Tandis que la grève ne connaît pas de répit de la côte Est à la côte Ouest des Etats-Unis, pour preuve le franc succès de la journée de la solidarité du mardi 22 août en collaboration avec le AFL-CIO (le principal regroupement syndical des États-Unis) et ses affiliés, l'AMPTP tente une manoeuvre risquée.
Mardi soir, les principaux dirigeants des studios ont rencontré les négociateurs de la WGA pour les encourager à accepter un accord qui mettrait fin à la grève de 114 jours qui a paralysé la production cinématographique et télévisuelle. Mais après que les dirigeants de la WGA ont refusé de céder, les studios ont rendu publics leur offre, pratique inhabituelle puisqu'en temps normal chaque partie honore une coupure d'informations pendant les négociations.
La décision semble viser à briser la détermination affichée par les membres de la WGA, mais cette stratégie semble avoir eu l'effet inverse, déclenchant un torrent de critiques de la part du syndicat des scénaristes : "ce n'était pas une réunion pour conclure un accord. Il s'agissait d'une réunion destinée à nous faire céder, c'est pourquoi, moins de 20 minutes après la fin de la réunion, l'AMPTP a publié le résumé de ses propositions [...] Dès le début, c'était le plan : non pas négocier, mais nous bloquer. C'est leur seule stratégie : parier que nous nous retournerons les uns contre les autres."
L'AMPTP a déclaré mardi que l'offre faite aux négociateurs prévoyait une rémunération nettement plus élevée, avec la plus forte augmentation salariale pour les écrivains depuis 35 ans. Il est fort probable que cette tactique de rendre publics les points de l'accord visait à contourner la direction de la WGA afin d'inciter les scénaristes-producteurs et les légions de travailleurs en difficulté financière à faire pression pour que le syndicat accepte un accord et que la grève cesse. De plus, les studios ont voulu démontré publiquement qu'ils faisaient leur possible pour trouver une solution.
Il est à signaler que les dirigeants des studios s'inquiètent fortement car la saison télévisée à venir, la saison des récompenses cinématographiques et télévisuelles (un moteur financier pour plusieurs secteurs de l'industrie) ainsi que les festivals de cinéma et les films de l'année prochaine sont menacés si un accord avec la WGA n'est pas conclu d'ici la mi-septembre. Ils affirment que si un accord n'est pas trouvé d'ici le mois prochain, la grève risque de se prolonger considérablement, car certaines entreprises renonceront à leurs quatrièmes trimestres et commenceront à réajuster leurs programmes de films pour l'année prochaine.