HypnoFanfics

Ianto patientait dans l'Office de Tourisme qui servait de couverture à l'Institut avec une tasse de café comme il lui avait promis. Elle frissonna en voyant son visage fermé. Il avait vraiment l’air ennuyé. Et elle savait pourquoi. Elle s’empara de sa tasse de café pour se donner une contenance. Elle n’avait pas l’habitude de le voir ainsi. La bêtise de ce qu’elle avait fait revint la gifler en pleine figure. Elle ressentait un malaise certain à ce souvenir. Le désir qui l’avait touché à ce moment-là la rendait honteuse.

Elle essaya de croiser son regard mais Ianto esquivait, refusait de lui donner ce plaisir. Tant pis. Elle essaya d’engager la conversation sur un sujet moins périlleux.

- Alors, tu connaissais déjà ce bar ?

- Un peu, fit Ianto en rangeant des dépliants touristiques.

- Attends, il y avait des photos de toi, Jack et Anto sur le panneau de l’entrée. Donc, tu le connais plus qu'un peu et la propriétaire t'a demandé des nouvelles de Jack, c'est qu'elle le connait bien.

- Elle connait Jack en effet, dit-il doucement, c’était la dernière soirée d’Anto à Cardiff et il s’est défoulé. J’aurais dû demander à Lucia de retirer ces photos. Je ne savais pas qu'il y en avait eu autant de prises.

- Oui, ou du moins les photos vous montrant, Jack et toi. Vous étiez drôlement proches à cette soirée, hein ?

Elle lui donna un coup de coude. Il esquiva son contact, sourcils froncés. Elle se figea. Il lui fit face, le visage contracté. Elle eut soudain peur. C’était la première fois, jamais Ianto ne lui avait fait peur auparavant.

- Gwen, tu devrais apprendre à t’occuper de tes propres affaires, plutôt que des miennes ou de celle de Jack. C’est un conseil amical.

- Ianto, je m’excuse, je ne savais pas … je suis désolée.

- Oui, comme tout à l’heure.

- Je suis désolée, je ne voulais pas. Ça m’a échappé. Je m’excuse, pour tout à l’heure, fit-elle.

Le jeune homme avait l’air embarrassé et triste.

- Ok, tu es désolée, Je comprends que tu aies besoin de t’excuser mais je ne suis pas sûr de pouvoir le faire.

Elle le regarda choquée.

- Tu es dur, Ianto.

- Non, je suis réaliste, tu étais incontrôlable et ce n’est pas la première fois que je remarque cela. Tu te comporte comme une gamine dans un magasin de jouet. Tu veux tout tester mais tu es incapable de te fixer sur quelque chose de précis. On y est tous passé maintenant. Tu vas aller chasser où, maintenant ?

Elle ouvrit de grands yeux, terriblement secouée. Elle avait eu un moment d’égarement, certes mais pas si difficile à comprendre, ni à pardonner. Elle était bouleversée. Ianto la regardait avec des yeux si durs, un visage si fermé que sa peur se transforma en angoisse et s'il ne lui pardonnait jamais. Son coeur se serra douloureusement. Sa bouche s’ouvrit pour se défendre mais Ianto ne lui laissa pas le temps.

- Gwen, tu es mon amie et ça me fait mal de te voir agir comme ça. Il y a eu Owen, James, ton jeu avec Jack et maintenant tu m’as presque ... sauté dessus.

- Attends, Ianto, attends... je ne voulais pas.

- Mais tu l’as fait et ce n’est pas la première fois. Tu as même essayé avec Jack.

- C’est ça qui t’énerve, en fait ? Owen a raison, alors ? toi et Jack ? demanda-t-elle violemment, ne souffrant pas la remise en question.

- Cela ne te regarde pas, éluda le jeune homme en détournant le regard.

- Pourtant, tu es bizarre depuis qu’il est parti ! à croire qu’il te manque plus qu’à nous, continua-t-elle sans prêter attention à la voix soudain durcie de son compagnon.

- Ce ne sont pas tes affaires, s’écria-t-il, se retranchant derrière le desk de la réception, ce n’est pas de cela dont j’ai voulu te parler.

Gwen se sentait en position de force. Si elle le questionnait sur sa relation à Jack, sans doute ne lui parlerait-il pas de ce qu’elle avait fait.

C’était mal le connaître.

- Gwen, ton comportement est bizarre à toi aussi, depuis qu’il est absent et  surtout depuis que Rhys t’a fait sa demande.

- Non !

- Bien sûr que si, et tu as de la chance que Rhys ne se soit aperçu de rien. Tu ne vois pas qu’il est fou de toi ?

-Si, je le sais, murmura-t-elle, les yeux baissés.

- Et pourtant tu accumules les histoires de cul, comme si tu essayais de te prouver quelque chose. Tu as peur Gwen.

- Je n’ai pas peur, tu l’as vu avec le Blob.

- Si, tu as peur, peur de l’engagement, continua Ianto imperturbable, de ce qu’il risque de changer dans ta vie. On croirait que ce futur mariage signe ton arrêt de mort.

Elle écarquilla les yeux, vexée et en même temps surprise de l’acuité de son analyse.

- j’ai l’impression d’être chez le psy, dit-elle dans une piètre tentative d’humour, mais le regard d’Ianto la crucifia.

- Rhys t’aime, et tu te conduis comme une garce pour échapper à ce mariage. Tu es morte de peur à l’idée de lui parler.

- Non, fit-elle faiblement alors que les mots pénétraient sa pensée.

Elle réalisait soudain tout ce que son comportement avait de malsain. Ce mariage la terrorisait effectivement. La peur de l’engagement, de ne plus séduire, de lier son destin à celui d’un seul homme, qu’elle aimait certes, mais les doutes étaient si énormes. Et Jack, s’il revenait de sa longue absence, elle ne souhaitait pas manquer sa chance.

- Il faut que tu lui parles.

- J’ai déjà essayé, dit-elle en se remémorant ce passage douloureux. Mais il ne s’en souvient pas. Heureusement.

- Tu l’a retconné ! s’écria-t-il, incrédule. Elle acquiesça les larmes aux yeux.

- Gwen, comment veux-tu que ça marche entre vous deux, si tu lui parles et que tu lui fait oublier juste après ? Il peut y avoir des choses dont il se souvient. Tu es bien placée pour le savoir, n'est-ce pas ? Ce ne sont pas de bonnes bases pour un mariage. Si tu l’aimes, tu ne peux pas continuer comme cela. Vous avez une relation qui fonctionne, chose rare à Torchwood, crois-moi. Il ne faut pas que tu la gâches en agissant aussi stupidement. Il faut que tu lui parles, que tu lui dises ce que tu ressens pour lui et ce que tu as fais. Ne gâche pas ta relation, Jack le voudrait lui aussi.

- Je ne peux pas, je vais lui briser le cœur.

- Tu préfères attendre que vous ayez des enfants, pour le faire, dit-il d’un ton plus dur.

- Non ! Mais je ne sais pas comment lui dire.

- Tu trouveras ! Mais il faut que tu lui parles.

- Je vais lui briser le cœur...

- Si tu continues, tu vas te mépriser à force et ton couple éclatera de toute manière. Gwen, tu ne peux pas supporter cela plus longtemps. Je te vois mal continuer. Je te plains, tu sais, dit-il d'une voix pleine de commisération.

- Je … je ... cela n’affecte pas mon travail, fit-elle d’un ton fier.

- Faux, je le vois. Tu prends de plus en plus de risques. Tu deviens inconsciente du danger. Tu t’es vu tout à l’heure face au blob ?

- J’ai fait mon travail, Ianto.

- Au mépris de ta sécurité. Que Jack le fasse, soit. C’est Jack, on sait maintenant qu’il peut se le permettre. Mais pas toi, tu devrais faire plus attention.

Elle hoqueta, incapable de se retenir. Elle sortit comme on s’enfuit, secouée de sanglots lourds. Elle claqua la porte derrière elle. Ce qui lui faisait le plus mal, c’était la pitié dans la voix d’Ianto, comme s’il la plaignait. Elle aurait préféré qu’il l’enguirlande plutôt que cette voix froide, factuelle et réaliste. Elle se détestait d’avait fait cela, tout cela. Elle laissa éclater sa peine, en parfaite harmonie avec la violence de la tempête de pluie et de neige qui tombait soudainement sur la cité.

Elle ravala ses larmes par fierté et appela Rhys pour qu’il vienne la chercher. Il ne posa pas de question au son de sa voix gonflée de larme. Il comprenait. Il lui annonça qu’il déposait Mervin chez lui avant de venir la chercher. Cela lui permit de réfléchir, pleurant, ressentant une douleur intense dans sa poitrine à l'idée de devoir lui parler. Elle était morte de peur, mais Ianto avait raison, elle ne pouvait plus continuer ainsi.

Rhea01  (26.01.2010 à 22:34)

oOoOo

(la voiture, 4h42)

- Il faut que je te parle.

Elle répète cette phrase tout en sachant que cela ne le rassure pas. Elle le voit blêmir. Sa voix lui apprend que les choses sont graves. Il la dévisage. Les larmes ravagent son visage. Elle perd courage devant les yeux confiants de son compagnon.

- Il faut qu’on …

- Gwen, tu m’inquiète, qu’as-tu ? Tu va bien ? Tu n’es pas blessée ? Quelqu’un l’est dans ton équipe ?

- Non, non.

- Arrête, tu me fais peur. Que se passe-t-il Gwen ? Tu répètes qu'il faut qu’on parle mais tu ne dis pas un mot.

Elle prend une grande inspiration.

- J’ai couché avec quelqu’un d’autre, Rhys.

- Quoi !? s’écrie-t-il en freinant brutalement.

Un klaxon furibond derrière eux lui fait reprendre sa course. Il jette un regard furieux dans le rétro et s’adresse à Gwen d’un ton sec.

- Qui ? Ianto, ce mec au costume Armani et au joli sourire ?

- Non, pas Ianto, Owen. Rhys, je suis désolée.

- Quoi ? Ce maigrichon ? Mais vous avez couché ensemble ? Combien de fois ? depuis quand ? Combien de temps ? Non, NON ! Ne réponds pas ! jette-t-il en freinant à nouveau. Descends.

- Rhys, laisse-moi t’expliquer ….

- Non, je n’ai pas envie d’entendre tes explications foireuses, Gwen ! Descends ! Descends vite !

Il hurle. Elle descend, le cœur au bord des lèvres et il redémarre, l’abandonnant sous la pluie battante, à quelques mètres seulement du Millenium Stadium. Elle grimpe sur les marches pour se mettre à l’abri.

Rhys est parti. Elle regarde s'éloigner les phares de la voiture sans pouvoir esquisser un seul geste. Elle a fait ce qu’Ianto lui a suggéré pourtant. Parler à Rhys, mais il ne voulait pas l’entendre s’expliquer.

Elle ravale à nouveau les larmes qui menacent de la submerger. Elle regarde autour d’elle. Le Millenium Stadium, l’endroit le plus connu de Cardiff et le plus désert à cette heure de la nuit, ou du matin.

Elle s’assied sur les marches humides et froides, ignorant l’eau qui roule ses épaules, secouées par des sanglots secs. Elle a essayé de lui parler et ce regard qu’il lui a jeté avant de lui ordonner de descendre, ce regard de bête blessée comme si elle l’avait mis à mort. Son cœur se serre alors à se broyer.

Elle comprend enfin le mal qu’elle leur faisait à tous les deux. Elle en a été inconsciente jusqu’ici. Mais quelque chose dans son comportement lui montrait instinctivement,  il le savait. Il avait senti qu’elle n’avait pas toujours été honnête avec lui, que quelque chose clochait chez elle. C’est parce qu’il l’aime, qu’il l’accepte telle qu’elle est avec ses secrets et ses non-dits permanents. Il faut qu’elle lui parle vraiment, franchement, qu’elle lui raconte tout depuis sa première rencontre avec Jack et l’équipe jusqu’à celle avec le Blob.

Elle se secoue mentalement. Ce caractère de chiffe molle ne lui ressemble pas. Elle a depuis trop longtemps repoussé cette conversation et au moment où elle prend enfin la décision de lui parler, il refuse de l’entendre. Hors de question de laisser la situation dans l’état, hors de question de ne plus y penser. Il faut qu'elle affronte Rhys.

Elle saute sur ses pieds, remontée à bloc. Qu’il le veuille ou non, il allait l’écouter. Elle hèle un taxi qui maraude et lui jette son adresse. Elle passe le quart d’heure suivant à affûter ses arguments, sans prêter attention aux regards circonspects du chauffeur pour sa tenue, humide et tachée.

Rhea01  (27.01.2010 à 21:45)

oOoOo

(5h Appartement de Rhys et Gwen)

L’appartement est désert, aucune trace de Rhys. Il n’est pas rentré. Où peut-il bien être ? Elle cherche à le joindre sur son téléphone. Rien. Il doit raccrocher à mesure qu’elle l’appelle. Ok, il voulait jouer à cela ? Ils allaient être deux. Elle appelle Ianto.

- Ianto ? c’est Gwen. J’ai besoin de retrouver Rhys. Lance une recherche sur les vidéo surveillances. J’ai essayé de lui parler mais il m’a jetée près du stade.

- Tu aurais pu attendre d’être chez toi pour lui parler, fit son ami d'une voix douce.

- Oui, sans doute. ça vient un peu tard les conseils, dit-elle amèrement. Il n’a pas voulu écouter mes explications.

- Ok, j’ai mieux pour le retrouver. Il y a une balise sur ta voiture, vu que tu l’utilises toi aussi.

- Big brother nous guette.

- Disons un protocole de sécurité de Jack, pour nous protéger. Rhys n’est pas loin. Il est à l’arrêt sur Avon Street. A deux rues de chez toi.

- Chez Mervin. Ok, j’y vais. Tiens-moi au courant s’il bouge. Merci, Ianto.

- Bien, Gwen, bon courage.

- Merci, j’en ai besoin.

Elle raccroche. A sa voix, elle croit comprendre que Ianto a l’air d’apprécier qu’elle se reprenne en main. Si c'est une vengeance de sa part, elle est vraiment  très maline. Elle sort en trombe. Mervin, elle aurait dû y penser. Bien sûr, il est parti voir son meilleur ami. Il voulait la paix. Manque de chance, il allait  devoir l'écouter. Quitte à devoir s’expliquer devant Mervin. De tout manière, elle ne l’aime pas celui-ci, alors le retconner ne va certainement pas lui mettre les larmes aux yeux.

Elle court sans s’arrêter jusque chez Mervin. Peu lui importe la pluie qui a décidé de noyer la ville. Quelques minutes plus tard, elle se frappe à sa porte, hors d’haleine.

Elle tambourine jusqu’à ce qu’une tête ébouriffée lui ouvre.

- Quia ?

- Mervin, laisse-moi entrer, je dois parler à Rhys.

- Il est là, mais – la tête rentre puis ressort – il ne veut pas te voir.

Il rote, une bouffée chargée d’alcool et indubitablement de vomi atteint la jeune femme trépignante. Elle grimace. Ses manières sont décidément déplorables quand il a bu. A bien y réfléchir, pas seulement quand il a bu.

- Je dois le voir quand même.

- Et c’est toi la p’tite Cooper qui va m’obliger à ouvrir la porte ? ch’crois pas, moi, dit-il en paradant les mains sur les hanches.

- Bien sûr que si, mon gros, dit-elle en lui empoignant le col et le basculant dans la rue en une prise de judo plutôt efficace.

Mervin roule par-dessus son épaule et tombe sur le trottoir en plein dans une flaque d’eau. Il se met aussitôt à brailler.

- Merde ! Cooper, je suis trempé maintenant, t’es conne ou quoi ?

- On est à égalité alors, dit la jeune femme en entrant d’autorité dans son appartement, plutôt porté sur le capharnaüm.

Rhys est derrière la porte comme elle s’y attend, les yeux exorbités de colère, elle s'y attendait aussi.

- Tu es en colère, je sais et c’est normal. Mais j’estime avoir le droit de m’expliquer. Je te dois des explications.

- Je n’ai pas envie de t’écouter, glapit Rhys, tu me dégoutes, on devait se marier et tu me fais ça. Comment as-tu pu me faire ça ?

Elle baisse la tête. La détresse dans sa voix lui fait mal, lui brise le cœur. Mervin entre chez lui, l’air furieux de s’être fait avoir par une femme.

- Il ne veut pas t’écouter, Gwen, alors tu fous le camp.

- Toi, le lover des bacs à sable, retourne à tes poupées, tu veux bien. Ah, c’est vrai, j’oubliais, ton odeur les répugne trop pour qu’elles restent toute la nuit. Brosse-toi les dents avant de coucher avec elles, ça ira mieux. Y’en aura bien une qui restera.

- Oh, tu te calmes, ok ? Tu devrais avoir honte de tromper Rhys, c’est un mec bien.

- Me dit le mec qui se tape plusieurs filles en même temps, rétorque Gwen, la moutarde au nez, t’as rien à me dire et surtout pas sur ma conduite.

- T’est qu’une garce, Cooper !

- C’est parce que je n’ai pas couché avec toi que tu dis ça ? dit-elle en se redressant, l’encolure de sa robe détrempée souligne allègrement ses appâts. Mais qui pourrait le faire, sans être totalement bourrée ?

- T’est qu’une pute ! Mais, mec, qu’est-

Paf, suivi d’un choc sourd. Mervin se retrouve à terre, assommé pour le compte tandis que Rhys secoue son poignet avec une grimace de douleur. Gwen le regarde avec des yeux ronds, surprise de son comportement. Il la regarde l’air fâché.

- On rentre et on parle, puisque tu le veux.

Il l’entraine dans son sillage, sans un regard pour elle, vers la voiture qui les attend., laissant Mervin au sol. Elle souhaite par-dessus tout commencer à parler. Les mots rugissent dans sa tête, tout préparés, avide de s’expliquer. Mais le regard glacial qu’il lui jette avant de mettre le contact, la perturbe, fige les mots dans sa gorge.

De plus, sa conduite sèche à la limite de la légalité n’incite pas du tout à lui faire la conversation.

Rhea01  (27.01.2010 à 21:58)

oOoOo

(5h30 l'appartement de Gwen)

Arrivés à leur appartement, il la fait entrer et claque la porte derrière eux avant de  partir dans la chambre, la laissant seule. Elle ne se sent pas bien chez elle. Tout lui semble bizarre, les objets choisis ensemble, les photos d’eux deux, comme des preuves supplémentaires de ses mensonges. Tout l’accuse. Elle ressent tout cela violemment, une douleur aigüe dans la poitrine face à sa trahison.

Rhys revient avec une serviette épaisse qu’il lui jette au visage. Il se sert un verre sans lui en proposer un. Pourtant elle en meurt d’envie de boire, pour se réinsuffler un courage défaillant. Le gout du café a un gout amer dans sa bouche désormais, comme une corruption. Elle ne sait pas quoi faire de son corps. Elle s’enveloppe dans la serviette, se réchauffant légèrement. Son corps et son cœur sont aussi glacés l’un que l’autre.

- assieds-toi, jette-t-il. Elle obtempère, soulagée qu’il lui parle enfin.

- Rhys, je….

- Attends, attends, je ne suis pas en état de te parler, d’écouter tes excuses. Laisse-moi du temps.

- Non ! On a commencé, il faut qu’on en finisse.

- Tu as commencé, Gwen ! S’écrie-t-il, alors laisse-moi le temps de m’en remettre.

Un silence inconfortable s’installe entre eux, conscients du moindre bruit de l’appartement. Elle se demande comment cela allait se terminer. Elle aimerait tellement se faire un thé pour se réchauffer, tout comme commencer cette confrontation. Elle est à la torture et il le sait. Elle se sent bouillir et ce silence n’aide pas à lui calmer les nerfs, au contraire.

- Vas-y ! Je ne suis pas prêt, mais je ne le serais jamais, de toute façon. Mais on ne va pas rester comme ça, à se regarder en chien de faïence. Vas-y, explique-toi !

La colère froide qui se dégage de lui, à ce moment, était plus troublante que ses flambées habituelles, toujours brèves et sans conséquence. Cette fureur si glaciale qui ne lui ressemble pas, lui montre vraiment que cette fois, elle a dépassé les limites de sa bonté naturelle. Dieu que c’est difficile !

- Il faut que je te parle de mon travail d’abord.

- Pourquoi ? Tu me mens aussi sur ton travail ? Tu es dans une agence d’Escort girl ? raille-t-il, Oui, ça a le mérite d’expliquer bien des choses, dont ton salaire.

- Ne sois pas vulgaire, Rhys, dit-elle la voix blessée.

- Je ne suis pas vulgaire, ce n’est pas moi qui couche à droite et à gauche.

Elle lui jette un regard malheureux. Mais il n’a pas tort. C’est lui qui avait le plus à se plaindre.

- Oui, je mens aussi sur mon travail. Je ne travaille pas dans une brigade anti-terroriste.

- Ah bon ?! Et pourtant toutes tes absences, tes départs nocturnes ou tes astreintes, c’est pourquoi alors ? Pour te retrouver plus facilement dans le lit d’Owen.

Elle détourne le regard. Rhys serre ses doigts autour de son verre et commence à déambuler dans le salon, comme s’il devait bouger pour ne pas la frapper. Son visage se déforme comme s’il avait envie de pleurer. Le cœur de Gwen bat follement, elle se sent si cruelle de lui infliger cela, mais elle n’a plus le choix. Il leur faut continuer.

- Ok, continue, marmonne-t-il, ses traits figés.

- Je travaille pour l’Institut Torchwood, c’est une unité spécialisée dans la recherche et la capture des extraterrestres.

- Bon sang, Gwen, c’est n’importe quoi. Je te demande la vérité, pas un résumé de X-Files.

- Est-ce que j’ai la tête de Scully ? Non, alors, écoutes-moi, jusqu’au bout ! C’est mon travail de capturer les aliens et de protéger la faille. Un endroit magnifique et terrifiant d’où sortent des créatures comme tu n'imagines pas.

- Conneries ! Ça se saurait s’il y avait des créatures qui se baladent dans Cardiff.

- C’est qu’on fait bien notre travail, alors, dit-elle avec un sourire crispé. Je pourrais te montrer ceux qu’on a capturé. Les choses que j’ai vu Rhys, c’est au-delà de l’imagination, au-delà de ce que je peux raconter.

- Tu divagues complètement. C’est ça, ton explication ? Ton boulot, ça n’explique pas pourquoi tu m’as trompé, Gwen.

- J’y arrive. Quand je me suis retrouvée dans ce nouveau travail, je ne savais pas par quel bout le prendre. Encore aujourd’hui, il y a des choses qui me surprennent. Chaque jour, chaque heure, il y avait quelque chose de d’étrange, de mystérieux ou d’alien. Et je ne pouvais pas partager cela avec toi.

- Pourquoi ? se rebiffe Rhys, parce que je suis trop con pour comprendre, c’est ça ?

- Non, parce que je devais garder le silence sur la teneur de mon travail. Ces créatures, ces mondes ne doivent pas être connus des humains.

- Des humains, s’écrie Rhys, d’un ton méprisant, des humains ? Tu entends de quelle manière tu parles de nous, de moi ?

- Non, Rhys, fait Gwen, d’une voix apaisante. C’est pour te protéger que je ne t’en parlais pas. Tu as vu comment tu réagis…

- Non, je réagis comme ça parce que pour toi, attraper des aliens, c’est une raison suffisante pour me trahir.

- Ce n’est pas ça. C’est juste que j’avais besoin, je devais parler à quelqu’un et qu’Owen était là, il m’a écouté et ça a dérapé.

- Bien sûr, crache Rhys, et ton chef, Jack, c’est ça, il ne peut pas t’écouter lui ? Il est là pour ça, non ?

- Je ne suis pas sûre que cela aurait changé quelque chose, dit-elle avec un rire douloureux.

Rhys la regarde choqué.

- Excuse-moi, mon chéri, mais ce que je veux dire, c’est que lui ou un autre cela n’aurait pas été différent.

Rhys, le regard vide, serre à nouveau son verre qui explose entre ses doigts. La brûlure de l’alcool sur ses coupures lui fait reprendre conscience. Son cœur gît lui aussi sur le sol parmi ces morceaux de verre. Il n’en revient pas de ce qu’elle vient de lui dire. Elle continue pourtant, consciente du mal qu’elle lui fait, se haïssant pour cela.

- Je ne pouvais en parler à personne, personne. J’étais désespérée. Après une mission catastrophique, j’étais blessée et il se trouvait là. Je ne pouvais rien te dire. Comprends-moi.

Elle écarquille les yeux d’horreur à ce qu’elle vient de dire. Comme s’il pouvait le comprendre.

- Il t’a donné du réconfort et un peu plus…. Bon sang Gwen, tu aurais pu m’en parler., dû m'en parler, me dire que ça n’allait pas, avant de te jeter dans ses bras. En plus me dire que lui ou un autre, cela n’aurait rien changé. Je passe pour quoi, moi ? Et je te demande de m’épouser et que je t’entoure d’attentions pour que tu acceptes. Pas étonnant que tu aies hésité avant d’accepter. Sais-tu au moins que ça m’a blessé ?  Je ne savais pas ce qui te prenait. Mais là, je comprends mieux. Oh oui. Mariée, ça devient plus difficile de mentir jour après jour à ton époux. Son petit ami, ça a moins d’impact. Hein ? Hein !

Sa tête se rapproche dangereusement de celle de Gwen qui recule, la crainte aux yeux. Il crie, il gesticule, il s'emporte. Il est rouge de colère, elle a peur qu’il soit victime d’apoplexie.

- Je ne pouvais pas t’en parler, hurle-t-elle alors, la peur se métamorphosant en colère à son tour. Merde Rhys, J’ai essayé de t’en parler ! Mais j’en étais tellement incapable que …

Elle se reprend juste à temps, si elle lui parle du recton, il risquerait de perdre tout contrôle. Pourtant, là maintenant, il est plus furieux que jamais. Et elle le comprend. S’il lui avait fait la même chose, elle ne sait pas comment elle aurait elle-même réagi.

- Et tu m’annonces cela comme ça, presque comme une chose normale. Ce n’est pas normal. Surtout quand ça dure depuis longtemps.

- C’est fini entre lui et moi. Je t’ai choisi, toi, pour tout ce que tu es. C’est fini depuis … notre dernière dispute, tu t’en souviens ?

- Ça a duré tout ce temps, gémit-t-il, le sang quittant son visage, depuis ta blessure, jusqu’au mois dernier ?! Tout ce temps, tu couchais avec nous deux. Sans, sans… me le dire…. Il est mieux que moi ?

Elle le regarde, il a l’air tellement déchiré, le visage blême, les yeux morts. Elle lui a porté un coup au cœur plus mortel que celui de Bilis, l’étrange adorateur d’Abbadon. Il soigne sa main avec des gestes automatiques, sans la regarder, tremblant.

Rhea01  (28.01.2010 à 22:41)

- Non, pas vraiment, dit-elle sourdement, évitant son regard.

- Il est au courant pour moi, pour nous ?

- Oui, dit-elle en baissant la tête, c’est d’ailleurs pour ça qu’on a arrêté, parce que je t’ai choisi, parce que ça ne servait à rien. -Parce qu’il en aimait une autre chuchote une petite voix en elle, ironique.

- Ah Ah, éclate-t-il d’un rire sans joie. Le prix du cocu ! Le droit de t’épouser.

- Dis-moi que tu me pardonnes, demande-t-elle doucement, ses yeux trempés de larmes.

- Je ne sais pas, Gwen, je ne peux pas. Je ne suis plus sûr de rien. J’ai l’impression que tout vient d’exploser dans ma tête. Et curieusement, je ne peux pas dire que je ne le savais pas.

- Quoi ? demande-t-elle en roulant des yeux affolés.

- Je te connais depuis 8 ans, Gwen, je sais quand quelque chose  ne va pas. Mais je n’avais pas envie de le voir. J’ai l’impression que mes yeux voient enfin la réalité et qu’elle n’est pas belle.

Les larmes ruissellent sur ses joues. Il les essuie d’un geste rageur. Il ne souhaite qu’une chose, qu’elle cesse de le regarder avec ces yeux, si désespérés. Son cœur lui fait atrocement mal, un peu comme le début d’une crise cardiaque. Il se détourne d’elle, évitant de marcher sur les morceaux de verre.

- Rhys, Rhys, - elle se lève pour le rejoindre, mais il la repousse, elle s’assied à nouveau secouant la tête - J’ai besoin que tu me pardonnes, on peut continuer…

- Je ne sais pas Gwen, c’est comme si tout me semblait trop clair maintenant. Tes absences, ton appétit pour nos jeux, comme si tu te sentais coupable. Parce que tu te sentais coupable. Même ça, le sexe, c’était mieux, plus intense. C’est lui qui t’a appris des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé ?

- Non, Rhys… murmure-t-elle, alors que la vérité lui explose en plein visage, elle les a utilisé l’un comme l’autre pour son confort, son propre égoïsme.

- Tu m’en vois soulagé, fait Rhys en s’éloignant d’elle. L’ironie de sa voix lui va si peu.

- Rhys, je t’ai tout dit, je ne veux plus de mensonge entre nous, plus de choses qui nous sépare.

- De toutes les conneries que tu as pu faire, celle-là, elle est énorme. Je ne sais pas si je peux te pardonner.

- Rhys, je t’aime, dit-elle, regarde-moi.

- Ça n’aide pas, au contraire. Je ne sais plus.

Rhys s’assied sur le sol en face d’elle, il l’évite du regard, mais ses yeux sont immanquablement attirés par la jeune femme, qui le regarde si tristement. Il plonge la tête entre ses genoux ramenés devant sa poitrine. Il se sent si épuisé. Gwen le voit dans son comportement. Elle le rejoint et se pose contre lui. Il n’esquisse pas un seul geste vers elle.

- Rhys, j’ai accepté d’être ta femme, tu te souviens ?

- Oui, fait-il faiblement, mais ça change tout maintenant. Je ne sais plus.

- Dis-moi, ce qu’il faut que je fasse pour que tu me pardonnes, pour qu’on vive ensemble, qu’on soit heureux… Rhys, s’il te plait.

Il ne répond pas tout de suite, ses tremblements s'apaisent peu à peu. Sa respiration se calme. Gwen essaye de se maitriser, elle voudrait tellement le toucher mais elle ne veux pas qu'il la repousse. Elle reste ainsi, à attendre sa réponse de longues minutes, le froid du mur lui pénètre les os.

- Je veux que tu me promettes que c’est bien fini et que tu ne veux que moi, grogne-t-il finalement entre ses jambes.

- Je me marie avec toi, dit-elle, soulagée qu'il parle enfin, C’est bien pour ça que j’ai accepté. C’est pour être avec toi et que tout le monde le sache.

- Je veux que tous ceux qui t’approcheront sachent que tu n’es plus libre, que tu es à moi.

- D’accord, bien qu’on ne soit plus en 1950. Tu veux une preuve supplémentaire que je ne veux que toi ?

- Oui, dit-il, la regardant enfin, les yeux suspendus à ses lèvres.

- Je prends ton nom, je veux m’appeler Mrs Williams, encore que ça me fasse penser à ta mère. Et que toutes ces histoires disparaissent.

- Mmh, fait Rhys, l’air un peu calmé, tu t’appelleras Mrs Williams et nos enfants aussi. Et c’est moi qui choisis le nom de nos enfants. Tu n’auras rien à dire. Et tes collègues de bureau, c’est niet pour qu’ils viennent au mariage. Je ne veux pas les voir, ni les uns, ni les autres.

- D’accord, déclare immédiatement Gwen, soulagée qu’il lui accorde un début de pardon.

- Et maintenant, le dimanche, c’est sieste coquine obligatoire. Que le boulot soit urgent ou non. Si tu as le temps de me tromper, tu vas trouver le temps de venir me voir.

- Je t’aime, dit-elle en lui jetant ses bras au cou.

- Ça, je n’en doute pas, sinon pourquoi tu serais revenue ? fit-il en haussant les épaules, Je n’ai pas grand-chose. Tout ce que j’ai, c’est toi.

- Je suis une pas grand’chose ? plaisante Gwen.

- Non, mais tu pourrais mieux faire. Comme te mettre à la cuisine de temps en temps, me montrer un peu plus que tu m’aimes.

Gwen repense à l’ouverture de la faille et tout ce qu’elle a fait pour qu’il lui revienne. Elle sourit. Rhys ne me demande pas grand’chose en effet, se dit-elle, des petites attentions comme lui en fait chaque jour pour elle. Elle lui fait une moue adorable, espérant le voir fondre.

- Tu me pardonnes ?

- Non, dit-il en la regardant droit dans les yeux. Je ne te pardonne pas.

Elle tremble sous le regard pénétrant de Rhys, ses yeux papillonnent sous le chagrin. Mais elle attend qu’il lui explique.

- Je ne veux pas te pardonner, parce que je ne veux pas que tu recommences. Si je te pardonne, cela voudrait dire que ce n’est rien, pas important, et que c’est fini. Au contraire, ce n’est pas fini. Il va falloir que tu te rachètes et ça peut prendre du temps, Gwen. Tu m’as blessé profondément.

Elle sent son cœur se serrer de nouveau. Elle n’a pas voulu le faire souffrir. Mais il a raison. Ils doivent prendre un nouveau départ. Il faut qu’elle le séduise à nouveau, qu’elle se batte pour lui. Ça en valait la peine, elle l’aime, Rhys l’aime et elle le sait. Les embûches seront sans doute difficiles mais le prix, la récompense est à la hauteur.

Jack avait raison. Il ne faut pas qu’elle laisse cette relation partir à vaux l’eau. Elle lui était trop précieuse. C’est la seule chose qui la sauve du chaos de la faille, une attache avec la réalité humaine. Et Rhys est celui qu’elle a choisi pour partager sa vie.

- Et maintenant que faisons-nous ? demande-t-elle à voix basse.

- Maintenant, ben … je sais pas trop… reste ici pour cette nuit. Je vais rejoindre Mervin, et voir si tout va bien. J’ai dû lui faire mal quand même. Mais il n’avait qu’à pas t’insulter.

Elle ne répond pas. Rhys, la lumière de son cœur, son héros de la vie quotidienne,  se relève et l'aide à se remettre sur ses jambes.  Il ne l’embrasse pas, mais lui jette un petit sourire qui fait fondre ses doutes. Un jour, il lui pardonnera et tout redeviendra normal. Non, mieux que normal, réel.

Une minute après, il est sorti.

Rhea01  (28.01.2010 à 22:56)

Elle se retrouve seule, dans cet appartement où le moindre objet reprend une nouvelle identité. Elle se mit à réfléchir sur son sort. Curieusement, elle se sent bien, comme si une mauvaise blessure, suintante de pus nauséabond a été vidée et nettoyée. La douleur est encore là, mais le soulagement est immédiat. Elle doit se battre pour que son couple existe. Cela l’emplit d’une folle énergie. Elle regarde l’heure : 6h00 du matin. Le temps de prendre une douche, manger et elle sera prête pour aller au Hub pour une nouvelle journée de travail avant de se consacrer pleinement à Rhys ce week-end, avant Noël et son cortège de fêtes et de plaisir.

 

Plus guillerette qu’elle ne l’a été plus tôt dans la soirée, elle sort à son tour et regagne le Hub. Jack sera peut-être présent, il sera peut-être de retour. Elle sent la joie d’avoir tout remis à plat dans sa vie, un peu comme si une nouvelle vie commençait pour elle. Elle aimerait faire partager cela à son Capitaine. Elle fit tourner sa bague autour de son doigt. Elle frémit. Jack. Elle doit oublier ce qu’il aurait pu avoir entre eux, ce qui aurait pu exister. Elle doit se consacrer au bonheur de Rhys. Elle a déjà failli le perdre et ne s’en serait sans doute jamais remise s’il lui avait été enlevé par sa faute ou celle d'une autre main.

Elle souffle en arrivant à l’institut. Elle a la sensation d’être une nouvelle femme, à l’instar de ce jour naissant. Elle se sait vivante et se promit de remercier Ianto d’avoir été l’électrochoc à ce changement. Curieusement, elle ne se sent plus coupable pour ce baiser, car il a été un mal nécessaire. En entrant dans la réception, elle se demande ce qu’il lui ferait le plus plaisir comme cadeau. Surement le retour de Jack, au vu de sa tête quand on parlait du Capitaine près de lui. Mais pour l’heure, elle doit se consacrer à Rhys et son travail, et continuer de vivre en l’absence de Jack.

oOoOo

(8h05 la fin du monde)

L'enfer tombe sur Cardiff. Owen hurle, Tosh gémit, Ianto rugit de douleur. Peut-être auraient-ils dû accepter la mission de partir pour l'Himalaya chercher le yéti, comme leur avait proposé le Premier Ministre nouvellement élu, la veille. La dernière pensée de Gwen est qu'elle n'a pas embrassé Rhys avant qu'il parte. Elle espéra qu'il s'en sorte. Un monceau de poussière, de gravas et de poutrelles métalliques ensevelit l'institut Torchwood. Cardiff elle-même n'existe plus.

Fin

Une année douloureuse passe pour Jack, sans qu'il sache pour ses compagnons, pour lesquels il ne cesse pourtant de s'angoisser. Une année qui laisse des traces chez le brillant Capitaine et qui heureusement n'aura jamais existé.

 

Rhea01  (28.01.2010 à 23:10)