Rookie Blue | Série TV

Rookie Blue est une série policière canadienne créée en 2010 par le trio Morwyn Brebner (Saving Hope), Tassie Cameron (Pretty Hard Cases) et Ellen Vanstone. Terminée depuis 2015, elle est disponible en intégralité sur Prime Video.

Ces dernières années, beaucoup de séries policières sont tombées dans la surenchère. On est passé du petit dealer au cartel international, du simple meurtrier au serial killer, de la blessure qui saigne à l'hémoglobine qui repeint les murs... Avec Rookie Blue, on retrouve des affaires en ligne avec le quotidien d'un commissariat de grande ville. Les épisodes ne cherchent pas à faire du sensationnel, mais à coller au plus près à la réalité des quartiers.

On suit une poignée de jeunes flics depuis leur premier jour dans la Division 15 de Toronto jusqu'à leur envol, quelques années plus tard pour la carrière qu'ils ont choisie. Pour ceux qui ont suivi les premières saisons de Grey's Anatomy, c'est assez comparable au groupe d'internes Meredith, Cristina, Izzie, Alex et George dont on a pu suivre l'évolution. Dans Rookie Blue, nos premiers bleus se prénomment Andy, Traci, Gail, Dov et Chris.

Andy McNally (Missy Peregrym) est fille de flic et elle n'a jamais envisagé un autre métier. 'Servir. Protéger', la devise de la police correspond en tout point à sa détermination. Elle commence son premier jour avec une énorme gaffe, mais c'est le lot de ces débutants de bonne volonté qui ont tout à apprendre. Traci Nash (Enuka Okuma) représente ce que l'on pourrait appeler la bonne élève de la classe. Consciencieuse, bûcheuse, la jeune mère qui vit séparée du père de son enfant veut prouver aux autres et surtout à elle-même qu'elle peut tout mener de front : famille et travail. Gail Peck (Charlotte Sullivan) est arrogante à tendance garce mais, comme souvent, on trouvera aussi un coeur sous sa carapace. Avec papa et maman hauts placés dans la hiérarchie de la police et un frère inspecteur à la brigade anti-gangs, elle est automatiquement cataloguée comme 'fille de', arrivée par piston. Une étiquette difficile à porter quand on veut être respectée pour ce que l'on est. Dov Ebstein (Gregory Smith) a le profil du gamin qui aimait jouer aux gendarmes et aux voleurs et qui a toujours rêvé de passer du jeu à la réalité en portant l'uniforme. Comme Peter Parker quand il a rejoint les Avengers, l'enthousiasme de Dov à faire partie de la police a parfois besoin d'être canalisé. Quant à Chris Diaz (Travis Milne), il est un peu perdu dans le milieu urbain de la capitale canadienne et il applique à la lettre le manuel de l'académie pour éviter de sortir des clous. Cinq personnalités différentes, mais cinq bleus attachants qui donnent envie de voir comment ils vont s'en sortir.

Ceux qui les encadrent, formateurs ou inspecteurs, sont charismatiques. L'officier Sam Zwarek (Ben Bass) est un optimiste, il voit toujours le verre à moitié plein et il encourage les jeunes agents à faire confiance à leur instinct. L'inspecteur Luke Callaghan (Eric Johnson) leur montre que la ténacité est une vertu dans leur métier. L'inspecteur Jerry Barber (Noam Jenkins) est organisé et protecteur. Oliver Shaw (Matt Gordon) a le sens de la famille, c'est une figure paternelle pour les recrues de la division. Et Noelle Williams (Melanie Nicholls-King) est solide, voire badass, elle leur apprend à toujours se dépasser.

La Division 15 est comme une fourmilière, elle est en activité 7 jours sur 7, jour et nuit. Ceux qui y travaillent vont et viennent. Les interactions sont nombreuses et chacun apprend à connaître les autres au fil des patrouilles ou des opérations. La série avance à bon rythme. Dès la fin de la saison 1, nos jeunes flics coupent leur cravate, un rituel symbolique qui marque la fin de leur statut de bleus.

La saison 3 marque un tournant. De nouvelles recrues apportent une nouvelle dynamique. Nick Collins (Peter Mooney) est un ancien soldat qui a assuré trois services en Afghanistan. Son passé dans l'armée l'a doté d'une excellente aptitude à analyser les situations et d'un parfait sang froid face au danger. Chloe Price (Priscilla Faia) est un petit bout de femme pétillante et speed dont la spontanéité fait souffler un vent de fraîcheur dans la division.

La 5ème saison introduit Duncan Moore (Matt Murray), un bleu « aussi bête qu'un manche à balai » ce qui manquait jusqu'ici au tableau. La série passe aussi en mode fil rouge, avec quelques intrigues qui s'étendent sur plusieurs épisodes. Ces arcs narratifs cimentent les dernières saisons tout en les saupoudrant d'une dose supplémentaire de suspense.

On peut reprocher à Rookie Blue de refermer un peu trop vite certaines portes. Le sergent-chef Frank Best (Lyriq Bent), longtemps à la tête de la Division 15, est évincé à un moment donné sans qu'on sache où il se retrouve. Marlo Cruz (Rachael Ancheril) a nécessairement répondu devant ses supérieurs de ce qu'elle cachait, mais ça n'a pas été montré à l'écran. Autre exemple, le passé de Nick Collins est expédié en un seul épisode alors qu'un traitement sur deux ou trois, de façon moins intense et plus dispersée, aurait été préférable.

Rookie Blue reprend les codes bien rodés de nombreuses séries TV. Un groupe de jeunes soudés qui connaît des hauts et de bas, tant dans leur vie professionnelle que personnelle. Action, drame, romance. Amis, amants, collocs. Au bureau, en patrouille, en week-end, en planque ou encore dans le bar incontournable de l'autre côté de l'Atlantique où les collègues retrouvent après le boulot (le Molly's, le Bronze, le Central Perk... ici, c'est le Black Penny). La recette n'est pas inédite, mais elle fonctionne. Les bleus réussissent leur examen de passage en offrant une série divertissante.

Faut-il regretter l'arrêt de Rookie Blue ? Non. Elle a su maintenir l'intérêt le temps nécessaire pour que ses jeunes héros prennent leur envol en évitant l'écueil de la série qui tire inutilement en longueur. Dans quelques années, on pourrait imaginer une nouvelle saison en six épisodes ou un téléfilm avec les mêmes acteurs qui permettrait de retrouver les personnages quinze ans après pour voir ce qu'ils sont devenus. Toujours dans la police ? Parents d'ados ? Ça pourrait être sympa. Si ça n'arrive pas, l'épisode final est tout à fait satisfaisant pour une conclusion.

J'ai bien aimé le texte de Locksley. Le texte dresse un portait fidèle des personnages.

J'espère que cette excellente série aura un quartier sur notre site !