleur sauvage qui avait émané plus tôt de Klaus. Ce dernier se tenait à sa droite, ses yeux rivés sur le nouveau venu. Ils étaient accompagnés de deux femmes aussi différentes que le jour et la nuit. Rose n'arrivait pas à se décider sur laquelle était la plus belle. La première était vêtue d'une longue robe rouge à la coupe sobre mais moulante dont n'émergeaient que des morceaux de peau brune. Ses cheveux étaient remontés en un chignon sévère, un diadème le seul accessoire agrémentant sa tenue.

  • Elijah Kaelson, murmura très bas le Docteur. Maitre caché de la ville. Klaus est son frère cadet. Et ce doit être leurs épouses.

  • Ce n'est pas difficile de deviner qui est marié à qui, souffla Rose. Ils sont parfaitement accordés. Sobriété contre passion.

  • Oh, je ne m'y fierais pas.. Elijah est réputé pour pouvoir se montrer aussi dangereux que son frère.

  • La blonde.. il y a quelque chose qui émane d'elle.

Le Docteur observa avec plus d'attention la seconde femme: il pouvait deviner ce qui troublait sa compagne. L'autre blonde était clairement imprégnée par la vague de sensualité et liberté de ces dernières années. Sa tenue en était une preuve : là où l'épouse d'Elijah avait choisi la pudeur, elle était tout en passion.

Sa robe courte tombait à peine mi-cuisses, révélant des jambes aussi longues que pales juchées sur des escarpins dorés. Ses épaules musclées étaient mises en valeur par des bretelles fines d'où partaient de longues franges retombant sur ses bras nus. Le tissu noir était décoré sur le devant par des sequins dorés qui dessinaient des larmes, une bande noire mettant en valeur sa taille. La partie du dessous s'ouvrait en triangle pour former une seconde couche sur la robe dont tombaient d'autres franges. Le tout était agrémenté d'un long collier de perles blanches et gants noirs recouverts de bracelets dorés. Un porte-cigarette trainait dans l'une de ses mains.

  • Fascinante, n'est-ce pas? souffla Jack. Camille O'Maley. La femme de Klaus. Définitivement pas humaine.

  • A vérifier, murmura le Docteur.

Son regard rencontra les pupilles bleu ciel de la jeune femme. Celle-ci le fixa longuement, avant de détourner la tête pour écouter son beau-frère qui venait de terminer les remerciements.

  • Passons à la partie plus agréable de cette soirée : plusieurs artistes ont répondu à notre invitation ce soir. Parmi eux, j'ai la fierté de vous annoncer la présence de Monsieur Amstrong, un jeune trompettiste qui j'en suis certain a une longue carrière à venir devant lui.

Des applaudissements saluèrent l'annonce. Le trio tourna la tête, excité, à la recherche du célèbre jazzman. Un jeune homme à la peau noire vêtu d'un costume blanc comme neige s'avança de quelques pas, avant de lever son verre vers le maitre des lieux. Le groupe le reconnut comme le trompettiste présent sur scène depuis le début de soirée.

Jack n'arrivait pas à en croire ses yeux : il était là, devant lui. Louis Amstrong. L'un des dieux du jazz. Celui qui lui avait fait aimer si passionnément cette musique. Il émanait de lui une aura puissante, quelque chose qui vous attirait vers lui sans même que vous n'en soyez conscient. Les yeux rivés sur son idole, il entendit à peine Elijah déclarer :

  • Mon épouse nous fera également l'honneur de participer. Son violon sera accompagné au chant par le capitaine Harkness, de passage en ville et qui nous a fait le plaisir d'accepter de nous rejoindre.

  • Jack, c'est toi! siffla Rose en lui donnant un coup de coude, le tirant sauvagement de ses pensées.

Tournant la tête, il s'aperçut que la foule cherchait à le localiser. Souriant, il leva à son tour son verre vers la famille, leur décochant un clin d'oeil qui fit rouler des yeux le Docteur.

  • Incurable, marmonna-t-il.

  • Jaloux, Doc ? Vous pourrez toujours nous rejoindre. Quand il y en a pour deux, il y en a pour trois.

  • Harkness ! siffla le Seigneur du temps, le bout des oreilles virant au rouge pivoine.

Jack éclata de rire devant sa réaction. Oh, il adorait le taquiner. Il était si mignon quand il faisait cela.

  • Musique! s'exclama Elijah en tapant des mains en direction de l'orchestre installé sur la petite scène.

  • Dansez, mes amis, dansez, ajouta son frère. Demain pourrait être le dernier jour.

  • Charmant, marmonna Rose.

  • On sort de la guerre, Rosie, expliqua le Docteur. Cela fait tout juste dix ans pour eux. Ce n'est rien, dix ans. Une bagatelle dans le film des siècles. Vous pouvez faire le pari que la moitié des hommes présents dans cette pièce ont combattu en Europe.

  • Un souvenir que nous tentons d'oublier en nous perdant dans l'ivresse des fêtes, commenta Elijah qui venait de les rejoindre. Une chose que vous pouvez sans aucun doute comprendre, Docteur.

  • Y avez-vous participé? ne put s'empêcher de demander Rose avant de secouer la tête. Pardon, c'était.. déplacé.

Elijah sourit.

  • Comme beaucoup dans cette région, mademoiselle. Mais n'en parlons plus. Laissez-moi plutôt vous complimenter sur votre tenue. Vous êtes magnifique.

  • Merci, rougit la jeune fille.

  • Vous-même portez à ravir le costume, ajouta un Jack souriant.

Le sourire de sa cible se fit carnassier alors qu'il amenait sa coupe à ses lèvres.

  • Flirtez-vous, capitaine ?

  • Cela vous dérange? répliqua ce dernier en se rapprochant.

  • Je suis un homme marié, capitaine. Certains pourraient trouver cela impudent.

  • Mais pas vous ?

  • Jack! siffla le Docteur mort de honte. Hote ! Marié ! 1928 !

  • Rien n'empêche sa femme de nous rejoindre, rétorqua le capitaine de son sourire salace, sans jamais quitter du regard le notable qui éclata de rire.

  • Je comprends mieux pourquoi Klaus vous a invité. Vous êtes rafraichissant, capitaine. Il y en a peu qui se permettent une telle impertinence à cette époque. Son expression se fit ténébreuse et il se rapprocha pour souffler à son oreille, de façon à ce que personne d'autre ne les entende. Je n'aurai fait qu'une bouchée de toi si je n'avais pas été marié, petit garçon. Il recula presque aussitôt, laissant un Jack rouge et au souffle court avant de tendre la main vers les escaliers. Puis-je vous présenter l'amour de ma vie, l'incomparable Gia ?

La femme vêtue de rouge saisit la main tendue en souriant.

  • Elijah, charmeur. Que vont penser nos invités ?

  • Que tu es la plus belle de toutes, répliqua son mari en embrassant le dos de sa main. Gia est une violoniste réputée. Le peu que j'ai pu apercevoir de vos répétitions cet après-midi me laissent prévoir un enchantement pour nos oreilles.

  • Ecoutez-le.. Il oublie de dire qu'il est lui-même pianiste. J'ai épousé un artiste, sourit la jeune femme.

  • Vous semblez heureux, commenta le Docteur. Une chose rare dans une époque troublée. Il leva son verre. Profitez de votre bonheur.

  • Merci, monsieur, sourit Gia.

  • Gia, amour, nos invités risquent de s'impatienter si tu continues de les priver de ton don. Nous ferais-tu l'honneur d'ouvrir cette soirée ?

  • Regardez-les, murmura Rose, les yeux brillants alors que le couple se dirigeait vers la scène. Ne sont-ils pas magnifiques ?

  • Et sexy, souffla Jack.

  • Il t'a surtout mis un vent, rit Rose.

  • J'adore quand ils ont du caractère.

  • Hum, dument noté, commenta Klaus en venant se placer à sa droite.

  • Klaus, sourit Jack en se rapprochant instantanément de lui. Tu n'es pas avec ton épouse?

  • Elle est trop occupée à discuter avec ses amies. Il indiqua du menton un petit groupe de femmes. Je préfèrerais m'éventrer que la tirer de sa conversation.

  • Je ne peux pas t'en vouloir, rit le capitaine en profitant de la lumière soudainement tamisée pour laisser glisser une main dans le bas de son dos.

Elijah avait raison : sa femme avait un talent inoui. Le violon semblait incorporé à ses mains alors que la musicienne laissait glisser la baguette sur les cordes, ses yeux clos en harmonie avec la musique. La brune joua de longues minutes, alternant morceaux calmes et passages endiablés. Les applaudissements mirent un certain temps à faiblir lorsqu'elle eut terminé, et Rose dut se retenir de siffler.

  • C'est extraordinaire! s'exclama le Docteur qui battait des mains avec enthousiasme. Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu une telle musique !

  • Attendez de voir ce que cela donne avec Jack, répliqua Klaus en poussant ce dernier vers la scène.

Celui-ci y monta avec aisance sous les applaudissements. Le Docteur roula des yeux, amusé : le garçon avait déjà conquis la foule rien qu'avec ses beaux airs.

  • Permettez-moi de me présenter, sourit ce dernier en saisissant le micro. Mon nom est Jack et j'ai l'infime honneur d'accompagner cette belle dame ce soir.

Sa voix rauque s'éleva alors qu'il entamait une balade. Le ton doux et mélancolique de celle-ci était en harmonie avec les airs lents du violon qui résonnait dans le hall. La chanson parlait – surprise – d'un amour perdu en mer lors d'une tempête. La jeune fille se lamentait de ne plus jamais voir son amant et espérait que sa mort avait été rapide et sans souffrance.

Rose sentit son ventre se tordre étrangement : Jack avait fermé les yeux, perdus dans les paroles qu'il vivait clairement de l'intérieur. Elle ignorait si c'était dû à la lumière, mais il lui sembla apercevoir une larme au coin de son œil alors qu'il prononçait les derniers mots.

  • Elle ne faisait pas partie des chansons répétées, murmura Klaus.

  • Jack aime faire des surprises, répliqua le Docteur qui pensait savoir à qui Jack pensait.

  • Il en est empli, c'est certain..

 

What is this thing, called love ?

This tiny thing, called love ? ♫

 

  • Je rêve, murmura le Docteur en secouant la tête, un large sourire éclairant son visage. Sinatra ? Vraiment ?

 

Ah, Jack eut son succès, c'est certain. Son répertoire était aussi varié que ses blagues, passant de la balade amoureuse au jazz avant de s'arrêter par le gospel. Elijah et l'orchestre s'étaient joints à lui, remplaçant la violoniste pour des instruments plus adaptés à ces nouveaux rythmes. La foule évoluait avec énergie et plaisir sur la piste, encouragée par un chanteur aux paroles taquines et au sourire contaminant. Jack était né pour faire du spectacle : sa voix chaude portait loin alors qu'il jouait avec le micro, lançant clins d'oeil et sourires sans compter.

 

You're just too good to be true
can't take my eyes off of you
You'd be like heaven to touch
I wanna hold you so much ♫

 

Rose rit en reconnaissant l'air. Celle-là, même elle la connaissait. Bon, pas sous cette forme, mais les paroles demeuraient les mêmes. Un peu provocateur même pour cette époque, mais il était impossible d'en attendre moins de Jack.

 

Pardon the way that I stare
There's nothing left to compare
The sight of you leaves me weak
There are no words left to speak

 

Le jeune homme donnait l'apparence d'observer toute la foule, mais le Docteur savait où il regardait réellement. Les yeux du capitaine étaient fixés sur leur petit groupe, son expression intense alors qu'il chantait. De lui, Rose ou Klaus, la question était de savoir quelle était sa cible exacte. Surement les trois. Cela lui semblait le plus logique du peu qu'il commençait à le connaître. Il secoua la tête, ignorant s'il devait se sentir amusé ou exaspéré. Jack avait cet effet constant sur lui.

La musique baissa alors que le couplet se terminait. Le jeune homme salua, avant de descendre de la scène, épuisé mais clairement aux anges. Il fut aussitôt assailli par la foule, désireuse de mieux le connaître.

  • Allons, mes amis, laissez-le passer, le sauva Elijah en apparaissant magiquement. Le capitaine doit mourir de soif.

  • Je ne serais pas contre une coupe, reconnut l'intéressé de son large sourire.

Leur hôte l'entraina à l'écart, bientôt rejoint par le reste du groupe. Rose sauta sur Jack, l'enveloppant de ses bras.

  • C'était génial ! Où as-tu appris à chanter comme cela ?

  • Oui, où? interrogea le Docteur.

Jack esquissa un sourire amusé.

  • J'ai eu une vie avant de vous rencontrer, Doc. Heureux que cela vous ait plu.

  • Il existe un véritable talent en vous. Ce serait une honte que vous ne l'exploitiez pas davantage.

Jack manqua s'étouffer dans son verre en reconnaissant la voix du nouveau venu. Tournant la tête, il bafouilla :

  • M.. merci, monsieur. Je chante bien, mais pas autant que vous.

Amstrong secoua la tête.

  • Je n'en suis pas si certain. La chaleur dans votre voix était envoutante. Je suis subjugué.

  • Peut-être vous et le capitaine nous offrirez un duo ce soir? suggéra Klaus.

  • Je .. Oh, Klaus, je n'en ai pas le niveau ! Ne te moque pas !

  • Mon frère ne le proposerait pas s'il ne pensait pas le contraire, interjecta le plus âgé des Kaelson. Ce serait un plaisir.

  • Jack, le réprimanda Rose. On est venu exprès pour cela. Ne sois pas stupide.

  • Foncez, garçon, sourit le Docteur en lui donnant une tape sur le bras. L'occasion ne se représentera surement jamais.

  • Depuis quand doutes-tu de tes capacités? le taquina Rose avant de réaliser à quel point le commentaire était déplacé pour le lieu et l'époque.

Heureusement pour elle, les hommes se contentèrent de rire.

  • Notre demoiselle exprime de manière quelque peu châtiée notre pensée intérieure, capitaine, commenta Elijah en finissant sa coupe.

  • Ce serait un honneur de chanter avec un jeune homme aussi doué, confirma Amstrong.

Le visage de Jack s'illumina au compliment. Entrainant le jazzman par le bras, il commença à discuter avec lui de l'air à interpréter.

  • C'est bien la première fois que je le vois si nerveux, pouffa Rose.

  • Ah, mais il se retrouve devant son idole.. Même le plus grand des hommes peut devenir intimidé, répliqua le Docteur.

  • Me ferez-vous l'honneur de cette danse, mademoiselle Tyler? demanda Klaus en fixant Rose de son regard pénétrant.

  • Uniquement si vous promettez de me laisser partir après, rit celle-ci en saisissant la main tendue.

  • Je n'en suis pas certain, sourit le notable avant de l'entrainer vers la piste.

Le Docteur les suivit du regard. Son expression inquiète n'échappa pas au maitre des lieux, qui murmura :

  • Vous n'avez rien à craindre. Klaus peut se montrer brusque et provoquant mais c'est un homme bien élevé. Il ne la touchera pas. Je ne promets rien pour le capitaine, par contre.

  • Une remarque bien déplacée pour cette époque, répliqua le Seigneur du temps, en se tournant vers lui pour le fixer de son regard pénétrant.

  • Tout aussi déplacée qu'un être à deux cœurs dans cette pièce, rétorqua d'un ton léger son hôte avant d'esquisser un sourire moqueur devant son expression. Pensiez-vous vraiment que nous ne distinguerions pas votre double rythme cardiaque ? Oh, Docteur.

  • Bien un Dhempir, donc, fit celui-ci en croisant les bras. Votre race semble s'être parfaitement intégrée à la ville. Si j'avais cru cela possible.

  • À votre ton, j'ose émettre l'hypothèse que vous ayez rencontré certains de nos cousins moins civilisés, commenta Elijah en haussant un sourcil.

  • Je déteste les griffes. Et les morsures.

Le Dhempir rit.

  • Vous les avez définitivement rencontrés. J'en suis navré. Nous ne sommes en rien comme eux, néanmoins. Nous nous sommes mêlés et fondus dans la masse depuis plusieurs siècles. Nous ne sommes pas un danger, Docteur.

  • Je sais, le rassura ce dernier. Je voulais simplement m'en assurer de moi-même. C'est un travail extraordinaire que vous avez fait, vous intégrer tous au point de devenir notables et protecteurs de cette ville. Et ce malgré votre longévité bien plus poussée qu'une vie humaine. La cité a bien évolué depuis que vous l'avez découverte boueuse et puante.

  • Le bonheur de l'électricité et des routes pavés, renifla Elijah.

  • Gia, interrogea soudainement le Docteur. Elle sait ?

  • Pourquoi cette question? se tendit le Dhempir.

  • Elle est humaine, répliqua avec évidence le Seigneur du temps.

  • Il existe de nombreuses manières d'allonger une vie, comme vous devez surement le savoir. Et si vous voulez me dire que j'ai mal choisi ma partie ..

  • Je ne m'y risquerais pas, sourit le Docteur alors que des reflets argentés apparaissaient dans les pupilles de l'être, signe de sa colère intérieure. Simplement curieux. Et étonné que vous ayez réussi à épouser une humaine. Votre frère a choisi une option plus simple. Une autre Dhempir.

Un reniflement méprisant.

  • Un reflet de son mariage. Nos choix de vie sont radicalement différents.

Le Seigneur du temps haussa un sourcil devant le mépris mais ne commenta pas, peu désireux d'interférer avec des drames familiaux. Il préféra se diriger vers la piste de danse alors que la musique se terminait, se plaçant à coté de Rose et son compagnon.

  • Puis-je ? Sourit-il poliment.

Klaus roula des yeux.

  • Je vous l'aurai rendue, vous savez.

  • Jaloux, pouffa Rose alors que le Docteur prenait sa place.

Ce dernier ne répondit pas, se contentant de placer sa main sur sa taille et l'entrainer sur le rythme de la musique.

  • Vous voyez que vous savez danser, se moqua sa compagne. Pas aussi bien que Jack, mais c'est potable.

  • Oh, alors on danse avec le capitaine ?

  • Vous n'êtes pas le seul homme dans ma vie, vous savez, souffla-t-elle en le fixant de sous ses yeux.

Le Docteur retint un grognement, une stupide vague de jalousie le saisissant sans prévenir. C'était absurde. Il n'avait aucune raison d'être jaloux de Jack. Rose n'en était pas amoureuse. Mais il était magnifique, et elle avait un penchant pour les jolis garçons..

Inconscient du tourment intérieur qu'il provoquait chez le Seigneur du temps, Jack se dirigea vers la scène, accompagné de Louis Amstrong. Son cœur battait à tout rompre alors qu'il répétait encore une fois silencieusement l'air qu'il allait interpréter. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Il ne pouvait pas.

  • Messieurs Amstrong et Harkness, déclara l'un des musiciens au micro, provoquant des applaudissements enthousiastes.

Jack déglutit avant de se tourner vers le jazzman. Ce dernier lui fit un clin d'oeil, avant d'entamer les premières notes avec sa trompette.

 

Oh, when the saints go marching in
Oh, when the saints go marching in
I want to be in that number
When the saints go marching in

Les yeux du Docteur pétillèrent devant le classique. Il envoya un sourire encourageant à Jack, qui le lui rendit avant d'enchainer, la voix plus assurée :

Oh, when the drums begin to bang
Oh, when the drums begin to bang
I want to be in that number
When the saints go marching in ♫

choup37  (23.11.2017 à 23:25)

Chapitre 25

 

Jack grogna en sentant les canines s'enfoncer dans son cou. Oh, c'était tellement bon. Il ne pensait pas s'en lasser un jour. Son amant continua de jouer avec la peau fine de son cou, laissant des traces rouges dans son sillage en même temps qu'il venait et allait en lui. Jack ferma les yeux, ses bras enroulés dans son dos le maintenant fermement contre lui. Il gémit lorsque Klaus accéléra brusquement ses mouvements, un son qui se transforma bientôt en cris enthousiastes alors que le plaisir brûlait chaque parcelle de son corps. Le Dhempir gronda, une fine pellicule rouge recouvrant lentement ses pupilles au fur et à mesure qu'il les menait vers le sommet. Le couple vint en criant, et se laissa retomber lourdement sur le matelas, le souffle court.

  • Bordel …

  • Assez, oui, fit Klaus en regardant les draps salis avant de tendre la main vers la table de chevet pour saisir un tissu et nettoyer son ventre.

Jack esquissa un sourire moqueur devant son geste.

  • Tu sais que c'est totalement inutile ? Qu'il faudra bientôt recommencer.

  • Ne critique pas les habitudes d'un homme, répliqua Klaus en venant le recouvrir de nouveau.

Le jeune homme rit, et l'attira à lui pour un baiser tendre. Celui-ci se fit bientôt passionné, chacun bataillant pour dominer l'autre. Leurs ébats avaient duré toute la nuit, depuis le moment où Klaus l'avait attrapé pas si discrètement par la manche après sa dernière prestation sur scène. Lui et Louis avaient joué une partie de la soirée, parfois seuls, parfois à deux, toujours avec passion. Klaus l'avait attaqué dès qu'ils avaient été seuls dans le couloir, le torturant contre un mur avant de le pousser dans la première chambre venue. Le Dhempir s'était montré aussi sauvage qu'attentionné, le comblant sans aucun doute. Leur échange avait été libérateur, permettant au capitaine d'exprimer ses démons sans crainte de le blesser.

D'un coup de hanches, Jack inversa leurs positions, ses mains attrapant déjà les poignets de son amant pour les pousser vers les barreaux.

  • D'habitude, c'est moi qui les attache.

Le duo se retourna brusquement, pour apercevoir Camille sur le pas de la porte. Jack se sentit saliver devant le spectacle offert par la blonde : celle-ci avait retiré sa robe pour enfiler une nuisette à bretelles en partie transparente qui ne laissait presque aucune place à l'imagination. Ses boucles blondes tombaient sans aucun contrôle sur ses épaules, rehaussant la paleur de sa peau qui, comme Jack nota depuis son esprit embrumé, était ornée de ci de là de marques violettes. La jeune femme s'avança, refermant la porte derrière elle, et Jack nota enfin la cravache qu'elle tenait en main.

  • Cela vous gêne si je me joins à vous ?, demanda-t-elle en haussant un sourcil, son regard bleu les détaillant de haut en bas sans bouder son plaisir.

  • Ah non, pas du tout! s'exclamèrent avec enthousiasme les deux hommes.

Camille esquissa un sourire purement diabolique. Oh, il aimait tellement cette époque.

 

***

 

Le Docteur roula des yeux en voyant Jack descendre les escaliers, accompagné du couple d'enfer. Le jeune homme semblait positivement satisfait de lui-même, une expression orgueilleuse dévorant tout son visage. Pas besoin d'être un devin pour savoir où il avait passé la nuit. Et avec qui. À côté de lui, Rose contint à grand peine un pouffement. Elle avait le sentiment que ce genre de scène allait se répéter très souvent à l'avenir. La blonde lança un regard appréciateur à Klaus, qui en retour lui rendit un sourire bestial.

  • Bonjour tout le monde, lança le Dhempir au groupe. Il reste de la marmelade ?

  • Tu planifies de terminer tout le pot ? Dans ce cas, non, il n'en reste pas, répliqua son frère.

  • Qu'est-ce que j'ai encore fait pour que tu tires la gueule dès le matin ? À moins que ta nuit n'ai pas été satisfaisante, commenta son frère en le fixant, taquin.

  • Ma nuit a été parfaite, merci bien. La tienne aussi, visiblement.

  • Excellente, merci de demander, rétorqua Klaus en passant un bras autour d'un Jack amusé. Le réveil aussi.

  • Je me passerai des détails, merci, grogna l'ainé en avalant son thé alors que sa belle-soeur s'asseyait de l'autre coté de Jack. Cami, pas à table.

Le Docteur s'étouffa dans sa tasse.

  • Au moins, il est mignon, commenta Gia d'un ton badin, les yeux rivées sur son journal. Ils ont remonté leurs critères. Parce que le dernier ..

  • Oh, je ne suis pas le seul? s'exclama Jack en portant la main à son cœur, faussement blessé. Me voilà meurtri. Je suis certain qu'un baiser guérira mon cœur.

  • Je suis sûr que cela marcherait, répliqua Elijah en lui renvoyant un sourire de loup. Mais un baiser de qui ?

Le groupe pouffa en voyant Jack virer rouge pivoine.

  • J'aime vos petits-déjeuners, commenta Rose en mordant dans sa tartine. Ils ne doivent jamais être ennuyeux.

  • Oh, ils ne font que s'échauffer, répondit platement Gia.

Cette fois, Rose explosa de rire. Le son fit sourire ses voisins, détendant l'atmosphère. Personne ne pouvait bouder trop longtemps en présence de Rose.

  • Et vous, Doc ? Vous avez passé une bonne soirée? demanda Jack, un sourire charmeur aux lèvres.

  • Ne m'appelez pas Doc! Et oui, excellente! Louis est vraiment l'un des meilleurs trompettistes de tous les temps. Cette façon qu'il a de jouer avec son instrument, c'est ..

  • Indécent ? Répliqua le capitaine, provoquant de nouveaux fous rires et un Seigneur du temps aussi rouge qu'une tomate.

  • Pas comme ça ! Pourquoi vous rapportez toujours tout à ça?

  • Quoi, moi ? C'est vous qui me provoquez tout le temps !

Rose laissa tomber sa tête contre la table en les entendant se chicaner à nouveau. Ça aussi, elle sentait qu'elle allait devoir s'y habituer.

  • Ils sont mariés ? Souffla Cami à son oreille.

La jeune fille s'étouffa dans son verre, avant de pencher la tête en arrière, son rire résonnant de nouveau. Le duo lui lança un regard perturbé, presque outré d'être interrompu.

  • En cours, répondit-elle avec sarcasme en jouant de ses sourcils à leur intention.

Le Seigneur du temps la fixa d'une expression placide, comme s'il devinait ses pensées.

  • Un admirateur de Monsieur Amstrong, donc, Docteur? demanda Elijah comme s'il ne s'était rien passé, bien qu'un fin sourire trahisse son amusement.

  • Qui ne le serait pas? répondit-il, soulagé qu'au moins une personne autour de cette table possède encore quelque décence. Son jeu est extraordinaire, sa dextérité fantastique! s'exclama-t-il avec un large sourire.

  • Je suis heureux que vous l'appréciez. Vous pourrez discuter plus longuement avec lui si vous le désirez cet après-midi, nous l'avons invité à partager le thé.

  • Fantastique ! Merci !

Le petit cri enthousiaste de Jack se superposa à l'exclamation du Docteur. Ce fut le tour de Rose de rouler des yeux, son amusement ne faisant que croitre: ces deux-là se ressemblaient tellement, bien plus qu'ils ne voulaient l'admettre. Elle s'amusait tellement à les voir interagir, c'était comme regarder une des séries télévisées dont sa mère était fan. La jeune fille étouffa un petit rire à cette pensée. Le Docteur la tuerait s'il l'entendait dire cela à voix haute.

 

***

 

La jeune fille et le Docteur passèrent le reste de la matinée à se promener dans La Nouvelle-Orléans, Rose prenant des cours accélérés d'architecture et histoire locale. Le capitaine ne s'était pas joint à eux, préférant suivre l'invitation de Klaus pour une balade à cheval dans la campagne aux alentours. Bien sûr qu'il avait accepté de l'accompagner, pensa Rose. La tension sexuelle entre ces deux prédateurs était étouffante. On était en 1928, néanmoins, et bien que l'éducation des Dhempirs était clairement plus ouverte que celle des humains d'alors, ils devaient toujours se conformer aux normes de leur époque, forçant les deux hommes à se cacher loin de la vue de tous.

Lorsque le Docteur et Rose rentrèrent dans la petite cour de la maison familiale, ce fut pour y découvrir le duo de l'enfer affalé sur un canapé, le bras de Jack enroulé possessivement autour du cou de Klaus en même temps qu'il expliquait avec enthousiasme une anecdote. Si le Docteur en jugeait aux rires de l'assistance, celle-ci avait marqué son point.

  • Doc ! Dokidoc ! Je me demandais si vous reviendrez parmi nous ! Je vous pensais perdu dans les rues de la belle ville, seul avec Rosie..

  • Harkness, grogna le Seigneur du temps.

  • Vous vous êtes amusée, Rosie de mon cœur? demanda Jack en se poussant pour lui faire une place.

  • Autant que vous, visiblement, commenta la blonde en haussant un sourcil narquois.

  • Ne le lancez pas, pesta le Docteur.

Mais qu'est-ce qui lui avait pris d'accueillir ce morveux à bord ? Il déteignait sur Rose et était en train de la pervertir. S'il ne prenait pas garde, il ramènerait bientôt ses conquêtes sur son Tardis. Un frisson d'horreur le parcourut à cette pensée.

  • Ne vous offensez pas, Docteur. L'attitude de votre ami est rafraichissante, sourit Gia.

  • Un peu trop, justement, maugréa-t-il.

  • J'espère que vous n'allez pas tirer la gueule comme ça quand Louis viendra cet après-midi, ou je vous enferme dans une chambre! grommela Jack, sa bonne humeur disparaissant lentement.

L'expression du Docteur s'éclaira à ce rappel.

  • Est-ce qu'il jouera? demanda-t-il en tapant ses cuisses de ses mains. J'adore quand il joue !

Le groupe cligna des yeux devant le soudain changement d'humeur. Une seconde il était prêt de bouder, la suivante il piaillait comme un enfant. Jack lança un regard perturbé à Rose, qui haussa les épaules, blasée. Elle avait vu cette attitude se répéter maintes fois depuis qu'elle était montée à bord du Tardis. C'était un des charmes du Docteur, ou, selon le jour, ce qui le rendait incroyablement agaçant.

  • Et vous, Docteur? demanda Camille. Jouez-vous d'un instrument ? Vous qui semblez apprécier la musique à son juste niveau.

Le regard du Docteur se fit nostalgique.

  • La guitare, à une époque.. Mes mains étaient habiles en ce temps, mais j'en suis incapable maintenant, se lamenta-t-il en les fixant avec tristesse.

  • Oh, je suis sûr que vous réussiriez de nouveau avec un peu d'entrainement, répondit gentiment Jack en se penchant pour serrer son bras.

Le Docteur lui rendit un sourire mélancolique. Il ne pouvait pas lui expliquer que ce n'était pas exactement lui qui en avait joué, mais une ancienne incarnation. Sa septième, si vous vouliez être précis. Un souvenir depuis longtemps endormi se réveilla, et il ajouta sans réfléchir :

  • Je jouais des cuillères aussi. Une autre époque.

  • Vous quoi ?!

Le cri avait été commun, mélangé à des rires d'incrédulité. Le sourire du Seigneur du temps se fit taquin alors qu'il répliquait :

  • Tant de résonance dans les cuillères, tant de profondeur... un vrai plaisir à manier.

Jack s'étouffa dans sa tasse. Il le faisait exprès, ce n'était pas possible.

  • Je veux voir ça, affirma-t-il.

  • Oh, moi aussi, fit Klaus en faisant signe à une servante. Amène-nous un lot de cuillères, de toute taille.

  • Allez Docteur ! Montrez-nous, rit Rose. Parce que là, j'avoue que je ne vous crois pas !

L'homme à la veste de cuir croisa les bras, faussement blessé, avant de grogner malicieusement quand sa compagne le tapa sur le bras.

  • Vous n'obtiendrez rien en me battant, vous savez.

  • Et si je dis s'il vous plait? susurra la blonde en battant des cils.

  • Bonne fille, grogna une nouvelle fois le Docteur.

La main de Jack se contracta sur l'épaule de Klaus, son sexe palpitant dangereusement.

  • Ils vont me tuer, souffla-t-il à son amant qui pouffa.

  • Ils sont toujours ainsi? lui demanda ce dernier très bas, sa main se glissant déjà vers sa cuisse.

  • Pire ..

  • Tu n'as jamais essayé de te joindre à eux ?

  • Ce n'est pas faute..

Inconscients de l'image qu'ils renvoyaient, le couple continua à se chamailler joyeusement quelques minutes encore, jusqu'à l'arrivée des fameuses cuillères. Et le groupe ne fut pas déçu : le Docteur maitrisait toujours correctement la base du jeu, permettant une démonstration aussi amusante que pédagogique. Les applaudissements furent sincères, et les rires chaleureux. C'est dans cette ambiance festive que débarqua Louis Amstrong, accompagné de son éternelle trompette.

  • Louis ! Entre, entre! s'exclama Klaus en se levant pour accueillir le nouveau venu.

Jack s'étouffa une nouvelle fois dans sa tasse, et se leva précipitamment, tirant nerveusement sur ses manches sous le regard amusé de ses amis.

  • Bien le bonjour, Monsieur Kaelson, sourit le musicien. Vous semblez en forme, davantage que ce que l'on peut attendre après une soirée aussi longue.

  • J'ai pu me reposer longuement, rit Klaus en l'entrainant vers le groupe. Assied-toi. Veux-tu boire quelque chose ?

  • Avec plaisir, accepta le musicien, étrangement à l'aise dans ce décor bourgeois.

Le Docteur fut surpris de le voir s'acclimater si facilement : il était évident que ce n'était pas la première fois qu'il rendait visite aux Kaelson.

  • Capitaine, je suis heureux de vous revoir, fit Amstrong en serrant la main d'un Jack aux anges.

Rose se demanda si des ailes n'allaient pas pousser dans le dos de ce dernier tant il était heureux. Elle rougit lorsque l'artiste la salua d'un baisemain, comme les autres dames de la maison. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec le baisemain à cette époque ? Non pas qu'elle s'en plaignait, cela la changeait agréablement de son époque. Ce n'était pas Mickey qui se montrerait si galant, ah.

  • Alors, Louis, où en sont vos compositions? interrogea Gia. La dernière fois que nous en discutions, vous étiez frustré. Vous affirmiez que votre dernier morceau ne vous plaisait pas, qu'il manquait de dynamisme.

  • Vous êtes en pleine création? interrogea le Docteur, les yeux brillants aussi fort que ceux de Jack qui observait son idole la bouche semi-ouverte.

  • Je tente, répondit modestement le jeune homme.

  • Écoutez-le ! Muggles est un chef d'oeuvre ! Et que dire de Fireworks! protesta Camille.

  • Des classiques! s'exclama le Docteur.

  • Vous exagérez.. Je ne les joue que depuis quelques mois.., sourit Louis.

  • Ils sont déjà connus de tous ! Vous deviendrez célèbre, Louis, affirma le Seigneur du temps en serrant son bras.

  • Peut-être, peut-être pas, répondit le musicien en haussant les épaules. Je suis déjà chanceux de pouvoir vivre de mon art. Je vous dois tout, ajouta-t-il en inclinant la tête vers Elijah qui secoua vigoureusement la sienne.

  • Tu dois ta chance à ton talent, je n'ai fait que te remarquer.

  • Un bon patron peut aider en ces temps difficiles, nota doucement Jack, son expression semblable à celle d'un enfant en plein rêve.

  • Mais un artiste n'est rien sans une muse, répondit Amstrong en lui souriant.

Le si assuré capitaine changea de couleur, avant de bafouiller pitoyablement. Rose et le Docteur n'étaient pas en meilleur état, leurs yeux écarquillés fixant le duo. Jack secoua la tête, et réussit à rassembler suffisamment de neurones pour demander :

  • Je... quoi ? Moi ? De quoi ? Je ne suis pas votre muse !

  • Il semble que si, commenta Gia amusée.

  • Mais .. pourquoi ? Je n'ai rien fait !

  • Vous plaisantez ? Je n'ai pas entendu une voix aussi magnifique que la vôtre depuis des années !, protesta le trompettiste.

Jack rougit violemment. En temps ordinaire, il aurait rétorqué d'une réplique salace, mais que le compliment lui vienne de Louis Amstrong en personne lui faisait perdre toute assurance.

  • Et grâce à vous, Jack, j'ai enfin réussi à écrire une nouvelle composition, ajouta ce dernier en saisissant son instrument.

Le jeune homme sentit les larmes lui monter aux yeux en entendant les notes s'élever. Il reconnut sans peine la musique. West End Blues. L'un des morceaux de jazz les plus célèbres de l'Histoire. La main plaquée sur la bouche, il écouta les yeux écarquillés Louis jouer, regardant incrédule les doigts de ce dernier voler sur la trompette.

Un long silence tomba lorsque celui-ci reposa son instrument, attendant tendu la réaction de la petite foule. Cette dernière avait les yeux rivés sur Jack, qui pleurait abondamment. Se levant précipitamment, il se jeta dans les bras du musicien, le serrant contre lui avec force.

  • Merci … merci, murmura-t-il au milieu de ses hoquets.

  • Merci à vous, rectifia Amstrong en lui rendant l'étreinte. Vous avez augmenté l'étendue de mon inspiration.

  • La boucle du voyageur temporel, souffla très bas le Docteur, les yeux brillants.

  • La quoi? murmura Rose qui observait la scène, un sourire illuminant son visage.

  • Provoquer soi-même un événement historique... Cela m'est déjà arrivé plusieurs fois, avec beaucoup de musiciens aussi, d'ailleurs, mais j'adore en vivre.

  • Pas seulement un observateur, alors ?

  • Dans la majorité des cas, si.

  • Tout est dans le mot 'majorité', le taquina Rose alors que le petit groupe applaudissait copieusement le musicien.

Louis continua à les ravir de sa musique une partie de l'après-midi, Jack se joignant parfois à lui. Rose avait fini par fermer les yeux, blottie contre le Docteur qui l'enveloppait de son bras. Elle avait décidé qu'elle aimait le jazz, en particulier si cela signifiait Jack qui chantait. Celui-ci s'était prêté à de nombreuses improvisations avec son idole, son visage illuminé par le soleil mettant en valeur sa jeunesse.

  • Je vais devoir vous quitter, s'excusa finalement le musicien en début de soirée. Ma famille m'attend.

  • Bien sûr … Je vais te faire raccompagner, les rues ne sont pas sures à cette heure, répondit Elijah en serrant sa main.

  • Tu as intérêt à vite revenir, commenta son frère. Gia va devenir insupportable si elle ne te revoit pas bientôt, taquina-t-il sa belle-soeur, mais son sourire démentait toute méchanceté.

  • Ce sera avec plaisir, comme toujours, répondit Amstrong amusé. En particulier si cela signifie revoir Monsieur Harkness.

L'expression de Jack se fit chagrine.

  • Je ne suis que de passage, malheureusement .. Nous repartons bientôt.

  • Vraiment? demanda Rose en haussant un sourcil, le fixant de ses grands iris marron.

  • Vraiment, confirma le Docteur. Mais rien ne vous force à revenir avec nous, Jack. Vous pouvez rester ici.

Il le fixa d'un air interrogateur, lui demandant silencieusement ce qu'il désirait faire. Si le garçon voulait rester ici, il ne l'en empêcherait pas. Il pouvait clairement trouver le bonheur dans cette maison.

Le plus jeune secoua la tête.

  • Vous savez bien que non.. Ce n'est qu'un doux rêve.

Ce n'était pas son foyer. Cela ne le serait jamais. Il n'y avait pas de place pour lui dans cette demeure, pas sur la durée. L'expression peinée de Klaus contrastait avec celle en partie soulagée de Rose, lui laissant un goût mitigé dans la gorge.

  • Cela a été un honneur de vous rencontrer, monsieur, fit-il à l'intention d'Amstrong à qui il serra fermement la main.

  • Vous aussi, Jack. N'arrêtez jamais de chanter ni danser.

  • Soyez sans crainte, répliqua le capitaine avec un sourire narquois. Je ne compte pas stopper.

Une ombre hésitante passa sur son visage, avant qu'il ne saisisse le visage du musicien de sa main et se penche pour déposer un baiser chaste sur ses lèvres. Le trompettiste haussa un sourcil mais ne le repoussa pas, un petit sourire étirant sa bouche. Le capitaine le regarda partir le cœur battant, ses yeux étincelants aussi forts que les derniers rayons de soleil.

  • Amstrong, hein? commenta le Docteur en venant se tenir à coté de lui. Vous allez tous me les faire ?

  • Bien possible..

  • ça va? demanda gentiment le Seigneur du temps.

Il hocha la tête, avant de murmurer, perturbé :

  • Vous m'avez appelé Jack.

Le Docteur haussa un sourcil.

  • Et ?

  • C'est la première fois que vous m'appelez par mon prénom.

  • Peut-être est-ce la première fois que vous le méritez.. Vous êtes certain de ne pas vouloir rester ?

Le jeune homme secoua la tête.

  • Je n'appartiens pas à ce temps. Il n'y a pas de place pour moi ici.

Avant que le Docteur n'ait pu protester que cela ne tenait qu'à lui, Jack se détourna pour faire face à Klaus qui le saisit par le bras.

  • Reste, murmura ce dernier.

  • Je ne peux pas, répliqua doucement le capitaine en saisissant tendrement son visage pour le caresser du bout des doigts.

  • Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'en empêche ? Surement pas nous ! Seul le silence lui répondit. Je le savais.. tu es trop sauvage pour cela.. Tu ne peux pas rester enfermé … On se ressemble sur ce point, souffla le Dhempir avant de saisir à son tour son visage pour l'embrasser férocement.

Jack le lui rendit avec une force égale, s'agrippant à ses boucles blondes aussi longtemps qu'il le pouvait sans avoir à rompre le baiser pour respirer. Lorsqu'il recula finalement, ce fut pour poser son front contre celui de son ami, les yeux clos dans une veine tentative de faire perdurer ce moment.

  • Au revoir, souffla-t-il.

  • Adieu, rectifia tristement Klaus.

Les lèvres de Jack se tordirent. Il ne pouvait pas nier. Il n'existait que très peu de chance qu'il revienne.

  • C'est visiblement l'heure des adieux, commenta Camille en venant serrer la main de Rose, imitée par Gia.

La jeune fille sourit en voyant son ami effectuer pour sa part le baisemain traditionnel, et ce bien qu'elle devinait son malaise intérieur. Le Docteur n'était pas très doué avec les conventions sociales, il se montrait même très souvent totalement déphasé au milieu de groupes. Jack se sépara avec réticence de Klaus, reculant pour se tourner vers le maitre de maison qui avait observé la scène sans un mot.

  • Merci pour votre hospitalité, fit-il en se placardant un sourire sur le visage, la main tendue.

Elijah haussa un sourcil, avant de se rapprocher et murmurait de sa voix brulante dans son oreille :

  • Quoi, je n'ai pas le droit à un baiser d'adieu ?

Jack écarquilla les yeux. Il avait bien entendu ce qu'il pensait ? Son souffle se fit soudainement très court lorsque le plus vieux des Dhempirs vint saisir son visage pour l'embrasser avec passion. Des petits cris et sifflements s'élevèrent dans l'assistance féminine, alors que Jack sembla s'élever du sol, battant frénétiquement des bras.

Lorsqu'Elijah recula, un sourire orgueilleux rivé sur ses lèvres charnues, ce fut pour laisser un Jack aux joues rosies par le plaisir et clairement la tête dans les nuages.

  • Bon voyage, petit garçon, murmura l'être en le fixant de son regard pénétrant.

Le commentaire fit rougir l'intéressé jusqu'à la pointe des oreilles. Il ne pouvait juste pas se retenir. Si Klaus était la sauvagerie, le contrôle qu'exerçait en permanence son frère sur lui-même le rendait horriblement séduisant. Il ne pouvait que rêver de ce que cela signifiait au lit. Le capitaine se lécha les lèvres, se sentant déjà durcir juste à cette pensée.

Une petite toux l'en arracha. Le Docteur le fixait, les bras croisés, une expression totalement blasée sur le visage. Un sourire terriblement satisfait de lui-même rivé à ses lèvres, Jack les rejoignit, se sentant plus heureux qu'il ne l'avait été en une longue période.


choup37  (23.11.2017 à 23:27)

Chapitre 27

 

Jack gémit en sentant les mains calleuses le saisir par les épaules pour le redresser, le rapprochant du corps brûlant collé au sien. Les coups de hanches augmentèrent, se faisant de plus en plus en rapides alors qu'il haletait, montant et descendant en rythme avec le Seigneur du temps qui ne lui accordait aucun répit. La bouche de celui-ci vint dévorer son cou, le laissant couvert de marques qui mettraient des jours à s'effacer.

Jack avait fermé les yeux, s'abandonnant aux attaques de Docteur. Ce dernier avait entrepris de le manger vivant depuis ce qui lui semblait une éternité, l'attaquant alors qu'il se rendait dans sa chambre après que tous deux aient terminé les réparations du Tardis. Le jeune homme s'était retrouvé plaqué contre un mur, une bouche chaude s'écrasant sur la sienne alors qu'une paire de mains se glissait sous son tee-shirt pour le lui enlever. Le reste des vêtements n'avait pas tardé à suivre alors qu'ils remontaient vers la première chambre venue, sans jamais cesser de s'embrasser ou se caresser.

Le Docteur avait pris littéralement les choses en main, le coinçant contre le chambranle de la porte en même temps qu'il explorait chaque centimètre carré de sa peau, pour le plus grand bonheur de sa victime qui n'avait pas été en reste. Ils avaient vite terminé sur le lit, le Docteur s'installant par dessus lui pour ne plus jamais quitter cette place. Son masque d'ordinairement si sévère était tombé pour laisser place à un fauve, et Jack en était la proie.

Ce dernier chercha avec frénésie les lèvres de son partenaire, ivre de plaisir. Le Docteur lui répondit avec passion, l'enlaçant de ses bras pour le serrer plus fort contre lui. Jack ne voulait plus jamais les quitter, il était si bien, ici, partageant ses draps avec l'homme le plus extraordinaire qu'il avait jamais rencontré...

 

***

 

Jack se réveilla en sursaut, les draps inondés de sueur. Il se laissa retomber lourdement sur le matelas, fermant les yeux pour tenter de replonger dans le magnifique rêve auquel il avait été arraché. Mais déjà les dernières vapes de sommeil disparaissaient, le laissant frustré et brûlant de désir. Le souffle court, il repoussa ses couvertures, à la recherche d'air frais, et se passa les mains sur le visage. Cela avait semblé si réel. Comment cela ne pouvait-il être qu'un songe ?

L'érotisme de son fantasme contrastait avec la dure réalité. Il n'y avait pas eu de sexe la veille, le duo terminant les réparations dans un silence gêné. Enfin, surtout du côté du Docteur, qui n'avait plus osé le regarder en face après l'incident. Jack avait bien tenté de détendre l'atmosphère, mais il s'était retrouvé face à un mur.

Grognant, le capitaine se leva, et se dirigea vers la douche, où il tenta de soulager une partie de son désir. Mais rien n'était aussi efficace qu'un corps chaud contre le sien, et c'est frustré qu'il émergea de l'eau une demie-heure plus tard. Frissonnant, il se hâta d'enfiler un pantalon, avant de se diriger vers la cuisine où Rose et le Docteur prenaient leur petit-déjeuner.

Le Docteur avala une gorgée de travers en le voyant débarquer, alors que Rose s'étouffait sur son croissant. Elle le suivit des yeux alors qu'il se dirigeait vers la théière, chipant au passage du pain et de la confiture pour se faire une tartine. Son regard s'attarda sur son torse, remontant les lignes de muscles fins et clairement travaillés qui se présentaient à ses yeux hallucinés. Damnit. Damnit damnit damnit. Jack bailla et s'étira, et Rose sentit la bave lui monter à la bouche en voyant sa peau dorée se contracter, faisant ressortir son torse.

Se sentant observé, le jeune homme se retourna, juste à temps pour voir le Docteur détourner brusquement la tête, la pointe de ses oreilles aussi rouges que ses joues. Rose ne bougea pas, continuant son matage sans honte, une expression intense sur le visage. Les lèvres de Jack s'étirèrent pour former ce sourire canaille qui était sa marque.

  • On aime ce qu'on voit ?

  • Beaucoup, commenta Rose dans un souffle.

Jack eut un léger rire.

  • Intéressée ?

  • Harkness !

  • La paix, Doc! Rose peut bien me mater, ça ne me gêne pas! Et vous aussi au passage, espèce de prude !

Sa réplique eut pour effet de renfermer un peu plus le Seigneur du temps qui enfonça son nez dans son thé, ses yeux rivés sur la table. Sa timidité était presque mignonne, et Jack se surprit à se retenir de caresser ses cheveux. Son rêve était toujours clairement inscrit dans son esprit, et il se sentit durcir à nouveau rien qu'à y repenser. Mais le Docteur le fuyait toujours des yeux, clairement gêné de ce qu'il s'était passé la veille.

Frustré, Jack s'assit, frappant avec mauvaise humeur la table alors qu'il se demandait comment pousser cet abruti de coincé des sentiments à admettre qu'il le désirait. Il n'était pas stupide, ça crevait les yeux. Jack ne comprenait pas où était le souci, tous deux étaient assez grands pour faire ce qu'ils voulaient. Était-ce à cause de Rose? Le Doc en pinçait pour elle, Jack l'avait bien compris, mais elle pouvait les rejoindre, ce n'était pas un problème. Le capitaine n'avait jamais été du genre à se limiter à un partenaire au lit si plusieurs étaient volontaires.

 

***

 

Le Docteur se fustigea silencieusement pour sa lâcheté. Depuis quand fuyait-il ainsi? Ce n'était pas son genre. Il n'était pas un couard, il en avait fait la promesse, si longtemps maintenant. Mais c'était avant la Guerre du temps, avant.. Il ferma les yeux un instant, ses mains se contractant sur sa tasse alors qu'il renfermait des souvenirs auxquels il refusait de penser.

Il ne pouvait pas laisser ses peurs dominer ses émotions. Rose lui avait rappelé à quel point la vie était courte, pour les humains en tout cas, et combien la possibilité de tout perdre en quelques secondes était omniprésente. Il ne voulait pas avoir de regrets. Il en avait déjà bien trop. Et Jack, Jack méritait mieux que cela. Il s'était juré de tirer le garçon vers le haut, d'en faire quelqu'un de bien, il n'y arriverait pas s'il n'était pas capable d'accepter son éducation.

Au 51ème siècle, une attitude comme la sienne était monnaie courante: les mœurs avaient depuis longtemps évolué, découverte de l'univers et d'autres cultures aidant. Il n'y avait rien de choquant à flirter avec le premier venu, c'était aussi naturel que respirer. Continuer à s'irriter de son attitude ne ferait que le blesser. Il allait falloir qu'il s'en rappelle et se force à faire des efforts s'il voulait conserver le garçon à bord.

Le voulait-il ? Voulait-il que Jack devienne un de ses compagnons ? Il avait déjà montré beaucoup de qualités en ce sens. Il était courageux, têtu, et oh, si fasciné par les mondes les entourant. Son ton goguenard et ses sourires canailles cachaient un cœur d'or, rendu amer par une vie que le Docteur commençait à deviner plus difficile qu'il n'en donnait l'air. Jack se cachait derrière son rire et sa drague comme le Docteur le faisait avec ses sourires et commentaires acides. Déglutissant lentement, il murmura, les yeux rivés sur sa tasse :

  • Il y a un salon de technologie à Azbur, à quelques années lumières d'ici. Envie de venir ?

Ses deux cœurs battaient la chamade alors qu'il attendait leur réponse. Jack le fixa pendant quelques instants, interdit, ses yeux s'attardant sur les mains crispées du Docteur et la rougeur de ses oreilles. Un léger sourire éclaira son visage avant qu'il ne déclare, taquin:

  • Plein de corps serrés qui se battent pour se frayer un chemin dans une pièce énorme surchauffée.. Comment je pourrais refuser ?

L'expression du Docteur se détendit devant sa réponse positive. Jack avait compris son excuse silencieuse. Peut-être n'était-il pas si mauvais avec les sentiments, après tout.

  • Rose ?

Le regard de la jeune fille fit la navette entre ses amis. Ces deux-là avaient clairement un sujet de désaccord stagnant entre eux, et le Docteur essayait de l'apaiser. Elle secoua la tête :

  • Un salon bourré d'hormones et testostérones.. Merci bien, je donne assez avec vous deux. Je vais plutôt profiter de la piscine.

  • Piscine ? Il y a une piscine sur ce vaisseau ?

  • Et une bibliothèque énooooooooooorme, une salle de bowling, des jardins, assez de chambres pour faire six hôtels.. Je te ferais faire le tour un jour. J'ai toujours pas fini ma propre visite.

Jack secoua la tête, pris d'un fou rire. Cet endroit ne cesserait jamais de le surprendre, mais que dire de ses habitants? Leur bonne humeur atteignit finalement le Seigneur du temps qui s'exclama en se levant :

  • On part dans cinq minutes, ne soyez pas en retard !

  • Oui chef! se moqua Jack en le saluant.

  • Oh et .. Harkness..

  • Mmm ? Demanda l'intéressé, perdu dans ses yeux bleus.

  • Mettez un tee-shirt.

 

***

 

  • Oh, un laser à ultrasons de Jorkia ! Et là, des combinaisons de métamorphes! Mon Dieu, Doc, est-ce que ce sont des pinceaux à fréquence magnétique ? J'en entends parler depuis des lustres mais je les croyais toujours en construction !

Appuyé contre une colonne, le Docteur regardait son compagnon faire des bonds de lapin devant chaque stand, ses yeux tournant aussi vite qu'un globe terrestre pour tenter d'avaler tout ce qu'il voyait. Depuis leur arrivée, Jack n'avait cessé de courir et tourner sur lui-même, pour son plus grand amusement. Il avait la sensation d'avoir emmené un gosse dans une boutique de bonbons pour la première fois depuis des lustres. Un gosse bien mature, néanmoins, et aux formes soulignées par sa tenue noire qui lui conférait une aura ambiguë à souhait.

  • Je veux tout ! Bordel, je ne suis pas venu à un salon depuis des années!

Il continua à pépailler ainsi pendant de longues minutes, commentant et essayant absolument tous les produits. Le Docteur roula des yeux. Plus discret, tu meurs. Son attitude ne semblait pas gêner les vendeurs, néanmoins, charmés par son sourire et ses connaissances. Le Seigneur du temps continua à l'observer, cherchant la moindre faille, la moindre preuve de malhonnêteté, mais Jack continua à discuter avec chacun, riant et flirtant avec un naturel déconcertant. Il n'y avait aucune trace de manipulation dans ses mots, aucune escroquerie cachée dans son regard, juste un plaisir ingénu d'être présent et profiter de sa chance.

Le Docteur soupira. L'incident de la veille l'avait secoué, le laissant en proie à des rêves dérangeants toute la nuit. Ses oreilles rougirent alors qu'il se souvint du corps chaud contre le sien et des iris bien trop bleus du garçon dans lesquels il avait commis l'erreur de se perdre. Il ferma les yeux, pressant ses paupières en même temps qu'il tentait d'étouffer ses sentiments. Il ne pouvait pas se les permettre. Il finissait toujours par les perdre. Il y avait une raison s'il s'était promis de ne plus avoir que des amis à bord du Tardis.

  • C'est votre manière de faire des rencards, Doc ? Parce que ça marche !

En parlant du loup.. Le Docteur roula des yeux, et répliqua moqueur au fantasme sur pattes qui se tenait devant lui :

  • Tout le monde ne pense pas si bassement, Harkness.

Son ton se voulait méprisant mais son sourire était taquin. Jack le lui rendit, son expression ingénue quand il déclara :

  • Si vous le dîtes, Doc.

  • Je vous ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi.

  • Vous comptez me balancer dans la première comète venue pour vous venger? demanda l'insupportable garnement avec une expression digne des pires morveux.

  • Pauvre comète. Non, il y a des manières plus efficaces de me débarrasser de vous.

  • Si méchant, Doc.. On pourrait presque vous croire, commenta le capitaine en venant se placer à ses côtés, sa main glissant par inadvertance le long de sa jambe.

Le Docteur ferma les yeux un instant, avant de demander :

  • Vous n'achetez rien ? Je voulais tellement vous voir trainer vos sacs jusqu'au Tardis.

L'expression du jeune homme se fit embarrassée, et il détourna les yeux. Le Docteur fronça les sourcils.

  • Jack ?

  • Je ne peux pas, murmura-t-il, mal à l'aise. Devant le regard confus du Docteur, il marmonna très bas : Je n'ai plus d'argent, Docteur. Tout a disparu dans mon vaisseau.

Oh. Il n'y avait pas pensé. Jamais depuis l'arrivée d'Harkness s'était-il demandé ce qui lui restait de son ancienne vie.

  • Si ce n'est que cela ! s'exclama-t-il en sortant son tournevis sonique, avant de se diriger vers une borne de banque interstellaire.

Un petit zip, et une barre métallique identique à celle qu'il avait donnée autrefois à Adam tomba dans sa main. Quelques milliers de la monnaie locale.

  • Tenez, fit-il en la tendant à Jack, mais celui-ci recula.

  • Combien est-ce qu'il y a là-dessus? murmura-t-il.

  • Largement assez pour vous faire plaisir, répliqua le Docteur.

À sa grande surprise, l'expression de Jack se fit outragée.

  • Gardez-la ! Je n'en ai pas besoin !

  • Ne soyez pas stupide, fit le Doc, agacé, mais Jack secoua la tête.

  • Je ne veux pas de votre charité ! Je peux me débrouiller seul!

Il semblait sincèrement blessé, augmentant l'incompréhension du plus âgé qui chercha en vain ce qu'il avait pu faire.

  • Je ne suis pas une pute, Docteur ! Je vis peut-être chez vous pour le moment mais ça ne veut pas dire que j'ai besoin d'être entretenu !

Le Docteur cligna des yeux toujours sans comprendre. Mais qu'est-ce qui lui prenait ?

  • Rose s'en fout peut-être mais j'ai ma fierté ! Il est hors de question que j'ai davantage de dettes envers vous !

  • Quelles dettes ? Vous n'avez aucune dette ! C'est pour vous aider !

  • Qui a dit que je voulais de votre aide ? Ce n'est pas la première fois que je perds tout, j'ai toujours réussi à m'en sortir seul !

  • On voit où ça vous a mené !

Merde. Merde merde merde. Qu'est-ce qu'il avait dit ? Rose n'arrêtait pas de lui répéter qu'il était brusque et impulsif, il venait encore de lui donner raison. L'expression heurtée de Jack lui confirma ce qu'il savait déjà : il avait merdé. Comme un roi.

  • Jack.., murmura-t-il en tendant la main, mais le jeune homme recula, une colère froide envahissant lentement ses traits.

  • Vous et vos belles paroles.. Tous vos discours sur la rédemption, l'honnêteté, tous vos sourires et votre fausse chaleur.. Vous êtes bien l'un d'eux.. Hypocrite et manipulateur .. Comment j'ai pu croire que vous étiez différent, que vous valiez la peine..

Les cœurs du Docteur se tordirent. Cela faisait mal. Horriblement mal.

  • Arrêtez, souffla-t-il.

  • J'aurai dû le savoir.. Il n'y a que Rose qui trouve grâce à vos yeux...

  • Laissez-la en dehors de cela !

La mention de sa compagne avait fait bouillir son sang. Il réalisa son erreur lorsque le regard de Jack se glaça. Pour la première fois, l'ombre de l'agent du temps apparut dans ses yeux d'ordinairement si joyeux. Un frisson secoua le Docteur, et il recula instinctivement. Une nouvelle erreur qui n'échappa pas au capitaine dont la colère empira. Le Docteur n'eut pas le temps de parler, car déjà un poing s'abattait sur son visage, suivi d'un autre.

  • Retournez à votre vie et votre grand amour, vous n'avez pas besoin de moi. Prenez garde, néanmoins, car à force de lui tourner autour comme un moineau désespéré sans jamais bouger, elle finira dans les bras d'un autre.

Le Docteur tomba contre le mur le plus proche, choqué. Sa main vint toucher sa mâchoire, où déjà se formait un méchant bleu. Il releva la tête vers Jack, juste à temps pour apercevoir les larmes couler à flot de ses yeux, mais pas assez vite pour l'empêcher de s'enfuir à toutes jambes.


choup37  (23.11.2017 à 23:30)

Chapitre 28

 

La foule s'écartait précipitamment sur le chemin de Jack, dont l'expression noire ne laissait guère de doute sur l'humeur. Celui-ci remontait le salon à grands pas, une colère sourde le dévorant de l'intérieur. Le regard choqué et blessé du Docteur était gravé sur sa rétine, augmentant un peu plus à chaque instant sa rancoeur. Pour qui se prenait-il? Pour qui le prenait-il?! Il n'avait pas besoin de sa charité! Il n'était pas un de ces pauvres hères incapables de se débrouiller seuls! Cela faisait des années qu'il se démerdait sans aide, cela n'allait pas changer à cause des beaux yeux bleus de l'autre abruti, merci bien.

Cela avait toujours été ainsi. D'aussi longtemps qu'il s'en souvienne, Jack avait toujours vécu seul, se débrouillant de lui-même pour obtenir ce dont il avait besoin. Parfois honnêtement, parfois de manière un peu moins franche, mais toujours, toujours seul. C'était ainsi que la vie fonctionnait : il y avait les faibles, et les puissants. Jack avait appris de la plus cruelle des manières qu'il ne faisait pas bon faire partie des premiers. Alors il s'était révolté, se battant contre le monde l'entourant et le tordant dans son sens. C'était ce qui lui avait permis de survivre où qu'il aille. Son charme et son esprit tordu lui avaient tracé un chemin direct parmi les officiers de l'Agence, faisant tomber tous les concurrents comme les vipères qu'ils étaient. Hart était le seul face auquel il avait baissé la garde, le seul à qui il avait accordé une partie de sa confiance, se perdant dans ses bras et lâchant enfin prise.

Et puis l'Agence l'avait trahi, ses supérieurs lui avaient volé deux ans de souvenirs, et Jack -peu importe le nom qu'il portait à ce moment-là- Jack s'était enfui, et depuis il avait survécu seul, changeant le plus souvent possible de lieu et d'époque pour ne laisser aucune trace. L'arrivée du Docteur et Rose avait été un véritable électrochoc, l'arrachant des ténèbres dans lesquelles il s'était perdu depuis bien longtemps. Celles-ci avaient commencé à se dissiper à leur contact, sans pour autant totalement disparaître.

Il s'était senti rabaissé. Pris de pitié. Il détestait cela. Si encore cela avait été une somme dérisoire, histoire de pouvoir se faire plaisir au salon, Jack aurait râlé pour la forme, mais il aurait pris l'argent avec plaisir. Mais là.. Est-ce que le Docteur réalisait combien contenait ce type de barre? La somme enregistrée dessus était astronomique, rendant Jack pour toujours redevable à son égard. Oh, pas aux yeux du Doc, bien sûr, il commençait à assez le connaître pour comprendre que ce genre de considération passait loin par dessus la tête du Seigneur du temps, mais Jack, lui, n'aurait jamais pu oublier cette dette.

Le jeune homme ne savait pas ce qui était le pire: le ton condescendant du Docteur ou ses insultes. Son attaque vicieuse. Mon Dieu, qu'elle avait fait mal! Si violente, si froide, si.. naturelle. Les mots étaient sortis sans retenue de sa bouche, sa maudite bouche qui le faisait fantasmer depuis son arrivée, le laissant choqué et bouleversé. Alors c'était donc cela? Ce qu'il pensait vraiment de lui? Malgré tous ses discours, ses affirmations, tout ce qu'il restait au final quand on creusait un peu était une hargne et un dégoût glacé. Autant pour le masque de chaleur et d'amitié que ce connard avait porté devant lui pendant des jours. Le fond de son cœur avait parlé, le vrai Docteur s'était exprimé, rejetant Jack avec une force qui aurait laissé des bleus si les mots pouvaient blesser physiquement.

Il avait mal. Il avait si mal. Il s'était ouvert à lui, il avait tenté de lui faire confiance, il avait même osé exprimer des sentiments qu'il gardait d'ordinairement enfermés. Ses peurs. Ses faiblesses. Il les avait montrées au grand jour, lui qui se cachait depuis des années derrière des sourires et des piques goguenardes. Le Docteur ne l'avait pas jugé, il l'avait écouté, soutenu, et pendant un moment, Jack avait eu l'illusion folle d'avoir peut-être enfin trouvé quelqu'un de confiance. Un ami ...

Il avait eu tort. Il aurait dû savoir qu'il ne fallait pas l'écouter, qu'est-ce qu'il avait cru? Lui et le Docteur? Ah. L'imbécile. Le Docteur ne l'accepterait jamais. Le capitaine ne serait jamais un réel membre du Tardis, il avait été fou de penser qu'elle pourrait devenir sa maison. Son pilote n'était pas digne de confiance, comme tous ceux de race. Comment avait-il pu baisser ainsi ses barrières? Hart lui avait pourtant appris à ne jamais faire confiance.

Il ne réalisa pas qu'il était sorti du salon depuis longtemps et remontait une petite ruelle que beaucoup auraient qualifié de sordide. Il ne vit pas non plus venir les hommes derrière lui. À peine eut-il le temps de sentir le danger approcher que déjà une matraque s'abattait sur lui.

 

***

 

La première chose qu'il sentit en émergeant fut le sol dur et glacé sous ses jambes. Jack grogna, et tenta de se redresser, pour découvrir horrifié que ses mains étaient attachées dans son dos. La douleur qui lui martelait le front lui indiquait qu'il avait été assommé. Shit. Qu'est-ce qu'il s'était passé? Comment avait-il encore réussi à terminer attaché? Il était pourtant certain de n'avoir rien fait de mal cette fois.

Le jeune homme ouvrit avec précaution les yeux: il poussa un juron en reconnaissant une cellule. Tout était présent: le lit minuscule et inconfortable, l'humidité, la fenêtre dans le coin du mur, la porte blindée et.. les chaines qui retenaient ses bras dans son dos. Il tira dessus, davantage pour le principe que par réel espoir de se libérer, avant de se laisser retomber en soupirant. Et merde.

Qu'est-ce qui avait bien pu se passer? Il se souvenait d'être parti en trombe du salon. Son cœur se serra alors qu'il se remémorait l'échange houleux avec le Docteur. Il s'était enfui sans réfléchir, bousculant la foule avant de remonter une ruelle. Il grimaça en se souvenant du coup qu'il avait reçu derrière la nuque. Ses instincts s'étaient réveillés trop tard, diminués par sa rage qui l'avait empêché de sentir venir le danger.

Un nouveau soupir. Il fallait qu'il sorte d'ici. Ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il terminait dans une cellule, il en avait vu d'autres. Le prisonnier tendit l'oreille en entendant des pas se rapprocher. Ces derniers s'arrêtèrent devant sa porte, avant qu'un bruit de trousseau de clés ne résonne. Jack se composa immédiatement une moue ennuyée. Il se retint d'hausser un sourcil en découvrant deux types au visage semblable à ceux de tigre en uniforme. Des flics ? Allons bon.

  • Enfin réveillé.., murmura celui qui semblait le plus gradé. On commençait à s'impatienter.

Jack lui jeta un regard vide.

  • Vous avez été si simple à arrêter.. c'en était presque frustrant.

Il jubilait clairement, augmentant l'irritation du prisonnier qui lâcha, blasé:

  • Vous comptez vous pavaner sur place jusqu'à faire miauler toutes les petites chattes ou vous allez me dire ce que je fous ici ?

L'attaque porta ses fruits. Le flic feula, ses pupilles se rétrécissant alors qu'il saisissait le capitaine par le col, le tirant du sol.

  • Je fermerai ma gueule à ta place. Tu es dans une merde noire. Et personne ne pourra t'en sauver, même pas ta belle gueule d'humain.

  • Envie d'élaborer? ironisa Jack, toutes dents sorties. À moins que tu ne veuilles me mordre devant le gosse ? Il jeta un coup d'oeil au jeune policier, clairement pas à son aise. Cela ferait tâche dans ton dossier de molester un prisonnier.

Un coup de griffe cinglant lui déchira la joue.

  • Monsieur! hurla le jeune flic. Arrêtez !

Il s'interposa entre eux deux, repoussant son chef qui lâcha l'humain. Jack retomba lourdement au sol, la tête rentrée entre les épaules.

  • Vous êtes arrêté pour le vol du Kinia, le diamant de sa majesté le prince Kour, lui expliqua le tigre. Il a été trouvé sur vous au moment de votre arrestation.

  • Tu veux dire mon molestage ? Différente planète, toujours les mêmes flics, riposta Jack en lui lançant un regard noir.

Diamant. Merde. Prince. Double merde.

Sa cible cilla, clairement mal à l'aise. Un bleu. C'était sa chance. Le plus âgé intervint, furieux de s'être fait rappelé à l'ordre :

  • Ta gueule, Liar. Et toi, tu ne nies même pas ?

  • Pour quoi faire? grommela le capitaine. Tout est contre moi. Même si je ne l'ai pas volé. Quelqu'un l'a foutu sur moi pour s'en débarrasser, mais vous êtes trop con pour l'envisager.

  • Tu diras ça au juge. Ça ne risque pas de sauver ta tête.

Bien sûr. Typique.

  • Ton complice court toujours mais on ne va pas tarder à le retrouver. Vous finirez tous les deux sur la potence, dès demain.

Son complice... le Docteur? Damn. Le pauvre n'avait rien commis non plus mais se retrouvait certainement avec une meute de tigres au cu. Sa mauvaise humeur n'échappa pas à l'autre abruti de félin qui ricana, avant de sortir de la cellule. L'autre hésita, avant de se pencher pour inspecter la blessure de Jack. Ce dernier ferma un instant les yeux au contact de la patte douce sur sa peau. Bien trop vite, cependant, le policier recula pour refermer la porte blindée, le laissant seul dans la petite pièce obscure.

Le captif ferma les yeux, avant de soupirer. Il était dans un beau merdier. Il fallait absolument qu'il parvienne à s'enfuir avant le lendemain matin. Ses chances pour sauver sa peau deviendraient trop fines passé ce moment. Il ne s'inquiétait guère pour le Docteur. Celui-ci parviendrait à s'en sortir, comme toujours. Mais vu leur dernier échange, il était totalement improbable qu'il vienne à sa rescousse. Hé, il ne savait surement même pas qu'il avait été arrêté. Et de toute façon, pourquoi viendrait-il ? Jack lui avait clairement fait comprendre son mépris à son égard.

Le jeune homme poussa un juron, se maudissant silencieusement. Il avait été si con. Il était évident que le Doc n'avait pas voulu le blesser. Il s'était clairement montré maladroit et brusque, mais c'était son caractère, il n'avait jamais fait dans la finesse, en témoignait leur rencontre. Ses vieux démons et son orgueil mal placé avaient déformé les intentions du Seigneur du temps, les détournant à travers le prisme de sa peur. Et maintenant il était seul, et personne ne viendrait à son secours.

Il n'avait aucune idée du temps qui était passé. La lumière du dehors avait diminué au point d'obscurcir presque entièrement la cellule, mais la chaleur était toujours bien présente, faisant de la pièce un four. Jack avait cessé depuis longtemps de tirer sur ses chaines, et il attendait, las, les yeux rivés sur le mur d'en face. Il releva la tête en entendant une clé tourner dans le cadenas, avant d'hausser un sourcil en apercevant le jeune tigre. Ce dernier referma la porte, un kit infirmier à la main. Le capitaine leva les yeux au ciel, avant de reculer hostilement.

  • On vient apaiser sa conscience? lâcha-t-il méchamment, faisant tressaillir le nouveau venu qui s'avança malgré tout, pour se planter devant lui.

  • Juste vous soigner, murmura-t-il, mais Jack détourna la tête, fuyant le coton.

  • Je n'ai pas besoin de soins. Je veux juste les clés, siffla-t-il froidement, son expression hargneuse. Alors à moins que tu sois disposé à me les donner, dégage.

Le policier tressaillit devant sa colère, et commença à reculer. Jack ferma les yeux, inspirant profondément, avant de murmurer, la voix craquelée :

  • Pardon. Je .. Il baissa la tête. J'ai soif.. Il fait si chaud.. s'il vous plait..

Son interlocuteur – Liar, avait dit son chef – secoua la tête.

  • Je n'ai pas le droit de te libérer.

  • Qui a parlé de me libérer? Juste un peu d'eau.. Je ne serai pas d'une grande utilité au juge si je meurs avant à cause de la chaleur.

L'argument fit mouche. Le tigre l'observa silencieusement, notant ses traits tirés et traces de larmes séchées. L'humain était pale, et peinait clairement à respirer dans cette chaleur étouffante. Il répliqua:

  • Seulement si tu me laisses te soigner. Et un seul verre.

  • Merci..., murmura le détenu avant de se laisser docilement faire, clairement épuisé.

Une fois terminé, le policier s'absenta un instant, le temps d'aller chercher un verre et un pichet d'eau. Il le remplit de moitié, avant de le poser contre les lèvres du prisonnier qui s'étouffa dans sa première gorgée, faisant tomber une partie du précieux liquide.

  • Merde..

Liar plaça sa main sur sa nuque, l'aidant à se rapprocher. Jack se laissa guider, effleurant au passage la patte qui tenait le verre de ses lèvres. Son gardien tressaillit, mais ne dit rien, le regardant absorber une minuscule quantité d'eau, sa position rendant ses tentatives de boire clairement difficiles. Pourtant, Jack ne disait rien, continuant sans se plaindre à essayer de boire, son visage tremblant sous l'effort.

Soupirant, le policier prit sa décision : d'une patte, il repoussa gentiment le captif, avant de saisir ses clés.

  • Tu tentes n'importe quoi, je t'abats. C'est clair ?

Jack hocha silencieusement la tête, ses yeux soigneusement rivés sur le sol. Liar se pencha pour libérer une de ses mains, le recouvrant en partie. Le capitaine posa sa tête contre son torse, sa respiration de plus en plus difficile. Le gardien ferma un instant les yeux en sentant la chaleur irradier de ses vêtements. L'odeur qui émanait de l'humain était enivrante, il n'en avait jamais senti de telle. Par la grande déesse... Les mains légèrement tremblantes, il libéra son poignet gauche, avant de reculer pour saisir le verre et le pichet, ses doigts jamais loin de sa matraque.

Les doigts de Jack se refermèrent autour du verre, lui permettant de boire à petites goulées régulières. Il inspira profondément, sa respiration s'apaisant, avant de souffler :

  • Merci... Peut-être qu'il y a des flics moins cons que d'autres finalement.

L'intéressé roula des yeux, avant de lui resservir à boire.

  • Ça ne change rien au fait que tu vas mourir demain.

La main de Jack eut un sursaut en entendant les mots.

  • J'avais presque réussi à l'oublier grâce à toi.. Tu aurais pu te taire.

Il semblait si abattu que le policier sentit son cœur se serrer. Il se réprimanda, et répliqua :

  • C'est ce qui arrive si tu touches la famille royale.

  • Même si je n'ai rien fait..

  • Avec le diamant sur toi ? Tu sais à quel point tu n'es pas convaincant ?

  • Peu importe.. Je vais mourir, c'est tout ce qui compte, murmura Jack, le regard perdu dans le vide.

Il lui adressa un sourire triste qui tordit les boyaux de Liar.

  • Je l'aurai bien cherché.. Si ce n'est pas pour ce putain de diamant, ce sera pour tout le reste. C'est pas comme si j'avais les mains propres.

  • Ça sera rapide, souffla le jeune félin en posant sa patte sur sa joue, incapable de se retenir.

Jack ferma les yeux, et pressa son visage contre elle, à la recherche évidente de réconfort.

  • Ne me mens pas.. c'est toujours sale.

Le gardien agit sans réfléchir, l'entourant de ses bras pour le serrer contre lui. Jack se laissa tomber contre son torse, un léger sanglot s'échappant de sa gorge. Une patte vint caresser gentiment ses cheveux, cherchant en vain à l'apaiser. Redressant la tête, il croisa le regard perdu de Liar, la détresse de ce dernier évidente. Le capitaine posa ses lèvres sur les siennes, l'embrassant avidement en même temps que son bras libre s'enroulait autour de lui. Le policier trembla sous l'assaut, avant de répondre avec passion, s'agrippant à sa chemise.

La bouche de Jack était dure contre la sienne alors qu'il le serrait contre son torse, ses doigts caressant avec rudesse son dos et se glissant sous son uniforme. Il sourit en sentant le trousseau de clés, qu'il retira silencieusement en même temps qu'il mordait les lèvres de Liar qui caressait sans retenue ses cheveux, fasciné par ces longs poils qui s'échappait du crane du prisonnier. Ce dernier glissa les clés dans l'autre main, avant de le saisir par la taille pour le plaquer contre le mur, le bloquant de tout son poids. Il grogna, un grognement de fond de gorge bestial qui, comme prévu, fit gémir doucement le jeune félin, perdu dans des vagues entêtantes de plaisir.

Ce dernier ne comprit que quelque chose clochait que lorsque les doigts du supposé captif vinrent saisir sa gorge et appuyèrent dessus avec fermeté. Il toussa, et rouvrit les yeux, horrifiés. De son autre main, Jack recouvrit sa bouche, l'empêchant d'appeler à l'aide. Liar tenta de se débattre, mais le capitaine était plus fort, et c'est impuissant qu'il vit apparaître des étoiles devant ses yeux.

  • Règle n°1 : ne jamais parler aux prisonniers, murmura Jack en se penchant pour embrasser son front alors que le tigre sombrait dans un trou noir.

Un sourire narquois aux lèvres, il le redéposa gentiment sur le sol avant de se redresser, les chaines tombant par terre. Il retira ensuite au gardien sa veste et son képi, les enfilant rapidement avant de l'attacher à sa place, le bâillonnant avec son foulard réglementaire. Le jeune homme se pencha ensuite vers le pichet qu'il vida d'une traite, assoiffé : il n'avait pas entièrement menti au bleu, il crevait de soif dans cette cellule.

Avec précaution, Jack entrouvrit la porte, tous ses sens en alerte. Il se détendit en découvrant un couloir vide, et se hâta de sortir, refermant la porte à clé derrière lui. Il enfonça davantage son képi, se redressa puis remonta avec agilité les escaliers.


choup37  (25.11.2017 à 00:04)

Chapitre 29

 

Jack avait presque atteint le rez-de-chaussée lorsque les lumières se coupèrent, faisant tomber dans le noir tout le sous-sol. Il pesta, avant d'accélérer le pas .. et percuter de plein fouet quelqu'un. Tombant à la renverse, il manqua une marche et vint s'écrouler lourdement quelques mètres plus bas dans un bruit sourd.

  • Jack ? Damn !

Celui-ci cligna des yeux, une douleur intense lui déchirant le dos.

  • Doc? murmura-t-il incrédule.

  • Vous êtes en vie? s'inquiéta ce dernier en employant la lumière de son tournevis pour s'éclairer.

  • Oh, une lampe sonique...

  • Il est en vie, confirma en soupirant le Seigneur du temps alors qu'il descendait les marches quatre à quatre.

S'accroupissant à côté de lui, il passa sa main dans son dos, le palpant avec précaution, avant de l'aider à se relever. Jack poussa un grognement, se laissant tomber contre lui.

  • ça fait mal !

  • Désolé, murmura le Docteur. Qu'est-ce que vous faites là ? Je vous croyais en cellule.

  • Je me suis échappé. Et vous ?

  • J'ai coupé les lumières, répliqua l'intéressé de son large sourire, un sourire auquel Jack ne put s'empêcher de répondre. Mais ils ne vont pas tarder à les rallumer, alors venez! s'exclama-t-il en le saisissant par le poignet, l'entrainant à sa suite.

Tous deux s'enfuirent au milieu des cris et autres appels, remontant le commissariat comme s'ils avaient le double aux trousses. Il faisait nuit à l'extérieur, et Jack se demanda combien de temps il était resté prisonnier exactement. Il se lécha les lèvres en suivant le Docteur, incapable de ne pas mater son arrière-train. Celui-ci se retourna pour vérifier si le plus jeune le suivait toujours. Il piqua un fard en se rendant compte d'où étaient posés ses yeux.

  • Harkness !

  • Joli cu, Doc, commenta l'intéressé en jouant des sourcils.

Sa cible grogna. Pourquoi est-ce qu'il était venu le chercher, déjà? Ah oui, sa morale. Si seulement il n'en avait pas, il pourrait assommer ce morveux et le laisser aux mains des policiers. Mais il en avait malheureusement une, et elle lui commandait de le ramener avec lui, en entier. Il l'avait cherché pendant des heures, ce n'était pas pour le perdre maintenant.

Il avait honte de reconnaître qu'il avait manqué ne pas le faire. Après la fuite de Jack, il était resté un certain temps appuyé contre le mur, choqué, incapable de comprendre ce qu'il venait de se passer. Tout allait bien quelques instants auparavant et soudainement, sans qu'il ne comprenne pourquoi, tout s'était effondré. Des cris avaient été poussés, des insultes échangées, et le garçon l'avait frappé.

Une colère froide l'avait saisi à cette pensée: comment Jack avait-il osé? Comment avait-il pu lever la main sur lui? Comment avait-il osé l'insulter comme il l'avait fait ? Les coups avaient fait mal, mais les insultes encore plus, et le Docteur avait sérieusement envisagé de laisser tomber Harkness. Pourquoi chercher à le ramener quand il était évident qu'il ne voulait pas faire partie du vaisseau ?

C'était sans compter sa conscience. Celle-ci s'était matérialisée dans son esprit sous la forme de Rose, le fixant avec une fureur rare. Il avait tressailli, et tenté de la repousser, mais elle avait sifflé hargneusement:

  • Ose revenir sans lui. Ose revenir et expliquer que tu l'as laissé derrière. On verra sa réaction.

Rose. Sa douce Rose. Féroce Rose. Il ne pouvait pas lui faire cela. Elle serait détruite. Son grand cœur s'était déjà suffisamment attaché au morveux pour souffrir si quoique ce soit lui arrivait. S'il l'abandonnait, le Docteur n'avait aucun doute qu'elle le hairait, et ce à juste titre. Quel sorte de Seigneur du temps serait-il s'il laissait tomber le garçon ? Non.. quelle sorte d'ami?

Il s'en sortira, avait répliqué avec mauvaise humeur son orgueil.

Vraiment? Et s'il lui arrive quelque chose? Tu arriveras à te regarder dans le miroir? avait demandé Conscience. Et puis ce n'est pas la question! Va le chercher! Tu voulais en faire ton compagnon! Tu irais chercher Rose !

Rose ne m'a pas insulté !

Tu l'as cherché! Tu as blessé sa fierté avec ta barre astronomique! Il survit seul depuis des années ! Évidemment qu'il l'a mal pris !

Je voulais l'aider !

À ses yeux, tu en as eu pitié. Tu l'as regardé de haut. L'intention était bonne, mais la façon dont tu l'as géré.. Franchement, tu es surpris qu'il ait hurlé ainsi? Il n'est qu'humain, Docteur, empli d'orgueil mal placé et de vieux démons. Ça te rappelle quelqu'un ?

Oh, la paix !

Bref. Le Docteur était donc parti à la recherche du bougre, pour apprendre que personne ne l'avait plus vu dans le salon depuis maintenant une demie-heure. Il était demeuré tout ce temps hébété? C'était un temps énorme. Il pouvait s'en être passé des choses en une demie-heure de son temps. Deux planètes pouvaient être sorties de leur axe et provoqué une explosion interstellaire par leur collision. Un nouveau soleil pouvait être né. Il pouvait avoir été enlevé.

Les ennuis s'étaient confirmés quand des tigres en uniforme avaient cherché à l'arrêter, plutôt brutalement d'ailleurs. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que le sale gosse s'était fait arrêter pour vol. Sérieusement? Harkness? Toujours fichu dans des ennuis.. Un vrai compagnon, avait-t-il pensé mi-amer, mi-amusé. Incapable de ne pas s'éloigner sans se retrouver mêlé à une catastrophe.

Le Docteur doutait que Jack ait réellement volé ce diamant, l'ancien agent pouvait se montrer avide mais il n'était pas stupide à ce point. Il lui avait fallu remonter des ruelles détournées et faire mille détours avant de finalement parvenir au commissariat, où, avait-il compris, Jack était détenu. Son papier psychique avait fait des merveilles sur les policiers pas encore au courant qu'il était poursuivi, et il avait remonté le hall d'accueil, avant de couper discrètement la lumière grâce à son tournevis.

Il sourit en apercevant le TARDIS garé à une centaine de mètres, prêt à les accueillir. Sa joie disparut quand il se rendit compte que Jack ne le suivait pas. Le capitaine avait pilé sur place, une expression mitigée déformant son beau visage. Le Docteur contint une grimace, réalisant qu'il allait au devant d'une conversation difficile. Pourquoi est-ce qu'ils ne pouvaient pas tout simplement entrer et repartir? Pourquoi fallait-il toujours que les humains rendent tout si difficile? Les humains, ou ton sale caractère?, rétorqua sa conscience. Tu veux le garder? Parle-lui!

  • Jack ?

Celui-ci le fixait toujours, clairement déchiré.

  • Jack ? répéta le Docteur.

Il n'avait jamais été doué avec les mots, et c'était encore pire dans ce corps. Rose l'aidait toujours, d'habitude, mais Rose n'était pas là, et il fallait qu'il s'en sorte seul.

  • Vous êtes venu, murmura le capitaine sans comprendre.

Le malaise du Docteur augmenta.

  • Je ne pouvais pas franchement vous laisser derrière, non? Et puis Rose m'aurait tuée, tenta-t-il de plaisanter.

Jack esquissa un léger sourire, mais ne répondit pas, le souvenir de leur dispute et de ses coups toujours clairement imprégnés dans sa mémoire. Bordel, il avait si honte. Il avait réagi comme un petit con effrayé, et pourtant, contre toute attente, le Doc était quand même venu le chercher.

  • Doc, je..

  • Je suis désolé, l'interrompit ce dernier de sa voix grave, terrifié à l'idée de l'entendre dire qu'il voulait partir. Je voulais vous aider.. Je ne voulais pas vous faire passer pour un incapable, vous n'en êtes pas un, bien au contraire, vous êtes fantastique, mais je ne suis pas doué, Rose l'est, elle n'arrête pas de dire que je suis brusque et elle a raison, je suis désolé je ne voulais pas vous blesser..

Il s'interrompit, les joues rouges de honte. Il ne parlait jamais autant d'habitude, et encore moins depuis qu'il était dans cette peau. Ses compétences sociales avaient toujours été rouillées, mais cette incarnation était clairement au niveau 0 de l'échelle. À sa grande surprise, Jack détourna le regard avant de marmonner :

  • Je sais, je.. Doc, vous n'avez pas à vous excuser.. J'ai réagi comme un con, j'ai.. Il secoua la tête. Je n'aurais pas dû vous frapper, je suis désolé..

  • Ce n'est rien. C'était mérité. Je n'aurai pas dû vous insulter.

  • Ce n'est pas une insulte si c'est vrai, murmura le jeune homme d'un ton las qui brisa les deux cœurs du Seigneur du temps.

  • Ne dites pas ça, souffla-t-il. Vous n'êtes pas si mauvais. Vous foirez parfois, mais vous voulez bien faire.

Les boyaux de Jack se tordirent. Et les voilà, les compliments. L'empathie. La compréhension. Les regards chaleureux qui apaisaient son esprit tempétueux. Il voulait tellement que le Doc le regarde ainsi. Il voulait tellement le rendre fier.

Il ne savait pas pourquoi, ni comment, mais le Seigneur du temps était devenu un phare dans sa vie désastreuse. Une lumière dont il ne voulait plus s'éloigner de peur de couler de nouveau dans les ténèbres. Il était son modèle, son ancre. Son insulte et son mépris au salon avaient brisé cette part en lui qui cherchait désespéramment à devenir le type d'homme que le Docteur appréciait.

Il n'osa pas le lui dire, bien sûr. Il avait bien trop peur de sa réponse. Le Docteur semblait avoir deviné, néanmoins, s'il en jugeait par le regard qu'il lui lança. Sans réfléchir, Jack se jeta sur lui, le serrant dans ses bras au point qu'il l'aurait étouffé si le Doc avait été humain. L'intéressé lui rendit l'étreinte avec la même intensité, inspirant profondément son odeur qu'il avait de si enivrante.

  • Je ne veux pas partir.. S'il vous plait, Doc..

  • Pourquoi veux-tu partir? souffla l'intéressé.

Le cœur de Jack manqua un battement en entendant le tutoiement soudain.

  • Je vous ai frappé.. et insulté.. j'ai été ignoble..

  • Si je devais rejeter tous les gens qui m'en ont mis une, il n'y aurait plus personne à bord du Tardis, répliqua le Seigneur du temps d'un ton faussement bourru.

  • Je suis désolé..

  • Moi aussi. Pour tous mes préjugés. Je n'ai pas agi correctement à ton égard. Tu méritais mieux que mes peurs.

  • Elles sont fondées.. J'ai un trou dans la mémoire..

  • Je juge ce que je vois. Et je vois un homme à la vie difficile qui tente de remonter la pente.

Avec tendresse, le Docteur vint déposer un gentil baiser sur son front. Jack s'agrippa à lui un peu plus fort, terrifié que l'être magnifique qui se tenait contre lui puisse disparaître. Mais ce n'était nullement l'intention de l'intéressé, qui recula légèrement pour tirer quelque chose caché sous son pull. Le capitaine cligna des yeux humides en découvrant une clé, avant de les écarquiller quand le Docteur la lui tendit.

  • Le Tardis n'est pas qu'un vaisseau, Jack, c'est aussi un refuge pour ceux qui n'ont nulle part où aller.. une maison pour ceux qui n'ont rien d'autre.

L'humain crut que son cœur venait d'exploser. Un sanglot sauvage émergea de sa gorge avant qu'il ne se jette de nouveau sur le Seigneur du temps, ses pleurs résonnant dans le silence alors qu'il l'étreignait. Est-ce que le Docteur réalisait ce qu'il venait de lui dire? À lui le fuyard, le couard, l'orphelin.. A lui qui n'avait plus de maison, plus depuis ses douze ans et cet horrible jour..

Le Docteur resserra sa prise sur Jack, l'enfermant dans le cocon protecteur de ses bras. Son pull était inondé de larmes, mais peu lui importait. Il restait. Il avait réussi. Jack restait. Le garçon tremblait violemment, son visage niché dans le creux de son épaule alors qu'il tentait en vain de dissimuler ses pleurs.

Il semblait si fragile en cet instant, si brisé. L'homme avait laissé place à un petit garçon effrayé qu'il n'avait sans doute jamais cessé d'être, et ce dernier pleurait son bonheur d'avoir enfin retrouvé un foyer. Le Docteur se promit de faire du Tardis un endroit digne de son petit humain. Il grogna en sentant des lèvres timides embrasser avec hésitation son cou. Jack n'insista pas, préférant se loger plus confortablement dans ses bras.

Dissimulée dans l'ombre de la porte du vaisseau, Rose sentit un sourire étirer ses lèvres. Elle n'avait entendu qu'une partie de la conversation, mais cela lui avait suffi pour comprendre l'essentiel. Le grabuge dans lequel ces deux abrutis semblaient être encore tombés avait visiblement permis d'éclaircir quelques points, et diantre, qu'ils étaient mignons ainsi! La jeune fille recula pour laisser place au duo lorsque ce dernier rentra avec hâte dans le vaisseau, se rappelant qu'ils étaient toujours poursuivis lorsque des cris s'élevèrent au loin. Elle échangea un sourire étincelant avec le Docteur : le Tardis comportait officiellement un nouveau compagnon.

 

FIN


choup37  (25.11.2017 à 21:43)

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