Pour la première fois depuis des mois, Brandon et elle étaient d'accord : à quoi bon s'obstiner à rafistoler un mariage qui battait de l'aile? Ils avaient envie tous les deux de reprendre leur liberté. Ces derniers temps, ils avaient passé leur temps à se disputer. Ils en étaiant arrivés à ne plus supporter l'idée de devoir se supporter davantage. Ce premier samedi de Mars ferait date. Ils s'étaient réconciliés pour prendre une décision mûrement réfléchie : une séparation à l'amiable.Le téléphone sonna. Kelly ne bougea pas. Brandon non plus. A la cinquième sonnerie, Kelly hurla :
- Tu pourrais répondre!
- Comme madame voudra. Et tant pis si c'est pour elle.
Il suivit le fil du téléphone, et finit par découvrir l'appareil sous un amoncellement de torchons.
- Salut Steve. Si tu nous réveilles? Mon pauvre vieux, j'aimerais bien! Mais oui j'ai tout mon temps. Raconte-moi tout ça.
L'air mauvais, Kelly finissait de trier ses affaires dans la chambre quand Brandon réapparut.
- C'était Steve. Il voulait nous inviter à dîner.
- Il choisit bien son jour!
- Comment veux-tu qu'il devine?
- Tu ne l'avais pas prévenu?
- Je n'ai pas pour habitude de raconter ma vie privée à tout le monde.
- Ah.
- Ce qui veut dire?
- Rien. Tu peux charger ces deux cartons dans le camion, si ça ne te dérange pas?
Rozah (21.09.2007 à 15:35)
Message édité : 30.06.2020 à 19:44
Dans toute la maison régnait un incroyable désordre comme si un typhon était passé ce matin. Brandon brisa le silence :
- D’accord, j’ai dit que tu pouvais emmener tout ce que tu voulais. Mais tout de même…
- Encore heureux : c’est toi qui garde la maison.
- La question n’est pas là. En ce qui concerne le salon : si tu prends le canapé, je garde les fauteuils.
- Pas question. Il a déjà l’air de pas grand-chose ce salon alors si tu le coupe en deux !...
- C’est pourtant toi qui l’a choisi, si mes souvenirs sont bons.
- Ils sont mauvais. Je n’ai jamais supporté cette horreur !
- Première nouvelle.
- Inutile d’insister, tu ne me refileras pas ce canapé. Chaque fois que je le vois, j’ai la nausée.
- Et moi j’attrape un tour de reins à chaque fois que je me pose dans un de ces fauteuils !
Une demi-heure plus tard, l’ambiance dans la cuisine était tout aussi électrique. Brandon ironisa :
- Et pour la vaisselle ? On fait aussi ça à la loyale ? Tu prends les assiettes creuses et la soupière, moi je garde la louche et les cuillères ?
- Tu sais que tu es presque drôle ?
- Mais non ma chérie : tout le monde le sais, je suis drôle.
- Ne m’appelle pas « ma chérie », s’il te plaît. Au fond tu me détestes.
- C’est interdit ? Evidemment, je te déteste. Non mais tu as vu le chantier ! Tu as vu comment tu as mis MA maison sens dessus-dessous ? Tu ne voudrais pas en plus que je te dise merci ! Tu veux connaître mon vœu le plus cher ? Dépêche-toi, qu’on en finisse !
La nuit était tombée et il pleuvait. Sur le pas de la porte, Brandon se secoua :
- Cette fois ça y est ?
- Oui. Je crois qu’on a tout chargé.
- Alors je te conseille de faire un dernier tour du propriétaire au cas où tu aurais oublié un collant, après tu es libre.
Sur le seuil de la chambre, Kelly marqua une pause. Pour la première fois de la journée, elle prenait le temps de penser à ce qui était en train de se passer. Ce qu’elle laissait ici, derrière elle, c’était six années de sa vie. Pendant six ans, c’est de cette fenêtre qu’elle avait vu le jour se lever, c’est dans les bras de Brandon qu’elle s’était réveillée. Il y avait eu des jours gris, des jours ensoleillés… Il restait des souvenirs, des souvenirs qu’elle s’entêtait en vain de vouloir rassembler. Un coup de klaxon retentit. Kelly pivota, et se retrouva face à son mari.
- Qu’est-ce qu’on dit dans ces cas là, Kelly ? Bonne chance ? Adieu ? Au revoir ?...
- Je t’en prie. On ne va pas s’attendrir.
Un autre coup de klaxon ébranla le silence.
- C’est mon chauffeur, je dois y aller. Salut Brandon
- Salut…
Deux minutes plus tard, Brandon entendit le moteur du camion rugir. Il se précipita dehors. Au volant, il reconnu sans peine le conducteur. Ces cheveux coiffés à la brosse, ce blouson de cuir : c’était Dylan. Il referma la porte. Le regard vide, il contempla les flammes de la cheminée qu’il venait d’allumer et se laissa tomber sur le maudit canapé.
Rozah (21.09.2007 à 16:44)
Message édité : 30.06.2020 à 19:45
Kelly fit un pas en arrière et contempla son nouveau chez elle. Maintenant, elle en était certaine, elle saurait s’organiser pour redémarrer sa vie, sans Brandon. Elle jeta un coup d’œil à sa montre et s’empressa dans la salle de bains. Elle finissait de souligner ses yeux d’un trait d’eye-liner quand la sonnette sonna. Donna, Brenda et Valérie ses trois meilleures amies avaient insisté pour fêter sa nouvelle installation. Un grand sourire aux lèvres, Kelly ouvrit la porte et se figea. Devant elle, costume noir et nœud papillon blanc, se tenait Brandon.
- Je suis en avance ?
Immobile, elle bloquait l’entrée, ses yeux lançaient des éclairs.
- Il ne me semble pas que tu figures sur ma liste d’invités.
- A peine deux jours que nous sommes séparés et tu attends déjà du monde ? En fait, je ne fais que passer. Je viens juste te rapporter ça.
Au rez-de-chaussée éclata un joyeux tintamarre. Les invités de Kelly faisaient une entrée fracassante.
- Dites donc, charmant cet escalier ! On dirait que la maison est de travers. dit Donna.
Brandon s’inclina galamment.
- Je crois que l’heure du départ à sonné.
Kelly se pencha sur la rampe juste à temps pour voir ses amies qui, l’air interloqué, se plaquaient au mur pour le laisser passer.
- Sauvée par le gong ? demanda Brenda. Mon frère sort d’ici ? Il te poursuit ?
- Pas du tout ! Il venait simplement m’apporter ma dernière lessive.
- Lavée et repassée, j’espère. Tiens, ajouta Valérie, on t’a apporté des fleurs et du vin.
- Super ! Bon allez, installez-vous, visitez, dites-moi ce que vous en pensez.
Dans le centre ville, Brandon contemplait les aller et venue des passants. Dans le brouhaha, il entendit quelqu’un qui l’appelait. C’était Steve accompagné de Janet.
- Qu’est-ce que tu fiches ? On a essayé d’appeler chez toi…
- J’avais envie de voir du monde, de trainer un peu.
- Ça n’a pas l’air de te réussir ! Kelly est avec toi ?
- Non et pour un bout de temps.
Steve et Janet échangèrent un regard.
- Qu’est-ce qui se passe, Brandon ? , intervin Janet
- Pas grand-chose. Kelly et moi on s’est séparés.
Steve fut le premier à réagir.
- Elle t’a plaqué ! Ce n’est pas possible !
- Elle ne m’a pas plaqué. On s’est séparés d’un commun accord.
- Si tu veux mon avis, Kelly n’était pas…
- C’est bon ! Pas la peine d’essayer de démolir Kelly, elle est sortie de ma vie.
- Excuse-moi Brandon.
- C’est rien Steve. Bon, il se fait tard et je suis crevé. A plus.
Rozah (21.09.2007 à 19:36)
Message édité : 30.06.2020 à 19:45
Kelly tentait vainement de se réveiller. C’était samedi, le soleil brillait, elle avait un millier de choses à faire et elle se sentait éreintée. Bizarre, cette fatigue qui lui collait à la peau depuis bientôt trois semaines… Un brusque coup de sonnette la tira du lit. Brandon ! Elle enfila la première chose qui lui tomba sous la main et ouvrit la porte d’un coup sec prête à lui voler dans les plumes. Elle ravala sa rogne. C’était seulement le voisin du dessous, un vieux monsieur charmant, qui lui demanda confusément si elle projetait d’aller faire des courses auquel cas il avait fait une petite liste. Kelly referma sa porte. Elle avait bien l’intention d’aller en faire, mais certainement pas le samedi. Avec la chance qu’elle avait en ce moment, dix contre un qu’elle serait encore tombée sur Brandon. Plusieurs soirs de suite, il était venu « en passant ». Pas question que cela continue ainsi. Sous prétexte d’aller glisser dans sa boîte aux lettres le courrier que la poste avait fait suivre chez elle par mégarde, elle se mit en route pour se rendre chez Brandon. La porte s’ouvrit avant même qu’elle sonne.
- De retour au bercail ?
Elle avait tout prévue sauf l’apparition d’un Brandon vêtu en tout et pour tout d’un caleçon à rayures.
- Je plaisantais évidemment. Mais puisque tu es là, entre.
- D’accord, cinq minutes. Ça suffit tu comprends. Nous ne sommes pas séparés pour nous voir presque tous les jours.
- Entièrement d’accord. D’ailleurs, à l’avenir, je te demanderai de me prévenir quand tu auras l’intention de venir me surprendre au saut du lit.
Elle se figea.
- Tu n’es pas seul ? Excuse-moi… je… je n’avais pas pensé à ça.
Il la regarda visiblement ravi de son embarras.
- Je venais simplement t’apporter ton courrier, bafouilla-t-elle. Rassure-toi cela ne se reproduira plus. Je vais reprendre mon nom de jeune fille. Ça évitera les confusions.
- J’ai toujours pensé qu’une femme devait garder son nom, mariée ou pas. Je vais m’habiller. Tu pourrais nous préparer un petit café en attendant.
Quelques minutes plus tard, Brandon réapparut.
- J’ai repensé à ce que tu disais tout à l’heure, annonça-t-il en s’asseyant. Je trouve ta réaction exagérée. Ce n’est pas parce que nous avons choisi de ne plus vivre ensemble que nous devenons des étrangers.
- J’aimerais pourtant mieux qu’on s’évite.
- Alors peut-on savoir ce que tu fais dans ma cuisine ? Si tu veux m’éviter, autant commencer tout de suite.
Elle reposa rageusement sa tasse encore pleine en en renversant la moitié. Puis elle sortit en jetant au passage un coup d’œil en direction de la chambre. Une question l’obsédait : avait-il passé la nuit seul dans son lit ? Quand elle se retrouva dehors, elle n’avait pas la réponse.
Rozah (22.09.2007 à 12:32)
Le lendemain Kelly était en train de se battre avec les mille et un cartons de l’arrière boutique lorsque Donna s’écria :
- Ma chérie, nous avons de la visite. Notre beau don juan se dirige par ici.
Kelly jeta un coup d’œil dehors. Le gérant de la boutique d’en face s’avançait, en effet, avec un gigantesque bouquet de marguerites. Depuis plusieurs semaines, Jack ne manquait pas une occasion pour essayer de la séduire et de l’inviter à dîner. Elle avait toujours refusé.
- Bonjour, tu es très en beauté. Que fais-tu ce soir ?
- Ce soir ? Pourquoi pas ? J’ai justement un trou dans mon emploi du temps.
- Parfait. Vingt heures, au Pich Pitt ?
Après un excellent repas, Jack insista pour arroser cette première soirée d’un magnum de champagne. Sous son regard, Kelly s’épanouissait. Il y avait des années qu’elle ne s’était pas sentie si séduisante.
- Contente ? demanda Jack, en effleurant sa nuque du bout des doigts. Elle éclata de rire.
- J’ai l’impression de revivre.
Mais plus le temps passait, plus Kelly avait l’impression ne pas être à sa place d’autant plus que Jack n’arrêtait pas de faire des sous-entendus. Après un discret bâillement, elle lui demanda de la raccompagner.
- Peut-être est-ce encore trop tôt ?
- Trop tôt ?
- Pour faire une place à un autre homme…
Elle éclata de rire. Les insinuations de ce pauvre Jack étaient tellement évidentes.
- Tu sais, si nous sommes séparés, Brandon et moi, c’est parce que nous voulions retrouver notre liberté.
- Dans ce cas je ne comprends pas.
Elle eut brusquement envie d’être blessante.
- Pour moi la liberté, c’est aussi la possibilité de dire non.
Quand il gara la voiture devant chez elle, il risqua une dernière tentative.
- Tu es si belle, murmura-t-il, en l’attirant dans ses bras.
- Désolée, Jack, tu ne m’auras pas comme ça ! dit-elle dans un éclat de rire.
- Même pas un petit baiser ?
- La prochaine fois, peut-être. Merci pour cette soirée.
Il la regarda disparaître sans un sourire et claqua la portière.
Rozah (23.09.2007 à 20:24)
- Brandon, Brandon… soupira Valérie. Toujours Brandon ! Pour une fois, tu ne pourrais pas changer de sujet ?
Kelly lui avait donné rendez-vous au Peach Pitt pour déjeuner. Le soleil brillait et elles s’étaient installées près des fenêtres pour profiter de cet avant-goût d’été.
- C’est vrai, reprit Valérie. Chaque fois qu’on se voit, c’est la même rengaine. Il te manque donc tellement ?
- Au contraire : c’est la décision la plus sage de toute notre vie.
- Pour lui, je ne sais pas. Mais pour toi… Tu as vu ta tête ?
Kelly eut un petit rire étranglé. Elle était très pâle, les yeux cernés.
- A toi je peux bien le dire, confia-t-elle : je suis à bout ! J’ai beau jouer la comédie, crier sur les toits que tout va bien, je n’en peux plus.
- Eh bien, rentre chez toi. Va le retrouver !
- Certainement pas !
- Qu’est ce que tu veux, alors ?
- Qu’il me laisse tranquille ! J’en arrive à hésiter à sortir de chez moi. Il semble prendre un malin plaisir à se trouver partout où je passe.
- Tu veux un conseil ? Indifférence. Indifférence totale. Quand il verra que ça ne marche pas, il n’insistera pas. Et avec ton don juan, tu en es où ?
- Jack ? Il me téléphone de temps en temps, m’invite régulièrement, me couvre de fleurs, de billets doux…
- Et alors ?
- Et alors, tu veux savoir ce que ça donne ? Rien du tout. Il est extrêmement gentil, mais il manque quelque chose, ce petit plus qui… De toute façon, je ne suis pas prête pour une nouvelle relation.
Elles finir leur repas et se quittèrent en se promettant de remettre ça très rapidement. Kelly rejoignait sa voiture quand elle vit Brandon sur le trottoir d’en face. Immobile, les cheveux en bataille, barbe de trois jours. Kelly nota qu’il portait son t-shirt noir "fétiche" comme il l’appelait. Et puis, elle ne vit plus rien d’autre que cette fille, superbe, cette blonde magnifique qui, le prenait par le bras, l’entraînait vers le parking en lui faisant des yeux doux. Sans perdre une seconde, Kelly pivota, monta dans sa voiture et frôla la catastrophe dans un démarrage sur les chapeaux de roues.
Rozah (20.10.2007 à 18:13)
L’appartement était plongé dans un profond silence. Allongée sur son lit, Kelly essayait d’y voir clair dans la tourmente qui la traversait. Elle avait aperçu Brandon en compagnie d’une très jolie blonde. Et alors ? Il avait l’air en pleine forme… Et alors ? Tant mieux pour lui ! Le téléphone sonna. C’était Donna.
- Non, écoute, je n’ai pas très envie de sortir ce soir… Oui, je vais rester tranquillement ici pour une fois. C'est ça, je vais grignoter. J’ai tout ce qu’il faut… Je ne sais pas moi, des boîtes…Elle raccrocha, reprit place sur le lit et replongea dans ses réflexions amères. Brandon et elle étaient séparés. Ils avaient voulu reprendre leur liberté. S’il sortait avec une autre, ça ne la regardait pas. Il s’agissait d’une simple blessure d’amour-propre. Elle ne pu s’empêcher de sourire en faisant cette constatation. Au fond, elle aurait bien aimé que Brandon ne survive pas à leur séparation, qu’il ne surmonte pas l’épreuve, qu’il se jette à ses pieds. Elle aurait alors eu l’immense plaisir de pouvoir lui dire NON. Elle se leva d’un bond, feuilleta le programme de la télé et finit par mettre une chaîne au hasard.
A la sortie du cinéma, Brandon avait invité Brooke au Peach Pitt pour discuter du film qu’il l’avait emmenée voir. La belle stagiaire ne le quittait pas des yeux. C’était une journaliste débutante et elle avait choisi le journal de Steve et Brandon pour se perfectionner avant de se lancer seule dans l’arène.
- Je suis vraiment heureux qu’ils aient décidé d’organiser ce festival. Ce réalisateur est vraiment génial.
- Tu n’avais pas encore eu l’occasion de voir l’un de ses films ?
- C’est un peu compliqué. Je ne sais pas pourquoi, je faisais un blocage. Je crois que c’était comme une sorte de jalousie. Je ne supportais tout simplement pas que ma femme soit émue aux larmes par l’humour de ce type.
Brooke n’écoutait plus. Elle défit les deux premiers boutons de son chemisier. Peine perdue, aucune réaction. Maintenant au moins, elle était fixée. Inutile de perdre son temps. Brandon, était habité par un fantôme, et avec ce genre de rivale la lutte était trop inégale. Elle posa la main sur la sienne.
- Tu m’excuses, Brandon, j’ai envie de rentrer chez moi.
Kelly allait et venait dans la cuisine, sortant tout ce qu’il fallait pour se préparer un plateau qu’elle avait l’intention d’aller grignoter dans son salon. La sonnerie du téléphone la fit sursauter.
- Oui ? fit-elle d’un ton où perçait sa mauvaise humeur.
- J’espère que je ne te dérange pas… - Encore toi ! Qu’est ce que tu veux, Brandon ?
- Tu n’as pas l’air dans ton meilleur jour. Dis-moi, commença-t-il, je t’ai aperçu à la sortie du journal tout à l’heure…
- J’espère que ça ne t’a pas créé d’ennuis avec ta blonde, coupa-t-elle. - Ma blonde ? Oh ! Brooke. C’est une stagiaire qui…
- Je m’en fiche, Brandon. Je ne te demande pas de me rendre des comptes. - Ma parole, mais tues jalouse !
- Tu aimerais bien ! Désolée, tu te trompes. Tu ferais mieux de me dire pourquoi tu m’appelais.
- Eh bien voilà : on est invités chez Andréa et Jesse le week-end prochain. Pour l’anniversaire de Rebecca, et …
- Ta filleule ?
- Je te rappelle que c’est aussi la tienne.
Un flot de souvenirs submergea Kelly. Des souvenirs semblables à ceux qu’elle s’évertuait à écarter de sa mémoire depuis plus d’un mois. Rebecca, la deuxième fille du couple Vasquez, ils l’avaient tenue tous les deux lors du baptême quinze jours après leur mariage.
- Kelly ? Tu es toujours là ?
- Oui.
- Alors ? Qu’est-ce que je réponds à Andréa ? Elle peut compter sur toi ?
- Tu lui as dit que… enfin qu’on…
- Que nous sommes séparés ? Oui. Tu connais Andréa. Elle nous veut tous les deux. Alors c’est oui ?
Kelly s’entendit répondre un « si tu veux » tout tremblant de larmes…
Rozah (23.11.2007 à 19:40)
Kelly avait décidé de prendre le train et c’est Jesse qui était venu la récupérer à la gare. Arrivée à destination, elle s’aperçu qu’Andréa avait réuni tous ses amis. Le repas se déroula dans la bonne humeur la plus totale. Il était 15 heures et Steve s’était levé pour entamer une chansonnette. Kelly se leva dans l’intention de s’esquiver discrètement.
- Une chanson ! Une chanson ! Allez, Kelly, une chanson !
Elle se retourna en riant.
- Pas encore. Je vais simplement voir si je peux aider Andréa à la cuisine.
Valérie, Claire et Brenda l’avaient déjà précédée. Un silence gêné accueillit Kelly. Dix contre un qu’elles étaient en train de parler d’elle et de Brandon.
- Alors, ma petite Kelly, tu as vu comme la maternité va bien à ma petite fille ? Et toi, toujours rien ?
- Grand-mère ! Intervint Andréa.
Mais Madame Zuckerman fit semblant de ne rien entendre.
- C’est exactement ce qu’il vous faudrait, à toi et à Brandon. Un enfant à aimer. Un petit garçon ou une petite fille qui vous rapprocherait et…
Kelly l’interrompit en riant.
- Je vois déjà la scène. On pourrait installer le berceau à mi-chemin de nos 2 résidences. A moins que Brandon ne prenne le bébé les jours pairs et moi les jours impairs ?
Il y eut un silence. Claire finit par secouer la tête.
- Mais enfin, c’est ridicule ! Cette brouille ne va pas durer. Tous les couples connaissent des moments difficiles mais…
- … cela ne regarde qu’eux, conclut Brandon en déposant sur la table une pile d’assiettes sales. Kelly, tu viens ? Tout le monde attend le dessert.
Le moment crucial était enfin arrivé. C’était une sorte de tour à six étages de couleurs différentes, festonnés de crème au beurre et de fleurs en pâte d’amande.
- Un, deux, trois ! crièrent les invités ensemble.
Rebecca, dans les bras de sa mère, souffla au milieu des hourrahs. La distribution pouvait commencer. Au bout de la table, Brandon remplissait les coupes de champagne. Kelly se retrouva en train de couper la tour en parts qui se voulaient égales, tandis que Rebecca déballait ses cadeaux, en commençant par celui de Brandon.
- Des roller-skates ! Merci parrain !
- Et ça tu as vu ? demanda son père qui n’avait pas résisté à la tentation de l’aider à défaire ses paquets.
- Des… roller-skates ! Oh, merci marraine !
D’un bout à l’autre de la table, Kelly et Brandon relevèrent la tête, et éclatèrent de rire.
Rozah (02.03.2008 à 21:09)
La nuit tombait. Derrière la maison, un petit chemin grimpait vers le plateau. Après un instant d’hésitation, Kelly décida de tenter l’ascension. L’air vif et la marche lui fouettaient le sang. C’était si bon de se retrouver ici. Si bon aussi de se retrouver toute seule. Toute la journée, elle avait fui Brandon, évité son regard. Elle atteignait le haut du chemin quand le bruit d’une respiration derrière elle la fit se retourner d’un bloc. Son cœur cessa de battre. Cette silhouette qui montait d’un pas sûr… Elle se jeta impulsivement à l’abri des arbres et attendit que le promeneur la dépasse.
- Kelly, tu es là ?
Faisant demi-tour, elle dévala la pente.
- Kelly ! hurlait Brandon. Attends ! J’ai quelque chose à te dire…
Elle accéléra l’allure tandis que derrière elle, il s’époumonait.
- Comme tu voudras. Tu ne perds rien pour attendre !
Brandon fit irruption dans la cuisine, où Mme Zuckermann et Jesse finissaient de nettoyer.
- Vous n’avez pas vu Kelly ?
- Kelly ? Tu devrais demander à Andréa. Je les ai vues parler ensemble il y a juste un moment.
- Et je la trouve où Andréa ?
- Au premier, elle finit de préparer les chambres.
Brandon se rua dans l’escalier.
- Tu viens m’aider ? dit Andréa en se redressant.
- Si tu veux, dit-il en commençant à tirer les draps. Tu sais où est Kelly ?
- Elle vient juste de partir.
- Comment ça ?
- Elle a finalement décidé de ne pas rester tout le week-end mais de rentrer par le train de ce soir.
Il sortit en trombe. Andréa le suivit, interloquée.
- Qu’est ce que tu fabriques, Brandon ?
- Je t’embrasse, et je file. Salut, à la prochaine.
- Mais enfin, qu’est ce qui se passe ?
En haut des marches, il marqua un temps d’arrêt.
- Une catastrophe, répondit-il avec son plus grand sourire. La pire qu’il pouvait m’arriver. Je suis amoureux. Je suis toujours amoureux de Kelly !
- Alors qu’est ce que tu attends ! Fonce !
Dans l’entrée, au passage, il souleva Rebecca dans ses bras et s’esquiva sur un « Joyeux anniversaire ! » tonitruant.
Sa voiture démarra dans un rugissement et il se lança à cent à l’heure dans le premier tournant. Il repéra sa silhouette dans le faisceau des phares. Son sac en bandoulière, Kelly avançait d’un bon pas. A l’approche de la voiture, elle se rangea prudemment sur le bas-côté. Brandon ralentit, baissa la vitre.
- Excusez-moi, mademoiselle. Je peux vous déposer quelque part ?
Rozah (06.03.2008 à 20:08)
Brandon conduisait en clignant des yeux. A ses côtés, Kelly avait la tête renversée en arrière, les jambes étendues devant elle.
- Je peux vous déposer quelque part ? avait demandé Brandon.
- Non, merci. J’aime la marche.
- Il fait noir et je ne trouve pas ça très prudent. Allez, je te fais un bout de chemin jusqu’à la gare.
Dix minutes plus tard, elle l’agrippait par la manche.
- La gare, c’était à gauche, Brandon.
- Je sais, mademoiselle. Mais ceci est un enlèvement.
- Ça suffit ! Laisse-moi descendre !
- Jamais de la vie !
Il paraissait tellement décidé qu’elle s’était résignée. Elle soupira.
- Qu’est-ce que tu veux, exactement ?
- Qu’on fasse route ensemble.
- D’accord. A une condition : que le voyage se déroule en tout bien tout honneur.
Les kilomètres défilaient. Les paupières closes, Kelly se laissait bercer par le ronronnement du moteur. Un brusque coup de volant, assorti d’un coup de frein un peu brutal, la tira de sa rêverie. Elle se redressa en sursaut.
- Qu’est-ce que c’est ? On est en panne ?
- On se connaît depuis trop longtemps pour que je te fasse ce coup là. Je suis fatigué, voilà tout. Je propose qu’on passe la nuit ici.
- Cela n’a pas l’air très accueillant.
- Tu peux conduire, si tu préfères.
- Moi aussi je suis fatiguée.
Ils s’engouffrèrent en courant sous le porche.
- Une chambre ? demanda l’hôtelier.
Kelly réprima l’envie d’en demander deux. Elle ne se sentait pas d’humeur à parlementer avec Brandon. D’ailleurs, le bonhomme les précédait déjà.
- Si vous voulez bien me suivre…
La chambre était vaste. Le lit, énorme, trônait au centre.
- Tu préfères quel côté ? demanda Kelly
. - Peu importe, pourvu que ce soit celui de ton meilleur profil.
Immobile, il lui tendait les bras.
- Je… je ne comprends pas…
- Dépêche-toi, sinon je me jette sur toi et je te dévore vivante.
- Mais tu n’avais qu’une hâte…
- Me glisser au lit, oui. Avec toi. Viens, il y a trop longtemps que j’attends.
- Je me disais bien que cette invitation n’était pas innocente. J’aurais dû me douter…
Sans lui laisser le temps de terminer, il la prit dans ses bras et étouffa ses protestations d’un baiser passionné.
- Non, Brandon. Arrête ! Je vais… balbutia Kelly. Je vais crier.
Il resserra son étreinte.
- J’espère bien.
Kelly se sentit submergée de souvenirs. Leur premier rendez-vous, leurs premières étreintes, ces moments où ni l’un ni l’autre n’osait se déclarer. Tout lui revenait d’un coup. Tous ces souvenirs qu’elle avait essayé en vain de tenir à l’écart depuis qu’ils étaient séparés et qu’elle s’évertuait à nier, comme si annuler le passé lui permettrait d’envisager le futur. Un futur où Brandon n’avait pas sa place.
Renversée dans ses bras, elle cessa de lutter. Il la renversait sur le lit quand, d’une main hésitante, elle le repoussa.
- Brandon, j’ai bien peur qu’on soit en train de faire une bêtise.
- Eh bien, il n’y a rien de meilleur que cette bêtise là.
Rozah (10.03.2008 à 20:42)
