HypnoFanfics

Ça aurait dû être un matin ordinaire pour l’équipe de Scorpion, le stagiaire de Cabe Gallo ne devait rester qu’une petite semaine dans leurs pattes et les génies n’auraient pas dû se sentir menacés par son arrivée. Ils avaient tout de même fait de nombreuses recherches sur sa scolarité et rien dans son historique ne présentait de menaces d’après les conclusions de Walter O’Brien.

Toutefois, ce n’était pas une matinée ordinaire. Et Walter s’en rendit vite compte quand le stagiaire de son père spirituel arriva au Garage. Il venait de présenter l’équipe au complet et tenait parfaitement son rôle de leader de Scorpion quand un échange banal entre Tim Armstrong et Paige le surprit. Elle riait avec lui et ce n’en était que la première fois. Mais dès cet instant, Walter sentit que la présence de Tim n’allait pas être si facile à oublier et il comprit aussi qu’il n’allait pas l’apprécier…

(…)

Cela ne faisait que trois jours que Tim Armstrong avait été affilié à l’équipe Scorpion. Il était toujours officiellement le stagiaire de Cabe mais il prenait le loisir de trainer au Garage et plus particulièrement autour de la seule femme célibataire de l’équipe. Paige semblait l’apprécier aussi et Walter cherchait à les éviter autant que possible. Il descendait de son loft-laboratoire quand Sylvester et Toby lui parlèrent de l’incroyable dextérité de Tim au Proton Arnold.

Walter savait que son record était impossible à battre, encore plus par un pauvre Marine au QI très loin de son 197. Alors que Sylvester et Toby observaient de très près le jeu de Tim sur la borne d’arcade, Paige s’approcha de lui et lui demanda s’il se sentait menacé par Tim. Walter esquiva la question et partit dans la cuisine à la recherche beignets aux œufs. Linda arriva peu après et chassa les pensées négatives du génie en lui proposant de l’emmener à un deuxième rendez-vous.

Alors que Walter estimait que cette nouvelle chance avec cette attirante jeune femme relevait de l’improbabilité statistique. Il fut plus encore surpris et énervé d’entendre Sylvester clamer que Tim venait de battre son record au Proton Arnold. C’était une autre improbabilité statistique. Bien pire.

 

[…]

 

« Toi… Et Paige ? »

L’incrédulité s’entendait dans la voix du génie. Tim ne semblait pas voir qu’il y avait là une once de jalousie et continua très simplement à expliquer que c’était Walter qui lui en avait donné l’idée en parlant de ne pas rater l’occasion d’aller diner avec une jeune femme, belle, gentille et intelligente. Il parlait de Linda à ce moment-là. Il n’avait jamais pensé que Paige correspondait aussi à cette description. Tim l’avait fait et il avait invité Paige et Ralph à diner.

Ce n’était toujours que chez Kavelsky’s dans la même rue et ils y étaient déjà tous allés de nombreuses fois, mais l’idée que Paige sorte avec Tim le révoltait. Walter interrogea ensuite Tim sur ses sentiments. Il avait bien entendu l’inquiétude dans la voix de Tim quand Paige avait refusé plus tôt de ne pas sortir de leur voiture en pleine tornade. Il ne savait plus quoi penser.

Tim la trouvait intrigante. Il semblait vraiment intéressé par la jeune femme et puis il venait de laisser un message à Linda, pour convenir d’un rendez-vous. Toby lui avait bien dit que sortir avec Linda était une chance pour lui de laisser partir Paige. C’était donc dans ce sens qu’il lui en avait parlé. Le psychiatre avait eu une longueur d’avance sur lui. Et c’était souvent le cas en matière de relations humaines et plus particulièrement amoureuses… Il devait la laisser partir donc. Et Tim était quelqu’un de bien, il avait déjà pu s’en rendre compte depuis qu’il avait « intégré » leur équipe.

« OK. Alors passez un bon moment. »

Il essayait de donner le change et ça sembla fonctionner. Tim s’éloigna, et Walter savait que c’était pour retrouver Paige et Ralph. Peut-être devait-il retourner voir son téléphone ? Linda lui avait peut-être déjà répondu pour leur rendez-vous ? Non… Il avait quelque chose d’autre à faire avant.

Il avait peut-être laissé Paige s’en aller, Tim n’allait pas non plus lui prendre son record au Proton Arnold. Le silence dans le Garage n’était perturbé que par une très légère musique de fond : celle, justement, de la borne de jeux. Walter s’approcha du jeu vidéo et sortit une pièce de sa poche.

Il n’avait pas joué au Proton depuis des mois. Mais il ne serait pas rouillé, toutes ses stratégies étaient conservées dans sa mémoire et avec son QI de 197, il allait prouver à Toby et Sylvester que l’intellect primait sur les compétences physiques dans les jeux vidéo. Walter déposa la pièce dans la borne et commença une partie. Il se rappela l’arrivée de la borne au Garage.

Il n’avait jamais pensé alors passer une nuit entière à jouer dessus, et encore moins si concentré sur le jeu. Le score de Tim lui brûlait les yeux à chaque « Game Over », lui rappelant encore et toujours pourquoi il ne devait pas laisser le stagiaire de la Sécurité Intérieure lui prendre son meilleur score. Des images dansaient devant les yeux de l’Irlandais.

Il connaissait par cœur l’intérieur de Kovelsky’s, ce que mangeaient toujours Ralph comme Paige Dineen et il savait aussi comment elle riait quand Tim était à ses côtés. Les rires ne lui venaient pas de l’autre bout de la rue et Walter savait bien qu’ils ne venaient que de son imagination mais ils restaient assez forts pour le faire détester plus encore l’ancien marine.

Il n’avait plus aucune idée de l’heure qu’il pouvait être. Il allait sûrement y rester toute la nuit… Il ne sentait aucune trace de fatigue et continuait mécaniquement de pianoter son joystick et appuyer successivement sur les boutons de la borne. D’autres images lui revenaient tout en jouant, mais celles-ci venaient de sa mémoire. La journée avait été éprouvante, ils avaient dû rouler en plein milieu d’une tornade et s’accrocher à un arbre en attendant que les vents finissent par se calmer.

Paige et lui avaient bien risqué de s’envoler. Walter se souvenait encore de la détresse dans la voix de son amie, elle n’arrivait plus à tenir sa main et c’était lui qui les serrait de toutes ses forces avec sa seule main disponible. Seule leur détermination à ne pas se lâcher leur avait permis de tenir le temps qu’il fallait. La peur qu’il lisait dans les yeux de Paige et la confiance qu’elle portait en lui.

Ils s’en étaient sortis, de justesse comme d’habitude. Mais cette fois-ci, il avait vraiment été incapable de la mettre en sécurité. Ils avaient dû risquer leurs vies ensemble… Les yeux suppliants de Paige qui l’imploraient de ne pas la lâcher brillaient d’une telle intensité. Elle lui avait permis de tenir.

Et maintenant, les heures passaient et dans le Garage, les parties de Walter s’éternisaient de plus en plus. Vers minuit, le génie put enfin triompher en voyant son score s’afficher en haut de la liste des records du jeu. Il tapa solennellement ses initiales « W O B » et recula pour admirer son œuvre. Le score était à peine plus élevé que le deuxième record, celui-ci toujours détenu par TIM.

Ce n’était pas suffisant, comprit Walter O’Brien. Le génie ne prit même pas la peine d’observer l’heure, ou les messages sur son téléphone, il se mit à fouiller dans ses poches pour trouver une nouvelle pièce. Il devait effacer TIM de cet écran.

Et une nouvelle partie commença, partie pour laquelle Walter était encore plus concentré.

 

[…]

 

« Je sais comment manœuvrer un joystick ! Qui a les cinq meilleurs scores du Proton Arnold ?

- Et on sait tous pourquoi !

- Hein ? »

La conversation entre Walter, Happy et Sylvester ne l’avait pas vraiment intéressée jusque-là. Ils survolaient en avion l’ancienne usine nucléaire de Tchernobyl. Paige n’était montée à bord que pour rassurer le statisticien et les détails techniques du plan de l’équipe lui étaient incompréhensibles. Ils s’étaient défiés sur le nom formé d’initiales à donner à leur robot qui allait percer un trou dans le dôme apparemment faussement protecteur des radiations mortelles.

Ce n’était pas plus dingue que tout ce qu’ils avaient entrepris depuis que Paige avait quitté son boulot de serveuse pour rejoindre l’équipe, un peu moins de deux ans plus tôt. L’arrogance dans la voix de Walter n’était pas non plus quelque chose de nouveau mais son évocation du Proton Arnold, elle, l’avait interpellé. Dans ses souvenirs, c’était Tim qui avait le record du jeu d’arcade.

Walter avait d’ailleurs nié se sentir menacé par ce score. Mais ce n’était pas vraiment le cas. Mais pourquoi Sly disait-il qu’ils savaient tous pourquoi il avait les cinq meilleurs scores ? Elle n’en avait aucune idée, elle. Mais elle commençait à voir ce que ça pouvait vouloir dire. Elle n’aimait pas vraiment ça. Et elle allait encore moins aimer l’idée d’un crash d’avion au-dessus de Tchernobyl, et pourtant, leur avion ne répondait plus aux commandes de sa pilote. Ils allaient s’écraser… Penser aux records détenus sur une borne de jeux paraissait maintenant très loin des priorités.

 

[…]

 

Paige Dineen regardait le jeune génie s’éloigner. Elle retenait difficilement sa déception. Walter était venu avec deux billets pour un concert de jazz et elle avait été si surprise qu’elle en avait oublié de prendre les choses en main, comme le lui avaient conseillé Ray Spiewack. Elle avait laissé Walter prétendre qu’il les lui donnait pour aller au concert avec Tim. Elle n’avait même pas envie d’y penser. C’était un rendez-vous bien trop intime pour y inviter Tim Armstrong.

Elle appréciait vraiment le jeune homme, elle aimait aller au restaurant avec lui. Elle se sentait même assez heureuse auprès de lui. C’était réconfortant de sortir avec quelqu’un de normal et d’attentif. Mais elle ne ressentait pas auprès de Tim la même fougue qu’auprès de Walter…

Les mots d’Oksana lui revinrent de nouveau en tête, comme ça avait déjà été le cas dans l’avion du retour. Elle lui avait parlé de son mari qui était maladroit mais qui l’aimait vraiment. Il lui avait dit un jour d’avoir confiance dans le fait qu’il avait raison. Et quand ils étaient sur le toit et qu’ils n’avaient plus d’autres alternatives que de sauter, Walter O’Brien lui avait demandé la même chose :

« Ait confiance dans le fait que j’ai raison. »

Le génie avait de plus souvent raison. Et Paige avait une confiance aveugle en lui depuis leur rencontre. Et elle avait encore eu raison de lui faire confiance cette fois-ci. Il lui avait sauvé la vie.

Seulement, elle lui avait fait confiance une fois de trop. Elle avait vraiment cru que Walter allait l’inviter, et il y avait renoncé. S’il en avait seulement eu l’intention. Après tout, elle ne pouvait pas en être certaine. Elle ne pouvait seulement pas faire confiance en Walter pour lui dire ce qu’il ressentait ou l’inviter ailleurs qu’à un rendez-vous professionnel ou à une soirée avec Ralph…

Et pourtant, elle sentait bien que le jeune homme avait voulu l’inviter. Elle aurait aimé qu’ils parlent de cette énième mission de folie qu’ils avaient eu à réaliser aujourd’hui et surtout du baiser qu’ils avaient si vitalement échangés. Elle n’avait pas eu d’autre choix pour lui sauver la vie, mais l’aurait-elle fait avec un autre ? Même avec Tim ? Elle en doutait fortement. Walter pouvait bien penser que c’était un calcul mathématique, une preuve de logique, des statistiques bien rodés et que ça n’avait rien d’émotionnel, mais c’était faux. Paige était bien incapable de tels raisonnements. Elle avait agi par instinct et son instinct l’avait poussé à l’embrasser, à partager avec lui son dernier souffle. Elle n’en aurait pas eu l’idée pour aider quelqu’un d’autre que Walter.

Paige s’aperçut que Tim lui avait laissé un message après qu’elle n’ait pas répondu à son appel. Il l’inviter à diner le lendemain soir. Un quatrième rendez-vous déjà… Ça allait bien vite. Et que pouvait-elle penser après cette mission en Ukraine ?  Elle y réfléchirait plus tard, la nuit porte conseil.

Avant de ranger son téléphone dans sa poche, la jeune femme vérifia l’heure qu’il était et se rendit compte qu’il était justement déjà assez tard. Elle partir alors à la recherche de son fils qui devait trainer dans un coin du garage. Il ne fut pas difficile à trouver : il jouait au Proton Arnold.

« Ralph, l’appela-t-elle, rassemble tes affaires, on rentre à la maison. »

Le garçon jouait d’une seule main et continuait de manger sa pizza avec l’autre. Déconcentré par la voix de sa mère, il perdit sa partie et grommela quelque chose avant de s’éloigner de la borne.

Paige jeta alors un coup d’œil aux plus hauts scores réalisés au Proton Arnold. Ceux-ci venaient de nouveau de s’afficher. Elle s’approcha pour mieux les lire et se souvint alors de ce qu’avaient dit Sylvester et Walter dans son oreillette quelques heures plus tôt.

A la place de « TIM » en haut de l’écran, les cinq lignes affichées des records ne répétaient plus que la même série de lettres : WOB, les initiales de Walter O’Brien.

Emilie1905  (22.11.2020 à 12:49)