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Possession

Série : Torchwood
Création : 24.06.2010 à 16h11
Auteur : tessa 
Statut : Terminée

« Les personnages ne m'appartiennent pas: ils sont la propriété de la BBC. L'action pourrait se situer après les premiers épisodes de la saison 2: l'équipe est confrontée à des entités ex » tessa 

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Possession

 

Cardiff 5 Mai

Il faisait exceptionnellement  beau et doux. Le soir venait de tomber et les promeneurs étaient encore nombreux sur la jetée, profitant des dernières lueurs du jour qui s’accrochaient aux vagues pour transformer la mer en une vaste étendue de diamants scintillants. Les arbres étaient en fleurs et l’air embaumait. Les oiseaux gazouillaient et les badauds s’interpellaient en riant. Bref, c’était le printemps… Gwen, Tosh et Owen longeaient les quais pour rejoindre le Mur d’eau devant le Millenium Center et ils contemplaient la foule avec un sourire complice. Pour une fois, ils revenaient d’une mission facile qui les avait amenés à Jersey – une histoire de fantômes complètement farfelue – et ils avaient pu profiter des beautés de l’ile, pas uniquement des beautés naturelles, dans le cas d’Owen, mais également de toutes les activités mises à disposition des touristes.

Gwen avait été ravie de passer ces deux jours loin de Rhys. Bien sûr, elle l’aimait profondément et sincèrement, mais, de nature indépendante, elle regrettait parfois sa liberté. Tosh était également fort satisfaite de ces deux jours loin du Hub, deux jours avec Owen. C’est vrai qu’il n’avait pas fait grand cas d’elle mais elle se contentait de peu : un sourire, une approbation, une petite attention, même un petit mot perfide, pourvu qu’il fasse attention à elle. Owen était content lui aussi. Il avait espéré renouer avec Gwen, mais ses espoirs avaient été déçus. Cependant, en l’absence de Jack, il avait pu jouer les chefs, les protecteurs, bref épater la galerie (Ah ! le regard admiratif des policiers locaux, sauf Bergerac. Plus malin que les autres, celui-là !) et il adorait cela.

 Ils revenaient donc au Hub et devisaient tout en marchant. Tout y passa : les premières semaines de la vie en commun de Gwen et Rhys en tant que mari et femme (Gwen avait tendance à penser que le mariage pouvait se révéler un fardeau, Rhys la considérant désormais un peu comme sa propriété ) ; les problèmes informatiques de Tosh, mais elle ne s’étendit pas sur le sujet devant les regards d’incompréhension des deux autres ; les frasques amoureuses d’Owen et ses folles virées nocturnes, c’était lui qui parlait le plus, même si Tosh se raidissait chaque fois qu’Owen ajoutait une nouvelle conquête à son tableau de chasse.

 Mais le sujet de conversation qui les passionnait vraiment, c’était les relations entre Jack et Ianto et leur évolution. Ils avaient tous remarqué la complicité entre les deux hommes, les petites attentions de Ianto pour Jack (la plus belle tasse de café, la plus grosse part de gâteau… Ça ne trompe pas, ça ! pensait Owen qui était gourmand comme un chat), les petits gestes de Jack : des frôlements, des sourires complices, des regards peu équivoques, des allusions même pas déguisées qui faisaient rougir le pauvre jeune homme. En outre, tout semblait indiquer que Ianto passait la plupart de ses nuits au Hub : personne ne le voyait arriver le matin, ni repartir le soir. Il ne faisait guère de doute pour les trois jeunes gens qu’entre ces deux là, il y avait davantage qu’une simple amitié.

— Je ne comprends pas, disait Owen. Qu’est-ce que Jack peut bien lui trouver ? Après tout, au départ, il n’était guère qu’une espèce de majordome.

— Quelle mauvaise foi ! Répartit Tosh, très attachée à Ianto. Des majordomes qui paient autant de leur personne…

Elle fut interrompue par le fou rire des deux autres.

— Ça, dit Owen, pour payer de sa personne, c’est indubitable…

Tosh leva les yeux au ciel

— Vous interprétez tout mal. Au début, peut-être qu’il n’était qu’un simple employé, comme tu dis, Owen, pas vraiment un membre de l’équipe, mais ensuite, il nous a bien aidés dans nos missions ! Il n’a pas peur de se salir et il nous a tirés plus d’une fois d’un mauvais pas.

— Oui, peut-être, consentit à admettre Owen, mais de là à l’apprécier comme Jack le fait…

Tosh n’était pas disposée à céder devant Owen

— Et bien, je dirai qu’il est efficace, discret, loyal, intelligent et qu’en plus, il est vraiment séduisant : très chic toujours, mais un petit côté toujours un peu triste, un peu fragile. Il est vraiment craquant.

— Bon ! Bon ! J’ai compris ! Allons retrouver ce parangon de vertus déguisé en Don Juan.

Et c’est en riant qu’ils se retrouvèrent devant l’entrée du Hub, assez satisfaits d’eux-mêmes et de la vie en général et baignant dans une douce euphorie. C’est avec plaisir qu’ils poussèrent la porte blindée pour retrouver leur univers. Les coups de feu les clouèrent sur place, des claquements secs, sinistres et terriblement définitifs.

— Jack ! Ianto ! Où êtes-vous ? Que se passe-t-il ?

D’abord, ils ne virent personne, personne dans le bureau de Jack, personne près des postes de travail, personne dans la salle de soins, personne à la morgue. C’est  dans la salle des archives qu’ils découvrirent l’inimaginable : Jack, baignant dans son sang coulant de différentes blessures à la tête et à la poitrine. Le plus affreux était le rictus de terreur qui déformait ses traits. Debout au-dessus de lui, le visage inondé de larmes, mais déterminé, Ianto… Ianto qui tenait le révolver encore fumant à la main, Ianto qui venait d’abattre son patron, son amant.

— Qu’est-ce que tu as fait, Nom de D… ? hurla Owen, hors de lui. Tu es devenu fou ?

Tosh se précipita sur le corps de Jack, guettant les signes de son réveil.

— Jack ! Réveille-toi ! Ne nous laisse pas ! Jack !

Et elle se mit à secouer le corps de Jack. Ianto se jeta sur elle et l’interrompit plutôt brutalement

— Laisse-le ! Tais-toi surtout ! Il est bel et bien mort ! Rien ne peut le ramener à la vie ! Tu entends, Tosh ? Il est mort ! J’ai fait ce qu’il faut !

Gwen avait sorti son arme et d’une main ferme, elle la braquait sur Ianto

— Jette ton arme ! Et maintenant tu recules ! Doucement ! Pas de gestes brusques !

 Lorsque le jeune homme fut acculé à la paroi, d’une voix dure, elle lui jeta

— A genoux, maintenant ! Les mains sur la tête ! Et si tu fais mine de bouger, je t’abats sur le champ !

Tosh se lamentait :

— Il ne revient pas à lui ! On dirait que… Oh, Jack ! Ce n’est pas possible ! Pas maintenant !

Owen intervint alors, en essayant de contrôler sa rage pour ne pas frapper le jeune homme

— Et maintenant, Coffee boy, tu as intérêt à expliquer pourquoi tu as fait ça !


tessa  (24.06.2010 à 16:18)

Deux jours plus tôt : Cardiff  le 3 Mai.

 

  Pendant que le reste de l’équipe était en mission à Jersey (rien de grave à vrai dire, une maison soi-disant hantée, en réalité infestée de parasites), Jack et Ianto profitaient de leur solitude à deux. En plus, la faille semblait remarquablement tranquille et, sur les ordinateurs, aucune trace d’une activité quelconque. Et donc les pauses coquines avaient tendance à se prolonger. Cette fois, c’était la serre qui avait été le cadre de leurs ébats. Les plantes tropicales qui y poussaient et les oiseaux exotiques qui y nichaient avaient été rarement témoins d’un tel déchainement de passion.

 Malgré tout, il fallait rester aux aguets et les deux hommes étaient retournés à des activités plus banales. Jack lisait et signait des rapports en soupirant (il avait horreur de la paperasse !) et Ianto, entre deux cafés et deux câlins, fourrageait dans les archives, son occupation favorite lorsque la faille – ou Jack – le lui permettait. Il feuilletait de vieux rapports, datant de plus de cinquante ans et, par hasard, il dénicha des photos anciennes, aux couleurs un peu passées. Il se pencha sur elles ; il aimait en effet ces témoignages d’un passé pas si ancien que cela, cherchant à reconnaitre des époques, des lieux, peut-être des visages.

 Il regarda de plus près : sur certaines photos, il lui semblait reconnaitre Jack, mais sans en être entièrement sûr. Il se débrouillait apparemment pour que son image n’apparaisse jamais très nette. Autour de lui, quelques hommes assez jeunes et une jeune fille brune à queue de cheval, assez jolie visiblement. Tous souriaient à l’objectif, mais d’un sourire sans joie, comme si un danger planait sur eux. De plus en plus curieux, Ianto prit une loupe pour examiner les détails des clichés : la plupart avait été pris  sur les quais de Cardiff, que Ianto eut du mal à reconnaitre tant ils avaient changé en quelques dizaines d’années ; une ou deux avaient pour cadre un endroit que Ianto ne put identifier : un relief plutôt escarpé assez inhabituel dans la région de Cardiff. En fait, ce n’était pas tellement le paysage qui intéressait le jeune homme, mais l’équipe qu’il avait sous les yeux. Il soupçonnait, en effet, qu’il s’agissait d’anciens de Torchwood, depuis longtemps décédés probablement. Il décida donc de montrer sa trouvaille à Jack, qui accueillit cette pause dans son pensum comme une bénédiction.

A la première question de Ianto : « était-il sur la photo ? », il répondit par l’affirmative. Puis il continua d’égrener les souvenirs

— Oui ! il s’agit bien des anciens de Torchwood ! Cette photo que tu tiens a été prise en 1954. C’était au retour d’une mission pas très réussie en Galles du Nord, si je me souviens bien… enfin, c’est sans intérêt…

— Tu te rappelles d’eux ? Enfin, je veux dire, tu te rappelles bien d’eux ?

Ianto mit volontairement l’accent sur « bien »

— Je crois, oui ! Celui-ci est Dan, un Londonien, répondit Jack en désignant un petit brun à l’air énervé, ancien pilote de chasse pendant la guerre, une sorte de kamikaze, toujours prêt à l’action, mais pas à réfléchir. Plutôt sympathique au demeurant !

— Et lui ? demanda Ianto en montrant du doigt, un grand jeune homme blond et mince à la mine intelligente.

— Lui, c’est Owen ! Ne ris pas, Ianto ! Rien à voir avec notre médecin. Il était notre spécialiste en communications. Tosh au masculin en quelque sorte ! Gentil, très gentil !

Ianto fronça les sourcils

— Gentil jusqu’à quel point ?

Jack éluda la question en faisant glisser son doigt sur la photo jusqu’à la grande femme brune

— Elle, c’était notre médecin, Jennifer, mais elle et moi, nous ne nous entendions pas bien. Elle ne comprenait pas pourquoi mes blessures guérissaient si vite. Cela l’énervait et lui faisait un peu peur. Pour elle, je n’étais pas vraiment normal.

— Personne n’était au courant pour toi ?

— Non ! Pas à cette époque ! Mais certains étaient très intrigués par mon passé !

— Lui, par exemple ? le dernier à droite avec le foulard autour du cou, c’était le chef, non ?

— Bien vu, Ianto ! Jeremy Nelson, un excellent meneur d’hommes et toujours affublé de ce foulard. Il en changeait tous les jours et on avait fait un jeu : quelle couleur aujourd’hui ? Mais en réalité, on ne le connaissait pas bien, même si on le respectait beaucoup. Mais, à la fin, il avait beaucoup changé.

— Tu sais ce qu’ils sont devenus ?

— Tous morts, et dans des conditions mystérieuses, les uns derrière les autres. Sauf un : Jeremy Nelson. Lui, il a disparu, sans explications, du jour au lendemain, peu de temps, d’ailleurs, après que cette photo ait été prise… Je n’ai jamais retrouvé sa trace… Mais, il est vrai que je n’ai pas cherché très longtemps….D’autres problèmes…

Ianto écoutait, les sourcils froncés, la tête un peu basse, avec un air préoccupé sur le visage. Jack s’aperçut de son trouble et voulut en connaitre les raisons.

— Et bien, qu’as-tu ? Tu n’as rien à redouter d’eux ! Tu n’es tout de même pas jaloux rétrospectivement ?

— Non, ce n’est pas ça ! Pas uniquement, je veux dire !

— Cela signifie ?

— Je me demande ce qu’était pour toi cet Owen ? Mais ce n’est pas ce qui me préoccupe le plus… je suis en train de me dire… dans cinquante ou soixante ans, peut-être que tu regarderas de vieilles photos, des photos de nous tous, et tu diras à quelqu’un d’autre « Oui ! Le grand brun ? Je l’ai assez bien connu ! Il faisait un super café ! »

— Oh ! Oh ! Mais d’où te viennent ces idées morbides ? Qui te dit que dans cinquante ans, tu ne seras pas encore là ?

— Possible, mais dans quel état ? En fauteuil roulant ?

— Ou alors tu en auras eu assez de moi et tu m’auras quitté pour une petite femme et de superbes enfants.

Ianto allait réagir assez violemment à cette hypothèse, lorsque le signal d’alarme relié aux ordinateurs surveillant la faille s’activa, faisant sursauter les deux hommes.

— Ianto ! Aux ordinateurs, vite ! Où y-a-t-il danger ?

— Difficile à dire ! Pas à Cardiff, en tout cas ! Ici, la faille semble calme ! C’est autre chose, ailleurs ! Cela ressemble beaucoup aux manifestations de notre faille, mais c’est beaucoup plus lointain, très au Nord d’ici !

— Très au Nord ? C’est-à-dire ?

— Je dirai en Galles du Nord. Je ne connais pas bien, mais d’après les relevés que nous avons sous les yeux, cela se passerait assez loin du littoral dans une région plutôt montagneuse. Une région qui ne nous a jamais posé de problèmes jusqu’à présent.

— Pas dans un passé récent, répondit Jack d’un air légèrement soucieux. Mais dans le temps, si ! Où est-ce exactement ? Ce n’est pas dans la région du Snowdon, par hasard ?

— Je crois bien, oui ! Cela pose problème ?

— Je ne pense pas, mais sait-on jamais ! Et si nous y allions demain ?

— Tu n’y penses pas, Jack ! On ne peut pas laisser le Hub sans surveillance ! Que se passerait-il s’il y a une autre alerte ? Si la faille se réactive ?... Et puis, qui va nourrir Myfawny ? Et les weevils ?... Et puis, je déteste la campagne, les grandes virées en voiture !

Jack se mit à rire :

— Premièrement, cela fait plusieurs jours qu’il n’y a pas eu d’alerte ici, on peut supposer qu’on est dans une période de calme ! Deuxièmement, on ne sera pas absent très longtemps : le Snowdon n’est pas très loin d’ici, grosso modo deux cents kilomètres. Tu doubles les rations, deux tablettes de chocolat pour ton moineau… Cela devrait suffire. Troisièmement, tu adores la campagne, mais tu as la trouille.

— Peur ? Moi ?

— Et oui, toi ! Depuis l’histoire des cannibales, tu as du mal à t’éloigner de ton béton et, en plus, tu as peur que je conduise trop vite sur des routes escarpées et que j’abime ton précieux véhicule !

— Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre !... c’est d’accord, mais c’est moi qui conduis…

— Si tu veux !

Puis se rapprochant de Ianto, il lui chuchota à l’oreille

— je suis sûr que tu ne le regretteras pas ! Je suis déjà allé là-bas, c’est très joli, un peu sauvage, très désert et donc discret. L’herbe est verte et moelleuse en cette saison et il y a beaucoup de haies… De l’herbe, des haies ! Réfléchis à ce qu’on pourrait faire !

Le sourire de Jack était tout, sauf innocent. Ianto leva les yeux au ciel, jouant les outragés, mais au fond de lui, ravi de l’escapade.


tessa  (30.06.2010 à 15:42)

 

Le Snowdon  le 4 Mai

 

Quelques préparatifs et une nuit agitée plus tard, aux aurores, les deux hommes prenaient la route, Ianto au volant comme promis. Mais ils n’étaient pas encore sortis de Cardiff qu’ils se chamaillaient déjà. Le dilemme concernait le trajet à emprunter. En effet, Jack se sentait d’humeur vagabonde et il proposa :

— Et si on passait par le littoral pour atteindre le Nord ?

— Tu n’y penses pas sérieusement, cela rallonge considérablement le chemin !

— C’est vrai, mais les paysages sont magnifiques. La côte Sud avant Swansea est bordée de plages superbes. La péninsule de Gower, tu y es déjà allé ? Non ! Et bien, c’est le moment. Et puis, il y a quelque chose que je tiens absolument à voir : c’est Portmerion. Je sais que c’est très au Nord, mais cela doit valoir le coup d’œil ! J’aimerais voir le Village en vrai.

Devant l’incompréhension de Ianto, il s’étonna :

— Tu n’as jamais vu la série « Le prisonnier »  avec Patrick mac Goohan ? Le numéro 6 ? « Je ne suis pas un numéro » ? Non !?

— Cela ne me dit rien. De toute façon, il est plus raisonnable d’aller au plus court. Je crois que les signaux que nous transmet le Hub s’affolent un peu !

— C’est ma foi vraie ! Donc cap au Nord ! On passe par l’intérieur des terres mais on a quatre bonnes heures de route devant nous ! Et pas d’autoroutes !

— Je te propose de passer par la vallée de la Rhonda – ça, on connait déjà – puis Blaenavon, on contourne le parc naturel  de Brecon Beacon et tout droit ensuite vers le Mont Snowdon.

— Parfait, répondit Jack. Mais comment aborder le massif ? C’est pas une taupinière !

— D’après le guide que j’ai téléchargé avant de partir, deux solutions : soit on va jusqu’à Llanberis et on prend le train à crémaillères pour le sommet soit on prend un des sentiers de randonnée et on grimpe.

— D’accord ! Cela explique la tenue !

Ianto avait, en effet, troqué le costume pour un jean et un gros pull et ses chaussures fines par de solides chaussures de marche.

— De toutes façons, reprit Jack, tout dépendra du signal que nous recevrons.

— J’espère que nous ne serons pas obligés de passer par des endroits très escarpés. J’ai oublié ma panoplie d’alpiniste ! Passer par le Sud ou par l’Ouest est, d’après le guide, plus facile : le terrain est moins abrupt.

Quatre heures plus tard, ils arrivaient aux premiers contreforts de la montagne.

— Aie ! fit Ianto, c’est plus haut et plus grand que je ne le pensais.

— Oh ! À peine 1095 mètres ! Mais c’est surtout grand ! Par où commencer ?

— J’ai bien une idée, mais…

— Dis toujours !

— Au lieu de s’esquinter à grimper, peut-être pour rien, je propose que nous allions à Llanberis : là, on prend le train à crémaillères et on arrive au sommet sans effort. Et de là, avec nos joujoux électroniques, on localise à peu près l’endroit qui nous intéresse et on descend… C’est moins fatigant, non ? Et plus efficace ?

— Pas bête ton idée. D’autant plus qu’au sommet, il y a un café !

— Comment tu sais ça, toi ?

Jack se moqua :

— Et les panneaux au bord de la route ? C’est au moins la dixième pub que je vois !

Ce qui fut dit fut fait. La montée en train leur coupa le souffle. Petite montagne certes, par son altitude, mais grande par ses paysages, des flancs très escarpés, des falaises rocheuses dignes des Alpes ou des Pyrénées. D’ailleurs, le guide qui vociférait dans le micro n’arrêtait pas de le crier au grand dam des deux hommes qui auraient bien voulu profiter du panorama dans le calme. Mais il leur fallut subir l’histoire du célèbre alpiniste Sir Edmund Hilary, le premier à avoir vaincu l’Everest et qui s’était entrainé dans ce but sur les pentes du Snowdon ! Finalement, le train les amena pratiquement jusqu’au sommet. Quelques instants pour jouir de la vue : il faisait exceptionnellement beau et du sommet, on voyait l’Ecosse, l’Angleterre et l’Irlande !

 Quelques minutes pour savourer un café bien chaud et quelques friandises ! Puis, les deux hommes se mirent au travail : un peu à l’écart des touristes pour ne pas les intriguer avec leurs gadgets sophistiqués. Mais étant donné la quantité de caméras, d’appareils photo en tous genres, cette précaution était inutile. Personne ne fit attention à eux. En tout cas, le signal capté à Cardiff était parfaitement audible et il désignait visiblement un point un peu plus bas sur le versant Ouest du Mont Snowdon, au grand soulagement de Ianto.

Guidés par le signal, les deux hommes commencèrent leur descente, à vrai dire un peu périlleuse. Ils croisèrent peu de monde, quelques randonneurs épuisés, un homme âgé  au regard farouche et pourvu d’une pilosité débordante, sa barbe grise reposant sur un foulard rouge, des moutons, beaucoup de moutons. Ils admirèrent des cascades aux reflets iridescents, des lacs sombres blottis au fond de cirques glaciaires, une végétation assez basse mais d’une couleur profonde. Ianto ne put s’empêcher de murmurer :

— je vois bien l’herbe, mais où sont les murets promis ?

Jack sourit

— Ne t’inquiète pas ! Regarde plus bas ! Le petit bosquet au bord du lac !

Mais le signal se fit brutalement plus fort, stoppant net les humeurs coquines des deux amis

— On dirait que le problème vient justement de ce bosquet !

En s’approchant, ils virent que le bosquet en question cernait en réalité les ruines de ce qui avait été une vaste demeure ou un petit château. Il en restait fort peu de choses : quelques pans de murs recouverts de mousse, une cheminée, un bout de plancher noirci, le tout masqué par des ronces et des rejets de noisetiers. Cependant, le signal ne venait pas vraiment de là ! Il devenait plus fort à une centaine de mètres des ruines, mais il n’y avait rien : un creux peu profond tapissé d’une herbe épaisse et fort verte, presque bleutée, un peu surprenante par rapport à la végétation voisine, mais rien de suspect.

— Cela se passerait sous terre ? S’interrogea Ianto.

— Qu’est-ce qu’il peut y avoir là-dessous ? Et comment y parvient-on ? Jack réfléchissait tout haut.

Ianto poursuivit le raisonnement :

— Il s’agit peut-être d’un chemin souterrain ? Supposons que nos ruines soient celles d’un château ! Il est bien connu qu’au Moyen-âge, on creusait des sortes d’issues de secours entre le château et la campagne voisine ! Ou alors, plus tard, au 17ème siècle, à l’époque des guerres entre Cavaliers et Têtes Rondes, on se servait aussi de souterrains secrets pour faire évader les partisans des Stuart ?

— C’est possible, en effet, mais à supposer que le souterrain ne se soit pas éboulé, quelle en est l’entrée ? Ianto, toi qui sembles au courant de l’histoire locale, tu en as une idée ?

— La maison, sûrement ! Retournons-y !

Les deux hommes commencèrent à fourrager dans les ruines. Ianto furetait près de la cheminée lorsqu’il s’exclama :

— Bizarre ! Beaucoup de ronces ici, mais elles n’ont pas de racines, on les déplace facilement ! Regarde, Jack !

Au niveau du foyer de la cheminée monumentale, de taille à rôtir un bœuf entier, une grille rouillée surprenait par sa présence. Ianto la souleva sans trop de difficultés, ce qui, d’ailleurs, l’étonna, pour découvrir un trou sombre, humide et peu engageant. En regardant de plus près, on voyait  des escaliers se dessiner vaguement dans la pénombre. Ianto fit la grimace et consulta Jack du regard.

— Je crois que tu as trouvé l’entrée du souterrain. Bravo, Ianto ! Il va falloir descendre, j’en ai peur. Je passe en premier, je vérifie qu’il n’y a pas de danger et tu me suis… Euh… Tu as pensé aux lampes-torches ?

Ianto sortit deux lampes puissantes de son sac, en tendit une à Jack qui s’enfonça dans l’obscurité en tâtant de son pied chaque marche avec précaution. Il n’avait pas peur pour lui-même mais il craignait pour la santé et la vie de Ianto.

— Ça va ! Tu peux venir ! Ça glisse un peu, mais le souterrain semble bien étayé. Cela semble solide. Surprenant d’ailleurs quand on y pense !

Ianto prit le même chemin, mais avec un vague malaise. Il n’aimait pas trop les espaces confinés et obscurs, une vieille phobie remontant à l’enfance et que sa mésaventure avec les campagnards cannibales avait ravivée. Il n’osait pas trop l’avouer, surtout devant Owen. Il l’imaginait déjà en train de persifler. Par contre, Jack avait compris depuis longtemps la claustrophobie du jeune Gallois et il l’attendait au pied des marches pour le rassurer.

— Prend ma main ! A deux, nous risquerons moins de glisser !

Reconnaissant, Ianto se laissa guider. Le souterrain descendait en pente douce sur une centaine de mètres et s’ouvrait sur une sorte de salle aux murs composés de gros moellons, occupée par quelques très vieux meubles pourris et moisis : deux tables couvertes d’une sorte de mousse verdâtre, des restants de paillasses décomposées à même le sol, un portrait écaillé  dans un coin représentant un homme brun, à moustache et barbiche, aux vêtements du 17ème siècle ornés d’un grand col de dentelles . Jack interrogea Ianto du regard :

— Je crois qu’il s’agit du roi Charles 1er Stuart, décapité par Cromwell en… je ne suis plus trop sûr, mais je dirai en 1649.

— Cela confirme ce que tu disais tout à l’heure. Mais cela n’explique pas le signal que nous recevons !

— Regarde ! Là ! Dans l’angle !

La torche de Ianto venait d’accrocher un reflet vaguement lumineux, une lueur curieuse qui émanait d’une niche taillée dans le mur, tapissée d’un lichen fluorescent qui brillait sous la lumière de la lampe-torche et là, blotties dans ce tapis de verdure, quelques jarres, assez petites, de facture plutôt rustique, mais visiblement ancienne. Elles étaient bien fermées avec des bouchons de cire parfaitement hermétiques. Des symboles fort mystérieux ornaient les cruchons – mais était-ce des décorations ? Un mode d’emploi ou un avertissement ? - Manifestement, les signaux relevés par l’Institut provenaient de ces récipients. Ils s’affolaient à leur proximité, à la grande perplexité des deux hommes :

— Qu’est-ce que cela veut dire ? S’inquiéta Ianto

— Aucune idée ! Mais si les jarres sont aussi bien fermées, c’est qu’il y a une raison ! Si nos instruments s’affolent tant, je doute qu’il s’agisse de bon vin, mais il y a sans doute danger ! Le plus simple, mais je ne sais pas si c’est le plus prudent, c’est d’en prendre une, de l’emballer avec soin et de l’emmener à Cardiff, où nous pourrons la radiographier… Owen doit rentrer bientôt et ses connaissances scientifiques nous seront précieuses. Quant à Tosh, elle pourra peut-être faire quelque chose à propos des inscriptions. Elle n’avait pas mis au point un logiciel permettant de traduire un grand nombre de langues ?

— Effectivement ! S’il s’agit d’une langue parlée sur Terre !

Ianto se servit de son pull de rechange pour emballer une jarre, la cala dans le sac à dos de Jack et tous deux entamèrent la descente qui devait les conduire au pied du Snowdon. La chance voulut qu’ils croisent un petit véhicule des gardes forestiers qui les ramena à Llanbéris, ce qui leur fit gagner un temps précieux. Les deux hommes retrouvèrent le SUV avec soulagement.

Jack rangea le sac à dos avec mille précautions derrière son siège et Ianto  reprit le volant. Sortir de la petite ville fut assez aisé : la nuit était tombée depuis longtemps et les touristes, gavés de grand air, des crampes aux mollets, avaient regagné leur hôtel. Quelques kilomètres à peine après les dernières maisons, alors que Ianto commençait à se détendre, un homme surgit sur le bas-côté de la route et se jeta littéralement devant la voiture. Le jeune homme eut à peine le temps de voir des yeux de dément, une barbe fournie avant de freiner et de braquer furieusement le volant pour éviter l’individu qui s’évanouit dans la nature. Le SUV s’immobilisa non sans heurter un petit muret de pierres sèches avec un grand fracas de tôles froissées :

— Et M… ! hurla très élégamment Ianto, qui jaillit de la voiture pour constater les dégâts. Pendant ce temps, Jack vérifiait le contenu de son sac : la jarre était là, apparemment intacte. Il soupira de soulagement, mais il ne vit pas la minuscule fissure qui courait maintenant autour du récipient, pas plus qu’il ne vit la brume légère qui s’en échappait et qui flottait autour de lui. Rasséréné, il emballa de nouveau la jarre et la cala du mieux qu’il put derrière lui. Puis il s’enfonça dans son siège en attendant le jeune Gallois qui faisait le tour du véhicule en pestant et jurant. Lorsqu’il reprit sa place derrière le volant, il avait l’air un peu contrarié

— Quel vieux fou ! La peinture de la porte avant gauche est à refaire, la tôle est un peu froissée à l’avant, mais les phares n’ont rien, le moteur ne semble pas avoir souffert ! On va pouvoir rentrer.

Et comme Jack ne répondait pas, Ianto, brusquement inquiet et vaguement coupable – en effet, il avait pensé au véhicule avant de penser à son compagnon - se tourna vers lui. Il était immobile, les yeux un peu fixes, le regard dans le vide, le front plissé.

— Hé ! Jack ! Ça ne va pas ? Tu es blessé ?

Jack se secoua :

— Non ! Juste un petit coup de fatigue ! Allez, roule ! Que l’on rentre !

Cette lassitude soudaine inquiéta Ianto, tant elle était peu habituelle chez Jack ! En général, il était dur au mal et à la fatigue et les traitait par le mépris. Cette défaillance inattendue était pour le moins surprenante. Cependant, le retour au Hub s’effectua sans problème. Jack avait manifestement récupéré ses forces. Mais il avait dans les yeux une lueur que le jeune homme ne reconnaissait pas.


tessa  (12.07.2010 à 16:40)

 

Le Hub  5 Mai

 

Ianto persistait à s’inquiéter. Certes, Jack semblait normal, mais étrangement absent. Pire que cela, c’était ses changements d’humeur qui désarçonnaient le jeune Gallois : soudains et inattendus, ils rendaient Jack imprévisible. Ce n’était pas le Jack que Ianto connaissait et, cette fois, il regrettait l’absence des autres membres de l’équipe ! Owen aurait peut-être su quoi faire. En effet, ils étaient rentrés au petit matin et ils étaient directement partis se reposer. Jack s’était montré froid et distant et il s’était immédiatement endormi. Ianto aspirait également au sommeil, mais se voir négligé de la sorte l’avait quelque peu vexé. Le lendemain, Jack était redevenu lui-même et l’avait prouvé à son jeune ami de façon très impétueuse.

La jarre était à présent l’objet de leur attention : ils ne l’avaient pas choisie au hasard, mais ils avaient préféré celle où il y avait le plus d’idéogrammes. Ils les comparaient avec les photos qu’ils avaient prises des autres jarres, mais cette écriture leur demeurait à tous les deux étrangère. L’ordinateur de Tosh, avec ses programmes ultra performants, ne leur fut d’aucun secours. De toute façon, il n’y avait que la jeune femme qui pouvait y comprendre quelque chose ! Au bout de quelques heures cependant, Ianto attira l’attention de Jack sur un motif qui se répétait : un petit personnage cornu qui tenait une sorte de bâton dans un geste plutôt menaçant. Il hasarda une explication :

— Cela ne ressemblerait pas à un avertissement ? Du genre « Attention, poison ! » ?

— Possible ! Essayons de connaitre le contenu de ce récipient ! Une radiographie nous apportera peut-être quelques éclaircissements.

Rien ! La radio ne montra rien ! Le cruchon était vide ! Décidément très curieux !

 

Très curieux également le comportement de Jack ! Au départ très intéressé par ses recherches et bavard, il s’était ensuite refermé sur lui-même, ne parlant plus que par monosyllabes pour finir par abandonner totalement tout intérêt pour le sujet de leur étude.

— Inutile de continuer ! Nous n’apprendrons rien de plus ! Ianto, range cet objet au coffre et ensuite tu peux vaquer à tes occupations. Les archives sont loin d’être en ordre. Occupe-t-en !

Ianto fut surpris de l’ordre qui le congédiait littéralement et vexé par le ton avec lequel il était donné : sec et dur, sans une ombre de tendresse ni même de gentillesse. Le regard de son ami lui déplut également souverainement : des yeux froids, inquiétants, reflétant indifférence et  impatience. Le jeune homme ne reconnaissait pas cette expression : il avait vu Jack en colère, il l’avait vu méprisant, il l’avait vu attentif, amusé, amoureux… mais jamais indifférent et aussi glacial. Il préféra donc obtempérer, mais avec la ferme intention de revenir discrètement espionner son patron.

Un quart d’heure plus tard, il revint donc sur la pointe des pieds s’assurer que tout allait bien. Tout n’allait pas bien, c’était évident…Il trouva Jack prostré sur le sofa, la tête entre les mains. Ianto se précipita vers lui :

— Jack ! Jack ! Que se passe-t-il ?

— Je ne sais pas ! J’ai très mal à la tête et pourtant cela m’arrive rarement ! Je me sens dans un état bizarre… comme si je me dédoublais… J’ai du mal à rassembler mes souvenirs… J’ai comme un grand trou blanc dans la tête… je suis en train de tout oublier, vos noms… j’ai oublié qui tu es !

— Jack ! C’est moi… Ianto ! Tu ne peux pas m’avoir oublié ! Tu ne peux pas avoir oublié Tosh, Gwen ou Owen.

— Ianto ? Oui ! Je te reconnais !... Les autres ? Je ne sais plus…

Le pauvre Gallois était complètement désarmé par la situation et pour une fois, il regrettait l’absence d’Owen. Lui aurait sans doute su ce qu’il fallait faire.

— Repose-toi, Jack ! Je vais te préparer un calmant qui t’aidera à te relaxer.

Jack ferma les yeux. Ianto lui effleura le front de ses lèvres comme on le fait pour un enfant fiévreux et il fut surpris de le trouver brulant. Il se hâta donc vers la cuisine préparer le remède adéquat.

Mais lorsqu’il revint quelques instants plus tard, il fut saisi par la vision d’un Jack tout ragaillardi, arpentant le Hub avec énergie.  Soulagé, il se jeta sur lui avec joie, mais Jack l’écarta de la main sans le regarder, comme lorsqu’on chasse une mouche inopportune d’un geste machinal, tout en marmonnant des paroles incompréhensibles, avant de s’enfermer dans son bureau. Et là, il se mit à déployer une activité débordante, consultant, d’après ce que Ianto pouvait en voir, des extraits du cadastre, passant une multitude de coups de téléphone. Lorsqu’il sortit du bureau deux heures plus tard, il passa à côté de Ianto sans le voir, mais s’énerva lorsqu’il ne trouva pas les clefs du SUV.

— Je dois retourner au Snowdon ! C’est extrêmement urgent ! J’ai une mission à accomplir ! J’ai besoin d’une voiture ! Les clefs, vite !!

Jack grondait plus qu’il ne parlait et Ianto commençait à paniquer : jamais il n’aurait cru possible d’être aussi effrayé par Jack. Il essaya de faire bonne figure tout en s’efforçant de calmer la colère grandissante du Capitaine

— Mais Jack ! Il est déjà très tard ! Cela ne serait pas prudent de prendre la route tout de suite ! Tu es fatigué et tu n’as rien avalé de la journée ! Tu risques un accident et cette mission dont tu parles, tu ne pourrais pas la terminer.

Jack grogna mais sembla se calmer un peu. Ianto en profita pour poursuivre son avantage :

— Assied-toi ! Repose-toi un peu ! Je vais te préparer une boisson bien chaude qui te redonnera des forces. Comme ça, tu pourras conduire plus vite !

Jack se rendit à ces raisons et consentit à s’assoir. Quelques instants plus tard, Ianto, très innocemment, un sourire angélique sur le visage, lui tendait une tasse de café fumante et très odorante, mais généreusement arrosée de tranquillisants. Après quelques gorgées, Jack s’effondra comme une masse sur le canapé. Ianto en profita pour se glisser dans le bureau : qu’avait bien pu faire son chef pendant l’après-midi ? Apparemment, il s’était mis en contact avec des agents immobiliers et il avait pris des options sur des terrains assez vastes en-dehors de la ville. Il avait dessiné des plans également, un ensemble de constructions qui ressemblait à s’y méprendre à un base militaire : des bâtiments prévus visiblement pour quelque centaines de personnes, un centre de communications, une infirmerie, des cuisines et au centre de tout ceci, une sorte de tarmac ou de plate-forme de tir, Ianto ne pouvait pas le savoir, mais c’était gigantesque. Qu’est-ce que cela pouvait signifier ? Qu’est-ce que Jack pouvait mijoter ?

Une voix sourde le tira de ses réflexions :

— Ianto ! S’il te plait ! Viens vite !

Le jeune homme accourut au chevet de Jack qui lui chuchota à l’oreille

— Parle tout bas ! « Cela » pourrait nous entendre !

Ianto se rapprocha encore de Jack qui poursuivit de la même voix étouffée :

— Je n’ai que quelques instants pour te parler librement. Je ne suis plus moi, Ianto, je suis comme possédé par un esprit étranger, une espèce d’entité probablement extra-terrestre. Elle était prisonnière dans la jarre que nous avons ramenée du Snowdon, elle a pu s’en échapper et elle est en train de s’emparer de moi. J’ai encore quelques éclairs de lucidité, mais cela ne durera pas. Elle me dépouille de ma personnalité, de mes souvenirs. J’agis comme elle le souhaite.

Il se tut un instant, comme épuisé par sa confession. D’abord incrédule, Ianto se remémorait les événements : les appareils qui s’affolaient à proximité des cruches, l’accident bizarre, provoqué peut-être, l’attitude étrange de Jack à ce moment-là, les signes cabalistiques sur les jarres, les étranges projets de son chef et il se mit à croire dans l’histoire singulière que Jack lui murmurait à l’oreille. Ce qui le convainquait le plus, c’était la mine décomposée de Jack et l’extrême angoisse qui se lisait sur son visage.

— Mais que veut cette créature ? Comment t’en libérer ?

— Je ne sais pas exactement ce qu’elle veut, mais il n’y a en elle aucune compassion, que de la haine… J’ai peur, Ianto, j’ai peur d’elle, j’ai peur de moi ! Il faut éliminer cette créature, Ianto et le plus rapidement possible ! Avant qu’elle ne se soit entièrement emparée de moi. Elle ne partira pas de son plein gré ! Pour l’instant, elle est encore faible et ton somnifère a suffi à l’endormir, mais elle devient de plus en plus puissante.

— Que faut-il que je fasse, Jack ?

— La créature a besoin d’un corps, elle se nourrit de son énergie, de mon énergie… et je n’ai pas besoin de te rappeler que cela peut durer longtemps (en disant ces mots, Jack avait encore baissé la voix). Sans moi, elle meurt ! Il faut la priver de cette énergie et vite ! Je ne connais pas ses projets à long terme, mais dans l’immédiat elle veut retourner au Snowdon et je peux deviner dans quel but : libérer ses compagnons, en faire une armée…

Ianto fit mentalement le lien entre les paroles de Jack et les plans vus dans le bureau : une attaque extra-terrestre était, hélas, plus que plausible.

— Mais comment, moi, je peux faire pour la détruire ?

— Une seule solution : tu dois me tuer !

Devant le hoquet de surprise de Ianto, Jack insista :

— La créature doit être privée d’énergie un certain temps, elle doit me croire mort et elle mourra à son tour.

— Je te rappelle, Jack, que tu ne peux pas mourir ! Comment comptes-tu faire pour persuader cette créature que tu es mort ?

— On va essayer de la berner ! Prends la fiole bleue dans le coffre, tu sais laquelle ! Tu me fais boire le breuvage qu’elle contient : elle va ralentir mes fonctions vitales ; Tout de suite après, tu me tires une balle en plein cœur. Mais, il faut que cela ait l’air naturel : simule une dispute avant de tirer, sinon la créature ne tombera pas dans le panneau, même si elle n’a pas l’air futé.

— Mais, Jack, je ne peux pas faire ça ! Si jamais je te tuais vraiment ? Ton immortalité, imagine qu’elle ne soit pas définitive ?

— Je suis une menace pour l’humanité, Ianto ! Tu dois faire ce que je te dis ! Il le faut ! De toute façon, tu me perds : je reste en vie et je ne suis plus Jack Harkness ; tu me tues et on a une chance de se débarrasser de cette cochonnerie, et moi de retrouver ma liberté. Tu n’as pas le choix, Ianto ! Et tu dois te dépêcher, elle se réveille.

— Pas question ! Je ne peux pas faire ça !

La voix de Jack se fit plus douce

– Si tu m’aimes, tu le feras ! Je t’en prie ! Promet ! Vite !... Elle est réveillée.

Ianto prit la fuite pour ne pas montrer son désespoir à la créature monstrueuse qu’était devenu Jack. Ses mains tremblaient pendant qu’il préparait le breuvage empoisonné avant de tendre la tasse fumante à un Jack maintenant entièrement possédé par la créature.

— Tiens ! Bois ! Tout à l’heure, je t’ai donné une infusion qui t’a permis de te reposer ! Cette fois, c’est une boisson revigorante.

Ianto n’était pas très sûr de lui. La créature allait-elle tomber une deuxième fois dans le même piège plutôt grossier ? Aussi bizarre que cela paraisse, elle but sans méfiance. Aussitôt la tasse vide, Ianto entama le simulacre de dispute.

— Alors, tu me quittes ? Tu quittes Torchwood ? Tu nous laisses tomber ? Tu n’es qu’un lâche, Jack Harkness ! Après toutes les promesses que tu nous as faites, à mes équipiers et à moi, tu nous trahis, tu nous renvoies. Tu n’es pas seulement un lâche, mais un voleur, un escroc… Ce que tu fais est méprisable et je ne te laisserai pas partir si facilement.

La créature restait interdite, les yeux écarquillés. Ianto sortit alors son arme d’un geste vif et tira sans ciller ! Il tira plusieurs fois, dans le cœur et dans la tête ! Puis il se figea, la tête vide, fixant le corps sans vie de Jack. Ses larmes inondaient ses joues, mais il ne s’en rendait pas compte.

— Qu’est-ce que tu as fait, Nom de D… ? Vociférait Owen. Tu es devenu fou ?

Le pauvre Ianto, incapable de parler, écartelé entre le désir de voir leur stratagème réussir et celui de voir renaitre Jack, fut bousculé, désarmé, acculé au mur et sommé de s’expliquer. Il cherchait ses mots entre deux sanglots lorsque…

— Laissez tranquille ce pauvre garçon ! Il n’a fait qu’obéir aux ordres !

La voix de Jack tétanisa ses jeunes équipiers, Ianto riant à travers ses larmes, les trois autres muets, complètement abasourdis

— Ça a marché, Ianto ! La créature a été privée d’énergie suffisamment longtemps, elle est partie ! Elle est morte !... Oh ! Ianto ! Reviens à toi !

En effet, le jeune homme, assailli de trop d’émotions, était en train de chanceler. Les bras de Jack le retinrent et le rassurèrent à la fois.

— Allez ! Tout le monde en salle de réunion ! Je crois que je vous dois des explications et de toute façon, nous avons des décisions à prendre ! La situation pourrait bien être grave ! En attendant, vous pouvez remercier Ianto. Sans lui, vous n’auriez plus de chef !

Il fallut tout expliquer à nos trois « vacanciers » complètement dépassés par la situation. Jack commença par résumer ce que Ianto et lui avaient vécu lors de ces dernières heures. De temps en temps, Ianto intervenait pour combler certaines lacunes : les moments où la mystérieuse entité s’était emparée de la conscience de Jack. C’est ce dernier qui tira la conclusion des événements :

— J’ai enfin compris, mais trop tard, que ces jarres renfermaient l’esprit de créatures aliens. D’où viennent-elles ? Pourquoi sont-elles là ? Je n’en ai pas la moindre idée pour l’instant. Peut-être que si nous pouvions déchiffrer les inscriptions qui y sont inscrites, cela nous éclairerait davantage ! Bref, ce dont on peut être sûr, c’est que ces esprits ont besoin d’un corps, d’une énergie et ne peuvent survivre sans cela.

— Et comme par hasard, c’est toi qu’ils ont choisi ! murmura rêveusement Owen qui avait un peu de mal à digérer ces informations. Comment cela s’est-il passé exactement ?

— Ianto et moi avons emmené une de ces jarres en l’emballant avec beaucoup de précautions. Mais nous avons eu un petit pépin en route… Un accident.

Ianto intervint un peu vivement :

— Un accident ? Vraiment ? Je me pose des questions. J’ai braqué pour éviter un vieillard qui sortait de nulle part ! Pas un inconnu d’ailleurs ! Rappelle-toi, Jack, nous l’avions vu lors de notre descente du Snowdon… Une barbe, un petit foulard…

— Un petit foulard… Tu es sûr ?

— A cent pour cent, Jack ! Rouge ! Il était rouge !

Et devant l’air rêveur de Jack, Ianto ajouta :

— Cela te rappelle quelque chose, n’est-ce pas ?

— Bien sûr ! Nous en avions discuté ici-même avant cette fameuse alerte qui nous a amenés au Snowdon. Je t’avais parlé de mes anciens coéquipiers et du chef de l’équipe de Torchwood : Jeremy Nelson ! C’est justement après une expédition dans le Snowdon, il y a une cinquantaine d’années, qu’il a disparu… mais cela lui ferait dans les quatre-vingts ans aujourd’hui et je ne vois pas quel rapport il pourrait avoir avec ces fameuses jarres ! Mais, c’est une coïncidence bizarre, tout de même !

— Continue, Jack ! pria Tosh. Quels étaient les plans de cette créature ? Si tu t’en souviens ?

— Oui, je me rappelle vaguement de ce qu’elle voulait. Lorsqu’elle s’imposait à moi, j’étais comme un spectateur enfermé dans son propre corps, j’étais impuissant, mais conscient… comme je l’ai déjà expliqué à Ianto, la créature souhaitait se créer des disciples ou des soldats, je ne sais pas exactement, lever une armée en quelque sorte, peut-être prendre le pouvoir… A quelle échelle ? Pour le compte de qui ou de quoi ? Là encore je l’ignore… Ces projets étaient-ils réalisables ? Je ne sais rien des pouvoirs de ces aliens, de leur technologie ! Mais, nous aurions eu des pertes humaines, des dégâts matériels. Inutile de rajouter une menace sur le monde en plus de tout ce qui le perturbe actuellement.

— Deux choses m’inquiètent, poursuivit Ianto.  D’abord, c’est que l’entrée pour parvenir à cette salle était vraiment trop accessible. Bien cachée, oui, mais les ronces qui la recouvraient avaient été coupées récemment : on pouvait les déplacer sans problème. Donc on peut supposer qu’au moins une personne connait le lieu et y a pénétré il y a peu de temps. Quel rapport y-a-t-il entre cette personne et les jarres ?

Jack lui fit signe de continuer

— Ensuite, ce mystérieux vieillard que nous avons vu deux fois. Quel est-il ? Est-ce ton ancien chef, Jack ? Quel rôle joue-t-il là dedans ? Est-ce lui qui connait l’entrée du souterrain ?

— Ce qui est sûr, reprit Owen, c’est qu’il faut détruire ces jarres avant qu’elles ne tombent dans de mauvaises mains ou que des innocents ne les ouvrent par mégarde ! En plus, il faut le faire sans nous exposer.

Jack réfléchit quelques instants, puis reprit

— Détruire les jarres, je crois savoir comment faire ! Mais, il faut d’abord les ramener ici, les mettre en sureté. Donc, demain, nous retournons au Snowdon, Owen, Gwen et moi. Tosh et Ianto, vous restez au Hub et vous essayez d’en savoir davantage sur ces artéfacts. En particulier, concentrez-vous sur l’écriture. En attendant, il est tard et nous avons eu notre lot d’émotions pour la journée. Rentrez chez vous. Demain, départ à 6 heures !

L’équipe n’attendait que ce signal : Tosh pressée de retrouver son petit appartement impeccablement rangé, Gwen impatiente de revoir Rhys – le pauvre, il devait se languir – et Owen fort désireux de retrouver ses lieux de plaisir habituels. Seul, Ianto trainait un peu : il faisait mine de ranger, ne connaissant pas exactement les intentions de Jack. Le régime de douches écossaises de la journée l’avait passablement secoué ! Il hésitait donc, lorsque deux bras puissants l’enlacèrent, le serrant presque à l’étouffer. Il soupira de soulagement lorsque les lèvres de Jack se posèrent sur sa nuque et il se laissa aller : les choses rentraient dans l’ordre !

 


tessa  (21.07.2010 à 16:50)

 

6 Mai  Retour au Snowdon

 

Le trajet fut plus rapide que le précédent : Jack conduisait et il connaissait la route. Au dernier moment, Ianto s’était proposé pour l’accompagner, mais il avait refusé, estimant que le jeune homme avait déjà assez souffert à cause de ces maudites cruches.

Llanbéris, le petit train, la descente…Tout cela avait un goût de déjà vu pour Jack, mais il faisait moins beau, les vallées étaient noyées dans le brouillard. Cependant, Jack retrouva facilement son chemin. Parvenu au sommet, il montra aux autres l’entrée du souterrain mais il fut intrigué par la position la grille : deux jours plus tôt, Ianto l’avait soigneusement remis à sa place initiale et l’avait recouverte de ronces. Aujourd’hui, elle était dégagée de son écrin de verdure et elle était un peu de travers. Il souleva la grille et le trio entreprit la descente vers la salle souterraine. Rien n’avait apparemment changé…

 Sauf que… Jack qui marchait en tête trébucha soudain. Il baissa le faisceau de sa lampe et son regard se posa sur un objet incongru : un sac à dos noir orné de bandes roses et agrémenté de petites breloques : des petits nounours, un dauphin miniature, etc. Plus loin, un deuxième sac, plus masculin, puis un troisième. Jack s’inquiéta :

— Des gens sont venus ici !… Au moins trois personnes… Et elles sont reparties précipitamment.

 Manifestement le souterrain et la grande salle avaient eu des visiteurs : les jarres avaient été ouvertes ou plutôt fracassées. Il n’était pas difficile de deviner ce qui s’était passé : des dizaines de canettes de bière avaient été lancées dans un coin, les visiteurs pris de boisson s’étaient fait un jeu de fracasser les seuls objets à peu près intacts du lieu, libérant ainsi les esprits qui y étaient enfermés ! C’est, du moins, ce qu’on pouvait supposer ! La fuite précipitée des intrus s’expliquait peut-être par la frayeur, la peur d’être possédé par ces entités malencontreusement libérées ou alors ils avaient été investis par elles et ils couraient vers d’autres projets abandonnant derrière eux des objets désormais inutiles.

Le trio restait hésitant. Que fallait-il faire ? Le premier à réagir, tout naturellement, fut Jack :

— je propose d’emballer tous ces débris, de les emporter jusqu’au Hub. Cela nous permettra un examen plus approfondi, une éventuelle comparaison et nous verrons mieux l’écriture, une fois les jarres reconstituées.

— Pourquoi pas ? Mais que fait-on des infortunés qui ont cassé ces objets ? Voulut savoir Gwen.

— Et d’abord, qui sont-ils ? répliqua Jack en fouillant dans les sacs à dos abandonnés. Rien ! Pas le moindre papier d’identité !

Après un temps de réflexion, il ajouta

— Il ne m’a pas semblé y avoir foule aujourd’hui : le temps ne s’y prêtait guère : Trop de brouillard ! Je propose donc que nous remontions…

Il fut interrompu par un double gémissement : Gwen et Owen n’avaient pas vraiment envie de refaire le chemin à l’envers, leurs mollets commençaient à protester.

— Quelle autre solution ? poursuivit Jack. Peut-être que dans le bâtiment du sommet, quelqu’un a remarqué un petit groupe de randonneurs ? Peut-être ont-ils acheté quelque chose ? Avec un peu de chance, ils auront payé par chèque ou par carte bancaire. Et dans ce cas, nous pourrons les retrouver.

Ses deux compagnons furent bien obligés d’obtempérer faute d’une autre solution. Le retour vers le sommet se fit en silence. La pente, à cet endroit n’était pas très escarpée et le sentier était praticable, mais la fatigue se faisait sentir, d’autant plus que les jarres brisées pesaient lourd. En outre, il fallait faire vite avant que le dernier train ne reparte et avant que le café ne ferme. C’est donc à la fois épuisés et soulagés que nos trois compères s’effondrèrent autour d’une table. Pendant que Gwen et Owen reprenaient leur souffle, Jack commença à cuisiner le personnel. D’abord réticent, le patron finit par s’incliner devant l’autorité naturelle de Jack et l’aspect très officiel de l’insigne Torchwood, même s’il ne savait pas vraiment de quoi il s’agissait.

— Hier, on a eu personne : il pleuvait trop et aujourd’hui, on n’a pas eu grand monde ! Le brouillard, c’est pas bon pour les affaires ! Les gens montent ici pour la vue principalement ! Alors… si on ne peut rien voir ! Mais on a eu un club de personnes du troisième âge, quarante à peu près, que des femmes, mais elles ne sont pas redescendues par les sentiers de randonnée. Elles ont pris le train… On a eu également toute une classe de collégiens avec deux profs, géographie ou géologie, je sais pas très bien ! Ils ont péroré une bonne heure : je les ai écoutés, c’était trop drôle… Genre : s’il n’y avait pas de brouillard, vous auriez pu voir l’Ecosse, vous auriez pu voir l’Irlande…Mais on voyait pas à dix mètres ! Les gamins étaient morts de rire ! Ils ne sont pas non plus redescendus à pied.

— Donc, résuma Jack, personne n’a emprunté les sentiers de randonnée aujourd’hui ?

— Je ne crois pas !... Mais, attendez ! Si ! Si ! Je me souviens maintenant. Un petit groupe d’allumés, déjà bien imbibés d’alcool, ils étaient trois ou quatre ! Comment j’ai pu les oublier, ceux-là ? Ils m’ont acheté des bières et ils en ont bourré leurs sacs à dos ! Ils sont montés par le train et ils sont descendus à pied.

— Des hommes ? Des femmes ?

— Une femme ! Avec un sac à dos tout orné de petites peluches ! Avec elle, il y avait deux hommes ! Entre vingt et trente ans, je pense.

— Et ils sont pris ce sentier ?

Ce disant, Jack désigna le chemin qu’ils venaient eux-mêmes d’emprunter. La question n’était pas superflue puisqu’il n’y a pas moins de six sentiers qui permettent de faire l’escalade.

— Celui-là même ! Ils hésitaient, mais un de nos vieux habitués s’est proposé de les accompagner.

— Un habitué ? Quelqu’un de très âgé ? Avec une barbe et un foulard rouge ?

— C’est ça même ! Sauf que le foulard était bleu.

— Et vous ne les avez pas revus ensuite ?

— Ben non ! Ce serait idiot de descendre pour le simple plaisir de remonter tout de suite après !

Gwen étouffa un petit rire, puisque c’était exactement ce qu’eux-mêmes venaient de faire. Imperturbable, Jack poursuivit ses questions.

— Et vous n’avez aucune idée de leur identité ?

— Ils ont tout payé en liquide. Mais l’un d’eux portait un blouson avec le symbole de l’Université de Cardiff.

— Cardiff ? S’exclamèrent en chœur Gwen, Owen et Jack. Vous êtes sûr ?

— Pour être sûr, j’en suis sûr ! Mon fils y est inscrit et ça me coute assez cher ! Pourquoi ? Ça vous surprend ?

— Et pas qu’un peu, soupira Owen. Nous voilà revenus à notre point de départ.

Le retour vers Cardiff fut morose. La journée, en plus d’être longue et fatigante, avait été un fiasco. Quelles que soient la ou les créatures enfermées, elles avaient été libérées, elles avaient probablement investi des corps humains et elles se promenaient dans la nature. Où ? Comment les retrouver ? Un blouson aux armes de l’Université de Cardiff ne constituait pas un indice bien solide : tout le monde ou presque pouvait s’en procurer un ! Et quand bien même son propriétaire eut vraiment fait partie de la prestigieuse Université, cela pouvait être n’importe qui parmi les vingt-sept mille étudiants et les six mille membres du personnel. Décourageant !

Dès l’arrivée à Cardiff, Gwen se sauva rejoindre son époux. Les deux hommes se retrouvèrent seuls devant le Hub. Jack s’attendait à trouver les lieux déserts, vu l’heure tardive : en fait, la nuit s’achevait, mais Tosh et Ianto, les yeux rougis de fatigue étaient toujours penchés sur les signes cabalistiques qui ornaient le ventre des jarres.

— Que faites-vous là ? Allez-vous reposer ! Tosh, tu rentres chez toi et je ne veux pas te voir avant Midi !

—      

— Attends, Jack ! Tu ne veux pas savoir si nous avons trouvé quelque chose ?

— C’est le cas ?

— En fait, oui, répondit Ianto. Peut-être un début de réponse. D’abord, les signes que nous avons pu isoler n’appartiennent pas aux langages terrestres actuels ou passés. Mais sur les photos, nous avons trouvé une jarre un peu particulière. Si vous nous l’avez rapportée, nous en saurons probablement davantage.

Jack fit la grimace mais leur fit signe de continuer.

— Ce qui est intéressant, poursuivit Tosh, c’est que cette jarre nous a fait penser à la pierre de Rosette : elle juxtapose le langage inconnu et une langue que l’ordinateur reconnait, grâce au logiciel que j’ai mis des semaines à mettre au point. C’est l’écriture cunéiforme des Sumériens, la première langue écrite connue, quelques milliers d’années avant Jésus Christ.

— Les Sumériens ? Et bien, ça ne nous rajeunit pas, souffla Owen, quelque peu estomaqué.

Ianto reprit :

— Attends, Jack, ce n’est pas tout ! Certains spécialistes prétendent que la civilisation sumérienne serait d’origine extra-terrestre : des êtres venus du ciel l’auraient enseigné aux hommes, les Annunakis, venus de la planète Nibiru.

— Jamais entendu parler de cela ! Ronchonna Owen. Tu as fumé quoi, Ianto ?

Jack lui fit signe de se taire. Tosh vola au secours de Ianto :

— Pas très étonnant que personne n’en ait entendu parler. C’est une théorie plutôt vaseuse, contestée par la plupart des scientifiques et des archéologues. Enfin bref, pour certains, cette planète serait Jupiter, pour d’autres une étoile de la Grande Ourse, pour d’autres encore une planète inconnue qui passerait à côté de la Terre tous les trois mille six cents ans et qui serait actuellement derrière Pluton.

— Et toi, Tosh, tu y crois ? Voulut savoir Jack

— Pas vraiment ! Il n’y a rien de scientifique là-dedans ! Du moins à mon avis. Mais quoiqu’il en soit, nous allons peut-être traduire cette écriture, surtout si vous avez ramené la jarre qui nous intéresse.

Owen se mit à tousser et Jack dut expliquer ce qu’il en était. Il conclut malicieusement :

— J’espère que vous aimez les puzzles tous les deux !

Il les laissa ruminer cette déclaration avant de les libérer.

— Allez, Tosh, chez toi ! Toi aussi, Owen ! Et toi, Ianto, j’ai encore besoin de toi.

Tosh et Owen se sauvèrent car ils savaient très bien ce qui se cachait derrière cette formule.


tessa  (27.07.2010 à 16:43)

Le  7 Mai  à Cardiff

 

La journée du lendemain commença calmement. L’équipe devait se retrouver à midi, comme à son habitude Ianto était déjà là, mais cela n’étonnait plus personne, Tosh arriva la première tout courant, bien avant Gwen qui avait eu un réveil difficile (des crampes partout et des nausées), suivi d’un Owen tout sémillant, très satisfait de ses rencontres nocturnes. Jack réunit tout le monde pour faire le point et répartir les tâches.

— En fait, la situation est simple à expliquer, mais difficile à résoudre. Nous avons des créatures que nous supposons extra-terrestres qui se baladent peut-être ici à Cardiff. Mais nous ne savons pas combien : trois ou quatre probablement. Nous ne savons pas à quoi elles ressemblent puisqu’elles ont investi le corps d’êtres humains dont nous n’avons aucune idée de l’identité. Nous ignorons ce qu’elles comptent faire dans l’immédiat, mais à terme, nous supposons qu’elles projettent de prendre le contrôle de tout ou partie de cette planète. Enfin, nous ne savons pas non plus comment les en empêcher.

Owen réfléchissait tout haut :

— Pourquoi trois ou quatre créatures ? Il y avait bien une vingtaine de jarres dans la salle souterraine ?

— effectivement, mais nous pensons qu’une entité ne peut survivre sans corps. J’en ai malheureusement fait l’expérience ! Celles qui n’ont pas trouvé d’hôtes sont mortes tout de suite. Enfin, c’est ce que j’espère !

Owen poursuivait son raisonnement :

— Jusqu’ici, je te suis, Jack ! Mais elles ne seraient donc que trois, quatre, tout au plus. Comment peuvent-elles espérer contrôler une planète peuplée de plus de six milliards d’êtres humains ?

— J’avoue que cela aussi, je l’ignore. Soit elles ont le moyen de se multiplier, soit elles peuvent appeler du renfort.

— Du renfort ? Mais il viendrait d’où ? S’inquiéta Gwen.

— Là encore, nous nageons en plein mystère !

— Tu crois qu’un vaisseau spatial plein de leurs petits frères est en orbite autour de la Terre, prêt à venir à la rescousse ?

Owen ne pouvait s’empêcher d’en rire.

— Cela fait combien de temps que tu travailles à Torchwood, Owen ? rétorqua Jack. Ça t’étonne encore, l’idée des petits hommes venus de l’espace ? Tu sais bien que ce n’est pas une idée stupide. Un exemple : moi ! ! En outre, ce que nous ne savons pas non plus – décidément la liste de nos ignorances est longue — c’est depuis quand ces esprits sont enfermés dans les jarres et pourquoi.

Tosh prit la parole, bientôt relayée par Ianto :

— Ça, Jack, nous commençons à en avoir une petite idée. Nous avons commencé, Ianto et moi, à étudier cette langue inconnue. D’abord, Ianto a essayé de dater les jarres.

— Et bien, nous savons que ces jarres sont très anciennes, probablement plusieurs milliers d’années, puisque la langue qui y figure est du sumérien. Ce qui pose d’ailleurs un nouveau problème : les Sumériens vivaient grosso modo là où est l’Irak aujourd’hui. Qu’est-ce que font ces cruches moyen-orientales au Mont Snowdon ? Et comment se retrouvent-elles intactes dans une salle qui date de la République du dix-septième siècle ? On peut supposer qu’elles ont été déposées là. Mais à quel moment ? Pour l’instant, on l’ignore. Quant à la signification des symboles qui y sont dessinés, nous n’avons pas encore pu traduire tous les mots, mais Tosh a essayé de reconstituer le texte.

— En fait, c’est très mystérieux. Les inscriptions semblent parler du danger qu’il y aurait à ouvrir les récipients et déconseillent à quiconque de le faire. Mais nous ne savons pas encore pourquoi ces esprits ont été enfermés là et par qui.

— Donc, en résumé, conclut Jack, on ne sait pas grand-chose. Alors, qu’est-ce qu’on peut faire à part surveiller les habitants de Cardiff pour voir s’ils n’ont pas un comportement anormal ?

— Ouah !  Glissa Owen, il serait peut-être plus facile de faire une liste de ceux qui se comportent normalement.

Perfide, Gwen lança :

— Parce que tu sais ce qu’est un être humain normal, toi ?

Puis, plus sérieusement, elle ajouta :

— Je peux toujours téléphoner aux postes de police de la ville pour leur demander s’ils n’ont pas eu de problèmes sortant de l’ordinaire et qu’ils nous alertent en cas de pépins un peu curieux.

Ianto reprit la parole :

— Il me semble qu’on a oublié quelque chose : le rôle de ce vieillard excentrique au foulard rouge, puis bleu. C’est lui qui s’est jeté sous nos roues, provoquant une embardée et donc une fissure dans la jarre. Intentionnellement ou non ? En plus, c’est apparemment lui qui a guidé les randonneurs jusqu’à la salle souterraine ! Il n’est pas innocent, ce bonhomme, Jack !

Lequel Jack eut l’air un peu gêné et Ianto n’insista pas, mais il devina que Jack en savait plus qu’il n’en avait dit.

Gwen partit téléphoner, Owen, Tosh et Ianto se penchèrent de nouveau sur les inscriptions aliens ou supposées telles et Jack se plongea dans l’étude des plans qu’il avait lui-même dessinés deux jours plus tôt ! Indubitablement, cela ressemblait à une base militaire : des baraquements, une cantine, une infirmerie, un terrain de manœuvres et une piste d’atterrissage vraiment très longue par rapport aux critères militaires contemporains. Les créatures projetaient bien une conquête militaire ! Pas très rassurant !

La nuit commençait à tomber lorsque le téléphone troubla le silence : c’était Andy qui demandait à parler à Gwen :

— Où ça, tu dis ?... Et cela te parait bizarre ?... D’accord, on arrive !

Gwen, soucieuse, se tourna vers l’équipe :

— Un cambriolage vient de se produire dans un supermarché. Andy pense que cela pourrait nous intéresser.

Jack donna ses ordres :

— Tosh et Ianto, vous restez à la base et vous planchez sur les traductions ! Les autres avec moi !

Arrivés sur place, ils furent atterrés par le spectacle : les voleurs n’avaient pas seulement dérobé la recette de la journée au moment de son transfert dans la camionnette blindée, mais ils avaient arrosé de leurs armes le parking, heureusement pas très fréquenté à cette heure tardive. En dehors des vigiles, du chauffeur du véhicule de sécurité, on avait également quelques clients qui gisaient au milieu de leurs courses éparpillées, pâtes, haricots à la tomate…misérables restes d’une existence triste et laborieuse. Owen se précipita vers une jeune femme blessée qui serrait son enfant dans ses bras, mais vu la vigueur des hurlements du gamin, lui n’avait rien de grave. Gwen se chargea de réconforter un couple de personnes âgées complètement dépassées par les circonstances, mais ne put rien en tirer. Jack, lui, eut plus de chance : il trouva quelques témoins passablement énervés mais bavards.

— Trois ! Ils étaient trois ! Avec des cagoules !

— Oui, c’est vrai ! Mais il y avait une femme dans le groupe ! J’en suis sûr ! J’ai l’œil pour ces choses-là !

— Ils étaient bizarres ! Ils ne parlaient pas ! Pas un mot ! On aurait dit des automates !

— Ouais ! C’est exactement ça ! Des robots ! Des robots-tueurs ! Ils tiraient sur tout ce qui bouge !

Trois tueurs dont une femme ! Un gros besoin d’argent ! Un comportement anormal ! Difficile de ne pas faire le lien. Si on veut conquérir le monde, il faut un gros paquet de pognon !

Mais les truands n’avaient laissé aucun indice derrière eux. Impossible de les retrouver. Cependant, les caméras de surveillance disposées un peu partout autour du centre commercial montraient que les voleurs étaient venus dans une grosse voiture étrangère : une Audi blanche dont la plaque d’immatriculation était malheureusement illisible.

 

Les  8  et  9 Mai

 

Le lendemain matin, l’équipe était toujours aussi perplexe. Certes, le cambriolage de la veille avait été spectaculaire et les témoins avaient trouvé le comportement des truands fort étrange. Mais qu’est ce que le comportement « normal » d’un truand ? On n’est pas confronté à ce genre de situation tous les jours et les points de comparaison ne sont pas légion. Le fait qu’il y ait eu trois voleurs ne prouvait pas grand-chose non plus. Y avait-il vraiment un lien entre ce braquage et les jarres ?

— Que peut-on faire de plus ? demanda Gwen. La police n’a trouvé aucun indice.

Jack réfléchit quelques instants.

— Continuer à faire ce que nous avons commencé, c’est-à-dire essayer de déchiffrer ces hiéroglyphes ! Ça, Tosh et Ianto s’en chargent. Et essayer de savoir qui est ce mystérieux vieillard : était-il là par hasard ? Ou joue-t-il un rôle important dans cette histoire ?

— J’ai bien une idée, fit Ianto en hésitant un peu. Ne te fâche pas, Jack, mais si ce vieillard n’était autre que ton ancien chef, ce Jeremy Nelson, dont tu m’as parlé ?

— Je ne suis pas fâché. Il était mon chef, pas mon ami !... L’âge correspondrait… Jeremy a disparu peu après une expédition au Snowdon, dans les années cinquante.

— Est-ce qu’il pourrait y avoir un rapport entre cette expédition et l’affaire qui nous occupent en ce moment ? reprit Ianto.

— Je ne crois pas, non ! Nous avions été appelés là-bas parce que des bergers avaient remarqué des lueurs étranges pas loin d’un des sommets du Snowdon. La population locale était inquiète : elle pensait à des feux follets et pour elle, c’était mauvais signe, elle croyait que des esprits venaient chercher les âmes de ceux qui allaient mourir. Mais ce qui intriguait Torchwood, c’est que les feux follets se produisent surtout dans des endroits marécageux et le Snowdon n’est pas l’endroit idéal pour ça !

— Et alors ? demanda Tosh qui avait une passion pour les vieilles légendes.

— On a supposé qu’il s’agissait plutôt d’un feu de Saint-Elme, un phénomène d’électricité statique. Spectaculaire, certes, mais rien de surnaturel là-dedans ! Un petit plaisantin avait planté son piolet lors de sa descente, le fer en l’air et comme c’était un été plutôt orageux… Nous n’avons eu qu’à retirer le piolet et tout est rentré dans l’ordre.

— Mais, reprit Ianto, il ne s’est rien passé d’anormal pendant cette expédition ?

— Non, pas vraiment ! Nous nous sommes séparés un bref instant, mais il n’y a rien d’inhabituel à cela. Mais, cependant, je m’en souviens maintenant, Jeremy a tardé à nous rejoindre. Il nous a expliqué qu’il ne se sentait pas très bien et qu’il avait voulu se reposer.

Un grand silence suivit cette information, chacun essayant de spéculer sur ce qui aurait pu se passer. Jack continua :

— Et quelques jours plus tard, il nous avait quittés. Tu as raison, Ianto, il y a quelque chose de pas clair là-dedans !

— Tu crois qu’il aurait pu trouver les jarres ?

— Oui, Gwen, c’est très possible !

— Alors, pourquoi n’a-t-il rien dit ?

— Et bien, ça, c’est tout le problème justement !

L’après-midi se passa en recherches, qui sur les écrits aliens ou supposés tels, qui sur les traces de Jeremy Nelson. Mais le soir venu, rien de tangible n’était à noter. La traduction n’avançait pas et Jeremy Nelson avait bien brouillé ses traces : il s’était comme évaporé… Cependant, la fin de la journée apporta encore son lot d’émotions : un coup de téléphone d’Andy. Encore un cambriolage ! Encore une grande surface ! Même procédé et même débauche de violence inutile !

On compara témoignages et films des caméras de vidéosurveillance pour traquer les similitudes et relever des indices. Apparemment, le scénario était simple : l’Audi blanche arrivait dans l’après-midi, elle se garait dans un endroit discret et personne n’en sortait. Le soir venu, lorsque le magasin commençait à se vider de ses clients, la voiture redémarrait, se garait près de la porte de sortie du personnel, trois individus cagoulés en sortaient et tiraient dans le tas pour s’emparer de la recette du jour. Et les trois malfrats profitaient de la panique générale pour prendre la poudre d’escampette.

— Pas très subtil comme plan ! fit remarquer Owen.

— Non, mais efficace !

— C’est vrai, Gwen ! Mais ils doivent bien se douter que, tôt ou tard, on finira bien par les repérer.

De cet échange entre Gwen et Owen, Jack conclut :

— Si ces vols sont le fait de ces créatures, cette simplicité ne m’étonne pas vraiment. Elles ne me semblent pas très futées ! Tu te rappelles, Ianto, la facilité avec laquelle tu as abusé celle qui m’avait… comment dire… envahi ! Et deux fois de suite même !

— Tu oublies mes extraordinaires talents de comédien, Jack !

— Je dois dire que tu m’as épaté sur ce coup-là ! Quoiqu’il en soit, il y a donc de grandes chances, si on peut dire, que nos truands recommencent demain et, cette fois, nous serons prêts. Gwen m’a fait part d’un plan qu’elle va vous exposer.

— On téléphone aux services de sécurité des grandes surfaces, peut-être à ceux des banques également, mais elles sont plus difficiles à cambrioler. On informe les vigiles de la nature du danger et ils nous avertissent en cas de doute.

— Parfait ! Ça roule !

 

Le lendemain, dans l’après-midi, le téléphone mit toute l’équipe en alerte : un grand magasin de la banlieue Ouest de Cardiff, près de la route menant à Swansea, beaucoup de touristes, beaucoup de clients. Le vigile chevrotait un peu sous le coup de l’émotion.

— Une Audi blanche vient de se garer un peu à l’écart et aucun client n’en est sorti. Elle est là depuis un quart d’heure ! Je… J’ai bien fait de vous appeler ?

— Très bien fait ! A quelle heure la fermeture du magasin ?

— Vingt heures !

— Très bien ! Ne changez rien à vos habitudes, ordonna Jack. Ne cherchez pas à vous rapprocher de la voiture ; nous nous chargeons de prévenir la police.

L’opération fut rondement menée : une à une, les voitures banalisées de la police se garèrent pas très loin de l’issue de secours, également porte de sortie des employés. Des policiers en civil en sortirent, se mirent en quête du sacro-saint caddie et s’engouffrèrent dans le magasin pour y faire un simulacre de courses. Retour à la voiture un peu avant vingt heures. Et lorsque l’Audi se déplaça pour occuper une position plus proche de la porte, elle fut cernée de toutes parts par les véhicules de ces ersatz de clients. Les trois individus, une jeune fille et deux jeunes gens, furent prestement menottés, emmenés au poste, mais la police ne put rien en tirer : leurs propos étaient trop incohérents. Finalement, Torchwood hérita du problème.

Problème qui donna lieu à un débat animé : en effet, que faire des trois malfrats ? En tirer des renseignements ? Impossible ! Ils agissaient comme des automates, incapables d’un raisonnement intelligent. Tout ce qu’on put tirer d’eux, c’est qu’ils obéissaient aveuglément à un chef, mais ce chef, ils ne le connaissaient pas apparemment. Ils ne l’avaient même jamais vu : il se manifestait seulement par voix télépathique.

— Une voix dans ma tête !... Si elle pouvait se taire ! gémissait la femme.

Donc, un interrogatoire stérile. Mais il y avait un deuxième souci : quel sort réserver aux trois jeunes gens ? Ils avaient tué, ils étaient par conséquent des criminels, redevables devant la justice britannique, mais, d’un autre côté, en les condamnant, punissait-on les vrais coupables ? Les vrais responsables  étaient les esprits des créatures extra-terrestres. Mais comment les extraire du corps des jeunes gens sans ôter la vie à ces derniers ?

Owen demanda à Jack :

— Représentent-ils un danger ? Dans l’immédiat, veux-je dire ?

— Plus maintenant, si nous les gardons enfermés. Apparemment, ces esprits aliens sont tout aussi prisonniers du corps humain qu’ils ont investi que les humains eux-mêmes. Si nous les mettons en cellule, pas de danger pour nous ! Les garder ici présente également un avantage : ce fameux chef dont personne ne sait rien, cherchera peut-être à les retrouver et à ce moment-là, nous pourrons mettre la main dessus. En tout cas, il est seul et, à ma connaissance, il n’y a plus de jarres : on peut penser que dans l’immédiat, il n’y a plus de danger. Restons vigilants cependant ! En attendant, Owen, tu pourrais chercher un moyen de libérer ces jeunes gens.

— J’ai bien une petite idée, mais elle n’est pas sans danger. Je dois encore y réfléchir.

— Tosh et Ianto, vous poursuivez vos recherches sur les jarres. Gwen et moi, nous allons essayer de retrouver ce fameux vieillard quel qu’il soit ! Mais tout ça attendra demain ! Dans l’immédiat, je propose une soirée pizza dans un petit resto italien sur les quais et, ensuite, tout le monde au lit !

Et se tournant vers Ianto :

— Ça te va, mon cœur ?

 

A deux cents kilomètres de là, un homme âgé, seul dans une maison déjà ancienne et fort décrépite, mais bien isolée dans les bois, caressait amoureusement du regard la dizaine de jarres décorées d’écritures mystérieuses qu’il avait soigneusement entreposées dans sa cave.

— Ne vous en faites pas, mes beautés ! J’ai perdu la première manche, mais je gagnerai la seconde !

Il tira de sa poche une vieille photo et la regarda comme il l’avait déjà fait des centaines fois, les yeux plissés de colère et de haine :

— Et je t’aurai, Jack Harkness ! Je t’aurai !

 

FIN  DE  LA  PREMIERE  PARTIE.


tessa  (04.08.2010 à 15:56)

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