Netflix a lancé sa nouvelle série Lost in Space un vendredi 13. Si cette journée d'avril 2018 a mal débuté pour les héros de l'histoire, elle a fait le bonheur des amateurs de science-fiction sensibles aux valeurs familiales. Perdus dans l'Espace joue en effet sur les deux tableaux et si vous êtes adeptes à la fois de l'un et de l'autre, vous apprécierez d'autant plus le récit et la construction de la série.
Nous sommes en 2046. La survie de l'humanité est compromise suite à l'impact d'un astéroïde sur la Terre, des familles de colons sont triées sur le volet et entraînées pour s'installer sur Alpha du Centaure. Le voyage ne se passe pas comme prévu, leur vaisseau est endommagé et doit être évacué. Plusieurs navettes se crashent alors sur une planète inconnue. John et Maureen Robinson font partie des survivants, ainsi que leurs trois enfants Judy, Penny et Will. L'aventure commence pour eux avec son lot de découvertes et de dangers...
Déjà perdus dans les années 60
La nouveauté de Netflix est un remake de la série diffusée entre 1965 et 1968 sur CBS dans laquelle Guy Williams, alias Zorro, joue le rôle de John Robinson. La série originale compte 3 saisons, la première en noir et blanc et les suivantes en couleurs, mais elle n'a pas vraiment marqué les esprits contrairement à d'autres productions de la même époque.
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L'histoire et les personnages sont sensiblement les mêmes mais on note aussi plusieurs différences marquées. Si dans la série de Netflix, Maureen tient le lead chez les Robinson, c'est John qui est le chef de famille affirmé dans la série originale, période sixties oblige. Les gadgets futuristes font sourire aujourd'hui, notamment au niveau des moyens de communication ou de stockage des données, les scénaristes n'ont pas été suffisamment visionnaires. Néanmoins, on ne dirait pas non à la machine qui lave le linge, le repasse, le plie et le met sous plastique ;-) Le robot fait un peu boite de conserve et le Docteur Smith est un méchant caricatural, au sens où tous les problèmes rencontrés par les Robinson sont bien évidemment de son fait.
Une autre adaptation a été mise sur orbite par la suite en 1998 avec un film éponyme réalisé par Stephen Hopkins. On retrouvait au casting William Hurt, Mimi Rogers, Gary Oldman ou encore notre friend Matt LeBlanc. Il n'est pas resté dans les annales, récoltant même une nomination lors des Razzie Awards 1999 dans la catégorie 'plus mauvais remake'.
Un dépoussiérage était donc bienvenu et Netflix y est parvenu avec brio, faisant de Perdus dans l'Espace, une série captivante, bien plus subtile et profonde que l'originale.
Les Robinson, cartes maîtresses du jeu des 7 familles
Plusieurs familles font partie de la Mission 24 et étaient à bord du Resolution avant de se retrouver sur cette planète inconnue. La série suit principalement les Robinson. Faisons les présentations.
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Maureen Robinson est à l'origine de l'inscription de sa famille dans le programme visant à sélectionner les colons. Brillante ingénieure en aérospatiale, elle est capable de s'adapter à de multiples situations et de résoudre de nombreux problèmes. C'est aussi une mère protectrice pour ses trois enfants et si elle leur en demande parfois beaucoup, c'est pour assurer leur avenir voire leur survie. Molly Parker (Deadwood, House of Cards) parvient habilement à transcrire les dilemmes auxquels est confronté son personnage.
John Robinson est un Navy-Seal. Séparé de Maureen, il a longtemps fait passer l'armée avant sa famille. C'est un choix qu'il regrette, il essaie désormais de rattraper le temps perdu et de nouer des liens profonds avec ses enfants. Toby Stephens a montré plus d'une fois l'éventail de rôles qu'il est capable de tenir, à la télévision et au cinéma, du héros romantique de Jane Eyre au pirate de Black Sails en passant par l'ennemi de 007. La casquette de père de famille dans Perdus dans l'Espace lui sied très bien.
Judy Robinson est une jeune femme réfléchie, courageuse et déterminée. Son entraînement intensif et accéléré lui a permis d'être médecin (ou assimilé) à seulement 18 ans ce qui fera sourire les étudiants en Médecine. Bien entendu, elle manque encore de pratique. Taylor Russell (Falling Skies) offre son visage juvénile à l'aînée de la fratrie.
Penny Robinson est une ado enjouée et taquine, dotée d'un solide sens de l'humour. Elle peut se montrer intrépide quand les circonstances l'exigent et veille toujours avec amour et bienveillance sur son jeune frère. C'est le premier rôle récurrent dans une série pour Mina Sundwall, jeune actrice américaine de 16 ans.
Will Robinson a tout juste 11 ans. Il est intelligent et débrouillard tout comme ses soeurs, mais son jeune âge l'amène parfois à faire des bêtises par naïveté. Certaines sont lourdes de conséquences mais le gamin apprend petit à petit de ses erreurs. La jeune carrière de Maxwell Jenkins a débuté en 2013, il a déjà joué dans Betrayal et Sense8 et il se profile comme une étoile montante dans ce métier.
Tous les cinq sont attachants mais ce qui domine par dessus tout, c'est leur esprit de famille indéfectible. Les Robinson sont solidaires et soudés, ils donnent tout son sens au mot 'famille'.
La palette de personnages est complétée par d'autres colons. Parmi eux, Victor Dahr (Raza Jaffrey, MI-5, Code Black) nous rappelle combien il est difficile parfois d'être le responsable officiel d'un groupe et de prendre des décisions dans l'intérêt commun. Hiroki Watanabe (Cary-Hiroyuki Tagawa, Revenge, The Man in the High Castle) est biologiste, il fait figure de sage pour certains membres de cette expédition. Quant à Don West (Ignacio Serricchio, Les Feux de l'Amour, Bones), c'est un mécano contrebandier qui peut rappeler Han Solo (Star Wars) dans le registre faux égocentrique au grand coeur.
Le robot qui oscille entre Terminator et Wall-E
Impossible de parler de Perdus dans l'Espace sans s'étendre sur le robot qui tient un rôle central dans cette saison 1. Version rouge dans son programme d'élimination, ou version bleue dans sa quête d'apprentissage de l'humanité, il ne laisse pas indifférent et comme Will, on s'attache à lui. Il est sans doute l'une des meilleures représentations des différents niveaux de lecture de la série.
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Le jeune public va s'émerveiller devant ce robot, garde du corps et compagnon de jeu, qui progresse à mesure qu'on le stimule. Qui ne rêverait pas de jouer à la balle avec un robot ? Les enfants risquent de l'ajouter cette année sur leur liste au Père Noël, ou tout au moins sa réplique si Netflix venait à s'engouffrer dans le créneau des produits dérivés. Les plus grands seront davantage dans le questionnement de ce qui fait notre humanité, de la rédemption et du droit à une nouvelle chance. La perception du robot à travers les yeux des colons adultes, ados ou ceux de Will en font un personnage à multiples facettes qui seront exploitées différemment selon l'âge du spectateur mais ne manqueront pas de susciter l'intérêt.
Un acteur tient le rôle du robot, il s'agit de Brian Steele. Du haut de ses 2m01, il a déjà offert sa stature à diverses créatures et monstres du petit et du grand écran au cours de sa carrière (un Golem dans la série Grimm, Bigfoot dans le film Exists...).
Dr Smith, l'élément perturbateur
Dans la série originale, le Docteur Smith était un homme. Dans cette nouvelle adaptation, c'est une femme remarquablement incarnée par l'actrice Parker Posey dont la carrière est jalonnée par de nombreux films indépendants. C'est un changement assez courant. Rappelez-vous que Starbuck était un lieutenant dans la série Battlestar Galactica de 1978 (incarné par Dirk Benedict) avant d'être une femme officier dans la version de 2004 (jouée par Katee Sackhoff).
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Au fil des épisodes, on découvre des éléments sur le Docteur Smith alias June Harris. C'est un personnage complexe et inquiétant, particulièrement pour les téléspectateurs qui peuvent suivre ses pensées et ses actions. Imprévisible, elle n'en est que plus angoissante. Pour les colons, elle offre un visage amical et ils sont loin d'imaginer sa dangerosité alors qu'elle excelle dans l'art de la manipulation. Il est néanmoins difficile de la condamner totalement car son instinct de survie parvient à nous toucher et sans doute aussi, à nous remettre en question. Ce point nous permet d'autant plus de nous identifier avec les personnages et de nous plonger dans l'histoire.
Danger, Will Robinson...
C'est à la fois le titre du dernier épisode de la saison 1, la mise en garde récurrente du robot, et la réplique qui clôture ce premier volet en laissant une porte ouverte pour une suite. Si Netflix ne s'est pas encore prononcé pour un renouvellement, le public visé est conquis et les créateurs de la série, Matt Sazama et Burk Sharpless, sont déjà sur le pas de tir dans l'espoir d'une 2ème saison. Ils y ont déjà réfléchi et ont prévu "quelque chose de fou". Ils n'attendent plus que l'autorisation de la plateforme pour décoller !
Perdus dans l'Espace n'est pas sans rappeler Terra Nova par son thème, sa flore et sa faune. La série offre par ailleurs des paysages magnifiques et frôle la poésie par le biais de quelques scènes éblouissantes de beauté. Au niveau des effets spéciaux, elle n'a pas à rougir. Elle a aussi l'avantage d'être tous publics et donc elle se regarde sans souci en famille.
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On peut mettre un petit bémol sur l'épisode pilote qui présente quelques longueurs tout en étant très dense. Certaines bases mettent un peu de temps à se mettre en place et en parallèle, les Robinson accumulent la malchance. Il leur arrive sans doute trop de choses dans ce seul épisode mais au moins le ton est donné. Il ne faut pas que ça vous empêche de poursuivre, les épisodes trouvent ensuite un rythme optimal. On pourrait aussi reprocher quelques libertés prises avec les lois de la Physique mais personne n'a prétendu que la série était parfaite, c'est avant tout un divertissement et pas une étude scientifique rigoureuse.
La série est impeccablement calibrée pour les amateurs d'aventure, que ce soit sur la terre ferme ou dans l'espace. Ceux-là auront envie de se perdre dans le sillage des Robinson, sans être pressés qu'on les retrouve.