HypnoFanfics

Une question de confiance

Série : X-Files
Création : 26.02.2021 à 18h01
Auteur : sanct08 
Statut : Terminée

Composé de 3 actes, l'EV retrace les étapes les plus importantes de l'amitié unissant les agents spéciaux du FBI Dana Scully et Monica Reyes. Certains points peuvent différer de la série.

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Acte 1 : L’amitié c’est comme un jeu de construction, elle se bâtit pas à pas

              Le Soleil tapait fort sur la vitre et la chaleur de ses rayons, bien qu’atténuée par le verre, était suffisante pour tirer quiconque du sommeil. Même une femme enceinte, très proche du terme, et qui n’aspirait qu’à dormir encore un peu. Pourtant, pendant quelques secondes encore, Scully laissa les rayons caresser son visage, la réchauffer et chasser de son esprit les dernières heures éprouvantes qu’elle avait traversées sans jamais se plaindre. Repenser à ces moments de peur et de doutes la tira brusquement et définitivement du sommeil. Durant un instant elle fut un peu désorientée puis tout lui revint très précisément en mémoire.

« Oh non ! En fait j’espérais que ce n’était qu’un rêve, dit-elle à la jeune femme brune qui occupait le siège conducteur en soupirant. Le Soleil est levé depuis quand ?

- Depuis 6h environ. Quelque part en Caroline du Nord.

- Où sommes-nous ?

- On vient de traverser la Géorgie. On est bien loin de la maison Agent Scully.

- C’est un cas de force majeur non ?

- C’est exact, confirma la conductrice »

Le silence se fit dans l’habitacle et, inconsciemment, Dana posa sa main sur son ventre en sentant son bébé remuer. C’est alors qu’elle surprit le regard inquiet que posait sur elle l’agent Reyes.

            « Vous tenez le coup Agent Reyes ? demanda Scully, réalisant tout à coup que sa coéquipière devait être un peu perdue et que des lourdes responsabilités pesaient sur ses épaules »

Monica acquiesça puis dit :

« En réalité, ce serait à moi de vous demander ça. C’est vous qui, bientôt, allez avoir un bébé.

- Oui c’est juste. Scully marqua une pause puis demanda, soucieuse. Dites-moi ce qui vous inquiète maintenant. »

Reyes, qui semblait hésiter à répondre car elle craignait de l’effrayer, finit par dire :

« A part la menace qu’on est en train de fuir, l’endroit où nous allons n’est absolument pas conçu pour accoucher. Vous comprenez, je n’ai jamais mis un enfant au monde.

- Moi non plus figurez-vous ! Comme ça, nous sommes à égalité ! lui répondit-elle, se voulant rassurante »

Son effort sembla porter ses fruits puisqu’elle vit un pâle sourire, nerveux certes, mais un sourire tout de même, se dessiner sur les lèvres de Monica Reyes.

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            Deux heures supplémentaires s’écoulèrent en silence, chacune des deux femmes faisant face à la situation en son for intérieur sans oser partager ses doutes et ses craintes avec l’autre. Soudain, une forte nausée s’empara de Dana. Monica qui l’avait vue pâlir et porter une main devant sa bouche se rangea immédiatement sur le bas-côté. Scully la remercia d’un rapide signe de tête puis quitta le véhicule pour vomir. Le temps d’éteindre le moteur et Monica se trouvait à ses côtés. Elle lui tendit un mouchoir propre et une bouteille d’eau dont Dana s’empara avec reconnaissance.

« Ca va aller Agent Scully ?

- Oui, répondit-elle en finissant de s’essuyer la bouche et en avalant une gorgée d’eau, juste une nausée sans doute due au stress, à la station assise prolongée, aux légers soubresauts de la voiture et surtout au fait que je n’ai rien mangé depuis près de 9h, expliqua-t-elle soucieuse de ne pas alarmer plus qu’il ne le fallait sa compagne de route

- Un panneau routier annonçait qu’une aire nous attend dans une quinzaine de kilomètres. Nous n’aurons qu’à nous y arrêter pour prendre un peu de repos et acheter de quoi manger. En plus, cela me permettra de me dégourdir les jambes.

- Excellente idée. Vous devez impérativement vous poser un moment. Où que nous allions, nous y arriverons bien assez tôt. »

Elles restèrent quelques minutes supplémentaires à prendre l’air puis elles reprirent la route.

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L’agent Reyes revint vers la voiture, où l’attendait Scully, avec des sandwichs frais, deux pommes et du jus de fruit multi-vitaminé. Elle tendit sa part à la future maman qui ne se fit pas prier pour croquer dans son sandwich.

« J’ai besoin d’une cigarette. Ça ira si je vous laisse quelques minutes ? demanda Monica en finissant sa pomme. Je ne serai pas loin.

- Aucun problème. Prenez votre temps. »

L’agent Reyes attrapa alors son paquet de Morley et s’éloigna un peu. Elle ne voulait pas fumer près d’une femme enceinte mais, au vu des circonstances, s’éloigner de sa protégée la mettait mal à l’aise. Elle choisit alors un vieux tronc d’arbre comme point de chute ; de là elle pouvait garder un œil sur Scully. Elle alluma sa cigarette puis laissa son esprit vagabonder un peu. Elle pensait à sa passagère et au périple qu’elle entreprenait. Dana Scully avait su acquérir son respect dès leur première rencontre, quelques mois plus tôt, et désormais elle éprouvait pour elle de l’admiration. Monica connaissait très peu de personnes qui auraient encaissé avec autant d’aplomb tout ce qu’elle avait traversé ces derniers jours : la découverte que des espions avaient infiltré son entourage, le retour d’un vieil ennemi à qui elle avait été forcée de faire confiance, la mise en danger de son enfant et la fuite avec une personne qu’elle connaissait à peine. « Cette femme a des nerfs d’acier mais le jour où elle s’écroulera, je ne suis pas certaine qu’elle se relèvera. Ce qui serait vraiment dommage car elle est une force de la Nature. Ou, du moins, elle en a tous les attributs. Elle se bat comme une lionne pour protéger son enfant et prend de gros risques pour assurer sa survie. C’est très courageux, pensa-t-elle en tirant une nouvelle bouffée. » Elle resta encore quelques instants à méditer puis écrasa son mégot er revint vers Dana.

« Vous êtes prête à reprendre la route ?

- Pas tout à fait. Ca vous dit une petite balade ? De toute manière, vu la vitesse à laquelle je me déplace, nous n’irons pas bien loin. »

Reyes approuva d’un vigoureux signe de tête. Elle aussi avait besoin de se dégourdir encore un peu les jambes. Elle reposa son paquet de cigarettes, ferma la voiture et suivit Dana.

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Elles marchaient depuis environ 10 minutes quand Dana, qui semblait ne plus être capable de se taire, posa la question qui trottait dans sa tête depuis un long moment.

« Agent Reyes, je peux vous demander ce qui vous a poussé à vous embarquer dans cette aventure ? »

Scully venait de s’arrêter. Monica en fit autant avant de répondre :

« Je n’ai pas pour habitude de fuir face au danger ou de refuser mon aide à une personne dans le besoin. Ou à un ami.

- Doggett ?

- Doggett. »

Le ton avec lequel Monica avait prononcé le nom de son partenaire conforta Dana dans l’idée que la jeune femme en était éprise. En voyant arriver l’agent Reyes dans le parking souterrain du FBI, elle avait tout de suite compris que John avait fait appel à elle, une amie et une personne digne de confiance, pour assurer sa protection. La présence de Monica Reyes la rassurait et elle savait qu’elle pouvait la suivre presque aveuglément si Doggett l’avait recommandée. Et puis, qu’on se le dise, Dana était ravie d’avoir enfin une présence féminine autour d’elle ! En dehors de sa mère et d’Holly, la secrétaire de Skinner avec qui elle avait sympathisé au fil des années, elle n’avait aucune relation féminine et n’avait plus de confidente. Sa défunte sœur, Melissa, avait toujours joué ce rôle. Elle avait toujours répondu présente, quelles que soient les circonstances ou leurs divergences d’opinion et de caractère, et maintenant elle lui manquait atrocement. Melissa avait toujours accordé du temps à sa petite sœur même si celle-ci, tenue à la discrétion professionnelle et refusant parfois de révéler toute la vérité de peur de mettre ceux qu’elle aimait en danger, pouvait se montrer très évasive dans ses propos. Il y avait chez elle un côté « relax et cocooning » que Dana avait toujours envié et qui la rassurait. L’agent Reyes la lui rappelait un peu. Tout comme sa sœur, elle avait l’esprit ouvert et ne reculait pas devant l’imprévu et l’inhabituel.

« L’agent Doggett m’a dit qu’il vous avait rencontrée à l’une des périodes les plus compliquées de sa vie : la disparition, clôturée par le meurtre, de son fils Luke. Il a insisté sur le réconfort que votre présence lui avait procuré et je ne l’avais jamais entendu évoquer ce sujet avec si peu de retenue. Je veux dire par là qu’il n’avait jamais abordé cette question d’un point de vue positif. Si positif il peut y avoir dans une telle histoire.

- Honnêtement, je ne sais pas comment font les parents pour survivre à la mort d’un enfant. A plus forte raison quand il s’agit d’un enfant unique. John et Barbara ont enduré les pires épreuves que la vie peut mettre sur la route d’un parent : disparition, meurtre, enterrement et irrésolution de l’enquête. Et John a vécu encore pire puisqu’il a vu le cadavre de son fils. J’espérais, il y a quelques semaines, parvenir à fermer le dossier et apaiser l’esprit de John en résolvant l’affaire mais mon enquête n’a pas porté ses fruits. Même avec l’aide de Mulder. »

Monica se tut quelques secondes en repensant à l’expression d’incrédulité, d’incompréhension et d’horreur absolue qui s’était peinte sur le visage de son ami lorsqu’il avait vu le corps de Luke. Monica elle-même ne se rappelait que trop bien de l’appréhension et de l’horreur qui l’avaient saisie à ce moment-là.

« Il a ajouté que vous étiez la seule bonne chose qui était sortie de ce chaos, reprit Scully

- Il n’a jamais osé me le dire en face mais je l’avais compris. Il faut dire que nous avons travaillé ensemble pendant des mois même s’il nous est arrivé de ne pas nous comprendre.

- Des problèmes de points de vue ?

- Disons…qu’il n’est pas suffisamment ouvert à toutes les éventualités et que certaines pistes n’ont peut-être pas été explorées. Ou alors pas autant qu’elles auraient dû l’être.

- Que voulez-vous dire ?

- Je ne sais pas si c’est à moi de vous en parler. Je ne voudrais pas me brouiller avec John ou trahir sa confiance. Quoique, dit-elle en se ravisant, vous êtes peut-être déjà au courant vu que j’en ai fait part à l’agent Mulder.

- Vous parlez de la vision que vous avez eue après la découverte du corps de Luke ? »

Monica acquiesça.

« Ce n’est pas Mulder mais Doggett qui m’en a parlé en me rendant visite à l’hôpital pour obtenir mon avis sur votre enquête et sur l’implication de Mulder. Comme lui, je dois vous avouer être assez sceptique cependant il m’est impossible de nier que la réalité n’est parfois pas ce qu’elle prétend être.

- Que pensez-vous de tout ceci en définitive ?

- Je ne sais pas trop. Je n’ai pas étudié le dossier et n’ai pas eu cette vision. Ma raison me pousse à prendre le parti de l’agent Doggett mais une part de moi-même ne peut que concevoir que l’esprit se retranche derrière autre chose, pour ne pas dire une illusion, afin de ne pas sombrer dans la folie. J’en suis d’autant plus consciente maintenant que je m’apprête à être mère, dit-elle en posant une main sur son ventre rebondi. Cela dit, je ne vois pas quel intérêt l’agent Doggett ou vous-même auriez à mentir. John était sans doute dans le déni et cherchait un coupable qu’il pourrait incriminer immédiatement. Et quoi de mieux que de blâmer le Seigneur ou le Diable. Quant à vous, l’expérience m’a appris à ne pas sous-estimer les personnes ayant reçu un don. Je n’y crois pas forcément mais je répugne à mettre votre parole en doutes. Surtout aujourd’hui alors que vous vous tenez à mes côtés et que vous venez d’apprendre l’existence des extra-terrestres et de super-soldats, acheva Dana en buvant une gorgée de son jus de fruits. »

Monica prit quelques instants pour réfléchir à ce que Scully venait de lui dire. Mulder lui-même ne l’avait pas crue alors qu’il était doté d’un esprit très ouvert. Scully, elle, ne semblait pas mettre définitivement en doute sa parole et lui avait parlé en toute franchise. Cette franchise et son absence de remise en question complète de sa vision étaient peut-être dus à la situation qu’elles traversaient actuellement. Dana ne voulait sans doute pas la vexer ou la blesser mais Monica sentait que les années avaient dû émoustiller le regard qu’elle portait sur le monde et ses mystères. Peut-être que, quand cette histoire serait finie, elle pourrait lui demander son aide sur le dossier Luke Doggett. Peut-être que tout ce dont il avait besoin était d’être entièrement ré-étudié, avec différentes perspectives, pour aboutir. Tout ce que voulait Monica Reyes était résoudre cette affaire non-classée et apaiser un peu l’esprit tourmenté de John.


sanct08  (26.02.2021 à 18:02)

Acte 2 : Au milieu de la nuit, une lumière éclaire les ténèbres

               Combien d’heures s’étaient écoulées depuis leur départ de Washington ? Aucune des deux femmes ne le savait vraiment. Après avoir quitté l’aire d’autoroute, elles avaient repris la route mais s’étaient arrêtées à plusieurs reprises pour s’aérer l’esprit et se dégourdir les jambes. Dana avait expressément refusé de ne pas faire de pauses régulières : elles avaient besoin de marcher un peu et elle craignait aussi que Monica ne tombe de fatigue plus rapidement si elle ne prenait pas l’air de temps à autre. Conduire aussi longtemps était fatiguant. Et la chaleur actuelle ne facilitait pas les conditions de conduite. Dana regrettait donc de ne pouvoir la remplacer derrière le volant afin qu’elle se repose un peu mais son état l’empêchait de se mouvoir comme elle le voulait.

Elles finirent malgré tout par quitter les grands axes routiers et, après avoir emprunté de nombreuses petites routes de campagne, elles arrivèrent dans une ville-fantôme. La nuit était déjà tombée et seule la lumière des phares éclairait la place où elles venaient de se garer.

« On est au bout du chemin, annonça Monica en fermant la voiture et en rejoignant sa protégée.

- Oui, au sens propre ! Si quelqu’une nous trouvait ici, ce serait vraiment miraculeux ! Où sommes-nous exactement ?

- Democrat Hot Springs. On venait y faire des cures thermales avant que les sources se tarissent et les gens avec elles. L’agent Doggett est né ici.

- Ah oui ? C’est réconfortant, dans un sens, dit Dana que cette révélation avait d’abord surprise avant de la trouver encourageante car elle ne put s’empêcher de penser que tout irait bien pour son enfant si son partenaire était né ici. Alors, où voulez-vous qu’on s’installe ?

- Par ici, lui répondit Monica en désignant un bâtiment que rien ne distinguait de ses voisins

- Vous avez une bonne raison ? demanda la future mère en lui emboitant tout de même le pas

- Je crois vous avoir dit que je suis sensible aux ondes émises par un lieu ou une personne et je n’ai jamais regretté d’avoir suivi mon instinct. »

Elles se dirigèrent vers le bâtiment qui s’avéra être un presbytère désaffecté. Elles en poussèrent la porte et pénétrèrent dans une salle dont l’unique décoration était des toiles d’araignées et le vitrail sur lequel figurait une phrase extraite du livre de L’Exode. Scully promena son regard autour d’elle pour mieux appréhender cet endroit où elle allait donner la vie.

« J’ai moi-même un curieux sentiment, reconnut-elle, rassurée en son for intérieur de se trouver dans un lieu à connotation religieuse à défaut d’être dans un hôpital pour accoucher »

Il restait cependant du travail à faire pour rendre cet espace aussi propre et hygiénique que possible avant l’arrivée du bébé. Cela ne sembla pas décourager Monica qui, après avoir fait une pause-cigarette, s’attela au ménage. Ainsi, pendant que Dana l’attendait à l’extérieur, l’agent Reyes commença à dépoussiérer les lieux, dénicha un lit en fer forgé, des seaux et même quelques couvertures en bon état. Puis elle se rendit à la source des eaux thermales et parvint, sans trop bien savoir comment, à faire jaillir un peu d’eau de la roche. La source était pourtant censée être tarie… Déterminée à ne pas laisser son moral fluctuer, elle décida d’interpréter cet évènement comme un bon présage et retourna auprès de Dana. Une fois qu’elle eut tout nettoyé et apprêté, elle appela la future mère. En entrant, la surprise mêlée de contentement qui éclaira le visage de sa nouvelle amie dédommagea Monica bien plus qu’un simple remerciement. Au même instant les deux femmes sentirent qu’une nouvelle étincelle, appelée amitié, venait de s’instaurer en elles. Respect et affection : les deux moteurs nécessaires à l’établissement d’une relation solide.

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Il y avait maintenant 5h que Dana avait perdu les eaux et les contractions s’étaient invitées peu après. La nuit promettait d’être longue. Dana comme Monica étaient anxieuses. Que se passerait-il si l’accouchement tournait mal ? L’hôpital le plus proche était à 40km et le premier village habité se trouvait à environ 35km. Elles étaient complètement isolées et commençaient à craindre que leurs ennemis ne les aient localisées. La réapparition de Billy Miles le laissait penser. Monica avait beau lui avoir certifié qu’il était mort, la poitrine trouée par un tir bien ajusté de la shériff locale, Dana en doutait. Les super-soldats, ces hommes transformés en machines à tuer indestructibles par les Gris, constituaient un réel danger pour l’enfant à venir et son entourage.

Un instant, les pensées de Scully la ramenèrent à Washington vers Mulder et ses amis qui se battaient aussi pour assurer sa sécurité et celle de son bébé. Eux aussi étaient en danger. Ils l’étaient d’autant plus qu’ils devaient faire face aux super-soldats mais également à Alex Krycek. Ce démon les avait une nouvelle fois trahis en révélant sa position à Knowle Rorher. Mulder comme Doggett faisaient désormais face à leur Némésis respective. Elle espérait fortement les revoir tous à son retour. Ce n’était pas comme ça qu’elle avait envisagé son accouchement ! Elle n’avait pas prévu de devoir faire un long voyage à quelques jours seulement de son terme destiné à la mener au fin fond de la campagne pour donner la vie et d’effectuer ce trajet aux côtés d’une femme qu’elle ne connaissait pas bien ! Loin de là ! Elle aurait normalement dû accoucher dans un hôpital, là où tout pourrait rapidement être mis en œuvre si les choses tournaient mal. Elle savait qu’elle ne devrait pas s’alarmer autant mais elle avait eu tellement de problèmes pendant sa grossesse qu’elle ne pouvait pas s’empêcher d’envisager toutes les hypothèses, les bonnes comme les mauvaises. Elle craignait que ses connaissances en gynécologie et en obstétrique ne soient pas suffisantes si tout ne se déroulait pas comme prévu. D’autre part, elle aurait souhaité que sa mère ou Mulder soit présent. Sa mère de préférence. Margaret avait donné naissance à 4 enfants et était d’un naturel calme et rassurant. Sa fille était convaincue qu’elle aurait été une présence réconfortante en cet instant, surtout maintenant que la situation avait évoluée en un sens qu’elle n’avait pas prévu. Pendant une folle minute, avant de partir avec l’agent Reyes, elle avait même envisagé que tout se passe comme elle l’avait programmé. Skinner, Doggett et Mulder auraient simplement eu à sécuriser l’accès la salle d’accouchement et le tour aurait été joué. Mais les 3 hommes avaient été intraitables : l’hôpital était le premier endroit où ses ennemis la chercheraient. Si elle voulait avoir une chance de donner la vie le plus sereinement possible au vu des circonstances, elle devait impérativement quitter la capitale et éviter les établissements de santé afin d’être le moins repérable possible. Et Dana devait bien admettre qu’ils avaient raison. Elle ne pouvait pas et ne voulait pas mettre sa mère et son enfant, ou même Mulder, plus en danger qu’ils ne l’étaient. Personne, en effet, ne savait exactement combien il existait de super-soldats et ne connaissait leur identité. Ils pouvaient être n’importe où même parmi une équipe médicale.

Une nouvelle contraction la tira de ses pensées. Celle-ci avait été plus rapprochée de la précédente que les dernières qu’elle avait ressenties. C’était pour bientôt.

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Dana aurait détesté être reine de France. Devoir accoucher devant tout un parterre de gens devait être épouvantable. Correction : était épouvantable. Scully était en train d’en faire l’expérience. Une armée de super-soldat était arrivée à Democrat Hot Springs à l’instant même où le bébé pointait le bout de son nez. Et à la différence des reines de France, ces spectateurs étaient menaçants. Ils en voulaient à son enfant même si, pour l’heure, ils restaient inactifs et se contentaient de la regarder accoucher.

« Dana ! Poussez ! »

La voix de Monica résonna dans le silence de la pièce et la força à détourner son regard de ses ennemis pour se reconcentrer entièrement sur la naissance. Elle avait peur. Peur que les choses soient encore pires qu’elle ne l’avait imaginé. Pas une minute elle n’avait envisagé qu’ils puissent être si nombreux ! Si l’idée d’être débusquées ici avait effleuré son esprit, elle n’avait jamais pensé que tant de super-soldats existaient et seraient sur place ! Monica et elle pouvaient être tuées dès l’enfant né ; celui-ci pouvait aussi être tué ou pire encore, être kidnappé et élevé dans la haine des Humains ou vendus aux Gris et jamais personne ne pourrait le retrouver pour lui épargner cette vie-là. Dana craignait qu’il ne puisse vivre l’Enfer et, pour la première fois en 9 mois, elle regretta un bref instant d’avoir si ardemment souhaité être mère. Son bébé pourrait bien connaitre le même sort funeste que sa fille, Emily. Elle ne pouvait pas supporter cette idée.

« Ne les laissez pas le prendre, supplia-t-elle une nouvelle fois son amie, il est à moi. »

Elle croisa le regard de l’agent Reyes et y lut une promesse : celle de se battre jusqu’au bout, et ce quelle que soit l’issue de la situation, pour ce nourrisson. En dépit de ses craintes, l’espoir ressurgit en elle. Même si elle était incapable de se battre pour lui autant qu’elle le voudrait une fois qu’il serait né, Monica assurerait sa survie et sa protection. Elle en était certaine. Depuis le début, la jeune femme avait fait preuve d’un grand sang-froid et avait été un soutien sans failles, elle savait pouvoir lui faire confiance à présent.

Un cri brisa le silence. Celui du nouveau-né. L’agent Reyes l’enveloppa immédiatement dans une serviette chaude, se gardant bien de mentionner son sexe pour ne pas fournir cette information à ces monstres, puis se redressa et le cala dans un de ses bras. Elle se servit de l’autre pour se saisir du fusil laissé par la shériff quand sa forfaiture avait été révélée, le pointa vers ses ennemis prête à en découdre et pria pour que tout se termine bien. Soudain, à la surprise générale, les super-soldats inclinèrent brièvement le torse devant la mère et l’enfant puis quittèrent un à un la pièce sans tenter quoi que ce soit. Monica, pas plus que Dana, ne comprenaient ce que cela signifiait. Au bout de quelques instants, la femme brune s’approcha de la parturiente et lui mit son enfant dans les bras. Elle lui donna également son arme de service et se dirigea vers la porte le canon du fusil pointé devant elle.

« Agent Reyes, où allez-vous ?

- Vérifier qu’il n’y ait pas une de ces créatures tapies dans l’ombre et ramener la voiture plus près d’ici.

- Soyez prudente.

- Je vous le promets. Surtout ne laissez entrer personne et tirez si vous avez le moindre doute.

- Mais…

- Tirez sans hésiter Dana. »

Son ton ne souffrait aucune réplique aussi l’accouchée n’insista pas. Pendant que Monica partait inspecter les environs, Dana faisait connaissance avec son nourrisson. Son fils. Elle écarta légèrement les pans de la serviette pour découvrir son visage. Le bébé ouvrit les yeux en sentant le regard de sa mère se poser sur lui. Une larme roula sur chacune des joues de cette dernière. Des larmes de bonheur. Elle avait tant prié et enduré de tests et examens médicaux pour tomber enceinte que tenir son fils dans les bras était son plus beau cadeau. Son miracle.

« Bonjour ma précieuse étoile. »

Le nouveau-né remua légèrement lorsque sa mère lui caresse doucement la joue. La porte s’ouvrit au même moment et Dana, plus rapide que l’éclair, pointa son arme prête à tirer vers l’arrivant.  Ce n’était que Monica. Rassurée, elle baissa son arme.

« Vous sentez capable de marcher jusqu’à la voiture ? »

Scully acquiesça et tous trois prirent la route en direction de l’hôpital.

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Lorsque Dana rouvrit les yeux, l’aube se faisait jour. La première pensée qui traversa son esprit encore embrumé fut pour son fils.

« Mon fils, où est mon fils ?! »

- Il est là Dana. »

La voix de Monica la rassura immédiatement puis elle entendit un bruit de roulettes. L’agent Reyes était en train de pousser le berceau en plastique vers elle pour qu’elle puisse voir son enfant. Le nouveau-né dormait paisiblement.

« Il va très bien. Les médecins sont formels. Ils étaient plus inquiets à votre propos car vous aviez perdu un peu trop de sang mais votre état s’est vite amélioré.

- Bonne nouvelle. Merci, ajouta-t-elle après quelques secondes de silence. »

Monica lui sourit. Elle n’avait pas quitté le nourrisson depuis leur arrivée à l’hôpital même quand il avait fallu le séparer de sa mère pour le mettre, momentanément, en couveuse et lui prodiguer des soins nécessitant de lui faire quitter les urgences pour le service de natalité. Quand les médecins avaient voulu éloigner l’enfant, elle avait vu Dana se tendre et l’inquiétude se peindre sur son visage à l’idée que l’un des médecins essaye de lui enlever son enfant. L’un d’eux pouvait très bien être un allié de leurs ennemis ou pire encore, l’un d’eux. Pour la tranquilliser, la femme brune avait donc proposé d’accompagner son fils pendant qu’elle se faisait soigner. Les médecins n’avaient pas été particulièrement enchantés de cette décision, ils auraient préféré avoir le maximum d’espace pour agir, mais elle avait sorti sa carte d’agent du FBI et plus une seule protestation n’avait été émise.

« Pourquoi les super-soldats n’ont-ils rien tenté ?

- Je ne sais pas, agent Reyes. Je ne comprends pas plus que vous. Nous étions pourtant des proies faciles et ils étaient bien plus nombreux que nous. Et au moins aussi déterminés que nous l’étions. Mais je vous avouerais que la seule chose qui m’importe maintenant est qu’ils soient loin de mon fils.

- Je veux bien le croire. D’autant plus qu’il y a peu de risques qu’ils reviennent si tôt. Ce qui ne signifie pas que votre fils n’est plus en danger pour autant ».

Dana hocha affirmativement la tête. Elle sentait, au plus profond d’elle-même, que des ennemis se dresseraient encore sur leur route mais elle ne voulait pas y penser maintenant.

« Vous voulez bien me donner mon fils s’il vous plait ? »

L’agent Reyes prit délicatement le nourrisson dans ses bras et le plaça dans ceux de sa mère. Ils formaient un tableau attendrissant et elle ne regrettait pas un instant d’avoir pu contribuer à ce que ce moment ait lieu.

« Je peux vous demander comment vous allez l’appeler ?

- William. William, Félix, David Scully.

- Ce sont de jolis prénoms.

- Merci. Merci pour tout, ajouta-t-elle avec toute la gratitude qu’elle pouvait transmettre dans ce simple mot. Sans vous je ne sais pas si j’aurais pu connaître ce bonheur.

- Ce n’était rien, je vous assure !

- Bien au contraire ! Vous avez été formidable ! J’avoue avoir été très impressionnée par votre sang-froid et votre cran. Et si je devais revivre une telle situation, je ne souhaiterais avoir personne d’autre à mes côtés, lui assura-t-elle sincèrement. Sans vous, ni William ni moi ne serions là. Nous vous devons la vie. William plus encore que moi. Je ne pourrai jamais assez vous remercier de vous être embarquée dans cette folle aventure et d’avoir bravé tous les dangers pour nous protéger.

- Pour être honnête, je ne savais pas à quoi m’attendre mais je ne regrette rien. Et je suis soulagée que tout se termine bien car je ne sais pas ce que j’aurais fait si vous n’aviez pas également gardé votre calme ! »

Elles rirent toutes les deux de soulagement puis Moncia reprit place dans son fauteuil pour prendre un repos bien mérité pendant que Dana pouponnait. Le 15 août 2001 resterait à jamais gravé dans leurs mémoires.

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Le 8 décembre 2001, jour de la fête de l’Immaculée Conception, le Père McCue officiait le baptême du petit William. Tous les amis de Dana et sa famille étaient présents. Seuls manquaient son père et sa sœur, tous deux décédés, et Mulder qui parcourait le pays pour éliminer les menaces pesant sur son fils et elle. La cérémonie avait lieu dans la plus vieille église de Washington et Scully avait ensuite prévu de fêter cet évènement autour d’un bon repas que sa mère et ses deux belles-sœurs, Tara et Adeline, avaient préparé. Peter, Ben et Matthew, ses neveux, avaient revêtu leurs plus beaux atours et s’extasiaient devant leur petit cousin. Dana avait longuement hésité quant au choix du parrain et de la marraine avant de choisir Walter Skinner et Moncia Reyes. Elle savait parfaitement ce qu’elle devait à ces deux-là et avaient tenu à leur prouver sa reconnaissance. Elle était convaincue d’avoir fait le meilleur des choix possibles.

La cérémonie fut superbe. Porté sur les fonds baptismaux par sa marraine, William ne pleura même pas quand le Père McCue lui versa de l’eau bénite sur le front. Il bénit ensuite la croix du baptême qui serait remise au bébé. Dana avait tenu à ce que son fils hérite de la croix en pendentif de sa défunte sœur ainsi Melissa serait un peu présente en ce grand jour. En dépit de l’absence de 3 de ses proches, Dana était heureuse. Son fils, sa lumière, illuminait son monde et avait même réussi pendant un temps à repousser les ténèbres qui entouraient sa vie et celle de son père. Jamais elle n’avait vu Mulder aussi heureux que le jour où elle lui avait déposé William dans les bras pour la première fois. Jamais elle ne pourrait oublier le sourire qui s’était dessiné sur son visage. Ils étaient comblés, heureux. Simplement heureux.


sanct08  (27.02.2021 à 16:23)

Acte 3 : Quand tout s’écroule, une présence à nos côtés

            Dana Scully regardait son fils s’agiter dans son lit, tendant les mains vers son mobile comme s’il cherchait à l’attraper pour le faire tourner. Ses yeux étaient pleins de larmes. Des larmes de douleur et de peine. Elle ressassait encore et encore l’avertissement que lui avait donné Jeffrey Spender concernant les dangers que le nouveau Consortium représentait pour son fils. Elle avait compris que, tant qu’il serait à ses côtés, le danger serait permanent pour lui. Qu’elle ne pouvait pas assurer sa sécurité et qu’elle ne pourrait jamais lui offrir une vie normale. Elle n’avait pas pu choisir ce qu’il était mais elle pouvait influer sur ce qu’il serait. Pour qu’il ait une vie normale, elle devait s’en séparer. Cette simple idée lui était insupportable et des sanglots s’étranglèrent dans sa gorge. Elle avait tant souhaité être mère ! Et le Ciel lui avait accordé cette faveur avant de la lui reprendre. C’était tellement injuste !

« Vous n’êtes pas obligée de faire ça Dana. »

Monica Reyes venait d’entrer dans la chambre de William.

« Quel autre choix ai-je ? S’il reste avec moi, c’est la mort qui l’attend. Il n’a que 8 mois et on a tenté de le tuer 2 fois et il a déjà été kidnappé. Est-ce que vous trouvez ça normal ?

- Personne ne peut assurer une protection optimale à son enfant. C’est impossible. Mais nous pouvons trouver une solution pour le protéger encore plus. Nous mettrons tout en œuvre pour cela.

- Ca ne suffira jamais, affirma Dana dont la voix se brisa en prononçant ces mots, et fuir comme le fait actuellement Mulder ne fera que retarder l’échéance. Et puis quelle vie lui offrirai-je en faisant ça ? Même si ça fonctionnait pendant un temps, il grandirait en passant son temps à regarder derrière son épaule pour s’assurer que personne ne le suit. Et il faudrait bouger tellement souvent pour brouiller les pistes qu’il n’aurait jamais d’attaches. Je ne veux pas lui imposer ça. Je ne peux pas lui imposer ça. Non, il n’y a pas d’autres choix, dit-elle des sanglots plein la voix ».

Monica s’approcha d’elle et posa une main sur son épaule.

« Alors je vous épaulerai autant que possible. »

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            Scully ne parvenait pas à trouver le sommeil. Elle n’arrivait pas à chasser de son esprit et de son cœur la peine qu’elle éprouvait. Elle quitta son lit et se rendit dans la chambre de son fils. Elle se pencha sur le lit avec le maigre espoir d’avoir cauchemardé mais la réalité la frappa, une fois encore, de plein fouet. William n’était plus là. Il ne serait plus jamais là. Si ça continuait, elle allait finir par devenir folle…Elle promena son regard autour d’elle en se disant qu’il lui faudrait, le plus rapidement possible, déblayer ses affaires pour tenter d’oublier. Quelle idiote ! Comment pourrait-elle oublier ces 8 derniers mois ? Les 8 meilleurs mois de sa vie. Elle toucha le mobile étoilé pour le faire tourner et entendit le gazouillement de plaisir de son fils comme s’il était là. Et soudain, la douleur qui l’oppressait depuis des jours se libéra. Ses jambes se dérobèrent sous elle, les larmes coulèrent tels des torrents sur ses joues et un cri de souffrance lui échappa. Jamais elle ne parviendrait à avancer. Elle ne le pouvait pas. Elle ne le voulait pas. Les regrets qui l’habitaient la détruisaient à petit feu. L’image de son fils dansa devant ses yeux et, pour la énième fois depuis 13 jours, elle repensa à ce jour funeste où elle l’avait confié à une agence de placement…

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            « Vous êtes certaine de votre choix ? »

Monica ne posait la question que pour la forme. Elle savait que son amie ne reviendrait pas sur sa décision mais elle tenait à lui offrir une dernière opportunité. Une fois la porte de l’agence d’adoption franchie, elle savait que reculer ne serait plus possible. Dana, blanche comme un cachet d’aspirine, jeta un œil à son fils endormi à l’arrière du véhicule avant d’acquiescer. L’agent Reyes coupa donc le moteur et sortit de la voiture. L’agent Scully la suivit et détacha le cosy dans lequel dormait William puis les deux femmes traversèrent la rue. Arrivées devant la porte de l’agence Scully sembla hésiter un bref instant. Elle se tourna vers sa collègue comme si elle attendait que celle-ci lui dise quoi faire mais Monica garda le silence. Elle ne pouvait pas agir à sa place. Tout ce qu’elle pouvait faire était l’accompagner dans sa démarche et être présente pour la récupérer quand ses nerfs allaient craquer. Mais Dana était courageuse et déterminée. Aussi difficile que soit sa décision, elle était certaine d’agir au mieux pour son fils. C’était du moins ce qu’elle se répétait à longueur de journée pour donner un sens à son action. Elle se ressaisit et poussa la porte. Elle s’annonça à la secrétaire et indiqua avoir rendez-vous avec Madame EagleTown. La secrétaire leur fit signe d’attendre et partit avertir l’agent de placement. Elle revint quelques secondes plus tard avec une femme noire d’une soixantaine d’année qui arborait un air bienveillant.

« Madame Scully, si vous voulez bien me suivre. »

Dana se leva, attrapa le cosy et la suivit avant de s’arrêter net à l’entrée de la salle d’attente. Son instinct lui criait de demander à sa partenaire de la suivre. Juste au cas où elle n’aurait pas la force d’aller jusqu’au bout toute seule.

« Est-ce que ça vous gênerait de m’accompagner ? Je ne veux pas être seule. »

Celle-ci guetta l’approbation de Madame EagleTown puis leur emboita le pas.

« Nous sommes donc ici pour procéder au placement de William, Félix, David Scully âgé de 8 mois. Nous sommes bien d’accord ? »

Dana hocha affirmativement la tête. La femme lui tendit alors un dossier et lui expliqua comment le compléter. Une fois le dossier rempli, elle reprit la parole.

« La loi m’impose de vous rappeler qu’une fois sortie de ce bâtiment, vous serez déchue de votre autorité parentale et de vos droits sur cet enfant. Toute tentative pour l’approcher sans accord de notre structure ou des futurs parents sera sanctionnée. Avez-vous bien compris ? »

Scully hocha à nouveau la tête, incapable de prononcer le moindre mot.

« Vous avez cependant donné votre accord pour que les informations médicales vous concernant puissent être libres d’accès pour les adoptants ou pour nos centres, sous couvert du respect de votre anonymat cela va de soi. Je me répète mais l’accès à ces informations ne vous donne pas le droit d’entrer en contact avec lui en cas de problèmes. Pas plus que cette clause ne permet aux adoptants de faire appel à vous en cas de soucis d’ordre médical. Cela étant dit, je vous informe que dans le cadre de l’adoption que vous avez choisie, les prénoms de l’enfant peuvent être changés. Vous ne devez donc rien laisser qui puisse permettre de l’identifier comme William Scully. Pas de gommette, de médaille ou de vêtements portant son nom. A votre demande écrite à nos services en amont de cette entrevue, il vous est cependant autorisé de lui conserver sa croix en pendentif car elle ne présente aucun signe distinctif permettant de l’identifier comme un membre de votre famille. Ceci étant dit… »

Elle fut interrompue par les pleurs de William. Instinctivement Dana le sortit de son cosy, le prit dans ses bras et commença à le bercer. Puis elle prit conscience que son attitude devait sembler complètement décalée par rapport à la démarche qu’elle entreprenait. Madame EagleTown sembla hésiter un instant puis demanda :

« Madame Scully, êtes-vous certaine de ne pas vouloir revenir sur votre décision ? Je fais ce métier depuis 32 ans et il est rare que je voie des parents répugner à ce point de se séparer de leur enfant.

- Je n’ai pas le choix, marmonna Dana que la tentation de revenir sur sa décision commençait sérieusement à tarauder surtout maintenant qu’une nouvelle possibilité de faire machine arrière lui était offerte

- Dans ce cas, je vous propose de prendre quelques minutes pour lui dire au revoir et, éventuellement, reconsidérer votre décision. Pendant ce temps je vais aller photocopier votre dossier pour que vous en ayez un exemplaire. Les histoires se terminent parfois bien, lui dit-elle en ouvrant sa porte, et j’aime voir les parents revenir sur leur décision avant qu’il ne soit trop tard. J’ai tellement souvent entendu des parents me dire « qu’ils n’avaient pas le choix » pour se donner bonne conscience… Je vois bien et je sens que c’est à regret que vous entreprenez cette démarche, je ne voudrais pas vous laisser sortir d’ici en ayant l’impression de ne pas vous avoir donné toutes vos chances de changer d’avis… »

Elle quitta la pièce. Une larme s’écrasa sur le front de William qui chouina pour montrer son mécontentement. Etait-ce un signe que sa décision était mauvaise ? Devait-elle garder William et continuer de passer ses journées à se demander qui allait tenter de le lui enlever ou de le tuer ? Devait-elle continuer à défier ce nouveau Consortium et craindre de subir le même sort que Jeffrey Spender ? Elle ne savait pas. Elle était perdue et tout se compliquait maintenant qu’il s’était réveillé.

« Je ne peux pas faire ça. Pourquoi a-t-il fallu qu’il se réveille ?! Tout aurait été plus simple s’il était resté endormi. Pourquoi ? gémit-elle »

Monica avait bien conscience que Dana s’adressait à elle autant qu’à elle-même. Elle cherchait une raison de renoncer, une échappatoire mais Monica ne pouvait pas la lui donner. Elle savait que ce scénario pouvait se reproduire dans quelques semaines, quelques mois ou même quelques années et que l’attachement de la mère et de l’enfant serait encore plus fort. Que la décision serait encore plus impossible à prendre. Et elle savait que Dana le savait aussi. Tout comme elle savait qu’elle ne renoncerait pas, en dépit de ses doutes, parce que seuls la sécurité et le bonheur de son fils comptaient à ses yeux. Le réveil de William compliquait seulement encore les choses et poussait son amie dans ses derniers retranchements. La forcer à prendre la mesure de son acte. C’était l’ultime épreuve. Qui pouvait affirmer que le bébé ne se rappellerait pas de son abandon ? Après tout, il n’était pas tout à fait un enfant comme les autres…

« J’ai tellement, tellement, voulu être mère. La venue de William a empli toute mon existence de bonheur et d’amour. J’avais tant de rêves à lui offrir et maintenant je dois laisser cet amour que j’ai voulu du plus profond de mon âme et de mon cœur. Jamais je ne le verrai grandir. Je ne serai pas là quand il fera des cauchemars ou sera malade. Ce n’est pas ma main fraîche sur son front brûlant de fièvre qu’il sentira ni mes bras protecteurs et rassurants qui l’entoureront quand il aura peur. Je ne serai rien pour lui. Je ne serai même pas une inconnue puisqu’il ne saura pas que j’existe. Je vais manquer tant de choses ! Ses premiers pas, son premier mot, sa première rentrée à l’école, l’obtention de son diplôme… Je ne l’entendrai jamais m’appeler maman…sa voix se brisa et elle essuya rageusement les larmes qui coulaient sur ses joues. »

Monica ne savait ni quoi faire ni quoi dire. Rien ne pouvait soulager sa peine et elle regretta soudain de ne pas lui avoir proposé de se faire accompagner par John. Leur douleur n’était certes pas identique mais il était peut-être le seul à avoir une vague idée de ce qu’elle traversait. Dana serra plus fort William contre elle puis l’embrassa tendrement avant de lui chuchoter quelques mots à l’oreille, ses derniers mots, et le tendit à Monica à l’instant où Madame EagleTown revenait dans le bureau.

« Prenez-le, dit-elle à son amie puis se tournant vers Madame EagleTown elle demanda : tous les papiers sont en règle ?

- Tout à fait. Voici votre exemplaire. »

Dana la remercia, fourra le dossier dans son sac, jeta un dernier regard à son fils puis salua l’agent des services publics et quitta la pièce avant de changer d’avis. Monica embrassa à son tour le bambin puis le réinstalla dans son cosy en s’assurant qu’il était bien attaché avant de saluer à son tour Madame EagleTown et de quitter les lieux. En sortant elle constata que Scully n’était plus dans le bâtiment. Elle la retrouva devant la voiture, agitée.

« Je peux vous prendre une cigarette ? »

Monica n’eut pas le cœur de la lui refuser et lui tendit une de ses Morley. Dana ne grimaça même pas comme elle le faisait parfois en voyant son amie fumer la même marque de cigarettes que son pire ennemi. Elles restèrent silencieuses un long moment puis Scully prit la parole.

« Merci de m’avoir accompagnée. Je n’aurai jamais pu faire ça seule.

- Et pourtant c’est ce que vous avez fait.

- Parce que je savais que j’avais un filet de sécurité. Vous. Je savais que vous exécuteriez ma demande de tout faire pour aller jusqu’au bout. Y compris m’enlever William des bras ou agiter les nombreuses menaces qui pèsent sur lui pour m’y contraindre. C’est une lourde charge que j’ai fait peser sur vos épaules et je vous suis reconnaissante de l’avoir endossée.

- Je n’ai pas eu à intervenir.

- J’ai bien cru que vous y seriez forcée quand il s’est éveillé. J’ai totalement perdu le contrôle de la situation à ce moment-là. Et j’ai bien failli renoncer.

- Mais vous ne l’avez pas fait. Vous avez été forte et fidèle à votre pensée jusqu’au bout. C’est admirable. »

Dana ne parvint même pas à la gratifier d’un sourire. Elle se sentait plus mal qu’elle ne l’avait jamais été de toute sa vie. Tout ce qu’elle voulait maintenant, c’était rentrer chez elle, se rouler en boule et affronter son chagrin du mieux qu’elle le pourrait.

« Vous voulez bien me ramener chez moi ? »

Reyes opina et les deux femmes prirent place dans le véhicule.

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Moncia Reyes. Scully se demandait bien ce qu’elle aurait fait sans elle ces derniers mois. Sa présence à ses côtés s’était avérée aussi réconfortante et nécessaire que celle de sa mère. Heureusement qu’elle avait toujours pu compter sur les Lone Gunmen, John Doggett, Walter Skinner et Monica ! Et elle pouvait encore compter sur eux maintenant que William n’était plus sous sa responsabilité. Tous l’avaient soutenu et se montraient compréhensifs mais la jeune femme avait toujours été là. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Soutien fidèle et inébranlable. Elle avait joué un rôle de premier plan dans sa vie et dans celle de son fils : de la naissance de William en passant par son enlèvement jusqu’à son placement. Dana savait pouvoir compter sur elle quoi qu’il advienne. Elle lui avait toujours confié la vie de son fils, la sienne mais aussi celle de sa mère avec une confiance absolue. Aveugle. Il était loin le temps où elle ne lui avait que partiellement accordé sa confiance. Leur amitié s’était bâtie pas à pas, comme on bâtit un jeu de construction. Elle avait grandi et s’était renforcée au point de devenir l’une des relations les plus solides et importantes de la vie de Scully. Et quand tout s’était écroulé autour d’elle, elle était restée à ses côtés acceptant même de « jouer le rôle de la méchante » pour le cas où elle n’aurait pas été capable d’accomplir sa mission. Elle lui devait beaucoup. William aussi. Pour la remercier et continuer à vivre parce que William était vivant et protégé, pour leur prouver et se prouver qu’elle était capable d’avancer, elle devait se relever. Elle essuya ses larmes et entreprit d’empaqueter les affaires de son fils, à l’exception de Stella (sa peluche favorite qu’elle décida de conserver près d’elle), pour aller de l’avant en ressassant le moins possible le passé.

FIN


sanct08  (01.03.2021 à 14:32)

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