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Myfawny

Série : Torchwood
Création : 06.03.2010 à 15h05
Auteur : tessa 
Statut : Terminée

« Les personnages appartiennent à R.T. Davies et à laBBC. Ces épisodes se situent plutôt au cours de la saison2 » tessa 

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Episode1 : Présentations

Je m’appelle Myfawny….Enfin… eux en bas, ils m’appellent Myfawny. Parce que, dans l’endroit d’où je viens, on n’a pas de nom. On n’en a pas besoin ! Je ne sais pas comment, mais on se reconnait facilement. En tout cas, eux, en bas, ils donnent un nom à tout. Eux aussi, ils en ont, mais je ne les retiens pas bien.

Ici, je suis tout seul et je m’ennuie un peu ; là d’où je viens, je vis avec d’autres qui me ressemblent. Eux aussi en bas, de l’autre côté du filet, ils vivent en groupe même s’ils appartiennent à une espèce que je n’avais jamais vue dans ma vie d’avant. Pas d’écailles, presque pas de poils, ils sont obligés de porter des peaux artificielles et ils en changent souvent ! Des animaux bizarres et plutôt laids finalement. Mais au moins, comme nous, ils vivent en groupe, enfin, presque tout le temps. Le jour, ils restent souvent ensemble, et sortent pour chasser. Ce qui est curieux, c’est que, le soir, un seul reste au nid et tous les autres s’en vont, je ne sais pas pourquoi ni où. Encore plus bizarre, leur groupe est composé de trois mâles et de deux femelles. Plus de mâles que de femelles ? D’habitude, c’est l’inverse. Comment ils font pour se reproduire ?

Il y a un mâle dominant : il est plus grand et plus âgé et  les autres lui obéissent presque toujours. A côté de lui, deux jeunes mâles et on dirait qu’ils passent leur temps à s’affronter. Un de ces jours, l’un d’eux va piquer la place du plus vieux ! C’est comme ça que cela fonctionne chez nous ! J’espère que cela ne sera pas celui qui est presque tout le temps en blanc : il ronchonne souvent et il ne m’aime pas. L’autre a un pelage plus sombre, il parle moins et il me donne des bonnes choses à manger. Des fois, il reste au nid, le soir, avec le plus vieux. Une marque de respect, sans doute ?

Les femelles ? Pas grand-chose à en dire. Elles ne s’affrontent pas pour diriger le groupe. C’est normal, ce n’et pas leur travail. Elles sont là pour pondre ! Elles ne se ressemblent pas : l’une parle, parle,  et je serais le vieux mâle, je me méfierais d’elle ; l’autre passe son temps à taper sur un truc noir en regardant des images scintillantes. En tout cas, elles ne pondent pas beaucoup, ni l’une, ni l’autre.

Tiens ! Ils sont tous là et il y en a un en plus. Un petit peu plus rond que les autres, celui-là… il a l’air meilleur.

En bas

L’équipe est rassemblée, le nez en l’air. Gwen, qui vient de se fiancer, a reçu l’autorisation extraordinaire de montrer le Hub – du moins une partie – à  Rhys son futur mari. Il a fait  la grimace en découvrant l’univers un peu glauque où travaille la jeune femme. A part l’infirmerie et la salle d’autopsie, c’est plutôt un gigantesque chantier, pas très net, pas très clair. Cela ressemble plus à une boite de nuit pour gothiques qu’à un commissariat de police (Rhys croit toujours que Gwen travaille dans la police) Et évidemment, il est tombé en pamoison devant Myfawny qui planait mollement au-dessus du filet de protection.

– C’est quoi, ce bestiau ? Un oiseau ? Jamais rien vu de pareil. Sauf dans des films d’horreur. C’est vraiment moche.

Ianto se renfrogna et Jack gloussa

– Chut ! Vous allez vexer Ianto. C’est son petit protégé…Enfin, petit… au moins une dizaine de mètres d’envergure… Il n’est pas moche, enfin pas vraiment. Et ce n’est pas un oiseau, mais un ptérodactyle, une sorte de reptile volant. Il vient directement du Jurassique.

 Jack ajouta devant l’air d’incompréhension de Rhys

–  C’était il y a cent cinquante millions d’années.

– Vous vous moquez de moi ! Il aurait cent cinquante millions d’années ?

– C’est plus compliqué que cela ! On ne sait pas quel âge il a en réalité, ni comment il est arrivé là. Apparemment, il s’est pris d’affection pour Ianto et il l’a suivi jusqu’ici…

C’est pas tout à fait comme ça que cela s’est passé. Pourquoi tu dis pas la vérité ?

– On l’appelle Myfawny.

Rhys éclata de rire !

–  En voilà une drôle d’idée. C’est bien gallois, ça,  d’appeler un monstre préhistorique « ma bien-aimée » ! Vous êtes sûrs au moins que c’est bien une fille ?

Eh ! Tu l’as vu, ma crête ? j’ai l’air d’une femelle ?

Je ne comprends pas toujours ce qu’ils disent, mais à force de les observer, je devine bien des choses. Ce que je devine le mieux, c’est quand c’est l’heure du casse-croute. Le jeune mâle m’apporte une bassine pleine de poissons encore tout frétillants. Ce n’est pas aussi excitant que la pêche chez moi, mais bon ! Je suis sûr de manger. A l’attaque !


tessa  (06.03.2010 à 15:07)

Episode 2  Caniche contre crocodile

Ce qui me dérange le plus Ici, c’est le manque d’espace. Chez moi, j’ai tout le ciel pour moi et je peux survoler des forêts touffues, des fougères, des conifères. J’étais heureux, et puis un jour, j’ai été pris dans un tourbillon et je me suis retrouvé ici, dans le nid des autres. Le spectacle est plutôt limité, des falaises partout qui m’empêchent de voler comme je veux .La seule chose que j’aime bien, c’est la roche transparente qui ferme le nid : la nuit, on voit les étoiles. Et ça me plaît. Comme dit le jeune mâle qui s’occupe de moi, je suis un oiseau de nuit.

Le jour, j’aime regarder ce qu’ils font en bas.

Et aujourd’hui…Waouh ! il ya du nouveau. Le jeune mâle, celui qui m’apporte du poisson, est arrivé ce matin avec un animal que je n’avais jamais vu, ni ici au nid, ni dans ma forêt natale. C’est plutôt petit, blanc, apparemment frisé, avec un truc rouge autour du cou. Et cela fait beaucoup de bruit : Waff ! Waff ! Ding ! Ding !...Mais ça a l’air bon ! Enlevez le filet que je me serve !

En bas

– Ianto, retiens cette sale bête ! Elle est en train de salir mon pantalon ! En plus, elle fait un raffut de tous les diables. Si tu ne peux pas l’empêcher d’aboyer, enlève-lui au moins son grelot .

– Mais, Owen, c’est loin d’être une sale bête. C’est Poupougne, le caniche de ma voisine, avec pedigree, une flopée de prix à des concours. Et de toute façon, c’est Jack qui m’a demandé de lui procurer un chien.

– Ça, c’est la meilleure. Qu’est-ce qu’il va faire avec un chien ? Et tu ne pouvais pas lui ramener un chien plus masculin, je sais pas, moi ! Un doberman, un Saint-bernard, un chien-loup…un chien de mec, quoi ! Ce truc-là, c’est bon pour les vieilles filles. Ça ne m’étonne pas de toi ! C’est bien ton genre de chien !

Tosh essaya de s’interposer entre les deux jeunes gens pour calmer le jeu. Peine perdue ! La situation menaçait d’empirer, Owen et Ianto se défiant du regard, le chien jappant à perdre haleine, lorsque Jack mit fin à la discussion en convoquant tout le monde en salle de réunion

–  Ianto, tu as le chien ? – question plutôt stupide, vu les aboiements dudit animal – Bon ! Voilà la situation. Ianto a du faire une petite course pour sa voisine : elle manquait de croquettes pour chien –  ce chien-là peut-être ? –  et Ianto lui a proposé de se rendre à la clinique vétérinaire voisine. Ne souris pas, Owen, il s’agit d’une vieille dame qui pourrait être ta grand-mère ! Bref, il a surpris une conversation qui l’a intrigué. Apparemment, il s’agissait de ventes d’animaux, mais le ton de conspirateur utilisé faisait penser à quelque chose d’illégal. Ce n’est pas vraiment nos affaires, mais les animaux en question semblaient très spéciaux. J’ai donc demandé à Tosh de se renseigner et elle a réussi à pirater les accès Internet du vétérinaire. Et c’est ainsi que nous avons appris que ce charmant personnage se livrait bien à un trafic d’animaux, mais des animaux très particuliers puisqu’il s’agit d’animaux préhistoriques.

Même Owen eut l’air surpris

–  Comment se les procure-t-il ? Et à qui il peut bien vendre ce genre de bestioles ?

–  A qui ? Ce n’est pas bien difficile à deviner. Il ne manque pas de riches collectionneurs. Ils commencent par des espèces exotiques, mais protégées ; et puis cela ne leur suffit plus, alors s’ils peuvent se procurer quelque chose d’encore plus rare…Non ! Ce qui est surtout important pour nous, c’est de savoir comment il se les procure…Cela a certainement un rapport avec la faille, à moins qu’il ne nous rejoue «  Jurassik Park ». Nous allons donc, ce soir, rendre une petite visite à notre gaillard. L’un d’entre nous l’occupe dans son cabinet –  d’où le chien –  et les autres passent par l’arrière où se situent des laboratoires. On fouille et si on peut, on arrête notre bonhomme, on le cuisine et on lui arrache la vérité.

D’accord ? Qui joue le papa ou la maman du chien-chien ? Owen ? Tu sembles avoir des atomes crochus avec ce brave toutou.

Owen se récria immédiatement

–  Pas moi ! Je ne veux pas être vu dans la rue avec cette… chose. C’est Ianto qui l’a amené ! Qu’il se débrouille !

Jack acquiesça :

–  C’est vrai que Ianto est très doué pour apprivoiser les créatures un peu difficiles. Pas vrai, Ianto ?

Le jeune homme rougit, mais Jack ne lui laissa pas le temps d’intervenir

–  Ianto occupera donc le vétérinaire ; de toute façon, ils se sont déjà vus. Les autres viennent avec moi, Gwen pour me couvrir en cas de danger, Tosh pour inspecter les ordinateurs et Owen pour ses connaissances scientifiques… Allez ! C’est parti !

 

J’adore quand ils crient, cela me rappelle mon groupe….Eh ! Mais ! Ils emmènent la petite bête ! Dommage, elle avait l’air appétissante…Il n’y a plus qu’à attendre qu’ils reviennent et là, je pourrais peut-être en avoir un morceau.

Je crois bien que j’ai piqué un petit somme, accroché à la falaise, parce que les revoilà déjà ! Flute ! Ils ont échangé la petite bête contre un nouveau mâle, mais il n’a pas l’air très à son aise. Normal ! Ils l’ont attaché !...En plus, ils apportent une petite cage et dedans, mais j’ai un peu de mal à voir, une autre petite bestiole. L’autre avait l’air plus tendre. C’est petit, c’est long, ça gigote dans tous les sens et c’est couvert d’écailles….Eh, mais j’ai déjà vu cela …dans le temps…chez moi.

 En bas

–  Owen, examine ce spécimen ; cela ressemble un peu à nos crocodiles.

–  Et, je ne suis pas véto, moi et dans ce cas, même un véto ne pourrait pas faire grand-chose. C’est un paléontologue qu’il nous faut.

–  Je suis bien d’accord, mais, fais ce que tu peux. Tosh, aide-le ! Trouve des renseignements sur Internet : cherche à «  faune préhistorique »

Jack se tourna ensuite vers leur prisonnier

–  Allez ! Ouste ! En salle d’interrogatoire, mon bonhomme. Gwen ! Ianto ! Avec moi ! Il faut impérativement lui faire dire comment il se procure ces animaux.

Quelques heures plus tard, le vétérinaire avait craché le morceau. Un matin, il faisait son jogging quotidien sur les bords de la Taff, lorsqu’il avait remarqué, à la hauteur de l’arche d’un pont, un drôle  de remous dans l’eau. Et il avait vu un animal inconnu de lui se débattre dans l’eau et essayer de gagner la berge. Il l’avait agrippé par le cou et hissé au sec, ensuite, il l’avait ramené à sa clinique, entrepris des recherches, découvert qu’il s’agissait d’un petit mammifère vieux  de soixante millions d’années à peu près. Tout de suite, il avait vu le parti qu’on pouvait tirer de sa découverte : quelques coups de téléphone à des collectionneurs et hop ! Le pactole. Le lendemain, il était à l’affut au même endroit et…Rebelote ! Une autre petite bête ! Et c’est ainsi qu’il s’était spécialisé dans le commerce d’animaux fatalement rares puisque disparus. Bien sûr, il y avait des jours où il ne trouvait rien, mais, lorsqu’il tombait sur quelque chose, c’était toujours au même endroit.

Jack réunit l’équipe et tout de suite Owen prit la parole confirmant les propos du vétérinaire

–  Jack, je peux te dire qu’il s’agit d’un animal marin, une sorte d’ancêtre de nos crocodiles. L’analyse de son sang et de l’eau contenue dans son estomac prouve qu’il vivait à une époque où il n’y avait pas de pollution, en particulier peu de gaz carbonique

    –  Oui, reprit Tosh, d’après Internet, cet animal viendrait du Jurassique, grosso modo de la même époque que le petit protégé de Ianto. J’ai contrôlé le tracé de la faille et chaque apparition de ces animaux correspond à un petit pic, toujours de la même importance et toujours au même endroit.

Jack réfléchit quelques instants et résuma la situation

–  On sait donc où se situe le point de faiblesse de la faille. Demain, on y va, on essaie d’inverser le processus. Ianto, tu amènes ce qu’il faut. On rend notre petit camarade à son monde et on ferme la brèche.

–  Et pour les animaux déjà vendus ?

–  Ne t’inquiète pas, Gwen ! A mon avis, ils n’ont pas survécu dans leur nouvel environnement, ils n’ont pas tous la même résistance que notre ptérodactyle, et de toute façon, leurs acheteurs tiennent certainement à leur anonymat.

 

Je ne sais pas exactement ce qu’ils ont fait, mais le lendemain, il n’y avait plus de petit crocodile. Dommage ! Cela m’aurait changé de mes poissons habituels. Quant au prisonnier, je ne l’ai pas revu non plus. Mais, eux, en bas, ils avaient l’air content. Une preuve : ils se sont fait apporter des choses rondes et rouges et ils se les partagent. Chaque fois qu’ils sont contents, c’est la même chose. Mais je n’y ai pas droit.


tessa  (12.03.2010 à 14:52)

Episode 3 : Cœur libre cherche cœur libre

 

Pourquoi ont-ils mis ce filet ? Mais pourquoi ? Il y a des tas de choses tentantes là en bas, des choses qui brillent, des choses qui remuent….Mais il paraît que je faisais trop de dégâts…C’est vrai que, plusieurs fois par an, à intervalles assez réguliers, je perds un peu la boule. Je ne sais pas trop ce qui m’arrive, mais, eux, en bas, ils disent que ce sont mes hormones qui me travaillent. Je ne sais pas au juste de quoi ils parlent, mais d’après eux, je suis en manque de femelle…mais eux aussi, parfois, ils s’énervent et je crois bien que c’est pour la même raison que moi. Moi, je cherche une femelle et eux… je ne sais pas trop…Cela a l’air compliqué. Je comprends de plus en plus de choses, mais en ce qui concerne leurs rites d’accouplement, je suis dépassé.

.Par exemple, le petit homme en blanc a l’air tout guilleret ce matin et il serre de près une des femelles, celle qui, d’habitude, parle beaucoup et fort et, assez bizarrement, elle est plutôt muette en ce moment. On dirait même qu’elle est un peu gênée.

En bas

–Allo ! Rhys, mon chéri !....oui, je sais…j’aurais du t’appeler, mais nous avons eu une nuit d’enfer, ici…Ah ! Tu n’as rien vu aux actualités, ce matin ? C’est normal, on ne dit pas tout à la presse… Mais non, cela ne m’ennuie pas que tu m’appelles. Qu’est-ce qui te fait croire ça ? Je t’assure, je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée… Ce soir ? J’essaierai…

Owen esquissa un petit sourire satisfait, tandis que Tosh faisait mine de se plonger dans l’examen de données statistiques qu’elle lisait et relisait depuis ce matin sans vraiment s’y intéresser. Elle comprenait bien le langage des corps et ce qu’elle lisait chez Gwen et Owen ne lui plaisait pas beaucoup.

Elle a l’air triste…Ce qu’ils sont compliqués, dans cette espèce-là ! Le pire, c’est que la femelle qui parle, qui parle, lorgne également du côté du mâle dominant. Et vas-y que je te roucoule, et vas-y que je te lance des regards en biais, une vraie parade nuptiale. Mais, il lui en faut combien à celle- là ? Le petit homme en blanc, celui un peu rond qui m’a pris pour une femelle et maintenant le chef de la nichée. Mais celui-là n’a pas trop l’air de se décider.

Ce qui me surprend le plus, c’est l’attitude du jeune mâle, celui que j’aime bien. Je ne sais pas s’il vise la place du mâle dominant, mais les rapports entre eux deux sont curieux, parfois, ils se font la tête et n’échangent pas un mot, parfois ils rient et se frottent le bec entre eux.

En bas

Jack est seul dans son bureau, plongé dans ses pensées. Il a ouvert la boîte à secrets, celle qu’il n’ouvre presque jamais et qu’il garde jalousement dans un tiroir soigneusement fermé à clef.  Même Ianto, son homme de confiance,  n’y a pas accès. Il relit de vieux rapports. Il ne s’agit pas tant de nostalgie que de tristesse, car une série de coups de téléphone vient de réveiller des souvenirs amers.

–Ianto, un visiteur particulièrement important va se présenter au Syndicat d’Initiative dans cinq minutes. Tu le fais entrer et tu le conduis jusqu’à mon bureau.

Un peu étonné de cette arrivée impromptue, Ianto gagna le petit local qui leur servait à la fois d’alibi et de salle d’attente. Il fut étonné bien davantage par le visiteur en question : une jeune femme blonde, très sculpturale, des seins fermes, des jambes à couper le souffle et un sourire à faire chavirer n’importe quel célibataire endurci. Une bien jolie visiteuse, malgré l’ombre de tristesse dans ses yeux ! Etonné, toujours, et inquiet, de plus en plus, Ianto conduisit la trop jolie visiteuse à son chef. Il quitta la pièce la mort dans l’âme, une pointe de jalousie au cœur. Qui était-elle ? Pourquoi Jack lui faisait-il une confiance aussi aveugle ? Rares, en effet, étaient les visiteurs. Il ne put s’empêcher de jeter un petit coup d’œil en arrière et s’en mordit les doigts. La vision de la jeune femme et de Jack, étroitement enlacés, lui creva le cœur.

Tiens ! Une nouvelle femelle ! Trois mâles, trois femelles ! On a le compte !

–Ianto ! La voix autoritaire de son patron tira le jeune homme de ses pensées moroses. Arrive ici et au trot.

Le ton déplut au jeune Gallois, mais il ne pipa mot.

–Voici Bronwen ! Une amie très chère. Elle a actuellement de gros soucis : elle est la victime d’un chantage particulièrement sordide. Je ne préfère pas t’en dire plus, mais elle est en danger et elle a besoin de protection, elle et sa fille de huit ans. Je compte sur toi pour lui venir en aide. Tu vas la raccompagner chez elle, veiller à ce qu’elle soit en sécurité, confier l’enfant à un officier de police et demain matin, tu la ramènes ici, au Hub.

–Très bien ! Le temps d’aller chercher la voiture et nous sortirons par derrière.

–Inutile ! Passez par devant et allez à pied, c’est à deux pas

Le Gallois haussa les sourcils : la procédure lui paraissait bien tordue et surtout inutilement dangereuse. Pourquoi exposer ainsi quelqu’un censé être en danger ? A quoi rimaient ces allers et venues ? En outre, la perspective de voir la jeune femme s’installer au Hub ne le réjouissait pas particulièrement. Qu’était-elle pour Jack ? Manifestement une connaissance assez intime, trop intime peut-être pour que Jack ne lui en ait jamais parlé. Mais, Ianto fit taire sa jalousie et exécuta les ordres reçus.

Quand il revint à la base, un peu plus tard, sa mine était plus sombre que jamais et il ne dit mot de la soirée. Jack, apparemment, ne s’en soucia pas.

Ouh là ! Ça n’a pas l’air d’aller. Le jeune mâle vient de m’apporter mes poissons, mais il n’a pas joué avec moi et il a oublié mon chocolat. C’est très mauvais signe : il y a de l’orage dans l’air. Sans compter que, sans ma friandise du soir, moi, je suis en manque.

Eh mais !...Il quitte le nid ? Il reste pas ? C’est pas habituel, ça ! Le mâle dominant a l’air un peu contrarié…Bizarre ! J’ai vraiment du mal à les comprendre, ces oiseaux-là ! Bah…attendons demain matin.

Plus tard

C’est vraiment bizarre ! Le jeune mâle n’est pas encore là et pourtant, le soleil est levé depuis quelque temps. Les autres sont déjà arrivés ! Ils sont bien silencieux et bien calmes. …on dirait qu’ils attendent quelque chose…quelqu’un…Et mais ! Qu’est-ce qu’ils font ? Chouette ! Ils replient le filet ! Qu’est-ce qu’il leur prend ?... Enfin, wait and see, comme ils disent souvent.

En bas

Hormis le ronronnement des ordinateurs, pas un bruit. Aucun signe de vie ! Lorsque le chuintement caractéristique de la porte blindée se fit entendre…

Tiens ! Voilà le jeune mâle (je crois bien qu’ils l’appellent To ou quelque chose comme ça) et la jolie femelle blonde… Mais, ils font une drôle de tête ! Ils ont l’air d’avoir peur…Peut-être parce qu’ils ne sont pas seuls. Derrière eux, je vois deux silhouettes tout en noir…Ça sent pas bon, ça ! On dirait que l’une d’elles a agrippé la nouvelle femelle par les cheveux et l’autre tient le jeune mâle par le bras. Celui-là, j’y tiens ! Cela ne se passera pas comme ça.   A l’attaque ! Banzaï ! Je vais leur crever les yeux à ces deux mochetés !

Myfawny se jeta en piqué sur les deux brutes qui s’attendaient à toutes sortes d’accueil musclés, mais pas à ça ! Paniqués, les deux malfrats lâchèrent leurs otages, Ianto plaquant la jeune femme au sol, en la protégeant de son corps.

–Au secours ! Un monstre ! Tirez-nous de là !

Et ils se jetèrent littéralement dans les bras de Jack, Gwen et Owen aux aguets de chaque côté de la porte blindée. Ligotés, bâillonnés, ils étaient prêts à être  enfermés.

– Bronwen ! Ianto ! Ça va ? Pas de bobo ?

–Ça va, Jack ! Compte tenu des circonstances, on ne peut mieux, répondit un Ianto, quelque peu éberlué…Nous avons été pris en otage par ces …deux lascars, dés notre entrée dans le local du Syndicat d’Initiative et j’ai été forcé de leur ouvrir la porte blindée : ils menaçaient la vie de ton amie, Jack…Excuse-moi ! J’ai échoué, je n’ai rien pu faire…Mais, je n’ai fait qu’exécuter tes ordres : pas de voiture, passage par-devant, il faut avouer que c’était tenter le diable…Heureusement que Myfawny s’en est mêlé. Merci, mon grand !

Hé ! On parle de moi, là !

Ianto reprit :

–Le plus surprenant, c’est qu’il soit en liberté, justement et, que vous, vous tous, vous ayez été prêts à intervenir. On dirait que vous vous attendiez à tout ce cirque.

Jack sourit :

–Tu sauras tout en salle de réunion dans cinq minutes, le temps de réinstaller le filet pour notre ami du Jurassique…

Bof !

….et d’enfermer ces deux jolis messieurs dans une cage qui leur convienne ! A côté de Janet, cela leur ira très bien.

Un peu plus tard, Jack résumait toute l’affaire

–Bronwen est la fille d’Alex Hopkins. Tu connais l’histoire, Ianto, toi qui fréquentes assidûment les archives. Alex Hopkins, ajouta-t-il à l’intention des autres membres de l’équipe, était le chef de Torchwood-Cardiff et je travaillais sous ses ordres. Mais une nuit - à la veille de l’an 2000- on ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé, en tout cas, moi, je ne le sais pas…Jack avait du mal à trouver ses mots… Bref, c’était un véritable massacre. La police a pensé qu’Alex avait perdu la raison, qu’il avait tué ses collaborateurs et qu’il s’était ensuite suicidé… Peut-être, je n’étais pas là. Bref, ces deux fripouilles ont apparemment réussi à se procurer les archives de la police et ils ont décidé de se servir de la fille d’Alex pour rentrer à Torchwood.

–Mais dans quel but, grands dieux ? lança Owen

–Ils cherchaient quelque chose, un artéfact et ils pensaient qu’il était en notre possession.

–Quoi donc ? fit Gwen, rongée par la curiosité

–Quelque chose qui dort effectivement dans nos coffres depuis bientôt un siècle : la pierre philosophale

–La pierre philosophale ? S’esclaffa Gwen. Harry Potter, au secours !

–Ne te moque pas ! Elle existe bel et bien. Mais elle est extrêmement dangereuse. Imaginez : elle transforme tous les métaux en or. Quelles conséquences pour l’économie mondiale ? L’or contenu dans les banques ne vaudrait plus rien. Et ton joli bracelet, Tosh, ne serait pas plus précieux qu’un bout de plastique. En plus, à long terme, le propriétaire de la pierre transforme tout ce qu’il touche en or.

–C’est plutôt bien, non ? fit Owen, tout émoustillé par cette perspective

–Tu vois cette pizza sur la table ? Tu la touches, elle se transforme en or. Pareil pour les cafés que vient de nous préparer Ianto. Tu meurs de faim et de soif ! C’est vrai que tu meurs riche, mais…

–D’accord, d’accord ! Mais quel rapport avec l’affaire qui nous occupe ?

–Pour rentrer dans nos bâtiments, il faut d’abord savoir où ils se situent, nous n’avons pas pignon sur rue. Ensuite, il faut pouvoir y entrer…Et à défaut de connaître les membres actuels de Torchwood, on peut se servir de la fille d’un ancien de Torchwood.

–Oui  mais, glissa Ianto, comment sont-ils au courant du contenu de nos coffres ?

–Cela reste à élucider. L’affaire a fait grand bruit à l’époque, j’étais seul et quelques-uns de nos rapports ont du s’égarer. Ils n’ont pas été perdus pour tout le monde. On peut aussi imaginer une indiscrétion venue de l’intérieur : dans ce cas, on ne le saura jamais puisque, à part moi,  il n’y a pas de survivant.

–Mais, reprit Gwen, pourquoi Bronwen ?

–C’est assez simple en fait : aucun des membres de Torchwood n’avait de famille proche sur place et Bronwen était vulnérable du fait de sa filiation

–Justement, quelle forme de pression avaient-ils sur elle ?

–Le chantage, sous sa forme la plus ignoble ! Un chantage du genre : on a réussi à rendre ton père complètement dingo, on fera la même chose avec toi et tu tueras ta fille, tes voisins et tu te suicideras comme lui. Le but étant que Bronwen, affolée, prenne contact avec Torchwood et, là, ces deux fripouilles n’avaient plus qu’à la suivre et à entrer en force à sa suite.

–Quel plan foireux ! s’exclama Owen. Et ils n’ont pas pensé qu’on allait les attendre ?

–Apparemment non ! Ils n’ont pas l’air très futé et ils ont peut-être pensé qu’en nous lançant sur la piste du surnaturel, on ne chercherait pas du côté de simples cambrioleurs. De toute façon, soit ils n’ont pas localisé les caméras de surveillance, soit ils n’ont pas été assez discrets, mais Tosh les avait repérés lors de la première visite de Bronwen. Le reste a été assez facile ! Cela explique également, Ianto, les allers et retours que je t’ai fait faire entre ici et le domicile de Bronwen, à pied qui plus est. Il fallait prendre ces deux bandits la main dans le sac !

–J’aurais bien aimé être tenu au courant, je me serais méfié davantage. Car, pour dire la vérité, je n’avais pas vraiment pris la menace au sérieux.

–C’était le but visé. Tu ne te méfiais pas, donc tu n’as pas attiré leur attention sur le piège qui les attendait.

–N’empêche que c’est plutôt vexant pour moi, sans compter le risque que Bronwen et moi avons couru.

–Il n’y avait pas grand danger, vous étiez sous surveillance en permanence. On vous a donc vu arriver. Et avec l’aide de Myfawny, on est arrivé à la rescousse.

Ah ! Si je n’étais pas là !...le calme est revenu apparemment, mais la nouvelle femelle s’est envolée. Est-ce qu’on la reverra ? Le jeune mâle n’a toujours pas l’air d’aller mieux. Bon ! Il n’a pas oublié le chocolat ce soir, mais il n’est pas dans son état normal : il n’a même pas essayé de me gratouiller le bec. D’accord, je n’aime pas beaucoup ça, mais ça fait partie de nos habitudes.

–Ianto ! Qu’est-ce que tu fais encore à t’agiter de cette façon ? Repose-toi ! Assieds-toi !

–Dés que j’ai terminé, Jack ! Plus que cinq minutes et je m’en vais.

–Tu t’en vas ? L’affaire est finie, on peut se détendre un peu : un resto, un ciné, cela ne te tente pas ?

–Non, Jack, pas vraiment. Excuse-moi.

–Viens un peu par ici ! Que je te regarde !...Toi, tu en as gros sur le cœur ! Et comme d’habitude, tu ne dis rien. Comme une huitre, tu te refermes sur toi.

Tiens ! Des huitres, j’aimais bien ça dans le temps.

Jack força Ianto à s’assoir sur le sofa, lui prit les mains

–Raconte !

–Ce n’est pas important, Jack…Tu vas sûrement te moquer, mais…Hier soir, Bronwen m’a fait entrer chez elle…elle m’a offert un café, et j’attendais dans son salon, lorsque, sur son secrétaire, j’ai vu une liasse de papiers et une photo. Je ne voulais pas être indiscret, mais, même de loin, je t’ai reconnu, Jack, sur cette photo. Tu étais avec elle, Bronwen je veux dire, un peu plus jeune, et entre vous deux, un bébé, un bébé aux yeux bleus, bleus comme les tiens.

–Et alors ?

–Cette enfant, elle a aujourd’hui huit ans, n’est-ce pas ?...et c’est ta fille ! Bronwen, pour toi, est plus que la fille de ton ancien patron ?

–C’est vrai, elle est beaucoup plus que cela ! Mais je crois qu’il est temps de te montrer quelque chose.

Jack prit fermement par la main un Ianto quelque peu réticent et le tira jusqu’à la crypte où reposent les anciens de Torchwood.

–Regarde ! Tu sais quel est cet endroit. Ici repose Suzie et, là en bas, les morts du 1er Janvier 2000. A cet endroit, dit-il en effleurant doucement la porte d’un caveau, j’ai mis moi-même Trevor, le mari de Bronwen, le père de cette enfant que tu m’attribues. Trevor, Bronwen et moi étions les meilleurs amis du monde.  Lorsque Trevor a disparu, Bronwen attendait un enfant de lui et tout naturellement, je lui suis venu en aide. Alors, oui, pour répondre à ta question, Bronwen est plus que la fille de mon patron, je la considère un peu comme ma petite sœur. Je ne t’ai pas menti, Ianto, tu es le seul depuis bien longtemps et tu le resteras aussi longtemps que tu le voudras.

Croyez-moi si vous voulez, mais quand ils sont remontés de cet endroit obscur, où je n’ai jamais mis les ailes, ils riaient tous les deux et le jeune mâle est resté au nid toute la nuit. Et le lendemain, j’ai eu double dose de chocolat.

 


tessa  (18.03.2010 à 19:11)

Episode 4  Capitaines Jack

Ils ont l’air tout joyeux en ce moment. C’est le printemps, qu’ils disent…moi, je ne sais pas…dans mon pays, il faisait toujours chaud. Ici, je suis tout le temps enfermé Et les différences de température, cela ne me concerne pas. Mais, à eux, en bas, cela leur fait de l’effet. Leur pelage est plus léger et plus coloré, surtout chez les femelles…Avec le temps, je commence à mieux les connaître, même si les noms m’échappent encore parfois. To, je connais bien ! Le mâle dominant a un nom qui me rappelle les cris de mes frères et sœurs : Crouac ! Crouac !...jac ! jac !, cela se ressemble un peu. Mais la femelle qui s’occupe des images brillantes a un nom qui sonne de la même façon que le nom du jeune mâle. C’est pas facile de s’y retrouver…mais les deux autres, rien à faire ! Leurs noms sont trop semblables, ouène ? Et puis, cela m’est égal, je ne les aime pas trop…ils ne s’occupent pas de moi, je ne m’occupe pas d’eux…. Enfin, pas tellement.

Ce que j’aime bien, c’est quand ils ramènent quelqu’un d’autre, quelqu’un de nouveau. La jolie femelle blonde n’est jamais revenue. Ils ont dit qu’elle était partie dans un endroit plus tranquille, le Midsomer, près de Causton, il me semble que c’est ça. Je ne sais pas où c’est, mais ils ont ri quand ils ont appris cela.

Ce soir, ils ont ramené un personnage vraiment étrange, même pour leur espèce : plutôt grand et plutôt sale, mais c’est surtout qu’il était habillé de façon bizarre par rapport à ce que je vois d’habitude. C’était un mâle – cela se voit : il a des poils sur le visage, en-dessous du nez et au menton – mais avec des cheveux longs, des petites nattes attachées avec des pierres de couleur, un tissu rouge sur le crane. Des bottes - jamais vu des comme ça -  une chemise plutôt crasseuse avec des manches très longues et très larges, un autre bout de tissu noué autour du ventre et coincée dedans, une longue tige plate en métal. Bizarre ! Mais il a de l’allure… Allure ou pas, il a l’air extrêmement agité.

En bas

Tosh tournait autour de Ianto en hochant la tête de surprise

–Mon pauvre Ianto ! Dans quel état tu t’es mis ! Ton beau costume neuf !

–Il est toujours neuf, mais plus aussi propre. Je suis bon pour payer le prix fort chez le teinturier.

–Raconte ! Est-ce que cela a un rapport avec notre invité surprise ?

–Oh que oui ! Pendant ton absence, nous avons reçu un appel de la police – Andy, comme tu t’en doutes  – Un individu, curieusement accoutré, se promenait en ville à la hauteur du Queens Arcade Shopping, un sabre à la main et comme par hasard à l’heure de pointe. Bref, il a fichu une trouille bleue aux badauds et cela a inquiété les commerçants, d’où l’intervention de la police. Mais il a refusé d’obtempérer, il a apparemment foncé sabre au clair sur deux policiers qui n’ont trouvé leur salut que dans la fuite. Andy n’a pas souhaité s’étendre sur le sujet ; quoiqu’il en soit, le forcené a pris la fuite. Vu le bonhomme, plutôt hors norme, Andy a pensé que c’était une affaire pour nous. Quand c’est bizarre, qui est-ce qu’on appelle ? Torchwood !

–Et alors ?

–Jack et moi avons pris le SUV. Arrivés là-bas, bien sûr, personne. On fouille, on retourne les poubelles, on soulève les plaques d’égout… Rien ! Je retourne à la voiture pour contacter la base et là, en pleine rue, on me chope par les chevilles. Je me retrouve dans le caniveau, barbotant dans la boue. Notre lascar s’était caché sous la voiture. Je me suis débattu comme un beau diable, j’ai donné des coups de pied, tandis que Jack essayait de l’agripper de l’autre côté de la voiture. Moi poussant, Jack tirant, on a réussi à faire sortir notre gaillard de sa cachette. Et nous voilà ! Avec ça !

D’un geste ample, il désigna leur prisonnier. Tosh ouvrait des yeux ronds devant l’incroyable spectacle et Owen, bouche bée (pour une fois), tournait autour du curieux personnage: mélange de dentelles, de velours, de cheveux, de dreadlocks et par-dessus-tout deux yeux flamboyants.

L’équipe fit cercle autour de sa prise inattendue

–Qui êtes-vous donc ? S’enquit Gwen

–Gente dame, pour vous servir, je suis le capitaine Jack !

–Ah non ! Pas encore ! Pas deux ! Gémit Owen

–Jack ! Jack Sparrow ! Le capitaine Jack Sparrow ! Clama résolument le prisonnier.

Après un moment de stupeur, Gwen éclata de rire, hilarité bientôt partagée par le reste de l’équipe.

–Ça y est ! On nous rejoue « Pirates des Caraïbes » ! Réussit à articuler un  Ianto particulièrement réjoui

–Un peu de respect, moussaillon ! Et vous autres, qu’avez-vous à vous gausser ? C’est un cas de mutinerie caractérisée ! Je vais vous faire pendre à la grand-vergue ! Je vais vous faire subir l’estrapade ! Je vais vous livrer au gouverneur de Port-Royal ! Je vais…

Le Capitaine s’étouffait de rage. Au comble de la fureur, il se jeta sur Owen qui tenait le sabre et le lui arracha des mains sans que personne n’ait eu le temps de réagir. Tel un démon, il sauta par-dessus les ordinateurs, quelques balustrades et commença à escalader les murs du hub en hurlant

–Forbans ! Scélérats ! Jamais vous ne m’arrêterez ! Hissez les voiles ! La barre, à bâbord !

Les hommes de l’équipe se lancèrent à sa poursuite, mais sans beaucoup de conviction : l’animal était beaucoup trop leste et de toute façon, il ne risquait pas d’aller loin, sans compter que Myfawny, tapi sur son filet, veillait au grain.

Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce qu’il me veut ? Qu’est-ce qu’il a, à hurler comme ça ?...moi aussi, je peux faire du bruit ! A ce petit jeu-là, c’est pas toi qui vas gagner, mon bonhomme !...Et ! Attends !...et ben, en voilà une drôle de façon de descendre !

En effet, le prétendu Jack Sparrow avait planté son sabre dans une tenture et il se laissait glisser, emporté par son propre poids et seulement retenu par son sabre.

En bas, Gwen et Tosh commentaient le spectacle

–Il nous fait une belle imitation d’Errol Flynn, glissa Tosh qui avait une passion pour les vieux films

–Errol Flynn ? Connais pas ! Répliqua Gwen, mais j’ai vu faire ça dans «  les goonies », tu sais : « Choco et Sinoque »

La crise de fou rire repartit de plus belle, d’autant plus que la cascade, bien que spectaculaire, se termina mal : la malheureuse tenture se décrocha et précipita l’intrépide pirate vers le sol plutôt dur du Hub.

–Aie ! fit Gwen avant de se précipiter pour secourir l’infortuné et en profiter pour le menotter étroitement.

L’équipe se regroupa de nouveau autour de l’homme qui, malgré son bandeau de travers et quelques ecchymoses, n’avait rien perdu de sa superbe.

–Marauds ! Au nom de qui prétendez-vous me mettre la main au collet ? Quel est le nom de l’Etat dont vous dépendez ?

–Nous sommes les sujets de Sa gracieuse Majesté !  répondit Jack en rentrant dans son jeu. Et il ajouta plus sérieusement : Nous sommes Anglais

–Horreur ! La Compagnie des Indes Orientales…, bien sûr, décidément, elle est partout ! Pire que les Espagnols !...Moi, je suis libre : je sillonne la Mer des Caraïbes avec ma frégate, je vais où je veux, mais vous, vous n’êtes que des esclaves.

Il est marrant, ce type ! Complètement cinglé ! Et eux, en bas, ils ont l’air vraiment perdu et ils ont arrêté de rire.

Owen résuma l’incompréhension générale

–Mais qui c’est, ce type ?

Jack approuva

–La formule n’est pas très élégante, mais c’est bien la bonne question. En effet, je ne crois pas qu’il soit très dangereux, si ce n’est pour lui-même. Le vrai problème est de savoir d’où il vient. Est-ce que la faille est responsable ? Soit il y a un vrai Jack Sparrow dans un monde parallèle et la faille nous l’aurait ramené. Soit il est le personnage de fiction tel que nous le connaissons.

–C’est un peu gros, tout ça ! Se moqua Owen

–C’est vrai. Mais on a déjà eu affaire à des tueurs sortis d’un livre, des gens du voyage sortis de vieilles pellicules…Pourquoi pas le héros d’un film de fiction ?...Tosh, y-t-il eu un pic dans l’activité de la faille ces dernières heures ?

–  Absolument pas. Calme plat, c’en est même inquiétant.

–Etrange ! Pourtant un zigoto pareil, cela ne passe pas inaperçu. Il ne peut pas être là depuis longtemps

–Et si nous essayions d’en savoir plus en l’interrogeant, tout simplement ? Risqua Gwen

S’ensuivit une conversation très décousue. Le pirate kamikaze était-il réel ou un personnage de fiction ? Il apparut très vite qu’il savait tout de l’histoire de Jack Sparrow, tout depuis le début jusqu’à la fin : il connaissait sur le bout du pouce toute la trame de la trilogie, il pouvait citer tous les protagonistes de l’histoire et avait même les larmes aux yeux en évoquant la ravissante Elisabeth Swann. Mais il ne savait manifestement rien de ce qui s’était passé avant le premier film, ni sur la jeunesse de Jack Sparrow, rien non plus sur ses débuts dans la piraterie.

–La conclusion s’impose d’elle-même, affirma Jack, résumant d’ailleurs l’opinion générale. Il ne peut s’agir que d’un personnage de fiction. Il ne nous a pas été amené par la faille d’une quelconque Mer des Caraïbes Reste la seconde option : le film. Où passe ce foutu film, en ce moment, à Cardiff ? Tosh ?

–Pas très compliqué, Jack ! deux secondes !

Quelques instants plus tard…

–Euh … Jack ! Nulle part !

Gwen émit à ce moment-là un petit couinement

–Au ciné, non ! Mais la télévision est en train de repasser la trilogie, la semaine dernière, le premier volet, et hier soir, le second «  Le Secret du coffre maudit »

Un grand silence s’installa, bientôt rompu par Jack

–Et bien, voilà qui ne va pas nous simplifier la tâche ! Comment le renvoyer dans son film ? On l’a déjà fait pour les tueurs venus du livre, mais ici, c’est un peu différent. Dans le premier cas, Ianto avait réussi à trouver le point de départ du problème, une librairie. Mais ici !? Comment retrouver le bon poste de télévision ? Combien peut-il y en avoir dans cette ville ?

–Difficile à dire ! Tosh se mit à compter sur ses doigts. Trois cent cinquante mille habitants ! Au moins une télé par foyer…quatre-vingt dix mille au bas mot, sans compter, bien sûr, les familles qui ont deux ou trois appareils…C’est une tâche surhumaine, Jack.

–On peut restreindre le lieu des recherches…suggéra Jack, en se tournant vers leur prisonnier qui, médusé, suivait tant bien que mal leur conversation. Capitaine Sparrow, que vous rappelez- vous exactement ? Quel est votre premier souvenir de cette ville ? Qu’avez-vous vu ? Quel genre de bâtiments ? Une statue ? Un monument ?

–En effet, j’ai quelques souvenirs, mais plutôt vagues…Un grand espace avec des fontaines, deux grandes fontaines en réalité et en plein milieu, une colonne avec des lions et un homme, un marin, il me semble… Et plus loin, une énorme roue, comme une roue de moulin, mais beaucoup plus grande et toute illuminée.

De nouveau, le silence, brisé cette fois par Gwen

–C’est où, tout cela ? Pas à Cardiff, j’en suis sûre… Cela ne serait pas… Londres ? La grande place serait Trafalgar Square et la statue, ce serait l’amiral Nelson… La grande roue pourrait être le London Eye, juste en face de Big Ben… je connais, Rhys m’y a emmenée lors de notre voyage de noces et nous y avons bu du champagne Pommery en grignotant des petits fours.

–Cela ne m’étonne pas de Rhys. Dès qu’il s’agit de manger… glissa Owen avec un peu d’aigreur dans la voix.

–Owen ! Ce n’est pas le moment ! D’autant plus que cela ne résout pas notre problème. Donc, il viendrait de Londres et il se retrouve à Cardiff. Et par quel miracle vous retrouvez-vous ici ? poursuivit Jack en se tournant vers leur « invité »

–Je suis monté à l’arrière d’une sorte de chariot bruyant et malodorant. On a pas mal cahoté sur les chemins et dès que j’ai senti l’air de la mer, j’ai sauté. Je voulais juste rejoindre les  quais et trouver un navire.

–D’accord, mais cela complique la situation. Combien de téléviseurs à Londres ? Comment va-t-on faire ?... Tu voulais dire quelque chose, Tosh ?

En effet, depuis un certain temps déjà, Tosh s’agitait sur sa chaise et essayait d’attirer l’attention du reste de l’équipe.

–Vous oubliez un point important ! La faille ne s’est pas activée récemment, ni ici, ni ailleurs et surtout pas à Londres. L’influence de la faille n’irait pas si loin sans laisser une trace sur nos ordinateurs.

–La faille n’y serait pour rien ?… Ouille ! Je flaire l’arnaque… Gwen, mets-toi en contact avec Andy. Après tout, c’est lui qui nous a appelés. Informe-toi ! quelles vérifications la police a-t-elle faites avant de nous mettre sur le coup ? A-t-elle seulement mené une enquête ?

Quelques minutes plus tard, Gwen résumait sa conversation téléphonique avec son ancien collègue

–En fait, la police ne sait rien. Elle est d’ailleurs très occupée : un gros match de rugby ce soir au Millenium Stadium et donc, elle n’a fait que les petites recherches de routine : vérification d’identité, mais, bien sûr, cela n’a rien donné, consultation de la liste des personnes disparues sur Cardiff, rien non plus… Bref, la police nous a refilé le bébé.

–Et nous, poursuivit Jack, nous avons, bêtement, cautionné l’hypothèse de la faille. Tosh, élargis les recherches à Londres et à sa banlieue

Quelques manipulations plus tard, Tosh triomphait

–Je m’en doutais ! La faille n’y est pour rien. La police de Londres a été appelée ce matin sur la scène d’un cambriolage : un magasin de farces et attrapes, spécialisé également dans les masques et déguisements. Rien de bien grave en soi, mais devinez ce qui a été volé ?

–Probablement une panoplie complète du parfait petit pirate, risqua Ianto qui n’avait toujours encaissé la perte de son costume

–Tout juste ! D’autre part, l’hôpital psychiatrique de Friern, au nord de Londres, signale la disparition d’un de ses patients, un doux dingue passionné par les films de piraterie : il s’est pris successivement pour le capitaine Hornblower, puis pour le capitaine Blood. Et, en ce moment, c’est Jack Sparrow…

 

Deux hommes en blanc sont venus chercher le barbu ! Dommage, il était drôle quand il escaladait les murs… En tout cas, eux, en bas, ils ont l’air de bien s’amuser. Pas de vêtements déchirés, pas de blessés… Mais cela ne va pas durer au train où ils vont : et vas-y que je te saute, et vas-y que je me roule par terre, tout ça pour essayer d’attraper l’arme du pirate… Gamins, va !

Ils ont quand même fini par se calmer et ils sont quasiment tous partis. Ils ne sont plus que deux, comme d’habitude.

–Ianto, je crois que tu as besoin d’une bonne douche ! Ta petite mésaventure dans le caniveau a laissé des traces… D’ailleurs, moi aussi, j’ai besoin de me rafraichir, murmura Jack à l’oreille de son compagnon avec un sourire qui en disait long. Tu viens, moussaillon ? Je vais te montrer ce qu’est un vrai pirate !

Puis frappé d’une subite idée :

–Au fait, Ianto, quel jour est-on ?

–Le 1er Avril, pardi !

 

NB : Merci aux sociétés de production Walt Disney Pictures et Bruckheimer Films à qui j’ai emprunté le personnage de Jack Sparrow.

L’idée des tueurs sortis d’un livre a été empruntée à Athénalix dans sa fic « Sortis des ténèbres »

 



tessa  (26.03.2010 à 15:15)

 Episode 5   « Qu’elle était verte ma vallée »  Richard LLEWELYN


Pour une fois, tout va bien…C’est paisible ! Pas de caniche, pas d’excité,…Le calme !!! Mon chocolat arrive à l’heure et j’ai droit à quelques gratouillis. Je l’ai déjà dit, cela me met mal à l’aise. Je suis un mâle, que diable. Je n’ai pas besoin d’être dorloté…Mais finalement, mâle ou pas, ce n’est pas si désagréable Tu recommences quand tu veux.

… J’aurais mieux fait de me taire… Le téléphone n’arrête pas de sonner depuis quelques instants et déjà, ils recommencent à s’agiter. Ils s’apprêtent à sortir, manifestement. Ce qui m’inquiète, c’est qu’ils sont plus chargés que d’habitude… Mauvais signe ! Cela veut dire qu’ils seront absents assez longtemps : un ou deux couchers de soleil au moins… C’est pas leur conversation qui va me manquer le plus, mais les poissons frais : double dose de harengs fumés… Ouais, ça se mange, mais uniquement en cas de nécessité absolue… Eh ! Vous oubliez le chocolat !

En bas

Toute l’équipe est en train de se préparer. Mais, avant le départ, comme il le fait toujours, Jack a réuni tout le monde pour faire le point sur la situation.

–Comme vous le savez déjà, nous avons été alertés ce matin de toute une série de problèmes. Les témoignages sont assez confus, mais des phénomènes apparemment surnaturels se sont produits dans trois endroits différents, assez distants l’un de l’autre. Le plus surprenant, c’est qu’ils ont eu lieu exactement à la même heure : 6 heures 45. Ils ont touché les vieux quais de Cardiff…. Ianto ?

–Oui, le problème s’est limité aux anciens docks. Ils sont désaffectés, comme vous ne l’ignorez pas et reconvertis en boutiques de luxe, galeries d’art, lofts, etc.… Et c’est dans une partie de ces docks que les phénomènes ont eu lieu. On a peu de précisions, car, à cette heure-là, il n’y a presque personne. La police a été alertée par les services de nettoyage, deux ou trois femmes de ménage complètement affolées, d’autant plus qu’elles ne parlent pas anglais, et un gardien de nuit, mais son témoignage est peu fiable, car il passe ses heures de veille en compagnie de sa bouteille de gnole. Des ombres tremblotantes, c’est tout ce qu’on a pu en tirer.

–Idem pour le deuxième endroit, reprit Tosh. Il s’agit d’un lieu touristique très fréquenté, à Trehafod, dans la vallée de la Rhondda, le Rhondda Heritage Park, une sorte de musée de l’industrie, je crois. Des espèces de fantômes, d’après la femme – anonyme – qui a téléphoné à la police. S’il y a eu d’autres témoins, ils ont préféré se taire.

–Le troisième lieu, poursuivit Gwen, se situe dans une petite localité de la vallée de l’Usk, pas loin de la ville du même nom. C’était autrefois une ville industrielle assez active, mais aujourd’hui, elle joue surtout le rôle de cité-dortoir : on a quelques jolies résidences particulières, des immeubles locatifs et sur les hauteurs, de très belles maisons construites autrefois pour les maîtres de forges et reconverties en maisons de campagne. Assez peu d’entreprises, une entreprise de transports, Rhys  connaît bien son propriétaire, quelques ateliers et petites usines. Un endroit assez calme d’habitude. Mais ce matin, les ouvriers qui se rendaient à leur travail dans une fabrique de marmelade d’oignons n’ont pas pu rentrer dans l’usine. Les portes étaient bloquées et, par les fenêtres, ils auraient aperçu des espèces de formes grisâtres à l’intérieur. Et là, ils sont au moins une dizaine à avoir vu la même chose

–Donc, reprit Jack, il ne peut s’agir d’hallucinations collectives. C’est effectivement assez étrange pour que Torchwood s’en occupe…Tosh, y-a-t-il eu une activité anormale de la faille ce matin ?

–J’allais y venir, Jack ! Effectivement, il y a eu un pic d’activité pour ces trois zones ce matin à 6 heures 45. Mais ce n’est pas tout : si on regarde les relevés de ces dernières semaines, on s’aperçoit que les tracés sont loin d’être réguliers. Pas vraiment de pics, mais une activité anormalement élevée et de même niveau dans les trois cas.

–La cause est entendue, conclut Jack. La première chose à faire est de se rendre sur place pour étudier de près les phénomènes. Tant que nous n’en saurons pas plus, nous ne pouvons rien faire !...Tosh et Owen, vous restez à Cardiff…

Oh ! Ils font un peu la tête !

… Et vous vous rendrez à Mermaid Quay pour interroger les riverains. Vous y passerez la soirée et même une partie de la nuit. C’est à ce moment que vous aurez le plus de chances de voir ces fameux fantômes…

Ça va tout de suite mieux. Qu’est-ce qu’il y a là-bas de si intéressant ?

… Et ne faites pas la fête toute la nuit, vous y allez pour travailler, pas pour écumer restaurants et boîtes de nuit.

Ah !...  D’accord ! J’ai compris.

–Gwen, poursuivit Jack, la vallée de la Rhondda, cela te tente ? Mais je n’ai pas trop envie que tu y ailles seule. Rhys ne pourrait pas t’accompagner ?

–Si, bien sûr ! Il pourrait en profiter pour voir des clients. Mais toi, Jack, tu ne peux pas venir avec moi ?

–En fait, j’ai d’autres projets. Nous nous rendrons dans la vallée de l’Usk, Ianto et moi.

–Ben tiens, comme par hasard ! marmonna la jeune femme

–Tu as quelque chose à dire, Gwen ?... Non ? Donc, c’est entendu comme ça ! Rendez-vous demain dans l’après-midi ! Ianto, départ dans une heure ! Et ne fais pas cette tête, il n’y a pas que des cannibales dans les campagnes anglaises ! Par contre, je connais quelques excellents hôtels, de quoi faire revenir ton sourire.

Et ils se sont tous envolés. Me voila seul ! I am a poor lonesome ptérodactyle!

Le lendemain

Bon ! Finalement, je ne suis pas resté seul trop longtemps. Il y en a deux qui sont rentrés à l’aube, manifestement épuisés. La nuit à Cardiff, ça a l’air fatigant ! Les quatre autres viennent d’arriver, peu après l’heure du repas. Oui, après l’heure ! J’ai faim, moi ! En tout cas, ils ont l’air beaucoup plus frais, To surtout, il a l’air tout joyeux pour une fois.

En bas

Habituelle concertation en salle de réunion. Exceptionnellement, Rhys, maintenant informé du travail de son épouse, a été invité. C’est d’ailleurs Gwen qui prend la parole en premier :

–Nous avons réussi à trouver quelques témoins supplémentaires en jouant les touristes naïfs et avides de sensations. Et effectivement, ils ont bien vu quelque chose, les témoignages concordent. Rhys et moi avons décidé d’en avoir le cœur net et nous nous sommes laissés enfermer dans le musée. Pas difficile : la sécurité n’est pas au top ! Et dans la nuit, nous aussi, nous avons vu ces « fantômes » et d’assez près, des hommes, des femmes et des enfants, très sales, très maigres, à moitié dévêtus ; certains hommes étaient nus et les femmes ne portaient qu’une chemise. C’était très impressionnant, on aurait dit un vieux film en noir et blanc, passé à la mauvaise vitesse. Nous avons réussi à prendre quelques clichés et vous verrez peut-être leurs visages. C’était effrayant – n’est-ce pas, Rhys ? – La peur, la colère, la stupeur ou pour certains, la résignation. C’était ça le pire ! Surtout chez les enfants. Et pas un son !

–Même chose pour nous, continua Owen. Nous avons un peu trainé sur les quais, rien ! C’est quand mous sommes arrivés aux vieux docks que le spectacle a commencé. Une boite de nuit était en train de se vider de ses clients – jamais vu des gens quitter aussi vite ce genre d’établissement, sauf moi quand le videur me met dehors – Et des gens en vêtements de nuit dégringolaient littéralement des escaliers de secours, j’ai même aperçu une jolie brune qui… Enfin, passons ! Owen préféra s’interrompre devant le froncement de sourcils de Jack

Tosh acheva le compte-rendu de la mission

–Nous sommes allés voir ce qu’il en était et nous sommes tombés sur le même genre de scène que Gwen et Rhys. Ces fantômes n’étaient pas vraiment menaçants, mais nous avons quitté les lieux assez rapidement.

–Tu veux dire que nous avons détalé comme des lapins !... Et vous, dans la vallée de l’Usk, qu’avez-vous vu ?

–Et bien, répondit Ianto, a priori la même chose que vous. Nous nous sommes planqués derrière la fameuse fabrique de marmelade d’oignons  – d’ailleurs, on vous en a rapporté –  et nous avons attendu des heures.

–Vous avez du vous ennuyer, ne put s’empêcher de faire remarquer Gwen, un peu acide.

–Oh ! Nous avons trouvé de quoi nous occuper, répondit tranquillement le Gallois… Et vers deux heures du matin, nous les avons vus arriver, ils sont entrés dans l’usine, sans avoir à ouvrir les portes et ils sont restés là sans bouger ! J’avoue que je n’étais pas très rassuré, moi non plus, et si Jack n’avait pas été là, j’aurais pris mes jambes à mon cou. Au lieu de ça, nous nous sommes rapprochés des fenêtres et Jack a pris quelques clichés, lui aussi.

–Donc, conclut Jack, les mêmes fantômes dans trois lieux différents ! Reste à trouver ce qui relie ces endroits. Et quel rapport avec la faille ?

Apparemment, ils reviennent à des occupations plus paisibles, la jeune femelle devant ses images qui brillent, To et Jac en train de farfouiller dans de vieux papiers, la blouse blanche le nez sur des images, mais elles ne bougent pas, celles-là. La dernière femelle est sortie, elle a parlé d’archives, de bibliothèques…

En bas, beaucoup plus tard

Tout le monde est une nouvelle fois réuni, notes en main. C’est Owen qui se lance le premier

–Les photos sont tout, sauf nettes. Des silhouettes tout en gris, mais à bien y regarder, on s’aperçoit que ce sont des personnes en mauvaise santé. On voit des signes de malnutrition, des marques de problèmes pulmonaires et surtout les caractéristiques d’un épuisement évident, même chez les enfants. Certains sont d’ailleurs très jeunes, en dessous de dix ans, je dirais. Des gens manifestement maltraités. Chez certains, j’ai vu des plaies et des brulures très graves.

–On ne peut pas déduire grand-chose de leurs vêtements, vu le peu qu’ils ont sur eux ! Mais les coiffures, les moustaches, cela me fait penser à des scènes du passé, dix-neuvième siècle, peut-être. Mais nous les avons vus en noir et blanc, cela peut fausser mon jugement.

Tosh était loin d’être affirmative, mais Gwen eut comme une illumination.

–Mais oui, ces gens, nous les avons vus, Rhys et moi, dans ce musée… Elle se tourna fébrilement vers Jack… C’est un musée très spécial consacré au travail de la mine. Ces gens, ce sont des mineurs, j’en suis quasiment sûre. Il y avait des salles avec des photos de la fin du dix-neuvième siècle et début vingtième, et les fantômes que nous avons vus ressemblent aux personnages des photos.

–Pas idiot, fit remarquer Ianto, quand on connaît un peu l’histoire du Pays de Galles. Le charbon est exploité depuis longtemps, depuis la fin du Moyen-âge… Et bien oui, Owen, je ne regarde pas que des variétés débiles à la télévision, je suis également des documentaires.

–Tu as le temps de regarder la télé, toi ? Eh, Jack ! Tu lui laisses trop de temps libre !

–Ne t’occupe pas de lui, Ianto. Continue !

–Je disais donc que l’exploitation du charbon, chez nous, est une tradition, d’abord au nord, puis au Sud dans la vallée de la Rhondda où tu étais hier, Gwen. C’est comme ça que Cardiff est devenu l’un des plus importants ports charbonniers du monde au moment de la Grande Guerre. Mais cela n’a pas duré ! Avec la concurrence du pétrole, patatras, tout s’est cassé la figure. Et il a fallu attendre les années quatre-vingt-dix pour que la ville retrouve son dynamisme.

–Merci, Professeur Jones, pour ce brillant exposé ! fit Owen en se moquant

Jack l’ignora et reprit la parole

–Qu’il y ait des fantômes de mineurs dans la vallée de la Rhondda est donc logique. Mais pourquoi cette colère ? Pourquoi revenir nous hanter ?

Ce fut au tour de Rhys de répondre

–La réponse était devant nos yeux hier. Le Rhondda Héritage Park est un musée consacré au travail de la mine, Gwen vous l’a déjà dit. On y voit les conditions de travail des mineurs et la façon dont ils vivaient. Aujourd’hui, c’est encore un métier très dur, mais ce n’est rien par rapport aux siècles passés. Dix ou douze heures de travail par jour, y compris pour les femmes et les enfants. Vous vous rendez compte ? Douze heures au fond de la mine, accroupis ou couchés sur le dos ou sur le côté. Les plus jeunes –  parfois ils commençaient à travailler dès sept ans – et les femmes poussaient ou tiraient des wagonnets à l’aide de courroies. Vous imaginez la fatigue, l’air malsain, l’eau qui dégouline des couches supérieures, le tout pour un salaire de misère… On comprend la colère de ces malheureux.

Rhys s’énervait en parlant. Jack tenta de l’apaiser

–Tu as raison, Rhys, c’était inhumain ! Mais cela n’explique pas tout. Pourquoi ces fantômes sur les deux autres sites ? Et pourquoi se réveillent-ils maintenant ? En plus, les conditions de travail dans les mines étaient les mêmes partout, on peut le supposer. Donc pourquoi cela ne bouge pas en Ecosse ou dans le Yorkshire ?... Oui, Ianto. Tu veux prendre la parole ?

–En ce qui concerne la ville où nous sommes allés ensemble, Jack, j’ai peut-être une explication. Tout à l’heure, je feuilletais de vieux journaux, début vingtième siècle, et j’ai trouvé quelques articles sur un dramatique accident qui s’est produit juste à côté de cette « charmante petite ville ». Enfin « accident » c’est le mot utilisé par le journaliste. Du coup, je me suis plongé dans les archives de Torchwood qui parlent plutôt de « catastrophe »*. Cela s’est passé le Vendredi 2 Mars 1906 à 6 heures 45 du matin : une explosion dans le puits n° 1. En surface, on a ressenti une violente secousse, on a vu jaillir des nuages de poussière et des chevaux, ils étaient nombreux dans les mines à cette époque-là, ont été littéralement projetés à dix mètres de hauteur. Le soir, on a compté 900 disparus…

L’équipe observa un instant de silence, le temps de digérer l’information. Mais Ianto n’avait pas fini

–Mais le plus affreux reste à venir. Trois jours plus tard, les opérations de sauvetage ont été suspendues On avait pensé qu’elles étaient inutiles : il n’y avait pas de survivants. Or, à la fin du mois, trois semaines après l’explosion, une dizaine de rescapés sortaient de la mine par leurs propres moyens. Ces gens ont vécu l’enfer : ils ont erré dans le noir, en respirant des vapeurs toxiques et en crevant de faim, ils auraient mangé l’avoine destinée aux chevaux. Et surtout, ils ont du se sentir abandonnés. L’affaire a été passée sous silence dans les journaux nationaux, mais le Torchwood de l’époque a fait une enquête : le propriétaire de la mine a fait arrêter les travaux de sauvetage beaucoup trop tôt et par sa faute, ce sont peut-être des dizaines de personnes qui ont été enterrées vivantes.

–C’est épouvantable et on a du mal à y croire, finit par dire Jack, après un nouveau silence. Le plus incroyable, c’est que sur place, rien ne rappelle cette tragédie comme si on avait voulu la faire oublier… En tout cas, cela relie nos deux sites ensemble, le charbon est le point commun. Mais qu’en est-il du troisième site ? Les docks ?

–Et bien, répondit Tosh, le lien me semble évident. Cardiff était un important port charbonnier – Ianto vient de nous le rappeler– et une grande partie de ses docks était en fait un gigantesque entrepôt de charbon.

–Certes, mais comment expliques-tu que les phénomènes se manifestent seulement dans une partie des docks ? Et comment les relier aux autres sites ?

–Je n’en sais rien, Jack, avoua Ianto. Nous devons poursuivre les recherches et creuser davantage.

–Tu as vraiment le mot pour rire, Ianto, se moqua de nouveau Owen.

–Excuse-moi, mais cela ne me fait pas rire ! Tu as vraiment le chic pour tout interpréter de travers.

–Allez, les deux gosses ! On se calme …

Ah, ces deux-là, toujours en train de se chamailler ! Il a raison, Jac, des vrais gosses… ! En tout cas, cela a terminé la réunion. Ils ont fini leurs conciliabules, mais vu la tête qu’ils font, ils n’ont pas résolu leurs problèmes….Chic, c’est l’heure du poisson ! Manger…

… et on lève le camp !nous ne pouvons rien faire de plus ce soir, nous sommes trop fatigués ! Rentrez chez vous, du travail nous attend demain… Pas toi, Ianto, j’ai encore besoin de toi !

–Naturellement, marmonna Gwen, en s’assurant que Jack ne pouvait pas l’entendre.

Très tôt, le lendemain matin, l’équipe s’était  remise au travail. Quelques heures de recherches infructueuses, puis vers 14 heures, Tosh poussa un cri de triomphe

–Je crois que j’ai trouvé !

Tout le monde fit bloc autour d’elle

–Les docks concernés appartenaient à une petite compagnie familiale : la Morganstew and c°. Cette même compagnie était propriétaire de la mine où a eu lieu la catastrophe de 1906 et votre fameuse fabrique de marmelade se situerait, d’après les registres du cadastre, au point précis où les rescapés sont sortis de terre. Elle possédait également quelques puits de mine dans la vallée de la Rhondda.

–Et bien, le voilà notre lien ! Bravo, Tosh.

–Merci, Jack, mais ce n’est pas tout. J’ai lancé des recherches sur cette société. Elle a été fondée à la fin du dix-huitième siècle par un Lester Morganstew**, dont on ignore tout. , on dirait qu’il n’a pas d’existence propre avant son arrivée au pays de Galles. En tout cas, il semble avoir acquis rapidement une réputation épouvantable : buveur, tricheur, coureur de jupons, escroc, j’en passe et des meilleurs. Les successeurs ne valent pas mieux, d’après le peu qu’on en sait. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont bâti une superbe résidence, un genre de petit château, dans la vallée de l’Usk. Jack, tu es peut-être passé devant, hier, avec Ianto ?

–Possible, mais j’avoue ne pas avoir fait très attention, ce ne sont pas les belles maisons qui manquent dans le coin !

–Quoiqu’il en soit, la compagnie a disparu au moment de la Seconde Guerre mondiale, avec le dernier représentant de la famille. On a d’ailleurs chuchoté qu’il n’était pas vraiment hostile aux nazis. Mais rien n’a jamais été prouvé.

–Nous en savons plus, certes, mais encore une fois, nous sommes dans l’impasse. Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd’hui ? Tosh, tu continues tes recherches. Les autres, avec moi ! On prend le SUV et on va visiter cette fameuse maison ou ce qu’il en reste.

Et les voila repartis ! C’est vraiment une espèce bien agitée ! C’est pas une heure pour sortir ! Il fait nuit noire, c’est l’heure du chocolat !

Plus tard, au petit matin

–Quel sale type vraiment ! Bougonna Owen en jetant furieusement sa veste sur le premier siège venu

–Oui, il me fait froid dans le dos, renchérit Gwen

–Il y a quelque chose chez lui de pas naturel, ajouta Ianto en rangeant la veste d’Owen

Tosh les fit taire en demandant des explications. Elle eut droit à un torrent de récriminations

–Nous sommes arrivés à la nuit tombée et nous pensions trouver une maison vide…

–Pas du tout ! Elle était illuminée comme un sapin de Noël et elle grouillait de monde…

–On est tombé sur le maitre de maison : James Morganstew. Il nous a traité de haut et nous a carrément fichu à la porte…

–En tout cas, il ne manque pas de fric

–Ni de filles…

La dernière remarque venant, bien sûr, d’Owen. Jack dut intervenir pour ramener le calme

–Oh là ! Le chœur des pleureuses !... D’accord, cette petite virée n’a pas été très agréable et elle ne nous a pas appris grand-chose, si ce n’est que la famille qui nous occupe n’est pas éteinte. L’héritier vient tout juste de rentrer d’Australie, d’après ce qui se disait parmi les invités.

–Et bien, moi aussi, dit Tosh, j’ai réussi à trouver quelques renseignements supplémentaires. En particulier, tout à fait par hasard, j’ai découvert dans un vieux catalogue de vente aux enchères la reproduction  d’un tableau fort bien conservé représentant le premier de la lignée. Regardez !

Elle projeta l’image sur un écran géant, toute fière d’elle-même, en attendant au moins quelques félicitations. Au lieu de cela, c’est un silence pesant qui s’abattit sur une équipe paralysée par la surprise.

–Mais, c’est le même ! Lester et James, deux copies conformes ! Le même âge, le même visage, la même silhouette !  Et jusqu’au grain de beauté en-dessous de l’œil gauche !...Ce n’est pas possible !

Gwen n’en revenait pas. Tosh fonça sur son clavier et, dans ce domaine, pas grand-chose ne lui résistait.

–James, d’après un petit entrefilet dans la presse locale, est censé être arrivé la semaine dernière, le Mardi… Mais si je consulte la liste des passagers en provenance d’Australie, pas de James, que ce soit par les airs ou par la mer. En outre, pas de trace de lui nulle part avant cette date, ni dans les services fiscaux, ni dans les services de santé ! Il n’a pas non plus fait de demande de passeport. Il est apparu comme par miracle. Attendez un peu !... Oui, c’est ça ! Si je compare avec le tracé de la faille, il y a concordance. Je note un pic d’activité de la faille au moment où ce James apparaît mystérieusement au Pays de Galles.

–Il serait intéressant de faire la même recherche pour son supposé ancêtre.

–Comment veux-tu, Jack ? il y a deux siècles, Torchwood n’existait pas. Lester, c’était avant la reine Victoria

–Dommage ! Mais ces fantômes semblent bien avoir été réveillés par le retour de la famille Morganstew. Demain, nous essaierons de tirer cela au clair !

Cette fois, ils ont vraiment l’air dépassé ! Enfin, la nuit porte conseil, comme dit souvent Jac.

Le lendemain

Je me disais : ils vont encore une fois tous s’envoler. Mais non. Ils sont tous restés au nid. Dans l’après-midi, ils ont fait une pause, comme ils disent. Les deux femelles sont parties, la blouse blanche s’est avachie sur le canapé, Jac et To se sont enfermés dans le bureau, rideaux fermés. Mais moi, de haut, je vois ce qu’ils font… D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi ils se cachent : ils se frottent le bec, ils s’arrachent leur pelage...Chez nous aussi on faisait ça ! On se frotte le bec mutuellement pour le nettoyer, on se picore les écailles pour enlever la poussière et les petits parasites. Toutes les espèces font ça…Quoique…Là, je ne crois pas que ce soit tout-à-fait la même chose… Mais, après tout, ça les regarde ! Soyons discret, je m’élimine…

Tiens ! Moi aussi, j’ai fait une petite pause et je n’avais pas vu qu’il fait déjà nuit. Tout le monde est là !... C’est pas vrai, ils s’en vont encore ! Ils vont me laisser tout seul… Pourquoi c’est toujours moi qui reste ?

En bas

Jack donne ses dernières recommandations. En effet, après recherches, il est apparu que James Morganstew avait loué un bureau dans les quartiers rénovés autour des vieux docks. Il s’agit donc de le piéger dans ses quartiers et de lui faire cracher la vérité, avant, si possible, de le renvoyer d’où il vient. A condition de savoir où et comment !

Plus tard dans la nuit 

Ah enfin ! Je commençais à me faire vieux. Voyons : deux femelles, trois mâles, le compte est bon. Pas trop de bobo apparemment ! Mais ils ont l’air un peu sonné. Cela n’a pas du se passer comme ils le voulaient.

–Pour un problème réglé, c’est un problème réglé, il n’y a pas de doute. Mais j’aurais préféré la version douce.

–Tu n’es pas le seul, Jack, rétorqua Gwen, mais dans le fond, qu’aurions-nous pu faire d’autre ? Y avait-il une solution légale ? Le livrer à la police ? Comment expliquer que notre criminel était vieux de trois siècles et qu’il était peut-être responsable d’une tragédie qui s’est passée en 1906 ? On nous aurait ri au nez.

–C’est toi qui dis ça, Gwen ? Toi, d’habitude si respectueuse de la Loi ? Mais tu as raison. Cependant le voir finir de cette façon, déchiqueté par les weevils, devant nos yeux…

Owen s’insurgea

–Oh Jack ! On ne va pas le regretter tout de même. Tu as vu la façon dont il nous a accueillis, la morgue dont il a fait preuve : Je suis invincible… la faille me protège… c’est grâce à elle que je suis arrivé dans votre monde, c’est grâce à elle que j’en suis reparti, fortune faite et c’est grâce à elle que je m’en sortirai encore. Et la façon de nous brandir sous le nez son bracelet, le même que le tien, d’ailleurs, Jack ! Comment se l’est-il procuré ?

–Aucune idée ! On ne le saura probablement jamais. En tout cas, il se croyait peut-être invincible, mais il se trompait manifestement. Il n’avait pas compté sur les fantômes de ses anciennes victimes. C’est en tentant de leur échapper qu’il est tombé sur ce groupe de weevils. Ils n’en ont fait qu’une bouchée, avant de disparaitre tous dans la faille… Brrr ! Mais pour nous le problème est réglé.

–Pas tout à fait, Jack ! Qui était cet individu ? Vieux de trois siècles ? Un autre Jack Harkness ? Cependant, il semblait bel et bien mort avant d’être happé par la faille !

–Je suis d’accord, tout cela n’est pas net, mais les fantômes se sont évanouis avec lui : ils se sont vengés… Pour le reste, nous ne pouvons pas faire grand-chose pour l’instant…Allez, les enfants, tout le monde à la maison !

Plus bas, Jack chuchota

–Pas toi, Ianto. Ta maison, c’est ici désormais. 

Et bien, au moins, cela a le mérite d’être clair !

Au même moment, un Européen, plutôt bien de sa personne, très élégant avec un foulard noué en cravate autour du cou, débarquait dans un port africain et jetant un regard satisfait sur les rues grouillantes de monde, il murmura

–Les affaires reprennent.

NB 

*La catastrophe minière évoquée ici n’a jamais eu lieu au Pays de Galles, mais je me suis fortement inspirée d’une catastrophe réelle : celle de Courrières en France qui a fait 1099 ou 1100 morts selon les sources le 10 mars 1906.

**La famille Morganstew est une pure fiction et sort tout droit de mon imagination


tessa  (31.03.2010 à 23:39)

Episode  6  Monstres et Compagnie

 

La journée de travail vient à peine de commencer et déjà, au Hub, tout le monde s’active : Jack lit et relit les mémos qui s’accumulent sur son bureau, Tosh consulte pour la énième fois les relevés de l’activité de la faille, Owen parcourt des rapports médicaux que viennent de lui envoyer les hôpitaux de la région et Ianto prépare des cafés qui embaument tout le Hub. Quant à Gwen, elle est au téléphone.

Ils sont déjà bien occupés à cette heure matinale. La journée d’hier a été calme pourtant ! Mais l’alarme a retenti très tôt ce matin et ça, ce n’est jamais bon signe. Ils sont tous arrivés, Jac et To en premier comme d’habitude, mais ils n’ont pas beaucoup de chemin à faire, puis les trois autres, presque en même temps. Apparemment, il y a quelque chose de pas clair avec la faille.

En bas

—Rhys, mon chéri, ne t’affole pas !... Non, ce n’est pas grave ! Il n’y a pas de blessés ?... Le camion n’a rien ?...  Non, tu ne perds pas les pédales ; pas la peine de passer une I.R.M. tout de suite, tu n’as pas de tumeur au cerveau… Viens me rejoindre ici. Je demanderai à Owen de t’examiner… Je sais bien, tu ne l’aimes pas beaucoup, mais il est très compétent… Entendu ! Je t’attends.

Ianto, s’il te plaît, va attendre Rhys au Syndicat d’Initiative. Il vient de me raconter une histoire à dormir debout !... des cochons…

Un peu plus tard Ianto ramenait un Rhys échevelé et un peu ahuri.

—Je perds la boule, c’est certain. Je roulais paisiblement sur la bretelle de sortie de l’autoroute et là, devant moi, au beau milieu de la route, trois cochons, la queue en tire-bouchon, avec des petits bérets sur la tête et des petits pantalons à bretelles… Si ! Si ! Je vous jure ! Le pire, c’est qu’ils avaient l’air de se parler. Vous vous rendez compte, des cochons habillés qui parlent ?...

Ouille ! Ça va pas mieux, lui ! Déjà qu’il ne peut pas reconnaitre un mâle d’une femelle, mais en plus, il voit des cochons qui parlent ! Qu’est-ce qu’il a bu de si bonne heure ?

… Et je n’ai pas pu les éviter. Je les ai écrasées, les pauvres bêtes ! Toutes les trois ! Ah, mon Dieu !... Quand j’ai réussi à m’arrêter, j’ai couru pour voir… Mais rien ! Pas de cochons étripés sur la route, même pas une goutte de sang…. Je deviens dingue !

Owen riait sous cape…mais reprit son sérieux devant la mine déconfite de Rhys

—Un coup de fatigue, peut-être ! Tu t’es sans doute endormi et ton subconscient t’a envoyé un signal…

Rhys était d’autant plus furieux que personne ne le prenait vraiment au sérieux, même pas sa propre femme. Le coup de téléphone les fit tous sursauter : Andy, toujours lui, appelait au secours. On venait de retrouver une petite fille, un petit panier en osier au bras, vêtue d’une mignonne cape rouge et réclamant sa Mère-Grand.

—Ce n’est pas tout, ajouta Andy, on a aussi deux femmes, deux jeunes filles plutôt, mais vraiment bizarres. L’une est fort sale avec des vêtements tout déchirés, le plus étrange, c’est qu’elle porte une citrouille sous le bras et sur l’épaule, elle a deux petites souris dont elle refuse de se séparer. La deuxième est tout aussi curieuse : elle porte une espèce de déguisement. Cela ressemble à un âne… c’est ça, elle porte une peau d’âne, mais complète ! y compris la tête… Ce n’est pourtant pas Carnaval.

Jack commençait à s’inquiéter : aucun de ces cas n’avait l’air dangereux en soit, mais leur conjonction était troublante

—On s’en charge ! Nous allons venir chercher ces femmes.

Le téléphone était à peine raccroché qu’il se remit à sonner. L’hôpital, cette fois ! Owen prit la communication.

—Un cas étrange, vous dites ? Une jeune fille trouvée endormie sur un banc dans un parc… Et vous n’arrivez pas à la réveiller ?...Effectivement, c’est bizarre ! Un cas de narcolepsie, peut-être ? Non ! Vous êtes sûr ?

Suivit un long silence, puis Owen éclata :

—Vous pouvez me répéter ça ? Vous vous fichez de moi ! Vous ne pouvez pas approcher la patiente, car elle est gardée… par sept nains !... J’ai bien entendu ?... Bon, j’arrive, mais si c’est une plaisanterie, vous allez me le payer.

Les membres de l’équipe ne riaient plus : trois petits cochons, une femme endormie, une en haillons et citrouille, une revêtue d’une peau d’âne…

—On nage en plein conte de fées, résuma Ianto. 

En voilà un curieux spectacle ! Des femelles, une toute petite, en rouge, une autre recouverte d’une peau de bête… Très bizarre ! J’ai l’habitude, mais tout de même ! Le jeune homme en blanc vient d’arriver avec une autre femelle, mais celle- là, elle ne tient pas debout. On dirait qu’elle dort ! Pourtant avec le bruit qu’ils font…. Mais ? Mais ? C’est quoi avec elle ? Des mâles, mais tout petits, pas des enfants, des petits adultes… un, deux, trois… enfin, beaucoup ! Ils se ressemblent, pourtant ils sont tous différents. Ça en fait du monde, tout d’un coup ! Et ça crie ! Et ça pleure ! Et ça gémit ! … Pfouitt !! Et c’est pas fini. Voilà une nouvelle fournée : des mâles, enfin je crois, parce qu’ils sont habillés curieusement.

—Ianto, qu’est-ce que tu nous amènes encore ?

—Je n’y suis pour rien, Jack ! C’est encore Andy ! La police les a trouvés pas loin d’ici et ne sachant quoi en faire, elle s’est dit que ces messieurs conviendraient bien aux dames que nous avions déjà. Nous avions des héroïnes de contes, maintenant on a les princes charmants.

Charmants ! Charmants ! C’est relatif. Ils ont l’air parfaitement ridicule, oui ! Avec leurs jambes en couleur et leur petite jupette. En plus, il y en a un qui tient une pantoufle en verre à la main. En plus, il y a un enfant, mais minuscule qui jette des cailloux partout, même que To le regarde de travers !... Quel capharnaüm !

—Gwen ! Owen ! Ianto ! Par pitié, faites- les taire !

—Plus facile à dire qu’à faire, Jack !

—Tosh, s’il te plaît, trouve-nous quelque chose ! Il n’y avait pas de bal costumé dans les environs ? De pièces de théâtre ? De déséquilibrés échappés de l’asile ?  Quelque chose de rationnel, pour une fois !

C’est vrai qu’ils sont bizarres et bruyants, mais ils n’ont pas l’air bien méchant… Mais… ce n’est pas fini ! Encore ce téléphone ! Jac, To, l’homme en blanc et une des deux femelles s’apprêtent à sortir, dirait-on. Avant ça, ils ont enfermé tout ce beau monde dans les étages au-dessous.

Jack, c’est encore Andy ! D’autres individus suspects ont été aperçus ça et là en ville. Des hommes et des femmes… Et ceux-là, ils ont l’air beaucoup plus vicieux. Deux femmes d’âge mur, dont l’une est accompagnée de ses deux filles, pas aimables du tout, les donzelles, paraît-il ! Une très vieille femme, que personne n’ose approcher, parce qu’elle a le visage couvert de pustules et qu’en plus, elle est armée d’un balai dont elle se sert comme d’une massue. Il y a des hommes aussi : un barbu visiblement animé de mauvaises intentions, il brandit un trousseau de clefs et un poignard, les témoins affirment que sa barbe est bleue…. Quelques hommes gigantesques également qui approchent du centre-ville… Et ! Attends, Jack… la cerise sur le gâteau, on a un loup énorme qui galope sur les quais !!

—Mais qu’est-ce que c’est que ce cirque ? Ianto, Gwen, Owen, avec moi ! Nous allons essayer de neutraliser ces… Je ne sais pas comment les appeler… Les enfermer. Et ensuite, on avisera.

Ils sont partis et apparemment, ils ont réussi leur mission. Je n’ai pas vu ce qu’ils ont ramené : ils les ont enfermés directement dans les étages inférieurs, en tout cas, eux, en bas, mes deux pattes à moi, ils y ont laissé des plumes, si je puis dire. Jac s’en sort bien, comme d’habitude, quoique son pelage ait besoin d’un bon coup de nettoyage. La femelle brune a un œil à moitié fermé, le petit homme toujours en blanc semble boiter et To, complètement échevelé, se tint le bras en grimaçant.

Aie ! Les harpies ! Elles ont des ongles pointus et sûrement dégoutants. Owen, du désinfectant ! Vite !

–Ne t’inquiète pas ! Tu es vacciné contre toutes les maladies actuelles et passées.

—Oui ! Mais les futures ?

—Gwen, viens me montrer ton œil ! Ianto, tu pourras nous faire un café, dès que j’aurai fini ton pansement ? A propos, où est Jack ?

—Il enferme les prisonniers à un autre étage que les femmes, on ne sait jamais !

EH ! Oh ! Vous, en bas ! Vous avez vu ? Une ombre est passée au-dessus de la verrière. Une ombre gigantesque ! C’est quoi, ce truc ? Des ailes, des griffes, bon, ça c’est normal ! Mais ça crache des flammes ! Et, ça, c’est pas normal !... Aie ! Le revoilà ! Il m’a vu ! To ! Au secours !

En bas

Tosh pianotait frénétiquement sur son clavier.

—Jack ! Ianto ! Regardez ce que captent nos caméras ! Un animal énorme nous survole : on dirait… Non ! Impossible !... Mais pourtant… Un dragon, c’est un dragon !

Ianto ajouta

—Cela me rappelle les vieux mythes dont notre institutrice nous rebattait les oreilles ; elle était d’origine germanique et son histoire préférée était celle de Siegfried et du dragon Fafnir

—C’est gentil tout plein, ça, intervint Owen, mais cette bestiole va mettre la ville à feu et à sang. Heureusement que les toits ne sont plus en chaume !

—Jack ! Il y a pire !

—Pire ? Tu m’étonnes, là ! Qu’est-ce qui peut être pire que tout cela ?

—Les radars de l’Armée de l’Air ont détecté une masse énorme qui se dirige vers la côte. Ce n’est pas métallique, mais c’est organique. Des avions la survolent en ce moment même et je devrais avoir les images d’un instant à l’autre… Ça y est ! les voilà !

—Qu’est-ce que c’est que ça ? glapit Owen.

—J’ai déjà vu ces images, répondit Ianto, dans des livres ! La même institutrice !

—Si j’avais été parent d’élève à cette époque, j’aurais porté plainte contre elle pour cruauté mentale !

—On aimait bien toutes ces histoires, plus que les tables de multiplication… Enfin, bref, cela ressemble à un poulpe géant, une énorme pieuvre. Les Anciens l’appelaient « Kraken », il était capable d’entraîner un navire sous l’eau. S’il vient jusqu’ici, c’en est fini de nous.

—Et tes livres précisaient comment on se débarrassait de lui ?

—Oui, mais je ne crois pas qu’on puisse appliquer cette solution : on lui sacrifiait une jeune fille vierge.

Owen ricana

—Effectivement, c’est difficile à trouver de nos jours !

Ce qui lui valut des regards furibonds des deux jeunes femmes.

Ça y est ! Ils discutent, ils réfléchissent et ils se disputent. Comme d’habitude !

—Bon ! Résuma Jack : on a vu ou entendu parler de trois petits cochons, de jeunes filles en détresse, de princes de pacotille, d’ogres, de loups, de dragons et Dieu sait quoi encore ! Cela vous fait penser à quoi ?

 —A des personnages de contes et de légendes, indéniablement : Andersen, Perrault, les frères Grimm, etc… Les trois petits cochons qui ont peur du loup, la jeune fille en haillons est probablement Cendrillon, on a Blanche-Neige qui dort avec ses sept nains, Peau d’âne, plus les marâtres et les princes charmants qui vont avec… Et pour faire bonne mesure, le dragon de Siegfried – peut-être –Et le kraken…

 —Oui, rétorqua Owen, c’est tout à fait possible, mais cela nous avance à quoi ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? Et comment sont-ils arrivés là ? Ils ne sont pas censés exister.

 —Ce qui est bizarre, ajouta Gwen, c’est que ces personnages me rappellent effectivement les livres que j’ai lus, les films et les dessins animés que j’ai vus… Mais ce n’est pas tout à fait la même chose. Ceux-là ont l’air plus réel, plus ancien, moins inoffensif… Ils me font peur, même les princes charmants et les innocentes jeunes filles… Je ne sais pas pourquoi. Je ne parle même pas du dragon et du kraken !... Vous avez entendu les sirènes des pompiers, les appels de détresse ? Ce qui a commencé comme une sorte de blague vire à la catastrophe !

 —D’accord ! reprit Jack, il faut trouver une solution. Qui, dans toute cette bande, semble le ou la plus susceptible de nous aider ?

 Grand silence. Puis Ianto proposa

 —Et si on essayait de parler à un des nains, celui qui a des lunettes ? Il a l’air calme et pas bête.

 Le nain à lunettes fut extirpé de sa cellule. On mit quelque temps avant de réussir à le comprendre, sa langue étant plutôt mystérieuse, mélange de langues anciennes, vieux français, allemand ancien, un peu de celte. Jack, qui avait conservé de son séjour dans le Tardis une bonne aptitude à parler plusieurs langues, entama l’interrogatoire. Et progressivement, il en apprit davantage.

 —Nous sommes des personnages, venus d’un passé très lointain, un passé que les hommes n’ont pas connu, mais notre souvenir les a longtemps hantés. Après notre mort, nous avons continué à vivre dans les mémoires des humains, à évoluer également selon les époques.

 —C’est plausible, en effet, mais si vous n’êtes que des souvenirs, pourquoi êtes-vous là ?

 —Nous sommes mécontents et encore le terme est faible, mécontents et inquiets. Déjà dans le passé, on s’est servi de nous pour écrire des livres, mais il y avait tellement de versions différentes que cela ne nous a pas gênés. Mais aujourd’hui, c’est le cinéma qui s’empare de nous, qui nous fige dans une image, voire qui se moque de nous : regardez l’ogre de Shrek, une créature verdâtre et puante, même pas méchante ! Et le dragon d’ « histoire sans fin », Falcor, une grande carpette blanche, qui ressemble à un caniche sans pattes et qui adore qu’on le gratte derrière les oreilles. J’en passe et des meilleurs !... En ce moment, c’est «  Alice au pays des merveilles » qu’on est en train de figer sur de la pellicule. Nous, c’est Disney qui nous a modelés : regardez comme on est ridicule ! Et pourtant par le passé nous étions redoutables. Le jour où nous ne pourrons plus évoluer, nous allons mourir. Les gens vont se lasser de nous, ils n’auront plus peur de nous et nous allons disparaitre.

 Alors là, cela leur cloue le bec !

 —Mais rétorqua Jack, c’est un faux problème. Le cinéma est vieux d’un siècle maintenant et il continue à s’intéresser à vous. Les loups-garous, les vampires, les elfes, ça fait un tabac aujourd’hui… Euh ! Excusez-moi, expression un peu trop moderne ! ça a beaucoup de succès actuellement. Les petites filles continuent à se déguiser en princesses. Vous continuez à vivre, à évoluer dans les magazines, dans les dessins animés, dans les films… Votre mort n’est pas à l’ordre du jour, croyez-moi !

 —Vous êtes sûr ?

 —Absolument ! Votre colère est injustifiée.

 Jack traduisit la conversation à ses équipiers qui s’entreregardaient complètement effarés.

 —On a déjà vu des choses vraiment bizarres, mais celle-là !... De toute façon, comment se sont-ils matérialisés ?

 Tosh l’interrompit :

 —Jack ! Il y a urgence ! Les incendies se multiplient au centre-ville ; pour l’instant, les dégâts ne sont que matériels, mais cela ne va pas durer. Au large, c’est pire : le kraken a déjà fait couler deux bateaux de pêche et en s’approchant, il risque de provoquer d’autres catastrophes, un raz de marée par exemple. La digue n’y résisterait pas et les quais sont menacés… Jack ! Demande-lui comment ils sont arrivés là ?

 Jack reprit son interrogatoire et là, le nain à lunettes lui apprit qu’ils existaient tous dans l’esprit d’un vieil homme qui vivait dans le passé et qui exécrait radio, cinéma et télévision. Et c’était de ce cerveau qu’ils venaient tous ! Comment leur avait-il donné vie ? Alors ça, il n’en savait rien. Il y avait eu une espèce d’éclair, une odeur bizarre et Pouff ! Ils étaient revenus à la vie !

 —Tosh ! Vérifie l’activité de la faille ! Cherche un pic !

 —Cela a commencé quand, ce matin ? Ianto ?

 —L’alarme s’est déclenchée à 7heures et 17 minutes précisément.

 —Tu trouves, Tosh ? Bon, dans ce cas, où l’activité de la faille a-t-elle été la plus forte ?

 —Dans Bridge Street, pas loin de la Llandaff Cathédral, dans la proche banlieue autrement dit.

 —On fonce ! Tosh, tu nous guides ! Rhys, tu jettes un coup d’œil aux prisonniers ! Owen, tu te rends à l’hôpital voir si tu peux être utile ! Gwen et Ianto, avec moi !

 Je n’aime pas les voir aussi nerveux. Ça me flanque la frousse ; et cette grosse bête, là au dessus, qui me regarde d’un air méchant… Ils sont partis, presque tous… La grosse bête également ! Ouf !... Mais, attention ! Elle va vous suivre !

Bonne idée, la femelle qui reste a branché les haut-parleurs ! Pas pour moi sûrement, mais j’entends tout.

—Jack ! Ralentis un peu, tu veux ! ( ça, c’est la femelle)

 —Ne t’inquiète pas ! Pas grand monde sur la route et encore moins sur les trottoirs. Tout le monde s’est mis à l’abri.

 —Attention, Jack ( ça, c’est To ) le dragon nous suit ! Et il nous bombarde, cette andouille….avec des boules de feu ! Accélère, Jack !

 —Faut savoir ce que vous voulez ! Ralentis, Jack ! Accélère, Jack !

 —La cathédrale, je la vois ! Juste devant ! Dépasse-la, Jack, c’est un peu plus loin.

 Tosh lança alors

 —Ça y est ! Vous y êtes !

 Dans les haut-parleurs, des freins qui crissent, des portières qui claquent

 —Tosh, - c’était Ianto – nous sommes arrêtés devant une petite maison, un peu vieillotte, genre maison d’usine de la fin du 19ème siècle. Autour, il y a un jardin très curieux : des fleurs à profusion, des espèces que je ne connais pas, avec des couleurs très vives. Et tout autour, une sorte de halo bleuâtre, comme du brouillard, mais très léger, une impression de chaleur…

 —Attention, vous tous ! c’est la faille ! Vous êtes juste au-dessus de l’épicentre d’un pic d’activité !

 —Il faut faire vite, dans ce cas ! Ianto, Gwen, restez dans la voiture ! Moi, je vais voir  dans la maison !

 —Non, Jack ! C’est trop dangereux !

 —Trop tard, Tosh ! Il est déjà entré !

 Quelques instants de silence, puis un fracas épouvantable, un bruit de déchirure, et de nouveau le silence.

 Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi on ne me dit jamais rien, à moi ?

 —Tosh ! Tu m’entends ? La maison vient de s’écrouler et elle a littéralement disparu, comme aspirée par le sol. On ne voit rien, il y a trop de poussière…. Ianto ! Non ! N’y va pas… ! Sacré bon sang ! Il a disparu dans le nuage… C’est pas vrai !... Attends ! Ça y est, je les vois : Jack, Ianto… et ils ne sont pas seuls, ils soutiennent un homme, un vieillard apparemment.

 Ouf ! J’ai eu peur !...Aie ! Aie ! Revoilà le monstre cracheur de feu !...Mais tu ne me fais pas peur ! Je vais t’embrocher avec mon bec, je vais te déchirer avec mes griffes… Viens un peu ici te battre, grand lâche !!!.. Mais, ça alors ! Il s’est volatilisé ! Disparu !... Il a eu peur de moi ! Il s’est enfui ! Un héros ! Je suis un héros !

 En bas

 Tosh et Rhys couraient d’une cellule à l’autre : pas de sorcières, de princes charmants ou de Belle au Bois dormant. Personne ! Absolument personne ! à part la population habituelle de weevils. Tosh entra en contact avec l’Armée de l’Air dont les avions patrouillaient toujours au large. Pas de kraken en vue, le niveau de l’eau redescendait et il était maintenant proche de la normale. Même les sirènes des pompiers s’espaçaient. Manifestement, le calme revenait.

Un peu plus tard, lorsque l’équipe fut  de nouveau au complet, le vieil homme tenta de s’expliquer :

 —Je n’ai pas voulu ça ! Je ne me suis pas rendu compte de ce que j’allais provoquer. Depuis mon enfance, j’ai la tête remplie de contes et de légendes, qu’on me racontait, le soir, à la veillée. J’aimais ces personnages, même les monstres, j’aimais les voir changer d’une histoire à l’autre. Et puis, j’ai longtemps vécu seul et ils me tenaient compagnie. Il y a quelque temps, j’ai emménagé dans cette vieille bicoque et j’ai eu la bizarre impression que mes petits compagnons s’imposaient de plus en plus. C’était comme si ils vivaient avec moi ! Je me suis mis à farfouiller dans le grenier et j’ai découvert dans un vieux placard un énorme livre, plein de recettes. Au début, j’ai cru qu’il s’agissait de cuisine. Mais à y regarder de près, ce n’était pas du tout ça ! C’était un livre de sorcellerie. Moi, j’y crois pas trop, mais je suis curieux et cette nuit, je suis tombé sur un texte intitulé «  Bestiaire imaginaire à faire vivre ou revivre. » et machinalement, je l’ai lu à haute voix. Et ce matin, tous les personnages que j’avais dans la tête  se sont mis à prendre vie. Je ne savais pas que cela allait provoquer une telle catastrophe.

 —L’incantation seule n’aurait peut-être pas suffi, mais la maison était apparemment construite sur un endroit où la faille était particulièrement active. C’est sans doute la conjonction entre notre amateur de légendes, la lecture du vieux livre et la faille qui a animé nos fauteurs de trouble. Et quand on l’a rompue, la situation est redevenue normale.

 —C‘est ce que je pense également. Je crois que Tosh a bien résumé la situation. Mais que va-t-on faire de notre vieux monsieur ?

 —Oh ! Jack ! Je crois qu’il n’est pas méchant, juste un peu rêveur !

 —Pas méchant, d’accord, mais dangereux tout de même ! Tant qu’il a ces personnages dans la tête…En fait, ce qu’il faut surtout éviter, c’est l’association entre lui et la faille et ici, à Cardiff, c’est problématique. Deux solutions : le Retcon et on lui enlève tous ces personnages de la tête ou l’exil !

 Je crois qu’ils ont envoyé le vieux monsieur très loin d’ici et ils lui ont donné une occupation : un travail de recherche dans une université importante pour un professeur qui travaille sur… Attendez, j’ai retenu par cœur « Le merveilleux dans la littérature britannique de Hamlet à Harry Potter » .En tout cas, le problème est réglé. Mais personne ne m’a remercié : c’est tout de même grâce à moi que le gros monstre volant s’est enfui. C’est pas vrai ?

 En bas

 —Oh la ! Ianto, mon doux prince ! Où allez-vous ? Venez-vous faire croquer par le Grand Méchant Loup !

 Un loup ? Quel loup ? Où ça, un loup ?

 

Epilogue  Adieu, Myfawny !

Vous voyez, on n’avait pas le temps de s’ennuyer. Mais ça, c’était les jours heureux. Ensuite, les choses se sont gâtées… Le petit homme en blouse blanche s’est mis à changer, il n’agissait plus de la même façon… Il a d’abord été triste, puis il m’a semblé qu’il devenait plus gentil… Ce n’est pas le pire ! la jeune femelle, celle des images brillantes, a été attaquée sous mes yeux. Poignardée, elle s’est vidée de son sang sans que je puisse rien faire. S’il n’y avait pas eu ce maudit filet, je lui serais venu en aide ! Mais je n’ai pu que crier. C’est aussi à ce moment-là qu’a disparu la blouse blanche. Après ce jour-là, je ne l’ai pas revu. Il ne reviendra pas. Il doit être mort lui aussi, si j’en crois les trois qui restent : ils sont tristes et de l’eau leur coule sur le visage. Et moi, de les voir comme ça, cela me rend triste aussi.

Ensuite, il y a eu le jour du volcan ! Quand il y avait un volcan qui entrait en éruption chez nous, mes frères et moi, on le sentait à l’avance. Cela ne s’explique pas. C’est comme ça. Là, apparemment, ça a été la même chose. Le mâle dominant a fait sortir tout le monde, même que cela n’a pas été facile : To refusait de partir. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi Jac ne s’est pas enfui. On est resté tous les deux. Moi, évidemment, tout le monde m’a oublié !

Et là, un fracas énorme, des pierres projetées en l’air, des flammes gigantesques, le toit de la verrière qui explose, des bouts de verre qui tombent partout… Pas de doute, un volcan en éruption. J’ai eu la peur de ma vie ! Mais à travers la poussière et les fumées, j’ai vu un petit morceau de ciel et j’ai donné un bon coup d’ailes. Et là… l’air frais…La liberté…Après, je n’ai plus rien contrôlé, il me semble que j’ai été aspiré par une sorte de tourbillon…Je me suis mis à tournoyer comme un moucheron pris au piège dans une toile d’araignée et quand ça s’est calmé… Surprise ! Je me suis retrouvé chez moi, mon premier chez moi… enfin, je crois. Parce que les arbres ne sont tout-à-fait les mêmes, ceux de mon espèce sont très rares, alors qu’avant on grouillait dans le ciel et, au sol, en bas, il y a des grosses bêtes que je n’avais jamais vues. Bon, elles, ça va, elles mangent de l’herbe et des feuilles, mais il y en a d’autres, des animaux parfois plus petits, mais qu’est-ce qu’ils sont teigneux !

En bas… De temps en temps, je scrute la forêt ou la savane pour voir si je ne les aperçois pas, EUX ! Je n’ai jamais revu la femelle brune, ni Jac, ni le jeune mâle qui me donnait des bonnes choses à manger. C’est lui que je regrette le plus, lui et son chocolat

FIN

NB La production tient à préciser que pendant l’écriture de cette histoire, aucun ptérodactyle n’a été blessé ou tué.

 

 


tessa  (04.04.2010 à 16:08)

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