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Série : Shiti Hanta
Création : 18.01.2023 à 01h00
Auteur : ShanInXYZ
Statut : Terminée
Ryô tombe dans le coma après avoir sauvé un enfant, il se réveille dans un autre monde que le sien, il a regardé "Robin des bois" la veille et se retrouve dans le film.
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Beta: Nanou/Emilie1905
Synopsis: Ryô tombe dans le coma en sauvant un enfant, alors que tout le monde s’inquiète pour lui, et quand il se réveille il n’est plus dans son monde, il a regardé « Robin des Bois » la veille et il se retrouve dans l’histoire.
Note de l’auteur : J’utilise les noms des personnages originaux et pas ceux français. Les personnages de City Hunter appartiennent à Tsukasa Hojo. Certaines scènes sont la propriété des producteurs du film « Robin des Bois, Prince des Voleurs ». J'ai commencé d'écrire cette histoire en 2008.
Présentation des personnages de City Hunter :
Ryô Saeba (Nicky Larson) : Nettoyeur numéro un du Japon, connu sous le nom de City Hunter, il a un don exceptionnel pour le tir. Amateur de jolies femmes, il n’accepte que de travailler pour des clientes. Il faisait équipe avec Hideyuki Makimura (Tony Marconi), le frère de Kaori (Laura) avant qu’il ne soit assassiné. Il a promis à son ami de veiller sur sa sœur et tient cette promesse comme une interdiction d’avoir des sentiments pour elle. Seul rescapé d’un accident d’avion lorsqu’il était enfant, il a été élevé par des mercenaires en pleine guérilla et ne connaît pas sa véritable identité.
Kaori Makimura (Laura Marconi) : Partenaire de Ryô depuis la mort de son frère, même s’il fait tout pour la faire fuir. Elle a le cœur sur la main mais quand Ryô se met à draguer les clientes, ses colères sont phénoménales et il termine le plus souvent écrasé sous sa massue.
Saeko Nogami (Hélène Lamberti) : Flic japonaise, ancienne partenaire d’Hideyuki Makimura qui sait user des charmes pour que Ryô accepte de l’aider en lui promettant des “coups”, promesse qu’elle ne tient jamais. C’est également une redoutable combattante.
Reika Nogami (Rackel) : Sœur de Saeko et ancienne flic, elle est détective privé après la mort de son ancien partenaire, elle a installé son agence dans l’immeuble voisin de City Hunter.
Mick Angel (Robert Harrisson) : Tueur à gages, ancien partenaire de Ryô quand il vivait aux Etats-Unis. Engagé pour tuer Ryô, il renonce à sa mission pour ne pas faire de peine à Kaori dont il est tombé amoureux, ce qu’il paiera très cher. Son comportement est assez similaire à celui de Ryô.
Umibozu (Mammouth) : Ancien mercenaire, ami et rival de Ryô. Aveugle à cause d’une blessure infligée par Ryô dans le passé, il s’est retiré puis devient gérant du café Cat’s Eye.
Miki (Mimi) : Ancienne mercenaire, compagne d’Umibozu. C’est lui qui l’a formée, elle est la patronne du café Cat’s Eye.
Kazue Natori (Christelle Martin) : Ancienne cliente de Ryô, elle est chimiste et a perdu son fiancé, assassiné. D’abord amoureuse de Ryô, elle décide d’assister le Doc dans sa clinique pour rester proche de Ryô et tombe amoureuse de Mick quand il est blessé grièvement.
Hideyuki Makimura (Tony Marconi) : Ancien flic devenu l’équipier de Ryô. Frère adoptif de Kaori, même si cette dernière ignore la vérité.
Doc (Professeur) : Médecin qui tient une clinique clandestine et vieil ami de Ryô, qu’il a connu très jeune, il était médecin dans le camp des mercenaires qui l’ont reccueilli enfant.
Shin Kaïbara (pas d’équivalent dans l’anime) : Père adoptif de Ryô et dirigeant de l’Union Teope.
Chapitre 1
Les mariés sourirent et s’embrassèrent de plus belle sous les acclamations de la foule assistant au mariage.
Kaori ferma les yeux après la dernière scène de « Robin des Bois, Prince des Voleurs » et chantonna le générique de fin. Quand la chanson prit fin, elle leva une paupière pour voir quel était le son qu’elle captait depuis quelques minutes. C’est à ce moment-là qu’elle découvrit que son partenaire ronflait dans le canapé. Elle était émue par cette histoire d’amour et par les paroles de la chanson et ce grand nigaud de Ryô n’avait rien trouvé de mieux que de s’endormir en plein milieu du film !
Mais qu’est-ce qu’elle fichait avec cet abruti, insensible au moindre sentiment humain ? Elle rêvait qu’il puisse un jour lui dire des choses comme le racontait cette chanson, vraiment elle adorait ce film. Elle avait dû batailler avec Ryô pour le regarder car ce dernier avait un autre programme en tête, à savoir un concours de Miss t-shirt mouillé mais elle était parvenue à le convaincre.
Elle pensait que ça lui donnerait peut-être des idées romantiques car depuis son enlèvement où il avait dit, sans vraiment le dire, qu’il l’aimait, leur relation n’avait pas franchement évolué. Et voilà que ce crétin s’était endormi en plein milieu du film ! Furieuse, elle éteignit la télé et rejoignit sa chambre. Ce n’était pas encore cette nuit qu’elle aurait une déclaration d’amour de l’Etalon de Shinjuku !
Le lendemain, Ryô se réveilla tout courbaturé car il avait fini la nuit dans le canapé. Il se souvenait vaguement d’un film, une histoire de voleur sur fond de romance comme les aimait Kaori mais apparemment il n’en avait pas vu la fin.
Il faut dire qu’il était un peu crevé. Il venait de terminer une enquête qu’il avait faite en solo pour Saeko. Ça lui avait valu quelques nuits blanches mais c’était payé et il comptait sur cet argent pour faire un petit cadeau à Kaori pour son anniversaire. Et pour qu’elle ne soupçonne rien, il avait fait semblant d’aller traîner dans les cabarets tous les soirs de la semaine alors qu’en fait il allait enquêter sur un trafic de drogue.
Il avait résolu l’affaire la veille et manque de bol, Kaori avait voulu regarder ce film, il avait tenté une excuse foireuse mais elle voulait qu’il le regarde avec elle. Il avait donc accepté mais la fatigue accumulée avait sans doute pris le dessus et il s’était endormi.
Là, il avait intérêt à numéroter ses abattis car Kaori allait sûrement lui en vouloir !
Que pouvait-il faire pour rattraper le coup ? Il réfléchit un instant et décida de filer avant qu’elle ne se réveille. Il irait récupérer l’argent et s’occuperait de trouver le cadeau idéal pour sa partenaire. Son anniversaire était dans quelques jours et il espérait qu’elle lui pardonnerait quand il lui ferait la surprise de l’inviter à dîner. En attendant, il n’aurait qu’à faire comme si de rien n’était en espérant qu’elle évite de lui fracasser la tête à coup de massue !
Il venait de quitter l’appartement quand Kaori émergea de son sommeil. Elle s’habilla et décida d’aller réveiller l’énergumène qui lui servait de partenaire malgré son comportement de la veille mais à sa grande surprise, le goujat avait déjà filé. Elle prit le petit-déjeuner et décida d’aller voir le tableau à messages. En chemin, elle aperçut l’objet de ses tourments devant une vitrine. « Il est sûrement en train de baver devant une jolie fille » pensa-t-elle. Elle soupira et entreprit de traverser la rue, prête à l’encastrer dans le trottoir avec sa massue.
Elle venait de rejoindre l’autre côté de la rue quand Ryô se retourna et partit en courant. Elle le suivit du regard et vit une petite fille qui venait d’échapper à la vigilance de sa mère. Elle se retrouva à courir au milieu de la rue alors qu’une voiture arrivait à vive allure. L’enfant allait être percuté quand une ombre l’attrapa au vol et ils atterrirent sur le trottoir opposé. La petite fille se releva en pleurant et rejoignit les bras de sa maman. Kaori regarda l’homme qui, lui, restait au sol.
Ryô avait sauvé la petite mais il ne se relevait pas. Kaori se précipita vers lui et constata qu’il avait une blessure à la tête. Il avait dû heurter le poteau qui se trouvait juste à côté. Elle le secoua et l’appela mais il n’eut aucune réaction. Elle craignait le pire et cria son prénom : RYO !
Quelques instants plus tard, Mick, ayant aperçu la scène, se précipita vers eux. Il constata l’état de son ami et le conduisit chez le Doc avec Kaori.
Le diagnostic de ce dernier était vague, apparemment, Ryô allait bien, il n’avait rien de grave à part une bosse à la tête mais il ne se réveillait pas. Pourtant, il n’était pas vraiment dans le coma. Le Doc constata seulement une sorte de sommeil mais il ne savait pas s’il allait se réveiller.
Tout le monde s’inquiétait pour le nettoyeur et ne savait quoi faire. Kaori était à son chevet, lui tenant la main et l’implorant de se réveiller …
**********************************
Il ouvrit les yeux péniblement. Il était enchaîné dans une sorte de cellule ; ça sentait mauvais, et il y avait cette voix qui ne cessait de lui parler. Il se retourna et fit un bond en arrière.
Il les détacha et emmena Ryô, Makimura et l’autre homme qui les avait accusés dans une salle éclairée par le feu d’une forge. Un homme attendait avec un sabre devant un billot. A la lumière, Ryô constata que son ami avait le teint blafard. Le manque de nutrition l’avait effectivement bien marqué. L’homme qui avait menti fut amené jusqu’au billot et on lui coupa la main. Le geôlier tira Makimura pour qu’il subisse le même sort mais Ryô le ramena en arrière et prit sa place.
Il tendit la main et dit au bourreau d’observer le vrai courage ! Au moment où le bourreau allait lui couper la main, il tira sur la corde par laquelle un autre geôlier le maintenait en place et c’est ce dernier qui y perdit la main. Il s’empara du sabre du bourreau et élimina les gardes avant de s’enfuir avec son ami.
Machinalement, il trouva la sortie et ils débouchèrent sur une sorte de bouche d’égout. Makimura sortit le premier mais un garde les repéra et tira une flèche dans sa direction. A ce moment-là, Ryô le projeta au sol et la flèche les loupa. Ils se cachèrent et les gardes les cherchèrent longuement. Quand ils retrouvèrent leur trace, cela faisait bien longtemps qu’ils avaient trouvé un bateau pour quitter ce fichu pays.
Pendant la traversée, Ryô avait eu tout le temps de réfléchir, il n’était définitivement pas à son époque mais il ne comprenait pas ce qu’il fichait là et encore moins pourquoi Makimura s’y trouvait aussi. Ce dernier lui avait parlé d’une guerre et ils auraient été faits prisonniers. En plus, il avait l’impression de savoir les choses à l’avance, il avait su quoi faire pour s’échapper, il avait su que Makimura risquait d’être blessé, mais il ne comprenait pas comment. Aurait-il soudainement un don de voyance ? Non, il avait une impression de déjà-vu. Qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Où était passé son « chez lui » et surtout où était Kaori ?
Quand Makimura vint l’avertir qu’ils approchaient des côtes et qu’ils étaient enfin chez eux, il regarda le paysage qui s’offrait à lui et vit une plage et des falaises. Ce n’était pas le Japon mais le lieu lui était familier. Une barque les déposa sur la plage et Makimura hurla de joie en disant qu’il était enfin chez lui. Mais Ryô, lui, n’était pas chez lui.
Makimura l’attrapa par le bras et l’entraîna avec lui. Ils montèrent en haut des falaises et traversèrent la lande.
Il se retourna pour voir arriver une bande à cheval qui poursuivait un jeune gamin. L’enfant passa devant eux et grimpa dans un arbre. Le chef de ce qui semblait être un groupe de soldats, intima à ses hommes de faire tomber l’enfant quitte à couper l’arbre. Ryô et Hide s’approchèrent discrètement et Ryô demanda soudainement à l’homme qui commandait ce qu’avait pu faire ce gamin pour qu’on le pourchasse ainsi.
Ryô tira sur un des soldats avec une arbalète qu'il avait empruntée au passage, Hide en assomma quelques-uns tandis que son ami sautait sur le cheval de son assaillant pour le mettre à terre.
L’homme détala comme s’il avait le diable aux trousses. Hide vint taper sur l’épaule de son ami tout en lui disant que leur pays semblait être devenu fou pendant leur absence. Ryô ne répondit rien, car pour lui ce n’était pas son pays.
Il se tourna vers le gamin qui était toujours perché dans son arbre pour lui dire de descendre. Hide interrogea le gamin à propos du cerf et l’enfant répondit qu’il en avait tué des centaines puis il partit en courant, le sourire aux lèvres.
Nos deux compagnons continuèrent donc leur chemin jusqu’à la demeure de Ryô, enfin, d’après les dires de Hide, mais quand ils arrivèrent sur les lieux ils ne trouvèrent que des cendres. Un bruit attira leur attention et ils pénétrèrent prudemment dans les ruines ; ce qu’ils y découvrirent les fit frémir d’horreur : le corps d’un homme était suspendu, abandonné aux charognards.
Après avoir enterré le corps de l’homme qui était censé être le père de Ryô, ils décidèrent de partir chez Hide ; ce dernier leur dit qu’ils trouveraient de quoi se nourrir et qu’il espérait y retrouver sa soeur.
Ryô eut soudain l’espoir de revoir enfin Kaori mais il se demandait bien dans quelle histoire il se trouvait et ce que le destin lui réservait.
Chapitre 2
Quand ils arrivèrent enfin sur les terres de Hideyuki Makimura, ils constatèrent que tout avait l’air bien désolé. Ils n’avaient croisé personne en chemin et Ryô commençait à se poser des questions sur ce qu’ils allaient trouver en arrivant à destination.
Quelques heures plus tard, ils virent se profiler à l’horizon la demeure de la famille Makimura. Ryô se dit qu’au moins, ce château n’était pas en cendres, il avait peut-être, en plus, une chance d’y trouver Kaori.
Arrivés devant la porte, ils cognèrent contre le battant où se trouvait une petite fente qui s’ouvrit rapidement, ils aperçurent brièvement des yeux et on leur dit qu’on n’ouvrait plus aux mendiants et on referma.
Il frappa à son tour et demanda à ce qu’on dise à l’intérieur que Ryô Saeba était là pour remettre un message à Mademoiselle Makimura. L’ouverture se referma aussi vite que précédemment.
Makimura fulminait, il jurait qu’il allait corriger cette servante pour ne même pas l’avoir reconnu ; il remit sur le tapis qu’il aurait dû s’annoncer mais Ryô lui dit qu’il ne valait mieux pas. Vu l’accueil, qui sait ce qu’il pouvait s’attendre à trouver à l’intérieur.
Il en était là de ses réflexions quand la porte s’entrouvrit et la servante passa la tête par l’embrasure ; elle les regarda tous les trois avant de s’adresser à Ryô.
Ryô fut introduit dans une grande salle et la servante lui indiqua l’endroit où il devait attendre. Il attendait depuis un petit moment déjà quand il entendit une voix qui provenait des hauteurs, il leva la tête vers une sorte de balcon et vit une ombre.
La femme sortit de l’ombre et Ryô faillit s’étrangler sur place. Ce n’était pas du tout sa Kaori. Pourtant il ne connaissait que trop bien ce visage et il ne savait qu’en penser ; qu’est-ce que Saeko foutait là et pourquoi elle se faisait passer pour Kaori ?
Surpris, son adversaire recula mais reprit vite l’avantage car il était armé, contrairement à notre ami. Ce dernier essaya de l’occuper en lui balançant tout ce qui lui tombait sous la main, mais rien n’y faisait, l’autre réduisait tout en charpie.
Entendant le bruit de la lutte menée à l’intérieur, Hideyuki et Duncan commencèrent à essayer d’enfoncer la porte pour aider leur ami. Ryô évitait les coups d’épée assez facilement mais il n’arrivait toujours pas à désarmer son assaillant. Il esquiva un dernier coup avant d’arriver à le plaquer contre le mur et lui mit de force le bras au-dessus d’une bougie, afin de lui faire lâcher son arme.
L’assaillant cria en se brûlant, Ryô reconnu cette voix et lui enleva son masque. A ce moment-là, Hideyuki parvint à forcer la porte ; Ryô se détourna un instant et ce répit suffit à son attaquante pour l’écraser contre le plancher. Hideyuki resta interloqué tandis qu’une femme qu’il ne connaissait pas fonçait sur lui d’un air menaçant, munie d’un couteau. Ryô parvint à pousser la massue qu’il avait prise sur la tête et tout le monde s’arrêta net quand il parvint à articuler une phrase pas très compréhensible.
Soudain, une jeune femme accourut dans la pièce, tout essoufflée ; Ryô la reconnut immédiatement et se demanda s’il allait encore rencontrer des têtes connues sur son chemin.
Ils foncèrent dans la cour et empruntèrent des chevaux avant de filer, bientôt suivi par les soldats avec à leur tête Guy de Guysbourne. Ce dernier s’arrêta quelques instants à la hauteur de Kaori, qui avait vite enfilé un manteau par-dessus sa tenue d’homme.
Ryô avait pris Duncan derrière lui sur son cheval et Hide avait sa monture blessée par une flèche. Ils avaient un peu d’avance mais dans les conditions actuelles, ils avaient peu de chance d’échapper à leurs poursuivants. Ryô regarda de tous les côtés et opta pour se cacher dans les bois. Duncan protesta en disant que la forêt était hantée.
Ils pénétrèrent dans la forêt et attendirent cachés ; Guysbourne s’égosillait devant les bois car aucun de ses hommes ne voulait continuer la chasse à cause des spectres. Ne pouvant rien faire d’autre, il abandonna tout en balançant des horreurs à Ryô sur la façon dont son père était mort. Ce dernier ne bougea pas mais en lui-même il se dit que ce connard ne perdait rien pour attendre.
Ils reprirent donc leur chemin en traversant la forêt de Sherwood, ils entendirent des bruits étranges mais ils découvrirent bientôt que les spectres étaient en fait des harpes éoliennes, un jouet d’enfant habilement utilisé. Hideyuki rigola de ce subterfuge mais Ryô ne dit rien, il sentait que cette forêt cachait quelque chose, il avait l’impression d’être observé, il en était sûr.
Ils n’étaient sûrement pas au bout de leurs surprises…
Chapitre 3
Nos amis continuaient tranquillement leur traversée de la forêt quand ils atteignirent une rivière. Ils mirent pied à terre et Ryô aida Duncan à descendre de la monture avant de le confier à Hide sous le prétexte qu’il ne voulait pas aller le chercher s’il tombait à l’eau.
Puis il se dirigea vers la rivière en leur disant qu’il allait voir s’ils pouvaient traverser. Il sortit son épée et commença à traverser tout en tâtant la profondeur de l’eau. Soudain, alors qu’il se tournait vers ses compagnons pour leur dire qu’à priori, ils pourraient passer, une corde se tendit et il tomba dans la rivière.
Il se demandait qui avait bien pu lui jouer un tour pareil quand une voix chantonnante parvint jusqu’à ses oreilles.
- Un jour, un riche damoiseau, une rivière traverse, mais ce couillon tombe à l’eau et se trempe les fesses.
- Nom de Dieu ! s’exclama Ryô en reconnaissant la voix. J’aurais dû me douter qu’il n’y avait qu’un crétin d’amerloque comme toi pour t’amuser à des conneries pareilles !
- Bonjour, Messire, désolé pour la petite plaisanterie, répliqua celui qui se tenait à l’autre bout de la corde et qui n’était autre que Mick, mais visiblement il ne connaissait pas Ryô. Cette rivière est à nous et toute personne qui souhaite la traverser doit payer la taxe.
- Quelle taxe, espèce de débile ? Tu veux mon blé pour aller faire le tour des cabarets, tu peux toujours te brosser !
- Visiblement, vous n’êtes pas d’accord, rétorqua Mick en interprétant ce drôle de langage comme un refus.
- En plein dans le mille, mon pote ! Alors tu comptes faire quoi ?
- Moi, rien, tu vas en discuter avec notre chef, répondit le blondinet en rigolant tandis que toute une bande sortait des buissons, bientôt devancée par un géant que ne connaissait que trop bien notre nettoyeur.
- Tête de Poulpe ! fit Ryô en éclatant de rire.
- Dis donc l’avorton, pour qui tu te prends ? Ici, c’est moi le chef et si tu veux passer il va te falloir payer la taxe !
- Désolé, mais j’ai pas un radis sur moi !
- De quoi ? Qui te parle de légumes, on te parle d’or ou de bijoux, de tout ce qui pourrait avoir de la valeur sur toi.
- J’ai rien du tout ! fit Ryô avec un grand sourire.
- L’homme qui voyage avec deux serviteurs et qui se dit pauvre est soit un menteur soit un idiot !
- Il est les deux, rajouta Mick en fanfaronnant.
- Toi, tu la fermes ! s’écria Ryô avec un regard mauvais vers l’amerloque.
- Je n’ai pas de serviteurs, ce sont mes amis et eux non plus n’ont rien sur eux, alors on fait comment ?
- Eh bien, essaie de me battre ! lui proposa-t-il en lui tendant un gros bâton tandis qu’un jeune gamin venait lui en donner un autre. Si tu y arrives, je te laisserai passer, sinon vous repartirez à pied.
- Père, fais attention, il a battu plusieurs hommes du shérif ce matin !
- T’inquiète pas pour ça, fit Falcon.
- Eh toi, fit Ryô, interpellant le gamin qui était en fait celui qu’ils avaient sauvé de Guysbourne. C’est ton père ? Le gamin fit « oui » de la tête avec un grand sourire et s’enfuit. Alors là je rêve, je sauve la vie de ton mioche et tu vas me taper dessus avec un bâton, autant me filer un coup de bazooka !
- Cesse de babiller comme une femme et bats-toi ! gronda Falcon en lui balançant le premier coup directement sur les doigts.
- Aïeuh ! fit Ryô. Tu m’as fait mal espèce de grosse brute !
- Défends-toi dans ce cas !
- D’accord, répondit Ryô en lui balançant un coup à son tour mais en le loupant. Au fait, fit-il, est ce que ta chère Miki sait que tu as un mioche de cet âge-là ?
- Pourquoi tu parles de ma femme ? Comment tu la connais ?
- Parce que c’est une exquise jeune femme et que je ne cesse de lui dire de te quitter pour venir vivre avec moi !
- Quoi ?! fit Falcon en lui balançant un coup sous le menton qui l’envoya valdinguer dans la rivière.
- Eh ben, t’es susceptible mon gros ! le provoqua Ryô en émergeant de l’eau.
- Je vais t’écrabouiller la tête ! rugit Falcon en rigolant.
- Eh Hide, tu peux pas me dégoter un chat dans le coin ? cria Ryô à son ami.
- Qu’est-ce que tu veux faire d’un chat ?
- Il en a une trouille pas possible, lui expliqua notre nettoyeur en montrant le géant du doigt avec un air de comploteur.
- Arrête tes idioties et sois plus agile ! lui conseilla Hide en secouant la tête.
- Sois plus agile ? T’en as de bonnes, tu veux ma place ?! protesta-t-il sans avoir vu venir un autre coup qui le propulsa un peu plus loin dans la rivière.
- Alors, il est noyé le damoiseau ? demanda Falcon en regardant la surface de l’eau alors que Ryô n’était plus visible. C’est bête, je me serais bien amusé plus longtemps fit-il à la cantonade avant de sentir quelque chose entre ses jambes qui le tira dans l’eau.
- Alors on fait moins le malin ? fit Ryô en le maintenant sous l’eau.
- Arrête, je ne sais pas nager ! lui cria Falcon tout rouge.
- C’est donc ça, ici, c’est l’eau qui te fait peur.
- Oui, arrête, je t’en prie !
- Tu en as assez ? Eh bien tu n’as qu’à te mettre debout, Tête de Poulpe, tu as pied, crétin !
- Alors là, on peut dire que tu m’as bien eu ! Éclata-t-il de rire en se relevant. Dis-moi comment tu t’appelles que je sache à qui je serre la main.
- Ryô Saeba, se présenta ce dernier en acceptant cette marque de respect.
- Allez, venez avec nous, vous nous raconterez comment vous avez atterri dans la forêt hantée de Sherwood, les invita Falcon en entraînant son nouvel ami.
Ils suivirent leurs nouveaux amis jusqu’à leur campement et Falcon leur expliqua qu’ils étaient tous des hors-la-loi, que le shérif avait mis leurs têtes à prix juste parce qu’ils n’avaient pas pu payer toutes les taxes dont il les assommait.
- Pourquoi vous ne vous battez pas ? demanda Hide.
- Nous ne sommes que des fermiers ! Et puis ce shérif est étrange, il n’est pas comme le précédent. Il est conseillé par une sorcière et on dirait qu’il ne veut que faire le mal, expliqua Falcon.
- Une sorcière ? répéta Ryô sceptique.
- Oui, elle jette des sorts et vole, rajouta le gamin perché sur une branche.
- Arrête de dire des bêtises ! Ça, ce sont des histoires pour faire peur aux enfants ! intervint Falcon.
- En quoi, nos malheureuses histoires peuvent intéresser le fils d’un homme qui adorait le malin ? interrogea soudain Mick en sortant de derrière un arbre.
- Mon maître n’a jamais fait ça ! s’écria Duncan, qui ose dire de telles vilénies ?
- Arrête Duncan, calme-toi ! Puis s’adressant aux autres. Il est vrai qu’on raconte ces choses-là mais je tuerai ceux qui y apporteront foi ! Je suis désormais un hors-la-loi, comme vous.
- Non, tu n’es certainement pas comme nous, tu es noble ! lui balança Mick à la figure.
- C’est exact, mais le shérif me hait sans même que je ne l’ai croisé une seule fois. C’est d’ailleurs étonnant mais ma noblesse ne change rien au fait qu’il me traque.
- Tu n’as rien à faire avec nous ! insista Mick d’un air hargneux.
- Tais-toi, Angel ! intervint Falcon tandis que Mick s’éloignait très énervé. Ne t’en fais pas, il parle beaucoup mais c’est pas un mauvais gars, il n’aime pas beaucoup les nobles.
- Ca peut se comprendre, vu le contexte actuel, remarqua Ryô.
- En tout cas, vous êtes les bienvenus dans notre modeste campement, on n’a pas grand-chose mais on est chez nous.
Ryô, Hide et Duncan dormirent donc au campement de Falcon et ses amis. Notre nettoyeur se posait beaucoup de questions, il avait atterri dans une autre époque, parmi les gens qu’il croisait, certains étaient ses amis mais ils vivaient différemment. C’était à devenir fou mais il décida de voir comment les choses évolueraient et de s’adapter en fonction.
Qui sait, peut-être faisait-il un mauvais rêve et qu’il n’allait pas tarder à se réveiller ? Il en était même à la limite de prier pour que ce soit ça. Il finit par s’endormir et se réveilla en sursaut pour réveiller Duncan ; il ne savait pas pourquoi mais en envisageant la prière, il avait pensé à une église et donc avait eu un flash à propos de la messe qui se donnait en ville. Duncan lui confirma qu’il y avait toujours l’office et Ryô décida de s’y rendre.
Il assista à la messe caché dans un coin de l’église et put constater que cette ordure de Kaïbara était là à se pavaner en tant que shérif, accompagné de son cousin et qu’il n’arrêtait pas de regarder Kaori. Cette dernière tentait tant bien que mal de se dérober à son regard en s’enfonçant un peu plus dans son siège, de manière à se retrouver cachée par Saeko.
Quand la messe fut terminée, Kaori demanda à Saeko de donner de l’argent aux pauvres gens qui mendiaient et alla se recueillir devant l’autel de la Vierge. Soudain, elle entendit toussoter et fit comme si elle n’avait rien entendu mais l’importun finit par lui parler.
- Mademoiselle, ayez pitié pour un pauvre aveugle qui ne peut pas voir votre beauté !
- Vous ? s’écria Kaori en se retournant. Mais vous êtes fou, le shérif veut votre tête, il a même promis une récompense de 500 livres !
- C’est tout ? répondit Ryô en souriant. Bientôt il donnera plus, disons 1000 !
- A ce prix-là, je vous livrerai moi-même !
- Ce n’est pas très gentil, Mademoiselle Kaori.
- Comment va mon frère ? Et qu’est-ce que vous fichez là, on pourrait vous voir !
- Hide se porte comme un charme, il a préféré faire la grasse mat’ plutôt que de venir avec moi pour voir tout ce beau monde et la tronche de ce shérif de pacotille !
- La grasse mat’ ? La tronche de pacotille ?
- Hum, laissez tomber… Hide dormait, mais vous inquiétez pas il est en sécurité.
- Très bien, maintenant filez, passez par la sacristie, le shérif est de l’autre côté !
- Merci du conseil ! fit Ryô avec un clin d’œil.
- Ryô !
- Quoi ?
- Faites quelque chose pour moi !
- Tout ce que vous voulez, ma chère Kaori.
- Prenez un bain !!
- Un bain ?
- Oui, s’il vous plaît, fit-elle en souriant devant son regard perplexe.
- Pas de problème, Milady, que ne ferais-je pas pour vous faire plaisir ! ajouta-t-il tout en prenant congé de Kaori avec une courbette.
Le shérif Kaïbara arriva sur cette entrefaite et alla parler à Kaori pour l’informer qu’il était au courant du vol de chevaux ; il lui proposa de venir s’installer à l’abri chez lui pour sa sécurité. Elle dit que ce n’était que des chevaux et qu’elle se sentait parfaitement en sécurité chez elle pour l’instant. Tout en lui parlant elle essaya tant bien que mal de l’attirer à l’opposé de la direction qu’avait prise Ryô. Mais ce dernier continua à se diriger vers la sacristie. Soudain il insista pour lui offrir un présent : un poignard orné de pierres précieuses ; elle le remercia vivement en prenant soin de s’assurer que Ryô n’était plus à portée de vue. Puis elle mit ce misérable cadeau dans la poche de son manteau et rejoignit Saeko pour regagner leur demeure.
Ryô entra dans la sacristie et tomba nez à nez avec le prêtre ; ce dernier fit un bond, comme s’il avait vu un fantôme, ce qui intrigua Ryô. C’est pourquoi il insista en saluant l’homme d’église. Ce dernier lui répondit qu’il l’avait bien connu enfant et qu’il était désolé de ce qui s’était passé par la suite. Notre nettoyeur ne retint pas tout mais le laissa continuer. Il comprit quand l’homme fit allusion à son père. Ce type était un homme d’église mais sûrement le complice de Kaïbara pour faire croire aux gens qu’un homme adorait le diable ; il était sur le point de le corriger quand la porte s’ouvrit sur le shérif. Ryô prit son couteau et lui balafra la joue avant de refermer la porte sur le nouvel arrivant.
Puis, tandis que les hommes du shérif défonçaient la porte, il attrapa la corde du lustre et la coupa ; cette dernière agit comme une poulie et il s’envola vers le haut de la pièce où une petite ouverture lui permit de s’échapper. Kaïbara eut beau vociférer qu’il lui arracherait le cœur avec une petite cuillère, Ryô lui rétorqua qu’il faudrait d’abord qu’il l’attrape et il se sauva. Arrivé sur le bord du toit, il sauta sur un cheval qui se trouvait là et fila. Il assomma un garde avec un sac de pain qu’il vola au passage et rejoignit Sherwood en filant comme le vent.
Quand il arriva, il se fit aussitôt attaquer par Mick car il avait volé le cheval du shérif. Quand Ryô lui rétorqua qu’il l’avait piqué au vif, l’autre apprécia encore moins, prétextant qu’il les mettait tous en danger. Quoiqu’il en soit, personne ne dit rien, trop occupé à se servir dans le sac de pain qu’avait ramené notre nettoyeur.
- Tu aurais pu me prévenir, je serais venu avec toi, c’était dangereux de faire ça ! protesta Hideyuki.
- Ne t’inquiète donc pas ! Au fait, j’ai vu ta charmante sœur, elle s’inquiétait pour toi.
- Et qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
- De prendre un bain ! grogna Ryô avec une moue qui fit éclater de rire son ami.
- Tu croyais vraiment pouvoir charmer ma sœur comme ça ?
- Charmer ta sœur ! Mais ce n’est pas ce que tu crois !
- Ce n’est pas grave mais elle t’a bien eu, avoue-le !
- C’est vrai, répondit Ryô en souriant à son ami.
Notre nettoyeur avait enfin rencontré l’ennemi à abattre et il se ferait un plaisir de le harceler d’autant qu’il n’appréciait pas trop le fait que Kaïbara lorgne ainsi sur sa Kaori.
Sa Kaori…ça l’amusait de l’appeler comme ça. Ce petit jeu de charme avec elle n’était pas pour lui déplaire, ici il n’était pas un tueur, il était quelqu’un de normal, enfin, aux yeux des autres et il se voyait bien lui servir de chevalier servant sans se soucier des conséquences. Il se disait qu’il avait peut-être enfin le droit de l’aimer…
Chapitre 4
La journée arrivait presque à son terme et les exploits de Ryô avaient fait le tour du campement avec différentes réactions, certains s'en amusaient, d'autres s'inquiétaient mais sans vraiment en vouloir à Ryô. Il avait osé s'en prendre à l'homme qui les persécutait depuis des années alors dans un certain sens c'était une petite vengeance.
Ryô était en train d'expliquer ce qu'il pensait du fameux Shérif Kaïbara à Hideyuki quand un bruit attira leur attention. Plusieurs personnes arrivaient à l'entrée du camp, ils semblaient porter avec eux toute leur vie, certains étaient blessés mais la colère semblait être le sentiment qui ressortait le plus parmi eux.
Falcon s'approcha des arrivants et une femme se jeta dans ses bras. Ryô reconnut aussitôt Miki ; au moins une chose ne changeait pas dans ce monde, la jolie Miki en pinçait toujours pour son gros nounours et cela le fit sourire.
Il l'entendit expliquer que les soldats avaient attaqué le village, qu'ils cherchaient un certain Ryô qui traînait avec son mari. Elle expliqua qu'elle leur avait rétorqué être veuve mais pour plus de sécurité elle avait préféré le rejoindre et pratiquement tout le village l'avait suivie.
Un homme s'approcha de Mick et lui demanda où se trouvait ce Ryô Saeba, l'amerloque s'empressa de lui indiquer le tronc d'arbre sur lequel discutaient les deux amis. L'inconnu s'approcha et fit voir les blessures infligées à son enfant à cause de lui. Ryô s'en excusa mais il leur expliqua qu'il valait mieux se battre plutôt que de subir les violences du shérif et de ses soldats.
Mick le traita de beau parleur, qu'une récompense était promise pour le livrer au shérif, qu'ils devraient tous le livrer et empocher l'argent. Ryô éclata de rire et lui demanda s'il croyait vraiment que le shérif allait leur donner l'argent.
Tout le monde cria pour signifier qu'ils étaient désormais avec celui que les soldats appelaient Ryô des Bois. Ce dernier avait failli s'étouffer de rire en découvrant son surnom, c'était loin de valoir City Hunter ou l'Etalon de Shinjuku.
L'organisation se fit rapidement, le campement devint une base d'entraînement où Ryô et Hide dispensaient leur savoir. Les forgerons fabriquaient des épées et des pointes pour les flèches, un arsenal fut bientôt à leur disposition et bientôt ils songèrent à leur première cible.
Ils commencèrent par récupérer les récoltes confisquées par les soldats puis dès que les soldats attaquaient, ils n'étaient pas loin et ils leur rendaient la monnaie de leur pièce.
Le mot était passé, tout ce que le shérif faisait subir aux pauvres gens, Ryô des Bois et sa bande promettaient de lui faire payer au centuple. Du coup, les nobles n'osaient plus traverser la forêt car ils étaient attaqués et on leur volait tout, ils ne pouvaient plus payer l'impôt promis au shérif.
Ce dernier enrageait, comment ce Saeba pouvait gagner autant en popularité alors qu'il le forçait à malmener de plus en plus la populace ? Son clerc lui expliqua que les gens l'aimaient car tout ce que le shérif leur prenait, le voleur des bois le leur rendait. Kaïbara était furieux mais il ne voyait pas de solution à ce problème épineux.
Il décida de consulter sa conseillère secrète, il descendit dans les tréfonds du château et rejoignit l'antre de Fortiana ; elle était morte depuis des années mais il avait découvert une femme qui pouvait lui permettre de communiquer avec grâce à ses dons de voyance. Elle avait le pouvoir de parler avec les esprits et il l'avait enfermée ici pour qu'elle lui serve d'interprète avec celle qui l'avait élevé.
Reika était donc prisonnière du shérif depuis la mort de la sorcière et n'avait d'autre choix que de lui transmettre les instructions de cette dernière en provenance des enfers car elle était sûre que c'était là que se trouvait cette affreuse bonne femme et ses idées diaboliques.
Le shérif repartit avec la confirmation que le fils d'un mort en avait après lui et qu'il fallait à tout prix se débarrasser de lui, il devait organiser une alliance avec les barons et faire en sorte que le roi ne revienne jamais, lui laissant ainsi le champ libre pour ses idées de grandeurs.
Pour arriver à ses fins il fallait qu'ils parviennent à acheter les ennemis du royaume pour que jamais Richard ne revoie le sol anglais. Il envoya son cousin en escorte de l'or qui servirait ses desseins. Une trentaine de gardes étaient sous les ordres de Guysbourne et pour motiver les troupes une cargaison de bière accompagnait l'équipage.
La bande des bois avait été prévenue d'un chargement qui devait traverser la forêt mais quand Ryô les vit arriver il se demanda ce qui méritait une telle escorte. Heureusement, il avait prévu un plan pour diviser les hommes du shérif.
Deux hommes de la bande devaient attirer l’attention des soldats et c’est ce qu’ils firent avec brio en simulant une dispute en plein milieu de la route que les soldats avaient empruntée. En voyant ces deux hommes au loin, Guysbourne fit arrêter le convoi et ordonna à ses hommes de le suivre pour attraper les deux hommes de la bande de Ryô, chose qu’il ne savait évidemment pas. Résultat, il laissa un convoi nettement moins surveillé, la bande des bois eut vite fait de s’occuper des soldats restants et de s’emparer de l’or et de la bière.
Quand Guysbourne revint bredouille de sa course-poursuite, il ne retrouva ni le convoi ni ses hommes, son cousin allait être vraiment fou de rage et c’est sûrement sur lui qu’il passerait ses nerfs !
Pendant ce temps-là, Ryô et toute la bande ramenaient leur butin au campement. Sur le chemin, Falcon fit un arrêt car il venait de découvrir le propriétaire du chariot de bière qu’il conduisait, il avait, semble-t-il, basculé à l’arrière pendant l’attaque.
Falcon fit descendre l’individu, un moine apparemment, d’après ce que put constater Ryo ; il portait en effet un vêtement très à la mode dans les monastères, serré à la taille et évasé sur les côtés. Mais quand il se retourna et que sa capuche tomba sur ses épaules, notre nettoyeur faillit s’étouffer de rire en reconnaissant dans cet accoutrement religieux, le plus vieux pervers que cette terre n’ait jamais porté.
Il avait en face de lui son ami Doc et l’idée que ce dernier soit rentré dans les ordres l’amusait beaucoup.
Ryô fit semblant de ne pas le connaître et se dirigea vers lui afin de lui réclamer à boire pour ses hommes mais ce dernier ne semblait pas vouloir partager sa bière et il balança à l’assemblée quelques jurons bien sentis sur le fait que personne ne boirait son breuvage puis il sauta sur son chariot et fit claquer les rênes. En se tournant pour se moquer de la bande des bois, il ne vit pas une branche d’arbre et se retrouva les quatre fers en l’air.
Ryô le rejoignit en rigolant et se présenta car de toute évidence, comme les autres, Doc ne le connaissait pas. Ce dernier fit l’homme étonné de faire la connaissance d’une personnalité comme lui mais lui attrapa la jambe pour le mordre jusqu’au sang.
Ryô essayait de s’en défaire tant bien que mal quand Miki s’approcha à son tour pour rire de la situation. En voyant la jeune femme, le moine s’arrêta net et s’empressa d’aller lui conter fleurette. Il se prit un coup de bâton direct de Falcon qui n’apprécia guère les manières de ce moinillon vis-à-vis de sa femme. Après cela, Falcon lui fit traîner son chariot à la place des chevaux pour lui apprendre l’humilité.
Arrivé au campement, Ryô aida le moine à se libérer de sa punition falconienne et à reprendre un peu de dignité, il lui dit qu’un homme d’Eglise serait le bienvenu dans leur campement, qu’il ne le regretterait pas ; Frère Doc, car c’est comme cela qu’il se faisait appeler, accepta tout en disant que Ryô le regretterait peut-être, lui. Mais cela ne sembla pas inquiéter le fameux Ryô des Bois.
Les hommes étaient heureux, ils étaient tombés sur un trésor, de l’or à ne plus savoir qu’en faire mais Ryô et Hide étaient inquiets, tout cet or ce n’était pas normal, ils l’expliquèrent à toute la bande.
Visiblement le shérif préparait un sale coup et il y avait de grandes chances pour qu’il essaie de mettre les ennemis du Roi Richard de son côté. Tout le monde cria à la trahison et tous décidèrent de l’empêcher de réaliser ses sinistres projets.
Pendant ce temps-là, Guysbourne alla avertir le shérif de son échec et ce dernier régla vite le problème malgré les pleurs de son cousin, qui s’était une fois de plus fait ridiculiser par Saeba et sa bande. Il le transperça de son épée car il ne voulait plus d’un incapable à ses côtés mais il lui dit tout en le tuant que s’il le tuait aussi rapidement, c’était juste car il était son cousin.
Il laissa son cousin baigner dans son sang et quitta la pièce, bien décidé à se débarrasser de ce Ryô Saeba.
Chapitre 5
Quelques jours plus tard, Kaori et Saeko, qui avaient appris que le shérif voulait faire appel à des mercenaires, se rendirent dans les bois et se firent arrêter par deux hommes de la bande à Ryô des Bois sur l’un des grands chemins de la forêt, sous le prétexte de payer la taxe.
Ces deux-là furent bien étonnés de découvrir que les cavaliers étaient des dames et qu’en plus elles ne se laissaient pas faire, l’un d’eux se prit un coup de pied dans la figure et se retrouva les quatre fers en l’air, et l’autre sentit une lame sous sa gorge et sa propriétaire exigea d’être conduite à ce fameux Ryô des Bois.
Les deux hommes obéirent, tout en sachant que Ryô allait être furieux en les voyant débarquer.
Ce dernier était en train de barboter tranquillement dans l’eau d’une cascade quand il vit arriver son ami qui se demandait ce qu’il pouvait bien faire dans l’eau au lieu d’être au campement en train d’élaborer leur prochain plan. Ryô attrapa Hide par la jambe et le fit tomber à l’eau en lui disant qu’ils avaient bien le temps de prendre un bon bain, qu’ils réfléchiraient mieux en étant propres.
Hide ne comprenait pas trop le comportement de son ami mais se laissa convaincre, de toute façon il n’avait pas le choix, maintenant qu’il était trempé il n’avait plus qu’à sécher.
Entretemps, les deux hommes avaient guidé Kaori et Saeko jusqu’à la cascade. Saeko s’offusqua du regard de Kaori en voyant la tenue légère des deux hommes au loin mais cette dernière lui rétorqua qu’elle-même lorgnait bien sur son frère.
C’est à cet instant que l’un de leur accompagnateur choisit d’hurler à Ryô qu’il avait de la visite si bien que les deux femmes ne savaient plus comment se comporter.
Surpris, les deux amis enfilèrent rapidement leurs vêtements afin de les rejoindre ; ils eurent la surprise de se trouver face à une Kaori rougissante et une Saeko moins effarouchée que son amie. Visiblement, elles avaient eu tout le loisir de contempler leur anatomie et quand cette idée parvint au cerveau de Ryô, il éclata de rire.
Hideyuki rit moins en se rendant compte que son ami s’était retrouvé nu devant sa sœur mais Ryô lui répondit que lui aussi s’était exhibé devant Saeko.
Kaori interpella aussitôt Ryô en lui demandant ce qu’il était en train de faire. Ce dernier lui répondit tout simplement qu’il faisait ce qu’elle lui avait demandé de faire. La jeune femme rougit de plus belle sous le regard amusé de Ryô en pensant au fait qu’elle lui avait demandé de prendre un bain.
Hide regarda les deux hommes qui étaient censés monter la garde et donna un coup de coude à Ryô pour lui montrer leurs mines défaites.
Après ces retrouvailles confuses et embarrassantes, Ryô et son ami décidèrent de leur faire visiter leur campement.
Ils avaient construit un vrai petit village au milieu des bois ; Kaori était épatée par le travail réalisé mais quand Ryô lui montra l’or récolté, elle s’indigna en lui demandant s’il croyait l’impressionner car ce n’était pas le cas du tout.
Ryô lui expliqua à quoi le shérif voulait utiliser cet or. A savoir, acheter tous les ennemis du Roi Richard pour les unir contre lui. C’est pourquoi il avait décidé de voler cet or pour l’en empêcher, de plus, cela lui permettait d’aider les gens qui pâtissaient des taxes du shérif.
Se trouvant soudain idiote, Kaori lui dit qu’elle voulait contribuer elle aussi et déposa le poignard que le shérif lui avait donné au milieu du trésor récolté ; il refusa mais elle insista en disant qu’il n’avait aucune valeur, du moins pour elle et s’enfuit à l’extérieur.
Il récupéra le poignard et le glissa dans sa botte avant de la rejoindre pour descendre car toute la scène s’était passée dans une cabane nichée en haut d’un arbre et Kaori ne savait pas comment redescendre. Il la prit dans ses bras et tout en attrapant une corde, il se laissa descendre jusqu’au sol en profitant du fait que Kaori se serrait contre lui.
La journée était bien avancée, Ryô les avaient invités à diner avec eux, le repas se terminait tranquillement, Kaori se demandait qui était cet homme qu’elle ne reconnaissait pas comme celui qui jouait avec elle quand elle était enfant.
Elle fut vite sortie de ses pensées quand un cri déchirant retentit. Umi déboula, affolé : Miki était en train d’accoucher.
Ryô resta deux minutes la bouche ouverte, Miki en train d’accoucher, il n’avait même pas vu qu’elle était enceinte !
Le temps que l’information monte au cerveau, il se vit secouer comme un prunier par Kaori qui l’avait attrapé par la chemise car il ne réagissait plus et que ce n’était vraiment pas le moment.
Le bébé se présentait mal et on risquait de perdre l’enfant voire la mère si ce n’était pas les deux.
Ryô se précipita au chevet de la future maman, Frère Doc y avait épuisé sa science, il était tout pâle face à la triste tournure que prenait la situation.
Ryô s’approcha et lui demanda pourquoi il ne faisait pas une césarienne. Frère Doc le regarda, éberlué, en lui demandant de quoi il parlait.
Chacun prit son rôle au sérieux ; Ryô le premier et aidé par Kaori et Saeko, pratiqua la première césarienne de l’histoire. Pendant tout ce temps, Hide essayait de calmer Umibozu qui entendait les cris de sa femme depuis l’extérieur de la cabane.
Tout se passa pour le mieux et Umi put bientôt présenter son fils à toute la bande.
Doc n’y comprenait rien ; sur le coup, il avait pris Ryô pour un fou, mais la mère et l’enfant étaient en vie, alors quoi dire à part offrir un verre au sauveur ?
Ce dernier aurait volontiers accepté mais une farandole s’était improvisée autour du feu et il s’empressa d’aller inviter Kaori car Mick était en train de le faire. Il dit que cette danse lui était déjà réservée et il entraîna la jeune femme tandis que le blondinet regardait son rival de travers.
Kaori ne se rendit compte de rien, tout ce dont elle avait besoin était de s’amuser un peu, ce n’était pas tous les jours qu’elle assistait un homme dans une tentative désespérée de sauver une mère et son bébé.
Ils fêtèrent la naissance du bébé pendant une bonne partie de la nuit. Saeko et Kaori dormirent dans la cabane que Ryô s’était aménagée dans les arbres et qu’il leur avait volontiers cédée.
Le lendemain, elles furent conduites à la rivière. Kaori qui ne comprenait pas bien, alla demander des explications à Ryô.
Puis elle se précipita vers la barque qui l’attendait pour rejoindre Saeko et Duncan.
Ryô resta sur la berge à les regarder partir. Elle le regardait aussi avec un petit sourire.
Chapitre 6
Dès qu’elle eut regagné sa demeure, Kaori s’empressa d’écrire un courrier à son cousin Richard. Quand elle le confia à l’évêque pour qu’il lui fasse parvenir, il lui promit qu’un de ses hommes partirait sur-le-champ l’amener à son destinataire et malgré les protestations de l’homme d’Eglise, elle insista pour que Saeko l’accompagne.
Elles avaient peur que le message n’arrive pas à bon port mais étaient loin de se douter que l’évêque n’avait pas l’intention de le laisser arriver jusqu’au Roi. En chemin, son homme de main trompa Saeko en lui faisant croire que son cheval était blessé et en profita pour l’assommer quand elle voulut vérifier ses dires.
De son côté, le shérif qui avait été prévenu par l’évêque alla demander à Reika de lui transmettre les conseils de sa précieuse Fortiana. Cette dernière était vraiment folle et Reika était plus que réticente à transmettre le message mais Kaïbara la menaça des pires tortures si elle ne lui disait pas ce que la vieille sorcière voulait.
Elle finit par lui révéler l’idée complètement folle de Fortiana, mettre son sang sur le trône grâce à la cousine du Roi.
Un grand sourire se dessina sur le visage de Kaïbara. Elle avait raison, ils le débarrasseraient du héros du peuple, ainsi il serait à nouveau le chef de cette contrée et plus personne ne s’opposerait à lui. Il repartit tout content de son plan en chantant la marche nuptiale.
Reika se demanda comment faire pour empêcher tout cela d’arriver mais elle ne pouvait rien faire, enchaînée dans son cachot. Aussi, commença-t-elle à chanter des chansons grivoises dans l’espoir qu’un garde soit attiré par sa présence et qu’elle puisse s’échapper.
La nuit suivante, Kaori eut la mauvaise surprise de voir débarquer les hommes du shérif chez elle et malgré ses protestations, ils l’emmenèrent au château de Nottingham.
Duncan qui avait assisté à l’enlèvement de la dame de cœur de son maître, trouva une monture pour aller prévenir Ryô de ce qui s’était passé. Il endura le voyage, tout en priant que la monture puisse l’amener à destination car lui ne pouvait pas la guider.
Quand il parvint au camp, il eut à peine la force de prévenir Ryô pour Kaori avant de s’effondrer d’épuisement dans les bras de son maître.
Malheureusement, ce ne fut que le préambule d’un autre désastre, car le shérif avait tout prévu et c’est avec les hommes qu’il avait engagés pour se débarrasser de son ennemi qu’il lança l’attaque sur le camp en demandant qu’on fasse quelques prisonniers.
Le pauvre Duncan avait à peine rendu l’âme que des flèches sifflèrent autour d’eux pour prévenir de l’attaque.
L’ennemi arrivait de toutes parts : des cavaliers qui détruisaient tout sur leur passage, des hommes armés jusqu’aux dents mais qui avaient tout de même du fil à retordre car la bande de Ryô n’avait pas l’intention de se laisser faire.
La bataille fut plutôt rude, mais Ryô savait se battre et plus d’un furent étonnés de ses techniques de combat plutôt originales, il regrettait juste son magnum, ça l’aurait grandement aidé. Et si Umibozu avait eu son bazooka, il n’imaginait même pas le carnage. Mais il devait faire avec ce qu’il avait.
Des soldats tiraient sur le camp depuis le haut de la colline, espérant faire pas mal de dégâts mais rien n’y faisait. En plus, Ryô avait balancé tout le butin récupéré et les mercenaires préféraient se jeter sur l’or à ramasser que de se battre avec des paysans.
En haut de la colline, le shérif s’énervait et il demanda à ce qu’on donne le coup de grâce. Les soldats armèrent à nouveau leurs arcs mais cette fois-ci, les flèches étaient enflammées. Quand elles tombèrent sur le campement ce fut comme une pluie de feu.
Au campement, Ryô se montrait le plus coriace des adversaires jusqu’au moment où il vit que Miki était en difficulté avec son bébé ; elle était coincée dans une des cabanes en haut des arbres et tout était en flamme. Umi ne pouvait l’atteindre. Ryô vit une corde et sans se poser de questions il sauta dans le vide et rejoignit Miki, puis il l’aida à rejoindre Umi et leur dit de filer avant d’attraper à nouveau la corde providentielle qui avait sauvé son amie mais il ne vit pas qu’elle était en flammes, elle lâcha sous son poids et il disparut dans les flammes.
De son côté, Kaori était au château de Nottingham dans la chapelle, avec l’évêque. Quand le shérif vint se présenter à elle, elle lui demanda pourquoi elle était prisonnière.
Kaori était furieuse et aurait bien arraché les yeux à l’évêque qui vint lui expliquer qu’il s’était senti obligé de la protéger contre elle-même.
Elle allait quitter la chapelle quand le shérif fit signe à un garde de faire entrer un groupe d’enfants. Devant le regard d’incompréhension de Kaori, il s’avança et s’approcha d’une fillette.
Le shérif lui montra la cour du château où des hommes amenaient des prisonniers, surtout des enfants.
Le shérif recula, laissant place à l’évêque pour qu’il lui explique toutes les bonnes raisons d’une alliance avec Kaïbara pour guérir les maux de l’Angleterre.
Kaori serra le pendentif dans sa main et partit en courant vers ses appartements, les larmes lui montaient aux yeux mais elle ne voyait plus d’espoir dans ce cauchemar.
Ryô était mort, son frère l’était probablement aussi et elle devait agir pour préserver ce qu’il restait, quoiqu’il lui en coûte à son grand désespoir.
Pendant ce temps-là à Sherwood, Umibozu et Hideyuki découvraient l’ampleur des dégâts. Ils n’auraient jamais cru qu’en voulant se rebeller contre ce fou de Kaïbara, ils se retrouveraient dans une situation pareille.
Tout avait brûlé, il y avait de nombreux blessés, mais il comptait aussi des pertes, certains avaient péri pendant l’assaut car ils n’avaient pas eu le temps de les aider à se sauver.
Certains avaient été arrêtés et parmi eux Mick et Petit Loup, le fils d’Umi.
C’était la désolation et ils se demandaient ce qu’ils allaient bien pouvoir faire, d’autant que leur meneur avait perdu la vie en sauvant Miki.
Ils n’osaient même pas parler tellement ils étaient abattus quand soudain, quelqu’un cria.
Le lendemain, Kaïbara faisait un petit tour dans les geôles du château pour voir si les quelques prisonniers qu’ils avaient récupérés et qu’on était en train de torturer pouvaient lui confirmer une rumeur qui ne lui plaisait pas du tout.
Kaïbara ordonna qu’on le détache, il devait avoir une petite discussion avec le traître.
Chapitre 7
Au campement, Ryô, Hide et les autres avaient passé une grande partie de la journée à s’occuper de leurs compagnons perdus lors du combat. Chacun d’eux avait désormais une sépulture certes modeste mais au moins pouvaient-ils reposer en paix. Ryô et Hide étaient devant la tombe de Duncan. L’un et l’autre se demandaient s’ils avaient bien fait d’embarquer tous ces pauvres gens dans cette histoire, eux étaient des combattants, mais pas ces pauvres gens qui avaient péri et ils se sentaient responsables.
Il s’interrompit en voyant une silhouette approcher au loin, il titubait mais il reconnut de suite Mick. Avant qu’il n’ait eu le temps de lui parler, Umibozu lui fonçait dessus pour le rouer de coups.
Le lendemain, dès l’aube, Ryô et Hideyuki mettaient en place un plan pour infiltrer la petite fête du shérif et y mettre leur grain de sel. A cet effet, Hide avait dessiné un plan du château pour que chacun voie où ils pouvaient se positionner.
Hide et Frère Doc furent les premiers à pénétrer dans la place, les gardes surveillaient toutes les entrées mais quand ils comprirent que le chariot amenait des libations, ils les laissèrent entrer sans problème malgré le fait que Hide soit recouvert de bandages pour éviter qu’on ne reconnaisse le frère de la future mariée. Et au moindre soldat un peu curieux de cette momie qui installait des tonneaux devant la potence, Frère Doc faisait allusion à la lèpre et ils n’en demandaient pas plus avant de les laisser tranquilles.
Miki entra sans problème et se dirigea vers le rempart où elle s’installa tranquillement, tout en balançant une corde à son mari qui attendait à l’extérieur avec un fagot de bois qui cachait quelques surprises puisque les armes étaient interdites à l’entrée. Miki remonta le fagot et distribua son contenu ni vu ni connu à Mick, Ryô et les quelques compagnons qui les aidaient pendant que son mari grimpait par le même chemin pour la rejoindre. Un garde qui se permettait de venir lui conter fleurette tout en vérifiant son fagot de bois se vit rapidement alpaguer par une main qui arrivait en haut du rempart et il finit directement en bas du mur extérieur.
Ryô était entré déguisé en pèlerin soit disant aveugle mais il avait surtout aveuglé le garde avec une odeur pestilentielle telle qu’on l’avait expédié à l’intérieur avec force. Il en rigolait encore, pas très futés les gardes du shérif. Après que Miki lui a remis un arc et des flèches, il alla se positionner pour couvrir ses amis dès que Hide aura fait exploser la poudre.
C’est à ce moment-là que des trompettes retentirent et que le Shérif arriva avec Kaori à son bras. Il lui fit une remarque quand il vit qu’elle portait le pendentif de Ryô mais elle rétorqua que ce n’était pas plus déplacé que son présent nuptial.
Piqué au vif, il ordonna qu’on amène les prisonniers pour la pendaison. Une grille s’ouvrit et les soldats poussèrent Petit Loup et ses compagnons au milieu de la foule. Miki serra la main de Umi en voyant son fils. Ce dernier regardait partout, un peu perdu et soudain il vit un visage familier. Mick comprit trop tard qu’il aurait dû attendre pour se rapprocher des prisonniers ; Petit Loup ne savait pas qu’il était dans le bon camp, tout ce qu’il savait c’est qu’il l’avait vu parlementer avec le shérif pour tuer Ryô et malgré les signes qu’il essaya de lui faire, le jeune garçon lui sauta dessus en le traitant de traître.
Il y eut une cohue et le shérif ordonna à ses hommes d’attraper le responsable de cette bagarre. Quand on lui montra l’homme en lui disant qu’il était armé, Kaïbara devint soupçonneux.
Un soldat mena Mick jusqu’au gibet, où étaient déjà installés tous les prisonniers. Le bourreau l’attrapa par le col et l’amena près de Petit Loup mais resta un instant en arrêt.
Le bourreau l’attrapa brusquement et l’attacha après un des barils de poudre que venaient de déposer Hide et Doc. Ryô et Hide se regardèrent, le plan tournait mal, Mick se retrouvait attaché à leur diversion. Soudain le shérif cria pour qu’on attaque les exécutions et quand ils virent leur compagnon commencer à se balancer au bout de leur corde, Umi ne put se contenir et fonça vers la potence pour sauver son fils aussitôt suivi par Ryô et Hide pour le couvrir de leurs flèches.
Ryô parvint à couper la corde de Petit Loup d’un coup de flèche et ce dernier essaya d’aider son voisin, puis son père fonça comme un taureau contre la charpente en bois de l’échafaud et il parvint à le faire basculer afin que tous aient de nouveau les pieds sur terre.
Le bourreau quant à lui n’avait pas dit son dernier mot, il sortit une hache pour s’occuper de Mick. Ce dernier regarda Ryô et comprit qu’il avait confiance en son frère donc il n’avait plus qu’une chose à faire, lui montrer qu’il ne se trompait pas. Il prit son arc et avant que le bourreau n’ait accompli sa basse besogne, il lui logea une flèche entre les deux yeux, s’épatant lui-même d’être aussi doué au tir avec un bout de bois qu’avec son magnum.
A ce moment-là, le shérif, furieux, ordonna à la garde d’intervenir mais elle en fut incapable car Miki avait profité de l’affolement pour couper la corde qui retenait la herse entre la cour et le château et les soldats ne pouvaient pas en sortir.
Kaïbara était hors de lui alors il s’énerva après ses invités et attrapa Kaori pour l’emmener à la chapelle. Elle essaya de se débattre mais rien n’y fit, il était trop fort, aussi se mit-elle à crier.
Une fois en place, Ryô prit place sur la catapulte, Hide s’assit à ses côtés et l’interpella.
Mick actionna la manette et la machine les propulsa en l’air. Ils parvinrent à passer le mur sans difficulté et heureusement pour eux, il y avait un tas de foin de l’autre côté pour amortir leur chute.
Chapitre 8
Ryô et Hideyuki ne laissèrent pas le temps aux soldats de réagir à leur arrivée soudaine et se précipitèrent dans le château. Ce n’était qu’un dédale de couloirs et d’escaliers qui allaient dans tous les sens et ils ne savaient pas vraiment où le shérif comptait aller. Ryô finit par attraper un serviteur par l’encolure et le plaqua contre le mur en lui demandant où était son patron. Ce dernier lui répondit qu’il était parti à la chapelle et qu’il avait fait demander l’évêque.
Pendant ce temps-là dans la cour, tout le monde était affolé par ce qui venait de se passer et essayait de se sauver. Un mur avait explosé dans la bagarre et la plupart s’y dirigeaient. Mick et Umi se regardèrent en se demandant s’il ne fallait pas intervenir. Quand soudain, Miki qui avait récupéré son fiston et était bien décidé à en finir avec le fou furieux qui avait failli pendre son petit, grimpa sur un chariot et se mit à siffler pour attirer l’attention de la foule.
Tous les gens présents l’acclamèrent et foncèrent vers la herse afin de rentrer dans le château et bien décidés à en finir avec ce shérif de malheur.
Pendant ce temps-là, Ryô et Hide arrivaient en haut de l’escalier ; ils tombèrent nez à nez avec une Reika qui manqua de leur flanquer un coup de poêle dans la figure. Ryô lui attrapa le bras juste à temps.
Elle les conduit devant une porte en chêne où l’on entendait des cris, apparemment Kaïbara hurlait après l’évêque pour qu’il le marie à Kaori et celle-ci hurlait plus fort car il était hors de question qu’elle l’épouse. Ryô se demandait la tête que pouvait faire l’homme d’Eglise entre les deux, le pauvre, il devait prier pour se trouver dans un autre lieu, le plus loin possible ! Cela le fit sourire un instant mais il toqua à la porte avec force.
Il cogna la porte mais se rendit vite compte qu’elle était beaucoup trop épaisse. Il regarda autour de lui à la recherche d’un outil qui pourrait les aider. Ne voyant rien, il commençait à bouillir d’impatience et pendant ce temps-là, le shérif avait réussi à convaincre l’évêque de célébrer la cérémonie.
Ryô fonça dans le couloir et rejoignit les escaliers, il monta dans les étages supérieurs et arriva en haut des tours. Il se pencha au bord pour jauger de la distance entre la chapelle et lui avant de se rendre compte qu’il n’avait pas de corde, mais ce léger détail ne l’arrêta pas en si bon chemin ; il y avait de longs drapeaux qui ornaient le bâtiment et après en avoir rapidement testé la solidité, il se jeta dans le vide pour atterrir directement dans la chapelle en passant à travers la fenêtre.
Son atterrissage fit son petit effet puisqu’il envoya valdinguer l’homme d’Eglise par-dessus l’autel, et que ce dernier ne se releva que pour aller se planquer dans un coin au fond de la chapelle, au grand dam du shérif qui voyait son plan s’écrouler.
Le shérif fonça en hurlant sur Ryô pour essayer de le pourfendre avec son épée. Ce dernier l’évita et la lame toucha le mur dans un bruit métallique. Ryô en profita pour aller détacher Kaori qui sauta de son siège juste avant que le shérif qui revenait à la charge ne démolisse le fauteuil où elle était attachée.
Leur complicité énervait le shérif au plus au point et sa rage était telle qu’il détruisait tout sur son passage en espérant bien parvenir à tuer son rival. Le combat fut très rude et Ryô, malgré quelques égratignures, parvenait à faire face à son adversaire en parant tous ses coups et en lui montrant que même si c’était pas son arme de prédilection, il était tout même une fine lame lui aussi. Il savait s’adapter à toutes les situations et en plus Kaori ne manquait pas une occasion de l’aider en balançant tout ce qu’elle trouvait dans les pattes du shérif.
Ce dernier, excédé, poussa un banc dans les jambes de Ryô, qui perdit l’équilibre et tandis que sa tête heurtait le rebord d’une table dans sa chute, le shérif frappa avec son épée mais il ne lui coupa qu’une mèche de cheveux. C’était pas passé loin, à un cheveu, s’il avait voulu faire de l’humour. Mais là, il commençait à saturer.
Le shérif s’énerva et continua ses attaques, Ryô parvenait à faire de son mieux pour lui tenir tête malgré le fait qu’il n’avait pas l’avantage au niveau des armes, il prenait tout ce qui lui tombait sous la main pour se défendre.
Malheureusement, en voulant éviter un nouveau coup du shérif, il trébucha et tomba dans le renfoncement d’un mur tandis que ce qu’il restait de son épée, volait dans le coin opposé. Kaïbara fonça sur lui sûr de sa victoire et avant de donner le coup de grâce à Ryô, il se retourna pour interpeller Kaori.
Soudain, Kaïbara fut surpris de ressentir une douleur intense au niveau du cœur, il constata avec stupeur que Ryô avait eu le temps de le toucher mortellement. Kaïbara lâcha son épée et quand il retira le poignard que Ryô avait sorti de sa botte quelques instants auparavant, il constata qu’il s’agissait de celui qu’il avait offert à Kaori avant de s’écrouler au sol.
Ryô souffla un instant, en se disant qu’il avait eu drôlement chaud mais il avait enfin réussi à se débarrasser de Kaïbara. Kaori avait les larmes aux yeux en voyant que finalement tout avait bien tourné dans ce combat de fous.
Ryô se releva et commença à se diriger vers Kaori. Elle fit de même tout en lui parlant.
Ils allaient se prendre dans les bras, quand il la repoussa brusquement. Sur le coup, elle fût surprise mais elle entendit un grand fracas et la porte de la chapelle traversa la pièce juste devant elle. Elle se retourna pour voir d’où ça venait et elle aperçut son frère et toute la bande de Ryô qui venaient à la rescousse.
Voyant Kaïbara à terre, Hideyuki fut soulagé de voir sa chère petite sœur sauvée de son bourreau. De son côté, Frère Doc décida de s’occuper du cas de l’évêque qu’il venait de coincer alors que ce dernier essayait de se sauver discrètement. Petit Loup se chargea d’aller annoncer la défaite du shérif. Mick et Umi le suivirent au cas où quelques récalcitrants ne lâcheraient pas les armes après cette nouvelle. Ils revinrent vite avec quelques bouteilles pour fêter la victoire et se félicitant d’y avoir contribué. Les uns se tapant sur l’épaule ou se prenant dans les bras.
Chapitre 9
La lumière lui faisait mal aux yeux et il devinait vaguement le visage de Kaori près du sien. Au son de sa voix, il y percevait de l’inquiétude, alors il lui caressa la joue pour l’apaiser.
Quelques minutes plus tard, il conclut que tout allait bien, Ryô verrait mieux sous peu, le choc à la tête et la perte de connaissance avaient dû altérer sa vision provisoirement. Il dit à son patient de se reposer et de ne pas s’inquiéter.
Plus facile à dire qu’à faire après tout ce qu’il avait vécu, c’était tellement réel qu’il avait encore des doutes. Il était revenu dans son monde, c’est la seule chose dont il était sûr, mais ce qu’il venait de vivre, était-ce vraiment un rêve ?
Mick vint le chercher le lendemain pour le ramener à l’appartement. Kaori avait apparemment préféré rester pour préparer son retour. Il se demandait si elle était contente qu’il revienne car il était pratiquement sûr qu’elle l’avait entendu quand il avait dit qu’il l’aimait mais comme elle ne savait pas à qui il s’adressait, il se demandait ce que pouvait imaginer sa partenaire.
D’un autre côté, il était embêté, revenir à cette vie après tout ce qui s’était passé dans l’autre, il ne savait plus trop où il en était. Ce qu’il avait vécu était tellement réel qu’il s’inquiétait presque pour ses amis de l’autre monde.
Mick se gara sur un parking, il rigolait tellement qu’il préférait éviter un autre accident. Ryô lui raconta alors toute l’histoire. De l’évasion au retour en Angleterre, sa rencontre avec toute cette clique leur ressemblant sans être eux, les bagarres, les batailles jusqu’à la porte qu’il s’était pris dans la figure et qui l’avait ramené à la réalité.
Pendant ce temps-là, à l’appartement, Kaori préparait le retour de son partenaire. Elle avait rangé sa chambre et avait fait semblant de ne pas trouver certaines revues. Elle avait préparé un bon petit plat pour le repas même si elle se doutait qu’il ne ferait pas grand cas de toutes ses attentions.
Pourtant, quelque chose l’intriguait, Ryô lui paraissait bizarre, quand il s’était réveillé, il s’était montré si tendre avec elle pour la rassurer. Elle se souvenait encore de sa main sur sa joue, il avait été si différent de celui qu’elle connaissait. Après elle avait bien compris que Monsieur avait rêvé pendant son coma et que son comportement était dû à cela mais qu’avait-il vécu dans ses rêves pour être aussi attentionné en se réveillant et elle préférait ne pas penser à ses premiers mots. A qui avait-il fait une déclaration d’amour, était-ce à elle ? Elle avait peur de croire à une chose impossible d’autant qu’il n’était pas dans son état normal quand il avait dit ça.
Elle entendit du bruit dans le couloir, c’était sans doute eux. Mick ramenait Ryô à la maison et elle se demandait bien comment les retrouvailles allaient se passer. Elle n’était pas la seule à se poser des questions. Ryô, était devant la porte et hésitait à rentrer, il réfléchissait à tout ce que Mick lui avait dit, il avait l’impression que sa tête allait exploser. De plus, il appréhendait les retrouvailles avec Kaori. S’il n’avait pas eu cette légère défaillance, il serait rentré en fanfaronnant comme à son habitude mais là, il s’inquiétait un peu.
Mick lui donna un coup de coude en lui demanda s’il allait se décider à ouvrir cette foutue porte.
Quand elle le vit rentrer dans l’appartement, Kaori n’eut pas l’impression qu’il ne voyait rien. Sans doute parce qu’il connaissait les lieux par cœur et que même les yeux fermés, il aurait pu s’y promener. Elle se dit qu’elle ferait mieux de ne pas changer les meubles de place tant qu’il n’irait pas mieux.
Elle lui lança un timide, « bienvenue à la maison », auquel il répondit par un merci accompagné d’un sourire gêné. Mick leva les yeux au ciel, se demandant ce qu’il allait faire avec des empotés pareils. Kaori indiqua qu’elle avait préparé le repas et invita Mick à se joindre à eux. Alors là, pas question de tenir la chandelle, il déclina gentiment en prétextant que sa moitié l’attendait et qu’il repasserait plus tard puis il planta là, nos deux nettoyeurs en espérant qu’ils finiraient par sortir de leur réserve.
Ryô s’installa à table et remercia Kaori quand elle posa une assiette devant lui. Il lui dit que c’était délicieux et continua à manger. Kaori n’était pas plus causante et elle ne savait pas quoi dire. Avant l’accident, ils s’envoyaient des vannes, se hurlaient dessus mais au moins ils communiquaient et là rien, on aurait dit que leur mécanique habituelle avait été cassée. Elle se voyait mal balancer une massue sur un type qui sortait du coma, d’autant qu’il ne lui avait rien dit de méchant.
Quand le repas fut terminé, Ryô prit son courage à deux mains pour tenter une discussion et il commença par demander si tout s’était bien passé en son absence. Elle répondit qu’ils n’avaient pas eu d’affaires à gérer et qu’au pire si ça avait été le cas, elle aurait délégué à Mick. Il lui dit qu’elle devrait peut-être continuer le temps qu’il se remette et qu’il faudrait éviter de faire savoir qu’il était handicapé en ce moment.
Elle s’énerva en disant qu’il était capable de se défendre même aveugle et que de toute façon, elle était là. C’est là qu’il sentit qu’il avait encore dit une connerie.
Elle était si énervée, qu’elle partit en claquant la porte sans qu’il ait eu le temps de dire quoi que ce soit. Il attrapa son téléphone et appela Mick.
Mick la retrouva dans un coin éloigné du parc, elle était assise sur un banc et il devina qu’elle pleurait. Il fit du bruit pour faire voir qu’il était là.
Quelques minutes plus tard, Ryô entendit la porte de l’appartement s’ouvrir. Il savait qu’elle était de retour car il avait reconnu son parfum, mais elle ne disait rien. Il ne savait pas trop s’il devait dire quelque chose ou se taire pour éviter de dire une autre ânerie. Il entendait ses pas sur le plancher, elle se rapprochait de lui. Elle ne disait toujours rien, lui non plus. Quand elle fut face à lui, il eut envie de lui prendre la main, mais il n’osait pas bouger. Et c’est là qu’il entendit un « crétin » et qu’il se prit une baffe qui manqua de lui décoller la tête du corps.
Le coup lui fit voir 36 chandelles mais pas seulement, car sitôt le choc passé, il se rendit compte qu’il voyait bel et bien. Il était tellement content en voyant le visage de sa partenaire qu’il la prit dans ses bras pour la serrer contre lui à la grande surprise de cette dernière.
Ryô éclata de rire devant le regard affolé de sa partenaire.
Kaori ne s’attendait pas à cela mais elle savoura cet instant avec plaisir. Elle réalisait à peine ce qui lui arrivait, trop grisée par la passion et l’intensité de ce baiser.
Ryô stoppa ce doux intermède, Kaori était presque déçue quand elle le vit regarder autour de lui.
Kaori pouffa de rire et Ryô, voyant que personne ne venait les déranger, en profita pour l’embrasser à nouveau et elle n’eut aucune envie de le repousser.
Elle ne savait pas pourquoi, il agissait comme cela, un coup de folie dû à son accident qui lui aurait remis les idées en place, qui sait ?
Franchement, elle s’en fichait, il lui avait avoué son amour et elle n’avait pas envie de se poser des questions. Elle répondit à son baiser avec une fougue qu’il n’aurait pas soupçonné et qui risquait fort de les entraîner plus loin.
Lui non plus, n’avait pas envie de réfléchir. Il avait enfin sauté le pas et il se maudissait d’avoir attendu si longtemps car ça en valait vraiment la peine. Il quitta ses lèvres pour lui embrasser le cou, elle émit un léger gémissement et elle lui murmura un « je t’aime » qui le mit dans tous ses états.
Il la souleva passant un bras sous ses jambes, tout en continuant de l’embrasser. Elle noua ses bras autour de son cou et se laissa emporter vers la chambre.
De l’autre côté de la rue, un Américain qui matait les réconciliations à la jumelle, souffla en disant : « Eh ben, quand même, ils ont mis le temps ! » puis il tira le rideau avec un sourire avant de rejoindre sa compagne.
Le lendemain, ils se réveillèrent blottis dans les bras l’un de l’autre. Kaori n’avait aucune envie de bouger et Ryô encore moins. Elle ne voyait pas d’autre endroit où elle aurait pu vouloir se trouver et lui n’avait aucune envie de la lâcher pas même du regard. Il lui dit à nouveau à quel point il l’aimait et elle lui répondit qu’elle aussi avant de l’embrasser.
Plus tard, serrés l’un contre l’autre, il lui raconta tout ce qui lui était arrivé et elle rit beaucoup. Il s’excusa de s’être endormi pendant le film à qui il devait cette histoire de fou. Il ajouta que s’il était fatigué c’était parce qu’il avait travaillé en douce pour lui faire un cadeau d’anniversaire et elle répondit avec un petit air coquin qu’elle était déjà très contente de celui qu’il venait de lui offrir. Il rétorqua que dans ce cas-là, il se ferait un plaisir de la couvrir de cadeaux pendant le reste de sa vie avant de l’embrasser.
Autant dire que les jours qui suivirent, on ne vit pas beaucoup nos nettoyeurs. Mick racontait aux amis que Ryô profitait de sa convalescence mais son petit sourire en coin faisait douter certain d’entre eux…
FIN