Hollywood | Série TV

Arrivée sur Netflix le 1er mai dernier, Hollywood nous plonge dans l'Amérique de l'après Seconde Guerre Mondiale, aux côtés d'hommes et de femmes prêts à tout pour percer dans le monde du cinéma. 

Signée Ryan Murphy (Glee, American Horror Story, The Politician...), elle divise les inconditionnels des studios américains, mais la néophyte que je suis dans ce domaine a été entièrement séduite par son histoire, ses musiques et la performance de ses acteurs ! 

Portrait d'une époque : du rêve à la désillusion

On ne compte pas le nombre de stars, encore aujourd'hui, qui partent pour Los Angeles, sans savoir s'ils trouveront ou non le succès. 

Ici, en plein âge d'or du cinéma américain, on se heurte dès le premier épisode à la froideur et à l'imperméabilité d'Hollywood : l'un des personnages principaux, Jack Castello, se présente à plusieurs reprises devant les studios espérant être sélectionné comme figurant, et on espère avec lui, on y croit Mais le monde du cinéma est impitoyable.

Et pour patienter, pour attendre le moment où son tour viendra enfin, il faut trouver un travail alimentaire, de quoi faire vivre sa famille. C'est ainsi que Jack va commencer à travailler, comme d'autres avant lui, dans une station service. Mais pas n'importe laquelle ! Celle-ci rend un service tout particulier à ses clients et clientes : elle abrite en réalité un réseau de prostitution masculine. Les pompistes se transforment en escorts et empochent beaucoup d'argent. Pour l'anecdote, cette idée n'est pas sortie de nulle part, bien que le nom officiel du lieu ne soit jamais cité, il existait bel et bien une station service qui faisait office de maison close pour l'élite hollywoodienne. 

Un message fort 

Les minorités sont au coeur de la série, qui dénonce le racisme et l'homophobie, malheureusement bien trop répandus à Hollywood. 

Ainsi, Archie, scénariste en devenir, pourrait voir son nom supprimé du générique de son film, Meg, à cause de la couleur de sa peau. Et Camille, actrice de talent, doit se contenter des rôles de bonne ou de femme de chambre, sans pouvoir donner son avis sur ses répliques, sans aucune possibilité d'évolution. 

Heureusement, certaines personnes sont bien décidées à changer les choses. C'est le cas d'Avis Amberg qui gère temporairement les studios Ace, chose rare pour une femme ! Avec ses collègues Dick Samuels et Ellen Kincaid, ils vont donner une véritable chance à Meg. Et ce, malgré les menaces et autres dangers auxquels ils s'exposent, pour prouver au monde que le talent ne dépend pas de la couleur de la peau, et que le film "Meg" est une véritable perle, écrit par un scénariste de couleur, porté par une actrice principale de couleur.  

Et... Action !

Suivre le développement d'un film, de ses premiers mots sur le papier à sa diffusion au cinéma, ma vraiment emballée. Certaines scènes que j'ai pu trouver longues illustrent assez bien, je pense, ce travail de longue haleine. 

Imaginez également cette performance du casting, des acteurs qui se retrouvent à jouer... des acteurs ! Deux façons de jouer, d'incarner leurs personnages, tout ça avec brio !

Pour son noyau d'acteurs masculins principaux, Ryan Murphy a fait appel à deux acteurs de ses précédents projets : Darren Criss (de Glee) et David Corenswet (de The Politician). A leurs côtés, de nouveaux talents, Jake Picking et Jeremy Pope. Un groupe dont le rendu à l'écran est très dynamique et agréable à regarder.  

Les personnages féminins sont moins nombreux mais ô combien impressionnants, que ce soit du côté des studios avec Patti LuPone (Oz, Penny Dreadful) et Holland Taylor (The L Word, Mr. Mercedes) comme du côté des comédiennes avec Laura Harrier (Spider-Man: Homecoming, BlacKkKlansman) et Samara Weaving (Picnic at Hanging Rock, SMILF). 

Impossible de ne pas mentionner deux autres rôles remarquables de la série. Pour incarner le gérant de la station service, Ernie West, Ryan a fait appel à un acteur d'American Horror Story, Dylan McDermott, que j'avoue avoir eu du mal à reconnaître, grisonnant ! Charismatique, il m'a fallu plusieurs épisodes pour bien saisir le potentiel de ce personnage. 
Enfin, Jim Parsons, aka Sheldon dans The Big Bang Theory, incarne ici Henry Willson, un agent qui n'hésite pas à manipuler, violenter et abuser de ses stars, ses 'poulains' comme il aime à les appeler. Assoiffé de pouvoir et de reconnaissance, son personnage est détestable, mais prouve une fois de plus l'incroyable talent de l'acteur. 

J'ai passé un bon moment devant Hollywood, j'ai adoré découvrir l'envers du décor, bien qu'il ne soit pas toujours rose, aux côtés de Jack, Archie, Raymond et toute la bande. Un talent que je ne peux pas retirer à Ryan Murphy, celui de choisir son casting avec goût. 

Si vous aimez le cinéma, si vous êtes curieux de connaître une partie de l'histoire hollywoodienne (bien que tout ne soit pas inspiré de faits réels), si vous avez envie de vous lancer dans une nouvelle série engagée, alors n'hésitez pas !

Très bonne surprise :-) Une série poignante, temoin du passé. Des sujets forts traités avec justesse, mais, au combien tabou, encore aujourd'hui. Très bon jeu d'acteur :-) 

Je recommande

Cette série se situe à la fin des années 40 où chacun poursuit ses rêves et plus particulièrement dans le domaine du cinéma. A cette époque, difficile pour les minorités d'exister. Ryan Murphy a le mérite de créer une histoire qui interpelle sur le sujet du racisme, de l'homophobie, de l'hypocrite bien-pensance.

De nombreux faits réels viennent émailler ce récit notamment l'émergence dun jeune premier : Rock Hudson qui par sa naïveté met en lumière les aspects les plus sordides de la toute puissance hollywoodienne.

Dans une Amérique ultra conservatrice, mettre en scène une actrice noire non plus cantonnée dans un rôle de domestique mais dans celui d'une héroïne aimée par un blanc ne va pas être une mince affaire. Il faudra que la femme du patron du studio (aidée involontairement par son presque décès et très hostile à cette idée) approuve avec le soutien sans faille du producteur et de la directrice des castings (Holland Taylor vue dans The L Word ) ce projet pour qu'il aboutisse avec bien entendu moult péripéties.

Après, on pourra dire que Ryan Murphy en fait beaucoup, le scénariste du film Meg dans la série étant noir, homosexuel et ayant pour compagnon un acteur naissant blanc. Une actrice asiatique ostracisée retrouve si je puis dire de la couleur et bien que cette histoire soit empreinte de bons sentiments, je la trouve néanmoins formidable. Elle nous donne l'espoir que seul compte le mérite, que le jeu des acteurs importe plus que leur couleur de peau ou leur préférence sexuelle.

J'ai noté et cela est rare, que dans cette série, il n'y avait pas de personnages principaux mais que tous étaient des personnages principaux, que les femmes souvent peu représentées dans cet univers machiste l'étaient à légal des hommes.

Bref, une série à voir absolument pour sa tolérance et sa bienveillance face aux idées reçues de l'époque. Aidée par un casting particulièrement bien choisi, cette histoire se laisse dévorer d'un trait. Une véritable réussite.