En écho aux grèves de la Guilde des scénaristes et des acteurs aux États-Unis, la Guilde coréenne fait pression pour réviser la législation qui empêche les réalisateurs de recevoir une rémunération résiduelle des films et émissions à succès de la part des plateformes de streaming et des studios, ainsi que d'organiser des grèves pour la négociation collective.
Lundi, la Guilde des réalisateurs de Corée doit organiser une conférence de presse devant l'Assemblée nationale de Séoul, exhortant les législateurs à traiter rapidement les projets de loi qui attendent actuellement un examen final. L'un d'eux s'aligne sur la position de la Guilde des réalisateurs de Corée et vise à permettre aux réalisateurs et scénaristes de réclamer une rémunération supplémentaire "s'il y a une déséquilibre entre la rémunération des créateurs et les bénéfices tirés de l'utilisation de l'oeuvre protégée."
Les scénaristes demandent des révisions de la loi existante qui stipule que toute la propriété intellectuelle et les bénéfices du contenu vidéo appartiennent uniquement aux fournisseurs de services, y compris les studios et les plateformes de streaming, et ne doivent pas être partagés avec les professionnels individuels qui ont participé à la création. Compte tenu de ces directives, des entreprises comme Netflix ont fait face à peu de pressions organisées pour payer des résidus aux réalisateurs et scénaristes coréens, même avec des succès massifs comme Squid Game.
Il faut bien comprendre qu'à l'heure actuelle, les scénaristes salariés des stations de radiodiffusion reçoivent des indemnités résiduelles de la part des services de diffusion en continu et des radiodiffuseurs tandis que les réalisateurs et les scénaristes indépendants, qui réalisent la plupart des films et des séries, non. Les professionnels de l'industrie expliquent que cela est dû en partie à leur statut contractuel d'indépendants qui, selon la législation locale, les prive des droits de participation à la propriété intellectuelle, de la participation aux bénéfices et même du droit de grève.
Petit exemple très parlant : Bong Joon-ho, en tant que membre de la "Directors Guild of America", reçoit des honoraires résiduels pour les visionnages de son film original Okja sur Netflix aux États-Unis, mais Hwang Dong-hyuk, le créateur et réalisateur coréen de Squid Game, n'en reçoit aucun malgré le succès mondial de la série. D'un autre côté, Hwang Dong-hyuk a admis dans des interviews passées qu'il avait la liberté créative de se concentrer sur son travail, car Netflix avait pris le risque d'investir dans une production alors que bien d'autres avaient refusé.
"Nos demandes sont très basiques pour le moment", déclare Yun-jeong Lee, le porte-parole de la Guilde coréenne des réalisateurs. "Nous ne demandons pas une grosse somme d'argent. Nous voulons simplement lancer la discussion sur le système de rémunération et créer des lignes directrices acceptables au sein de l'industrie."
La Media "Platform Alliance for Copyrights Issues", un collectif composé de fournisseurs de services tels que des stations de radiodiffusion locales, des chaînes câblées et des services de streaming, fait cependant part de ses préoccupations concernant le projet de loi qui se concentrent sur "quelques cas réussis où des bénéfices sont générés et représentent les intérêts d'une seule partie."
Mais Yun-jeong Lee explique que la situation pour la plupart des réalisateurs coréens en activité est très sombre. Selon la Guilde, ses membres passent en moyenne 4,5 ans sur une seule production et reçoivent un salaire annuel moyen de 18 millions de wons (13 644 $), ce qui est inférieur au salaire minimum du pays lorsqu'il est appliqué à un horaire de travail à temps plein.
Source : The Hollywood Reporter